trouve ça assez surcoté — en réalité c’est quelque part entre les « Malaussène », les Irving et « Desperate Housewives », on voit bien que c’est censé être picaresque en diable et buissonner de partout mais dans le cas présent la machine est assez longue à se lancer et ce petit air de déjà vu fait que la vieille lectrice baye aux corneilles pendant au moins les cent premières pages ; elle aurait dû noter le nom de ses abonné(e)s Facebook qui lui avaient prédit qu’elle se bidonnerait tout le long du bouquin, tiens, elle les enverrait volontiers casser quelques cailloux en Sibérie.
Et puis, alors qu’elle est à deux doigts d’abandonner sa lecture voilà que ça y est, l’interminable mise en place semble enfin se décider à s’effacer devant l’histoire proprement dite et à cette occasion on renifle comme une petite inflexion de style : c’est toujours un chouïa gratos mais c’est moins capillotracté, on voit moins les échafaudages, ça gagne en musicalité en verve et en légèreté, on se surprend même à sourire de-ci de-là. Mais alors, était-ce bien la peine que l’auteur nous inflige tout ça auparavant ? Quid des flopées de personnages parfaitement dispensables des premiers chapitres, décrits avec force détails alors qu’ils ne sont visiblement pas destinés à avoir le moindre rôle par la suite ? C’est un écueil courant, ça : on a l’impression que les écrivain(e)s pensent qu’un départ sur les chapeaux de roues en jouant sur la multiplication des protagonistes et l’enchâssement des récits est une preuve de leur professionnalisme, mais que faute de leur trouver une véritable fonction dans le récit iels les abandonnent définitivement (?) en cours de route, tant pis pour la/le lecteurice qui aurait eu la faiblesse de s’y attacher. Tou(te)s ces ceusses dont on connaît désormais jusqu’au pedigree ou la couleur des chaussettes figurent dans la narration pour « enrichir » celle-ci mais n’ont pour conséquence que de noyer le poisson — on pourrait presque croire à une maladresse de débutant(e)s.
Ah ouiiiiiii, la Garreau n’a pas dit mais vous l’aviez deviné, elle parle du premier tome du « Wilt » de Sharpe, dans la traduction française de monsieur Dupuigrenet Desroussilles (quel nom !). Ça devient sa spécialité, ça : parler de bouquins dont elle n’a encore lu que la moitié, et en oubliant d’en donner le titre.
Comme ça ça va, elle ne se mouille pas trop, ça lui permet d’émettre un avis inverse trois dazibaos plus loin sans jamais avoir l’air de se contredire.