• ★ Êtes-vous un anarchiste ? - Socialisme libertaire

    " Êtes-vous un anarchiste ? – La réponse pourrait vous surprendre ! "

    David Graeber est professeur d’anthropologie sociale à la London School of Economics (LSE). Il est membre de l’IWW (Industrial Workers of the World), un syndicat anarchiste. Anarchiste et activiste, fils d’un couple d’autodictates ouvriers, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont “Pour une anthropologie anarchiste”. Il est aussi l’une des principales figures du mouvement Occupy Wall Street (...)

    #David_Graeber
    #anarchisme #communisme_libertaire #autogestion #émancipation #écologie #antimilitarisme #anticléricalisme #fédéralisme_libertaire #feminisme #antiétatisme #anticapitalisme #antifascisme #internationalisme...

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2017/03/etes-vous-un-anarchiste.html

  • Aujourd’hui j’ai regardé Le fabuleux monde de l’entreprise
    Ou quand le travail perd son sens
    sur arte
    https://www.arte.tv/fr/videos/089133-000-A/le-fabuleux-monde-de-l-entreprise
    Y’a plein de moments intéressants, on y rencontre même #david_graeber.
    Mais au bout de 20 minutes, je me suis fait la réflexion que l’on y voit que des (petits) cadres, qui souffrent certes, mais ce n’est que vers la fin, et pendant quelques dizaines de secondes que dans tout ça, on rappelle que les vrais boulots utiles ne sont plus rémunérés.
    Pendant tout le programme, zéro femme de ménages, agent d’accueil et de sécurité, infirmières, aide-soignante, livreur et livreuse, caissières et caissiers de supermarchés, etc.

  • Hommage à David Graeber
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#graeber

    A l’occasion de la parution (2 novembre) de son ouvrage inédit en français, La Fausse Monnaie de nos rêves, théorie anthropologique de la valeur, Mediapart, Attac et Les Liens qui libèrent organisent une soirée d’hommage à David Graeber (1961-2020, biographie), anthropologue et militant anarchiste, auteur de nombreux ouvrages (bibliographie). « Des chercheuses, chercheurs, militant·e·s, lectrices et lecteurs viendront parler de l’importance de son travail. Il y aura aussi des lectures de ses textes », nous apprend Jade Lindgaard, journaliste à Médiapart. Dans son article, elle souligne justement que David Graeber, « chercheur obstinément passionné par l’origine des inégalités et les luttes pour les démanteler, activiste déterminé, des mouvements altermondialistes à Extinction Rebellion, en passant par (...)

    #anarchisme #Graeber #valeur #anthropologie #Montreuil

  • Un assez court manifeste concernant le concept de révolution | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-ecorev-2022-1-page-15.htm?u=d9493d3f-54c6-41cb-a9a1-da7b918098cd&WT.ts

    Par David Graeber

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    Le terme « révolution » est si galvaudé qu’il signifie tout et son contraire. Il y a des révolutions chaque semaine aujourd’hui : des révolutions bancaires, des révolutions cybernétiques, des révolutions médicales, et une révolution Internet chaque fois que quelqu’un développe un nouveau logiciel ingénieux.

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    Cette sorte de rhétorique est seulement possible parce que la définition commune de la révolution a toujours signifié quelque chose qui était de l’ordre du changement de paradigme : une rupture claire et fondamentale dans la nature de la réalité sociale après laquelle tout fonctionne différemment et les catégories antérieures ne s’appliquent plus. C’est ce qui fait qu’il est possible, par exemple, d’affirmer que le monde moderne est issu de deux « révolutions » : la Révolution française et la révolution industrielle, malgré le fait que les deux n’aient rien d’autre en commun que de sembler marquer une rupture avec ce qui les a précédées.

    S’il y a une erreur logique à la base de tout cela, c’est le fait d’imaginer que le changement social ou même technologique a la même forme que ce que Thomas Kuhn a appelé « la structure des révolutions scientifiques ». Kuhn se réfère à des événements comme la transition d’un univers newtonien à un univers einsteinien : il y a une percée intellectuelle et l’univers n’est plus le même par la suite. Appliqué à n’importe quoi d’autre que les révolutions scientifiques, cela impliquerait que le monde correspond vraiment à la connaissance que nous en avons, et que dès que nous changeons les principes sur lesquels notre savoir est fondé, la réalité change elle aussi. C’est exactement la sorte d’erreur intellectuelle élémentaire que nous devrions, selon les psychologues du développement, surmonter au début de l’enfance, mais il semble que ce soit le cas de peu d’entre nous.

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    En fait, le monde n’est pas tenu de répondre à nos attentes et, dans la mesure où la « réalité » réfère à quelque chose, c’est précisément à ce qui ne peut jamais être totalement compris dans nos constructions mentales. Les totalités, en particulier, sont toujours des créatures de l’esprit. Les nations, les sociétés, les idéologies, les systèmes clos… rien de cela n’existe vraiment.

    Une révolution à l’échelle mondiale prendra très longtemps. Mais on peut aussi reconnaître qu’elle a déjà commencé. La façon la plus facile de l’appréhender est d’arrêter de penser à la révolution comme à une chose – « la » révolution, la grande rupture cataclysmique – et plutôt de demander « qu’est-ce que l’action révolutionnaire ? » Nous pourrions alors avancer qu’une action révolutionnaire est toute action collective qui rejette, et donc défie, une forme de pouvoir ou de domination et, ce faisant, reconstitue les relations sociales, même au sein de la collectivité, dans cette perspective. L’action révolutionnaire ne doit pas nécessairement avoir pour objectif de renverser les gouvernements. Les tentatives de créer des communautés autonomes en dépit du pouvoir (en utilisant ici la définition de Castoriadis, soit des communautés qui constituent elles-mêmes, qui décident collectivement de leurs propres règles ou principes de fonctionnement, et qui les reconsidèrent continuellement) seraient, par exemple, des gestes révolutionnaires presque par définition. Et l’histoire nous montre que l’accumulation continue de tels gestes peut (presque) tout changer.

    #David_Graeber #Révolution

  • Tous chasseurs cueilleurs !
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-08-juin-2019

    Quand la civilisation menace l’#environnement... retour à la chasse et la cueillette. Entretien avec James C. Scott autour de son livre "#HomoDomesticus, une histoire profonde des premiers Etats".

    On a tous en tête des souvenirs d’école sur les débuts de l’Histoire avec un grand H. Quelque part entre le Tigre et l’Euphrate il y a 10 000 ans, des chasseurs-cueilleurs se sont peu à peu sédentarisés en domestiquant les plantes et les animaux, inventant dans la foulée l’#agriculture, l’écriture et les premiers Etats. C’était l’aube de la #civilisation et le début de la marche forcée vers le #progrès.

    Cette histoire, #JamesScott, anthropologue anarchiste et professeur de sciences politiques, l’a enseignée pendant des années à ses élèves de l’Université de Yale. Mais les découvertes archéologiques dans l’actuel Irak des dernières années l’ont amené à réviser complètement ce « storytelling » du commencement des sociétés humaines, et par là même remettre en question notre rapport au monde dans son dernier livre : Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats (Ed. La Découverte).

    Alors même que climat et biodiversité sont aujourd’hui plus que jamais menacés par les activités humaines, James C. Scott propose de réévaluer l’intérêt des sociétés d’avant l’Etat et l’agriculture. Car ces chasseurs-cueilleurs semi-nomades ont longtemps résisté face aux civilisations agraires, basées sur les céréales et qui, en domestiquant le monde, se sont domestiqués eux-mêmes, en appauvrissant leur connaissance du monde.

    Un reportage de Giv Anquetil.
    Les liens

    James C. Scott : « Le monde des chasseurs-cueilleurs était un monde enchanté » (Le grand entretien) par Jean-Christophe Cavallin, Diakritik

    Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Réflexions sur l’effondrement, Corinne Morel Darleux, Editions Libertalia

    "Amador Rojas invite Karime Amaya" Chapiteau du Cirque Romanès - Paris 16, Paris. Prochaine séance le vendredi 14 juin à 20h.

    Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats, James C. Scott (Editions La Découverte)

    Eloge des chasseurs-cueilleurs, revue Books (mai 2019).

    HOMO DOMESTICUS - JAMES C. SCOTT Une Histoire profonde des premiers États [Fiche de lecture], Lundi matin

    Bibliographie de l’association Deep Green Resistance
    Programmation musicale

    "Mesopotamia"- B52’s

    "Cholera" - El Rego et ses commandos

    #podcast @cdb_77

    • Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États

      Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
      C’est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire #Homo_domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’#État antique comme étape cruciale de la « #civilisation » humaine.
      Ce faisant, il nous offre une véritable #écologie_politique des formes primitives d’#aménagement_du_territoire, de l’« #autodomestication » paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la #sédentarisation et des logiques de la #servitude et de la #guerre dans le monde antique.
      Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau appelait « l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».


      https://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232

      #James_Scott #livre #démographie #épidémiologie #évolution #humanité #histoire #inégalité #inégalités #Etat #écologie #anthropologie #ressources_pédagogiques #auto-domestication

    • Fiche de lecture: Homo Domesticus - James C. Scott

      Un fidèle lecteur de lundimatin nous a transmis cette fiche de lecture du dernier ouvrage de James C. Scott, (on peut la retrouver sur le blog de la bibliothèque fahrenheit) qui peut s’avérer utile au moment l’institution étatique semble si forte et fragile à la fois.
      « L’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres »
      À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands #récits_civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la #domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du #nomadisme ni engendré l’#agriculture_sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des #chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».
      Dans la continuité de #Pierre_Clastres et de #David_Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une anomalie et une contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      La première domestication, celle du #feu, est responsable de la première #concentration_de_population. La construction de niche de #biodiversité par le biais d’une #horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirable à l’intérieur d’un cercle restreint autour des #campements. La #cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de #digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des #céréales et des #légumineuses, à domestiquer des #chèvres, des #moutons, des #porcs, des #bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. Les premiers grands établissements sédentaires sont apparus en #zones_humides et non en milieu aride comme l’affirment les récits traditionnels, dans des plaines alluviales à la lisière de plusieurs écosystèmes (#Mésopotamie, #vallée_du_Nil, #fleuve_Indus, #baie_de_Hangzhou, #lac_Titicata, site de #Teotihuacan) reposant sur des modes de subsistance hautement diversifiés (sauvages, semi-apprivoisés et entièrement domestiqués) défiant toute forme de comptabilité centralisée. Des sous-groupes pouvaient se consacrer plus spécifiquement à une stratégie au sein d’un économie unifiée et des variations climatiques entraînaient mobilité et adaptation « technologique ». La #sécurité_alimentaire était donc incompatible avec une #spécialisation étroite sur une seule forme de #culture ou d’#élevage, requérant qui plus est un travail intensif. L’#agriculture_de_décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
      Les #plantes complètement domestiquées sont des « anomalies hyperspécialisées » puisque le cultivateur doit contre-sélectionner les traits sélectionnés à l’état sauvage (petite taille des graines, nombreux appendices, etc). De même les #animaux_domestiqués échappent à de nombreuses pressions sélectives (prédation, rivalité alimentaire ou sexuelle) tout en étant soumis à de nouvelles contraintes, par exemple leur moins grande réactivité aux stimuli externes va entraîner une évolution comportementale et provoquer la #sélection des plus dociles. On peut dire que l’espèce humaine elle-même a été domestiquée, enchaînée à un ensemble de routines. Les chasseurs-cueilleurs maîtrisaient une immense variété de techniques, basées sur une connaissance encyclopédique conservée dans la mémoire collective et transmise par #tradition_orale. « Une fois qu’#Homo_sapiens a franchi le Rubicon de l’agriculture, notre espèce s’est retrouvée prisonnière d’une austère discipline monacale rythmée essentiellement par le tic-tac contraignant de l’horloge génétique d’une poignée d’espèces cultivées. » James C. Scott considère la #révolution_néolithique récente comme « un cas de #déqualification massive », suscitant un #appauvrissement du #régime_alimentaire, une contraction de l’espace vital.
      Les humains se sont abstenus le plus longtemps possible de faire de l’agriculture et de l’élevage les pratiques de subsistance dominantes en raison des efforts qu’elles exigeaient. Ils ont peut-être été contraints d’essayer d’extraire plus de #ressources de leur environnement, au prix d’efforts plus intenses, à cause d’une pénurie de #gros_gibier.
      La population mondiale en 10 000 avant notre ère était sans doute de quatre millions de personnes. En 5 000, elle avait augmenté de cinq millions. Au cours des cinq mille ans qui suivront, elle sera multipliée par vingt pour atteindre cent millions. La stagnation démographique du #néolithique, contrastant avec le progrès apparent des #techniques_de_subsistance, permet de supposer que cette période fut la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité sur le plan épidémiologique. La sédentarisation créa des conditions de #concentration_démographique agissant comme de véritables « parcs d’engraissement » d’#agents_pathogènes affectant aussi bien les animaux, les plantes que les humains. Nombre de #maladies_infectieuses constituent un « #effet_civilisationnel » et un premier franchissement massif de la barrière des espèces par un groupe pathogènes.
      Le #régime_alimentaire_céréalier, déficient en #acides_gras essentiels, inhibe l’assimilation du #fer et affecte en premier lieu les #femmes. Malgré une #santé fragile, une #mortalité infantile et maternelle élevée par rapport aux chasseurs-cueilleurs, les agriculteurs sédentaires connaissaient des #taux_de_reproduction sans précédent, du fait de la combinaison d’une activité physique intense avec un régime riche en #glucides, provoquant une #puberté plus précoce, une #ovulation plus régulière et une #ménopause plus tardive.

      Les populations sédentaires cultivant des #céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « #complexe_proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plateforme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de #pouvoir et de #privilèges politiques. Un #impôt sur les céréales, sans doute pas inférieur au cinquième de la récolte, fournissait une rente aux élites. « L’État archaïque était comme les aléas climatiques : une menace supplémentaire plus qu’un bienfaiteur. » Seules les céréales peuvent servir de base à l’impôt, de part leur visibilité, leur divisibilité, leur « évaluabilité », leur « stockabilité », leur transportabilité et leur « rationabilité ». Au détour d’un note James C. Scott réfute l’hypothèse selon laquelle des élites bienveillantes ont créé l’État essentiellement pour défendre les #stocks_de_céréales et affirme au contraire que « l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ». La majeure partie du monde et de sa population a longtemps existé en dehors du périmètre des premiers États céréaliers qui n’occupaient que des niches écologiques étroites favorisant l’#agriculture_intensive, les #plaines_alluviales. Les populations non-céréalières n’étaient pas isolées et autarciques mais s’adonnaient à l’#échange et au #commerce entre elles.
      Nombre de #villes de #Basse_Mésopotamie du milieu du troisième millénaire avant notre ère, étaient entourées de murailles, indicateurs infaillibles de la présence d’une agriculture sédentaire et de stocks d’aliments. De même que les grandes #murailles en Chine, ces #murs d’enceinte étaient érigés autant dans un but défensif que dans le but de confiner les paysans contribuables et de les empêcher de se soustraire.
      L’apparition des premiers systèmes scripturaux coïncide avec l’émergence des premiers États. Comme l’expliquait #Proudhon, « être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ». L’#administration_étatique s’occupait de l’#inventaire des ressources disponibles, de #statistiques et de l’#uniformisation des #monnaies et des #unités_de_poids, de distance et de volume. En Mésopotamie l’#écriture a été utilisée à des fins de #comptabilité pendant cinq siècle avant de commencer à refléter les gloires civilisationnelles. Ces efforts de façonnage radical de la société ont entraîné la perte des États les plus ambitieux : la Troisième Dynastie d’#Ur (vers 2100 avant J.-C.) ne dura qu’à peine un siècle et la fameuse dynastie #Qin (221-206 avant J.-C.) seulement quinze ans. Les populations de la périphérie auraient rejeté l’usage de l’écriture, associée à l’État et à l’#impôt.

      La #paysannerie ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites non productrices et devait être contrainte par le biais de #travail_forcé (#corvées, réquisitions de céréales, #servitude pour dettes, #servage, #asservissement_collectif ou paiement d’un tribu, #esclavage). L’État devait respecter un équilibre entre maximisation de l’excédent et risque de provoquer un exode massif. Les premiers codes juridiques témoignent des efforts en vue de décourager et punir l’#immigration même si l’État archaïque n’avait pas les moyens d’empêcher un certain degré de déperdition démographique. Comme pour la sédentarité et la domestication des céréales, il n’a cependant fait que développer et consolider l’esclavage, pratiqué antérieurement par les peuples sans État. Égypte, Mésopotamie, Grèce, Sparte, Rome impériale, Chine, « sans esclavage, pas d’État. » L’asservissement des #prisonniers_de_guerre constituait un prélèvement sauvage de main d’œuvre immédiatement productive et compétente. Disposer d’un #prolétariat corvéable épargnait aux sujets les travaux les plus dégradants et prévenait les tensions insurrectionnelles tout en satisfaisant les ambitions militaires et monumentales.

      La disparition périodique de la plupart de ces entités politiques était « surdéterminée » en raison de leur dépendance à une seule récolte annuelle d’une ou deux céréales de base, de la concentration démographique qui rendait la population et le bétail vulnérables aux maladies infectieuses. La vaste expansion de la sphère commerciale eut pour effet d’étendre le domaine des maladies transmissibles. L’appétit dévorant de #bois des États archaïques pour le #chauffage, la cuisson et la #construction, est responsable de la #déforestation et de la #salinisation_des_sols. Des #conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la #main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États. Ce que l’histoire interprète comme un « effondrement » pouvait aussi être provoqué par une fuite des sujets de la région centrale et vécu comme une #émancipation. James C. Scott conteste le #préjugé selon lequel « la concentration de la population au cœur des centres étatiques constituerait une grande conquête de la civilisation, tandis que la décentralisation à travers des unités politiques de taille inférieure traduirait une rupture ou un échec de l’ordre politique ». De même, les « âges sombres » qui suivaient, peuvent être interprétés comme des moments de résistance, de retours à des #économies_mixtes, plus à même de composer avec son environnement, préservé des effets négatifs de la concentration et des fardeaux imposés par l’État.

      Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupait en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « #barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « #sauvages », impropres à servir de matière première à la #civilisation. La menace des barbares limitait la croissance des États et ceux-ci constituaient des cibles de pillages et de prélèvement de tribut. James C. Scott considère la période qui s’étend entre l’émergence initiale de l’État jusqu’à sa conquête de l’hégémonie sur les peuples sans État, comme une sorte d’ « âge d’or des barbares ». Les notions de #tribu ou de peuple sont des « #fictions_administratives » inventées en tant qu’instrument de #domination, pour désigner des #réfugiés politiques ou économiques ayant fuit vers la périphérie. « Avec le recul, on peut percevoir les relations entre les barbares et l’État comme une compétition pour le droit de s’approprier l’excédent du module sédentaire « céréales/main-d’œuvre ». » Si les chasseurs-cueilleurs itinérants grappillaient quelques miettes de la richesse étatique, de grandes confédérations politiques, notamment les peuples équestres, véritables « proto-États » ou « Empires fantômes » comme l’État itinérant de #Gengis_Kahn ou l’#Empire_Comanche, constituaient des concurrents redoutables. Les milices barbares, en reconstituant les réserves de main d’œuvre de l’État et en mettant leur savoir faire militaire au service de sa protection et de son expansion, ont creusé leur propre tombe.

      Dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une #anomalie et une #contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      https://lundi.am/HOMO-DOMESTICUS-Une-Histoire-profonde-des-premiers-Etats
      #historicisation

  • Cachées, à la vue de tous. Les origines autochtones de la démocratie dans les Amériques | Revue du Mauss permanente

    http://www.journaldumauss.net/?Cachees-a-la-vue-de-tous-Les-origines-autochtones-de-la-democratie-

    On nous apprend à être fiers de vivre en démocratie. Et dans le même temps, on nous enseigne de mille manières subtiles que la démocratie véritable est probablement impossible. Assurément, l’histoire de la démocratie est toujours racontée de manière à nous rappeler qu’elle est extraordinairement difficile à atteindre. Elle n’est jamais enseignée comme une histoire d’habitudes (les citoyens régissant collectivement leurs propres affaires) ou de sensibilité (le sentiment que chaque personne a son mot à dire quant aux décisions qui la concernent), mais plutôt comme l’histoire d’un mot : le grec δημοκρατία, le latin democratia ou le français démocratie. Les plus fervents défenseurs de la démocratie, ainsi que ses détracteurs les plus acharnés, affirment tous qu’elle est le produit unique de « l’Occident », une percée conceptuelle — réalisée pour la première fois dans la Grèce antique par le même peuple qui inventa la science et la philosophie « occidentales » — qui ensuite plana pendant environ deux mille ans sur l’Europe comme une potentialité largement inaboutie, jusqu’à ce qu’une bande de génies la fasse revivre au siècle des Lumières en France.

    #David_Graeber et David_Wengrow

  • (S’)en faire trop : la malédiction des classes ouvrières, par David Graeber
    https://pantherepremiere.org/texte/sen-faire-trop-la-malediction-des-classes-ouvrieres

    C’est une bonne question. On pourrait penser qu’un gouvernement qui a fait à ce point souffrir celles et ceux qui ont le moins de ressources pour lui résister, sans même redresser l’économie, risquait le suicide politique. Mais, au lieu de ça, tout le monde ou presque a accepté la logique élémentaire de l’austérité. Pourquoi ? Pourquoi des politicien·nes promettant des souffrances perpétuelles remportent-ils·elles l’approbation, voire le soutien, des classes ouvrières ?

    #David_Graeber #classe_ouvrière #soin #care #solidarité #travail traduction @panthere

  • Is Your Job Bullshit ? #David_Graeber on Capitalism’s Endless Busywork - In These Times
    https://inthesetimes.com/article/capitalism-job-bullshit-david-graeber-busywork-labor

    David Grae­ber had a hypoth­e­sis. The anthro­pol­o­gist grew up work­ing-class in New York, and while his schol­ar­ship gar­nered acco­lades, he’s nev­er felt at home in the world of acad­e­mia. From his time as a pro­fes­sor at Yale (end­ed pre­ma­ture­ly, he believes, due to his anar­chist activism) to his cur­rent gig at the Lon­don School of Eco­nom­ics, he kept run­ning into pro­fes­sion­al man­agers who didn’t seem to do much. Over drinks, some con­fessed they actu­al­ly didn’t do much; they spent a few hours a week work­ing and the rest brows­ing cat memes.

  • #David_Graeber pushed us to imagine greater human possibilities | Protest | The Guardian

    http://www.theguardian.com/commentisfree/2020/sep/08/david-graeber-pushed-us-to-imagine-greater-human-possibilities

    De notre amie #Rebecca_Solnit.

    his week has mingled, for me, the sadness of losing David Graeber the person, and the joy of immersing myself in David Graeber the writer, by diving into his many electrifyingly original essays and books, though their brilliance makes the loss all the sadder. The anthropologist and activist died in Venice on 2 September, suddenly and unexpectedly, and waves of grief, remembrance and gratitude streamed in from around the globe.

    He was a remarkable person, both a distinguished scholar and a committed direct-action organiser. The latter ranged from the global justice movement of the late 1990s to Occupy Wall Street in 2011, up to his support in recent years of the beautifully anarchic autonomous Rojava region in northeast Syria.

    • “We Are the 99%”: Occupy Wall Street Activist & Author David Graeber, Dead at 59, in His Own Words | Democracy Now!

      https://www.democracynow.org/2020/9/4/rip_david_graeber

      Upon the death of acclaimed anthropologist and anarchist David Graeber, we feature his 2011 interview on Democracy Now!, two days after the Occupy encampment began. Graeber helped organize the initial Occupy Wall Street protest and was credited with helping to develop the slogan, “We are the 99%.” “The idea is the system is not going to save us; we’re going to have to save ourselves,” says Graeber. “So, we’re going to try to get as many people as possible to camp in some public place and start rebuilding society as we’d like to see it.” He also discusses how his influential book “Debt: The First 5,000 Years” makes the case for sweeping debt cancellation.

  • David Graeber, anthropologist and author of Bullshit Jobs, dies aged 59
    https://www.theguardian.com/books/2020/sep/03/david-graeber-anthropologist-and-author-of-bullshit-jobs-dies-aged-59

    The anarchist and author of bestselling books on capitalism and bureaucracy died in a Venice hospital on Wednesday.

    David Graeber, anthropologist and anarchist author of bestselling books on bureaucracy and economics including Bullshit Jobs: A Theory and Debt: The First 5,000 Years, has died aged 59.

    On Thursday Graeber’s wife, the artist and writer Nika Dubrovsky, announced on Twitter that Graeber had died in hospital in Venice the previous day. The cause of death is not yet known.

    Renowned for his biting and incisive writing about bureaucracy, politics and capitalism, Graeber was a leading figure in the Occupy Wall Street movement and professor of anthropology at the London School of Economics (LSE) at the time of his death. His final book, The Dawn of Everything: a New History of Humanity, written with David Wengrow, will be published in autumn 2021.
    Caring too much. That’s the curse of the working classes
    David Graeber
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    The historian Rutger Bregman called Graeber “one of the greatest thinkers of our time and a phenomenal writer”, while the Guardian columnist Owen Jones called him “an intellectual giant, full of humanity, someone whose work inspired and encouraged and educated so many”. The Labour MP John McDonnell wrote: “I counted David as a much valued friend and ally. His iconoclastic research and writing opened us all up to fresh thinking and such innovative approaches to political activism. We will all miss him hugely.”

    Tom Penn, Graeber’s editor at Penguin Random House, said the publishing house was “devastated” and called Graeber “a true radical, a pioneer in everything that he did”.

    “David’s inspirational work has changed and shaped the way people understand the world. In his books, his constant, questing curiosity, his wry, sharp-eyed provoking of received nostrums shine through. So too, above all, does his unique ability to imagine a better world, borne out of his own deep and abiding humanity,” Penn said. “We are deeply honoured to be his publisher, and we will all miss him: his kindness, his warmth, his wisdom, his friendship. His loss is incalculable, but his legacy is immense. His work and his spirit will live on.”

    Born in New York in 1961 to two politically active parents – his father fought in the Spanish civil war with the International Brigades, while his mother was a member of the international Ladies’ Garment Workers’ Union – Graeber first attracted academic attention for his teenage hobby of translating Mayan hieroglyphs. After studying anthropology at the State University of New York at Purchase and the University of Chicago, he won a prestigious Fulbright fellowship and spent two years doing anthropological fieldwork in Madagascar.
    David Graeber interview: ‘So many people spend their working lives doing jobs they think are unnecessary’
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    In 2005, Yale decided against renewing his contract a year before he would have secured tenure. Graeber suspected it was because of his politics; when more than 4,500 colleagues and students signed petitions supporting him, Yale instead offered him a year’s paid sabbatical, which he accepted and moved to the UK to work at Goldsmiths before joining LSE. “I guess I had two strikes against me,” he told the Guardian in 2015. “One, I seemed to be enjoying my work too much. Plus I’m from the wrong class: I come from a working-class background.”

    His 2011 book Debt: The First 5,000 Years, made him famous. In it, Graeber explored the violence that lies behind all social relations based on money, and called for a wiping out of sovereign and consumer debts. While it divided critics, it attracted strong sales and praise from everyone from Thomas Piketty to Russell Brand.

    Graeber followed it in 2013 with The Democracy Project: A History, a Crisis, a Movement, about his work with Occupy Wall Street, then The Utopia of Rules: On Technology, Stupidity and the Secret Joys of Bureaucracy in 2015, which was inspired by his struggle to settle his mother’s affairs before she died. A 2013 article, On the Phenomenon of Bullshit Jobs, led to Bullshit Jobs: A Theory, his 2018 book in which he argued that most white-collar jobs were meaningless and that technological advances had led to people working more, not less.

    “Huge swaths of people, in Europe and North America in particular, spend their entire working lives performing tasks they believe to be unnecessary. The moral and spiritual damage that comes from this situation is profound. It is a scar across our collective soul. Yet virtually no one talks about it,” he told the Guardian in 2015 – even admitting that his own work could be meaningless: “There can be no objective measure of social value.”
    Why is the world ignoring the revolutionary Kurds in Syria?
    David Graeber
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    An anarchist since his teens, Graeber was a supporter of the Kurdish freedom movement and the “remarkable democratic experiment” he could see in Rojava, an autonomous region in Syria. He became heavily involved in activism and politics in the late 90s. He was a pivotal figure in the Occupy Wall Street movement in 2011 – though he denied that he had come up with the slogan “We are the 99%”, for which he was frequently credited.

    “I did first suggest that we call ourselves the 99%. Then two Spanish indignados and a Greek anarchist added the ‘we’ and later a food-not-bombs veteran put the ‘are’ between them. And they say you can’t create something worthwhile by committee! I’d include their names but considering the way police intelligence has been coming after early OWS organisers, maybe it would be better not to,” he wrote.

    • David Graeber: American-Born Anthropologist Dies in at 59 | Heavy.com
      https://heavy.com/news/2020/09/david-graeber

      Graeber’s death was confirmed on the morning of September 3 by his wife, Nika Dubrovsky. Dubrovsky tweeted, “Yesterday the best person in a world, my husband and my friend. @davidgraeber died in a hospital in Venice.”

    • Un type bien sympathique semble-t-il, dont les travaux (pour ce que j’en connais) sont un des innombrables indices d’une crise de la critique (éclipse de la pensée ?). Sa dénonciation des " bullshit job" avait le mérite d’affirmer que bien des emplois n’existent que pour (non seulement "occuper", comme il le souligne, mais) justifier le fait qu’avoir les moyens de vivre sans emploi ne doit en aucun cas être à la portée de n’importe qui (ce qui était aussi le cas sous le socialisme réel où on pouvait coller trois personnes là où une aurait suffit). Il suffit d’avoir lu Maurizio Lazzarato ( La fabrique de l’homme endetté, essai sur la condition néolibérale, http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6238) pour savoir que son "histoire" de la #dette est des plus faibles, une anthropologie trans-historique, une éternité qui récuse l’historicité.
      Je détaille pas, faute d’avoir pris le temps de la lire pour de bon (j’avais laissé tomber...), mais voici une note de lecture (dont je partage pas les présupposés) qui en relève le peu de consistance.

      « Quand David Graeber étale la dette : une critique du livre " La dette : 5000 ans d’histoire " », par Franz Schandl
      http://www.palim-psao.fr/article-quand-graeber-etale-la-dette-une-critique-du-livre-la-dette-5000-

      « La langue du marché a envahi toutes les dimensions de la vie humaine[14] », dit Graeber. Cependant, la façon dont il se sert de cette langue est complètement acritique. C’est bien trop souvent que la terminologie dominante est aussi la sienne. On est frappé par la naïveté totale avec laquelle sont employées des catégories quotidiennes telles que économie, politique, démocratie, capital, crédit. Celles-ci sont utilisées sans la moindre distance critique, comme si aucune d’elles n’était problématique. Il y a un rapport positif constant, voire lassant, à la justice et, bien sûr, aux valeurs. [...]

      Conformément aux postulats anarchistes, le mauvais rôle échoit le plus souvent à l’#État, tandis que le marché s’en sort assez bien la plupart du temps. En de nombreux endroits l’État et le #marché sont pensés comme des antipodes, et non comme des éléments qui se complètent et qui sont indispensables à la domination du capital. Le bon marché remonte toujours à la surface.

    • Une critique du concept de « Bullshit Jobs » par les auteurs de Boulots de Merde (Cyran & Brygo, La Découverte, 2016) :

      https://lundi.am/Boulots-de-merde-Du-cireur-au-trader

      Lorsqu’on a lu l’essai de David Graeber, on s’est dit qu’il y avait une belle matière pour commencer un travail reliant le haut et le bas du monde du travail, puisque Graeber avançait l’idée selon laquelle les cadres chargés de faire tourner la machine capitaliste étaient rincés, déprimés, accablés par la conscience de leur inutilité et incapables de trouver une consolation dans leurs salaires princiers. C’est en cela qu’il parle de « bullshit jobs », des boulots bidon où les gens s’emmerdent à mettre des coups de tampon et à pianoter sur Facebook au lieu de faire un « vrai » travail, productif, visible, palpable. On avait trouvé stimulante cette réhabilitation du critère de l’utilité sociale, mais sa focalisation sur le sommet de la pyramide salariale nous posait problème , raison pour laquelle nous avons claqué notre enveloppe de frais de reportage pour aller rencontrer Graeber à Londres. Les réponses qu’il a apportées à nos questions n’ont pas franchement levé nos doutes, comme on l’explique dans l’introduction de notre bouquin. Ce qui nous a le plus scié, c’est l’explication qu’il nous a fournie sur sa méthodologie : pas d’enquête de terrain, pas de chiffres, pas de sources, seulement une compilation de données récupérées sur des blogs d’avocats d’affaires… Du coup, on a changé notre fusil d’épaule et laissé derrière nous les affres existentielles des cols blancs cholestérolés, choqués de découvrir que leur dévouement à l’économie capitaliste n’était pas aussi sexy que prévu. C’est un sujet qu’on laisse volontiers aux journalistes des grands médias, qui se sont tous pris de passion pour les thèses de Graeber, en raison peut-être de leur proximité sociale avec les cadres d’entreprise. En revanche, la souffrance ordinaire endurée par la majorité de la population active, dans les boîtes de sous-traitance comme dans les anciens fleurons du service public, dans les bureaux de poste comme dans les restaurants en passant par les guichets de Pôle emploi, cette souffrance-là n’intéresse pas grand monde. Ce désintérêt résulte en grande partie de la propagande quotidienne pour la « valeur travail » et le « plein emploi », du matraquage verbal et administratif infligé aux chômeurs soupçonnés de fraude et de désertion. Pour beaucoup de journalistes, il faut bien qu’il y en ait qui fassent le « sale boulot » de leur nettoyer leurs burlingues au petit matin. On a voulu remettre à leur place ces réalités sociales : 80 % du livre est consacré aux trimardeurs du bas, 20 % aux cols blancs. Loin de nous l’intention de minimiser le cafard des bureaucrates de l’économie capitaliste, mais on a choisi de ne pas oublier les conditions de travail autrement plus rudes de ceux que ces mêmes cols blancs réduisent à l’état de larbins.

    • Les blairistes ont été assez stupides pour combiner leur promotion de « Cool Britannia » avec des réformes massives de l’aide sociale, ce qui a effectivement conduit à ce que ce projet explose en vol : presque tous ceux qui avaient le potentiel pour devenir le prochain John Lennon doivent désormais passer le reste de leur vie à empiler des caisses pour les supermarchés Tesco, comme les y obligent les nouvelles formes de conditionalité des aides sociales.
      En fin de compte, tout ce que les blairistes ont réussi à produire, c’est un secteur de marketing de classe mondiale (puisque c’est ce que les classes moyenne savent faire). A part ça, elles n’avaient rien d’autre à offrir.

      […]

      Je me souviens d’avoir assisté à une conférence universitaire sur le sujet et de m’être demandé : « D’accord, je comprends la partie vapeur, c’est évident, mais... quel est le rapport avec le punk ? » Et puis ça m’est venu à l’esprit. No future ! L’ère victorienne était la dernière fois que la plupart des britanniques croyaient vraiment en un avenir axé sur la technologie qui allait mener à un monde non seulement plus prospère et égalitaire, mais aussi plus amusant et excitant. Puis, bien sûr, vint la Grande Guerre, et nous avons découvert à quoi le XXe siècle allait vraiment ressembler, avec son alternance monotone de terreur et d’ennui dans les tranchées. Le Steampunk n’était-il pas une façon de dire : ne pouvons-nous pas simplement revenir en arrière, considérer tout le siècle dernier comme un mauvais rêve, et recommencer à zéro ?

      #David_Graeber #désespoir #espoir #Royaume-Uni #classe_sociale #politique #économie #steampunk #crash #stratégie_du_choc (y compris pour lui, car il voudrait mettre en avant un récit qui accuse les conservateurs, en attendant un prochain crash pour les éjecter)

      Les nouveaux dirigeants travaillistes font les premiers pas : ils appellent à de nouveaux modèles économiques ("socialisme avec un iPad") et cherchent des alliés potentiels dans l’industrie high-tech. Si nous nous dirigeons vraiment vers un avenir de production décentralisée, de taille réduite, high-tech et robotisée, il est fort possible que les traditions particulières du Royaume-Uni en matière de petite entreprise et de science amateur - qui ne l’ont jamais rendu particulièrement adapté aux conglomérats bureaucratisés géants qui ont si bien réussi aux États-Unis et en Allemagne, dans leurs manifestations capitalistes ou socialistes - puissent se révéler tout particulièrement appropriés.

      Et par contre #technophilie voire #techno-béat si la solution est basée sur la #high-tech (qui ne sera jamais séparable du capitalisme et de l’impérialisme).

  • Un appel de #David_Graeber en faveur de #Corbyn et contre #l'extrême-droite

    David Graeber sur Twitter : “this video is going up in a bunch of places but here’s mine: my take on the AS controversy and why intentionally fanning the flames, as so many are doing, endangers Jewish people” / Twitter
    https://twitter.com/davidgraeber/status/1201950245804027904

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1201949512555728899/pu/vid/720x720/LN8ZHvrRskqVw0Cc.mp4?tag=10

    #antisémitisme

  • Against Economics | by David Graeber | The New York Review of Books
    https://www.nybooks.com/articles/2019/12/05/against-economics

    Mainstream economists nowadays might not be particularly good at predicting financial crashes, facilitating general prosperity, or coming up with models for preventing climate change, but when it comes to establishing themselves in positions of intellectual authority, unaffected by such failings, their success is unparalleled. One would have to look at the history of #religions to find anything like it.

    #économie #délire

  • #Baromètre MGEN « #Confiance et bien-être » : 46% des Français ne croient plus en leur #boulot
    https://www.marianne.net/societe/barometre-mgen-confiance-et-bien-etre-46-des-francais-ne-croient-plus-en-l
    #taf

    72,8% des Français estimaient faire un #travail #utile pour la #société en 2018. Ils ne sont plus que 54,3% cette année. Une chute libre. Les fameux #Bullshit_job, théorisés par l’anthropologue américain #David_Graeber, grignotent encore un peu plus le champ de notre #économie

  • Comment changer le cours de l’#histoire | Eurozine
    https://www.eurozine.com/comment-changer-le-cours-de-lhistoire

    Depuis des siècles, le récit expliquant les origines de l’#inégalité sociale est simple. Pendant la plus grande partie de leur histoire, les hommes vécurent dans des petits groupes égalitaires de #chasseurs-cueilleurs. Puis vint l’#agriculture, accompagnée de la #propriété privée, puis la naissance des #villes signifiant l’émergence de la #civilisation à proprement parler. Si la civilisation eut bien des aspects déplorables (les guerres, les impôts, la bureaucratie, la patriarchie, l’esclavage, etc.), elle rendit également possibles la littérature écrite, la science, la philosophie et la plupart des autres grands accomplissements humains.

    Tout le monde, ou presque, connaît les grandes lignes de cette histoire. Depuis l’époque de Jean-Jacques #Rousseau, au moins, elle a informé notre conception de la forme générale et de la direction de l’histoire humaine. Cela est d’autant plus important que ce #récit définit dans le même temps ce que nous percevons comme nos possibilités #politiques. La plupart d’entre nous considère la civilisation, et donc l’inégalité, comme une triste nécessité. Certains rêvent du retour à un #passé #utopique, de la découverte d’un équivalent industriel au “#communisme primitif” ou même, dans les cas les plus extrêmes, de la destruction complète de la civilisation et du retour à une vie de cueillette. Personne, cependant, ne remet en cause la structure élémentaire de cette histoire.

    Et pourtant, ce récit est fondamentalement problématique.

    Car il n’est pas vrai.

    • Pfiou je viens enfin de finir cet article de vulgarisation de l’actualité des connaissances archéo-anthropologiques (oui ça fait deux semaines que je le lis en plusieurs fois…). Il est vraiment super important, je trouve !

      Le premier pavé dans la mare sur notre liste concerne les origines et l’étendue de l’agriculture. La vision selon laquelle celle-ci a constitué une transition majeure dans les sociétés humaines ne repose plus sur aucun fondement solide. Dans les parties du monde où plantes et animaux furent d’abord domestiqués, il n’y eut en fait aucun “revirement” discernable du Cueilleur du Paléolithique à l’Agriculteur du Néolithique. La “transition” entre une vie reposant essentiellement sur des ressources sauvages à une autre fondée sur la production alimentaire s’étendit spécifiquement sur quelque chose comme trois mille ans. Alors que l’agriculture mit au jour la possibilité de concentrations de la richesse plus inégales, dans la plupart des cas, ceci ne commença que des millénaires après ses débuts. Entre les deux périodes, des individus dans des zones aussi retirées que l’Amazonie et le Croissant fertile du Moyen-Orient s’essayaient à l’agriculture pour voir ce qui leur convenait, une “agriculture ludique” si l’on veut, alternant annuellement entre les modes de production, autant qu’ils allaient et venaient en matière de structures sociales.

      […]

      Selon toute évidence, cela n’a plus aucun sens d’utiliser des expressions comme “la révolution agricole” lorsque l’on traite de processus aussi démesurément longs et complexes. Comme il n’y eut pas d’État semblable à l’Éden, à partir duquel les agriculteurs purent démarrer leur marche vers l’inégalité, il y a encore moins de sens à parler de l’agriculture comme ce qui donna naissance aux rangs et à la propriéte privée. S’il y a une chose à dire, c’est que c’est parmi ces populations – les peuples du “Mésolithique” – qui refusèrent l’agriculture pendant les siècles de réchauffement de l’Holocène précoce, que l’on trouve une stratification s’enracinant progressivement

      […]

      Dans au moins certains cas, comme au Moyen-Orient, les premiers agriculteurs semblent avoir consciemment développé des formes alternatives de communauté, pour accompagner leur mode de vie de plus plus intensif en travail. Ces sociétés néolithiques semblent remarquablement plus égalitaires lorsqu’on les compare à celles de leurs voisins chasseurs-cueilleurs, avec une hausse spectaculaire de l’importance économique et sociale des femmes, clairement reflétée dans leur vie rituelle et leurs arts

      […]

      Ces découvertes récentes montrent combien nos connaissances de la distribution et de l’origine des premières villes sont faibles, et combien aussi ces villes sont beaucoup plus vieilles que les systèmes de gouvernement autoritaire et d’administration par l’écrit que nous supposions jusqu’alors nécessaires à leur fondation. Et dans les centres mieux établis de l’urbanisation – la Mésopotamie, la vallée de l’Indus, le bassin de Mexico – il y a de plus en plus de preuves que les premières villes étaient organisées selon des règles consciemment égalitaires, les conseils municipaux conservant une autonomie significative par rapport au gouvernement central. Dans les deux premiers cas, les villes avec des infrastructures civiques sophistiquées fleurissaient pendant plus d’un demi-millénaire, sans aucune trace de sépultures et monuments royaux, sans grandes armées ou autres moyens de coercition à grande échelle, ni indice d’un contrôle bureaucratique direct sur la vie de la plupart des citoyens.

      […]

      Les cités égalitaires, même les régions confédérées, sont des lieux communs historiques. Ce que ne sont pas les familles et ménages égalitaires. Une fois que le verdict historique sera tombé, nous verrons que la perte la plus douloureuse des libertés humaines commença à petite échelle – au niveau des relations de genre, des groupes d’âge et de la servitude domestique – c’est-à-dire le type de relations où la plus grande intimité s’accompagne simultanément des plus profondes formes de violence structurelle. Si nous voulons vraiment comprendre comment il est devenu un jour acceptable pour les uns de transformer la richesse en pouvoir, et pour les autres de se faire dire que leurs besoins et que leurs vies ne comptaient pas, c’est bien là qu’il faudrait regarder. C’est là aussi, prédisons-nous, que le travail, le plus âpre qui soit, de création d’une société libre, devra se dérouler.

      BAM !!!

      #anthropologie #archéologie #vulgarisation #Histoire #préhistoire #structure_sociale #État #inégalité #David_Graeber #David_Wengrow #Rousseau #chasseurs-cueilleurs #agriculture
      critique de #Jared_Diammond et #Francis_Fukuyama entre autre
      @nicolasm :)

  • #bullshit_job : Les cinq grandes familles de «jobs à la con» Quentin Périnel - 1 Aout 2018 - Le Figaro
    http://www.lefigaro.fr/decideurs/vie-bureau/2018/09/01/33008-20180901ARTFIG00020-les-cinq-grandes-familles-de-jobs-a-la-con.php

    Dans un livre qui paraît en cette rentrée, l’anthropologue américain #David_Graeber étaie la notion de « bullshit job » qui l’a fait connaître en 2013. Un regard critique et cynique sur la vie de bureau contemporaine.

    Lorsqu’un article fait autant de bruit dans le monde entier, c’est forcément que son auteur a visé juste. Lorsque l’anthropologue américain et militant anarchiste David Graeber - qui a animé en mars dernier une grande et passionnante conférence au Collège de France https://www.college-de-france.fr/site/evenements-culturels/Grande-conference-David-Graeber-version-originale.htm - publie, en 2013, un article intitulé « Le phénomène des jobs à la con » dans le magazine Strike !, il ne s’attendait pas à provoquer un tel émoi : des dizaines de reprises médiatiques, des traductions dans toutes les langues du monde... « Bullshit Job » : un emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflu ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence. Telle est sa définition du concept.

    Cinq années plus tard, le chercheur américain a étayé encore davantage sa réflexion, et publie un livre - traduit aux éditions Les liens qui libèrent - qui porte le nom du phénomène. « À tous ceux qui préfèrent être utiles à quelque chose », écrit-il en première page en guise de dédicace. Dans son essai d’environ 400 pages, l’auteur dresse notamment une typologie desdits « #jobs_à_la_con », qu’il classe en cinq grandes familles représentatives, selon lui, du monde du #travail contemporain.

    • Les larbins. Les jobs de #larbins, explique-t-il, sont ceux qui ont pour seul but - ou comme but essentiel - de permettre à quelqu’un d’autre de paraître ou de se sentir important. En bref : d’aider quelqu’un à briller et à le tirer vers le haut tout en restant dans l’ombre. « Oui, il existe encore des boulots de domestiques à l’ancienne, de type féodal, soutient David Graeber. À travers l’Histoire, les riches et les puissants ont eu tendance à s’entourer de serviteurs, de clients, de #flagorneurs et autres #laquais. » Exemple ? Jack explique qu’il était démarcheur téléphonique chargé de vendre des actions à des clients, de la part d’un courtier. « L’idée était que, aux yeux du client potentiel, le courtier aurait l’air plus compétent et plus professionnel si l’on sous-entendait qu’il était trop occupé à faire du fric pour pouvoir passer les coups de fil lui-même, précise-t-il. Mon poste n’avait donc strictement aucune utilité, si ce n’est de faire croire à mon supérieur immédiat qu’il était un gros bonnet et d’en convaincre les autres. »

    • Les porte-flingue. Naturellement, le terme n’est pas à prendre au premier degré. Il s’agit d’une appellation métaphorique pour désigner ceux dont le travail a été créé par d’autres et comporte une composante agressive. « Un pays n’a besoin d’une armée que parce que les autres pays en ont une », explique Graeber. Un exemple qui vaut aussi, selon lui, pour les #lobbyistes, les #experts en relations publiques, les #télévendeurs ou les #avocats_d_affaires. « L’université d’Oxford a-t-elle réellement besoin d’employer une douzaine d’experts en #relations_publiques, au bas mot, pour convaincre le monde de son excellence ?, questionne-t-il. Il me semble au contraire qu’il faudrait au moins autant d’attachés de presse et des années d’efforts pour détruire sa réputation d’excellence, et je me demande même s’ils y parviendraient. »

    • Les rafistoleurs. Ou bricoleurs professionnels. Qui sont les #rafistoleurs ? Ceux dont le job n’a d’autre raison d’être que les pépins ou anomalies qui enrayent une organisation : ils sont là pour régler des problèmes qui ne devraient pas exister. Le terme est notamment employé dans l’industrie du logiciel, mais il peut être d’application plus générale. « Les premiers exemples de rafistoleurs auxquels on pense, ce sont des subalternes dont le boulot est de réparer les dégâts causés par des #supérieurs_hiérarchiques négligents ou incompétents », lit-on dans le livre Bullshit Jobs. « Une fois, j’ai travaillé dans une PME comme « testeuse », témoigne une employée. J’étais chargée de relire et corriger les rapports écrits par leur chercheur/statisticien star. »

    • Les cocheurs de case. Pour qu’une organisation puisse exister et que tout le monde sache qu’elle existe, il faut des #cocheurs_de_case. Il s’agit d’employés dont la seule principale raison d’agir est de permettre à une organisation de prétendre faire quelque chose qu’en réalité elle ne fait pas. Voilà une bonne définition de la réunionnite : des réunions sans cesse, pour le principe, et sans intérêt apparent ni aucune décision de prise. Graeber explique que dans la majorité des cas, les cocheurs de case sont tout à fait conscients que leur job n’aide en rien la réalisation du but affiché. Pire encore : il lui nuit, puisqu’il détourne du temps et des ressources. « L’essentiel de mon travail consistait à interviewer les résidents afin de noter leurs préférences personnelles dans un formulaire « loisirs », explique ainsi Betsy, qui était chargée de coordonner les activités de détente dans une maison de repos. (...) Les résidents savaient très bien que c’était du pipeau et que personne ne se souciait de leurs préférences. » Le temps que Betsy passait à remplir ces formulaires était précisément du temps qu’elle ne passait pas à les divertir !

    * • Les petits chefs. *C’est peut-être le profil le plus connu... et le plus haï aussi. Les petits-chefs se divisent en deux sous-catégories. Ceux du premier type n’ont qu’une fonction : assigner ou déléguer des tâches à d’autres. Ils peuvent être considérés comme le reflet inversé des larbins : ils sont tout aussi superflus, mais au lieu d’être les subordonnés, ce sont les supérieurs. Si cette première catégorie est inutile, la seconde est nuisible : il s’agit des petits chefs dont l’essentiel du travail consiste à créer des #tâches_inutiles qu’ils confient à leurs subalternes, ou même de créer de toutes pièces des « jobs à la con. » « Il est très difficile de recueillir des témoignages de petits chefs », observe Graeber. Logique : il est difficile d’admettre être chef et d’avoir un job inutile. « J’ai dix personnes qui travaillent pour moi, mais pour autant que je puisse en juger, toutes sont capables de faire le boulot sans qu’on les surveille, constate Ben, manager intermédiaire dans une entreprise. Mon seul rôle, c’est de leur distribuer les tâches - notez que ceux qui conçoivent ces tâches pourraient parfaitement les leur confier directement. » Ben va même encore plus loin dans sa lucidité quant à son travail : « J’ajoute que bien souvent, les tâches en question sont produites par des managers qui ont eux-mêmes des jobs à la con ; du coup, j’ai un job à la con à double-titre. »

    #entreprise #management #hiérarchie

  • Le macronisme au pouvoir : anatomie d’une présidence
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100418/le-macronisme-au-pouvoir-anatomie-d-une-presidence

    Emmanuel Macron, 15 mars 2018. © Reuters Le « macronisme » a déjà été maintes fois scruté dans ses influences et sa trajectoire. Mais quelle pratique du pouvoir la première année de Macron à l’Élysée dessine-t-elle ? Comment les chercheurs qui travaillent sur l’État, la démocratie et le politique s’en saisissent-ils ? Enquête en trois volets.

    #Culture-Idées #Alain_Garrigou #Antoine_Vauchez #Chantal_Mouffe #David_Graeber #David_Van_Reybrouck #Didier_Fassin #Dominique_Rousseau #Emmanuel_Macron #Frédéric_Sawicki #Gérard_Bras #Nicolas_Roussellier #Pierre_Birnbaum #Pierre_Rosanvallon #Sandra_Laugier