• Les universités sommées de faire le #tri dans leurs #formations

    Fermer les #formations_universitaires qui ne collent pas assez aux #besoins_économiques du pays, développer des #indicateurs à cet effet, couper dans les budgets : la feuille de route de rentrée de la ministre de l’Enseignement supérieur, #Sylvie_Retailleau, a des allures de douche froide.

    Après les annonces de #coupes_budgétaires et le discours sur « l’argent qui dort » dans les universités, l’exécutif explique, en cette rentrée, qu’il faut « réfléchir au #modèle_économique des universités ».

    « On souhaite lancer un travail » sur ce sujet, a indiqué ce vendredi la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, lors de sa conférence de rentrée. L’ancienne présidente de l’université Paris-Saclay, qui avait pris des gants pour annoncer les ponctions à venir sur les fonds de roulement à ses anciens collègues, en fin de semaine dernière, a cette fois été beaucoup plus radicale. « C’est notre responsabilité d’utiliser l’argent qui dort, si on veut des solutions pour le pouvoir d’achat des agents. Avec 1 milliard d’euros non utilisés, il faut réfléchir au modèle économique des universités », a-t-elle lancé.

    « Les universités doivent faire beaucoup mieux »

    Ses propos arrivent après ceux d’Emmanuel Macron, lundi soir, dans son interview au youtubeur Hugo Travers. « Il faut avoir le #courage de revoir nos formations à l’université et de se demander : sont-elles diplômantes ? Sont-elles qualifiantes ? » « Les universités, avec leur budget, doivent #faire_beaucoup_mieux », avait répondu le chef de l’Etat.

    « Elles doivent avoir le courage de dire : ’On ne laisse pas ouvertes ces formations parce qu’on a des profs sur ces formations’, ce qui est un peu le cas parfois. Mais plutôt : ’Est-ce que cette formation permet de former des jeunes et de leur fournir un #emploi ?’ » Trop de formations « se passent dans de mauvaises conditions », poursuivait le chef de l’Etat. « Donc on doit réallouer les choses. » L’exécutif veut clairement faire le #ménage dans les formations, à l’université comme dans la voie professionnelle.

    « Plus de #formations_courtes »

    Emmanuel Macron veut « développer plus de formations courtes, entre un et trois ans, au plus près du terrain, dans des #villes_périphériques où le coût de la vie est moins important ». Les universités sont concernées, mais aussi les écoles d’ingénieurs et de commerce. « Avec les moyens qu’on met, on doit faire beaucoup mieux », soulignait-il lundi dernier en brandissant le chiffre de « 50 % de jeunes inscrits en licence [qui] ne vont pas se présenter à l’examen ». Et en pointant « un énorme problème d’#orientation et une forme de #gâchis_collectif ».

    C’est l’un des axes de la feuille de route de Sylvie Retailleau en cette rentrée. La ministre dit vouloir « une accélération de la transformation de l’#offre_de_formation pour mieux former aux savoirs et aux métiers ». « Nous devons offrir à nos étudiants des parcours qui leur permettent de devenir des #citoyens_éclairés, mais aussi d’intégrer le #monde_professionnel, souligne-t-elle. Nous n’avons pas encore gagné la bataille d’une #orientation_réussie pour le premier cycle universitaire en particulier, nous n’avons pas assez avancé sur la formation tout au long de la vie. »

    Des indicateurs pour toutes les #licences, d’ici juin

    Pour « réindustrialiser le pays, le décarboner et adapter les formations aux besoins de la société », cela passe par l’orientation dès le collège et des filières courtes ou des licences « synonymes d’un #parcours_fluide et d’une #insertion_professionnelle_réussie », complète Sylvie Retailleau.

    Des indicateurs sur les #taux_d'insertion de toutes les licences générales vont se mettre en place d’ici à juin 2024. Ils concerneront ensuite, fin 2024, les écoles d’ingénieurs, de commerce et les doctorats, pour couvrir l’ensemble du champ de l’enseignement supérieur.

    Pour investir dans les filières dites porteuses (alimentation durable, numérique…), l’exécutif mise sur les #appels_à_projet du plan #France_2030, avec « près de 20.000 places de formation [qui] seront proposées sur ces enjeux ». Et aussi sur les nouveaux contrats d’objectifs, de moyens et de performance, qui conditionnent l’argent versé aux établissements à la politique menée. Le gouvernement vient d’annoncer deux nouvelles vagues de #contractualisation.

    Dans l’enseignement supérieur, où le vocable d’« insertion professionnelle » faisait encore bondir il y a dix ans, celui de « #performance » interroge. Certains présidents d’université s’étranglent à l’idée qu’on leur ponctionne leurs fonds de roulement et que l’on sanctionne, disent-ils, leur bonne gestion. L’un d’eux, pourtant favorable à cette logique de « performance », pointe aussi « la schizophrénie d’un Etat centralisateur qui veut tout gérer, tout en tenant un discours sur l’autonomie des universités ».

    https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/les-universites-sommees-de-faire-le-tri-dans-leurs-formations-1976647

    #université #facs #ESR #enseignement_supérieur #filières_porteuses #conditionnalité #employabilité

    • La guerre aux universités est déclarée

      Après le cri d’alarme de France Universités au sujet des mesures de pouvoir d’achat et des augmentations du prix de l’énergie non compensées par l’État alors que l’inflation galope, les démissions collectives des fonctions administratives empêchant toute rentrée dans de nombreux départements universitaires (Rouen, Nantes, Paris Cité, Brest, Créteil, Tarbes, etc.), l’alerte santé et sécurité à Université Grenoble-Alpes, la sonnette d’alarme tirée par l’Assocation des directions de laboratoires (ADL) au sujet du Hcéres ou par des responsables de Départements sur la part majoritaire de l’emploi non-titulaire pour assurer les enseignements, les expulsions locatives brutales des étudiant·es logé·es par le CROUS, récemment dénoncées par la Fondation Abbé Pierre, la mise à l’arrêt administrative du CNRS avec la mise en oeuvre dysfonctionnelle de Notilus, après les multiples attaques contre les sciences humaines et sociales, qualifiés d’ “islamogauchiste” ou de “wokistes” y compris par la Ministre Vidal elle-même, et les attaques perlées de l’extrême-droite depuis plusieurs années, on ne peut comprendre la dernière déclaration de Sylvie Retailleau sur le ponctionnement des fonds de roulement universitaire que pour ce qu’elle est : une nouvelle déclaration de guerre.

      Soyez assis quand vous lirez les extraits que nous publions ci-dessous.

      S’agit-il de mettre en œuvre le programme néolibéral de privatisation du secteur de l’enseignement supérieur dévoilé dans les MacronLeaks ? De fermer des départements entiers de sciences critiques (sciences humaines et sociales, études environnementales ou climatiques), sous le feu de procès-baillons ou du courroux du président de la République lui-même ? D’achever une politique de darwinisme social consistant à affamer les plus modestes ? Sans doute tout cela et plus encore. Comment allons-nous résister ?

      https://academia.hypotheses.org/51758

    • Retailleau et le fonds de roulement des universités dans la farine.

      C’est la petite bombe qui occupe donc cette rentrée universitaire. La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, #Sylvie_Retailleau, vient d’annoncer toute honte bue, ce que même ses prédécesseurs les plus cyniquement et authentiquement libéraux n’avaient pas osé formuler : elle va aller taper dans le fonds de roulement des universités (pour contribuer à l’effort pour réduire la dette de l’état, hahaha, nous y reviendrons).

      Alors pour bien comprendre à quel point cette annonce est mortifère, et cynique, en plus d’être simplement conne, et super conne même, il faut déjà savoir ce qu’est un fonds de roulement. C’est donc, une fois recettes escomptées et dépenses décomptées, le solde de l’argent disponible pour assurer et couvrir les dépenses courantes liées à l’activité d’une entreprise : payer le salaire des employé.e.s, les frais généraux (loyers, assurances), les factures mais aussi les charges fiscales et sociales.

      [mise à jour du soir] Ils avaient déjà fait le coup en 2015 en ponctionnant le fonds de roulement de plus d’une quarantaine d’universités : https://www.letudiant.fr/educpros/actualite/budget-la-repartition-des-dotations-2015-des-universites.html [/mise à jour]

      Paradoxe de voir qu’alors que depuis le passage à la LRU il y a plus de 10 ans chaque gouvernement somme les universités de fonctionner et d’être gérées comme autant d’entreprises où chaque formation doit être rentable, et que le même gouvernement vient aujourd’hui annoncer qu’il va venir pépouze faire ce que jamais il ne ferait à aucune une entreprise : taper dans la caisse.

      Ce fonds de roulement des universités est estimé par Retailleau à un milliard d’euros. Un milliard forcément c’est un chiffre qui claque. Mais qui doit être divisé par le fait qu’il y a 72 universités en France (parmi au total environ 120 établissements d’enseignement supérieur public). Je vous laisse faire la division (en médiane cela fait 13 millions par université). Ça claque déjà un peu moins. Et ça claque encore moins quand on sait que le budget global d’une université comme celle de Nantes et d’un peu plus de 350 millions d’euros par an, et que dans ce budget, l’état “oublie” de verser environ 290 millions d’euros c’est à dire l’équivalent, pour Nantes, d’environ 400 euros par an et par étudiant.e. Que sur la base de ce constat (largement partagé par l’essentiel des 52 universités françaises), l’actuelle ministre vienne nous expliquer qu’elle va taper dans la caisse du fonds de roulement des universités au motif qu’elles en seraient mauvaises gestionnaires et devraient participer à l’effort national donne quand même envie de lui infliger des trucs que la morale et les émissions pour enfant réprouvent à l’unisson.

      Parce que face à la diminution constante du financement par l’état (voir plus bas), ce fonds de roulement est souvent la dernière poche de survie des universités pour financer les postes “sur ressources propres”, postes qui explosent pour venir compenser ceux que l’état ne crée plus, postes sans lesquels plus aucune université n’est en mesure de fonctionner.

      Ce fonds de roulement c’est également la dernière poche de survie permettant aux universités de financer les mesures bâtimentaires de campus qui souvent tombent en ruine ou sont totalement inadaptés au changement climatique, problématiques dont l’état se contrecogne au motif de “l’autonomie”.

      Voilà donc pour la première salve de celle que l’on imaginait, par contraste avec la précédente, en Oui-Oui Retailleau partageant à chaque Tweet sa vie d’influenceuse campus, et que l’on découvre – sans trop de surprise – en Terminator Retailleau avec un plan de route clair : faire en sorte qu’à la fin du deuxième et dernier mandat d’Emmanuel Macron il ne reste plus que les cendres de ce que fut l’université publique ouverte à toutes et tous. Et c’est là qu’intervient la deuxième lame, balancée dans l’interview que Macron a donné à Hugo Décrypte, interview dans laquelle il annonçait qu’il allait falloir que les universités se concentrent sur les filières rentables et ferment les autres. Et c’est vrai après tout, qu’est-ce que la construction de l’intelligence et du regard critique au regard de l’exercice de la performance et de la rentabilité ?

      Macron veut donc achever l’université publique, la grand remplacer par des formations privées, et limiter le champ des connaissances publiques à quelques cénacles et universités qu’il dit “d’excellence” là où toutes les autres composantes de l’université publique ne tendraient qu’à former cette main d’oeuvre intermédiaire si nécessaire et légitime, mais qu’on ne comprend pas bien de quel droit et au nom de quel projet de société on voudrait priver de la possiblité de s’instruire autrement que dans des compétences purement opérationnelles et définies par les besoins immédiats du Medef. Si Ricoeur était encore vivant et s’il croisait Macron aujourd’hui, il n’en ferait pas son (très provisoire) assistant éditorial mais il le démarrerait illico.

      Le résultat de cette rentrée en mode “défonce-les Sylvie” c’est donc, premier temps : “bon bah on va terminer le travail consistant à vous étrangler financièrement” (ça c’est la ponction dans les fonds de roulement), et le deuxième temps c’est, “bon bah puisque vous n’aviez déjà plus les thunes de l’état permettant de créer des postes, de financer le GVT (Glissement Vieillesse Technicité), et tout un tas d’autres choses initialement “régaliennes”, vous n’aurez pas non plus le peu de liquidités qui vous permettaient de colmater l’immensité des brèches RH, bâtimentaires, stratégiques, et qui achèveront de conduire à votre effondrement.”

      Il y a déjà bien longtemps que l’idée est là, depuis Pécresse et Sarkozy exactement, mais jamais elle n’avait été posée et affirmée publiquement avec autant de cynisme et de mépris.

      Pour Le Monde, cela donne ceci :

      “Mieux gérer leurs fonds et contribuer à réduire la dette publique“. Hahaha, difficile d’être contre. Imaginez : non seulement nous serions forcément mauvais gestionnaires et en plus de cela nous refuserions de contribuer à réduire la dette publique.

      Les Echos font oeuvre journalistique plus sincère en posant le seul et réel enjeu visé par Macron et Retailleau : faire le tri dans les formations.

      Fini de jouer. On garde juste le rentable, le Medefiable, le corvéable et selon des critères définis par … ? Le marché, les intérêts privés, les politiques libérales. Pourquoi pas hein, après tout on ne va pas demander aux libéraux de faire des plans quinquennaux, ni aux étourneaux d’avoir l’acuité des aigles. Nous y voilà, les rentiers et les banquiers sont à table et ne bouffent que du rentable. Et on aura “‘des indicateurs” pour le mesurer. Alors soyons francs, cela fait plus de 25 ans que je suis à l’université, j’ai créé et piloté des formations, j’ai vu et échangé et collaboré avec des collègues pour en créer et en piloter d’autres, il y a toujours eu des indicateurs, et il y en a toujours eu à la pelle. Des études longitudinales sur le taux d’insertion des étudiant.e.s, des indicateurs de “performance” demandés par le ministère ou les conseils d’administration et conseils académiques des universités et concernant, tout à trac, l’adéquation avec le bassin d’emploi, les sources de “flux entrants” d’étudiant.e.s, la redondance avec des formations sur le même sujet, etc. Sans parler des évaluations régulières qui arrivent en moyenne tous les 3 ou 4 ans pour affiner et ajuster la pertinence et l’intérêt des formations publiques. Des indicateurs il y en a donc toujours eu partout à l’université publique surtout depuis la LRU (et même avant), et il faut répondre de ces indicateurs pour ouvrir des formations comme pour les maintenir ouvertes. Là où, rappelons-le aussi, les formations privées à 10 000 euros l’année pour des promotions de 15 étudiant.e.s client.e.s se torchent le cul avec les critères qualité et les constants processus d’audit et d’évaluation auxquels sont soumises les formations publiques. Non franchement, présenter le fait de développer des indicateurs à l’université comme une nouveauté ou comme une solution pour mesurer la pertinence, la légitimité et même l’adéquation au marché de nos formations, c’est déjà être diplômé d’un post-doctorat en foutage de gueule.

      Le problème de cette énième et peut-être ultime attaque frontale contre l’université c’est qu’elle s’aligne avec les différents effondrements déjà vécus par l’université publique depuis l’invention de leur assignation à l’autonomie.

      Effondrement du financement de l’état par étudiant, en baisse de 14% entre 2008 & 2022 (et de 7% rient qu’entre 2017 & 2022).

      Effondrement de la condition étudiante sur le plan du logement, chaque rentrée universitaire désormais des étudiant.e.s dorment à la rue faute de pouvoir se loger.

      Effondrement de la condition étudiante sur le plan alimentaire : les distributions et épiceries solidaires explosent et transforment chaque campus en succursale des restos du coeur. Et l’on voit bien ce qu’il advient aujourd’hui aux restos du coeur. Mais si Terminator Retailleau trouve le temps d’aller prendre la pose en train de bouffer des coquillettes au Resto U, on ne l’a toujours pas aperçue dans une file de distribution alimentaire. L’invitation est lancée : la première de cette année à l’IUT de La Roche-sur-Yon aura lieu le 21 septembre. Pour un petit campus d’une petite ville universitaire on attend encore 250 étudiant.e.s. Comme à chaque fois et comme deux fois par mois, depuis déjà 3 ans. Que la ministre n’hésite pas à y passer nous rencontrer.

      Et que dire de l’effondrement de la santé mentale de nos étudiant.e.s, largement corrélé aux deux effondrement précédents.

      Effondrement aussi de la condition des doctorant.e.s et post-doctorant.e.s, bac +8, bac +12, des CV académiques en face desquels celui de Sylvie Retailleau ressemble à la bibliographie d’un rapport de stage d’étudiant de première année, des années à faire des cours avec un salaire indigne, et à la fin … juste rien. Rien d’autre qu’une précarité toujours plus forte, rien d’autre qu’un mépris toujours plus affirmé.

      Effondrement, même, de ce qui devrait pourtant cocher toutes les cases de ces formations courtes et professionnalisantes et rentables tant mises en avant par ce gouvernement de putains de pénibles pitres. Les IUT sont en train de massivement s’effondrer. Ils ne tiennent pour l’immensité d’entre eux que par les financements liés à l’alternance qui représentent parfois plus de 80% du budget global de ces composantes. La moindre variation dans les aides de l’état à l’alternance (qui sont en réalité des aides directes aux entreprises) et c’est la moitié des IUT de France qui ferment au moins la moitié de leurs formations et des dizaines de milliers d’étudiant.e.s qui se trouvent, du jour au lendemain, sur le carreau. En plus de ce modèle si puissamment fragile, vous n’en avez jusqu’ici pas entendu parler dans les journaux mais un nombre tout à fait inédit d’IUT sont cette rentrée “en mode dégradé” comme la sabir libéral managérial nous a appris à nommer les situations de souffrance, de révolte et de mobilisation. En IUT mais aussi en STAPS, dans un nombre inédit de campus, des milliers d’étudiants ont effectué leur rentrée “en mode dégradé”. Comprenez : ils et elles n’ont pas de cours, et/ou pas d’emplois du temps, et/ou plus de directeur des études, et/ou plus de responsables de formation, et/ou plus de responsables de département.

      Les démissions administratives atteignent un volume tout à fait stupéfiant et inédit qui colle à la fois à l’épuisement de l’ensemble des personnels et à l’inéquité mortifère des “primes” ou des revalorisations salariales auxquels ils et elles peuvent prétendre. Angers, Nantes, Niort, Caen, Toulouse, Lorient, mais aussi Marseille, Lyon, Strasbourg, Lille … Presqu’aucune ville universitaire n’est épargnée par ces rentrées “en mode dégradé”. Demain Lundi 11 septembre a lieu la grande journée de mobilisation de ce qu’on appelle les ESAS (les Enseignant.e.s du Secondaire Affecté.e.s dans le Supérieur). Celle et ceux qui font, avec les vacataires toujours méprisés, tourner tant de filières de formation à l’université. A part quelques articles dans quelques médias locaux, aucun article dans aucun journal national sur cette rentrée universitaire totalement inédite aussi bien dans l’effondrement que dans la mobilisation. A tel point que Terminator Retailleau, pour éteindre un incendie qu’elle sent devenir incontrôlable, se met déjà à balancer des promesses d’aider à hauteur de 14 millions d’euros une quarantaine d’IUT choisis pour être ceux disposant des taux d’encadrement les plus bas. C’est Bernard Arnault et son chèque de 10 millions d’euros aux Restos du coeur. Non seulement cet argent versé (peut-être …) aux IUT leur était dû dans le cadre du passage, “à moyens constants”, d’un diplôme à Bac+2 à un diplôme à Bac+3, non seulement il est largement insuffisant, mais il aurait dû, et de droit, être adressé à l’ensemble des IUT. D’autant que dans le même temps, les universités asséchées sur leurs fonds de roulement annoncent déjà leur intention de venir piquer dans la caisse de l’alternance des IUT non pas “rentables” mais simplement moins misérablement sous-encadrés que les filières non-professionnalisantes. Et c’est là tout le génie libéral d’organiser à tel point ces concurrences délétères au sein d’organismes dont on a construit la fragilité et programmé le délabrement.

      Même les président.e.s d’université. Oui. Même elles et eux, qui sont pourtant à la radicalité ce que Mickey Mouse est aux Snuff Movies, écrivent dans un communiqué que ces annonces se situent entre le rackett et l’escroquerie et appellent l’ensemble des universitaires et des étudiant.e.s à se mobiliser contre cette attaque sans précédent qui pourrait être le coup de grâce, le Big Crunch qui achèvera d’atomiser l’enseignement supérieur public en France. Alors ils le disent certes avec leurs demi-mots de demi-mous adeptes de conversations de salon plus que de Saloon, mais je vous promets que c’est l’idée. Et pour que France Universités (anciennement la CPU, Conférence des Président.e.s d’Université) se fende d’un communiqué de presse critiquant la politique du gouvernement, il faut que celui-ci ait repoussé tous les seuils de la maltraitance et du mépris. Si France Université avait été à bord du Titanic, ils auraient commencé à s’alarmer de la montée du niveau de l’eau le lendemain du naufrage et auraient demandé poliment la création d’un colloque sur l’habitat partagé entre les icebergs et les navires. Qu’ils commencent à gueuler aujourd’hui est peut-être ce qui dit le mieux l’urgence de la mobilisation contre cet effondrement.

      https://affordance.framasoft.org/2023/09/retailleau-et-le-fonds-de-roulement-des-universites-dans-la-fa

  • RSA : ces départements qui permettent de cumuler l’allocation de la CAF avec un salaire
    https://www.mercipourlinfo.fr/actualites/aides-et-allocations/rsa-ces-departements-qui-permettent-de-cumuler-lallocation-de-la-caf-

    Un contrat permettant aux bénéficiaires du #RSA de cumuler le #salaire d’un #emploi_saisonnier avec leur allocation. C’est l’initiative mise en place depuis plusieurs années par une quinzaine de #départements à travers l’Hexagone. Chargés du versement du revenu de solidarité active (RSA), ces collectivités ont décidé d’adopter cette mesure afin de favoriser l’insertion professionnelle des #allocataires et de pallier le manque de travailleurs #saisonniers.

    Le Rhône et la Marne revendiquent ainsi depuis plus de dix ans l’usage de cet instrument pour faciliter le recrutement de saisonniers dans le secteur viticole. Depuis, le dispositif s’est élargi à une quinzaine de départements dont la Gironde qui l’adopté en 2019 ou l’Aude en 2020. D’autres, comme la Somme, la Charente-Maritime ont suivi ce système et l’ont adapté aux besoins de recrutement locaux, notamment dans le #tourisme et l’#hôtellerie. La Côte-d’Or, quant à elle, propose ce type de contrat pour les secteurs de l’#aide_à_la_personne, de la #logistique, du #bâtiment, ou encore l’#entretien_propreté.

    Quelles sont les conditions pour bénéficier du cumul RSA/salaire ?

    être bénéficiaire du RSA ;
    résider dans l’un des départements proposant ce dispositif.

    Concernant le contrat de travail en lui-même, celui-ci ne doit pas excéder 300 heures réparties sur une année civile (du 1er janvier au 31 décembre, que ce soit pour un contrat ou plusieurs). Il ne reste ensuite plus qu’à envoyer une demande auprès du Conseil départemental. Celui-ci exige quelques justificatifs (généralement un contrat de travail et les bulletins de salaires perçus lors du contrat).

    Le Département se charge ensuite de faire la déclaration auprès de la Caisse d’allocations familiales (#CAF) concernée. D’autres pièces peuvent être réclamées et la procédure varie selon le département concerné. Il est recommandé de consulter les démarches à effectuer sur les sites des conseils départementaux.

    Un instrument d’insertion à l’emploi qui tend à se généraliser

    La possibilité de pouvoir cumuler RSA et travail saisonnier est largement plébiscitée par les Conseils départementaux et les élus qui y ont recours. L’objectif est de favoriser l’insertion professionnelle et de pérenniser certains emplois dans des secteurs qui peinent à recruter. « On espère voir certains bénéficiaires poursuivre dans ce milieu professionnel et passer par des formations diplômantes », déclarait Sophie Piquemal, vice-présidente à l’urgence sociale au département de la Gironde et conseillère départementale du canton Landes des Graves, dans les colonnes du journal régional Sud-Ouest.

    Élisabeth Borne, elle aussi, est favorable à ce type de dispositif. La Première ministre a annoncé le 13 mai à BFMTV, vouloir étendre à l’île de la Réunion la possibilité pour les allocataires du RSA de bénéficier du cumul de la prestation avec un emploi saisonnier. « L’Idée est de favoriser le retour à l’emploi par tous les moyens », a-t-elle déclaré lors de cette conférence de presse.

    Le dispositif reste cependant assez méconnu de la population. Ainsi, le département de la Marne a enregistré pour l’année 2019 seulement 340 contrats RSA et saisonniers pour 18 000 allocataires. En Gironde, le bilan s’élève à 281 recrutements pour la période entre juillet 2022 et janvier 2023. Le département a néanmoins étendu le dispositif à l’année pour 140 allocataires du RSA « à la demande du milieu agricole », confirme Sophie Piquemal.

    300 heures, au pire, c’est 2400€ net par an à quoi peut éventuellement s’ajouter de tous petits bouts de prime d’activité...

    #travail #emploi #insertion #revenu #travailleurs_précaires

  • Vienne : la grande précarité des jeunes travailleurs indépendants
    https://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/vienne-la-grande-precarite-des-jeunes-travailleurs-independants


    Le 24 octobre 2022, une cinquantaine de livreurs manifestent à Poitiers. © (Photo archives NR/CP Marie-Laure Aveline)

    L’#Urssaf vient de mener une enquête déclinée à l’échelle régionale sur les #travailleurs_indépendants de moins de 30 ans [que nous avons reçu par la malle poste]. Leurs revenus restent généralement très bas.

    Le 24 octobre 2022, soutenus par l’Union départementale CFDT, une cinquantaine de #livreurs travaillant pour Deliveroo ou Uber Eats manifestaient devant la mairie de Poitiers. Pour défendre leurs droits mais aussi pour attirer l’attention sur la #précarité de leur situation.

    Une étude menée à l’échelle nationale par l’Urssaf et déclinée sur le plan régional vient de confirmer cette situation, d’autant plus difficile que les intéressés sont jeunes. C’est précisément sur les moins de 30 ans que porte l’étude de l’Urssaf. https://www.urssaf.org/accueil/espace-medias/communiques-et-dossiers-de-press/communiques-de-presse/activite_eco_des_moins_30_ans.html#:~:text=les%20effectifs%20salariés-,En%20.

    Un autoentrepreneur sur six
    On constate que, s’ils ne représentent que 4,8 % des travailleurs indépendants classiques en Poitou-Charentes, les moins de 30 ans pèsent pour 14,7 % chez les autoentrepreneurs (20 % pour la France entière). Les deux tiers des livreurs à domicile (activités dites « de pose et de courrier ») ont moins de 30 ans.

    Moins de 3.000 € par an en moyenne pour les indépendants de moins de 30 ans
    Pour compenser la faiblesse des revenus de leur activité, 23 % des indépendants de moins de 26 ans l’exercent en parallèle avec un #emploi salarié [et lycée de Versailles]. La proportion passe à 13 % chez les 26-29 ans, le niveau de revenu, explique l’Urssaf, s’améliorant avec l’expérience.

    Les indépendants classiques mieux lotis
    Les revenus annuels des activités indépendantes, s’ils sont corrects pour l’ensemble de ces professionnels en Poitou-Charentes (36.869 € en moyenne en 2021), restent bas pour les moins de 26 ans : 12.909 €.

    Ces chiffres cachent des situations très contrastées : si les indépendants classiques (artisans, commerçants, prestataires de services…) même les plus jeunes vivent en général correctement de leur activité, les #autoentrepreneurs ne tirent généralement que de très maigres revenus de leur travail : 5.825 € par an en moyenne pour les 26-29 ans, deux fois moins chez les moins de 26 ans.

    #travail #revenu

  • « L’ubérisation, on ne sait toujours pas si ça va devenir rentable »

    https://www.liberation.fr/resizer/mmHZAL575_nP_IOHmjcDaAdcxZQ=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3900x2396:3910x2406)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/DVJCVBT2IJESRFE4DGB2ZH2HMM.jpg

    Flink, Weezy, Getir, Gorillas… Arrivées en France il y a deux ans, profitant du contexte de la pandémie de Covid-19, ces plateformes de quick commerce (« commerce rapide ») qui promettent la livraison de courses à domicile en un temps record ont disparu cet été, aussi vite qu’elles étaient arrivées, laissant sur le carreau des milliers de salariés sans emploi. Dernières fermetures en date : les sociétés Getir et Gorillas, mises en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris le 19 juillet 2023, après que plusieurs municipalités (Lyon, Toulouse, Paris…) ont contesté l’implantation des « #dark_stores » en centre-ville. Que dit cet échec de « l’ubérisation » de notre société ? Pour la sociologue Sophie Bernard, autrice de l’essai #Uberusés. Le capitalisme racial de plateforme (PUF, 2023), si l’opinion porte un regard plus critique sur les conditions de travail des employés, les plateformes sont loin de fournir des réponses satisfaisantes.

    Comment expliquer un échec si rapide du quick commerce en France ?

    Avant de parler de l’échec, il faut comprendre la stratégie de ces sociétés. Le modèle économique d’Uber et des sociétés de quick commerce comme Gorillas ou Getir est toujours le même, celui de la croissance à tout prix : pour s’imposer rapidement face à la concurrence, elles proposent des prestations à bas coût, permis par des investissements très importants. L’objectif est d’obtenir une position de quasi-monopole pour ensuite augmenter les tarifs. Là où ça coince systématiquement, c’est que ces sociétés adoptent une stratégie du « fait accompli », consistant à ne pas se préoccuper de la législation en vigueur ou de la contourner.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/luberisation-on-ne-sait-toujours-pas-si-ca-va-devenir-rentable-20230829_K
    https://justpaste.it/czj79

    #emploi #capitalisme_de_plateforme #quick_commerce #ubérisation

  • Le chômage des patrons explose
    https://www.leparisien.fr/economie/emploi/restaurateurs-coiffeurs-courtiers-le-chomage-des-chefs-dentreprise-explos

    Durant le premier semestre 2023, 25 296 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi. Seuls 1 % d’entre eux disposent d’une assurance.

    Un problème qui n’a guère évolué depuis des décennies, et qui peut conduire à une situation que le microcosme entrepreneurial a pris l’habitude de résumer par un sinistre « quatre D » : défaillance, dépression, divorce et death , soit « la mort » en anglais, c’est-à-dire le suicide. « Dans l’inconscient collectif, c’est tu crées ta boîte, tu es chef d’entreprise, tu n’as le droit à rien et débrouille-toi, résume Anthony Streicher. Le chômage et les chèques, ce sont pour les losers. » Sauf que, comme il le rappelle : « L’#entrepreneuriat, c’est fantastique, mais c’est aussi dangereux. Si ça ne marche pas, si vous n’avez pas anticipé, du jour au lendemain vous n’avez plus rien. »

    Des petites structures

    Une situation d’autant plus compliquée à vivre que la perte d’emploi intervient en moyenne autour de 46 ans, quand on s’est généralement constitué une vie de famille. Surtout, selon cette étude, 9 fois sur 10, il s’agit de petites structures de moins de 5 salariés avec un chiffre d’affaires qui ne dépasse pas les 500 000 € par an. « On retrouve beaucoup d’entreprises de la restauration, des services à la personne, comme les coiffeurs, mais aussi du commerce de détail, énumère Thierry Millon, directeur des études d’Altares. Des entreprises qui sont directement en lien avec le consommateur. »

    Si l’inflation générale, notamment de l’énergie, la hausse des taux d’intérêt, le remboursement de la dette Covid et notamment des prêts garantis par l’État (PGE) et des cotisations réclamées par l’Urssaf ont conduit des entreprises dans le mur, certains secteurs, comme celui de l’habillement, étaient en souffrance avant la pandémie. « Il y a aussi des secteurs d’habitude épargnés qui apparaissent, comme les courtiers, à cause du ralentissement de l’immobilier, indique Thierry Millon. _Mais aussi des dentistes, parce que les investissements sont importants, ou des infirmières et des sages-femmes parce que les charges augmentent plus vite que le chiffre d’affaires. » [où qu’elles démissionnent pour faire de ’l’intérim ? ndc]_

    Liquidation « Du jour au lendemain, je vais me retrouver sans revenus »

    Seulement 1 % des patrons ont souscrit une assurance chômage en cas de défaillance de leur entreprise. Certains par ignorance de l’existence de ce type de contrats dédiés aux chefs d’entreprise, beaucoup pour des raisons financières.

    Antonin a commencé à activer son réseau, s’est inscrit sur un site d’offres d’emploi tout en répondant à des annonces sur LinkedIn. Après quinze ans à la tête d’une entreprise de formation, le quadragénaire, père de famille, ne se fait guère d’illusions : « Elle va disparaître, lâche-t-il sans sourciller. Dans quelques semaines, c’est la fin. » Un saut dans l’inconnu qu’il a du mal à appréhender : « Certains soirs, je suis zen, d’autres, je suis angoissé, limite dépressif. Du jour au lendemain, je vais me retrouver sans revenus. »
    Car l’homme, de nature plutôt optimiste, n’a jamais souscrit d’assurance chômage.

    Cette situation, il ne l’avait pas vraiment anticipée. « Finalement, tout est allé très vite, se remémore le chef d’entreprise. Jusqu’en 2018, tout allait bien, nous avions un chiffre d’affaires de près de 850 000 € par an, des clients réguliers, dix salariés, une trentaine de sous-traitants et plusieurs sites de formation en Île-de-France et en Isère. Et puis quand le secteur de la formation a été réformé, tout s’est ubérisé. Là où on dispensait des formations dans des locaux, avec des personnels formés, on s’est retrouvé en concurrence avec des coachs de vie qui proposaient des formations en ligne. »
    Dès lors, les prix s’effondrent. « Le bilan de compétence de 24 heures, facturé 2 250 €, est passé entre 1 200 € et 1 500 €, raconte Antonin. On a dû investir dans de nouveaux outils informatiques, se séparer de salariés, manger de notre trésorerie et l’entreprise n’a pas tenu. »
    Une situation que connaît bien Camille*, la quarantaine. Son entreprise francilienne, créée en 2009 et spécialisée dans l’immobilier tertiaire, a vu son activité baisser de l’ordre de 30 à 40 % depuis février. Résultat, sa trésorerie a rapidement fondu et elle a dû se séparer de deux collaborateurs en juillet sur les cinq que comptait sa société. Une situation d’autant plus tendue que, si tout venait à s’arrêter, comme beaucoup de dirigeants de TPE, elle n’a pas souscrit d’assurance perte d’emploi.

    #assurance_chômage_privée #emploi #chômage

  • Lyon : des salariés du magasin Apple de la Part-Dieu en grève
    https://www.bfmtv.com/lyon/replay-emissions/bonjour-lyon/lyon-des-salaries-du-magasin-apple-de-la-part-dieu-en-greve_VN-202308220135.h

    Les salariés sont en grève tous les samedis du mois d’août pour dénoncer l’organisation des plannings et les difficultés de recrutement.

    Usuellement, cela n’apparait pas. On déplore la précarité de l’emploi, on en attribue toute la responsabilité politique au patron (une évidence dans nombre de cas cf. l’intérim massif dans l’automobile). Mais ici, les grèvistes exigent de ne pas travailler, ou de moins travailler le samedi : le patron doit embaucher des précaires (#étudiants) pour que ces samedis soient assurés par d’autres ! Un tel mécanisme où les garanties arrachées par des salariés implique l’embauche de travailleurs précaires opère dans bien des situations. Sans les congés payés, il n’y aurait par exemple qu’une quantité infime de saisonniers du tourisme.
    Pour que des garanties sociales substancielles soient concédées aux précaires, encore faudrait-il que (feu) le mouvement ouvrier, le syndicat, n’en restent pas à cette vision abstraite, idéologique, du travail qui les aveugle au point de ne pouvoir prendre en compte « les chômeurs en activité à temps réduit » ou les allocataires du RSA qui sont plus ou moins cycliquement employés. Jusqu’à ce que dans les têtes le vieux dicton ouvrier "le parasite ira dormir ailleurs" subisse un renversement radical pour désigner non plus l’expropriation des rentiers et des patrons mais une contribution majeure au discrédit des « cassoss » et autres « assistés », une manière de soutien à la guerre aux pauvres qui n’est pas pour rien dans le processus de droitisation politique (partielle, et parfois réversible) qui tend à s’imposer depuis des décennies.

    #grève #emploi #emploi_précaire #précaires #travailleurs_précaires #travail

    • Ces salariés lyonnais ne sont probablement pas syndiqués ; s’ils l’avaient été ils n’auraient pas hésité à brandir le sigle de leur crèmerie syndicale, quelle que soit la crèmerie. Cette affirmation n’a pas grand-chose de scientifique mais je n’ai jamais vu de syndicaliste poser devant une caméra sans drapeau ni badge.

      Plus sérieusement.

      Demander l’embauche d’étudiants ou autres précaires, pour soulager de la charge de travail dans l’entreprise n’est pas une revendication habituelle des syndicats (ce qui ne les exonère pas d’autres critiques). En tout cas, ce n’est jamais exprimé de façon aussi caricaturale. Il y a peut être des exceptions dans le commerce (qui n’est pas la branche la plus éclairée du monde syndical) mais généralement les syndicats, même les plus réformistes, demandent traditionnellement « plus d’embauches », sous-entendu : dans les mêmes conditions que les salariés « garantis ».

      Tu as probablement raison quant à l’incapacité des « garantis » (porté notamment par le monde syndical et le monde des orgas politiques) de prendre en compte la situation des « précaires » autrement qu’en préconisant leur disparition par une intégration abstraite, obéissant à une vision d’un même monde du travail homogène, ce dernier étant par principe, réparateur. Exemples : la requalification des Ubers ou la régularisation des sans-paps étant considérées généralement comme des victoires presque définitives. Sans compter, évidemment le discours de longue date, anti-RMI et donc anti-RSA très puissant dans la base ouvrière dite « garantie ». Roussel et Ruffin n’étant que les manifestations d’un clientélisme électoral visant à satisfaire et conforter l’idéologie du « salaire légitime contre l’assistanat », cette dernière étant fortement implantée dans la population ouvrière, parfois même par des précaires eux-mêmes.

      Pour en revenir à ces salariés lyonnais d’Apple, on voit, effectivement, à quoi peut conduire, dans un contexte de dégringolade de la culture de lutte de classe (je préfère utiliser ce terme que celui de « droitisation »), les revendications de salariés limitant le champ de la solidarité à celle de leur singularité locale. C’est un grand retour vers le passé, à celui des revendications ouvrières corporatistes. Rien de très réjouissant, décidément.

    • Grève dans les Apple stores de Lyon, les raisons de la discorde
      https://tribunedelyon.fr/economie/greve-apple-lyon

      L’Apple store de la Part-Dieu a commencé un mouvement de grève le 5 août et vient de clôturer son 4e samedi de grève. Rejoint par ceux de Confluence et Dijon, le mouvement risque de prendre de l’ampleur à la veille de la sortie du nouvel iPhone [le 22] septembre.

      #paywall..., un résumé
      https://www.macg.co/aapl/2023/08/la-greve-des-employes-en-apple-store-setend-et-menace-le-lancement-des-nouveaux

      Part-Dieu faisait partie depuis 2018 d’un programme pilote pour tester une nouvelle méthode de gestion des #plannings, où les demandes individuelles étaient prises en compte dans l’organisation générale. Depuis qu’un prestataire externe s’en charge, les plannings sont devenus très rigides et le taux d’#absentéisme, jusque-là parmi les plus bas en France d’après l’article, serait monté en flèche.

      Apple voudrait aussi augmenter le nombre de #samedis_travaillés, en passant d’un samedi libre toutes les trois semaines à un seul par mois. Autre grief des grévistes, un manque de remplacements des employés qui sont partis : la Tribune de Lyon cite un élu CFDT au CSE de Confluences qui suggère qu’Apple Retail France a perdu 300 employés depuis le début de l’année, sans chercher à embaucher davantage. La filiale établie en France qui gère les boutiques répondrait qu’elle ne peut pas se le permettre financièrement, un discours qui a du mal à passer quand on voit les comptes en banque de la maison mère.
      Ce manque d’employés obligerait ceux qui restent à tout faire, y compris des tâches qui ne sont pas dans leurs compétences. Les #techniciens qui diagnostiquent et réparent les produits tout comme les créatifs qui organisent les formations doivent pouvoir vendre s’il manque quelqu’un. Et en parlant de #vendre, les grévistes remettent aussi en cause la politique tarifaire d’Apple, tant sur le prix des produits eux-mêmes que sur les tarifs des réparations.
      Les boutiques officielles s’en tiennent au prix recommandé et elles sont désarmées face aux promotions constantes des concurrents, qui sont parfois physiquement présents à quelques pas des Apple Store. Les clients boudent logiquement les magasins ornés d’une pomme au profit des Fnac, Darty et autres Boulanger, quand ils ne vont pas directement sur Amazon. On peut imaginer que les ventes ne sont pas au beau fixe pour les Apple Store, une mauvaise performance qui servirait à l’entreprise pour justifier les nouvelles méthodes de gestion des employés ainsi que les salaires qui ne suivent pas l’inflation.

      dans le commerce du capitalisme tardif, le « samedi libre » est l’inverse de ce qu’imposait l’industrialisation soviétique.

      #temps_de_travail #commerce

    • je ne t’avais pas répondu @cabou sur ce point du "corporatisme", d’être pas syndiqués et tout le toutim. puis je trouve ce qui tiendra ici lieu de résumé d’une hypothèse, déjà vérifiée et qui le sera encore (comme elle le fut d’ailleurs avec les GJ, avant que la défaite en l’absence de toute consolidation réouvre la porte au poujadisme fasciste ou à divers complotismes), "l’intelligence des luttes, [se produit] à même la matière « impure » de l’accès des ouvriers à l’autodétermination." https://www.contretemps.eu/mario-tronti-operaisme-italie-marxisme-trajectoire-politique

    • Oui je suis d’accord avec ça, d’autant que « les ouvriers » n’ont de toute façon plus d’autre choix que l’autodétermination. Probablement comme depuis toujours. Le problème étant que le fil de l’histoire semble toujours se rompre. Ce qui oblige les protagonistes successifs à recommencer les mêmes écueils comme s’ils avaient été privés de mémoire.

    • je serais sans doute, par désespoir, tenté de te rejoindre mais puisqu’aux jours qui passent il y a a arracher de la joie, on peut se souvenir, a contrario, que chaque lutte est susceptible de porter une mémoire de l’expérience des défaites (voir le Castoriadis de l’expérience du mouvement ouvrier, ou même Benjamin et sa tradition des vaincus) de décider de son héritage.

      la foi dans le primat de la conscience et dans la pédagogie hypothèque l’action des révolutionnaires et des degauche. il y a une mémoire, même non explicite, même « simplement » incorporée (les révolutions perdent face à la violence imposée par l’ennemi, ou bien elles « gagnent » et éliminent les révolutionnaires et les oppositionnels), et il y a apprentissage depuis cela, au présent, forcément, c’est à dire face à l’intenable. ce n’est que très secondairement le résultat d’une pédagogie qui est souvent un obstacle, celui de la leçon, de l’expérience qui fait de l’ombre un présent où les conditions ne sont jamais réunies (voir l’exception Lénine, nourrie de la pratique des SR du siècle antérieur et, grâce à Trostky, de 1905).

  • Italie. Le gouvernement Meloni à l’épreuve de pressions socio-politiques contradictoires – A l’encontre
    http://alencontre.org/europe/italie/italie-le-gouvernement-meloni-a-lepreuve-de-pressions-socio-politiques-c

    Comme on le sait, à la fin du mois de juillet, 169 000 familles italiennes ont reçu sur leur téléphone portable un message laconique mais inquiétant de l’Institut national de la sécurité sociale (INPS). Il disait à peu près ceci : « Le #revenu de citoyenneté est suspendu, comme le prévoit le Décret travail (Decreto Lavoro), dans l’attente d’une éventuelle intervention des services sociaux municipaux. » Ces 169 000 familles ne constituent qu’une partie des quelque 436 000 (pour un total d’environ 615 000 personnes) que le Décret travail adopté par le gouvernement Giorgia Meloni le 1er mai voulait priver du Revenu de citoyenneté (RdC), l’allocation située entre 500 et 700 euros mensuels créée par le gouvernement Giuseppe Conte 1 [membre du Mouvement 5 étoiles-M5S] en 2019 pour pallier la pauvreté croissante répandue dans le pays et surtout dans le Sud.

    Un message, celui de l’INPS, qui est d’ailleurs erroné. En effet, aucune des presque 8000 communes italiennes n’avait été prévenue qu’elle devrait faire face à la perte soudaine de revenus de dizaines de milliers de familles en plein été. De plus, les « services sociaux municipaux » ne sont pas du tout dotés de fonds adéquats pour faire face à une urgence sociale aussi importante et imprévue.

    [...]

    L’objectif est donc de contraindre de plus en plus de personnes à accepter un #emploi, quels que soient le #salaire et les modalités d’emploi. C’est ce que demande une grande partie du patronat afin de maintenir les « coûts » de production à un niveau bas et augmenter ainsi les profits.

    Ainsi, cette droite gouvernementale a décidé de faire la #guerre_aux_pauvres en cherchant également à recruter les secteurs les moins conscients de la classe ouvrière dans la configuration cette bataille ignoble.

    Mais il y a aussi un objectif politique : celui de dissiper l’important capital d’adhésion qui a permis au M5S d’occuper, lors des dernières élections, la première place dans toutes les régions du Sud.

    Malgré la parenthèse estivale, les réactions de rue contre la réduction du Revenu de citoyenneté s’organisent. Bien entendu, dans les mobilisations qui se développent surtout dans le Sud (la majorité de ceux qui seront privés du #RdC résident dans les régions méridionales), les initiateurs intègrent aussi dans leur propagande la dénonciation de toute la politique économique du gouvernement Meloni, l’augmentation des dépenses militaires, les amnisties fiscales en faveur des fraudeurs, la réintroduction (en juillet 2023) des rentes viagères [après leur suppression en 2018] pour les parlementaires [quelque 851 sénateurs et sénatrices, dont la rente est de 5522 euros net]…

    Une première mobilisation est prévue le 28 août à Naples, Palerme, Catane et Cosenza, et des initiatives concomitantes sont également prévues dans d’autres villes. L’initiative a été prise par le « Réseau des comités pour la défense et l’extension du Revenu » (Rete dei comitati per la difesa e l’estensione del Reddito), qui rassemble d’importants secteurs populaires d’anciens bénéficiaires du RdC, et organisée par le biais d’un certain nombre de réseaux sociaux et soutenu par des collectifs de #chômeurs et des organisations de gauche.

    #Decreto_Lavoro

  • En complément du post de @socialisme_libertaire sur la nomination de Maryline Poulain, cadre confédérale de la CGT, à la Préfecture de la région Grand-Est :
    https://seenthis.net/messages/1012195

    – L’article du site Où va la CGT des militants de de l’OCML Voie Prolétarienne au sein de la CGT :

    Maryline Poulain officiellement nommée préfète de Darmanin - Où va la CGT ?
    http://ouvalacgt.over-blog.com/2023/07/maryline-poulain-officiellement-nommee-prefete-de-darmanin.html

    Maryline Poulain officiellement nommée préfète de Darmanin

    Alors qu’un nouveau tour de vis anti-immigrés est prévu pour l’automne, c’est elle-même, ancienne responsable confédérale CGT sur l’immigration, qui l’annonce (voir les captures ci-contre) : « Extrêmement fière et honorée d’avoir été nommée en conseil des Ministres de ce jour « Préfète pour l’égalité des chances » auprès de la Préfète du Bas-Rhin, préfète de la région Grand-Est ». Et ce n’est pas un piratage, puisque le Compte rendu du Conseil des Ministres annonce la nomination officielle. Et elle complète : « Merci au Président de la République Emmanuel Macron, à la Première Ministre Elisabeth Borne et à Gérard Darmanin pour leur confiance ». Merci aux responsables des lois Travail, à la répression des Gilets Jaunes, à la réforme des retraites, à la mort de Nahel ??? Une ancienne responsable confédérale CGT ??

    Alors, qu’en pensent tous ses copains par exemple à l’UD de Paris ? Une réaction ? Lol !

    – Le portait du Monde de Maryline Poulain, du 5 août 2022 :

    Marilyne Poulain, ou les années de défense des travailleurs migrants
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/08/05/marilyne-poulain-ou-les-annees-de-defense-des-travailleurs-migrants_6137275_

    Marilyne Poulain, ou les années de défense des travailleurs migrants

    Celle qui a porté des milliers de régularisations quitte ses fonctions au sein de la CGT, usée. Son savoir-faire était apprécié dans les entreprises et les ministères.

    Par Julia Pascual
    Publié le 05 août 2022 à 15h00, modifié le 06 août 2022 à 02h05

    Marilyne Poulain, à Figari (Corse-du-Sud), le 27 juillet 2022. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

    Nous sommes début 2020, dans les locaux vieillots de la CGT du 19e arrondissement de Paris. Une centaine d’hommes se sont serrés dans une salle de réunion. Ils sont Maliens, Mauritaniens, Sénégalais… Livreurs, plongeurs, ripeurs… Tous travailleurs. Tous sans-papiers. Bientôt, ils sortiront de l’ombre et exigeront de leurs patrons d’accompagner leur demande de régularisation devant le ministère de l’intérieur.

    https://jpst.it/3kpGv

    • Sur l’immigration, la gauche cherche à faire entendre sa voix
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/16/sur-l-immigration-la-gauche-cherche-sa-voix_6177854_823448.html

      Sur l’immigration, la gauche cherche à faire entendre sa voix
      Par Sandrine Cassini et Julia Pascual
      Publié le 16 juin 2023 à 05h00, modifié le 16 juin 2023 à 18h25
      La Nupes ne veut pas laisser le terrain politique à la droite et à l’extrême droite alors que le gouvernement prépare son projet de loi sur l’immigration. Mais l’entreprise est difficile tandis que les forces de gauche sont divisées sur le sujet et que l’opinion publique s’est raidie.

      [...]
      Les partis de gauche semblent craindre d’apparaître en décalage avec leur électorat alors que, ces dernières années, l’opinion publique dans son ensemble s’est crispée. « La moitié des gens de gauche peuvent approuver un durcissement des conditions d’accueil des étrangers en France », constate Brice Teinturier. Revers de la médaille, en donnant l’impression « d’avoir des idées qu’elle n’assume pas, la gauche a perdu la bataille idéologique », estime le politologue Rémi Lefebvre.

      Réunion dans la plus grande discrétion

      Mais, à l’heure où Marine Le Pen ne cesse d’engranger des forces à quatre ans de la présidentielle de 2027, ce supposé « déni » n’est plus tenable. L’exécutif a lancé à l’automne un projet de loi sur l’immigration, prévoyant à la fois des régularisations sur les métiers en tension et un durcissement des conditions d’accueil des étrangers. Même si le gouvernement d’Elisabeth Borne cherche à négocier avec la droite sur ce texte attendu avant l’été, son porte-parole, Olivier Véran, a exhorté la gauche à ne pas rester « en dehors de ce débat ».
      Dans la plus grande discrétion, une quinzaine de députés et sénateurs se sont réunis le 31 mai au sous-sol du Bourbon, la brasserie qui jouxte l’Assemblée nationale, à l’invitation de Pascal Brice, ancien directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides et de Marilyne Poulain, ancienne référente de la CGT sur les travailleurs migrants. Ce rendez-vous discret avait pour objectif de « proposer à des parlementaires des convergences face à un débat politique qui nous inquiète », explique M. Brice, aujourd’hui président de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui réunit plus de 800 structures de lutte contre l’exclusion.

      Parmi les convives figuraient le président des députés socialistes, Boris Vallaud (Landes), l’élu de la Somme François Ruffin (LFI), le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, ainsi que le député de la Vienne et président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Sacha Houlié (Renaissance). « Le but est de faire passer des messages, et notamment que tout n’est pas à jeter dans le projet de loi, explique M. Houlié, une des figures de l’aile gauche de la Macronie. La régularisation de plein droit pour les travailleurs sans-papiers constitue un pas important. »

      https://jpst.it/3kpLK

      Donc l’affaire était déjà bien engagée, dès le 31 mai dernier. Et il est vrai que la CGT - organe confédéral - ne s’est jamais clairement opposée frontalement à la notion de « métiers en tension » de Darmanin, notamment sur le fait que l’État organisait un tri entre les « bons immigrés, dont on a besoin » pour satisfaire les nécessités du marché de l’emploi et les autres :

      https://cgtpoleemploiara.fr/declaration-de-la-cgt-sur-le-plan-metiers-en-tension-2022

      Tiens, j’en profite, puisqu’il est fait mention dans cet article du Monde, du terme no border pour rappeler qu’en France, avant qu’on utilise ce terme à toutes les sauces, il existait un journal, expression des travailleurs immigrés en lutte, qui s’appelait Sans Frontière :

      https://agitations.net/2021/11/09/la-presse-des-travailleur%C2%B7ses-maghrebin%C2%B7es-en-france
      Sans Frontière
      1979-1985


      En 1972 est fondé par un groupe de travailleurs immigrés issus du Maghreb, le Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA), très lié à différents courants communistes post-Mai 68, comme le groupe Gauche Prolétarienne. Il fut notamment très impliqué dans la grève des loyers de foyers SONACOTRA dont nous avons parlé. En 1979, après la dissolution du MTA, certains de ses anciens membres décident de fonder le journal Sans Frontière afin de donner une tribune d’expression aux différentes communautés de travailleur·ses immigré·es. Le journal, tantôt hebdomadaire, tantôt mensuel, se veut indépendant vis-à-vis des organisations politiques classiques d’extrême-gauche ou des mouvements nationalistes des pays arabes. Il se fixe plusieurs objectifs : « favoriser l’insertion des immigrés résidant en France, être vigilant sur toute forme de discrimination raciale, sexiste, ou autre… ». Le journal s’investit notamment beaucoup dans la marche pour l’égalité de 1983. Il finira par être dissous en 1985, le conduisant à changer de nom et se renommer Baraka.

      Je ferme la parenthèse

    • Pour rappel, la macronie, avec cette loi sur l’immigration - version « métiers en tension » - estime faire une « ouverture politique vers la gauche » (« après la réforme des retraites de droite ») ; ce qui explique toute cette mascarade où, en définitive, les immigrés sont les dindons d’une farce politique et syndicale (mise en scène de "victoires sociales" - cad, quelques régularisations triées sur le volet - qui ne sont que les contrepartie des pires compromissions). On devrait avoir une levée de rideau pour un nouvel acte en octobre.

      J’ai la nausée.

    • ben oui, le socle de l’accord qui fabrique ce genre de #renégats parfaitement formés, c’est la sanctification de l’#emploi (#métiers_en_tension), la sanctification du travail et de la France ("en s’abattant", avait ajouté Joseph Aragon). vive le productivisme ! le produire n’importe quoi !
      j’avais oublié que Voie Prolétarienne existait, merci @cabou.
      la CGT fourni les Doriot d’aujourd’hui ou bien c’est juste Ndiaye-Blanquer à l’étage du dessous ? pas un Leschi (ex trotro) de plus en tout cas (décadence du PCF : il s’est fait doublé au sommet par des sortis de la IV).

      #CGT #sans-papiers #régularisation #migrants #renégate

      edit ou sont les femmes ? ça vaut le coup de regarder, en même temps- le pédigrée d’une autre fuckin’ « préfète à l’égalité », je spoile, elle s’appelle ni Robespierre ni Olympe de Gouges
      https://www.mediapart.fr/journal/france/150723/lydia-guirous-nommee-prefete-l-egalite-des-chances-macron-promeut-la-droit

      re et on s’étonne qu’une certaine méfiance, voire une hostilité déclarée puisse viser le SO CGT à Paris et ailleurs

      #chauvinisme_prolétarien

  • RSA sous condition : dans les départements tests, la logique de droits et devoirs déjà bien acceptée - Capital.fr
    https://www.capital.fr/votre-carriere/rsa-sous-condition-dans-les-departements-tests-la-logique-de-droits-et-devoi

    TÉMOIGNAGE - Le projet de loi pour le plein emploi, examiné à partir de ce lundi au Sénat, prévoit, entre autres, de conditionner le versement du #RSA à un minimum d’#activité. Cette réforme sera dans un premier temps testée dans 18 départements, jusqu’à fin 2024. Retour de terrain de deux territoires déjà lancés dans l’expérimentation.

    on nous présente des ravis de la bienveillante schlague

  • France Travail : « Les travailleurs handicapés sont utilisés comme variable d’ajustement du marché du travail », Pierre-Yves Baudot et Jean-Marie Pillon.

    Le chantier France Travail ouvert par le gouvernement et le projet de loi « plein-emploi » présenté en conseil des ministres visent, entre autres, à intégrer les travailleurs handicapés dans le droit commun. L’intention est louable. La manière mérite toutefois une mise en perspective.
    Cette inclusion dans le marché de l’emploi se fait sans réfléchir à la façon dont le travail « produit » le handicap : en usant le corps d’une part (troubles musculosquelettiques, accidents du travail, dépression), en éloignant de l’autonomie financière les moins productifs d’autre part (sélectivité du marché du travail, intensité des cadences, organisation standardisée du travail).
    Elle se fait également en pensant le problème de l’inclusion comme une question d’appariement : ce qu’il manquerait aux travailleurs handicapés pour travailler, ce serait uniquement de l’information, de l’accompagnement et un travail d’intermédiation pour les rapprocher des employeurs.

    Augmenter le nombre de personnes employables

    Il n’y a rien dans ce projet de loi qui soit relatif à l’accessibilité ou à l’aménagement des postes de travail, rien non plus sur les obligations des employeurs, rien, enfin, sur l’accessibilité des zones d’activité. Ces occultations sont liées aux objectifs visés par cette réforme. D’une part, celle-ci s’inscrit dans une trajectoire de réformes visant à augmenter le nombre de personnes employables.

    Les lycéens en bac techno seront plus facilement accessibles aux entreprises via des guichets de stage installés dans les lycées, les demandeurs d’emploi seront incités à accepter plus facilement les offres d’emploi, leur durée d’indemnisation étant réduite. Les bénéficiaires du RSA devront travailler presque gratuitement pour conserver leurs droits. L’ensemble des salariés devra travailler deux ans de plus pour espérer une retraite à taux plein.

    Dans une période qui se rapproche statistiquement du plein-emploi, cet accroissement de la main-d’œuvre disponible vise à limiter la hausse des salaires induite par la raréfaction du nombre de personnes sans aucun emploi. Ces réformes n’ont pas pour objectif de réduire le nombre de personnes en sous-emploi (à temps partiel ou en emploi discontinu) ou de personnes vivant des minima sociaux. Au contraire : la réforme de l’assurance-chômage verra croître le nombre de travailleurs pauvres.

    La réforme des retraites augmentera, selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) le nombre de personnes vivant grâce au RSA (+ 30 000 bénéficiaires) et augmentera le coût pour l’Etat de cette prestation (+ 150 millions d’euros pour le RSA). Le nombre de bénéficiaires et le coût de l’allocation adulte handicapé devraient aussi augmenter (+ 510 millions d’euros pour l’AAH) , beaucoup de travailleurs usés ne pouvant pas continuer deux ans de plus.

    Inclusion ou véritable émancipation ?

    D’autre part, cette réforme introduit une bascule cruciale.
    Historiquement, les personnes handicapées avaient été épargnées par l’injonction au travail salarié, compte tenu des causes de leur handicap (accident du travail, invalidité de guerre, maladies chroniques). On mesure alors le pas important qui a été franchi pour que l’ancienne secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, ait pu dire « tout le monde est employable ».

    Certes, nul ne revendique que toute personne handicapée reste chez elle à attendre que le temps passe. Mais l’inclusion sur le marché ordinaire est ici imposée dans des conditions peu propices à une véritable émancipation. Le cas anglais nous alerte : au début des années 2010, le gouvernement britannique avait lancé une politique comparable, avec pour corollaire une hausse des #décès et du taux de #pauvreté (de 23 à 27 % entre 2013 et 2020) dans les foyers comptant une personne handicapée.

    A cela s’ajoute un enjeu institutionnel important : la réforme réduit le rôle des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Jusqu’alors, celles-ci décidaient, sur la base d’une évaluation pluridisciplinaire, de l’orientation professionnelle des travailleurs handicapés vers le milieu ordinaire ou vers le milieu protégé. Cette orientation n’est pas exempte de critiques : elle contribuait à construire des filières de travail ségrégué, maintenant les personnes handicapées, de l’enfance à l’âge adulte, dans des structures au sein desquelles leurs droits n’étaient pas les mêmes que ceux d’un travailleur ordinaire.

    Une rupture importante

    Le projet de loi entend effectivement remédier à ceci en accordant à ces travailleurs des droits identiques à ceux des travailleurs du secteur ordinaire. Mais il ne revient pas sur une dimension essentielle : faire de la « rémunération garantie » des travailleurs d’établissements et services d’aide par le travail (ESAT) un véritable salaire. Ceux-ci constituent une main-d’œuvre sous-payée pour un travail de plus en plus soumis à des impératifs de productivité. [120 000 travailleurs handicapés sont sous-payés en ESAT]

    Dans ses versions initiales, le projet de loi annonce une rupture importante : échappant aux MDPH, l’évaluation est confiée aux conseillers de France Travail qui se fonderont davantage sur l’aptitude au travail plutôt que sur la situation de handicap. Présentée comme un élément décisif d’inclusion des personnes handicapées dans le droit commun, cette réforme amène non à produire de l’autonomie par le travail, mais à subordonner davantage les personnes handicapées aux impératifs de production de valeur marchande – qui, pour une part, produisent le handicap.

    Si le salariat peut ouvrir la voie de l’autonomie, l’adaptation des conditions de travail et d’emploi demeure un préalable. Enfin, cette réforme fait peser l’intégralité de l’effort d’accès concret au marché de l’emploi sur les personnes handicapées, tout en autorisant France Travail à ne pas s’appuyer sur leurs projets pour décider de leur orientation.

    L’insertion professionnelle n’est pas favorisée

    Cette réforme ne contient aucune disposition structurelle pour favoriser leur insertion professionnelle : pas d’accroissement de la contrainte pour les employeurs, pas d’incitation au recours à des aménagements raisonnables, pourtant promus aux niveaux européen et international. Enfin, aucune disposition relative à l’accessibilité des transports, un des éléments constitutifs de l’éloignement de l’emploi des travailleurs handicapés.
    C’est pourtant le principal frein mentionné par les jeunes handicapés dans leur accès à l’emploi. En dépit de son inachèvement affiché, cette réforme est bien porteuse d’une vision politique claire de restructuration du marché du travail dans une perspective de plein-emploi et aveugle aux enjeux de conditions de #travail, d’#emploi et de #salaire.

    Ces dimensions-là ont peu de chances d’être amendées dans un jeu parlementaire cadenassé. Et, là encore, à leur corps défendant, les #travailleurs_handicapés sont utilisés comme variable d’ajustement du marché du travail.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/07/france-travail-les-travailleurs-handicapes-sont-utilises-comme-variable-d-aj

    #France_Travail #MDPH #ESAT #RSA #AAH #retraites

    • Le projet a l’air d’augmenter par tous les moyens la masse de personnes «  employables  » pour augmenter la pression sur les salaires et garantir un volume constant voire augmentant de main d’œuvre disponible à cout contrôlé, voire déclinant.

      Une sorte de «  choc de compétitivité  » qui passerait par un appauvrissement généralisé de la classe laborieuse, tout en dégageant un maximum «  d’improductifs  » de l’équation.

  • [La Juriclik] Tout ce que tu peux faire après tes secondaires
    https://www.radiopanik.org/emissions/la-juriclik/tout-ce-que-tu-peux-faire-apres-tes-secondaires

    L’année scolaire se termine et pour certains cela marque la fin des #études_secondaires. On s’est donc dit que c’était le bon moment pour faire le point sur toutes les possibilités qui s’ouvrent aux #jeunes une fois qu’ils quittent l’école.

    Études supérieures, formations, #emploi, #année_sabbatique, #voyage, service citoyen... les opportunités ne manquent pas. On décrotique donc les différents parcours possibles et tous les impacts qu’ils entraînent, notamment au niveau des #droits_sociaux (allocations familiales, #chômage, #job_étudiant).

    Dans cette émission on aborde principalement :

    → Les études supérieures

    Quand s’inscrire, quelles études, quels diplômes, etc.

    → Les possibilités en termes de formations

    La #promotion_sociale, le #jury_central, l’alternance, #bruxelles_formation, etc.

    → Le (...)

    #stage #université #allocations_familiales #alternance #efp #information_jeunesse #bachelier #master #diplome #allocations_insertion #pause #stage_d'insertion #actiris #études_supérieurs #après_les_secondaires #travailler #haute_ecole #études_à_l'étranger #ifapme #crédits #jeunes,stage,chômage,emploi,voyage,université,allocations_familiales,job_étudiant,promotion_sociale,alternance,efp,information_jeunesse,jury_central,bachelier,master,droits_sociaux,diplome,allocations_insertion,pause,bruxelles_formation,stage_d’insertion,actiris,études_supérieurs,après_les_secondaires,travailler,haute_ecole,études_secondaires,études_à_l’étranger,année_sabbatique,ifapme,crédits
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/la-juriclik/tout-ce-que-tu-peux-faire-apres-tes-secondaires_16164__1.mp3

  • Le gouvernement veut faire 10 milliards d’euros d’économies
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/06/19/le-gouvernement-veut-faire-10-milliards-d-euros-d-economies_6178281_3234.htm

    Le ministre de l’économie Bruno Le Maire mise entre autres sur la responsabilité en matière de soins, la fin de dispositif Pinel dans le logement, la réduction progressive des avantages fiscaux sur les énergies fossiles et des aides à l’emploi.

    après la réforme des retraites, un festival de mesures d’austérité

    #santé #emploi

  • Immigration : « L’attractivité relative de la France pourrait décrocher, menaçant son économie et son modèle social »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/05/31/immigration-l-attractivite-relative-de-la-france-pourrait-decrocher-menacant

    Immigration : « L’attractivité relative de la France pourrait décrocher, menaçant son économie et son modèle social »
    Philippe Askenazy Economiste
    Au cours de la prochaine décennie, la France, sans apport migratoire externe, devrait connaître une baisse de son attrait économique par rapport aux autres pays européens, en particulier l’Allemagne, observe l’économiste Philippe Askenazy, dans sa chronique au « Monde ».
    Publié aujourd’hui à 16h09, modifié à 16h09 Temps de Lecture 2 min.
    Il y a dix ans, les projections des Nations unies affichaient un bouleversement de l’équilibre démographique en Europe : à l’horizon 2050, la France devait devenir le pays le plus peuplé de l’Union européenne. Plongée dans un hiver démographique, l’Allemagne devait perdre 10 millions d’habitants, alors que la France en aurait gagné près de 10 millions, pour approcher, au total, 75 millions. Une France plus jeune que sa voisine pouvait ainsi devenir la première puissance, à la fois humaine et économique, de l’Europe continentale. Cet espoir est aujourd’hui enterré : les dernières projections sont spectaculairement différentes. En 2050, la France métropolitaine ne compterait que 66 millions d’habitants, contre 79 millions pour l’Allemagne.
    Au-delà de la fragilité inhérente à ce type d’exercice prospectif, que s’est-il passé en dix ans ? Le mini-baby-boom français du début du siècle s’est estompé et le nombre de décès s’avère bien supérieur. Outre-Rhin, les flux migratoires ont été largement révisés. Dans un contexte de mondialisation des personnes, de guerres avec leurs cortèges de réfugiés, de croissance démographique et de changement climatique au « sud », partout, la population immigrée est en croissance. Mais, comme le décortique remarquablement le dernier ouvrage de François Héran, Immigration : le grand déni (Seuil, 192 pages, 13,50 euros), la France ne s’est pas révélée particulièrement attractive. Dans le même temps, l’Allemagne a accueilli un flux annuel moyen de 1 million de migrants en gros, pour moitié européens et pour moitié de pays tiers. Au contraste des chiffres répond un contraste vertigineux sur le plan politique. Au lieu d’en être inquiet, le pouvoir est, en aparté, soulagé que si peu d’Ukrainiens aient choisi la France comme refuge, même en comparaison avec des pays encore plus éloignés géographiquement de l’Ukraine : rapporté à la population, six fois moins qu’en Irlande, trois fois moins qu’au Portugal et deux fois moins qu’en Espagne. Que ce soit le projet Darmanin ou ceux des membres du parti Les Républicains, l’obsession est de « reprendre le contrôle » en luttant contre le mirage d’une France attractive, à coups d’une police bureaucratique coûteuse et de quotas également bureaucratiques.
    Pourtant, si la démographie naturelle française demeure plus favorable qu’outre-Rhin, les dernières projections de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), à politique migratoire constante, suggèrent une quasi-stagnation de la main-d’œuvre disponible dans les prochaines décennies. Même en éradiquant le sous-emploi, des bras manqueront pour répondre aux besoins déjà présents, à ceux induits par la dépendance et, plus encore, par la nécessaire « action d’envergure » pour le climat rappelée dans le rapport Pisani-Ferry - Mahfouz.
    L’Allemagne prépare également une grande loi sur la migration. Une crainte, partagée des Verts aux conservateurs, est que les flux actuels soient insuffisants pour garantir la pérennité de la puissance germanique au-delà de la sphère européenne et de son modèle social. L’Allemagne doit être plus attractive. Des universitaires sont mobilisés pour imaginer des innovations permettant l’acceptabilité sociale de cet impératif.
    Ainsi, une équipe internationale d’économistes sous l’égide de l’Institut d’économie du travail de Bonn (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) vient de proposer un assouplissement majeur des conditions d’immigration : l’octroi quasi automatique d’une autorisation de travail pour les ressortissants des pays tiers répondant à une offre existante d’emploi ou de formation, mais uniquement dans les entreprises couvertes par un accord collectif. Les auteurs y voient un moyen d’accroître l’attractivité de ces offres, d’éviter un dumping social et de relancer le dialogue social. En intégrant de fait la gestion migratoire dans la cogestion allemande, elle serait à la fois pertinente économiquement et acceptable socialement. Si de telles propositions sont retenues, l’attractivité relative de la France décrochera, menaçant son économie et son modèle social. Dans l’histoire, l’extrême droite française a démontré qu’elle se moquait de l’avenir de la France, mais il est étonnant que les héritiers du gaullisme soient insensibles à cet enjeu.
    Philippe Askenazy est économiste au Centre Maurice-Halbwachs (ENS-CNRS-EHESS)

    #covid-19#migrant#migration#france#politiquemigratoire#demographie#economie#immigration#emploi#postcovid#penurie#maindoeuvre

  • ÉDITO - Quand François Lenglet tente de remplir le formulaire du RSA : « Au secours ! »
    https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/edito-quand-francois-lenglet-tente-de-remplir-le-formulaire-du-rsa-au-secours-79

    Une bonne partie des Français ayant théoriquement droit au RSA n’en font pas la demande. Pour tenter de comprendre pourquoi, François Lenglet a tenté de remplir le dossier de demande de cette allocation sociale. Mais il est d’une complexité absolue.

    Regarder
    LENGLET-CO - Faut il avoir fait une grande école pour réussir à remplir le dossier d’attribution du RSA ?

    Je me suis plongé dans l’enfer administratif français, avec un cas exemplaire : le #RSA. Le Revenu de solidarité active, c’est un minima social, 607 euros par mois pour une personne seule, réservé à ceux qui n’ont pas de #revenu. Deux millions de foyers le touchent en France. Il s’agit de protéger les Français les plus démunis, et les étrangers vivant en France depuis plus de 5 ans, contre l’extrême #pauvreté. Le gouvernement veut le réformer, en imposant aux bénéficiaires d’effectuer des travaux d’intérêt général et en accompagnant davantage leur réinsertion sur le marché de l’#emploi.

    J’ai tout simplement téléchargé le formulaire de demande du RSA, et je l’ai parcouru. C’est édifiant. J’y ai trouvé le summum du raffinement bureaucratique français. Il faut rappeler que ce formulaire, le CERFA 15481 01, s’adresse à une population souvent désocialisée, faiblement diplômée, parfois au chômage depuis des années. Ce ne sont pas les pros du CERFA, pour résumer.

    Sept pages de questionnaire, donc, qui commence de façon assez classique, avec nom et adresse. Page 2, ça se complique, la situation familiale (votre situation familiale actuelle et vos droits à pension alimentaire). Page 3, situation professionnelle actuelle, la température monte. Il faut donner le numéro de SIRET de son employeur, indiquer s’il cotise à l’Urssaf, la MSA ou la CGSS, le brouillard s’épaissit.

    Mais le cœur du formulaire, c’est la page 4 : vos #ressources sur les trois derniers mois. Le meilleur est pour la fin : déclaration sur l’honneur. Au secours ! En fait, il faut un conseiller fiscal pour remplir cette affaire. Bon, alors, on pourrait vous objecter qu’il faut bien des critères pour attribuer cette aide. Mais on peut imaginer un effet pervers incroyable : davantage de monde occupé à contrôler ces formulaires qu’à aider les bénéficiaires. Pauvres agents de la #CAF, condamnés à vivre au quotidien dans cet enfer. Pauvres bénéficiaires, condamnés à signaler le moindre changement de leur situation sur ces formulaires abscons.

    En fait, à la lecture de ces pages, je repensais aux arguments des partisans du #revenu_universel – une allocation qui serait versée à tous, et évidemment reprise aussitôt à ceux qui n’en ont pas besoin par le biais de l’impôt sur le revenu. Un système simple. Pas si bête. Parce que ça permettrait aux agents publics de se concentrer sur les tâches vraiment utiles.

    #contrôle #bureaucratie

  • « Pays-Bas, un empire logistique au coeur de l’Europe » : https://cairn.info/revue-du-crieur-2023-1-page-60.htm
    Excellent papier du dernier numéro de la Revue du Crieur qui montre comment le hub logistique néerlandais a construit des espaces dérogatoires aux droits pour exploiter des milliers de migrants provenant de toute l’Europe. Ces zones franches optimisent la déréglementation et l’exploitation, générant une zone de non-droit, où, des horaires de travail aux logements, toute l’existence des petites mains de la logistique mondiale dépend d’une poignée d’employeurs et de logiciels. L’article évoque notamment Isabel, le logiciel de l’entreprise bol.com qui assure la mise à disposition de la main d’oeuvre, en intégrant statut d’emploi, productivité, gérant plannings et menaces... optimisant les RH à « l’affaiblissement de la capacité de négociation du flexworker ». Une technique qui n’est pas sans rappeler Orion, le logiciel qui optimise les primes pour les faire disparaitre... https://www.monde-diplomatique.fr/2022/12/DERKAOUI/65381

    Les boucles de rétroaction de l’injustice sont déjà en place. Demain, attendez-vous à ce qui est testé et mis en place à l’encontre des migrants qui font tourner nos usines logistiques s’élargisse à tous les autres travailleurs. #travail #RH #migrants

  • France Travail : les contours du futur service public de l’emploi se précisent
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/04/19/france-travail-les-contours-du-futur-service-public-de-l-emploi-se-precisent

    Promesse de campagne du candidat Macron en 2022, la création de France Travail est un outil primordial pour l’exécutif dans sa quête du plein-emploi – un taux de chômage à 5 %, contre un peu plus de 7 % aujourd’hui – à horizon 2027. Si la nouvelle structure va remplacer Pôle emploi, l’opérateur public actuel, l’ambition va bien au-delà et réforme tout le service public de l’emploi. « Compte tenu de la dispersion des acteurs et des responsabilités, aucun acteur, pas même l’Etat, n’est aujourd’hui en mesure d’identifier l’ensemble des personnes dépourvues d’emploi sur son territoire », déplore le rapport.

    Meilleure coordination

    C’est pour répondre à ce manque de coordination et sortir d’un fonctionnement en silo que doit être bâti le réseau France Travail. Ce dernier doit permettre à tous les acteurs de l’emploi et de l’inclusion de travailler ensemble. Les missions locales deviendront ainsi France Travail jeunes, et les Cap emploi France Travail handicap. Pour simplifier les échanges entre tous ces acteurs, l’opérateur France Travail doit devenir la porte d’entrée unique pour l’ensemble des demandeurs d’emploi avec un partage large des données.

    [...]
    L’objectif du futur service public de l’emploi est d’identifier rapidement les demandeurs d’emploi, avec pour objectif de les orienter vers la structure adéquate, en réduisant considérablement les délais à l’œuvre actuellement. Après cette première étape, France Travail doit « garantir des parcours de retour à l’emploi (…) adaptés au niveau d’autonomie et aux besoins de chacun », indique le rapport. Un contrat d’engagements réciproques sera alors signé entre le demandeur d’emploi et un référent individuel.

    [#RSA avec travail contraint] Une mesure d’#accompagnement_intensif potentiellement explosive politiquement. Pour démontrer son efficacité, Thibaut Guilluy compte s’appuyer sur les expérimentations menées depuis début avril (...)
    https://justpaste.it/ceb6p

    #France_travail : à quoi va ressembler le nouveau service de l’aide à l’#emploi
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/exclusif-france-travail-a-quoi-va-ressembler-le-nouveau-service-de-laide-a-

    Le ministre du #Travail, Olivier Dussopt, présente ce mercredi le rapport de la mission de préconfiguration du futur service national de l’emploi, promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Objectif : plusieurs centaines de milliers d’emplois supplémentaires pour atteindre le #plein-emploi.

    #paywall

    • Avec France Travail, l’exécutif veut remettre les précaires au boulot, bâton à la main

      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/190423/avec-france-travail-l-executif-veut-remettre-les-precaires-au-boulot-baton

      L’exécutif a dévoilé les grandes lignes d’une vaste réforme du service public de l’emploi, prévue dès 2024. Pour atteindre le « plein-emploi », il prône une collaboration plus efficace de toutes les institutions existantes, une obligation d’inscription des bénéficiaires du RSA et une refonte du système de sanctions.

      Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi, a remis le rapport sur lequel il planche depuis huit mois : 274 pages et 99 propositions pour atteindre « le plein-emploi » – soit un taux de chômage à 5 %, contre 7 % actuellement.

      https://justpaste.it/28wl3

      La mission France Travail recommande par ailleurs un système de sanctions « plus progressif », misant « sur une approche globale de la situation du bénéficiaire et un regard pluridisciplinaire, plutôt qu’une approche mécaniste ». En d’autres termes, prendre en compte la situation des personnes avant de les priver de ressources. « Ainsi, conclut le rapport, l’écosystème des obligations/sanctions pourrait sortir de la logique “une faute, une sanction” […] qui consomme beaucoup de temps et laisse peu de place aux échanges en lien avec le retour à l’emploi. » Ce dernier point pourrait séduire le médiateur national de Pôle emploi qui prône, de longue date, une « gradation » des sanctions.

      Si le but de France Travail est la simplicité, sa mise en œuvre paraît à première vue fort complexe. Elle suppose que tous les acteurs cités arrivent à travailler ensemble, et à bâtir des procédures et référentiels communs, ce qui n’est pour l’heure pas garanti, y compris sur le versant technique.

      Les diverses institutions qui devront coordonner leurs actions ne partagent bien souvent pas même un simple logiciel de suivi, et on se souvient du crash du RSI, la sécurité sociale des indépendants, pour ces raisons en 2008.

      La mise en commun devrait donc se faire progressivement pour l’horizon 2027. « Nombre de propositions auront [...] vocation à être expérimentées dès 2023 avec quelques régions volontaires avant de les étendre à tout le territoire national nourries par les apprentissages du terrain », précise tout de même le rapport.

  • Silence dans les champs

    Depuis les années 1960, le « système » agro-industriel fait naître des empires transnationaux et des #baronnies_rurales. Il crée des #usines et des #emplois. Il entraîne la disparition progressive des #paysans, l’#asservissement de nombreux salariés de l’#agroalimentaire, l’altération des écosystèmes et la généralisation de la nourriture en boîte. Il s’impose au nom de la realpolitik économique et de la foi dans une certaine idée du « #progrès ». Il prospère grâce à la bienveillance, l’impuissance ou la lâcheté des autorités. Il engendre ses propres mythes, capables de façonner durablement les mentalités. Il enrichit considérablement une minorité, alors que certains se contentent de survivre grâce aux subventions ou doivent s’estimer heureux parce qu’ils ont un travail. Il fait taire des récalcitrants à coups de menaces, de pressions, d’intimidations, de calomnies ou de sabotages. La #violence est son corollaire. Le #silence, son assurance-vie. Comment le définir ? « #Féodalité », répondent les uns. « #Esclavage_moderne », disent les autres. « #Oligarchie » ou « #mafia », jurent certains...
    Enquête au long cours jalonnée de témoignages saisissants, Silence dans les champs est une immersion glaçante dans le principal territoire agro-industriel de France : la #Bretagne.

    https://www.arthaud.fr/silence-dans-les-champs/9782080280886
    #livre #agriculture #industrie_agro-alimentaire

  • Plutôt chômeuses et chômeurs que contrôleurs !
    Une action dédiée aux blessés de Sainte-Soline.
    (reçu par mel, icono prise sur l’oiseau chien)

    Nous avons distribué ce tract mercredi 5 avril, au cours de la session de recrutement organisée par la préfecture de police de Paris dans les locaux de l’agence Pôle emploi Daviel (Paris 13). Lors de cette intervention, un cadre de l’agence a cru bon de demander « sa pièce d’identité » à une des personnes présentes, avant de guider la police jusque dans la rue pour faciliter leurs recherches, rendant ain- si manifestes - s’il en était besoin - les affinités entre les logiques de contrôle de Pôle emploi et celles de la police.

    Nous nous opposons à l’injonction au travail en général, dans les secteurs en ten- sion en particulier, et a fortiori dans les métiers de la sécurité. Nous nous oppo- sons également à l’intensification des logiques de répression, qui frappe tout ce qui bouge et à la vidéo-surveillance algorithmique qui est précisément conçue à cette fin.

    Cette action est dédiée aux blessés de Sainte-Soline.

    Un groupe issu de l’AG du 9 mars contre les réformes des retraites, de l’assurance-chômage et du RSA et la loi Darmanin version 2.
    https://paris-luttes.info/assemblee-generale-le-9-mars-a-16750

    Plutôt chômeuses et chômeurs que contrôleurs !

    La Préfecture de police de Paris est en train d’organiser un recrutement à l’agence Pôle emploi Daviel, dans le 13e : "UN EMPLOI POUR TOUS A LA PRÉFECTURE DE POLICE". Il s’agit de recruter en CDD des candidats - plus ou moins volontaires - dans des métiers liés au numérique : dans les renseignements généraux, à la police judiciaire, au laboratoire central, ainsi qu’à « la direction de l’innovation, de la logistique et des technologies ».

    La loi sur la vidéosurveillance automatisée (VSA) vient de passer, la police recrute ! Comme annoncé dans le Livre blanc du ministère de l’Intérieur (2019), l’État prend prétexte des J.O. de 2024 pour faire franchir plusieurs seuils au flicage généralisé. Le nouveau dispositif sécuritaire systématise donc une surveillance en amont « des corps, des attributs physiques, des gestes, des silhouettes, des démarches » pour faire le tri de ceux jugés « suspects » selon les critères policiers (La Quadrature du net, « La France, premier pays d’Europe à légaliser la surveillance biométrique »).

    Le maillage resserré des logiques sécuritaires et de remise au travail à tout prix

    L’État accroît les moyens de l’armée et des flics, et s’appuie massivement sur des sociétés privées pour développer des outils informatiques et recruter des agents de sécurité. Pôle emploi, dont les directions se font les leviers dociles de cette politique, organise des « marathons de la sécurité », finance avec la région des formations accélérées à ces métiers – tout en restreignant l’accès à d’autres formations –, et plus généralement met la pression aux chômeurs pour mieux grossir le contingent policier.

    Si nous sommes tributaires - bien qu’à des degrés divers - des multiples logiques de contrôle de la police et de Pôle emploi, et qu’il nous est difficile de nous y soustraire, nous pouvons aussi faire obstacle à leur politique par notre présence concrète, comme aujourd’hui, dans cette agence.

    Police emploi n’aura jamais si bien porté son nom

    Il est rare que les relations entre l’intensification de l’exploitation des travailleurs, la remise au travail contrainte et les politiques sécuritaires soient aussi lisibles que dans la séquence présente, qui est marquée par les tentatives de passage en force de la réforme des retraites, la promulgation plus discrète de la loi Kasbarian (dite anti-squat), et bientôt la loi Darmanin, le RSA contre activité puis la future loi Travail.

    Au chômage, dans l’emploi, dans la rue, contre les logiques sécuritaires et d’automatisation du contrôle, contre les logiques de remise au travail à tout prix, organisons-nous, et multiplions les initiatives !

    #chômage #policemploi #emploi #retraites #travail

  • « Le conflit de générations est réactivé par l’urgence écologique » : la journaliste Salomé Saqué déconstruit les stéréotypes sur les moins de 30 ans
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/03/25/le-conflit-de-generations-est-reactive-par-l-urgence-ecologique-la-journalis

    La journaliste de « Blast » dépeint dans son premier livre les attentes et les souffrances d’une génération – la sienne – marquée par la crise écologique et la montée des inégalités sociales.
    Propos recueillis par Marine Miller

    « Connasse ! Crève et fais pas chier ! » Ainsi commence le livre de Salomé Saqué, Sois jeune et tais-toi (Payot, 2023). Une insulte choc prononcée par un actionnaire de TotalEnergies âgé d’une soixantaine d’années à une jeune militante pour le climat bloquant l’entrée de l’assemblée générale du groupe. La séquence de cette altercation violente, filmée le 25 mai 2022, a fait le tour des réseaux sociaux et mis en exergue un fragment du conflit de générations et du mépris à l’égard des jeunes qui s’exprime ici et là dans la société française.

    La vidéo a aussitôt été envoyée par des jeunes followers directement à la journaliste de Blast, provoquant un sentiment de révolte. « Au départ, je me suis dit : ce n’est pas possible, j’ai voulu vérifier auprès des personnes présentes, qui ont confirmé qu’il ne s’était rien passé d’hostile avant. Imaginons la situation inverse, si un jeune militant s’en était pris à une personne âgée en l’insultant avec cette même violence… » De cette scène Salomé Saqué, 27 ans, tire une motivation pour accélérer son projet de livre sur la jeunesse et pour ne pas « laisser passer » ce sujet hors du débat public.

    Dans cette enquête, qui s’appuie sur les travaux de chercheurs en économie et en sociologie, sur les témoignages de jeunes de 18 à 30 ans, et sur sa propre expérience, Salomé Saqué défend sa génération des préjugés qui l’accablent : les jeunes seraient paresseux, narcissiques, craintifs, incultes, individualistes et sans engagement. Et dresse le portrait nuancé d’une jeunesse française soumise aux crises écologiques et économiques, en évitant de déclarer la guerre aux « boomeurs ».

    • De plus, les jeunes peuvent incarner de parfaits boucs émissaires en temps de crise. La pandémie a ainsi été l’occasion de les accabler pour leur « irresponsabilité », de pointer du doigt ceux qui ne respectaient pas les restrictions, alors que l’immense majorité d’entre eux se sont confinés en se pliant aux règles sanitaires. La free party en Bretagne en décembre 2021, par exemple, a été couverte quasi en continu par plusieurs chaînes de télé comme un événement politique.

      Vous rappelez que les conditions d’#emploi des #jeunes sont beaucoup plus difficiles que celles des générations précédentes. Quelles sont les conséquences ?

      C’est une première cause d’incompréhension entre les générations. De nombreux parents et grands-parents ont l’impression que les jeunes ne veulent pas travailler. On les entend parfois dire « moi aussi de mon temps c’était difficile ». Il ne s’agit pas de nier ces difficultés, mais il faut rappeler que la situation en matière d’emploi s’est nettement dégradée. La quête d’un CDI est aujourd’hui un parcours du combattant. Les chiffres sont édifiants, le taux d’emploi précaire des 15-24 ans est passé de 17,3 % en 1982 à 52,6 % en 2020.

      https://justpaste.it/8a2do

    • ces mauvaises conditions créent ce que les sociologues appellent un « effet cicatrice » qui ne se résorbe pas avec le temps : les jeunes sont de moins en moins bien payés, en #salaire d’entrée et en progression salariale. Le niveau d’éducation ne constitue plus une protection contre cette #précarisation. A diplôme égal, on ne dispose plus des mêmes chances que ses parents d’obtenir un #emploi correct, c’est une forme de déclassement ! Quand on fait l’addition : marché de l’emploi saturé, explosion du #chômage, baisse des salaires d’entrée, dégradation de la qualité de l’emploi, allongement de la durée des études, les jeunes subissent plus que les autres les difficultés financières. En 2018, le taux de précarité était de 38 % pour les 18-29 ans, contre 7 % pour les plus de 50 ans. Ils sont aussi les premiers abonnés à l’extrême #pauvreté. En 2019, plus de la moitié des bénéficiaires des Restos du cœur avaient moins de 26 ans.
      (...) il y a un déclin général du vote, et chez les jeunes il y a une diversification des modes d’engagement, qui passe par les manifestations (un jeune sur deux déclarait avoir déjà manifesté en 2019, ils n’étaient qu’un sur trois en 1981)

      (...) On observe une implication croissante des jeunes dans la contestation en cours : leur nombre grossit dans les cortèges, et ils sont de plus en plus bruyants sur les réseaux sociaux.
      Ils le font pour leur entourage proche de la retraite, pour qui ils s’inquiètent, puisqu’ils constatent les effets du travail sur leur santé, mais leurs revendications vont souvent au-delà de la réforme. On a vu apparaître des slogans tels que « Tu nous mets 64, on t’met 68 », ou encore « #Retraites, planète, même combat ». Le débat qui s’est ouvert est plus large, il concerne désormais la place que nous accordons au #travail dans nos vies, les conditions de travail, on retrouve même des revendications parlant de la précarité étudiante ou de la sortie du modèle productiviste, considéré comme incompatible avec l’urgence écologique par les scientifiques.

      #écologie #écologie_sociale

  • [On arrête et on se casse] Le large spectre des grèves et des #retraites - Yves Citton
    https://aoc.media/opinion/2023/03/01/le-large-spectre-des-greves-et-des-retraites

    Prendre sa retraite de la folie compétitive exacerbée par le capitalisme néolibéral, c’est bien. Faire la grève pour interrompre la folie productiviste de l’extractivisme écocidaire, c’est bien aussi. Mais #déserter les boulots qui ne contribuent à gonfler la croissance du PIB qu’en désertifiant nos milieux de vie, c’est encore mieux.

    Un spectre hante l’Europe : en Angleterre, en Allemagne, en France, des #grèves paralysent tour à tour tel ou tel secteur de l’économie nationale, avec quelques avant-goûts épisodiques de grève générale. Ce spectre n’est certes pas nouveau même si une certaine démobilisation des forces traditionnelles de revendication semble avoir caractérisé les décennies passées en Europe de l’Ouest. Davantage que le spectre-fantôme, c’est toutefois la largeur du spectre des revendications (explicites ou latentes) qui mérite de nous intéresser.

    C’est aujourd’hui un lieu commun de relever qu’il y va de bien autre chose que du seul âge légal de la retraite dans les mouvements sociaux actuellement en cours en royaume de Macronie. On l’avait déjà souligné pour les Gilets Jaunes, dont les occupations de ronds-points excédaient largement la question de la taxe carbone, pour remettre en cause l’ensemble d’un « système » à la fois politique, économique, financier, urbanistique, médiatique et épistémique. Derrière les questions relatives à la retraite, c’est l’ensemble du « rapport au #travail » qui est en train de subir une mutation de grande ampleur, nous dit-on (avec raison). Essayons de préciser sommairement cinq échelles (temporelles, sociales, idéologiques, macroéconomiques, écologiques) sur lesquelles mérite de se décliner cet élargissement nécessaire du compas avec lequel mesurer le spectre de ce qui se joue en ce début 2023.

    La forêt de l’injustice sociale

    Au cours des dernières semaines, on n’a pas assez souligné le parallélisme profond entre le moment existentiel de la retraite et le geste de la grève : dans les deux cas, on sort d’une routine scandée par la contrainte salariale qui structure le capitalisme (tu bosses ou tu crèves). Dans les deux cas, on arrête. Et suivant la façon dont on arrête, quelque chose s’interrompt. Le capitalisme écocidaire, survitaminé à la spéculation financière, s’enorgueillit de sa capacité de disruption (qui constitue l’envers de la sacro-sainte innovation). À la suite des anarchistes du XIXe siècle, nos amis de Tarnac et de Lundi matin soulignent depuis des années la radicalité politique du geste d’interruption des flux de cette...

    #paywall

    • Dans l’analyse qu’en propose Yann Moulier Boutang, https://seenthis.net/messages/993740 cette perte de sens des emplois salariés résulte d’au moins cinq facteurs de causalité : 1° la taylorisation des activités tertiaires ; 2° une numérisation qui intensifie encore ce contrôle tayloriste ; 3° l’injonction contradictoire d’être à la fois soumis à la discipline tayloriste et perpétuellement inventif, « créatif », émancipé de la boîte à pensées préformatées ; 4° la conscience de plus en plus vive d’un insoutenable décalage entre les injonctions de l’économie (le boulot) et les évidences de l’#écologie (la planète) ; 5° une « mutation du #capitalisme où l’activité de pollinisation cognitive devient beaucoup plus productive (comprenons qu’elle produit bien plus de sur-valeur) que la prestation individualisée du travail salarié[5] ».
      Sous le quintuple effet de ces facteurs de désaffection et de détachement face à nos emplois salariés, la retraite et la grève n’apparaissent plus seulement comme un « repos bien mérité » pour la première, et comme un « levier pour l’amélioration des droits sociaux » pour la seconde. Elles sont plutôt à interpréter comme des gestes de fuite et de rejet face à un système productif dont la logique d’ensemble est devenue proprement insupportable : les manifestant·es réuni·es dans les rues en quantités inédites signalent (encore calmement) qu’ielles ne peuvent ni continuer à endurer ce qui leur est imposé, ni continuer à cautionner la pseudo-rationalité économique au nom de laquelle de nouveaux « sacrifices » leur sont imposés avec le report de l’âge légal de la retraite. C’est bien plutôt la logique d’ensemble de ce système insoutenable qu’ils demandent (calmement, raisonnablement) de sacrifier.

      #grève #travail #emploi #retraites

  • Adem, le dealer de cocaïne des manifestations parisiennes, écope de deux ans ferme - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/paris-75/adem-le-dealer-de-cocaine-des-manifestations-parisiennes-ecope-de-deux-an

    Cet homme de 24 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris. Il a été surpris fin janvier avec près de 10 000 euros de cocaïne alors qu’il se mêlait aux manifestants qui protestaient contre la réforme des retraites.

    Vendre de la cocaïne dans les cortèges des manifestations contre les retraites : c’était sa méthode pour écouler rapidement sa marchandise. Ce jeune du XIIIe arrondissement de la capitale a été condamné ce lundi par le tribunal correctionnel de Paris à une peine de deux ans de prison ferme pour deux affaires de trafics de stupéfiants. « Dans les manifestations, le trafic de cocaïne pose un problème de trouble à l’ordre public, note le procureur. On sait bien que certains pensent que la contestation sociale est synonyme de fête. La prise de cette drogue désinhibe les consommateurs. Par conséquent, il y a plus de casse et avec la police cela se passe moins bien. »

    #emploi_informel