• Corona Chroniques, #Jour17 - davduf.net
    http://www.davduf.net/corona-chroniques-jour17
    http://www.davduf.net/local/cache-gd2/62/31348e6de7e6cdcf65bb95cc54fbf6.png?1585825507

    Sur Public Sénat, c’est mission d’information parlementaire. Aux aguets, en quête de sens, de signe politique, même le plus infime : je regarde Edouard Philippe et Olivier Véran appelés à se soumettre au contrôle démocratique. C’est Richard Ferrand, en maitre de télé-cérémonie, qui ouvre le bal, et se pousse du col, en sous-Sureau : « Monsieur le Premier Ministre, monsieur le Ministre de la Santé, vous pourrez compter sur tous les députés pour être à la hauteur de l’Histoire ».

    Les ministres sont sur place, installés dans une salle de commission de l’Assemblée ; les députés, à leur domicile, par Zoom interposé, chacun dans sa petite case, à attendre confinement qu’on lui donne deux minutes sans possibilité de réplique. Les minutes filent : sur les neuf orateurs de la première heure, huit appartiennent à la majorité, hommes et femmes sandwichs du Macronisme contrôlé. L’opposition est reléguée en second rideau, quand le professeur Salomon démarre sa litanie quotidienne des morts quotidiens, sur toutes les autres chaînes. Poisson d’avril, plan de com’ ou comédie, on ne sait pas bien — ou au contraire on ne saisit que trop — en quoi consiste cette désastreuse parodie en temps de Désastre.

    Alors, on passe le temps, on attend, confinés-voyeurs — Dieu que l’Histoire en direct est tristounette quand elle rejoue l’Académie des 9 (vieux jeu télé que les moins de 20 ans…) : on regarde l’intimité des parlementaires, ceux qui ont noué leur cravate, ceux qui lisent leur courriel, qui se caressent le menton, les tempes, les yeux, le nez, les mèches, ou l’iPad, Jean-Christophe Lagarde dans son fauteuil de gamer, ceux qui tweetent (Mélenchon), ceux qui surveillent leur community manager (tous les autres), ceux qui font mumuse avec les filtres-fonds d’écran (Lagarde, encore lui, avec vue sur mer), ceux postés devant des étagères vides, ou enseveli sous les livres (un seul sur la trentaine de députés), une guitare sèche enlacée dans un drapeau tricolore dans le fond (c’est un genre, celui de Joachim Son-Forget), celles qui croisent les bras, et ceux qui ne croient en rien, ceux qui font passer des messages à leurs électeurs, avant la pause pipi ; celles, enfin, avec escalier droit derrière elles ou ceux avec colimaçon.

    La farce vire au conseil de classe, à qui se fera le plus sirupeux, en pole position pour l’année d’Après. A ce tarif, il faut reconnaître que le proviseur Edouard Philippe surclasse les élèves. En un mot, il impressionne (au sens vernis du terme : qu’on applique sur une surface absorbante). Il se donne du mal, armé d’un classeur à l’ancienne, avec feuilles sous plastique et chiffres en cascade ; il est à fond, le seul à croire vraiment en cette causette (le seul, aussi, à jouer ici concrètement sa propre existence sociale : sa réhabilitation). Au point de frôler l’incident diplomatique avec l’Allemagne (quand il met en doute les bons chiffres de ses 500 000 tests/semaine qui font rêver), avec son électorat et les députés-yaka-envoyer-l’armée-dans-les-banlieues (quand il lâche : « certains disent que dans tel ou tel quartier dit « difficile », on ne respecterait pas les consignes de confinement, je peux attester l’inverse, et je peux dire aussi qu’un certain nombre de nos concitoyens ont pensé qu’aller dans leur résidence secondaire était souvent une bonne façon de passer le confinement ») ou avec ma mère (furieuse, quand elle l’entend dire que le déconfinement, ça dépendra de l’âge, elle m’appelle, décidée à se faire faire de faux papiers si nécessaire — c’est ma mère, 76 ans, confinée et héroïque, comme toutes les mères du monde en ce moment). La boucle est bouclée et le spectacle total quand, en guise d’au revoir, l’inspecteur d’Académie, ci-devant Président du Parlement, clôt la séance après trois heures et dix minutes en citant Aragon (époque Résistant, 1943, La Rose et Le Réseda, que Richard Ferrand voudrait nous offrir en #FranceUnie contre la barbarie) :

    Quand les blés sont sous la grêle
    Fou qui fait le délicat
    Fou qui songe à ses querelles
    Au coeur du commun combat

    Je vous remercie la séance est levée,
    -- et la démocratie bien docile.

  • Corona Chroniques, #Jour17
    http://www.davduf.net/corona-chroniques-jour17

    MERCREDI 1er AVRIL 2020 - JOUR 17 MATIN. L’avocat François Sureau, proche de Macron et des libertés publiques, en même temps, tient le crachoir sur France Inter, et rafle aisément le prix d’éloquence de la quarantaine. L’homme de loi est brillant, diction parfaite, quoique un peu empruntée, grande culture et petites inflexions, l’Histoire en ressort et les petites anecdotes qui font le sel des interviews par téléphone. Son manifeste, Sur la liberté, fut best seller à l’automne dernier. Sureau y (...) #Coronavirus

    / Une