• De virus illustribus. Crise du coronavirus et épuisement structurel du capitalisme, de Sandrine Aumercier, Clément Homs, Anselm Jappe et Gabriel Zacarias (Extraits. Editions Crise & Critique, parution en août 2020).
    http://www.palim-psao.fr/2020/04/parution-prochaine-de-virus-illustribus.crise-du-coronavirus-et-epuisemen

    Brouillon/démarrage d’un livre sur Coronavirus et Capitalisme, à paraitre cet été.

    Une quantité invraisemblable de commentaires sur la crise du coronavirus circule déjà dans le champ de la critique du capitalisme. On y rencontre beaucoup d’éléments intéressants, mais rien qui ne soit vraiment percutant. Chacun prêche pour sa paroisse : Žižek voit l’avènement d’une nouvelle forme de communisme, Vaneigem d’un esprit joyeux et solidaire, Latour voit l’occasion de faire le tri entre l’essentiel et le superficiel, Agamben croit voir pointer un nouveau totalitarisme qui nous réduit à la « vie nue », LundiMatin se réjouit que tout soit à l’arrêt, Latouche vend la décroissance comme solution, les écologistes pensent qu’il faut respecter davantage la biodiversité, Naomie Klein n’y voit que la « stratégie du choc », les gauchistes « classistes » la responsabilité des seuls capitalistes « parasitaires », les primitivistes proposent de revenir aux sociétés des chasseurs-cueilleurs, Rob Wallace veut créer un capitalisme « écosocialiste » en soumettant les entreprises à des règles qui réinternalisent les coûts sanitaires de leurs activités, Le Monde diplomatique nous révèle que le problème principal est la casse néolibérale de la santé publique, Piketty y voit l’occasion d’une justice fiscale majeure. L’État islamique y décèle la main de Dieu contre les infidèles et exhorte ses troupes à éviter de voyager en Europe pour y déposer des bombes… Rien de nouveau sous le soleil ?

    […]

    Que penser alors de cette surprise très peu « divine » ? La crise du coronavirus sonnera-t-elle le glas du capitalisme, amènera-t-elle la fin de la société industrielle et consumériste ? Certains le craignent, d’autres l’espèrent. Il est bien trop tôt pour le dire. Avec la pandémie du Covid-19, un facteur de crise inattendu est apparu – l’essentiel n’est pourtant pas le virus, mais la société qui le reçoit.

    […]

    Il faut aussi saisir le rôle accru des États dans une compréhension de la relation polaire État-Économie, et montrer le lien entre crise de la valorisation et l’impossibilité grandissante de nombreux États à jouer leur rôle d’administrateur du désastre si la crise perdure. Il faut montrer comment la crise du Covid-19 va accélérer un processus d’affirmation paradoxale du « primat du politique ». D’un côté, les États s’affirment comme administrateurs du désastre et « sauveurs en dernier ressort » du capitalisme (au travers des politiques budgétaires des États et des politiques monétaires des banques centrales). Dans le même temps, la crise de la valorisation détruit le fondement et la légitimité des institutions politiques et produit l’évidement de la politique en sapant les bases de la capacité d’intervention des États.

    #capitalisme #coronavirus #critique_de_la_valeur #wertkritik #Sandrine_Aumercier #Clément_Homs #Anselm_Jappe #Gabriel_Zacarias

    • De nombreux épidémiologistes ayant constaté un lien entre déforestation, élevage industriel et multiplication des zoonoses (maladies transmises par un animal) depuis une cinquantaine d’années dans les zones intertropicales (VIH-1, Nipah, etc.), certains, comme l’épidémiologiste américain #Rob_Wallace, ont transposé, sans enquête préalable [sic !] , l’établissement de ce lien sur le cas du Covid-19. L’autre thèse, apparue dès la fin du mois de janvier dans la presse et les réseaux sociaux chinois, est celle d’une fuite accidentelle dans l’un des deux laboratoires de virologie P2 ou P4 de Wuhan où des études sur le coronavirus de chauve-souris étaient menées. Suite à la révélation dans le Washington Post du 14 avril, de câbles diplomatiques américains constatant des problèmes de sécurité en 2018 dans ces laboratoires, ces soupçons, là aussi sans enquête préalable [re sic !], ont été relayés mi-avril par l’administration américaine, les gouvernements britannique et français.

      Quoiqu’il en soit, le virus est le déclencheur mais pas la cause de l’aggravation de la situation de crise structurelle et globale déterminée de manière sous-jacente par la contradiction interne dont nous avons parlé. Comme expression des contradictions internes accumulées par le régime d’accumulation aujourd’hui structurellement fixé sur l’anticipation de la production de survaleur future au travers d’un endettement généralisé, la crise sanitaire est l’expression et le vecteur d’une crise déjà à l’œuvre, dont elle ne fera qu’accélérer le cours.

      Traduit en bon français : c’est la criiiiise !

      Il fallait bien un bouquin pour nous le rappeler, sinon, on ne s’en serait pas aperçu...

      Ce qui est vraiment remarquable dans cette prose jargonneuse et répétitive, c’est l’indifférence totale à la réalité concrète des phénomènes : ils ne sont là que pour confirmer l’excellence de la prétendue « théorie critique » qui les relègue au second plan.

      On se demande où et quand nos théoriciens font des « enquêtes préalables » dans le monde tel qu’il ne va pas...

      Quoiqu’il en soit, « rien qui ne soit vraiment percutant ». La WertKritik « prêche pour sa paroisse », une fois de plus.

      #cuistrerie

  • L’anticapitalisme aujourd’hui, c’est quoi ? De l’anticapitalisme tronqué à une nouvelle critique sociale à gauche, par Clément Homs (Mas de Granier, 2019)
    http://www.palim-psao.fr/2020/01/l-anticapitalisme-aujourd-hui-c-est-quoi-de-l-anticapitalisme-tronque-a-u

    Comme l’a remarqué récemment Jérôme Baschet auquel je reprends ici ses mots, « on assiste, depuis la crise de 2008, à une sorte de banalisation de la dénonciation du "capitalisme déchaîné", et même de l’idée de post-capitalisme – une situation bien étonnante, si l’on se souvient que le mot paraissait, il y a quinze ans encore, une obscénité imprononçable » (entretien sur lundi.am, nov. 2019). Pourtant « capitalisme » ne doit pas être un mot-magique qui permettrait de croire que l’on a tout résolu une fois qu’on l’a prononcé. En réalité remarque encore J. Baschet, « le mot "capitalisme" ouvre plus de difficultés et de questions qu’il n’en résout : il est souvent utilisé sans qu’on sache très bien à quoi on se réfère exactement, d’autant que la façon de le comprendre », dans ses logiques fondamentales comme dans ses dynamiques les plus récentes, ne fait l’objet d’aucun consensus parmi les « anticapitalistes ». À creuser un peu, on découvre même assez rapidement derrière cet anticapitalisme une sorte d’« anticapitalisme tronqué » ou d’altercapitalisme qu’il faudrait qualifier d’utopique, dans le mauvais sens du terme.

    […]

    Ce qui est visé dans la critique ne sont pas, et loin de là, les catégories de l’économie politique analysées jadis par Marx – marchandise, travail, valeur, capital – et les catégories du ressort de l’État correspondantes – politique, démocratie, droit – mais de façon générale et quasiment unanime les « puissances de l’argent », perçues toujours comme extérieures à nous et à la forme de vie sociale dans laquelle nous existons concrètement. On associe encore le capitalisme au seul « néolibéralisme », c’est-à-dire le capitalisme dérégulé et ce que l’on qualifie de main mise par « la finance ». Bien souvent, la critique hégémonique à gauche, ne fait que dénoncer la phase néolibérale du capitalisme, au nom d’une nostalgie pour sa phase fordiste-keynésienne liée à l’État-Providence durant les « Trente Glorieuses ». On ne critique plus le capitalisme en tant que tel, comme une forme de vie sociale historiquement spécifique et quelles que soient ses phases et sa configuration historique, mais simplement une seule phase du capitalisme (le néolibéralisme), pour lui opposer positivement une autre phase plus régulée du capitalisme et pourquoi pas en France, le programme du Conseil National de la Résistance de 1944. Finalement l’antinéolibéralisme de la gauche pseudo-critique n’est qu’une forme d’altercapitalisme.

    […]

    Cette représentation « classiste » est discutable et détermine une vue erronée de l’émancipation :
    – Cette représentation « classiste » à gauche, rivée à une ontologisation de la valeur et du travail, de la marchandise et de l’argent, appelle donc à reconnaître la véritable source de la valeur dans le travail et à redistribuer cette valeur à ceux à qui elle revient réellement, au travers d’un mode de distribution direct médiatisé par l’Etat et sa planification.
    – Tout la critique de gauche, va ainsi se focaliser depuis le XIXe siècle sur une résolution tronquée de la « question sociale » en la ramenant à la question simplement redistributrice, c’est-à-dire à une simple « justice sociale » à l’intérieur de l’affirmation des formes de base capitalistes qui restent présupposées.

    […]

    Marx appelle toujours les capitalistes les « officiers » du capital et les décrit comme « personnification de catégories économiques » et « masques de caractère », ce qu’il ne fait pas dans sa période de jeunesse quand il a encore une vue inaboutie du capitalisme. Les classes profitantes (dites « dominantes ») ont effectivement une certaine marge de manœuvre et, par conséquent, une certaine responsabilité morale. Mais pour l’essentiel, ce ne sont pas elles qui ont créé ou qui gouvernent la logique de la valeur : elles doivent leur pouvoir à leur capacité d’en suivre la logique.

    […]

    L’idée est de dire qu’on ne peut réellement se heurter à ceux qui jouissent de cette logique de rapports sociaux (et surtout aux souffrance sociales de toutes sortes que nous vivons), qu’en s’en prenant à travers eux à ce qu’ils personnifient, comme à ce que nous personnifions dans la logique de la valorisation, qui n’est pas représentée que par les capitalistes : le travail, la valeur, l’argent, la marchandise, l’Etat, la dissociation sexuelle, etc. Le capitalisme n’est pas simplement identifiable à l’existence de « capitalistes » comme personnes physiques. Pour renverser la forme de vie présente, ce sont à l’ensemble des masques de caractères et enveloppes sociales (classes) que nous devons nous heurter, c’est-à-dire aux capitalistes comme à nous mêmes dans ce que nous sommes dans notre vie quotidienne comme autres masques de caractères de la logique de valorisation (nous sommes aussi le capitalisme, cette forme de vie n’est pas extérieure à nous, mais nous en profitons beaucoup moins que certains et nous en souffrons beaucoup plus que d’autres). L’abolition du capitalisme est l’abolition de l’ensemble des classes de fonction, des masques de caractères et des rôles sociaux fonctionnels, à la condition que celle-ci soit l’abolition réelle du rapport social que personnifient les classes, les masques de caractères, les rôles sociaux et de manière générale le sujet moderne. L’abolition du rapport social est ainsi tout autant l’abolition des capitalistes que l’abolition des travailleurs, et l’abolition plus générale et fondamentale du sujet moderne au double visage, celui de l’homo oeconomicus et de l’homo politicus.

    #Clément_Homs #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #anticapitalisme #altercapitalisme

  • Rencontre « L’État, cette horreur ». Deux conférences-débats avec Clément Homs et Benoît Bohy-Bunel sur la critique de l’État, de la politique et l’administration de la crise du capitalisme au XXIe siècle (Festival « Temps noirs » à Bordeaux, mardi 5 février)
    http://www.palim-psao.fr/2019/01/rencontre-l-etat-cette-horreur.deux-conferences-debats-avec-clement-homs-

    #anarchisme #Bordeaux #critique_de_la_valeur #wertkritik #politique #État #capitalisme #Clément_Homs #Benoît_Bohy-Bunel

  • Capital et Califat. Une contre-histoire anticapitaliste de l’« islamisme » [émission radio avec Clément Homs]
    http://www.palim-psao.fr/2016/03/capital-et-califat-une-contre-histoire-anticapitaliste-de-l-islamisme-emi

    La nouvelle ère de référence à l’islam qui surgit au XXe siècle avec les « islamismes », ne peut en rien être comprise dans une continuité avec le passé des références au djihad ou avec le wahhabisme du XVIIIe siècle, et ne peut guère être expliquée à partir de la religion (et de sa critique). C’est le contexte-forme du capitalisme naissant dans ses périphéries coloniales puis postcoloniales, qui va constituer les présupposés logiques et concrets de la genèse historique des « islamismes », et ainsi constituer les islamismes entre "tradition inventée" et forme particulière d’anticapitalisme tronqué, comme des phénomènes hypermodernes purs produits de la formation sociale capitaliste.

    Les formes phénoménales des trois temporalités historiques des « islamismes » suivent les diverses peaux mortes abandonnées de la mue du serpent qu’incarne la dynamique du capitalisme, c’est-à-dire les différentes configurations historiques prises par celle-ci du XIXe au XXIe siècles. Chacune de ces temporalités constitue une forme de « l’islamisme » à chaque fois spécifique au contexte-forme historique pris par l’avancement, l’installation et la crise de la modernité capitaliste. ​

    L’émission aborde la question de la nature et du contenu des islamismes en montrant qu’il est nécessaire de réinscrire les trois temporalités historiques que connaîtront ceux-ci au cours du XXe siècle, dans la dynamique même du capitalisme, ses configurations historiques changeantes et l’implosion finale de la forme du sujet moderne.

    http://sortirducapitalisme.fr/media/com_podcastmanager/23-02-2016.mp3

    #islamisme #capitalisme #anti-capitalisme #islam #radio #audio #radio_libertaire #Clément_Homs #sortir_de_l'économie #sortir_du_capitalisme #Histoire #géopolitique #culturalisme

  • Correspondance sur la naissance du capitalisme et de la valeur, entre Jean-Pierre Baudet et Clément Homs, durant toute l’année 2015.

    Au printemps 2015 une correspondance commença entre Clément Homs (Sortir de l’économie) et Jean-Pierre Baudet (Les Amis de Némésis) au sujet du texte de ce dernier « La naissance du capital et de la valeur à partir du culte religieux », qui était une présentation condensée de son ouvrage Opfern ohne Ende. Ein Nachtrag zu Paul Lafargue « Religion des Kapitals » (Matthes & Seitz, Berlin, 2012).

    Plus largement ces échanges portent sur la naissance du capitalisme et plus particulièrement sur les questions de l’historicité de la valeur, de l’origine religieuse de l’argent dans les monnaies antiques et primitives (référence au livre de Bernard Laum, Argent sacré), de la pertinence de l’analogie entre le capitalisme et la religion, de la naturalisation de l’économique et des formes sociales et catégories capitalistes (travail, valeur, argent, marchandise, etc.).

    J’ai seené (?) le texte de départ de la discussion ici :
    http://seenthis.net/messages/437112

    Première partie de la correspondance au printemps :
    http://www.lesamisdenemesis.com/?p=1420

    Puis cet automne :
    http://www.palim-psao.fr/2015/12/discussion-autour-du-caractere-historique-de-la-valeur-et-sur-la-naissanc

    et

    http://www.palim-psao.fr/2015/12/discussion-autour-du-caractere-historique-de-la-valeur-du-travail-et-de-l

    #anthropologie #Histoire #capitalisme #valeur #économie #critique_de_la_valeur #wertkritik #Jean-Pierre_Baudet #Clément_Homs #correspondance