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  • Entretien avec Jacques Généreux : comment le Front de gauche compte financer sa révolution sociale et écologique.

    http://www.bastamag.net/article2301.html

    Un long entretien très complet sur le programme économique du Front de gauche, par un économiste membre du parti de Jean-Luc Mélenchon et professeur à Science-po.

    L’Institut de l’entreprise [2] – qui ne travaille pas spécialement pour le Front de gauche – estime que notre programme coûte 130 milliards. Comment le finance-t-on ? Les niches fiscales et sociales d’abord : elles représentent 145 milliards d’euros d’exonérations fiscales et 28 milliards d’exonérations de cotisations sociales, soit 173 milliards par an qui manquent aux ressources publiques. L’Inspection générale des finances estime que la moitié des exonérations fiscales n’a aucun impact sur l’emploi. Cela ne sert à rien, sauf à ceux qui en bénéficient. On peut donc récupérer au total entre 100 à 120 milliards d’euros, qu’on ne prend ni dans la poche des Français ni sur l’investissement : cela s’accumule juste dans le patrimoine privé improductif, immobilier et financier, des plus riches ou des banques.
    Ensuite, le mode choisi pour financer la dette – par emprunt sur les marchés financiers – coûte 50 milliards d’intérêts par an à la France. 50 milliards qui vont nourrir les banques et les marchés financiers juste parce qu’on adopte ce circuit de remboursement de la dette. Si on se finançait auprès d’une banque centrale à 0 %, cela coûterait juste quelques milliards. Nous proposons aussi une réforme de l’impôt sur le revenu, avec 14 tranches, jusqu’à 100 % d’imposition quand on atteint 20 fois le revenu médian pour une personne [3]. Cette réforme rapporte 20 milliards d’euros. Nous proposons aussi des contributions fiscales nouvelles, par exemple sur leurs revenus financiers pour les entreprises. Au total, 200 milliards d’euros de ressources nouvelles peuvent être mobilisées progressivement pour financer nos propositions. Sans que cela coûte un centime à 95 % de la population française.

    [...]

    « Tout a déjà été pensé, l’important c’est d’y penser à nouveau », disait Goethe. Il y a une conception un peu imbécile aujourd’hui de la modernité : pour être moderne, il faudrait faire du nouveau. C’est ridicule. Ce n’est pas parce que quelque chose est ancien que c’est idiot. Les droits de l’Homme, est-ce ringard ? On ne recherche pas la nouveauté, mais ce qui est juste et intelligent : changer cette folie qui fait que nos économies depuis trente ans fonctionnent en sous-rémunérant le travail, si bien que les travailleurs sont obligés de se surendetter dans l’immobilier. Cela a provoqué la grande crise américaine des subprimes. Les États sont obligés de compenser par des aides sociales, des minima d’assistance, et d’alourdir la dette publique, simplement parce que les gens ne sont plus payés normalement. Le système capitaliste a besoin que les gens continuent de dépenser pour soutenir la croissance, mais il ne veut pas distribuer l’argent à ceux qui travaillent pour qu’ils puissent dépenser ! Depuis trente ans, le capitalisme fonctionne comme ça. À chaque fois qu’on laisse le pouvoir aux capitalistes, c’est ce qu’ils font : sous-rémunérer le travail et mettre leur propre économie en difficulté.

    #Mélenchon #Front_de_gauche #économie #programme