• Des enregistrements d’Eichmann de 1957 mettent au jour son rôle moteur dans la solution finale, son objectif génocidaire assumé & son antisémitisme viscéral.
    De ses propres mots, il fut donc plus qu’1 simple rouage du système. Un mal pas si banal que ça.

    Nazi Tapes Provide a Chilling Sequel to the Eichmann Trial - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2022/07/04/world/middleeast/adolf-eichmann-documentary-israel.html

    Six decades after the historic trial in Jerusalem of Adolf Eichmann, one of the chief engineers of the Holocaust, a new Israeli documentary series has delivered a dramatic coda: the boastful confessions of the Nazi war criminal, in his own voice.

    The hours of old tape recordings, which had been denied to Israeli prosecutors at the time of Eichmann’s trial, provided the basis for the series, called “The Devil’s Confession: The Lost Eichmann Tapes,” which has generated keen interest in Israel as it aired over the past month.

    The tapes fell into various private hands after being made in 1957 by a Dutch Nazi sympathizer, before eventually ending up in a German government archive, which in 2020 gave the Israeli co-creators of the series — Kobi Sitt, the producer; and Yariv Mozer, the director — permission to use the recordings.
    Eichmann went to the gallows insisting that he was a mere functionary following orders, denying responsibility for the crimes of which he had been found guilty. Describing himself as a small cog in the state apparatus who was in charge of train schedules, his professed mediocrity gave rise to the philosopher Hannah Arendt’s theory of the banality of evil.The documentary series

    Exposing Eichmann’s visceral, ideological antisemitism, his zeal for hunting down Jews and his role in the mechanics of mass murder, the series brings the missing evidence from the trial to a mass audience for the first time.

    Eichmann can be heard swatting a fly that was buzzing around the room and describing it as having “a Jewish nature.”

    • Ça fait un moment déjà que l’on sait que la thèse d’Arendt ne tenait pas la route
      L’acharnement apologétique : Arendt au secours de Heidegger - Note critique sur Emmanuel Faye (2016). Arendt et Heidegger. Extermination nazie et déstruction de la pensée. Paris, Albin Michel
      https://journals.openedition.org/bssg/151

      Quoi qu’il en soit, Arendt achèvera la réhabilitation de Heidegger en utilisant le Eichmann largement fictif qu’elle met en scène dans le livre qu’elle a consacré à son procès, Eichmann à Jérusalem publié en 1963 (Faye 2016 : 450-457). Il est aujourd’hui reconnu qu’Eichmann n’était pas un fonctionnaire terne uniquement occupé de faire circuler avec efficacité les trains remplis de déportés. C’était un nazi authentique, habité par la volonté farouche d’exterminer les Juifs d’Europe. Contrairement à la formule célèbre d’Arendt reprise mécaniquement affirmant la « banalité du mal », le mal inimaginable dont Eichmann est responsable n’est pas le produit d’une activité standardisée et irréfléchie. Mais décrire le nazi type au moyen d’un Eichmann presque idiot, satisfait d’obéir aux ordres sans considérer d’autres conséquences que son avancement dans la hiérarchie, ne peut que confirmer l’innocence des penseurs. Si le véritable nazi est incapable de penser, alors on peut croire que « le roi secret de la pensée », Heidegger, ne peut pas vraiment être nazi.

      #Hannah_Arendt #Eichmann #Heidegger #nazisme #antisémitisme

  • Pourquoi Arendt s’est trompée sur le cas Eichmann ou la formation d’un génocidaire - Le blog de Bernard Gensane
    http://bernard-gensane.over-blog.com/2017/11/pourquoi-arendt-s-est-trompee-sur-le-cas-eichmann-ou-la-f

    De ce point de vue, le cas Eichmann s’avère coller parfaitement à la théorie de l’association différentielle du grand sociologue et criminologue américain Edwin Sutherland (1883–1950). Cette théorie établit que le comportement criminel est acquis dans le cadre social d’un processus d’apprentissage d’une compétence (comme une autre) au contact de ceux qui perçoivent positivement cette activité criminelle, et en isolation de ceux qui pourraient la percevoir négativement. Une personne va au final, selon cette théorie, développer un comportement criminel si et seulement si le nombre des jugements favorables à ce comportement est largement supérieur aux jugements qui lui défavorables dans l’environnement direct où elle va se trouver. Ce processus d’apprentissage socialisé concerne non seulement les techniques mais aussi - point important ici puisqu’il s’agit d’apprendre à haïr - les processus mentaux de légitimation et de rationalisation de ces comportements.

    • #Histoire #Shoah #génocide #Eichmann #Arendt #philosophie #mal #banalité_du_mal #nazisme #antisémitisme #sionisme #bureaucratie #management #administration #logistique #technocratie

      Avant de rejoindre le NSDAP et la SS en 1932 à l’âge de seulement 26 ans, à une époque où ce dynamique parti passe encore pour "respectable", c’est un beau jeune homme plein d’avenir, qui a eu un parcours tout à fait honorable comme représentant de commerce pour une société pétrolière. Il doit d’ailleurs cet emploi à de la famille juive par alliance qui le recommandent auprès d’employeurs juifs qui prendront bien soin de lui. Eichmann fréquentera aussi jusqu’en 1931 un bon ami juif, il n’y a donc aucune trace à l’origine de haine pathologique ou de ressentiment à l’égard des Juifs. Il est politisé de manière assez conventionnelle pour son milieu au sein d’une droite nationaliste, conservatrice et relativement antisémite. Il s’agit d’un antisémitisme diffus tout à fait courant à cette époque, qui n’a rien en principe de criminogène, et que l’on retrouve dans des personnages plus sympathiques tels que par exemple Proudhon, le Marx de la Question Juive ou même les écrits de jeunesse de George Orwell (et oui, même lui...).

      Au sein de la SS, et notamment du SD d’Heydrich qui a un recrutement résolument "élitiste", il côtoie des collègues fortement diplômés issus a priori de la fine fleur intellectuelle du pays : professeurs, chercheurs, juristes, médecins, ingénieurs. Ce qui fait d’ailleurs en un sens de l’holocauste nazi un cas particulièrement extrême de criminalité d’Etat en col blanc. Cela ne l’empêche pas de devenir dans cet environnement compétitif - par le pur hasard des conseils d’un supérieur, il faut le noter, et non par haine personnelle - l’expert reconnu au sein de la SS en matière de question juive et de sionisme, et d’apprendre même à déchiffrer le yiddish. Il entretiendra d’ailleurs longtemps des relations professionnelles froides mais « correctes » avec des organisations sionistes, car il voit initialement la solution à la question juive dans l’émigration et dans le fait de (ses termes) "mettre un peu de terre sous les pieds des Juifs."

      […]

      Il ne fut pas à ce titre un criminel derrière un bureau éloigné de ses victimes dans un environnement feutré et aseptisé comme le suggère Arendt, mais fut pleinement impliqué sur le terrain au contact permanent des pires horreurs et des pires souffrances dans les camps d’extermination. Il dit qu’il eut de prime abord quelques « hauts-le-coeur » devant le spectacle des exécutions de masse par balle par les Einstzgruppen (escadrons de la mort SS) à l’Est et celui des premiers camions à gaz. Mais ils furent manifestement bien vite surmontés et Eichmann ne manifesta jamais la moindre empathie ou compassion pour des victimes qu’il avait au quotidien en face de lui dans les centres de mise à mort. Il eut en 1944 la responsabilité personnelle de conduire sur place la déportation des Juifs de Hongrie, tâche dont il s’acquitta avec une détermination implacable et un cynisme fanatique total (plus de 500.000 victimes en quelques mois) allant même jusqu’à contrecarrer des ordres, y compris d’Himmler, invitant à ménager les Juifs au vu d’une défaite imminente. Il négocia bec et ongles, et de sa propre initiative, jusqu’à la fin des ressources pour ses oeuvres criminelles auprès des diverses administrations qui avaient d’autres priorités dans un contexte d’effondrement généralisé du Reich.

      […]

      Le point décisif que met en évidence Cesarani est qu’Eichmann « apprend » à haïr et à être un génocidaire professionnel, avec toute la conscience professionnelle que cela suppose. Pour ce qui est de la pratique il est avant tout un autodidacte qui recycle directement ses compétences organisationnelles et opérationnelles de « problem solving » acquises dans le monde de l’entreprise, et administre en somme le génocide comme un centre de profit multinational : de profit, et non de coût, car comble de cynisme les nazis faisaient payer aux victimes les frais de leur propre anéantissement, qui lui-même permettait l’ « aryanisation » et la spoliation des biens juifs. Là encore, dans cette macabre escroquerie, nous sommes en présence d’une forme particulièrement extrême de criminalité en col blanc caractérisée.

  • Eichmann claimed he was ’a mere instrument’ in Holocaust, appeal reveals | World news | The Guardian

    ‘I was not a responsible leader, and as such do not feel myself guilty,’

    http://www.theguardian.com/world/2016/jan/27/eichmann-claimed-he-was-a-mere-instrument-in-holocaust-appeal-reveals

    Israel’s president, Reuven Rivlin, is to make public on Wednesday unreleased documents, including a handwritten request for clemency from Nazi war criminal Adolf Eichmann.

    Rivlin’s office said in a statement the request, to then president Yitzhak Ben-Zvi, would be presented at a ceremony at Rivlin’s official Jerusalem residence to mark International Holocaust Remembrance Day.

    #eichmann #nazisme #nazis #allemagne #histoire