city:le havre

  • Baisse de la fiscalité : le flou des mesures de financement persiste
    https://www.latribune.fr/economie/france/baisse-de-la-fiscalite-le-flou-des-mesures-de-financement-persiste-820241.

    Lors de ses deux grands oraux à l’Assemblée et au Sénat, Edouard Philippe a détaillé les diminutions de la fiscalité prévues par l’exécutif pour les classes moyennes sans apporter de décision tranchée sur les mesures de financement.

    L’acte II tant annoncé est enfin lancé. Lors de son discours de politique générale mercredi 12 juin à l’Assemblée nationale, Édouard Philippe a déclaré que « avec le président de la République, nous avons reçu 5 sur 5 le message d’exaspération fiscale que les Français nous ont adressé » faisant référence aux résultats du Grand débat national. Au total, le chef du gouvernement a annoncé que la fiscalité sur les ménages baissera durant ce quinquennat de 27 milliards d’euros.

    Si le locataire de Matignon a détaillé les mesures d’allègement de la fiscalité sur les foyers, il est en revanche resté beaucoup plus flou sur les pistes de financement pour compenser cette baisse.

    Suite aux annonces du président de la République relatives à la baisse d’impôts de 5 milliards d’euros au mois d’avril, le gouvernement a principalement ciblé les classes moyennes qui expriment régulièrement un sentiment de déclassement ces dernières années. « Nous avons choisi de concentrer l’intégralité de la baisse de l’impôt sur le revenu annoncée par le président de la République sur les classes moyennes qui travaillent », a expliqué l’ancien maire du Havre.

    Ainsi, le taux d’imposition de la première tranche de l’impôt sur le revenu qui représente environ 12 millions de foyers sera diminué de trois points.

    « Cela représente un gain moyen par foyer de 350 euros, soit, à ce niveau, un tiers de l’impôt en moyenne ; c’est massif, c’est clair, c’est net », a argué le chef du gouvernement.

  • Assurance-chômage : les pistes explosives du gouvernement
    https://www.latribune.fr/economie/france/assurance-chomage-les-pistes-explosives-du-gouvernement-820230.html


    Crédits : REUTERS/Christian Hartmann
    (note, le nom de la photo : Un homme de 50 ans passe devant une agence Pôle Emploi à Paris)

    Bonus-malus pour limiter les contrats courts, dégressivité des indemnités... Lors de ses deux grands oraux devant l’Assemblée nationale et le Sénat, Edouard Philippe a apporté quelques précisions sur la future réforme de l’assurance-chômage qui doit être présentée le 18 juin prochain.

    Les organisations professionnelles serrent les dents. À quelques jours de la présentation de la réforme de l’assurance-chômage, le Premier ministre Edouard Philippe a esquissé quelques pistes relatives aux contrats courts et à la dégressivité des indemnités dans ses deux discours de politique générale adressés à l’Assemblée nationale et au Sénat.

    « Revaloriser le travail implique de rénover profondément notre système d’assurance-chômage. Le plein-emploi n’est ni une utopie ni un néologisme allemand. C’est un objectif réaliste auquel on a trop longtemps renoncé faute de vision et de courage », a déclaré le locataire de Matignon devant les sénateurs ce jeudi matin.

    Dans son adresse, l’ancien maire du Havre a indiqué qu’il voulait « responsabiliser les entreprises qui abusent des contrats courts, à travers le bonus-malus sur les 5 à 10 secteurs qui abusent des contrats courts ». Les secteurs ayant le plus recours aux contrats courts (CDD de moins d’un mois) sont notamment l’hôtellerie-restauration, l’hébergement médico-social, la santé et l’action sociale, les enquêtes d’opinion, l’audiovisuel, les arts et spectacles. « Dans les autres secteurs, nous prendrons une mesure transversale pour décourager le recours aux CDD d’usage », a ajouté Edouard Philippe.
    […]
    L’autre piste évoquée qui risque d’alimenter les mécontentements est la mise en place « d’une dégressivité de l’indemnisation pour les salariés qui perçoivent les salaires les plus élevés et qui sont en mesure de retrouver un emploi plus vite que les autres ». Durant les négociations de l’assurance-chômage, ce sujet avait provoqué de vives tensions au sein des partenaires sociaux débouchant même sur un échec. L’Etat avait repris la main sur ce système assurantiel remettant en cause le principe du paritarisme. Par ailleurs, si l’objectif du gouvernement est de favoriser un retour plus rapide à l’emploi, ce type de proposition est loin d’avoir fait ses preuves.

  • Guerre au Yémen : le cargo saoudien qui devait charger des armes françaises ne fera finalement pas d’escale au Havre
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/10/le-cargo-saoudien-qui-devait-charger-des-armes-ne-fera-finalement-pas-d-esca


    Le cargo saoudien « Bahri-Yanbu », au large du Havre, le 10 mai.
    BENOIT TESSIER / REUTERS

    Le cargo saoudien Bahri-Yanbu, attendu depuis plusieurs jours au Havre où il devait procéder à un chargement d’armes, ne fera finalement pas escale dans le port français, a appris l’Agence France-Presse, vendredi 10 mai, de source portuaire.

    Attendu mercredi au port, le cargo mouillait depuis plusieurs jours au large du Havre. Mais la polémique n’a cessé d’enfler sur la destination des armes qu’il devait embarquer : plusieurs associations affirmaient qu’elles pourraient être utilisées « contre des civils » au Yémen. Emmanuel Macron a déclaré jeudi « assumer » la vente d’armes françaises à l’Arabie saoudite, et assuré avoir la « garantie » qu’elles « n’étaient pas utilisées contre des civils » au Yémen.

    Le tribunal administratif rejette des recours
    Le président français n’a pas précisé quelles armes devaient être chargées au Havre, ni à quelle destination elles devaient arriver. Mais le site d’investigation Disclose a avancé que le navire devait prendre livraison de « huit canons de type Caesar » et les amener à Djedda, en Arabie saoudite. Or, note Disclose, « le Caesar, monté sur un camion tout-terrain, fait feu sur des zones habitées par des centaines de milliers de civils au Yémen »
    […]
    Vendredi, la justice a rejeté celui déposé par l’ACAT, estimant dans sa décision que « l’autorisation de sortie douanière de ces armements ne crée pas un danger caractérisé et imminent pour la vie des personnes » exposées au conflit au Yémen.

  • Un cargo saoudien qui devait charger des armes au Havre renonce à sa cargaison
    https://www.mediapart.fr/journal/international/100519/un-cargo-saoudien-qui-devait-charger-des-armes-au-havre-renonce-sa-cargais

    Les projecteurs braqués par plusieurs ONG sur une livraison d’armes françaises pouvant servir potentiellement à la guerre au Yémen empêchent l’accostage du navire dans le port du Havre. Le gouvernement, lui, assume d’honorer ses contrats.

    #Armement #Bahri_Yanbu,_Cargo,_Florence_Parly,_exportations_d’armes,_navire,_Arabie_Saoudite,_Yémen,_armes,_guerre

  • Macron « assume » la livraison d’armes à l’Arabie saoudite, malgré la guerre au Yémen
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/09/guerre-au-yemen-une-ong-fait-un-recours-en-urgence-contre-le-depart-de-franc

    « L’Etat français ne peut ignorer que ces armes peuvent servir à commettre des crimes de guerre au Yémen, où plus de 400 000 civils sont potentiellement sous le feu », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat de l’ACAT, Joseph Breham. Plusieurs autres organisations — comme Human Rights Watch, Amnesty International ou l’Observatoire des armements — sont également vent debout contre ces ventes. Jeudi, une centaine de personnes étaient rassemblées au port du Havre, à l’appel de la Ligue des droits de l’homme et du Mouvement de la paix, pour dénoncer ces livraisons qui contribuent, selon eux, au « carnage en cours au Yémen ». « Interdire les ventes d’armes aux pays en guerre » ou « Au Yémen, un enfant est tué toutes les 5 minutes », pouvait-on lire sur leurs pancartes.

    Si le président français n’a pas précisé les armes qui devaient être chargées au Havre, le site d’investigation Disclose a avancé que le navire devait prendre livraison de « huit canons de type Caesar » que l’Arabie saoudite pourrait utiliser dans la guerre qu’elle livre au Yémen aux rebelles houthistes, minorité chiite soutenue par l’Iran, grand rival de Riyad. Paris a invariablement affirmé que ces armements ne sont utilisés que de manière défensive et pas sur la ligne de front.

    Mais, selon une note de la direction du renseignement militaire (DRM), révélée par Disclose mi-avril, 48 canons Caesar produits par l’industriel français Nexter « appuient les troupes loyalistes, épaulées par les forces armées saoudiennes, dans leur progression en territoire yéménite ». Une carte de la DRM estime que « 436 370 personnes » sont « potentiellement concernées par de possibles frappes d’artillerie », dont celles des canons français. « Il ne suffit pas de dire “j’ai des garanties”, il faut nous les montrer. De même, nous aimerions qu’on nous explique clairement, nettement, comment l’Arabie saoudite lutte contre le terrorisme au Yémen », a réagi Aymeric Elluin, d’Amnesty International France.

  • La France confrontée à une explosion du trafic de drogue (Le Figaro)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15839-la-france-confrontee-a-une-explosion-du-trafic-de-drogue-le-figaro

    Présentation à la presse d’une saisie de cocaïne de 500 kilos, réalisée à bord d’un avion d’Air France, issue d’un trafic

    de cocaïne entre la Martinique et le port du Havre. Au total, une vingtaine de personnes ont été placées en détention

    provisoire après ce coup de filet. Ici, gros plan sur des billets de banque. - Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA

    /Le Figaro

    EXCLUSIF - Les statistiques du ministère de la Justice montrent que la part des infractions en lien avec les stupéfiants ne cesse de croître.

    Sur le terrain, policiers, magistrats, journalistes, habitants des quartiers gangrenés le constatent depuis des années : le trafic de drogue explose. Un constat que confirment de façon spectaculaire les statistiques du ministère de la Justice, que Le Figaro a pu consulter. Au-delà (...)

  • ENQUÊTE | Quatre femmes affirment avoir reçu des photos pornographiques du maire démissionnaire du Havre
    https://www.franceinter.fr/justice/enquete-quatre-femmes-affirment-avoir-recu-des-photos-pornographiques-du

    C’est sensiblement la même histoire qui se répète quelques années plus tard. Sophie* (son prénom a été modifié), une mère de famille havraise engagée en politique, reçoit sur son téléphone une photo de l’actuel maire. Un « selfie » où l’on voit Luc Lemonnier, le sexe en érection. 

    "Pour moi, ça a été un viol !, explique Sophie.

    « Je suis mariée depuis plus de 20 ans, j’ai des enfants, je suis épanouie dans ma vie de couple, on se connaissait depuis longtemps [avec Luc Lemonnier, NDLR], j’ai été choquée. » La Havraise prétend qu’elle a demandé à l’élu, à plusieurs reprises, d’arrêter de lui envoyer de telles photos. Elle aurait tout de même reçu une dizaines de clichés. 

    En 2018, Sophie décide à son tour d’envoyer ces clichés à des élus de la majorité municipale. Cette fois, c’est le maire, Luc Lemonnier, qui dépose plainte le 31 mai pour avoir diffusé ces clichés intimes sans autorisation. À l’issue d’une enquête préliminaire menée par le SRPJ de Rouen, Sophie a écopé, le 18 mars 2019, d’un rappel à la loi par le procureur du Havre.

    (Rappel à la « loi » qui, si je comprend bien, protège les dick pics envoyés par SMS à des femmes harcelées.)

  • luc_lemonnier, Maire du Havre, assurant l’intérim d’#edouard_philippe aimait montrer sa bite #en_marche . Tout le monde était au courant. Sophie, victime, rappelée à la loi.

    Sophie* (son prénom a été modifié), une mère de famille havraise engagée en politique, reçoit sur son téléphone une photo de l’actuel maire.

    Un « selfie » où l’on voit Luc Lemonnier, le sexe en érection. « Pour moi, ça a été un viol !, explique Sophie. Je suis mariée depuis plus de 20 ans, j’ai des enfants, je suis épanouie dans ma vie de couple, on se connaissait depuis longtemps (avec Luc Lemonnier, NDLR), j’ai été choquée. » La Havraise prétend qu’elle a demandé à l’élu, à plusieurs reprises, d’arrêter de lui envoyer de telles photos. Elle aurait tout de même reçu une dizaines de clichés. 
    . . . . . .
    En 2018, Sophie décide à son tour d’envoyer ces clichés à des élus de la majorité municipale. Cette fois, c’est le maire, Luc Lemonnier, qui dépose plainte le 31 mai pour avoir diffusé ces clichés intimes sans autorisation. A l’issue d’une enquête préliminaire menée par le SRPJ de Rouen, Sophie a écopé, le 18 mars 2019, d’un rappel à la loi par le procureur du Havre. 
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    Edouard Philippe était-il au courant ?
    Sous couvert d’anonymat, de nombreux élus normands nous ont confié qu’ils savaient depuis longtemps que ces clichés pornographiques avait été envoyés à des femmes par le maire du Havre. « C’était un secret de polichinelle » , nous dit un élu de premier plan à la Région Normandie. Une ancienne élue de la mairie raconte : « j’ai coupé nos relations pourtant très fortes il y a plusieurs mois, quand j’ai été informée du phénomène. Je n’ai pas été destinataire des photos mais je me suis rendue compte qu’elles avaient été envoyées à plusieurs dizaines de femmes. » En revanche, tous les actuels adjoints ou conseillers de la majorité que nous avons contactés nous ont adressé une fin de non-recevoir, parfois en termes assez brutaux. « Certaines élues ont reçu les photos mais ont préféré se taire, explique sous couvert d’anonymat une employée de la mairie. Certaines par peur de perdre leur fonction, d’autres parce qu’elles l’avaient caché à leurs proches... D’autres encore par peur de représailles et parce que dans des situations fragiles. » Une ancienne salariée nous a expliqué avoir quitté son emploi notamment en raison « de l’ambiance hyper-sexualisée » qui régnait à l’hôtel de ville.

    Extraits de : Accusé d’avoir envoyé des photos pornographiques à plusieurs femmes, le maire du Havre démissionne Par Coralie Moreau, Christine Wurtz, Delphine Garnault, Bertrand Queneutte, Sylvain Tronchet et Elodie Guéguen, France Bleu Normandie (Seine-Maritime - Eure), France Bleu et France Bleu Normandie (Calvados - Orne) - 21 Mars 2019 - France bleu
    https://www.francebleu.fr/infos/politique/exclusif-accuse-d-avoir-envoye-des-photos-pornographiques-a-plusieurs-fem

     #en_vedette #psychiatrie #santé_mentale #femmes #exhibitionisme #maire

  • Eolien offshore français : Siemens confirme l’ouverture d’une usine au Havre
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/eolien-offshore-francais-siemens-confirme-une-etape-importante-808754.html


    Siemens Gamesa confirme qu’il construira des éoliennes au Havre.
    Crédits : Reuters

    L’un des leaders mondiaux de l’éolien en mer, Siemens Gamesa, a enfin déposé un permis de construire pour une usine d’éoliennes offshore au Havre, un projet en suspens depuis des années.

    C’était déjà un projet du fabricant de turbines Areva après l’attribution des parcs du deuxième appel d’offres de fermes éoliennes offshore en 2012. Un projet repris par Adwen, co-entreprise créée par Areva et Gamesa, dont la fusion ultérieure entre Gamesa et Siemens en avril 2017 a sonné le glas. Régulièrement ces derniers mois, Siemens a laissé entendre que sa décision finale dépendrait des ambitions françaises.

    La décision de l’Agence française de biodiversité concernant Dieppe-Le Tréport notamment avait été accueillie avec soulagement. Le leader mondial (avec déjà 2,430 éoliennes dans les eaux du monde entier) avait bien confirmé ces derniers mois qu’il allait déposer un permis de construire pour une usine de pales, de nacelles et de génératrices. C’est désormais chose faite depuis le 15 février, comme l’a confirmé le PDG de Siemens Gamesa Filippo Cimitan ce 25 février au Havre, aux côtés du maire (ex-LR) Luc Lemonnier.

  • Punk et violence en Normandie (1976-1980)
    https://journals.openedition.org/criminocorpus/4721

    Il faut dire que ces jeunes normands des années 19606, qui grandissent dans le contexte sinistré de la Reconstruction suite à la Libération (précarité, sous-alimentation, morts, maladies, etc.) voient dans l’arrivée de la musique rock un exutoire, un moyen d’affirmer une identité (les blousons noirs) et aussi un moyen de contester l’ordre social7. Il est vrai que cette jeunesse normande, depuis les années 1950, s’est imprégnée de culture américaine par l’intermédiaire de la présence des GI’s au Havre mais surtout avec la base de l’US AIR Force à Évreux8. Important leur mode de vie, les soldats américains écoutent les 45 tours de Glenn Miller, Bill Haley ou du jeune Elvis Presley, et organisent des concerts de rock’n’roll au sein de la base. Par la suite, l’organisation de concerts en ville, au Dancing des sports ou à l’Escapade, familiarise la population locale avec cette nouvelle musique déchaînée9. Mais à l’aube des seventies, le contexte change : la furia rock’n’roll est retombée laissant place à de nouveaux genres (prog, glam, heavy metal). L’arrivée du pub rock à partir de 1975 et surtout du mouvement punk vient bouleverser la vie d’une partie de cette génération normande.

    L’arrivée du punk en France10, à l’instar de la Grande-Bretagne, s’inscrit dans un contexte économique et social violent marqué par la fin des Trente Glorieuses, la désindustrialisation, l’essor du chômage qui offre peu de perspective à cette « blank génération ». L’environnement ambiant n’incite pas non plus à l’optimisme. Ces villes reconstruites (Lisieux, Cherbourg, Caen, Le Havre, etc.), univers de béton, sont sinistres, tristes, ennuyeuses. Celle du Havre par exemple est décrite par Little Bob comme une ville « cradingue », dure, où à la violence économique s’ajoute la violence dans les bars de dockers11. Paradoxalement, cet environnement forgera le son de ces groupes. Face à un avenir bouché, soit travailler à l’usine comme papa, soit toucher le chômage, une frange de jeunes dont Dominique Comont, chanteur des City Kids, a « envie de cracher à la gueule du monde12 ». Le mouvement punk offre alors la possibilité d’exprimer leur rage et leur haine envers une société qu’ils rejettent. Il faut dire que cette ouverture de la Normandie au punk13 via ses trois grandes villes (Caen, Le Havre et Rouen) est impulsée notamment par les deux groupes phares de la région : Little Bob Story au Havre depuis 1973 et Dogs à Rouen depuis 197414. Little Bob Story devient le fer de lance du rock en Normandie (deux albums en 1975 et 1976), mais aussi au niveau national puisque le groupe participe aux deux éditions du Festival punk de Mont-de-Marsan15 en juillet 1976 et 1977, et multiplie les concerts à travers le pays. Il influencera d’ailleurs un certain nombre de futurs musiciens punks présents dans son public16. Ces deux groupes pionniers17 ouvrent alors la voie à d’autres formations punk-rock comme Olivensteins, Teenage Riot, Ox ou Bye Bye Turbin.

    L’étude de cette histoire de la scène punk normande s’insère dans un projet national visant à écrire l’histoire de la scène punk en France entre 1976 et 201618. L’objectif vise à historiciser ce phénomène punk en Normandie à partir d’une contextualisation et d’un questionnement sur son processus d’émergence, de diffusion et d’appropriation à partir de 1976. Il est d’ailleurs intéressant de noter que, depuis quelques années, existe un intérêt croissant pour la question du rock en Normandie se traduisant par un travail de collecte d’archives (photos, affiches de concert, vidéos, bande-son, etc.) via Internet et Facebook19. Ce travail participe ainsi à la construction d’une mémoire du rock en Normandie, démontrant l’importance de cette musique dans la culture normande. Cet article mené à partir d’un corpus d’archives écrites (presse régionale, presse locale, presse musicale), d’archives audiovisuelles (reportages, documentaires), d’archives privées et d’entretiens avec des acteurs20, se propose d’analyser la question de la violence dans le punk.

    #Punk #Musique #Violence

  • Le programme du week-end
    http://www.librairie-tropiques.fr/2019/02/le-programme-du-week-end.html

    La sélection de Christo Castagneur
pour votre week-end sportif
    
Dans la prévision des journées de samedi et dimanche prochains, voici quelques informations de la Préfecture de Police de Paris.

    I/ Événements de voie publique connus ou annoncés

    Samedi 2 février
    a) « Marche blanche pour les victimes gilets jaunes » de la Place Félix Eboué (12ème) à la place de la République
    Itinéraire : place Eboué, avenue Daumesnil, avenu Ledru Rollin, rue de Charenton, place de la Bastille (pause), boulevard Beaumarchais, bd des Filles du Calvaire, bd du Temple, place de la République.
    Heure de rassemblement : 10h00 (organisateurs) 11h (participants).
Heure envisagée de dispersion : 17h00
    Il s’agit à ce stade du principal cortège attendu pour samedi, susceptible de rassembler du monde. Il fera l’objet d’une vigilance particulière de notre part.

    b) Rassemblement place de la République, déclaré de 17h à 22h
Comme la semaine dernière. Il est déclaré.

    Dimanche 3 février

    a) « Marche des femmes gilets jaunes » de la Place Blanche (9ème) à la place Lépine (4ème)
    Itinéraire : boulevard de Clichy, place de Clichy, rue d’Amsterdam, rue du Havre, rue Auber, place de l’Opéra, avenue de l’Opéra, place Malraux, place Colette, rue de Rohan, place du Carroussel, quais François Mitterrand, du Louvre, de la Mégisserie, place du Châtelet, quai de Gesvres, pont Notre-Dame, rue de la Cité, place Lépine.
    Heure de rassemblement : 10h-11H
Heure de dispersion : vers 17h.

    2/ Le dispositif de sécurité demeurera articulé autour des principes de réactivité, mobilité et quadrillage.

    3/ Des avis commerçants vont être réalisés, dans la mesure du possible, autour des sites ou itinéraires connus.
    Les consignes classiques de vigilance doivent leur être rappelées.

    #Giletsjaunes #Castagneur

  • Risque de conflit d’intérêt au sein de la mission parlementaire sur le financement de la psychiatrie
    https://www.bastamag.net/Risque-de-conflit-d-interet-au-sein-de-la-mission-parlementaire-sur-le

    Le 22 janvier, des centaines de soignants, infirmiers, psychiatres, psychologues, des hôpitaux et structures psychiatriques publiques, et des associations de patients ont manifesté à Paris. Après des mois d’un mouvement social à travers tout le pays, de grèves longues à Amiens, au Havre, à Niort ou Rouen, les revendications du mouvement concernent toujours le besoin de moyens humains pour pouvoir assurer correctement le soin des patients, alors qu’un poste sur quatre n’est pas pourvu, selon l’Union (...)

    En bref

    / #Luttes_sociales, Santé , #Services_publics

    #Santé_

  • Sortie du nouveau numéro de la revue Carnets de géographes

    Jean-Baptiste Bing
    Géographicité de la #verticalité. [Texte intégral]

    Julien Gingembre
    Le #Sillon_Lorrain : quelle recomposition territoriale dans un espace multipolaire ? [Texte intégral]

    Anthony Goreau-Ponceaud
    #Hindouisme et pratiques spatiales des #Tamouls en Île-de-France [Texte intégral]
    Hinduism and spatial practices of Tamils ​​in Île-de-France

    #France #diaspora

    Stéphanie Lotz-Coll
    La #friche_militaire urbaine, un nouvel espace convoité ? [Texte intégral]

    Chiara Kirschner
    La gestion de l’#incertitude dans l’#itinérance_récréative : le #corps créatif à l’œuvre [Texte intégral]

    Laura Péaud
    Faire discipline : la géographie à la #Société_de_Géographie_de_Paris entre 1800 et 1850 [Texte intégral]

    Florence Orillard, Mathilde Gralepois et Laura Verdelli
    La prévention des #inondations dans les opérations d’aménagement des interfaces ville-port, un levier de #gentrification indirecte ? Le cas du Havre (France) [Texte intégral]
    #risques #Le_Havre #villes_portuaires #ports

    Adrian Foucher
    Du mobile à l’immobile [Texte intégral]
    Récit d’expérience migratoire dans les « #barracks » de #Belgrade
    #migrations #Serbie

    Basile Michel
    Construction de #cartes_mentales synthétiques : mise en avant des #représentations_spatiales collectivement partagées [Texte intégral]
    Le cas des travailleurs créatifs de quartiers urbains centraux de #Nantes et #Marseille

    Chloé Nicolas-Artero
    Une géographe engagée face aux rapports de pouvoir autour de l’#eau : retour réflexif sur les situations d’enquête au #Chili [Texte intégral]

    Camille Rouchi
    Une thèse CIFRE en collectivité territoriale : concilier la recherche et l’action ? [Texte intégral]

    Camille Robert-Boeuf
    Analyser le jardin collectif urbain en géographie : une lecture du #jardinage par les #émotions [Texte intégral]
    #jardins_urbains #jardinage_urbain #agriculture_urbaine

    David Villeneuve
    Enquêter auprès des chrétiens d’#Irak : considérations méthodologiques sur un terrain en « milieu difficile » [Texte intégral]

    https://journals.openedition.org/cdg/1248
    #géographie

  • Des effigies pendues et brûlées, un rituel contestataire qui traverse les siècles
    http://www.leparisien.fr/politique/des-effigies-pendues-et-brulees-un-rituel-contestataire-qui-traverse-les-

    Quelques mois après son éviction en 1787, le contrôleur général des finances Charles-Alexandre de Calonne est exécuté place Dauphine à Paris. Enfin, presque : c’est son mannequin qui est brûlé par la foule en colère, dans un rituel contestataire toujours en vogue.

    Samedi se tenait à Paris la Fête à Macron, au cours de laquelle plusieurs effigies — notamment un pantin attaché à une potence — du président ont été tournées en ridicule. Au moins n’ont-ils pas été molestés, comme il y a un mois à Nantes : le 7 avril, un mannequin à l’image d’Emmanuel Macron y était pendu puis brûlé au cours d’une manifestation, suscitant l’indignation de nombreux élus LREM. Le parquet de Nantes a annoncé avoir ouvert une enquête, confiée à la PJ de Rennes.

    Le chef de l’Etat n’est pas le seul à en faire les frais : le 19 mars, au Havre, deux effigies de Guillaume Pepy et Edouard Philippe avaient été incendiées.

    Une mise à mort symbolique qui traverse les siècles..

    #mémoire #traditions #imaginaire #révolution_française

  • Les thés 1336 s’étoffent mais l’entreprise reste fragile M.C. - 8 Décembre 2018 - La Merseillaise
    http://www.lamarseillaise.fr/bouches-du-rhone/economie/73812-gemenos-les-thes-1336-s-etoffent-mais-l-entreprise-reste-fragil

    Scop-Ti, la coopérative ouvrière de Gémenos, démarre une campagne pour relancer sa gamme « 1336 » afin de pouvoir poursuivre son développement. Elle vient de sortir cinq nouvelles variétés de thé et infusions de sa marque.


    Olivier Leberquier, président Scop-Ti, espère relancer la marque 1336 de la coopérative en créant cinq nouvelles variétés de la gamme. Photo M.C. L’utilisation de l’article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

    Scop-Ti, la coopérative née du combat exemplaire des salariés de Fralib, l’usine de Gémenos, ex filiale du géant de l’agroalimentaire Unilever, continue à se développer même si ce n’est pas assez rapidement pour avancer sereinement.

    « On est toujours un peu dans la même situation. On espérait une progression forte cette année mais comme il y a des marchés qui sont arrivés tard , la progression sera légère », confie Olivier Leberquier, le nouveau président de la coopérative. « à côté de ça, le reste des activités, notamment les contrats pour les marques des autres sociétés, les tonnages continuent à progresser mais ce n’est pas là où on fait le plus de marge », ajoute-t-il.

    Du coup, si la coopérative va enregistrer une légère progression pour cette année 2018, notamment sur sa marque, cela ne suffira pas pour qu’elle atteigne son point d’équilibre.

    C’est ce qui justifie qu’elle lance une campagne de sa gamme « 1336 ». « On constate qu’il y a une grande demande à travers toute la France. Des gens qui cherchent nos produits mais ne les trouvent pas dans les magasins où ils font leurs courses », précise-t-il. C’est pour parer à ce manque que Scop-Ti a lancé dès l’année dernière un site de vente en ligne ( www.boutique1336.fr ) pour répondre à cette demande.

    En cette fin d’année, elle lance une refonte de sa gamme complète « 1336 » « avec le changement de notre packaging pour l’ensemble de nos référence mais aussi l’arrivée de 5 variétés, 4 thés sous la gamme 1336 et une sous la gamme Scop-Ti Bio », poursuit Olivier Leberquier, explique-t-il

    La campagne de financement maintenue
    Sur les 4 autres, un thé noir grand Yunnan 1336 (thé du Sud-Ouest de la Chine de très grande qualité). Un thé vert menthe-chocolat (avec des éclats de cacao et un arôme naturel de chocolat). « Et une infusion du Nord au Sud 1336, qui nous est chère, puisque c’est un mélange de produits et d’ingrédients de Normandie et de Provence ».détaille-t-il. Un petit clin d’œil à ce qu’est l’usine de Gémenos : le fruit de la fermeture des sites du Havre en 1998 et de Marseille en 1989 qui a abouti à l’usine de Fralib devenue aujourd’hui Scop-Ti.

    Enfin, la coopérative qui a besoin d’une trésorerie pour continuer son développement maintient sa campagne de socio-financement Scop-Ti. « On a besoin de nouveaux contrats pour continuer à se développer et donc de trésorerie. L’équilibre est fragile et à tout moment ça pourrait coincer... »,conclut Olivier Leberquier.

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  • Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » / Mediapart

    On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation....

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    Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » 4 DÉCEMBRE 2018 PAR RACHIDA EL AZZOUZI ET FRANÇOIS BONNE

    Après les affrontements de samedi, 70 personnes ont été jugées en comparution immédiate, lundi, au tribunal de Paris. On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation et emportés par les vagues de violence. Les peines de prison – ferme ou avec sursis – sont tombées comme à Gravelotte avec des procureurs décidés à en découdre.

    On allait découvrir les « casseurs », les « pillards », les « factieux » et les « séditieux » ; tous ceux qui ont mis à sac la capitale, samedi 1er décembre, allant même jusqu’à saccager l’Arc de triomphe et offenser la République en éteignant la flamme du soldat inconnu. Les juges du tribunal correctionnel de Paris n’ont pas vu de tels individus, lundi, lors des premières audiences de comparutions immédiates, cette procédure qui permet de juger au plus vite les prévenus.

    Pas de « vrais » casseurs donc, ce lundi, mais un peuple d’ouvriers, d’artisans, de techniciens, d’intérimaires montés à Paris de toute la France pour crier leur colère. « Bah, les vrais casseurs, ils ne se font jamais pincer ! », notait un avocat, tandis qu’un magistrat assurait que des « dossiers lourds » viendraient à l’audience mercredi.

    Soixante-dix personnes ont comparu lundi lors d’une mobilisation exceptionnelle du tribunal : cinq salles d’audience. Et l’exercice devait se poursuivre ces mardi et mercredi. Le ministère de la justice a promis « une réponse pénale ferme », suivant les consignes d’Emmanuel Macron. La plupart des manifestants sont poursuivis au titre de l’article 222-14-2 du code pénal : « Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes et de dégradations de biens. » Né et appliqué pour la première fois en 2010 sous Sarkozy pour juguler la violence dans les stades de football, l’article 222-14-2 avait été dénoncé comme le moyen légal de criminaliser les manifestations.
    Plus rares sont ceux qui se retrouvent inculpés de port d’armes, rébellion, violence contre personnes dépositaires de l’autorité publique ou destruction et dégradations de biens. Mediapart a suivi lundi ces procès dans deux salles d’audience. Voici les portraits des manifestants poursuivis et presque toujours condamnés.

    Ryad, 41 ans, artisan, venu de Toulon (Var)

    Ryad n’aura pas eu le temps de manifester et pas même celui d’enfiler son gilet jaune. À 41 ans, cet artisan du bâtiment, ancien engagé dans la marine, ayant fait la guerre du Kosovo, décrit ses fins de mois difficiles, ses « revenus aléatoires » et la micro-entreprise de son père avec qui il travaille. Oui, il voulait manifester contre « les taxes » et est monté à Paris pour le premier défilé de sa vie.

    Dans la nuit de vendredi à samedi, il dort chez un cousin à Franconville (Val-d’Oise). Le matin, les deux hommes tentent de prendre le RER, qui ne marche pas ce jour-là (« Cela arrive souvent sur cette ligne », note la présidente). Ils se rendent en voiture à Paris et se garent vers la place des Ternes, non loin de l’avenue de Wagram. Une dizaine de policiers en civil portant des gilets jaunes les interpellent à peine sortis de voiture. Fouille du coffre : dans un sac, deux masques de ski, un casque de moto, des gants, des genouillères, un plastron… et un petit marteau.

    « Le marteau a toujours traîné dans le coffre de mon ami qui transporte régulièrement des outils pour son travail. Pour le reste, j’avais apporté ma tenue de moto-cross pour me protéger. C’est la première fois que je manifeste, j’ai vu les violences à la télé. J’avais peur, sincèrement, et je voulais me protéger si je me retrouvais coincé dans des affrontements. En plus, j’attends un enfant », explique-t-il.

    Pour la procureure, aucun doute : « Monsieur est venu pour en découdre et s’était équipé pour cela. » Elle demande six mois de prison avec sursis et une peine d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : quatre mois de prison avec sursis, un an d’interdiction de Paris. « Je me suis trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est la première et dernière fois que je manifeste », note Ryad.

    Steven, 24 ans, maçon-couvreur, venu de la Nièvre

    Steven travaille dans la petite entreprise de son père. 1 170 euros par mois, en CDD. « Une embauche, avec les taxes et tout, ça coûte cher », note-t-il, ajoutant qu’avec les crédits à la consommation et les loyers, il est en « difficulté financière ».

    Ce samedi, il est interpellé vers 20 h 45 faubourg Saint-Honoré. Non loin de là, le magasin Decathlon a été dévasté peu avant. « Des vélos, des trottinettes, du matériel traînaient partout dans la rue », raconte Steven. Et le voilà qui ramasse un casque de vélo dans le caniveau et se le met sur la tête. « Je l’ai pris pour me protéger. Ça partait de partout, des lacrymogènes, des grenades, des pavés, ça s’affrontait dans tous les sens », dit-il.

    Pourquoi n’être pas parti ? « Des batailles, il y en avait partout ! À ce point là, je n’aurais jamais pensé. J’étais coincé », répond-il. Vol caractérisé et participation à l’émeute, résume la procureure, qui demande trois mois de prison avec sursis. Jugement : trois mois de prison avec sursis.

    Jérémy, Billy, Geoffroy, Maxime et Frédéric, ouvriers et techniciens, venus de l’Essonne

    Voilà cinq copains et collègues de boulot. La plupart travaillent pour le grand groupe Safran, dans l’Essonne. Ils ont entre 27 et 35 ans, sont ouvrier-tourneur, soudeur, opérateur sur commandes numériques, cariste, inspecteur qualité. Quatre d’entre eux travaillent en 3 × 8 et les salaires tournent entre 1 300 et 2 500 euros par mois. Des loyers de 600 à 1 000 euros, des crédits pour payer la voiture, des pensions alimentaires parfois, et des parents ou des proches qu’il faut parfois aider : là encore, les fins de mois sont serrées.

    Pour eux, la manifestation n’aura pas lieu. Ce samedi matin, vers 10 h 30, ils garent leur voiture avenue des Ternes. L’un d’eux prend le soin de payer le stationnement. Est-ce le temps d’aller au parcmètre ? Des policiers leur tombent dessus. Fouille : des gants, des masques, quelques boîtes d’œufs, du liquide physiologique, des lunettes, des pétards (considérés comme « produit explosif et incendiaire »).

    « Ils avaient dit qu’on pouvait manifester sur les Champs, avec filtrage. On y allait pacifiquement. Bon, ben en fait, c’était interdit puisqu’on a été arrêtés en sortant de la voiture… », note Maxime. Peu ou prou, tous avancent les mêmes explications : il fallait se protéger vu les risques de violences. « Samedi dernier, j’avais déjà manifesté et j’ai été salement gazé, j’ai vu des personnes qui souffraient, raconte Geoffroy. J’ai acheté à Castorama une trentaine de masques légers, en tissu, pour moi et pour pouvoir les donner à d’autres manifestants si besoin. Et le liquide physiologique, c’est pareil : la semaine dernière, on m’en a donné et cela m’avait soulagé. »

    Pour Billy, ce devait être sa première manifestation (sa « première grève », dit-il). Lui aussi a un masque : « Je suis pas là pour mettre en danger ma santé. J’ai lu qu’il y avait du cyanure dans ces gaz, c’est dangereux tout de même », croit-il savoir. « Et les pétards, ce n’est pas dangereux ? », interroge la présidente. « C’est des petits pétards, comme pour le 14 Juillet, c’était pour mettre un peu d’ambiance, c’est pas des pétards genre à arracher les mains… », se défend-il. Ils ont été achetés au magasin « À la magie de Corbeil », et sont seulement « déconseillés » aux enfants de moins de 12 ans.

    « Je suis pacifiste, j’ai un boulot en or et trois gosses, vous croyez que je veux tout gâcher avec des conneries ? », insiste Frédéric. Des produits explosifs, insiste la procureure pour qui les cinq hommes voulaient en découdre, avaient le matériel pour cela et avaient choisi un endroit où les affrontements duraient déjà depuis deux heures… « Non, on manifeste là où il y a des gens, je ne vais pas aller où il n’y a personne ! », insiste Billy. Mais la procureure ne veut rien entendre qui pointe « la dangerosité manifeste des pétards » et la préparation méticuleuse. Elle demande des peines de trois mois de prison avec sursis à six mois ferme (pour ceux qui ont les pétards).

    Jugement : deux peines de quatre mois de prison avec sursis, deux peines de huit mois de prison avec sursis, une peine de trois mois de prison ferme (l’un des hommes était déjà sous le coup d’une légère condamnation avec sursis, qui est ainsi révoqué). Tous sont interdits de séjour à Paris pendant un an. L’homme condamné à la prison ferme s’écroule en larmes.

    « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants »

    Florian, 37 ans, forgeron, venu des Ardennes

    Florian est un gros costaud, il travaille dans une entreprise de forge de 120 ouvriers, a trois enfants à charge, gagne 1 500 euros par mois, sa compagne est au chômage. « Quand on a des enfants, il faut se stabiliser », dit celui qui a visité l’Amérique latine et l’Afrique en sac à dos, vivant de petits boulots.

    Ce samedi, le voilà interpellé vers 17 heures, près des grilles du jardin des Tuileries. Dans son sac, des billes de peinture, un masque. Le procès-verbal d’interpellation signale qu’il a été vu jetant un morceau de bitume sur les forces de l’ordre. Il nie, assure même qu’il a rangé pavés et morceaux de goudron au fond d’une grosse poubelle et a prévenu la police, « parce que ça chauffait trop ». Florian demande à ne pas être jugé en comparution immédiate. Demande acceptée : il sera jugé en procédure normale au mois de janvier prochain. « Je serai là, dit-il au juge, mais sinon, je suis pas près de revenir à Paris ! »

    Florian, 21 ans, mécanicien, venu des Yvelines

    C’est sa première manifestation. Florian est venu avec un ami et devait rejoindre son père, ouvrier ajusteur, dans un autre endroit du cortège. Il est arrêté à 20 h 50, boulevard Malesherbes. Le P.-V. d’interpellation le décrit cagoulé, avec gants de motos, un masque, en train de jeter une barrière au milieu du boulevard, dans un groupe d’une quarantaine de casseurs.

    Le jeune homme nie énergiquement. Pas de gants de motos, mais de simples gants Nike, un masque donné par son père « qui avait été gazé la semaine dernière et était allé en acheter chez Leroy Merlin », et, non, il n’avait pas tiré sa capuche sur la tête et pas plus jeté des barrières. « Je venais pas pour mettre le bazar, je marchais avec mon ami et un groupe a couru sur le boulevard et s’est rapproché de nous, c’est tout. » Rien dans le dossier, assure son avocat : « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants. » La procureure demande six mois de prison avec sursis. Jugement : relaxe.

    Alexandre, 36 ans, électricien, venu de l’Eure

    Alexandre a choisi ce samedi un des rares endroits calmes dans Paris : la place de la Bastille. Des gens ont pu manifester sans affrontements déchaînés en cet endroit. Cela ne l’empêche pas d’être interpellé vers 16 heures. La police trouve dans son sac un masque décrit comme de type NRBC. Un masque qui serait considéré comme une « arme de guerre ».

    « C’est un gilet jaune qui me l’a donné, je l’ai mis dans le sac au cas où et ne l’ai d’ailleurs jamais porté », dit Alexandre. « Mais comment voulez-vous que je sache que c’est une arme de guerre ? », insiste-t-il. La procureure demande six mois de prison ferme et un an d’interdiction de Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    Benoît, 34 ans, cariste, venu du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

    Benoît est devant le tribunal le visage éraflé, le nez cassé, un œil tuméfié. De cela, les juges ne disent mot. L’homme a été arrêté samedi à 17 h 40, rue du Havre, à l’issue d’une charge des CRS. Benoît dit s’être alors jeté par terre et mis en boule : pas suffisant pour le protéger des coups. Mais cela n’intéresse pas le tribunal qui prend seulement note d’un certificat médical de cinq jours d’interruption temporaire de travail.

    Le juge s’intéresse aux dégradations de bâtiments. Benoît le reconnaît aisément, il n’est pas à l’aise avec la parole, alors il aime bien les tags au pochoir. Ce jour-là, avec un ami, ils arpentent les cortèges et bombent sur les planches qui protègent les vitrines et quelques murs un dessin et un slogan : le visage de Macron et l’éternel « Marche ou crève ». « “Marche ou crève” et le visage du chef de l’État, voilà une menace manifeste ! », s’emporte la procureure.

    Benoît explique ne rien avoir contre les forces de l’ordre, lui-même a été militaire sous contrat jusqu’en 2006. Il assure n’avoir fait que cinq ou six tags. « Nos paroles, on les écoute pas, donc j’écris… Oui, sans doute, je recommencerai, mais sur les planches, pas sur les murs », dit-il, un peu perdu dans le box des prévenus. Pourquoi manifester ? « J’étais au RSA, maintenant je suis cariste, préparateur de commande chez Amazon. C’est des contrats à la semaine, ça fait pas lourd à la fin du mois. J’habite chez ma grand-mère, je m’occupe d’elle pour faire les courses et tout ça… », dit-il. La procureure demande six mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende. Jugement : six mois de prison et 500 euros d’amende, avec huit mois d’interdiction de se rendre à Paris.

    Lilian, 19 ans, sans emploi, venu du Maine-et-Loire

    C’est un jeune homme qui semble un gamin, se raconte parfois des histoires et se dit lui-même « un peu immature ». Pour sa première manifestation, Lilian a vu les choses en grand. Un casque rouge bien voyant, gants, lunettes et masque : le meilleur moyen d’être arrêté par des policiers, samedi, vers 11 h 50, avenue de Friedland, qui l’ont vu jeter un pétard. Et voilà que le jeune homme a en plus dans son sac une bombe de laque. « C’était comme un explosif de dernier recours, si mon pronostic vital était engagé, avec tout ce qu’on voit sur internet et toutes les violences… », dit-il au juge. Il n’a visiblement pas compris qu’une telle bombe de laque allumée avec un briquet l’aurait immédiatement gravement brûlé.

    Lilian a volontiers donné son téléphone aux policiers. Prévenant, il leur a même signalé un message susceptible de les intéresser. « Moi, je vais grailler du CRS », écrit-il par texto à une amie. « Grailler, ça veut dire quoi ? », interroge la présidente. « Ben oui, ça veut dire manger, j’ai écrit cela pour impressionner une copine », répond le jeune homme.

    Mais qu’est-il allé faire dans cette galère ? « J’ai pas de boulot, je suis parfois en saisonnier en pépinière, vous comprenez, j’habite à la campagne et j’ai aucun moyen de déplacement », dit Lilian, qui a arrêté sa scolarité à 16 ans et ne fait pas grand-chose de sa vie depuis. Le père est ouvrier chez un sous-traitant automobile, la mère travaille en 2 × 8 en intérim. La procureure s’emporte contre l’« immaturité » du jeune homme, sa « dangerosité et son inactivité sociale » et demande un an de prison ferme avec mandat de dépôt (ce qui signifie une incarcération immédiate). Jugement : six mois de prison ferme, six mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    « Je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester »

    Maxime, 27 ans, saisonnier, venu de Carcassonne (Aude)
    Ce samedi, vers 21 heures, Maxime est repéré dans le quartier de la Défense. Sur son sac à dos, un casque de skateboard. Voilà qui mérite contrôle d’identité, palpations et fouille du sac. Les policiers découvrent un gilet jaune, des protège-tibias, des lunettes de skis, un masque en papier et tout au fond du sac un cutter. Bonne pioche, direction garde à vue puis tribunal !

    « Vu les violences du week-end d’avant, je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester, mais je voulais le faire pour défendre les droits gagnés par mes parents et mes grands-parents. Quant au cutter, je ne savais même pas, je l’ai oublié dans ce sac avec lequel je transporte régulièrement des outils. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec un cutter ? », explique-t-il.

    Maxime raconte avoir manifesté vers la porte Maillot, avoir aidé une vieille dame qui était blessée, par terre, et l’avoir conduite dans un hall d’immeuble. Oui, il a shooté dans une grenade lacrymogène pour l’éloigner. « Les CRS, c’est pas mon problème, je suis pas venu pour eux. Le week-end prochain, je manifesterai chez moi, à Carcassonne, tout se passe bien là-bas », ajoute-t-il. Et puis, il ira faire la saison d’hiver à Avoriaz comme serveur. « Je travaille dans les restaurants d’Annie Famose [ancienne championne de ski – ndlr] », dit-il fièrement. La procureure demande quatre mois de prison ferme et un an d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de se rendre à Paris.

    Stéphane, 45 ans, boucher-charcutier, venu des Hautes-Alpes

    Stéphane vient « de la campagne », « d’un milieu agricole où on a toujours un couteau sur soi », « pour bricoler, couper le saucisson, le fromage » et aussi une lampe-torche. Il a 45 ans, un CDI de boucher dans un abattoir, un emprunt à rembourser, une fille qui vit avec sa mère dont il est séparé et à laquelle il verse une pension alimentaire. Samedi 1er décembre, il était « tout content » de vivre sa « première manifestation d’envergure » dans la capitale contre ce gouvernement « qui a enlevé 100 euros de retraite à nos anciens, nos parents, nos retraités ». Il avait roulé la veille depuis ses Hautes-Alpes jusqu’à Lyon avec les copains, puis pris le TGV jusqu’à Paris.

    Vu les scènes de violence regardées à la télé, la bande avait prévu « de se protéger ». Stéphane avait un casque de chantier avec visière, un masque de peinture. Arrivés de nuit à Paris, ils ont attendu que la manif commence en picolant parce qu’ils sont bons vivants et que ce voyage, ils le voulaient festif. Stéphane le concède : à une époque, il a eu un problème avec l’alcool. Mais plus maintenant. Vers 8 heures, ils se sont dirigés vers les Champs-Élysées. Mais ils n’ont jamais réussi à y accéder à cause des barrages de CRS aux alentours.

    Stéphane s’est mis en tête de convaincre les CRS « de rejoindre le peuple ». Ils ont refusé, l’ont repoussé. Et c’est là que tout s’est envenimé. « Je suis devenu con, je les ai trouvés tellement froids, j’ai foncé dans le barrage pour montrer à Macron que le peuple est plus fort que les CRS. » Stéphane en a oublié de mettre son casque de chantier pour se protéger. Il est ressorti à 8 h 50 menottes aux mains et avec un énorme cocard à l’œil droit. Le voilà maintenant dans ce box vitré du TGI de Paris à tirer sur ses poils de barbe après des heures en garde à vue et deux nuits à Fresnes. Lui qui a un casier vierge doit justifier pourquoi on a trouvé sur lui un Opinel et une lampe-torche alors qu’il faisait plein jour.

    Il veut parler de politique, de cette France oubliée qui travaille dur, le président l’arrête : « Ici, ce n’est pas une tribune politique. » Stéphane baisse la tête, penaud. Il dit qu’il est « au bord du suicide », s’excuse « d’avoir été con ». La procureure requiert six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

    Stéphane écope de quatre mois de prison ferme. « Nous ne prononçons pas de mandat de dépôt. Vous serez convoqué par le juge des applications des peines de Gap et vous verrez ensemble comment aménager la peine », lui dit le président. Mais Stéphane ne l’écoute déjà plus, sidéré, ne retenant plus que le mot « prison ».

    Jérôme, 26 ans, intérimaire, venu de la Nièvre

    Jérôme a 26 ans. Intérimaire, sans contrat pour le moment, il vit dans la Nièvre chez sa mère. Il a été interpellé samedi 1er décembre avec un masque de ski, un casque de vélo, cinq fioles de sérum physiologique et un lance-pierres. Peu loquace, il assure que c’était « pour se protéger, se défendre des grenades lacrymogènes ». « Mais pourquoi une fronde ? », relance le président. « Au cas où je me prends une grenade lacrymo, répond Jérôme, je n’étais pas là pour casser. »

    Il survit avec 200 euros de RSA mais on n’en saura guère plus sur sa vie. Comme dans plusieurs dossiers, l’enquête sociale rapide, dispositif clé de la chaîne pénale qui éclaire le parcours du prévenu, fait défaut. « Il y a trop d’enquêtes en cours en un laps de temps pour en faire une sur tous », s’excuse le président. La procureure demande 210 jours amende à 5 euros, soit 1 050 euros. C’est 5,25 fois le demi-RSA de Jérôme. Jérôme écope trois mois de prison avec sursis.

    Mickael, 30 ans, chômeur, SDF, venu de Chambéry (Savoie)

    Mickael ne comprend pas ce qui lui arrive. Il accueille sa peine sans réaction quand son avocate est abasourdie : six mois de prison dont la moitié ferme avec maintien en détention et l’autre assortie d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pendant deux ans avec obligation de fixer son domicile dans un lieu déterminé et de rechercher un travail. C’est un peu moins lourd que les huit mois ferme requis par le parquet.

    Mickael, 30 ans, fils de bourgeois passé baba sans domicile fixe et sans travail, « créchant dans les gares ou les forêts », a été arrêté jeudi 29 novembre au soir à la gare de Lyon. Repéré par son sweat à capuche noire marquée ACAB, « All cops are bastards » (« Tous les flics sont des… »), il arrivait de Chambéry. Dans son sac à dos : un plastron, un casque, une cagoule et un lance-pierres professionnel avec 87 balles en plomb de 1,5 centimètre de diamètre. L’attirail parfait du « black bloc » de l’ultra-gauche. Sauf qu’il n’en est pas un, assure son avocate.

    La preuve : l’exploitation de son téléphone et les messages via Messenger sur la page Facebook du black bloc qui démontre son grand amateurisme. « On se retrouve où les gars pour la manif ? », demande le jeune homme, qui a gardé quelques dreadlocks au sommet de son crâne rasé. « Très cher, nous ne fonctionnons pas comme cela et nous ne communiquons jamais sur les réseaux sociaux », lui répond l’administrateur de la page. « Vous estimez qu’il serait allé à la manifestation. Mais rien ne le prouve dans le dossier ! », plaide son avocate. En vain.

    « Je me suis laissé emporter par mes émotions »

    Étienne, 27 ans, technicien, venu de Lyon (Rhône)
    « Je suis désolé. Je vous demande la clémence. Je me suis laissé emporter par mes émotions. Mon travail est très important. Je suis prêt à faire des travaux d’intérêt général. Vous ne me reverrez jamais plus dans une manifestation. » Étienne implore le tribunal de ne pas le condamner. Sans succès. Le ciel lui tombe sur la tête : six mois de prison ferme, trois mois de plus que les réquisitions du parquet. Maigre consolation : le mandat de dépôt, requis par la procureure, n’est pas retenu, Étienne va être relâché, sa peine aménagée dans la mesure du possible.

    Et s’il perdait son CDI à 27 ans « à cause de tout ça » ? Technicien pour une société privée, il travaille sur le chantier de l’automatisation du métro lyonnais pour 1 500 euros par mois. Sa mère, retraitée, pleure depuis le début de l’audience, discrètement au premier rang, et s’écroule : « Que se serait-il passé s’il avait cassé la vitrine d’un magasin ? Il aurait pris un an ? » Quelques minutes plus tôt, son avocate tonnait : « Où sont les casseurs des Champs-Élysées, de Dior, Chanel, Zadig & Voltaire, de tous ces grands magasins pillés ? »

    Étienne a été interpellé samedi 1er décembre au matin après la découverte de fumigènes et de pétards dans son sac. « Je les ai achetés sur internet pour me défendre après avoir subi des gazages abusifs le week-end dernier, répond Étienne. Avec ma mère, nous manifestions pacifiquement près de l’Arc de triomphe quand nous avons été gazés par un cordon de CRS qui n’a fait aucune différence entre les casseurs et les familles. C’était très violent. »

    Un grand-père parisien, venu assister à l’audience « par solidarité avec les gilets jaunes », glisse ce qui lui apparaît une évidence : « C’est parce qu’il est le seul Noir qu’ils le condamnent à autant de prison pour des pétards même pas utilisés. »

    Bruno, 31 ans, chauffeur de poids lourds, venu de Seine-et-Marne

    Bruno ne veut pas être jugé aujourd’hui. Il demande un renvoi. C’est son premier tribunal comme ses premières nuits en prison et il a le vertige. Il jure qu’on ne le reverra plus jamais dans une manif, veut retrouver sa vie de bon père trentenaire dans le petit bourg de Seine-et-Marne où il vit avec sa femme et leur fille dans le pavillon hérité de ses parents qui lui coûte des charges et des taxes. On lui reproche d’avoir voulu manifester avec des lunettes de protection, un masque à gaz et un couteau.

    Chauffeur poids lourds en CDI, il gagne entre 1 500 et 2 000 euros selon les mois. La procureure requiert un contrôle judiciaire en attendant sa comparution avec cependant une interdiction : celle de paraître à Paris. Bruno panique. Et s’il a des livraisons à faire dans la capitale intra-muros ? Le tribunal tranche. Il a interdiction de venir à Paris, seulement les week-ends du samedi minuit au lundi minuit.

    Maxime, 33 ans, chauffeur-routier, venu de la Marne

    Maxime aussi veut un délai pour préparer sa défense. Il vient de la Marne où il loue une petite maison mais sa terre natale, c’est la Creuse. Il a deux enfants et une amende au casier parce qu’un jour, il a admonesté deux jeunes qui avaient cassé le pare-brise de la voiture de sa femme. Chauffeur-routier, il est responsable d’équipe, soit trois camions, gagne 4 000 euros net par mois et passera en CDI à la fin de l’année.

    Samedi, il devait vivre sa « première manif » mais il a été contrôlé avec, dans le sac, des lunettes de natation, des protège-tibias, des gants coqués, un masque d’aide respiratoire et des pierres. Il dit que tout cela c’était « pour se protéger » et qu’il n’allait bien « évidemment pas jeter des pierres contre les forces de l’ordre ». Il est placé sous contrôle judiciaire jusqu’à sa comparution en janvier, avec interdiction de venir sur Paris.

    Thomas, 20 ans, intérimaire, venu de l’Eure

    Ce samedi à 20 h 45, Thomas est interpellé rue du Faubourg-Saint-Honoré. Dans sa poche, six paires de lunettes de grandes marques pour une valeur d’environ 1 300 euros. Un magasin d’optique a été pillé. Mais la police note sur son P.-V. d’interpellation que le jeune homme n’a pas participé à la casse ; il s’est servi après coup. « Je suis rentré dans le magasin tout cassé. J’ai pris des lunettes. Je sais pas, j’ai pas réfléchi, j’étais pris avec les autres », dit-il.

    Thomas était venu manifester avec sa copine et deux amis. Dans les tourbillons de violence qui ont emporté le quartier Concorde-Rivoli, il les a perdus, s’est retrouvé coincé entre deux groupes de CRS, explique-t-il. Son sweat-shirt était taché du sang d’un autre manifestant, « les grenades tombaient de partout, j’allais pas me rapprocher seul des CRS et il n’y avait pas de fuite possible ». Thomas a donc suivi les casseurs et est entré dans le magasin.

    Vendeur empilant les CDD dans un magasin de décoration et aujourd’hui à Intermarché, Thomas vit chez ses parents et a été condamné il y a quelques mois pour avoir revendu de la cocaïne et du cannabis. « Ça finançait ma consommation personnelle, mais j’ai tout arrêté depuis, seul et sans médicament », dit-il. La procureure demande quatre mois de prison ferme et deux mois supplémentaires au titre de la révocation du sursis de la peine précédente. Le jugement va au-delà des réquisitions : dix mois de prison ferme.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/041218/au-tribunal-de-paris-de-la-prison-en-veux-tu-en-voila-pour-les-gilets-jaun

  • La mobilisation des « Gilets jaunes », nouvelle étape des luttes en France Rémy Herrera - 22 Novembre 2018
    https://www.investigaction.net/fr/author/remy-herrera

    C’est une mobilisation de masse profondément nouvelle qui a surgi ces dernières semaines en France : celle des « gilets jaunes » – du nom et de la couleur de la chasuble de haute visibilité (tout automobiliste étant supposé en posséder une à bord de son véhicule et l’utiliser, pour sa sécurité, en cas de nécessité) que portent, en signe de ralliement, des centaines de milliers de Français manifestant leur désapprobation vis-à-vis de l’action du Président Emmanuel Macron.
     


    (Article rédigé le 22 novembre ; une suite est prévue)
     
    Une mobilisation nouvelle par son origine, son ampleur et ses formes de rébellion populaire. Tout a débuté à petite échelle à la fin du mois d’octobre par une simple pétition citoyenne, sans étiquette partisane ni syndicale, sans leaders ni organisations, diffusée sur les réseaux sociaux. Elle réclamait l’annulation de l’augmentation de la taxe sur le carburant récemment décidée par le gouvernement. Quelques jours plus tard, pas loin d’un million de personnes l’avaient signée, et des slogans commençaient à appeler à « bloquer le pays ». Le mouvement de protestation, qui concernait initialement le prix de l’essence et le poids des impôts, s’étendit très rapidement à « la vie chère », au « faible pouvoir d’achat », aux « grands magasins à boycotter », pour se concentrer finalement sur un mot d’ordre, clair : « Macron démission ! ». Le point commun de ces contestations, fusant tous azimuts, était d’exprimer un mal être généralisé, un « ras-le-bol » de la population, un refus des inégalités sociales causées par l’application du projet néolibéral.
     
    Le paroxysme allait être atteint le samedi 17 novembre : quelque 280 000 « gilets jaunes » (selon les chiffres de la police), éparpillés en plus de 2 000 rassemblements sur l’ensemble du territoire français, bloquaient l’accès à des axes routiers névralgiques, péages autoroutiers ou supermarchés. Inexpérimentés pour la plupart, spontanément sortis dans la rue, ils participaient souvent à leur première action – moins de 10 % des manifestations ayant d’ailleurs été déclarées en préfecture. Dans beaucoup de villages des zones rurales, c’était même la toute première fois qu’avait lieu une manifestation. Le bilan de la journée se solda par un mort (une malheureuse femme « gilet jaune » fauchée par une conductrice ayant perdu le contrôle de son véhicule), près de 500 blessés, dont une dizaine grièvement (et 93 policiers), plus de 280 interpellations pour « actes de violence » (en majorité des automobilistes ayant forcé les barrages filtrants)…
     
    À Paris, dans une pagaille indescriptible – et incontrôlable par les forces de l’ordre –, une foule de plusieurs dizaines de milliers de « gilets jaunes », extrêmement hétérogène et absolument inclassable, réunissant de jeunes adultes (avec leurs enfants parfois), des retraités (y compris des grand-mères excédées par la baisse de leurs pensions), des employés de bureau, des ouvriers, des artisans, des motards, des routiers, des chauffeurs de taxi, des fonctionnaires, des aides-soignants, des lycéens, de jeunes entrepreneurs même, des femmes voilées, des jeunes des cités, des rastas, des gens de toutes couleurs et religions, de toutes les couches populaires, déferlaient dans un désordre incroyable sur les Champs-Élysées en chantant La Marseillaise, « Paris, debout, soulève-toi » et, bien sûr… « Macron démission ! ».
     
    De multiples petits groupes de « gilets jaunes », improvisés, arrivant de partout, très mobiles, parvenaient à se frayer un passage et à contourner – sans violence – les lignes de policiers et de gendarmes, débordés de toutes parts. Des barricades étaient improvisées en divers endroits de la capitale, faites de barrières de sécurité, de palettes de bois, de vélos, de tout ce qui traînait sur la chaussée. Des poubelles étaient incendiées. Les boutiques de luxe des beaux quartiers préférèrent fermer leurs portes – bien qu’aucune vitrine n’ait été brisée, ni aucun vol signalé. Ici, on lisait un tag : « Aux armes ! » (paroles de l’hymne national) ; là, on voyait la banderole : « Ni Macron ni fachos, Black Blocage Total » (Total étant la multinationale pétrolière française qui, semble-t-il, ne se serait pas acquittée de ce qu’elle doit au fisc), sur une autre, une guillotine dessinée, sans commentaire ; ailleurs, on entendait : « C’est comme en mai 68 », « Colère », « C’est la guerre », ou encore « Macron au bûcher ! ». Malgré les cordons de CRS, plusieurs milliers de manifestants, pacifiques, mais résolus à se faire entendre, réussissaient à s’engager dans la rue menant au Palais de l’Elysée, avant d’être repoussés par les boucliers, matraques et gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, et de finir par se disperser dans le calme. Tout le monde restait abasourdi – « gilets jaunes » et policiers compris. On n’a jamais vu ça…
     
    Le lendemain, les protestations se poursuivaient dans toute la France, et le surlendemain, lundi 19 novembre, les accès à une vingtaine de raffineries de pétrole se trouvaient bloqués. Le 20, à Paris, des voies de chemin de fer de la gare du Nord étaient envahies et les trajets vers l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle ralentis. Dans presque toutes les régions de France, maintes actions de blocages continuaient également d’être menées : à Toulouse, autour de Lyon, à Bordeaux, en Île-de-France, dans le Vaucluse, en Normandie, en Bretagne, dans le Nord, en Corse, et jusqu’aux Départements d’Outre-Mer… Sur l’île de La Réunion (à plus de 9 300 km de Paris), où les inégalités sociales sont criantes, les manifestations virèrent à l’émeute. L’armée y fut appelée en renfort, et le couvre-feu instauré dans les communes les plus remuantes. Sur les réseaux sociaux, les « gilets jaunes » ont déjà prévenu : prochain rendez-vous, le samedi 24 novembre…
     
    Acteur hors pair, sourire en coin et plein de mépris, le Président Macron fait mine d’ignorer ce soulèvement de masse, aussi inédit qu’hétéroclite, mais motivé et déterminé à poursuivre la lutte. Le pourra-t-il longtemps quand les sondages révèlent qu’entre 75 et 85 % des Français disent soutenir les « gilets jaunes » ? Pour l’heure, le Président s’est contenté de prévenir qu’il se montrera « intraitable » face au « chaos »… réunionnais. D’ordinaire si sûr de lui, le Premier Ministre Édouard Philippe est apparu sur la défensive en affirmant que « le gouvernement ne changera pas de cap » et « ne tolérera pas l’anarchie ». Le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, surjoue quant à lui la fermeté. Appelé à la rescousse, le Ministre de l’Écologie et de l’Énergie, François de Rugy, déclare, sans rire, que la taxe sur les carburants devrait servir à financer la « transition écologique » – pour combien de centimes d’euro, si la France n’a pas de politique de l’environnement ? L’inquiétude du pouvoir est palpable.
     
    Que la droite et l’extrême-droite essaient de « récupérer » la mobilisation des « gilets jaunes », dépourvue de leaders visibles, est évident. Que les grands médias insistent insidieusement, pour discréditer le mouvement et jeter de l’huile sur le feu, sur de (rarissimes) propos xénophobes ou homophobes tenus lors de ces actions par quelques manifestants (d’ailleurs immédiatement stoppés par leurs propres amis sur place) l’est tout autant. À l’heure du capitalisme sauvage et d’une idéologie dominante qui attise les haines et dresse les uns contre les autres pour tenter de sauver les élites, le peuple qui endure et qui souffre est aussi fait de ces contradictions-là, hélas ; mais c’est justement le rôle des progressistes militants et éclairés que d’être à ses côtés dans les luttes pour montrer à celles et ceux qui s’égarent le chemin de la solidarité et de la fraternité. Faudrait-il que le visage des exploités soit toujours souriant ? Voudrait-on par-dessus le marché que les pauvres qui se battent pour leur survie et leur dignité soient photogéniques ?
     
    Beaucoup plus préoccupant est le fait que les directions des partis et des syndicats de gauche se tiennent – pour l’instant encore, et assez largement – à distance de cette rébellion populaire. Ne comprennent-elles pas que s’ouvre, avec la révolte des « gilets jaunes », la deuxième étape des luttes du peuple français contre la tyrannie néolibérale et pour la justice sociale ? Ne saisissent-elles pas qu’il s’agit de la continuation, sur un mode innovant, combatif, vivant, et une échelle extraordinairement élargie, du même processus de généralisation des mobilisations qui a lancé dans les grèves et manifestations des milliers de camarades syndiqués au printemps dernier ? Ne voient-elles pas que les « gilets jaunes », à leur façon (non sans courage, ni risque et danger) sont décidés à occuper le vide béant laissé par l’abandon par la gauche institutionnalisée, depuis des décennies maintenant, de la défense des intérêts de classes de tous les travailleurs et de l’internationalisme à l’égard des peuples du monde ? Ne savent-elle pas que c’est la lutte des classes qui fait l’histoire ?
     
    Heureusement, les choses peuvent changer. Et ce qui paraît oublié dans les hautes sphères, les bases se chargeront de leur rappeler. Mardi 20 novembre, un premier syndicat de transporteurs annonçait son soutien aux « gilets jaunes ». Le 21 au soir, les actions des électriciens et gaziers reprenaient (si tant est qu’elles aient vraiment cessé depuis juin), en s’intensifiant : plusieurs raffineries et dépôts pétroliers (à Gonfreville-L’Orcher et Oudalle à proximité du Havre, Feyzin en banlieue lyonnaise, La Mède près de Marseille, mais aussi sur d’autres sites, notamment ceux ravitaillant les aéroports de Blagnac [Toulouse] et Saint Exupéry [Lyon]…) se déclaraient en grève. Au même moment, on apprenait que le « capitaine d’industrie » Carlos Ghosn, PDG du groupe automobile français Renault et Président du Conseil d’administration de Nissan, était arrêté et entendu par la justice japonaise pour suspicion de fraude fiscale et détournement de fonds de l’entreprise à des fins personnelles. La révolte d’un peuple contre ce monde-là est-elle si compliquée à comprendre que cela ?

    #GiletJaunes #Rémy_Herrera

  • Biens culturels africains : le rapport Savoy-Sarr évoque des restitutions définitives - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20181121-biens-culturels-rapport-savoy-sarr-restitutions-definitives

    D’après Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, 90 000 objets provenant d’Afrique subsaharienne se trouvent actuellement dans les collections publiques françaises, dont 70 000 au musée du Quai Branly à Paris. Les 20 000 autres sont réparties dans d’autres musées ou villes portuaires françaises (Cherbourg, Le Havre, La Rochelle, Bordeaux, Nantes, Marseille).
    Les objets qui pourraient être restitués
    Evidemment, il est encore trop tôt pour déterminer combien d’œuvres seront rendues à leurs pays d’origine. Néanmoins, pour les auteurs du rapport, ces restitutions pourraient concerner quatre types d’objets. Les objets saisis dans le cadre d’agressions militaires, à condition que leur acquisition soit antérieure à l’adoption en 1899 des premières conventions de la Haye codifiant les lois de la guerre, les objets réquisitionnés durant la période coloniale (1885-1960) par des militaires, des administrateurs ou leurs descendants, les objets pris ou achetés de force lors des grandes expéditions scientifiques françaises en Afrique au 20e siècle et les objets acquis illégalement après les indépendances, notamment par le biais de trafics.
    La majorité des objets africains se trouvant actuellement dans les collections publiques françaises ont été acquis durant la période coloniale. Le rapport mentionne aussi des objets provenant de pays n’ayant pas été colonisés par la France : le Ghana, le Nigeria ou encore l’Ethiopie. « Nous sommes d’avis que ce patrimoine culturel recoive la même attention et bénéficie de la même importance dans le processus de restitution que les objets provenant des anciennes colonies françaises », expliquent Bénédicte Savoy et Felwine Sarr.

    #Afrique #Arts #Postcolonialisme

  • François Ruffin : « Mon samedi jaune » François Ruffin - 19 Novembre 2018 - Le blog de François Ruffin
    https://francoisruffin.fr/mon-samedi-jaune

    Je suis un cahier de doléances ambulant, ce samedi 17 novembre, au milieu des gilets jaunes. C’est bien là ma place, c’est bien ça mon rôle.

    « Oh ! Un à la fois, je suis pas en stéréo ! »
    Sur le barrage « ouest », à Flixecourt, ce samedi 17 novembre, je suis assailli par les gilets jaunes. A mon oreille droite, un routier redoute pour son permis à points : « On vit dans le stress, dans la peur, avec tous les radars, le 80 kilomètres, ça met des familles dans la misère », dans la foulée il me cause de son fils : « Il faisait du juridique, pour devenir avocat, ou juge, mais nous on n’a plus les moyens de l’aider, on n’y arrive plus… Maintenant, il est entré chez Auchan. C’est un gâchis. » J’essaie de lui dire que c’est un gâchis pour lui, mais aussi pour le pays. J’essaie seulement.

    Dans mon oreille gauche, une dame, cheveux blancs, qui a travaillé dans le bâtiment, qui a conduit un camion poubelle, qui a donné naissance à six enfants, me détaille sa retraite, 1013 €, sa Carsat, sa complémentaire, sa CSG, (je n’y comprends jamais rien, je fais toujours semblant, avant de poursuivre, et ça je comprends beaucoup mieux) :
    « Je mange du pain et du lait, du pain et du lait… Et ma fille, elle habite Troyes, elle étudie la gestion des entreprises, son APL a baissé mais son loyer a augmenté ! Alors que l’autre avait promis que ça baisserait. Et je ne peux pas la soutenir, je suis à zéro, rien qu’aller la voir, en essence, en péages, ça me coûterait cent euros… »

    Je suis un cahier de doléances ambulant, ce matin, « notez bien » qu’on me dit, « allez leur remonter à Paris », et je relève à la volée :

    « On n’arrive pas à avoir 200 € pour payer le fioul, et ils veulent qu’on change notre cuve ? »,
    « Ma voisine, elle a préparé son contrôle technique, le nouveau, 1 500 € de réparations. Sa voiture, recalée. Elle pleurait »
    « Je travaille dans le périscolaire, et là, cette rentrée, j’ai perdu sept heures. Je suis à 400 € par mois, toujours pas titulaire, après vingt ans d’ancienneté. »

    On m’entoure, on m’enserre.
    « Derrière la ligne jaune ! je gueule. Comme à La Poste ! Et prenez votre ticket ! » Ca les fait marrer. Moi aussi, ça me fait marrer. Je suis bien, dans ce bain de foule. C’est ma place, c’est mon rôle, au milieu de ces gens, je ne me suis pas planté.

    Ce sont des messages sur Facebook qui m’ont fait réagir, au départ. Genre : « Le 17, ce sera sans moi ! Pas avec les fachos ! » Des camarades de la CGT, de SUD, qui postaient ça. Et ça me semblait une cata. Eux poursuivaient : « Où ils étaient, les gilets jaunes, quand on manifestait contre la loi travail ? Pour les retraites ? Pour les salaires ? Y a rien de plus important que le gasoil ? » Aie aie aie, ça sentait le snobisme de gauche, qui a raison avant le peuple, sans le peuple…
    En rester à ma méthode, juste : l’enquête d’abord.
    Ecouter.
    Regarder.
    Comprendre, essayer, s’y efforcer.
    Avant de juger, du haut d’une estrade, dans le huis clos d’un studio.
    Depuis vingt ans, on s’efforce de ne pas l’écouter, de ne pas la regarder, cette France-là, périphérique, loin du pouvoir, loin des médias, disqualifiée d’office : « beauf », « raciste », « populiste ». Et aujourd’hui, nouveau motif, « anti-écolo ».
    Qu’ai-je entendu, qu’ai-je vu, donc, lors de cette balade sur les sept barrages de ma circonscription ? Voici mes petites notations.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=WJjwOIY2Eko

    8 h. Carrefour d’Amiens-Nord
    Il fait encore nuit, presque. Au rond-point, les caddies servent à boucher les entrées. A peine descendu de moto, à la hâte, inquiet, j’interroge deux personnes, plutôt âgées : « Vous êtes là pour ?
    – On vient de Flesselles.
    – Mais vous êtes là pour ?
    – Ah, c’est pas que pour le gasoil. C’est un ras-le-bol général. »
    C’est l’expression qu’on va me répéter toute la journée.

    9 h. Flixecourt.
    Alors qu’on traverse un blocage, une grosse cylindrée – genre Laguna, Scénic, je sais pas -, immatriculée 76 (Seine-Maritime) tente de forcer. Un gilet jaune se jette sur le capot, pète le pare-brise. Un jeune gars plutôt bien sapé sort de la bagnole, et avec du cran : « On va faire un constat !
    – Tu savais qu’il fallait pas forcer ! Pas rouler aujourd’hui !
    – Je m’en fous.
    – T’as les sous, toi !
    – Vous aviez qu’à faire des études ! « 
    Ca chauffe, après cette réplique.
    Et ça m’évoque un sondage BVA, qui raconte ça : qui soutient ce mouvement ? Les ouvriers/employés, à 78 %. Les cadres, à 44 %. C’est rebelote la France du oui et la France du non de 2005.

    10 h. Abbeville.
    Sur le premier rond-point, à une sortie, une camionnette, avec une grosse sono, balance une chanson avec « patriotard » dedans : une ode à la Corrèze, rien de méchant mais identifié FN. Les coupes de cheveux sont un peu plus courtes qu’ailleurs, c’est le seul endroit où on me salue du bout des doigts…

    Une dame : « C’est la première fois de ma vie que je manifeste, à 62 ans. Y a une quinzaine d’années, avec la pension invalidité, j’y arrivais encore. Mais là, je ne peux plus. »

    Un homme : « J’aimerais bien, moi, avoir qu’à traverser la rue pour trouver du boulot, mais non, j’ai trente bornes à faire. Soixante aller-retour. Et pour le Smic, à 1200 €, c’est pas honteux ? »

    Une femme : « Mon compagnon, il veut changer sa voiture, la banque ne lui prête pas, parce qu’il gagne 1 000 €. Mais Cofidis, eux, ils sont d’accord. Ca veut dire quoi ? Que pour l’ouvrier, on ne prête pas à 2 %, mais à 20 % oui ? »

    Nolan, 24 ans, père de famille, voix chevrotante :

    « J’étais en contrat aidé, dans un collège, et du jour au lendemain, ils m’ont arrêté. C’est le gouvernement, ils m’ont expliqué, ils n’en veulent plus. Ca m’a mis en colère, je me sens abandonné, et on est douze dans ce cas-là, douze jeunes, avec pas grand-chose comme bagages, l’école c’était pas mon truc, et j’avais pas tellement foi dans la République… Là, mon métier, je l’aimais… Et maintenant, ça m’a fragilisé, je suis précarisé, perdu. Y a des copains, c’est la délinquance derrière. »
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=cYvBncBvxM8

    11 h Flixecourt (sur le retour)
    Partout, j’ai oublié de signaler, partout, des pancartes « Macron démission ! », ou c’est inscrit sur les chasubles avec le doigt d’honneur. Et c’est le point commun, plus que le gasoil :
    « Nous, si on veut du boulot, il faut cinq ans d’expérience. Mais eux, ils devraient vivre cinq ans à Etouvie, en HLM, avec le Smic et faire les 3 X 8 avant de devenir ministres… »

    « Macron, quand il a passé le premier tour, pour aller fêter dans son restau de luxe, il a grillé tous les feux rouges. Alors qu’il était pas encore président… »

    « Edouard Philippe, en rentrant du Havre, il roulait à 180 sur l’autoroute. »

    « Combien qu’il y en a, de ministres, qui ont une voiture électrique ? »

    A deux reprises, c’est parti sur les immigrés : « A Calais, on leur paie le permis, me dit un retraité.
    – C’est pas vrai, je corrige.
    – C’est le responsable d’une association qui l’a dit.
    – Ce sont des gens misérables, et au fond de vous, vous le savez. Il faut pas que les pauvres se déchirent entre eux, je fais la leçon. C’est pas eux qui vous coûtent des dizaines de milliards. Regardez en haut. »

    13 h. Camon.
    Ici, les bloqueurs sont de « Roquette », un fabricant de féculents, à Daours : « C’est moi qui ai lancé le truc, me raconte un jeune barbichu, à pantalon rouge. J’ai motivé les copains. C’est pas que l’essence, y a nos salaires surtout… »
    Ca me paraît tellement symbolique : à la place de la grève, du conflit social dans la boîte, le conflit social s’est déplacé là, sur le bitume…

    Evidemment, qu’il y a tout et son contraire, là-dedans.
    C’est pas la pureté révolutionnaire.
    Et qu’est-ce que ça donnera demain ?
    Mais aujourd’hui, déjà, aujourd’hui ça a existé, et jamais je n’aurais cru, comme député, vivre une journée comme ça, cette aventure de proximité, convoyé en Harley-Davidson (spéciale dédicace aux camarades motards, à Fabien, à Didier) sur les routes désertes de la Somme (pas toujours à 80 à l’heure…), avec, sur les bas-côtés, les couleurs d’automne, les arbres aux reflets mordorés.
    Et c’est peut-être ce qui a motivé des bloqueurs, aussi : qu’il se passe quelque chose, enfin, dans cette France endormie.

    #françois_ruffin #ruffin #france #politique #médias #macron #travail #journalisme #emmanuel_macron

  • L’affaire Jules Durand
    http://souriez.info/L-affaire-Jules-Durand

    Émission du 19 octobre [REDIFFUSION] // Les Amis d’Orwel rediffusent un entretien diffusé en novembre 2017 dans l’émission « Un peu d’air frais » sur RL, à propos du film « Mémoires d’un condamné », de Sylvestre Meinzer. C’est un film sur l’affaire Jules Durand, un ouvrier du port du Havre victime d’une sale machination de la part de ses patrons. Condamné à mort, puis gracié, il finira par perdre la raison... Dans le Havre d’aujourd’hui, Sylvestre Meinzer rencontre les hommes et les femmes qu’il aurait pu (...)

    #Les_Amis_d'Orwell

    https://memoiresduncondamne.com
    http://amaanda.free.fr/Rfrais2017/M%C3%A9moires-condamn%C3%A9.mp3

  • [Appli] Déplacements domicile-travail | AURH

    L’agence d’urbanisme de la région du Havre et de l’estuaire de la Seine (AURH) propose une infrastructure de géo visualisation d’une vingtaine d’indicateurs de données géographiques : Données clés de l’Estuaire de la Seine présentant différentes cartes thématiques parmi lesquelles des Cartes de mobilités.

    L’onglet qui leur est dédié propose plusieurs possibilités de représentation animée de flux, issu du fichier Mobilités professionnelles - MOBPRO (INSEE, 2014) ... filtré (seuls les flux de plus de 100 personnes sont utilisés, dommage).

    J’ai regardé en particulier le résultat de la sélection de toutes les navettes du territoire estuaire de la Seine (qui incluent Paris).
    On observe une symbologie animée innovante (à ma connaissance, je n’en ai pas vu d’autres) et une sémiologie du flux plutôt riche. Mais je suis d’abord bizarrement attirée par des sapins (ce qui est un peu étrange dans cette région, mais après tout, je ne la connais pas). Je me décide alors à zoomer pour en savoir plus sur l’animation.

    https://pic.infini.fr/sfAa2EDD/SwyjgkZL.PNG

    Le principe de particules qui se déplacent le long d’une « ligne de flux » (lien reliant un couple de lieux d’Origine et de Destination, OD) est repris ici, mais avec un changement de Forme (var. visuelle) du point. Ce ne sont donc pas des pois ou des carrés qui se déplacent mais des triangles évidés, des têtes des flèches symbolisant l’orientation de ces flux. Ces triangles présentent par ailleurs des Tailles(v.v.) variées qui (semble vouloir indiquer) indiquent la valeur du flux dont il est question, en proportion du corps de la flèche (le lien) dont la largeur varie également via l’application de la Taille et l’opacité .

    Ce qui me dérange au premier abord, c’est que la taille des liens reste fixe lorsque les triangles vont d’une O à une D et inversement, alors ces données de flux sont asymétriques... mais ce n’est pas le cas.

    https://pic.infini.fr/gRudjhN3/o7J6BB9Z.PNG

    La variation des triangles selon le sens de leur déplacement est liée à celle du lien correspondant. L’asymétrie des données est bien conservée dans la représentation des têtes des liens ; elle est hélas peu visible directement sur les corps, en raison d’un effet de superposition des liens. On comprend alors que le choix de variations d’opacité de la teinte a justement pour objectif de gérer cette superposition.

    La superposition est en effet un vrai problème dans la représentation de flux !!! Problème qui se manifeste de la même manière lorsque la sémiologie présente une opposition colorée, elle induit une erreur de lecture... bref.

    Les onglets des flux entrant / sortants présentent des cartes de flux qui sont claires, mais un peu trop filtrées à mon gout, comme ceux-ci :

    https://pic.infini.fr/7IgMgN6g/60cL786R.PNG

    ht @comeetie

    Aller sur l’appli. : http://donneescles.aurh.fr/pub/carto.php?id=c07

    #cartedeflux #flowmap #application #LeHavre #MOBPRO #liens #flèches #triangle #particules #animation #AURH #gflowiz

  • Hôpitaux psychiatriques : des infirmiers « comme dans une tranchée en temps de guerre »
    https://www.bastamag.net/Hopitaux-psychiatriques-des-infirmiers-comme-dans-une-tranchee-en-temps-de

    Depuis plusieurs mois, un mouvement social d’ampleur agite les hôpitaux psychiatriques. À Amiens, les soignants sont en grève depuis trois mois. À Rouen, ils ont mené une grève de la faim pendant 18 jours. Au Havre, ils ont campé deux semaines sur le toit des urgences. Des collectifs se montent, des manifestations s’enchaînent. Les agents réclament en priorité une augmentation des effectifs, afin d’accueillir dignement le nombre croissant de personnes en souffrance qui se présentent à leurs portes. (...)

    #Résister

    / #Luttes_sociales, #Conditions_de_travail, #Ma_vie_au_travail, Santé , #Services_publics, A la (...)

    #Santé_

  • La flamme vacillante de la journée sans voiture
    Burning man : comment ça marche

    Google a quitté Marseille, les soutes pleines « pour pouvoir faire face à l’imprévu »
    Comment l’Aquarius est devenu un empire

    Président Trump an II : treize morts et des « quantités monumentales » de pluie
    Tempête Florence : l’infaillible selon elle … et Fox News.

    Parcoursup : nous ne pouvons pas (seulement) la faire nous-me^mes
    Transition écologique, révélatrice de l’appétence pour les filières sélectives et le privé

    Drogue : l’extasy sera remplacée par un dispositif plus ciblé annonce Bercy.
    L’exit tax : 752 kg de cocaïne saisis dans le port du Havre

    La NASA a un réel problème d’antisémitisme
    Le Labour lance un laser en orbite pour mesurer la fonte des glaces

    La fête de l’Huma reçoit le premier chèque du Loto du patrimoine
    La villa Viardot en dessins

    #de_la_dyslexie_creative

  • CMA-CGM. Le nouveau porte-conteneurs inauguré au Havre
    https://www.ouest-france.fr/normandie/le-havre-76600/cma-cgm-le-nouveau-porte-conteneurs-inaugure-au-havre-5928275

    Le porte-conteneurs français Antoine de Saint-Exupéry, le plus grand du genre au monde, sera inauguré jeudi 6 septembre 2018, au Havre.

    Plus long que quatre terrains de football et plus gros que l’Empire State Building ou la Tour Eiffel ? C’est le CMA CGM Antoine Saint-Exupéry. Long de 400 mètres pour 59 mètres de large, il peut embarquer 20 600 conteneurs à bord, soit une chaîne de conteneurs de 123 kilomètres.

    Le jeudi 6 septembre 2018, il sera officiellement inauguré, au terminal de France au Havre, par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances et Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA-CGM, annonce le groupe sur son site Internet.

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