• Radio : Renaud Garcia, Anti-industrialisme ou anticapitalisme ?, 2020
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/12/01/rmu-garcia-anticapitalisme

    L’anticapitalisme ou la critique du capitalisme, sous les formes de la dénonciation du profit, des marchés, de la finance et des banques, aussi légitime soit-elle, peut ne jamais toucher au cœur de la dépossession universelle qui s’étend depuis plus de deux siècles, à savoir le mode de vie fondé sur le salariat et l’industrie qui permet la production en masse des marchandises.

    Il est donc nécessaire d’élargir la critique sociale, en lui adjoignant une critique culturelle des grandes organisations, du machinisme et de la représentation scientifique du monde.

    La version orale (pas tout à fait pareille que l’écrit) :
    https://archive.org/download/rmu-071-garcia-anticapitalisme/RMU_071_Garcia-Anticapitalisme.mp3

    + version écrite de l’intervention + un glossaire vulgarisé de la critique de la valeur + un début de critique

    Et la même chose mais compilé dans un même PDF :
    https://ia601400.us.archive.org/26/items/rmu-071-garcia-anticapitalisme/RMU_071_Garcia-Anticapitalisme.pdf

    #Renaud_Garcia #radio #radio_zinzine #audio #anti-industriel #anti-capitalisme #capitalisme #débat #critique_de_la_valeur #wertkritik #subsistance #Écran_total #quantification #Marx #travail #critique_du_travail #dépossession #subjectivité

  • Écran Total, Des lits, pas des applis !

    Comment expliquer autrement qu’un service public de santé, que l’on dit exsangue, qui manque de l’essentiel [...], ait pu affronter la « vague », selon l’expression quotidiennement matraquée ?

    Puisque les analogies guerrières sont à la mode, la situation fait penser à celle du front russe, pendant la Deuxième Guerre mondiale, qui a cessé d’enregistrer catastrophe sur catastrophe (du point de vue soviétique) à partir du moment où l’on a aboli l’institution des commissaires politiques et relâché le contrôle idéologique et politique sur l’armée, l’économie et la société en général. Dans certaines régions, la machine bureaucratique avait même complètement disparu, et les populations ont pu organiser elles-mêmes des régiments de partisans.

    De la même manière, en mars 2020 en France, les bureaucrates font profil bas, ont arrêté de mettre des bâtons dans les roues du personnel. On ne parle plus de suppression de lits, de plan de modernisation, mais de soin, de dignité. Il faut applaudir les « héros ». La doctrine officielle a changé. C’est pour l’avoir compris trop tard que le directeur de l’ARS Grand-Est a été limogé. [...]

    Nous, membres du collectif Écran Total, nous disons : attention ! Car les coupes budgétaires ne sont qu’un aspect de la modernisation de l’hôpital. Le deuxième tranchant du sabre utilisé pour saccager le service public, c’est le déploiement des outils gestionnaires, en particulier informatiques, c’est le pouvoir insupportable de l’administration qui empêche les soignants de faire le métier pour lequel ils ont été formés en leur imposant une « #rationalisation » de leur activité. Avant la crise, durant le mouvement de grève des hôpitaux, on a entendu cette revendication, qui indique le niveau d’absurdité où nous sommes arrivés : il faut que ce soient les praticiens qui organisent les soins, pas les gestionnaires.

    Or nulle part on ne lit ni n’entend : Embauchez des infirmières, virez des managers ou, plus simplement : Des lits, pas des applis .

    https://sniadecki.wordpress.com/2020/04/28/num-hopital-t2a

    #hopital, #T2A, #technocratie, #technocritique, #critique_techno, #Ecran_total, #coronavirus, #autonomie_politique, #bureaucratie.

  • Ne laissons pas s’installer le monde sans contact

    Appel au boycott de l’application #Stop-COVID19

    Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19. [...]

    Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen. [...]

    Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

    http://www.terrestres.org/2020/04/27/ne-laissons-pas-sinstaller-le-monde-sans-contact

    Illustration : Ne nous y trompons pas, la distance sociale a commencé il y a des années .

    #technocritique, #critique_techno, #Ecran_Total, #La_Lenteur, #coronavirus, #numérique, #informatique, #autonomie_politique.

  • Matthieu Amiech, Notre libre-arbitre est aspiré par Internet, 2019
    https://sniadecki.wordpress.com/2020/02/08/amiech-coma

    Est-ce qu’on prend la mesure de cette somme de petits basculements ? De la portée politique, écologique et anthropologique de cette véritable délocalisation de la vie sur le réseau ? Nous pensons d’une part que la question sociale aujourd’hui se joue là, car c’est de cette « délocalisation » que le capitalisme et l’oligarchie tirent une partie de leur pouvoir, de leur capacité assez inédite à réduire les peuples à l’impuissance, quelle que soit la colère qui couve ou explose. Mais nous pensons aussi que ces évolutions n’ont rien de naturel ou d’inéluctable : elles sont le fruit de décisions technocratiques auxquelles il est possible de s’opposer.

    Encore faut-il pour cela identifier collectivement leur importance. Or, jusqu’ici, le lien est trop rarement fait entre asservissement économique et usage intensif du numérique, entre régression démocratique et informatisation galopante. Ces questions sont maintenues à la périphérie des discussions politiques. Tel est l’enjeu de notre livre : faire entrer la technologie dans le champ de la délibération politique ; montrer que son développement permanent et programmé est un outil de choix dans l’arsenal des couches dirigeantes, pour réduire à néant les formes de solidarité et de justice sociales existantes, les liens directs entre les gens, les capacités populaires de résistance ; et qu’il est donc possible et indispensable de s’opposer à ce développement – sans être réactionnaire, au contraire.

    #Matthieu_Amiech #informatisation #internet #critique_techno #Écran_total

  • Contre le numérique à l’école - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/05/contre-le-numerique-a-l-ecole_1641315

    par un collectif d’enseignants

    Contre le numérique à l’école

    Chaque rentrée scolaire est un moment d’annonce concernant un nouveau plan numérique. Les propos apaisants du ministre Blanquer ne font pas oublier que, cette année, la région Grand-Est annonçait une « expérimentation » sur 50 lycées pour 31 000 élèves : disparition de tous les manuels scolaires et achat obligatoire d’ordinateurs portables ou de tablettes pour les élèves. Quant au récent rapport Mathiot, posant les grandes lignes du nouveau lycée et du nouveau baccalauréat, ce texte recommande de recourir « massivement » aux « ressources numériques », qu’il s’agisse de soutien à l’orientation ou de moyens pédagogiques. Depuis une décennie, des « expérimentations » de ce genre se généralisent du primaire au supérieur, si bien qu’il s’agirait plutôt d’une mise au pas. Un regard extérieur pourrait du reste s’étonner qu’avec une telle détermination déployée par les institutions et les industriels, il demeure encore quelque chose, dans l’Education nationale, qui n’ait été passé à la moulinette numérique.

    Nous, enseignants, signataires de l’Appel de Beauchastel (1), sommes réfractaires à ces multiples plans numériques. Toutes ces promesses de renouvellement pédagogique par les technologies « innovantes » relèvent, en réalité, d’un renoncement à la pédagogie. Quand on nous oppose qu’il faudrait vivre avec son temps, nous pensons précisément qu’il est urgent de prendre quelque distance avec une époque affectée d’une boulimie consumériste et technologique aux effets catastrophiques, tant socialement qu’écologiquement.
    Le temps de plus en plus long passé devant des écrans par les adultes comme par les enfants ne peut produire qu’une régression. Les conséquences psychologiques et cognitives chez les plus jeunes commencent à être documentées, prolongeant ainsi ce que l’on connaît déjà à propos de la télévision. La psychologue Sabine Duflo, de l’association Alerte écrans, évoque à ce propos un « problème sanitaire majeur ». La dépendance croissante aux objets numériques chez nos contemporains s’apparente toujours davantage à des comportements addictifs. Récemment, quelques anciens cadres de Facebook ont d’ailleurs fait état de leur stratégie d’exploitation de la « vulnérabilité de la psychologie humaine », afin de rendre les gens toujours plus dépendants. S’agissant en particulier de ce réseau, l’un d’eux a évoqué des « outils qui déchirent le tissu social ».

    Dans un contexte où les industriels transforment, avec une avidité et un cynisme sans cesse renouvelés, les rapports humains en matériau exploitable à des fins de profit, nous voulons affirmer l’importance cruciale de la relation et de l’attention, au premier chef dans notre métier. Cela, les cadres de la Silicon Valley l’ont compris depuis longtemps, en protégeant leurs propres enfants des écrans, dans et en dehors de l’école. L’exercice réfléchi du jugement qui fonde notre métier nous oblige à ne pas leur abandonner cette lucidité quant aux effets délétères de leurs innovations technologiques. Ainsi, en dépit de nos moyens limités reposant sur la fragile et subtile relation humaine, nous ne renoncerons pas à viser, par la transmission, l’horizon de la pensée libre et de l’émancipation sociale et culturelle.❞

    #appel_de_beauchastel #ecran_total #numérisation

    @tranbert

    • Bof...

      Tout d’abord, « la légende n’a pas été réfutée », en tous cas, pas dans les articles cités. On peut bien tourner la chose avec l’argument que les employés de la high tech (en l’occurrence, ce sont plutôt les dirigeants pour lesquels est évoqué un rapport plus qu’ambigu au numérique) sont des parents attentifs comme les autres, mais il n’en demeure pas moins que le mode de consommation du numérique est aussi un marqueur social et que les populations les plus réticentes sont, entre autres, celles qui sont aussi en mesure d’en saisir les tenants et les aboutissants.

      Je ne me vois pas, ni en tant que parent, ni en tant qu’architecte de S.I. venir faire la leçon à qui ne disposerait pas de ce capital culturel. Il me parait plus logique de balayer d’abord devant ma porte et admettre que l’activité qui me rémunère et me fournit un statut, somme toute assez enviable, dans cette société, est aussi une contribution à la production de pures nuisances, et que cette dimension ne relève pas seulement d’un tri à faire entre le bon grain et l’ivraie.

      Si vous souhaitez par ailleurs converser avec le collectif d’enseignants, ne vous privez pas d’employer les moyens qu’ils indiquent dans leur support de communication et que l’on trouve même en ligne sans peine et sans être un expert du monde numérique

      École Les Collines bleues
      607 route de la Gare
      42370 Saint Alban les Eaux
      04-77-64-35-32
      contact@les-collines-bleues.fr

  • Le désastre du numérique à l’école | Racine de moins un
    http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=2813

    En septembre 2014, le gouvernement lance en grande pompe le Plan Numérique pour l’école de la République présenté comme la solution miracle visant à rendre l’école plus juste, plus inclusive et plus efficace. Dans leur livre « Le désastre de l’école numérique » (éd. du Seuil), Karine Mauvilly et Philippe Bihouix dénoncent l’illusion techniciste du gouvernement, la stupidité d’une politique non seulement inefficace mais lourde d’effets pervers, sur les plans éducatifs, psycho-sociaux, environnementaux et sanitaires. Dans cette émission, nous entendrons, Karine Mauvilly et des membres des collectifs Ecran total et de l’appel de Beauchastel qui militent contre la numérisation de tous les aspects de nos vies. Durée : 1h05. Source : Radio (...)

    http://www.zinzine.domainepublic.net/emissions/RMU/2017/RMU20170213-DesastreNumeriqueEcole.mp3

  • « Les services sociaux risquent de se bunkériser »
    propos recueillis par Rémi Demmi,
    paru dans CQFD n°151 (février 2017).
    http://cqfd-journal.org/Les-services-sociaux-risquent-de

    Keltoum Brahna et Muriel Bombardi sont assistantes sociales (AS) en Seine-Saint-Denis et syndiquées à SUD Santé sociaux/CT. Ce métier, elles l’ont choisi et le défendent depuis des années contre son dévoiement par le management et la politique du chiffre. Visite dans les coulisses du travail social, où s’affrontent – comme ailleurs – travailleurs de base et managers cyniques.

    J’imagine que cette focalisation sur la performance chiffrée se traduit concrètement par des transformations du travail, par exemple en calibrant le temps passé avec les personnes en difficulté...
    K : Pour nous, calibrer le temps d’entretien, c’est juste insupportable. Tout comme le sont les phrases assassines des responsables qui se permettent de dire : « En dix minutes, tu peux évaluer. » Un autre effet du management est la manière dont les institutions lancent des politiques sociales qui oublient et écartent les personnes à qui elles sont destinées. Les gens ne rentrent pas dans les protocoles, et les conventions qui ont été édictés par les institutions et pour les institutions. Car elles se foutent des gens en eux-mêmes, vivants, qui viennent dire leurs problèmes. Elles veulent juste des chiffres pour remplir des tableaux. Chez nous, Pôle emploi et le département ont signé une convention : il va falloir rendre des comptes au niveau européen pour avoir les financements attendus. C’est quoi rendre des comptes ? C’est faire remonter des chiffres, par exemple dire combien de chômeurs sont entrés dans le cadre de cette convention. Or, il se trouve que dès la mise en place, ça n’a pas marché du tout : les gens sont chiants, on pense des choses pour eux mais ils ne jouent pas le jeu. Ils ne viennent pas, ils s’en foutent et en plus ils le disent. Malgré tout, il faut trouver un moyen de les faire rentrer dans ce protocole…
    M : Les managers veulent aussi des chiffres pour « objectiver » ton travail. Ça permet de mettre en concurrence et sous pression : j’ai 150 suivis, toi t’en as 130, y a un truc qui ne va pas. Comme si un suivi en égalait un autre.
    K : Juste pour rebondir sur la convention avec Pôle emploi : l’Europe attend des comptes du Pôle emploi, le Pôle emploi attend des comptes du département, qui attend des comptes des AS. Évidemment, les AS vont devoir demander aux gens de rendre des comptes, parce qu’on les attend au tournant.

    #Management #Travail_Social #Informatisation #Écran_Total

  • David n’a pas d’ordinateur : « C’est une question de présence au monde » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2016/10/29/david-na-dordinateur-cest-question-presence-monde-265507

    David n’a pas d’ordinateur : « C’est une question de présence au monde »

    Ces membres du collectif Ecran total refusent le monde qu’amènent les outils numériques. Parce qu’ils dénaturent leur travail, ou qu’ils n’ont pour eux aucun sens.
    Par Claire Richard Journaliste, Emilie Brouze Journaliste. Publié le 29/10/2016 à 09h03

    Dans une société ultra-technicisée, comment lutter contre la transformation de nos vies en chiffres ? Samedi 22 octobre, nous sommes allés à la rencontre d’Ecran total, un petit collectif de réfractaires à la technique, qui se réunissait quelques jours en Seine-et-Marne.

    #ecran_total #informatisation

    • « J’ai besoin de me déconditionner au numérique »

      Julien, 28 ans, technicien maintenance dans l’agroalimentaire près de Lyon

      Sur le métier déconnecté de la matière

      « Ce que je vois tous les jours au travail, c’est l’industrialisation. Depuis deux ans, je travaille sur les machines d’une usine qui produit des pains crus surgelés (baguettes et pains spéciaux). Je fais de la maintenance (électricité, mécanique, automatisme…).

      Je constate tous les jours la mise à distance des personnes par rapport au métier. Très peu de salariés viennent de la boulangerie – c’est même étonnant que ce soit le cas pour certains, tellement on est loin du métier initial. Dans l’usine, les deux lignes de production sont entièrement automatisées. Il y a un pétrin où arrive la matière, puis la pâte pétrie tombe dans la diviseuse qui forme les pâtons.

      Il y a ensuite un système de tapis pour faire reposer la pâte (7 minutes), puis le laminage et façonnage. Les pains sont déposés sur une plaque alvéolée et partent en surgélation. Sur une ligne, on produit 4 000 pains à l’heure.

      Les ouvriers qui travaillent autour des machines n’ont même pas de contact avec la matière. Le seul contact qu’ils peuvent avoir, c’est quand il y a un bourrage dans la machine ou quand ils doivent toucher la pâte pour vérifier le poids des pâtons. Finalement, leur rôle est simplement de vérifier le fonctionnement des machines : c’est de la surveillance. »

      De l’huile se retrouve dans la pâte

      « Travailler dans cette usine me pose un vrai problème éthique. Les visées sont seulement quantitatives et non qualitatives. Et il faut voir aussi ce que la mécanisation induit : prenez le système de pistons des diviseuses. Si on ne met pas d’huile dessus, ils ne peuvent pas fonctionner. Donc de l’huile se retrouve dans la pâte à cause de la mécanisation, alors que ce n’est pas dans la recette.

      Autre exemple : la surgélation tue les levures, ce qui fait qu’on est obligé de rajouter des produits, des améliorants dans la pâte. Sinon le pain ne lèverait pas chez le client…

      La seule lutte possible pour moi c’est de discuter au sein de mon entreprise... mais ce n’est pas évident. J’essaie, mais ça n’intéresse personne. Je sens bien que pour la plupart de mes collègues, il n’y pas de sens à ce qu’ils font. C’est un boulot alimentaire. Moi j’avais déjà un certain esprit critique par rapport à l’industrie et particulièrement par rapport à l’agroalimentaire mais j’ai dû m’inscrire en intérim, puis j’ai été embauché dans cette usine. D’une certaine manière, c’est bien aussi de vivre ce qu’on critique. »

      A propos de lui

      « J’ai besoin de me déconditionner au numérique. J’ai 28 ans : j’ai grandi avec et ce n’est pas spécialement inné de se poser des questions sur ce que ça change, ce que ça crée chez nous.

      Je crois que je vais devoir quitter le milieu de la technique. Plus j’y réfléchis, plus je suis convaincu que je ne peux pas faire de bonnes choses là-dedans. Je pense à changer pour les métiers de l’agriculture ou de l’artisanat, même si je sais que ces secteurs sont déjà largement touchés par la logique industrielle. »