• « Gilets jaunes », un peuple qui vient  ? Par Patrick Cingolani — 20 novembre 2018 à 12:13

    On aura beau dénoncer la dimension d’arriération du mouvement quant à l’enjeu écologique, c’est bien l’égalité sociale contre l’iniquité du traitement de faveur fait aux plus riches qui est l’objet central de cette contestation.

    Le mouvement des « gilets jaunes » ­demande de réfléchir sur la précarité et sur un processus de précarisation qui fait plus écho à la lutte de la jeunesse contre la loi travail qu’aux manifestations antiparlementaires des droites dans l’histoire nationale. Il appartient à ces mouvements qui, ­depuis 1995, sont préoccupés par une insécurité ­sociale de plus en plus endémique et qui par contrecoup, comme en 1995, sont composés de gens qui se soucient tout autant de leur sort que de celui de leurs proches, enfants ou petits-enfants, qui souvent ne peuvent vivre sans leurs aides. On aura beau dénoncer la ­dimension d’arriération du mouvement quant à l’enjeu écologique, il s’inquiète bien de l’avenir et ne fait que le questionner autrement que ne le font d’autres. Si la jeunesse scolarisée et étudiante confrontée à des transitions professionnelles de plus en plus longues, faites de petits boulots, de travail gratuit, d’espoir frustrés, se préoccupait de son avenir, ce mouvement s’inscrit dans la configuration des sociabilités populaires et des ­solidarités de phratrie, de voisinage et de quartier d’une société française traversée par les inégalités de territoire et où l’on s’alarme de tel voisin chômeur, de telle famille appauvrie, autant que de la fille ou du fils qui n’ar­rive pas à joindre les deux bouts.

    Cette précarisation, cette précarité diffuse sont des expériences endémiques ressenties par les foyers et par leurs réseaux familiers. C’est l’incertitude des emplois, des petits boulots, de l’intérim, quand ce n’est pas du chômage ; les difficultés pour se loger et les fins de mois difficiles, « parce qu’on paie les taxes et que l’on n’a pas droit aux aides ».

    C’est la vie chère et la lésine qui ronge le ­revenu des ménages parce que le salaire n’augmente pas, c’est la maison achetée à crédit que l’on arrive plus à payer, c’est fina­lement le coût des ­dépenses de carburant sur le budget. Car la « fracture sociale » d’hier est aussi devenue une fracture territoriale, non seulement parce que de nombreux ménages modestes vivent à l’écart des grandes métropoles technolo­giques et tertiaires, ne jouissant ni de leurs bassins d’emplois ni de leurs réseaux de transports en commun, mais parce que, pour des raisons économiques, ils ont préféré s’installer dans les zones périurbaines où la vie était moins chère et le logement plus acces­sible, même si parfois l’emploi y était plus rare. Une voiture, voire selon les milieux deux voitures, avec ce que cela suppose comme frais, sont devenus des moyens nécessaires pour ces foyers dont chacun des conjoints doit faire plusieurs dizaines de kilomètres pour rejoindre son lieu de travail, mais aussi les centres commerciaux d’un espace qui s’est progressivement vidé de ses commerces de proximité, notamment à mesure du dumping ravageur de ces mêmes grandes surfaces.

    Besoin d’intégrer le social à l’environne­mental

    Ce n’est pas en ironisant sur ces défilés de ­voitures tonitruantes dans les agglomérations, et sur la résistance contre les taxes sur le carburant, dans un contexte de gravité de la crise environnementale, que l’on renverra ce mouvement à l’arriération. Voilà plus d’un demi-siècle que les impasses de la civilisation de la voiture ont été dénoncées. Qu’est-ce qui a été fait ? Croit-on vraiment que des taxes dont on ne sait pas exactement quels budgets elles abondent suffiront à régler une crise ­environnementale dont le président d’une des nations les plus puissantes nie encore avec outrance l’existence ?

    Que cette machine – l’automobile – qui a hanté l’imaginaire du XXe siècle puisse être encore un moyen de socialisation, et que la mécanique puisse être une activité constituante de certaines sociabilités des cités et des quartiers, qui peut s’en étonner, compte tenu de la profondeur historique et du ­caractère populaire de ce moyen technique ? Qui sont ceux, au demeurant, qui tout au long du siècle précédent ont construit des voitures, sinon les ouvriers ? Le problème n’est pas là. Il est dans la difficulté que nous avons à associer la question sociale et la question environnementale. Il est dans le ­besoin d’intégrer le social à l’environne­mental et dans un imaginaire du lien producteur d’expériences alternatives au regard des modèles contemporains.

    Mais cette double question, qui associe crise écologique et crise de civilisation, et dont l’élite dirigeante ne saurait être à la hauteur, ne peut trouver d’issue que dans un sursaut de la revendication égalitaire. L’égalité sociale contre l’iniquité du traitement de faveur fait aux plus riches, qui en dernier ressort est ­l’objet central de ce mouvement des « gilets jaunes », en lutte contre le mépris d’en haut. L’égalité démocratique dans des modalités de mobilisation et de décision qui prennent effectivement en compte l’avis des citoyens sur les questions écologiques plutôt que de laisser celles-ci à l’arbitraire de décisions technocratiques. Une égalité quant aux ini­tiatives ­sociétales, qui fasse droit aux formes expérimentales de vie sociale et environnementale qui naissent ici et là. On ne se sortira pas de la crise civilisationnelle face à laquelle nous sommes par la verticalité du pouvoir. C’est, au demeurant, moins d’une pensée de la prise du pouvoir que de l’horizontalité de la politique égalitaire dont nous avons aujourd’hui besoin.

    Mouvement éruptif

    On aura beau pointer le caractère conservateur, voire réactionnaire de certains acteurs de ce mouvement, il s’agit de comprendre ­politiquement sa polysémie et les diverses ­dimensions de la révolte dans une politique de la précarité qui ne peut être qu’une poli­tique d’alliance, de convergence et d’hori­zontalité. A tout le moins, plutôt que de ­bouder ce mouvement éruptif, il s’agit de l’éprouver dans sa teneur et dans sa portée. Dans la ­dynamique des mouvements sociaux de ces dernières années, de la lutte contre la loi travail aux occupations de la place de la Répu­blique, qui ont constamment conjoint social et démocratique, on pourrait dire que ce mouvement pose pour la première fois, mais comme à l’envers, la question sociale et celle de l’environnement. Le moment est en ce sens sinon décisif du moins important et ne doit pas être perdu dans la reconduction de contradictions et de divisions qui devraient être surmontées : ­entre métropoles et périphéries, entre villes et campagnes, entre les luttes pour la liberté des styles de vie et les luttes sociales, entre classes populaires et classes moyennes, etc. Si le mot « peuple » a encore un sens, ce n’est pas seulement dans son surgissement événe­mentiel, mais surtout dans sa capacité à dire le rassemblement.

    Patrick Cingolani professeur de sociologie, Laboratoire de changement social et politique université Paris-Diderot

    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/20/gilets-jaunes-un-peuple-qui-vient_1693139

    #giletsjaunes » #peuple #mouvement #écologie #égalité #contestation #précarité #loi_travail #insécurité_sociale #territoire #emploi #chômage #taxes #vie_chère #salaire #carburant #fracture_sociale #fracture_territoriale #métropoles #périurbain #voiture #automobile #horizontalité #alliances #convergence #périphérie

  • Alberto Magnaghi, de la ville-usine au genius loci, Federico Ferrari - Métropolitiques
    https://www.metropolitiques.eu/Alberto-Magnaghi-de-la-ville-usine-au-genius-loci.html

    L’architecte et urbaniste italien Alberto Magnaghi défend une conception de l’espace, dont la notoriété est grandissante, articulée autour des notions de « projet local » et de « #biorégion urbaine ». En négligeant les enjeux contemporains des métropoles, il promeut pourtant une vision nostalgique des territoires.

    Alberto Magnaghi, né à Turin en 1941, fondateur et président de la Société des territorialistes (Società dei territorialisti), est surtout connu en France pour son ouvrage Le Projet local (Magnaghi 2003). Cet essai s’est imposé comme l’une des références majeures d’une idée de projet plus attentif aux identités et aux lieux, en opposition avec une supposée tradition moderniste de la planification, considérée comme autoritaire et « a-topique ». C’est depuis la fin des années 1970 que Magnaghi développe ces thèmes, dans un contexte italien marqué par l’essor de la sensibilité (et d’une législation en conséquence, surtout pendant les années 1980) environnementale et patrimoniale. Cependant, remonter aux origines de son parcours révèle une figure complexe et parfois contradictoire. En retracer les mutations successives peut nous éclairer sur une question fondamentale : la manière dont la pensée progressiste, suite à la crise du paradigme « moderniste » de l’aménagement urbain, a abandonné certains thèmes de la tradition marxiste. Ce changement a eu des conséquences remarquables, et peut-être néfastes, sur l’approche qu’une partie de la culture de gauche (si tant est qu’elle existe encore) développe envers l’aménagement de l’espace, et en particulier vis-à-vis des défis que nous impose la question de la métropole. C’est pourquoi cet article se penche sur le « premier » Magnaghi, moins connu en France, mais décisif pour contextualiser ses propos actuels.

    La ville-usine, un concept marxiste critique

    En 1970, Alberto Magnaghi publie l’ouvrage collectif La città fabbrica (Magnaghi 1970), « la #ville-usine ». Ce titre, pour qui connaît l’auteur « territorialiste » d’aujourd’hui, frappe d’emblée. Et plus encore le sous-titre : « contributions pour une #analyse_de_classe du #territoire ». Bien qu’il s’agisse d’un ouvrage collectif d’un groupe de chercheurs issus du Politecnico de Milan, la marque de Magnaghi est évidente : les auteurs reprennent le concept de « ville-usine » que Romano Alquati avait mobilisé pour analyser certains cas d’étude italiens. En réalité, ce concept a été introduit par Manfredo Tafuri pour décrire le #fordisme comme un modèle qui a imposé à la fois à la ville historique et au territoire un unique dispositif socio-productif de fonctionnement : celui, centralisateur, de l’usine (Tafuri 1969). Si Tafuri développe une approche analytique marxiste appliquée à l’échelle globale, Alquati accentue la charge politique du concept et le met à l’épreuve à propos de Turin et sa région. Plutôt qu’un lieu physique, l’usine devient un paradigme de fonctionnement métropolitain. L’exode de la campagne vers la #métropole et l’appauvrissement socio-culturel des territoires ruraux ou excentrés sont des composantes fondamentales du processus engendré par la ville-usine, dont le problème principal réside dans l’homogénéisation marchande des styles de vie. La ville et le territoire sont entièrement réorganisés par macroprogrammes, dans le but d’« optimiser » leur fonctionnement, à l’image de la production standardisée de l’usine tayloriste.

    Une autre initiative éditoriale de Magnaghi prolonge cette approche : les Quaderni del territorio (Cahiers du territoire), dont la publication débute en 1976. Ils sont emblématiques d’une activité de recherche qui mêle théorisation et terrain, en confirmant et développant la même approche analytique marxiste.

    En revanche, au cours des années 1980, les réflexions de l’auteur montrent un glissement conceptuel significatif (Magnaghi 1986, 1989a, 1989b), vers ce qu’on pourrait appeler un changement radical, qui coïncide avec la parution du Projet local et se précisera pendant les décennies suivantes (Magnaghi 2012, 2014, 2017). La figure du territoire – outil de résistance contre l’homogénéisation de la logique de l’usine – perd son potentiel descriptif de la réalité postfordiste : espace de la fragmentation, de la dispersion, de l’individualisme. Cette intuition assez précoce d’un point de vue non seulement italien mais international (Assennato 2018), se trouve abandonnée au profit d’une vision formelle et nostalgique.

  • Pas d’aqua-poney à Moulins
    http://labrique.net/index.php/thematiques/droit-a-la-ville/1027-pas-d-aqua-poney-a-moulins

    http://labrique.net/images/numeros/numéro56/st-so_aubry_cannibale.jpg

    Pas de piscine olympique sur la friche Saint Sauveur ! Pas de blocs de logements « à la suédoise » ! Pas de gentrification ! -Depuis 2013, la métropole lilloise (MEL) se frottait les mains d’un projet d’aménagement urbain de grande ampleur sur l’ancienne gare de marchandises du quartier Moulins. Le projet était sur les rails, le secteur privé prêt à se ruer sur la plus vaste friche de Lille. Coup de théâtre : le juge administratif a rendu le 5 octobre une décision faisant s’écrouler tout l’agenda. Le tribunal, en annulant la déclaration d’intérêt général, met un bon coup de pied au cul des acteurs de la bétonnisation. Retour sur une victoire, commentée par Achille1, un des opposants de longue date au (...)

    #En_vedette #Droit_à_la_ville

  • Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française René Naba - /oumma.com
    https://oumma.com/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaiseune-lecture-frac
    http://www.les7duquebec.com/7-au-front/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaise

    Une lecture fractale de l’Histoire de France : Réponse à Bruno Gollnisch, Philippe Val, Philippe Douste Blazy et Nicolas Sarkozy

    La scène se passait en juin 1998, il n’y a pas si longtemps, huit ans environ à peine, un mois avant la grande communion multicolore du Mondial, la première victoire de la France bariolée dans le championnat du Monde de Football : Bruno Gollnisch, le successeur potentiel du dirigeant du Front National Jean Marie Le Pen, exhibait, au terme d’une conférence de presse, un attaché-case, dont il révélait le code secret de verrouillage comme un trophée de guerre (1).

    Le code secret par définition doit demeurer secret. Il se conserve comme une sainte relique. Pour M.Gollnisch, cela n’est évidemment pas le cas : le secret est public surtout lorsqu’il s’agit de stigmatiser, surtout lorsqu’il s’agit de glaner un succès à bon compte. Chacun a les satisfactions intellectuelles de son niveau d’éducation.

    Ménageant ses effets, il déclame en public sa combinaison magique de trois chiffres, l’égrenant lentement 7-3-2 dans un mouvement jouissif libérateur. 732. l’effet est assuré. 732, #Poitiers. La victoire controversée de #Charles_Martel sur les troupes arabes d’Abdel Rahman.

    Cela se passait donc en 1998 et #Gollnisch prenait pour référence un événement datant de 1266 ans. 1266 ans de rumination historique. Sans doute la marque manifeste du zèle d’un néophyte. 1266 ans de rumination pour ce Français de la troisième génération, comme l’on désigne en France les petits fils d’immigrés, en l’occurrence un petit fils d’immigrés allemands.


    Correspondant de guerre sur les théâtres d’opérations extérieurs du territoire métropolitain, l’exhibition impudique de Bruno Gollnisch, la passivité des #journalistes présents devant sa vaine et vaniteuse démonstration ont opéré comme un déclic en moi me propulsant dans une navigation sidérante dans le tréfonds de la conscience française, dont je souhaite vous livrer les conclusions sans appétence polémique particulière, dans le droit fil de la thématique de ce colloque « D’une rive à l’autre, Ecrire l’Histoire, Décoloniser les Esprits ».

    L’exercice ne relève ni de la démagogie, ni d’un populisme de bon aloi, de bonne guerre il est vrai, dans ce genre de démonstration. Il vise à apporter une contribution à la clarification sémantique et psychologique du débat post-colonial par le pistage des non-dits de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français.

    Ni populisme, ni démagogie, ni dénigrement non plus. Mais l’application de l’analyse de contenu à de constats qui s’ils sont lapidaires ne sont nullement sommaires ni rudimentaires.

    Une thérapie par électrochocs en somme. Un voyage révélateur des présupposés d’un peuple, des ressorts psychologiques d’une nation et de la complexion mentale de ses dirigeants.

    Embarquons nous donc pour ce voyage de #déconstruction des mythes fondateurs de la #grandeur_française avec un grand merci pour Bruno Gollnisch d’en avoir été, involontairement, l’élément déclencheur.
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    Le Panache français ou le mythe de la grandeur
    Le propos n’est pas anodin. Il correspond à une réalité indéniable : la dernière grande victoire militaire française remonte à deux siècles. Oui deux siècles exactement. #Austerlitz. Certes il y eut #Valmy et le Pont d’Arcole. Puis Austerlitz. Le panache français en somme. Puis. Plus rien….drôle de panache. Ce fut ensuite Waterloo (1815), face aux Anglais, Sedan (1870), face aux Allemands, Fachoda (1898), qui brisa net l’accès de la France aux sources du Nil, au Soudan. Soit près d‘un siècle de désastres militaires ininterrompus, compensés, il est vrai, par les conquêtes coloniales notamment l’#Algérie. A croire que les expéditions coloniales sont d’utiles palliatifs aux désastres nationaux et par transposition au débat contemporain, les immigrés d’indispensables dérivatifs aux difficultés internes.

    #VERDUN 1916 et Rethondes I (l’armistice du 11 novembre 1918), cent ans après Waterloo refermeront la parenthèse néfaste. Mais là, les Français ne sont pas seuls. Ils ne peuvent plus revendiquer la victoire à leur bénéfice exclusif. C’est une « victoire alliée » qu’ils devront partager avec leurs alliés britanniques et américains mais aussi avec les nouveaux venus de la scène internationale : les #Basanés. 550.449 soldats de l’Outre mer dont 173.000 Algériens, soit 20 pour cent des effectifs et 10 pour cent de la population du pays participeront à l’effort de guerre de la France. 78.116 #ultramarins tomberont sur le champ d’honneur, soit l’équivalent de la totalité de la population de #Vitrolles et d’#Orange prises ensemble, les deux fiefs de l‘extrême droite française contemporaine.

    La pensée peut paraître sacrilège mais elle correspond, là aussi, à la réalité : Verdun est à ce titre autant une victoire française qu’une victoire arabe et africaine. Certes la « chair à canon » était présentée comme étant de peu de valeur face à la qualité des stratèges du Haut commandement. Mais le fait est là aussi démontré : Après Verdun beaucoup avaient cru naïvement que la France s’était réconciliée avec la victoire. Et bien non. 1940 et #Rethondes Bis (la capitulation de #Montoire du 21 juin 1940) apporteront la preuve du contraire. #Monte_Cassino (1944) lavera l’honneur français mais la plus grande victoire française de la Deuxième Guerre mondiale est une victoire mixte : Cent mille (100.000) soldats alliés, contre 60.000 Allemands, ainsi que 4000 ressortissants du #Maghreb auront payé de leur vie cette victoire. 4.000 originaires du Maghreb sur 6.300 tués dans les rangs français, soit les 2/3 des effectifs. Monte Cassino est donc tout autant une victoire alliée, qu’une victoire française, arabe et africaine.

    Le schéma est identique en ce qui concerne le domaine naval. Le dernier fait d’armes français -controversé tout de même- remonte à #Aboukir (1799). Puis ce fut au tour de Trafalgar (1805), Toulon (1942), le Charles de Gaulle et son hélice manquante durant la guerre d’Afghanistan (2001), la première guerre du XXI me siècle, enfin les pérégrinations de l’ancien joyau de la flotte française, le Clemenceau, en 2005. On aurait rêvé meilleur traitement à De Gaulle et à Clemenceau, tout de même deux personnages considérables de l’Histoire de France.

    Victorieuse avec ses anciens colonisés, la France retrouvera le chemin de la défaite lorsqu’elle se dressera contre eux. Carbonisée à #Dien_Bien_Phu (1954) contre le Vietnam, première victoire d’un pays du tiers monde sur un pays occidental, ainsi qu’en Algérie (1954-1962).
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    Le tryptique républicain (#Liberté, #Egalité, #Fraternité), le mythe fondateur de l’exception française.
    A) La liberté : 
La Colonisation est la négation de la Liberté. La #Colonisation n’est pas, loin s’en faut, « la mise en valeur des richesses d’un pays transformé en #colonie » selon la plus récente définition du dictionnaire « Le Petit Robert » Edition -2007

    La liberté et La colonisation sont proprement antinomiques. Car la colonisation est l’exploitation d’un pays, la spoliation de ses richesses, l’asservissement de sa population au bénéfice d’une #Métropole dont elle est, en fait, un marché captif, le réservoir de ses matières premières et le déversoir de son surplus démographique, de sa main d’œuvre et de sa surpopulation, le volant régulateur du chômage et de l’inflation dans les sociétés occidentales.

    Contraire aux idéaux de Liberté, d’Egalité et de fraternité, les principes fondateurs de la Révolution Française, la colonisation est le fossoyeur de l’#idéal_républicain. Elle l’aura été quand bien même d’illustres figures françaises, telles Léon Blum, la conscience morale du socialisme, auront voulu – déjà- en célébrer les bienfaits comme un devoir de faire accéder à la civilisation les peuples primitifs (2).

    Par transposition au débat contemporain, la rhétorique de #Léon_Blum est comparable à celle de la nouvelle conscience de la nouvelle gauche française, le philosophe #André_Glucksman, présentant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 comme une contribution occidentale à l’instauration de la démocratie en terre arabe et non comme la mainmise américaine sur les gisements pétroliers de ce pays. « Le fardeau de l’homme blanc », théorisé par l’anglais Kipling, est un alibi commode, le thème récurrent à toutes les équipées prédatrices du monde occidental.
    B ) L’Egalité : 
L’exception française est une singularité : Premier pays à avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement, avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française (1794), la France sera aussi le premier pays à inaugurer la #piraterie_aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien Ahmad Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem), donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte pour leur indépendance.

    La récidive dans la singularité est aussi un trait de l’exception française : En effet, ce pays jacobin, égalisateur et égalitaire se singularisera, aussi, en étant le seul pays au monde à avoir officialisé le « #gobino-darwinisme juridique », à avoir codifié en Droit « la théorie de l’inégalité des #races », une codification opérée sans discernement, pour promouvoir non l’égalité, mais la #ségrégation.

    La « Patrie des Droits de L’Homme » et des compilations juridiques modernes -le code civil et le code pénal- est aussi le pays de la codification discriminatoire, le pays de la codification de l’abomination : le pays du« #Code_Noir » de l’esclavage, sous la Monarchie, du « Code de l’#indigénat » en Algérie, sous la République, qu’il mettra en pratique avec les « expositions ethnologiques », ces « #zoos_humains » (3) dressés pour ancrer dans l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une infériorité durable des « peuples de couleur », et, par contrecoup, la supériorité de la race blanche comme si le blanc n’était pas une couleur, même si elle est immaculée, ce qui est loin d’être le cas.

    Un chiffre suffit à démontrer l’inanité de ce principe d’égalité : Trois membres du dernier gouvernement de l’ère chiraquienne présidé par Dominique De #Villepin (2005) ont été affectés à la mise en œuvre de ce principe dans ses diverses déclinaisons : la cohésion sociale (Jean Louis Borloo), la promotion de l’égalité des chances entre Français de souche et Français naturalisés (Azouz Begag) enfin la parité Hommes-femmes (Catherine Vautrin).

    Ce principe d’égalité est pourtant l’un des principes fondateurs de la République, entériné comme bien commun de la nation depuis deux siècles. Que n’a-t-on songé à le mettre en œuvre auparavant ? A croire que la laïcité ce concept unique au monde ne s’est forgé que pour servir de cache-misère à un #chauvinisme récurrent de la société française.

    Les hochets offerts épisodiquement non aux plus méritants mais aux plus dociles, en guise de lot de consolation, loin d’atténuer cette politique discriminatoire, en soulignent la parfaite contradiction avec le message universaliste de la France. Ils l’exposent à de douloureux retours de bâtons.

    C) Fraternité : Le #Bougnoule, la marque de stigmatisation absolue, le symbole de l’ingratitude absolue.
    La fraternisation sur les champs de bataille a bien eu lieu mais la fraternité jamais. Jamais pays au monde n’a autant été redevable de sa liberté aux peuples basanés et pourtant jamais pays au monde n’a autant compulsivement réprimé ses alliés coloniaux, dont il a été lourdement redevable de sa survie en tant que grande nation. De Fraternité point, mais en guise de substitut, la stigmatisation, la #discrimination et la #répression à profusion.

    Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à #Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de #Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à #Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

    ((A noter qu’en Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population #Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -#Canada, #Australie, #Nouvelle Zélande, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’#Inde et du #Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (#Indochine, Algérie).

    « Bougnoule » tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante-mortem.
    La revendication ultime préludant au sacrifice suprême -« Aboul Gnoul, apporte l’#alcool »- le breuvage galvanisateur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

    Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique : « Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux #Nord-Africains. Synonyme de #bicot et de #raton » (4). Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les « mélanodermes », #arabo-berbères et #négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par « #ratonnade » une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

    Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse, d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral…….Une revanche posthume du bougnoule, en quelque sorte.
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    La France du triptyque républicain : une vision ethniciste face au phénomène exogène.
    L’affirmation peut paraître péremptoire, n’y voyons aucune malice, mais correspond néanmoins à la réalité historique : Le clivage communautaire a préexisté en France dans l’esprit des autorités et des citoyens du pays d’accueil bien avant qu’il ne prenne corps dans l’esprit des migrants.

    Par transposition du schéma colonial à l’espace métropolitain, l’immigré en France a longtemps été perçu comme un indigène, ce qui faisait paradoxalement de l’immigré, l’indigène de celui qui est étymologiquement l’indigène (5), une main-d’oeuvre relevant de la #domesticité de convenance, dont l’expatriation assurait sa subsistance et l’obligeait par voie de conséquence à un devoir de gratitude envers le pays hôte.

    D’extraction modeste, affecté à des taches subalternes et pénibles de surcroît non valorisantes, l’immigré, parqué en marge des villes, était par définition et par destination un être en marge de la société, un élément #marginal et non une composante de la société française. Il n’avait de ce fait ni droit de cité, ni droit de regard, ni a fortiori droit de parole.

    L’immigré a été d’autant plus occulté qu’il deviendra durant les années 1950-1970 responsable de tous les maux diplomatiques et économiques français : du désastre de Dien Bien Phu, en 1954, à la Guerre d’Algérie, à l’expédition franco-britannique de Suez contre le symbole du nationalisme arabe Nasser, en 1956, à l’affrontement de Bizerte et la décolonisation de l’Afrique, en 1960, à la 3ème guerre israélo-arabe de juin 1967, à la première crise pétrolière, en 1973, autant d’événements qui ont fini par diaboliser l’immigré notamment “#arabo-musulman” dans le regard du français.

    Dans le domaine de l’imaginaire et le champ de la production intellectuelle, l’arabe représentait alors par compensation “le mal absolu” identifié dans le langage courant par cette rodomontade musculatoire : “le bougnoule à qui l’on doit faire suer le burnous”.

    Par un faux effet d’optique, la France se donnera l’illusion de venger ses avatars d’Algérie et, par un philosémitisme actif, l’illusion de sa rédemption, substituant une arabophobie à une judéophobie, en somme une injustice à une autre injustice, feignant par là même d’ignorer que l’injustice ne se combat pas par une autre #injustice.

    Symptomatique de cet état de fait, le #harki, celui-là même qui dans le schéma mental français devait représenter le bon arabe ou le bon immigré puisqu’il s’était rangé de son côté, c’est à dire du bon côté, sera gommé de la conscience nationale et dissimulé dans les recoins arides du pays, dans une démarche symbolique destinée à refouler ce « déchet du colonialisme » dans le tréfonds de la conscience.

    La crispation identitaire française remonte, en fait, sur le plan national, aux premières vagues d’immigration de l’ensemble arabo-musulman, principalement du Maghreb, le ponant du monde arabe, plus précisément à la Première Guerre Mondiale (1914-1918). Avec 1,4 millions de morts, 900 000 invalides, la France déplorera la perte de 11 pour cent de sa population active du fait du premier conflit mondial, à laquelle il conviendrait d’ajouter les dégâts économiques : 4,2 millions d’hectares ravagés, 295 000 maisons détruites, 500 000 endommagés, 4.800 km de voies ferrées et 58.000 km de routes à restaurer et 22 900 usines à reconstruire et 330 millions de m3 de tranchées à combler.

    Les premiers travailleurs immigrés, des #Kabyles, arriveront en France dès 1904 par petits groupes, mais la Première Guerre Mondiale provoquera un effet d’accélérateur entraînant un recours massif aux « travailleurs coloniaux » auxquels se superposeront les renforts des champs de bataille comptabilisés sous une autre rubrique.

    L’indigène lointain cède la place à l’immigré de proximité. De curiosité exotique que l’on exhibe dans les zoos humains pour glorifier l’action coloniale française, le mélanoderme deviendra progressivement une donnée permanente du paysage humain de la vie quotidienne métropolitaine, sa présence vécue comme une contrainte, exacerbée par la différenciation des modes de vie entre immigrés et métropolitains, les fluctuations économiques et les incertitudes politiques du pays d’accueil

    Paradoxalement, dans la période de l’entre-deux guerres (1918-1938), la France va favoriser la mise en place d’une « République Xénophobe » (6), matrice de l’idéologie vichyste et de la « préférence nationale », alors que son besoin en main d’oeuvre est criant. Bien que contribuant à sortir la France de son champ de ruine, les travailleurs immigrés seront tenus en suspicion, pistés au sein d’un grand « fichier central ».

    Soumis pour l’obtention de la carte de séjour à une taxation équivalant parfois à un demi mois de salaire, source de revenus complémentaire pour l’Etat français, ils seront de surcroît perçus comme porteurs d’un triple péril : péril économique pour leurs concurrents français, péril sanitaire pour la population française dans la mesure où l’étranger particulièrement les Asiatiques, les Africains et les Maghrébins étaient présumés porteurs de maladies, péril sécuritaire pour l’Etat français.

    Près de deux cent mille « #travailleurs_coloniaux » (200 000) seront ainsi importés d’Afrique du Nord et du continent noir par de véritables corporations négrières, telle la « Société générale de l’immigration » (#SGI), afin de pallier la main d’oeuvre française principalement dans le bâtiment et l’industrie textile en remplacement des soldats français partis au front. Dans la cohorte de travailleurs immigrés, venus d’abord principalement d’Italie et de Pologne, les Maghrébins feront l’objet d’une attention spéciale de la part des pouvoirs publics.

    Un « Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains chargé de la répression des crimes et des délits » est constitué le 31 mars 1925. Un bureau spécial rien que pour les Maghrébins, précurseur du « service des #questions_juives » que le pouvoir vichyste mettra en place en 1940 pour la surveillance des nationaux français de « race ou de confession juive » durant la Seconde Guerre mondiale.
    ((NDLR Citation de l’article de la juriste Danièle Lochak « La race, une catégorie juridique ? »
    (http://www.anti-rev.org/textes/Lochak92a ) :
    « la loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs dispose : “Est regardé comme juif pour l’application de la présente loi toute personne issue de trois grands parents de race juive ou de deux grands parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif”. Cette définition, qui laisse en suspens la question de savoir comment sera déterminée l’appartenance des grands-parents à la race juive, sera remplacée, dans la loi du 2 juin 1941, par une définition plus explicite : “Est regardé comme juif :

    1° celui ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d’au moins trois grands-parents de #race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive. Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive ;

    2° celui ou celle qui appartient à la religion juive et qui est issu de deux grands-parents de race juive”. »

    L’intitulé de l’office en dit long quant à l’opinion du gouvernement français et de ses intention à l’égard des « indigènes » d’Afrique du Nord. Le phénomène ira en s’amplifiant avec la Deuxième Guerre Mondiale et les trente glorieuses années de l’après-guerre (1945-1975) qui suivirent la reconstruction de l’Europe, où le besoin de « chairs à canon » et d’une main d’oeuvre abondante à bas prix provoqueront un nouveau flux migratoire égal en importance au précédent.

    Luxe de raffinement, le recrutement s’opérait selon des critères d’affinités géographiques au point de constituer de véritables couples migratoires en particulier entre Renault et l’embauche kabyle, charbonnages de France et les travailleurs du sud marocain, de même qu’en Allemagne, Wolkswagen et les immigrés turcs.

    A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, les travailleurs coloniaux faisaient même l’objet d’une #notation en fonction de leur nationalité et de leur race (7) avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance notamment au sein des Algériens où les Kabyles bénéficiaient d’un préjugé plus favorable que les autres composantes de la population algérienne. Le Kabyle était invariablement noté 5/20, l’arabe 4/20 et l’Indochinois 3/20. Ho Chi Minh témoin de cette humiliante notation ethnique lors de son séjour parisien, se vengera trente ans plus tard en infligeant à son ancien maître l’une des plus humiliantes défaites militaires du monde occidental, la défaite de Dien Bien Phu en 1954.

    Muettes, les blessures de l’histoire ne cicatrisent jamais.
    La France s’affiche volontiers révolutionnaire mais se révèle, en fait, profondément conservatrice. La France du triptyque républicain a eu un comportement liberticide avec la colonisation, ethniciste dans sa politique migratoire, un comportement sociocide dans sa structuration socio-culturelle et démographique.
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    Le mythe de la politique arabe de la France
    Philipe Val, le directeur conformiste de l’hebdomadaire faussement anarchiste Charlie Hebdo, impute la collaboration vichyste anti-juive à « la politique arabe de la France ». Ce mémorialiste des temps modernes qui se vit en rival contemporain du cardinal de RETZ, s’imagine, par ce raccourci non pas audacieux mais hasardeux, exonérer la France de l’#antisémitisme récurrent de la société française.

    Sauf à prêter aux Arabes une capacité d’anticipation d’une hardiesse rare confinant à un machiavélisme suprême, en vue de soudoyer l’Etat-Major français pour le conduire à faire condamner pour « haute trahison » un officier français de confession juive, le Capitaine Alfred Dreyfus, ou encore à gangrener le haut commandement politico-militaire français en vue de savourer le désastre de 1940, l’antisémitisme en France a préexisté à la présence arabe et musulmane en France.

    Le plus grand déferlement d’Arabes et de Musulmans en France est survenu à l’occasion de la Deuxième Guerre Mondiale, non pour l’appât du gain -« pour manger le pain des Français »-, mais bien pour libérer avec d’autres le pays du joug nazi, pour aider à la défense d’un pays que ses habitants n’ont pas su, pas pu ou pas voulu défendre… C’est-à-dire près de cinquante ans après l’affaire Dreyfus et dans la foulée de la capitulation de Montoire.

    Et, que je sache, le « Bureau des affaires juives », a eu pour précurseur immédiat « le Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains » dont la création, en 1925, n’a pas suscité la moindre protestation des Français sans doute trop occupés à l’époque à magnifier leur supériorité dans l’admiration des « zoos humains »

    La thèse de Philipe Val ne résiste pas à une analyse un tant soit peu sérieuse. Mais qui a jamais soutenu que Philippe Val était un analyste ? Sérieux de surcroît ? Elle participe néanmoins d’une falsification de l’Histoire, d’un sournois travail de révisionnisme anti-arabe.

    Une politique se juge sur la durée. A l’épreuve des faits, la politique arabe de la France, dogme sacré s’il en est, se révèle être, par moments, une vaste mystification, un argument de vente du complexe militaro-industriel français. Qu’on en juge. L’histoire en est témoin.

    La contribution des Arabes à l’effort de guerre français en 1914-1918 pour la reconquête de l’Alsace-Lorraine a été franche et massive. Sans contrepartie. La France, en retour, vingt ans après cette contribution, a témoigné de sa gratitude à sa façon…… en amputant la #Syrie du district d’Alexandrette (1939) pour le céder à la Turquie, son ennemi de la Première guerre mondiale.

    Dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale, la France, récidiviste, carbonisera la première manifestation autonomiste des Algériens, à Sétif, le jour même de la victoire alliée, le 9 mai 1945, une répression qui apparaîtra rétrospectivement comme une aberration de l’esprit sans doute unique dans l’histoire du monde, dont les effets se font encore sentir de nos jours.

    Dix ans plus tard, en 1956, de concert avec Israël et la Grande Bretagne, la France se livre à une « expédition punitive » contre le chef de file du nationalisme arabe, Nasser, coupable d’avoir voulu récupérer son unique richesse nationale « le Canal de Suez ». Curieux attelage que cette « équipée de Suez » entre les rescapés du génocide hitlérien (les Israéliens) et l’un de leur ancien bourreau, la France, qui fut sous Vichy l’anti-chambre des camps de la mort.

    Curieux attelage pour quel combat ? Contre qui ? Des Arabes, ceux-là mêmes qui furent abondamment sollicités durant la deuxième guerre mondiale pour vaincre le régime nazi, c’est-à-dire l’occupant des Français et le bourreau des Israéliens. A moins qu’il ne s’agisse d’une forme élaborée de l’exception française, on aurait rêvé meilleure expression de la gratitude.

    Très concrètement, la politique arabe de la France a consisté, historiquement, en une opération de restauration de la souveraineté nationale dans les centres de décision du pouvoir politique français, après la guerre de juin 1967, par la rupture de la relation fusionnelle qui existait qui, au mépris de l’intérêt national, entre services français et israéliens.

    Bon nombre d’entre vous se rappellent peut-être le chef de la mission d’achat militaire israélienne en France disposait, à l’époque, non pas à l’ambassade israélienne, mais au sein même du ministère français des armées, d’un bureau jouxtant celui du directeur de cabinet du ministre, une proximité sans précédent même dans les pays colonisés.

    Bon nombre d’entre vous gardent peut être présent à l’esprit l’implication des services israéliens et français dans l’enlèvement du chef charismatique de l’opposition marocaine #Mehdi_Ben_Barka, en 1965, en plein jour, en plein Paris, ou encore le vol des cinq vedettes de Cherbourg par les Israéliens (Décembre 1969), la plus concrète manifestation sinon de la connivence du moins de la passivité des services français à l’égard des coups de main israéliens.

    L’ouverture de la France vers les pays arabes, en 1967, au terme d’une rupture de onze ans consécutive à l’expédition de Suez, lui a valu un regain de prestige après deux décennies de déboires militaires en Indochine et en Algérie, la conquête des marchés pétroliers, notamment l’#Irak, l’ancienne chasse gardée des Anglais, la percée majeure de la diplomatie gaulliste de la seconde moitié du XXme siècle, ainsi que de fabuleux contrats militaires de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars, notamment avec l’Irak, la Libye et l’Arabie saoudite,

    L’illustration patente de la disparité de traitement entre Français et Arabes est la première crise de l’#énergie en 1973. A cette date, la France est officiellement le partenaire privilégié du Monde arabe, officiellement épargnée par le boycottage pétrolier anti-occidental, le principal bénéficiaire du boom pétrolier, le principal bénéficiaire des contrats pétro-monarchiques, mais les Français se cramponnent à une xénophobie lancinante, crispés sur un comportement guidé par une psychorigidité nourrie d’une nostalgie de grandeur.

    Tout le monde garde présent à l’esprit les traits d’humour d’une époque où les Français exultaient de compenser leur absence de ressources naturelles par une prétendue supériorité intellectuelle, affichant leur fierté de ne “pas avoir de pétrole mais des idées”, formule qui peut se décrypter de la façon suivante : “pas d’essence, mais la quintessence de l’esprit”, humour que sous-tendait une #arabophobie ambiante dans une période où les arabo-musulmans étaient cloués au pilori pour avoir osé frigorifier les Français avec leur crise de l’énergie.

    Le renchérissement du coût du pétrole était vécu comme un crime de lèse-majesté, alors qu’il s’agissait d’un problème de rajustement des prix du brut, longtemps outrageusement favorables aux économies occidentales.

    La contradiction entre l’ouverture pan-arabe de la diplomatie française et la crispation identitaire de l’opinion française posait déjà à l’époque le problème de la mise en cohérence de la politique française à l’égard du fait arabo-musulman.

    L’universalisme français a pratiqué à destination du monde arabo-musulman une « politique des minorités », contraire à ses principes fondateurs, institutionnalisant et instrumentalisant le confessionalisme et le communautarisme, se servant des Maronites (au Levant) et des Kabyles (au Ponant) comme levier à une re-christianisation de la rive méridionale de la Méditerranée, interdisant aux Algériens sur le sol même de leur patrie, l’usage de leur langue nationale, infligeant à ce pays un dégât plus important que les ravages de 130 ans de la colonisation, le dommage de l’esprit,— l’acculturation—, dont les effets corrosifs et pernicieux se font encore sentir de nos jours et qui expliquent pour une large part les crises cycliques entre les deux pays.

    La politique arabe de la France c’est cela aussi. Muettes et douloureuses, les blessures de la mémoire ne cicatrisent jamais.
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    La France : Aimez- là ou quittez-là ou le mythe de l’excellence française
    Ce mot d’ordre n’a même pas le mérite de l’originalité. IL a été emprunté à #Ronald_Reagan, le président Rambo des Etats-Unis de la décennie 1980 (1980-1988) qui entendait par cette formule neutraliser les critiques contre l’aventurisme américain dans la période post Vietnam (1975-1980).

    Empruntée à Reagan en vue de son application électoraliste en France par le dirigeant de la droite traditionaliste #Philippe_de_Villiers, reprise et amplifiée par…#Nicolas_Sarkozy, ce « Français de la deuxième génération » selon la dénomination en vigueur en France pour les citoyens originaires du tiers monde.

    Le clonage de l’Amérique n’est pas la marque de l’originalité.

    Les basanés de France sont là et bien là. Durablement ancrés dans le paysage politique et social français. Eux dont « le rôle positif » n’a jamais été célébré avec solennité, sinon que d’une manière, incidente quand il n’a pas été plus simplement nié ou controversé.

    En France, non pas leur pays d’accueil, mais leur pays d’élection.

    Déterminés à défendre la haute idée que la France veut donner d’elle-même au Monde.

    A combattre tous ceux qui fragilisent l’économie par une gestion hasardeuse, tous ceux qui discréditent la politique par une connivence sulfureuse,

    Tous ceux qui polluent l’image de la France, à coups d’emplois fictifs et de responsabilité fictive, de rétro-commissions et de frais de bouche, de délits d’initiés et d’abus de biens sociaux

    Ces messieurs des frégates de Taiwan et de Clearstream,
    Du Crédit Lyonnais et de la Compagnie Générale des Eaux,
    D’Elf Aquitaine et d’EADS,
    D’Executive Life et de Pechiney American-Can
    Des marchés d’Ile de France et de HLM de Paris, de la MNEF et d’Urba-Gracco,
    Ceux qui dévalorisent leur justice à coups d’affaires d’#Outreaux, d’écoutes téléphoniques illégales, de tri sélectif et de « #charters de la honte »
    Qui dévalorisent leurs nationaux à coups de bougnoule et de ratonnades, de racaille et de Karcher.

    Contre la « France d’en bas » qui gouverne le pays, la France des basses manoeuvres et des bas calculs, des « zones de non droit et de passe-droits », des nominations de complaisance et des appartements de fonction, la France qui refuse de donner un coup de pouce au SMIC, qui « cristallise », c’est-à-dire, fige à sa portion congrue, les retraites des anciens combattants « basanés » de l’armée française, mais qui relève de 70 pour cent le salaires des ministres nantis, qui gorge de « stock options et de parachutes dorés » les gérants en déconfiture, tels ceux de Vinci et de Carrefour, qui recycle la forfaiture dans l’honorabilité, propulsant au Conseil d’Etat, le temple de la vertu républicaine, en guise de rétribution pour services rendus dans la diversion de la justice, tel ministre de la justice, passé dans l’histoire comme le plus célèbre intercepteur d’hélicoptères des annales judiciaires internationales.

    En un mot contre cette posture du mépris et de l’irresponsabilité la singulière théorie du fusible à la française » qui exonère le responsable de toute responsabilité par une sorte de privilège anti-démocratique tirant sa justification dans une idéologie protofasciste inhérente à un pan de la culture française.

    Contre la criminalisation du politique, cet état de fait symptomatique de la France contemporaine illustré particulièrement par la présidence Chirac, dont la double mandature (1995-2000), douze ans, aura été polluée par de retentissants scandales politico-financiers en rapport avec l’argent illicite, sans pour autant que soit discrédité le chef de l’état français -le parangon de la « fracture sociale », de « l’état modeste » et d’un « siècle de l’Ethique », réélu en dépit des dérives autoritaro-mercantiles de son magistère.

    Le président Chirac précisément et non son prédécesseur François Mitterrand, en application de l’aveu d’un spécialiste du brigandage politique, Jean Montaldo, un chiraquien désabusé qui soutient, paroles d’expert, que « de Mitterrand à Chirac nous sommes passés du stade artisanal au stade industriel », dans le domaine de la corruption (8).

    N’y voyez aucune interférence électoraliste ou partisane : L’histoire d’aujourd’hui est la mémoire de demain et il importe d’être vigoureux dans la dénonciation des dérives contemporaines pour prévenir de douloureuses réminiscences de la mémoire future.

    « Le casier judiciaire de la République » présente ainsi l’édifiant bilan suivant : Neuf cent (900) élus mis en examen soit pour #délinquance financière, soit pour atteintes aux biens et aux personnes y compris les crimes sexuels. Ce bilan porte sur la décennie 1990-2000. Gageons que le bilan de la présente décennie est en passe d’être identique.

    La « #tolérance_zéro » à l’égard de la criminalité en col blanc se devrait d’être pourtant un impératif catégorique de l’ordre républicain en vertu du principe de l’exemplarité de l’Etat.

    La capitulation de Sedan face à l’Allemagne en 1870-71 a donné naissance à la III me République, la capitulation de Montoire (9) face à Hitler en 1940 à la IV me République (1946), celle de Dien Bien Phu et d’Algérie en 1955, à la V me République (1958), avec leurs cortèges de grandes institutions : Sedan à la création de « sciences po », l’Institut des Etudes Politiques de Paris et Montoire à la fondation de l’ENA, l’Ecole Nationale d’Administration (1945). Le pays des « Grandes Ecoles », des concours pépinières des élites, des scribes et des clercs, -cinq millions de fonctionnaires en France en l’an 2.000, le plus fort contingent de l’Union européenne, soit 20 pour cent de la population active- ne tolère pas de retour sur son passé. Il ne conçoit que les perspectives d’avenir. Jamais de rétrospectives, ni d’introspection. toujours des prospectives. Une fuite en avant ?

    Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat s’impose tant sur la contribution des « peuples basanés » à la libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement de leur pays d’accueil, en guise de mesure de prophylaxie sociale sur les malfaisances coloniales dont l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la France, telles que -simple hypothèse d’école ?- la correspondance entre l’amnésie sur les « crimes de bureau » de 1940-44 et l’impunité régalienne de la classe politico administrative sur les scandales financiers de la fin du XX me siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie contemporaine.

    Cette dérive a été sanctionnée d’ailleurs lors de la première consultation populaire à l’échelon national du XXI me siècle. « Une des plus grandes bévues démocratiques de l’histoire contemporaine de la France », selon l’expression de l’écrivain indo britannique Salman Rushdie, la présidentielle de 2002 qui avait mis aux prises un « superfacho » et un « supermenteur », -selon la formule en vigueur à l’époque-, révélera aux Français et au Monde médusés, le délitement moral d’un pays volontiers sentencieux et le discrédit de son élite non moins volontairement obséquieusement arrogante, incapable d’assumer au terme d’un pouvoir monopolisé par les élites depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale (1945), au niveau économique, la mutation postindustrielle de la société française, au niveau sociologique, sa mutation #postcoloniale, au niveau de son opinion nationale, sa mutation psychologique, signe de l’échec patent de la politique d’intégration de sa composante afro musulmane. Cinq siècles de colonisation intensive à travers le monde auraient dû pourtant banaliser la présence des « basanés » sur le sol français, de même que treize siècles de présence continue matérialisée par cinq vagues d’émigration conférer à l’Islam

    le statut de religion autochtone en France où le débat, depuis un demi siècle, porte sur la compatibilité de l’#Islam et de la République, comme pour conjurer l’idée d’une agrégation inéluctable aux peuples de France de ce groupement ethnico-identitaire, le premier d’une telle importance sédimenté hors de la sphère européo-centriste et judéo-chrétienne.

    Premier pays européen par l’importance de sa communauté musulmane, la France est aussi, proportionnellement à sa superficie et à sa population, le plus important foyer musulman du monde occidental. Elle compte davantage de musulmans que pas moins de huit pays membres de la Ligue arabe (Liban, Koweït, Qatar, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Palestine, Iles Comores et Djibouti). Elle pourrait, à ce titre, justifier d’une adhésion à l’Organisation de la #Conférence_Islamique (OCI), le forum politique panislamique regroupant cinquante deux Etats de divers continents ou à tout le moins disposer d’un siège d’observateur.

    L’intégration présuppose une conjonction d’apports et non une amputation de la matrice identitaire de base. La troisième génération issue de l’immigration est certes extrêmement sensible à son environnement international comme en témoignent les flambées de violence à caractère confessionnel en rapport avec l’intifada palestinienne, la guerre du Golfe (1990-91) ou encore la guerre d’Afghanistan (2001-2002), la guerre d’Irak et la guerre du Liban (2006).

    Elle n’en demeure pas moins porteuse d’une dynamique interculturelle en raison de ses origines, de son profil culturel et de ses croyances religieuses.
    Facteur d’intermédiation socioculturelle, les bougnoules des temps anciens, #sauvageons des temps modernes, paraissent devoir tenir leur revanche dans leur vocation à devenir de véritables « passeurs de la #Francophonie », l’avant-garde de « l’arabofrancophonie culturelle » (10) que la France s’ingénie tant à mettre sur pied afin de faire pièce à l’hégémonie anglo-américaine et de favoriser le dialogue des cultures par le dépassement de son passé colonial.

    A l’entame du IIIème millénaire, la « patrie de la mémoire courte » souffre d’évidence d’un blocage culturel et psychologique marqué par l’absence de fluidité sociale. Reflet d’une grave crise d’identité, ce blocage est, paradoxalement, en contradiction avec la configuration pluriethnique de la population française, en contradiction avec l’apport culturel de l’immigration, en contradiction avec les besoins démographiques de la France, en contradiction enfin avec l’ambition de la France de faire de la Francophonie, l’élément fédérateur d’une constellation pluriculturelle ayant vocation à faire contrepoids à l’hégémonie planétaire anglo-saxonne, le gage de son influence future dans le monde.
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    Conclusion
    Cinq ans après la bourrasque lepéniste aux présidentielles françaises de 2002, alors que la France s’apprête, en 2007, à se choisir un nouveau président, il m’a paru salutaire de pointer les incohérences françaises. De démystifier le discours politique officiel, et, au delà du clivage droite-gauche de la classe politique française, de recentrer le débat sur le fait migratoire en mettant l’imaginaire français à l’épreuve des faits historiques et de la réalité quotidienne nationale en vue d’apporter ma contribution à la mutation post-coloniale de la France.

    L’exception française si hautement revendiquée d’une nation qui se réclame de la grandeur est antinomique d’une culture de l’#impunité et de l’#amnésie, une culture érigée en un #dogme de gouvernement et, à ce titre, incompatible avec la déontologie du commandement et les impératifs de l’exemplarité.

    Mes remerciements renouvelés vont donc en premier lieu à Bruno Gollnisch, Philippe Val, le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste Blazy, initiateur, en tant que député de Toulouse, du projet de loi controversé sur le « rôle positif » de la colonisation, ainsi que naturellement à Nicolas Sarkozy, pour leur inestimable contribution à la remise en ordre de ma formation universitaire, un exercice qui m’a permis de prendre conscience du « rôle positif » de la colonisation….. des Colonies par rapport à la Métropole et des colonisés à l’égard de leurs colonisateurs-oppresseurs.

    Merci aussi aux organisateurs de ce colloque qui m’ont donné la possibilité devant un auditoire savant, patient ( et indulgent à mon égard ), de procéder à une « déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française », pour le plus grand bénéfice du débat public contradictoire et de la recherche universitaire.

    Notes
    1) Contribution de l’auteur au colloque de SEPTEMES-LES-VALLONS 6- 7 OCTOBRE 2006, organisé par Festival TransMediterranée (fmed@wanadoo.fr) sur le thème « D’UNE RIVE A L’AUTRE, ECRIRE L’HISTOIRE, DECOLONISER LES MEMOIRES »
    2 Léon Blum invoquera son « trop d’amour » pour son pays « pour désavouer l’expansion de la pensée et de la civilisation française ». « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture », écrira-t-il dans le journal « Le Populaire » en date du 17 juillet 1925) cf « Quand Tocqueville légitimait les boucheries » par Olivier le Cour Grandmaison et « une histoire coloniale refoulée » par Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Nicolas Bancel- Dossier général sous le thème « Les impasses du débat sur la torture en Algérie »-Le Monde Diplomatique juin 2001. Alexis de Tocqueville légitimera les boucheries considérant « le fait de s’emparer des hommes sans armes, des femmes et des enfants, comme des nécessités fâcheuses auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ». De son côté, Jules Ferry soutiendra dans un discours au Palais Bourbon le 29 juillet 1895 qu’ « il y a pour les races supérieures un droit par ce qu’il y a un devoir pour elle. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».
    3) « Zoos humains, de la Vénus Hottentote aux Reality Show » Ed. La Découverte Mars 2002, ouvrage réalisé sous la direction d’un collectif d’historiens et d’anthropologues membres de l’Association connaissance de l’Afrique contemporaine (Achac-Paris),Nicolas Bancel (historien, Université Paris XI), Pascal Blanchard (historien, chercheur CNRS), Gilles Boetsch (anthropologue, Directeur de recherche au CNRS), Eric Deroo (cinéaste, chercheur associé au CNRS) et Sandrine Lemaire (historienne, Institut européen de Florence). De 1877 à 1912, trente spectacles ethnologiques seront donnés au jardin d’acclimatation à Paris, puis aux expositions universelles de Paris de 1878 et de 1889 dont le clou pour celle de 1889 étaient aussi bien l’inauguration de la Tour Eiffel que la visite d’un « village nègre ». Suivront les expositions de Lyon (1894), les deux expositions coloniales de Marseille (1906 et 1922), enfin les grandes expositions de Paris de 1900 (diorama sur Madagascar, 50 millions de spectateurs) et de 1931 dont le commissaire général n’était autre que le Maréchal Lyautey. cf. « Le spectacle ordinaire des zoos humains » et « 1931. Tous à l’Expo » par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, Manière de voir N°58 Juillet Août 2001, op cité.
    4 Dictionnaire Le Petit Robert 1996.
    5 « Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » René Naba-Editons l’Harmattan-2002
    6 « La République Xénophobe, 1917-1939 de la machine d’Etat au « crime de bureau », les révélations des archives » de Jean Pierre Deschodt et François Huguenin Editions JC Lattès septembre 2001.
    7 « Une théorie raciale des valeurs ? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre » par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in « L’invention des populations », ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).
    8 Jean Montaldo, auteur de deux ouvrages sur la corruption présidentielle : « Chirac et les 40 menteurs » Albin Michel 2006, « Mitterrand et les 40 voleurs » Albin Michel.
    9 l’armistice a été signé le 22 juin 1940 symboliquement à Rethondes au même endroit, dans le même wagon, que l’armistice du 11 novembre 1918. Toutefois l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre Pétain et Hitler a scellé la collaboration entre la France et l’Allemagne nazie. Si l’armistice constituait une cessation des hostilités, la rencontre de Montoire a représenté dans l’ordre symbolique le voyage à Canossa de Pétain et constitué en fait une capitulation dans la mesure où Pétain a cautionné la collaboration avec le régime nazi quand bien même l’Allemagne reniant ses promesses avait annexé l’Alsace-lorraine, août 1940.
    10 « Arabo-francophonie culturelle : l’expression a été forgée en 1995-1996 par Stellio Farangis, ancien secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie.

  • Marseille : le mur de la honte

    Comme ultime réponse à la contestation populaire contre son projet piloté par la #Soleam, société d’aménagement, la mairie de Marseille monte un mur de béton entre les habitants et #La_Plaine, pour la « réaménager » par l’agence #APS. Marseille prend ainsi le visage du Mexique, de Belfast, de Gaza, ou de Berlin en 1961.


    https://blogs.mediapart.fr/671095/blog/301018/marseille-le-mur-de-la-honte
    #murs #Marseille #séparation #division #barrières #villes #urban_matter #France #ville_divisée #divided_cities #frontières #frontières_urbaines #murs_intra-urbains

    • Le mur du mépris - La Plaine 2018

      Berlin ? Belfast ? Mexique ? Gaza ? Non, aujourd’hui c’est à la Plaine que la mairie et les flics, main dans la main, ont décidé d’ériger un gigantesque mur de béton pour tenter d’écraser toujours plus le quartier. Retour en photo et en vidéo sur le musellement de la place...

      (Petite mise au point : un certain nombre de lecteur/lectrices ont souligné que la comparaison avec les murs de Gaza, Berlin etc. était peut-être un peu abusive ou malencontreuse. Effectivement, les réalités des murs érigés en Palestine, à la frontière Etats-Unis-Mexique, ou par le passé à Berlin, sont toutes autres. A la Plaine, point de miradors, de contrôles d’identité et de militaires. L’intention n’était pas de mettre sur un même niveau ces réalités totalement différentes, mais simplement de souligner les comparaisons qui sont sur toutes les lèvres des habitant.e.s du quartier, aussi approximatives soient-elles...)

      Tout le monde s’y attendait, mais personne n’osait y croire. Gérard Chenoz tient ses promesses : quand il veut éradiquer les quartiers populaires, et bien il met tout en oeuvre pour y parvenir. Histoires de pouvoir et de pognon, c’est certain. Mépris de classe assurément.

      Et là où le gentrifieur en chef tient aussi ses promesses, c’est dans son goût prononcé pour la manipulation. Il a quand même trouvé moyen de jouer la victime dans la presse, et tenter de renverser médiatiquement la vapeur. Selon ses atermoiements, s’il est nécessaire d’installer ce mur de la honte, c’est à cause de la révolte des habitant.e.s et usager.e.s de la Plaine. Si ce mur coûte près de 400000 euros de plus aux 20 millions déjà faramineux du projet, c’est à cause de la plèbe qui exprime sa colère. Et, pirouette finale, s’il y a 400000 euros à débourser en plus, ce sera bien à la charge des contribuables, et ce, à cause, évidemment, du peuple de la Plaine opposé aux travaux. La boucle est bouclée : l’exorbitant coût des travaux est directement imputable aux plainard.e.s ! Roublard le Gérard, non ?

      Mais ça n’est pas un problème pour lui, ni pour la mairie. Leur mur de mépris, ils le posent. Ils semblent insinuer que, désormais, le quartier est à eux... Pourtant, rien n’est fini. Le quartier ne veut pas de leur aménagement à coup de matraque, de mur et de béton. Le quartier se battra jusqu’au bout pour arrêter ce chantier dont personne ne veut.

      Voici un excellent retour par Primitivi sur le début de l’installation du mur lundi 29 octobre, et sur la conférence de presse qui l’a précédé :
      https://vimeo.com/297967292


      https://mars-infos.org/le-mur-du-mepris-la-plaine-2018-3468
      #gentrification

    • Et à #Bure... les murs ont tombé... c’est ce qui est rappelé sur les réseaux sociaux concernant le mur de Marseille :

      En fait on a déjà vu ce type de murs à Bois Lejuc (#Bure) il y a deux ans ... et les murs étaient tombés

      https://twitter.com/ADecroissance/status/1057396390014390272

      Les murs tombent dans le #Bois_Lejuc !

      Aujourd’hui, près de 500 personnes, jeunes, moins jeunes, militant-e-s de tous les horizons, habitant-e-s, agriculteurs, ont réinvesti le Bois Lejuc et procédé à sa remise en état dans une atmosphère festive et déterminée. Plusieurs centaines de mètres de pans de mur illégalement érigés ont été abattus, d’autres redécorés, des arbrisseaux plantés. Quelques plants de légumes plantés lors de l’occupation de la forêt du 19 juin au 7 juillet, rescapés de la reprise de la forêt par l’Andra, ont même été repiqués.
      deco190Militant-e-s récemment mobilisé-e-s et opposant-e-s de la première heure se sont retrouvé-e-s à l’ombre des arbres libérés pour pique-niquer et refaire le monde sur les ruines du mur. Avec la chute de ce mur, ce n’est pas seulement un symbole de la violence et du passage en force de l’Andra qui est tombé ; c’est aussi la chape de plomb de la fatalité et de la résignation qui s’est fissurée.

      down2Cette fronde populaire est une saine et légitime défense face au rouleau compresseur de l’Andra, prête à tout pour imposer CIGÉO (emploi de vigiles surarmés, mépris des lois, mépris des décisions de justice). Les centaines de personnes arrivées dans le bois ont pu constater l’ampleur des dégâts infligés à la forêt : coupes dans des futaies de jeunes arbres, nouvelles et larges saignées dans les taillis… Certains indices laissent d’ailleurs penser que l’Andra a poursuivi ce défrichement illégal même après la décision de justice du 1er août. Nous attendons avec impatience les échéances juridiques à venir.


      Face à l’étendue des dégâts et la mauvaise foi de l’Andra, il nous semble plus qu’essentiel de continuer à défendre la forêt dans les jours et semaines à venir !


      https://vmc.camp/2016/08/14/les-murs-tombent-dans-le-bois-lejuc

    • Dans le numéro de @cqfd en kiosque actuellement

      #Urbanisme à la tronçonneuse – La Plaine emmurée > La mairie y croyait dur, à son opération table rase sur La Plaine. Et, la mort dans l’âme, le quartier s’y préparait. Une fois chassés les gens du marché, la résistance allait faiblir. Gérard Chenoz, adjoint (LR) aux Grands projets d’attractivité et maître d’œuvre des travaux de requalification de la place Jean-Jaurès, s’en était vanté auprès du site Marsactu : « Une Zad sur La Plaine ? Dans dix jours c’est fini. » Il aura finalement fallu un mois riche en surprises, et un mur de béton de 2,5 mètres de haut ceinturant l’esplanade, pour que le chantier démarre vraiment. Le Marseille populaire n’a pas dit son dernier mot.

      http://cqfd-journal.org/Au-sommaire-du-no170-en-kiosque

    • Heureusement, ces murs seront « embellis et habillés » par des « artistes, peintres urbains et graffeurs [...] dans le respect de l’identité de la place Jean Jaurès, connue pour être un lieu incontournable du street art ». Peindre en rose un mur de séparation, un crachat au visage du quartier, ne le rend pas plus agréable ni « respectueux ». Par contre, ces fameux « artistes » risquent de ne pas être très bien accueillis lorsqu’ils viendront. Devra-t-on bientôt voir des « street-artistes », héritiers de l’art vandale, protégés par la police ? Ce serait un comble.

      Pour l’anecdote, on apprend aussi que « les accès aux immeubles résidents sont maintenus » pendant la durée des travaux. C’est gentil ça, de laiser les gens rentrer chez eux.

      https://mars-infos.org/chenoz-et-la-mairie-nous-mentent-3469#nh3-3

      formulé par la Soleam :

      Mesure de sécurité aussi regrettable qu’indispensable, ces barrières deviendront un espace d’expression. Un collectif d’artistes leur donnera une note artistique. Ces peintres urbains et graffeurs travailleront à égayer le nouveau dispositif de sécurité, dans le respect de l’identité de la place Jean Jaurès, connue pour être un lieu incontournable du street art.

      http://www.soleam.net/projet/__trashed-2

      Leur rêve :

      Un positionnement géographique idéal, un port enfin dynamique et plutôt smart, des grandes entreprises qui agissent comme locomotives, des entrepreneurs qui ne restent pas indifférents aux évolutions du territoire, des startups à foison et, cerise sur le gâteau, un climat clément qui rend le business plus sympathique sous le soleil.

      «  Nous voulons nous servir du langage de la tech pour hacker les cerveaux des plus jeunes et leur donner accès à la culture.  »

      « Il faut repenser la configuration des quartiers. Tout détruire et tout reconstruire de façon différente en utilisant une situation géographique exceptionnelle . Cela doit s’accompagner d’une politique plus sociale. » Et de plaider pour un « plan Marshall urbanistique » . Mais aussi pour un centre-ville qui aurait tout intérêt à devenir piéton, gagnant ainsi des points d’attractivité supplémentaire, ne serait-ce qu’au niveau touristique.

      Qui voudrait aussi plus de bleu et de vert, « une ville propre, bien éclairée qui serait devenue le leader mondial de l’éolien flottant, qui aurait un grand port lequel aurait dépassé Miami en termes de nombre de croisiéristes. »

      https://marseille.latribune.fr/economie/2018-10-27/marseille-une-metropole-mondiale-791674.html

      Un cauchemar !

      source de l’article : #twittoland
      https://twitter.com/gerardchenoz/status/1047025687331254274
      #urbanisation #métropolisation #bétonisation

    • Marseille : lettres de la Plaine

      Alors que nous nous apprêtions à boucler l’édition de ce lundi, édition dans laquelle une lettre de la Plaine annonçait aux pouvoirs publiques que le mur de béton de 2m50 construit à la hâte pour protéger la destruction de l’une des dernières place populaire de Marseille, ne manquerait pas de tomber, nous recevons cette nouvelle missive. Le mur est donc partiellement tombé et éclaté sur le sol. Cela valait évidemment une nouvelle lettre aux élus.

      Chers Jean-Claude, Gérard & Jean-Louis,
      On voulait vous prévenir, votre mur il est malade, certaines parties ont dû être abattues.
      C’était pas sécur’.
      On a pensé à la transplantation mais c’est vrai que trois tonnes chaque morceau du mur, c’est beaucoup.
      Ceci dit, on vous trouve un peu léger.
      On a comme l’impression que vous avez du mal à estimer le poids du refus.
      C’est qu’il est bien plus lourd que votre mur.

      C’est bizarre d’être à ce point à côté de la plaque.
      De sous estimer autant.
      On vous pensait mieux renseignés, mieux entourés.
      On a pourtant tout fait pour vous aider.
      Les manifestations, les pétitions, les lettres…
      Trois mille personnes l’autre jour dans la rue.
      C’est peut-être Olivier de la préfecture, il ne sait pas compter, il doit mal vous renseigner.

      On est un peu triste pour vous parce que ça à l’air tout petit le monde dans vos têtes. Tout réduit.
      Bref, on vous sens fatigués, dépassés.
      On s’inquiète pour vous.
      D’autant qu’ici sur la place il se murmure que ça se lézarde dans les autres quartiers. D’ailleurs on fait une réunion cet après-midi avec les autres quartiers. Vous devriez venir, toute la ville sera là. Un grand conseil municipal.

      En tout cas, c’est gentil d’avoir remis l’électricité sur la place.
      On y voit mieux.

      Ici on a hâte de connaître votre prochaine idée. Le carnet de chèque, en tout cas, il doit pas mal tourner. On est rassurés de savoir la ville si riche. ça change.

      Au fait, pour le service après vente du mur, on vous donne les coordonnées :
      - Groupe PBM. 04 72 81 21 80
      97 Allée Alexandre Borodine - Bât Cèdre 2 - 69800 Saint-Priest.

      et puis celles du directeur des ventes, ça peut-être utile pour les réclamations
      Laurent ULLINO - Tél. 06 61 08 58 48
      laurent.ullino@pbm.fr »

      https://lundi.am/Marseille-lettres-de-la-Plaine-1567

    • Un quartier à cran

      Tel un orage d’été, la requalification de la place Jean-Jaurès, au cœur du quartier de La Plaine, à Marseille, s’annonce aussi incertaine que menaçante.

      À quelques jours de l’échéance, et malgré une plaquette publicitaire affirmant que tout est ficelé (on y vante sans vergogne « une démarche collective et collaborative », pour « une grande place métropolitaine, méditerranéenne, polyvalente et populaire »), tous les lots de l’appel d’offres n’ont pas encore été attribués. En revanche, des recours juridiques sont déposés au nom des forains du marché, de commerçants et de l’association La Plaine sans frontières.

      Si le cabinet APS, chargé de redessiner la place, enfume l’opinion avec des formules ronflantes promettant une « réactivation contemporaine », les premiers concernés subissent l’habituel mépris de la vieille garde municipale. Le phasage des travaux, qui aurait permis à 80 vendeurs sur 300 de cohabiter avec le chantier, est jeté aux oubliettes. Dans un courrier en date du 1er août, l’élue Marie-Louise Lota, adjointe aux Emplacements publics, annonce la « fermeture totale de la place pour des motifs de sécurité et de salubrité ». Les forains seront exilés sur huit « sites de repli », pour l’essentiel dans les quartiers Nord. Cette dispersion signerait l’arrêt de mort du marché le plus populaire de la ville.

      Autre déracinement : 87 des 191 arbres de la place devraient être arrachés. Pour endormir les consciences, l’élu Gérard Chenoz, adjoint aux Grands projets d’attractivité, et le paysagiste Jean-Louis Knidel affirment qu’ils ne seraient pas coupés, mais « transplantés ailleurs », pour « une plus grande biodiversité » !

      Consulté, un technicien forestier a démonté l’intox : une telle opération, très coûteuse, aurait dû se préparer en amont et les tilleuls adultes ont peu de chance de survivre.

      Autre fake news, la piétonisation : une voie de circulation éventrera la plus grande place de Marseille sur toute sa longueur. Pour rendre cet attentat plus sexy, les paysagistes parlent de ramblas… Aucun plan général de mobilité, aucune étude d’impact sérieuse : un effet entonnoir, ainsi que la suppression de 400 places de stationnement sans solution alternative, déporteront le chaos automobile dans les rues adjacentes.

      À des restaurateurs inquiets, Yves Moraine, maire des 6e et 8e arrondissements, a répondu avec désinvolture qu’ils seraient « bien contents de la plus-value de leurs fonds de commerce une fois le quartier réhabilité ». Il dévoile ainsi des visées spéculatives, tout en mentant éhontément : s’ils sont contraints de vendre, les commerçants le feront sur la base d’un chiffre d’affaires rendu calamiteux par trois ans de chantier.

      Autre menace : sur un espace « minéralisé », avec un « deck central » en bois où les badauds pourront « se montrer et regarder », tous les usages non encadrés et non marchands seront mal vus. Sous l’œil de 26 caméras, le carnaval indépendant, la sardinade du 1er mai, les jeux de boules ou de balle et les repas de quartier deviendront des « usages déviants ».

      Un tel équarrissage serait le point d’orgue de la reconquête d’un centre-ville trop populeux, qu’on aimerait voir basculer du côté des quartiers huppés. Sans oublier la volonté de multiplier les zones d’attractivité touristique. Preuve de l’impopularité de cette politique, les candidats de l’équipe Gaudin ont été désavoués dans les urnes, éjectés avec à peine 10 % des voix au premier tour des dernières législatives. Mais qu’importe : « Avant de prendre ma retraite, je vais nettoyer La Plaine », aurait déclaré Marie-Louise Lota.

      Plus soucieuse de réélection, la nouvelle génération LR soigne ses éléments de langage : « Je suis pour une rénovation inclusive, nous avons besoin de toutes les énergies », lance Sabine Bernasconi, maire des 1er et 7e arrondissements. Ce qui ne l’empêche pas de s’attaquer au boulodrome associatif de la place Carli, après que les bouquinistes en ont été bannis. La même phobie de toute activité populaire est là encore à l’œuvre.

      Seule force de ce projet de destruction, la division de ses adversaires. Écolos et pro-vélos sont bernés par une piétonisation cosmétique. Nombre de riverains des quartiers voisins croient que tout vaudra mieux que cette place laissée à l’abandon depuis des années. Reste le fantôme d’une Zad urbaine pour sauver les arbres, le spectre d’un coup de sang des forains et la mutation de l’assemblée de La Plaine en véritable assemblée de quartier. Qui est vivant verra.


      http://cqfd-journal.org/Un-quartier-a-cran

  • Selon le président-directeur général de la République, les métropoles "sont une chance pour notre pays", "une source de développement, d’activité, d’emploi, de rayonnement" (Emmanuel Macron,Révolution, XO éditions, 2016) . Au contraire, la prolifération urbaine est une calamité sociale et écologique, répond le géographe Guillaume Faburel, auteur de l’ouvrage Les Métropoles barbares (Le Passager Clandestin, 2018). Une seule issue : décroissance et désurbanisation.

    entretien dans le Journal La Decroissance - n°152 septembre 2018
    http://www.ladecroissance.net/?chemin=journal&numero=152
    http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/essais/les-metropoles-barbares.html
    #métropolisation #touristification_planétaire #NBIC #clusters #urbanisation #le_progrès_qui_progresse

  • Territoires en débat. Discussing landscape(s) in contemporary metropolitan realities

    Les nombreuses mutations qui intéressent les villes et les territoires contemporains nous interrogent sur la viabilité des outils conceptuels et opératoires, des catégories et des paradigmes utilisés jusqu’à présent pour comprendre et pour agir sur les paysages et sur les réalités socio spatiales qu’elles génèrent.
    Cet ouvrage restitue et prolonge le dialogue qui est né autour de ces thématiques lors de la rencontre entre différents chercheurs réunis dans le cadre du séminaire international « Territoire en débat : la montagne comme jardin urbain ? » organisé à l’ENSA – Paris La Villette.


    http://www.professionaldreamers.net/?p=3678
    #paysage_urbain #paysage #villes #métropoles #urban_matter #livre #géographie_urbaine

    Le pdf est téléchargeable gratuitement :
    http://www.professionaldreamers.net/_prowp/wp-content/uploads/978-88-908130-4-7-web.pdf

  • Lille : pourquoi les files d’attente de Transpole sont-elles si longues à la rentrée ? Quentin Vasseur - 6 Septembre 2018 - France 3 Régions
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/lille-pourquoi-files-attente-transpole-sont-elles-si-lo

    Transpole a mis en place un dispositif spécial, insuffisant pour les collectifs d’usagers.
    https://www.youtube.com/watch?v=nVzRCppYupY


    Un afflux qui correspond au renouvellement ou à la souscription d’abonnements Transpole pour des milliers de collégiens de lycéens ou d’étudiants qui font tous le déplacement au début du mois de septembre.

    Ces files interminables interrogent, notamment au Collectif d’Usager-e-s de Transpole. « Il y a une époque où c’était pas à ce point-là » se souvient Fabien Delecroix, l’un de ses membres. Selon le collectif, comptez jusqu’à une, voire deux heures d’attente à certaines heures de la journées. « Certaines personnes doivent même partir et revenir plus tard parce qu’elles doivent aller travailler. »
     

    Pourquoi une telle congestion ?
    Pour lui, cette attente est d’abord due à la complexité des dossiers à constituer pour les demandes d’abonnement, le nombre et la diversité des pièces qui sont demandées. Il est possible de renouveler son abonnement sur internet, mais « les services ne sont pas adaptés, pas terribles » regrette Fabien Delecroix. En témoignent les tweets d’usagers agacés après avoir tenté de passer par le site.
     
    Sans parler des doublons, ceux qui "font des abonnements pour rien" sans savoir que la tarification sociale s’applique déjà à l’ensemble de leur foyer, sur la base du revenu (explications sur le site de Transpole).

    Pour lui, les files d’attente seraient plus fluides avec « de meilleures conditions d’accès aux tarifs », qui viennent d’augmenter. Ou bien en instaurant à long-terme la gratuité pour une partie des usagers comme c’était le cas auparavant : les retraités sur présentation d’une carte d’identité, les personnes sans emploi avec une carte d’allocataire, etc.

    Autre piste envisagée par le collectif d’usagers : l’ouverture de nouveaux guichets pendant cette période : "On ne découvre pas maintenant que c’est une période d’abonnements !"

    . . . . . .

    #Lille #transpole #transport #smartcity #lille_métropole #MEL #métro #incompétence

    Un SDF reçoit 200 euros d’amende pour « mendicité » dans le métro
    https://seenthis.net/messages/676957

    Édito n°54 - Urbaine à ordures
    https://seenthis.net/messages/676693

    #Lyon, #Lille, #nantes, #toulouse : qui finance les #transports en commun ? (Mediacités)
    https://seenthis.net/messages/671160

    Transports lillois : Keolis joue à qui veut perdre des millions
    https://seenthis.net/messages/651108

    LILLE MÉTROPOLE SERT LA SOUPE À KEOLIS... ET CRACHE DANS CELLE DES PAUVRES
    https://seenthis.net/messages/455325

    Fraude : Transpole et la SNCF mènent la guerre aux pauvres
    https://seenthis.net/messages/260089

  • U-Bahn: Untergrund-Anteil der U-Bahn | ZEITmagazin

    https://www.zeit.de/zeit-magazin/2018/35/u-bahn-nahverkehr-unterirdisch-prozente-deutschlandkarte

    Une cartographie curieuse et rigolote

    Es ist irreführend, wenn ein Fahrzeug U-Bahn heißt, aber nicht nur im Untergrund fährt, sondern auf manchen Strecken ebenerdig oder sogar als Hochbahn über unseren Köpfen. Wir zeigen alle 16 Städte, die „U“-Schilder an den Haltestellen aufgestellt haben – und den Anteil der Strecke, die tatsächlich unter der Erde verläuft. Am ärgsten werden die Fahrgäste in Düsseldorf und Duisburg getäuscht, wo die U-Bahn viel durch Vororte fährt: Nur sechs Prozent der Strecke verlaufen im Untergrund. Nürnberg darf sich dagegen rühmen, die unterirdischste U-Bahn Deutschlands zu haben: Das Nürnberger U-Bahn-Netz ist kurz, es führt durch die Innenstadt, und aus Platzmangel musste es zu 90 Prozent unter die Erde.

    Anteil des unterirdisch verlaufenden Streckennetzes der U-Bahnen

    #allemagne #transports #métro

  • Au début des années 2010, j’avais été frappé par un chanteur dans le métro parisien, sur la ligne 2. Arabe, mal-voyant, il chantait avec un synthé pourri, mais avec une voix magnifique des chansons arabes ou des versions arabes de tubes américains :

    Hotel California (des Eagles, mais avec des paroles en arabe) :
    https://www.youtube.com/watch?v=S5UkZBseILg

    Encore il y a trois semaines, à Paris, je l’ai croisé deux fois sur la ligne 2... et que j’ai entendu un reportage sur lui à la radio ! Il s’appelle donc Mohamed Lamouri :

    Mohamed Lamouri, le chanteur du métro sort du tunnel
    Isabelle Vatan, Télérama, le 24 janvier 2018
    https://www.telerama.fr/sortir/mohamed-lamouri,-le-chanteur-du-metro-sort-du-tunnel,n5453590.php

    Mohamed Lamouri, le chanteur de la ligne 2 sort du métro !
    Anne-Laure Lemancel, RFI, le 9 mars 2018
    http://musique.rfi.fr/musique-arabe/20180309-chanteur-paris-mohamed-rai

    Un film d’une demi heure avait été tourné sur lui en 2012, Dis-moi Mohamed :
    https://www.youtube.com/watch?v=RYvP97aLd58

    Le site web de la Souterraine héberge ses morceaux :
    https://souterraine.biz/album/momostlamouri-tape
    https://souterraine.biz/album/mohamed-lamouri

    Il a maintenant sa page facebook :
    https://www.facebook.com/Mohamed-Lamouri-Chanteur-de-Paris-1759224051052064

    Il joue maintenant avec le groupe Mostla et va sortir un disque l’an prochain :
    https://souterraine.biz/track/baida-mon-amour-version
    https://almost-musique.bandcamp.com/album/chanteur-de-paris

    Et il a même déjà un clip pour Baida mon amour (un morceau de Cheb Hasni) :
    https://www.youtube.com/watch?v=WKKtYFZmWmE

    #Musique #Métro #Mohamed_Lamouri #arabe #rai

  • [Appli] Carto.metro.tramway.funiculaire | F. Jarrier

    Voila un site assez impressionnant vu la précision et le niveau de détail de ces différents réseaux (infrastructures) de transport, portant sur plusieurs villes françaises, quelques unes d’Europe et du monde.

    L’application est accessible ici : http://carto.metro.free.fr/cartes/rer-idf

    https://pic.infini.fr/5a9cEf8E/ciyrmu47.PNG

    #réseau #transport #infrastructure #application #RER #métro #Villes

  • DataParis - Des #données sur #Paris et les Parisiens localisées par le biais du réseau métropolitain
    http://vincentgarreau.com/dataparis/#

    La majorité des données proviennent du dernier recensement de l’#INSEE réalisé en 2009.
    #Revenu, #impôt annuel moyen par foyer fiscal, opinion politique, taux de #chômage, part des #étudiants dans la population active, diplômés de l’enseignement supérieur long ... une #visualisation arrondissement par arrondissement via le réseau des lignes de #métro, réalisé par quatre étudiants

    Repéré via Arthur Charpentier sur Twitter
    https://twitter.com/freakonometrics/status/1021096784628772865

    #data_viz

  • A Dijon, un quartier autogéré et un projet d’écoquartier se disputent des terres maraîchères, Camille Bordenet
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/07/12/a-dijon-un-quartier-autogere-et-un-projet-d-ecoquartier-se-disputent-des-ter

    Les derniers vestiges de l’ancienne ceinture maraîchère font l’objet d’un conflit entre la municipalité, qui veut y construire un écoquartier, et des occupants qui les cultivent. Deux visions de la ville durable.

    Voûtés au-dessus de longs rangs de salades, de jeunes maraîchers s’activent à la récolte matinale qui approvisionnera le marché à prix libre, en fin de journée. Quelques pas plus loin, le long de chemins sinueux bordés d’une végétation sauvage, des jardiniers plus âgés cultivent leurs petites parcelles, bercés par le gazouillis des troglodytes. On oublierait presque que l’on se trouve en ville, n’était le passage régulier du train au-dessus des têtes. Et, juste de l’autre côté du mur, sur une ancienne friche industrielle, un vaste chantier dévoilant des grues qui griffent le ciel et des immeubles sortant de terre : les premières pierres d’un écoquartier en construction.
    https://www.bienpublic.com/edition-dijon-ville/2018/03/09/dijon-au-jardin-des-maraichers-le-visage-du-nouveau-quartier-se-dessine

    Nous sommes au sud-est de Dijon, dans un triangle de terres de quelque 7 ha, en contrebas de la voie ferrée : les derniers vestiges de l’ancienne ceinture maraîchère de la ville. Des terres que se disputent depuis huit ans la municipalité et des « potagistes-squatteurs ». La première, propriétaire du site, entend y construire la deuxième portion d’un écoquartier sur 19,6 ha — qui prévoit 1 500 logements et 28 000 m² de commerces, bureaux et services
    https://www.metropole-dijon.fr/Les-grands-projets/Les-ecoquartiers/Ecocite-des-maraichers
    --, quand les seconds s’opposent à leur « bétonisation ».

    L’histoire de ce conflit d’aménagement commence en 2010, lorsque la ville officialise sa volonté d’y construire un nouvel écoquartier — elle en compte quatorze en tout. Fourches en main et slogans légumiers — « des tomates séchées, pas des écoquartiers » —, une centaine de manifestants décident de défricher et d’occuper illégalement les terres, à l’abandon depuis le départ des derniers maraîchers, partis au gré de précédents projets d’urbanisation.

    « L’idée était de libérer les dernières terres agricoles intra-muros en les remettant en culture, raconte Yannick Sencébé, 46 ans, l’une des membres du collectif à l’origine de cette occupation. Mais aussi de soulever les problématiques d’accès au foncier en zone périurbaine pour les paysans sans terre, et promouvoir un retour à une agriculture bio et de proximité. » De là est né le Pot’Col’Le, un potager collectif,
    https://lentilleres.potager.org/potager-collectif
    puis Le Jardin des maraîchères, une ferme urbaine permettant, entre autres, d’alimenter le marché.
    http://jardindesmaraichers.potager.org/?page_id=1250
    Auxquels sont venus s’ajouter des dizaines de petits jardins, cultivés seul ou entre amis. Et bientôt des habitats squattés — autoconstruits, caravanes, maisons retapées.

    Une ZAD sans l’étiquette

    Huit ans plus tard, une centaine d’occupants d’horizons divers se côtoient dans ce qui est devenu un quartier autogéré bigarré, où les dynamiques s’entremêlent. Une sorte de ZAD sans l’étiquette, baptisée le « Quartier libre des Lentillères ». A la volonté de sauvegarder des terres en ville et de recouvrer l’autonomie alimentaire se sont greffées d’autres revendications, comme de « réinventer d’autres formes de vie collective et de façon d’habiter la ville ». « Un champ d’expérimentation agricole et sociale » dont Yannick Sencébé, sociologue à l’INRA de Dijon, a fait son terrain d’études(1). « Au fil de cette expérience pour se réapproprier un quartier à l’abandon et les savoir-faire attenants, c’est aussi la possibilité d’un autre urbanisme durable intégrant la nature et l’agriculture, fonctionnant sur une économie non marchande, et d’une ville faite par ses habitants qui est opposée aux différents aménageurs », analyse-t-elle.

    Passé par d’autres territoires en lutte, comme la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Max, artisan plombier de 35 ans, apprécie « la diversité des univers », militants ou non, qui se rencontrent ici. On y croise Armelle, maraîchère professionnelle venue du Jura pour « expérimenter une dynamique collective » ; Ahmed, Marocain de 84 ans résidant du foyer social voisin, si fier de son bout de jardin ; Murielle, 59 ans, qui a trouvé dans les « coups de grelinette » et le collectif « une thérapie » durant une période de chômage difficile ; de jeunes Touaregs qui ont fui les djihadistes au Mali et préfèrent « la famille des Lentillères » au foyer d’accueil ; Françoise, aide-soignante à la « miniretraite », qui vient s’y balader et trouver au marché à prix libre de « bons légumes frais, non traités » qu’elle aurait sinon « du mal » à se payer ; Camille, jeune salariée qui a pu « mettre les mains dans la terre » sans passer par « la file d’attente des jardins municipaux »… Si les raisons d’être là varient, la lutte contre l’écoquartier fédère.

    « Reconstruire la ville sur elle-même »

    Du côté de la métropole, Nathalie Koenders, première adjointe au maire, met en avant le souci — porté par un plan local d’urbanisme écologique — d’une maîtrise équilibrée de la consommation de l’espace, conciliant plusieurs enjeux. D’un côté, « le besoin de construire des logements » pour « maintenir [la] population » : il faut en construire « huit cents par an », affirme-t-elle, tandis que Dijon, qui mène une politique volontariste en matière d’habitat, entend passer la barre des 160 000 habitants.
    https://www.metropole-dijon.fr/Services-et-missions/Logement
    De l’autre, la volonté de limiter l’étalement urbain et de « reconstruire la ville sur elle-même » pour « ne pas prendre sur les terres agricoles ». Dijon, qui se veut « référence écologique »,
    https://www.dijon.fr/Dijon-Capitale/Reference-ecologique
    affiche sa volonté de préserver sa ceinture verte
    https://www.metropole-dijon.fr/Services-et-missions/Environnement-et-qualite-de-vie/Agriculture-periurbaine/Ceinture-verte-a-preserver
    et promeut des politiques ambitieuses en matière de développement durable, d’agriculture de proximité et d’alimentation avec, entre autres, un grand projet de système alimentaire durable,
    https://www.justdijon.com/Actualites/Laureate-TIGA-Dijon-Metropole-innove-avec-son-projet-alimentaire-durable
    le rachat de domaines,
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/dijon/dijon-veut-planter-vignes-969655.html
    etc.

    La ville fait aussi valoir l’exemplarité d’un écoquartier, nommé « Ecocité Jardin des maraîchers », conçu comme « une véritable cité-jardin », avec 1 ha de jardins partagés et 1 500 m2 de vergers pédagogiques. « Vivez la campagne à la ville ! » ; « la conservation du passé maraîcher », vante la plaquette commerciale.
    http://www.splaad.com/sites/default/files/upload/ECJM/2015-09_eplaad_jdm_plaquette.pdf
    L’habitat social se veut également « une priorité », avec 35 % de logements à loyers modérés.

    Des arguments qui font sourire aux Lentillères, où l’on dénonce « une bétonisation repeinte en vert ». Au « besoin de créer des logements », ils opposent le taux de logements vacants à Dijon — « 7,6 % ».
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=COM-21231
    A la volonté affichée de préserver les terres agricoles alentour, « la construction concomitante d’un parc d’activités qui en détruit des hectares ».
    http://www.splaad.com/sites/default/files/upload/Ecoparc/plaquette_v2-_ecoparc_dijon_bourgogne.pdf
    Au végétal et à la mixité que revendique le futur écoquartier, leur projet existant.

    Logements contre espace vivrier ?

    Si certains entendent toutefois « le besoin de créer des logements accessibles » et de « requalifier les friches délaissées », ils déplorent que cela ne soit pas fait tout en préservant ces terres maraîchères offrant un espace vivrier en ville, rappelant qu’ils ne revendiquent « que quelques hectares ». D’autant plus à l’heure où Dijon prône des politiques en la matière.

    « Face à l’omniprésence des discours de soutien à l’agriculture urbaine et de relocalisation de l’alimentation, ce conflit réinterroge le rôle accordé aux espaces cultivés au sein de politiques d’aménagement, cadrées par les injonctions à la compétition interurbaine et par les arbitrages économiques et fonciers, analyse Maud Chalmandrier, qui lui a consacré un mémoire de l’EHESS(2). Il soulève aussi cette question : l’urbanisme végétal est-il un moyen de faire accepter la densification urbaine sans pour autant endiguer le problème de la destruction des terres agricoles ? »

    « Dans vingt ans, ce sera trop tard pour regretter ces bonnes terres et ce choix urbanistique », met en garde Antoine, 35 ans, ingénieur agronome de formation, pour qui les Lentillères ont aussi été un espace de formation au maraîchage. Il est d’autant mieux placé pour connaître leur rareté qu’il lui a été bien difficile d’en trouver à proximité de Dijon pour s’installer en tant que professionnel.

    Lui qui a toujours eu pour leitmotiv de faire de l’agriculture urbaine « au plus près des gens » ne cache pas non plus ses doutes quant à « des projets agricoles hors sol, sans véritable vocation nourricière ». « Etre une cité de la gastronomie, ça commence par faciliter la production de bons légumes sur place », abonde Marie, retraitée qui vient de l’autre bout de Dijon au marché tous les jeudis pour « soutenir la lutte ».

    Un dialogue qui reste difficile

    Reste que le dialogue entre le collectif et la mairie est dur à nouer. Le premier fait valoir des « demandes restées lettre morte », rappelant au passage des tentatives d’expulsion. Mme Koenders souligne, quant à elle, l’illégalité de cette occupation, « une zone de non-droit inacceptable », face à « un projet voté démocratiquement ». L’élue se dit néanmoins « ouverte au dialogue, par principe », si tant est qu’on vienne lui proposer un « projet constructif, qui rentre dans la légalité ».

    Sur ce dernier point, comme sur la stratégie à adopter face aux pouvoirs publics, les occupants sont partagés sur ce qu’ils sont prêts ou pas à accepter pour espérer pérenniser leur projet « dans toutes ses dimensions ». « Pour nous, la proposition existe déjà, en actes. Peut-être pas sur un bureau de la mairie, mais on la construit tous les jours », revendique Morgan, 35 ans, qui a grandi dans une cité HLM de Dijon et s’investit aux Lentillères depuis le début. Il n’est pas contre le fait de réfléchir aux possibilités de rentrer dans un cadre légal, « mais encore faudrait-il qu’on sente en face une réelle volonté politique de préserver ces terres ». En attendant, c’est le statu quo qui prévaut, tandis que l’horizon des travaux qui menacent le quartier demeure incertain.

    Face aux immeubles qui grandissent de l’autre côté du mur, les « lentilléristes » s’obstinent à cultiver légumes et liens. Personne ne peut imaginer que cette « subversion maraîchère et sociale » puisse un jour disparaître, les jardins être rasés, les amitiés éparpillées. « J’espère qu’on arrivera, nous comme eux, à faire en sorte de préserver cet endroit magique. Sans qu’il perde son âme », souhaite Morgan. Déjà, le chantier de plantation de poireaux l’appelle, un de « ces grands moments collectifs ». Continuer à semer des graines, vaille que vaille.

    (1) Quand la défense de la terre nourricière s’invite au cœur des villes. Empaysannement de luttes urbaines : l’exemple du potager collectif des Lentillères. Dans cet article publié sur Cairn Info, Yannick Sencébé, maîtresse de conférences à Agro-Sup Dijon, revient sur la genèse du Quartier libre des Lentillères et sur la dimension paysanne de cette expérience maraîchère.

    (2) « Au-delà de la contestation classique d’un projet d’aménagement, ce conflit met en concurrence deux usages alternatifs de l’espace, tous deux porteurs d’enjeux concernant la durabilité des villes. Il amène à questionner l’usage fait des espaces non bâtis, dans un contexte où l’agriculture en ville est une thématique montante de l’action publique », résume Maud Chalmandrier, qui lui a consacré un mémoire de recherche à l’EHESS (2016) intitulé « Le renouvellement urbain conflictuel d’une ancienne zone maraîchère à urbaniser (Dijon) : étude d’une controverse sur l’aménagement et le développement durables des villes ».

    Articles cités
    « Une ville n’est durable que si elle assure un minimum d’équité »
    Aux défis environnementaux s’ajoute celui de la mixité sociale, selon Stéphane Füzesséry, historien de la ville.

    La « ville durable » est-elle avant tout une ville pour les riches ? Stéphane Füzesséry, historien de la ville, architecte et urbaniste, explique que toute volonté de développement urbain durable doit se mettre au service de l’inclusion sociale.

    Qu’est-ce qu’une ville durable ?

    C’est une ville capable de satisfaire ­localement les besoins fondamentaux de ses habitants sans compromettre la capacité des générations futures à ­répondre aux leurs. Et sans faire peser les coûts de son développement sur d’autres territoires. Bâtir une ville durable renvoie ainsi aux défis environnementaux : habitat écologique et rénovation énergétique des bâtiments, mobilité décarbonée, lutte contre l’étalement urbain, valorisations des déchets, prévention des risques d’inondation ou de submersion marine… Mais la ville durable, c’est aussi une ville qui assure un ­minimum d’équité dans l’accès au logement, aux services, aux transports ainsi que dans la protection contre les risques.

    Ces objectifs ne sont-ils pas ­contradictoires ?

    Les enjeux se recoupent. Les populations les plus exposées aux risques sont souvent les plus démunies. Une carte très intéressante produite par l’urbaniste Paola Vigano montre par exemple que les quartiers de grands ensembles HLM et les zones inondables se superposent très largement au sein du Grand Paris.

    Mais dans la pratique, les objectifs environnementaux et d’équité peuvent fortement se contredire. Mettre notamment en œuvre une réhabilitation thermique du parc de logements anciens a un coût que ne peuvent assumer des populations à faibles revenus. Lorsque l’on réhabilite un parc social pour le mettre aux nouvelles normes énergétiques, tout l’enjeu est d’arriver à maintenir un loyer raisonnable pour que les populations les plus ­démunies ne soient pas chassées plus loin mais puissent rester sur place.

    Comment lever ces contradictions ?

    La principale erreur serait de plaquer des recettes toutes faites. Selon qu’il s’agisse d’une métropole en croissance, d’un territoire périurbain ou d’une ville moyenne, les défis de la ville durable et inclusive diffèrent. Au sein des grandes métropoles, par exemple, ce sont dans les quartiers paupérisés de grands ­ensembles que les enjeux sont les plus lourds. Dans ces quartiers qui concentrent les principales poches de pauvreté en France, se pose non seulement la question de la mise aux normes énergétiques du bâti, mais aussi et surtout un enjeu fort d’inclusion sociale.

    Les politiques de développement ­durable peuvent-elles freiner la paupérisation de ces territoires ?

    Une des grandes spécificités de ces quartiers de grands ensembles, c’est la quantité de sols disponibles. On a au pied des tours des parkings, mais aussi nombre de pelouses, d’espaces enherbés, qui sont le plus souvent sans usage. Il y a là un gisement de ressources extraordinaires car ces sols pourraient être utilisés par les habitants pour développer des activités agricoles, alimentaires, énergétiques, productives au sens large. Mais cela suppose de changer la manière d’envisager la rénovation de ces quartiers, et de redonner l’initiative aux ­citoyens. L’urbaniste devrait un peu moins se préoccuper de faire de l’aménagement au sens strict, et davantage se poser la question des usages par les habitants des espaces disponibles. A Brest, dans l’ancien faubourg de Recouvrance, où il existe nombre de cœurs d’îlots profonds et de rez-de-chaussée vacants, une réflexion est actuellement menée pour voir comment les habitants – parfois en situation de grande précarité – pourraient y développer des micro-activités.

    Depuis 2012, le gouvernement s’est engagé dans une démarche de labellisation des écoquartiers. Sont-ils des modèles pour la ville durable ?

    Les écoquartiers participent à la dynamique du développement urbain durable, mais avec beaucoup de limites. Certes, ils se fondent sur un répertoire de bonnes pratiques : performance énergétique des bâtiments, gestion durable des eaux et des déchets, circuits courts, ­mobilités douces, place accordée à la ­nature, etc. Le problème des écoquartiers est qu’ils sont circonscrits. Et qu’ils demeurent largement inaccessibles aux populations les plus démunies, pour des raisons de prix d’accès à leur habitat. De nombreux écoquartiers incluent bien sûr du logement social, auquel peuvent accéder des ménages aux revenus limités, mais jamais les plus modestes.

    Une ville durable passe-t-elle par davantage de mixité sociale ?

    Equité et mixité sociale vont de pair. Mais pour bâtir une ville durable et ­inclusive, il ne suffit pas de raisonner en termes de mixité résidentielle, comme on le fait essentiellement aujourd’hui. Il faudrait davantage penser la mixité ­sociale en termes d’accès aux ressources urbaines pour tous les habitants, favorisés comme défavorisés. Et faire en sorte que ces gens se côtoient dans l’espace public, là où s’invente du « commun ».

    Martin Vanier : « Il faut craindre le prêt-à-penser de l’urbanisme convenable »
    https://lemonde.fr/smart-cities/article/2018/01/26/martin-vanier-il-faut-craindre-le-pret-a-penser-de-l-urbanisme-convenable_52

    Les sols agricoles insuffisamment protégés par les pouvoirs publics
    https://lemonde.fr/planete/article/2015/05/14/les-sols-agricoles-insuffisamment-proteges-par-les-pouvoirs-publics-selon-la

    La Cité internationale de la gastronomie et du vin ouvrira ses portes à Dijon en 2019
    https://lemonde.fr/argent/article/2017/02/04/la-cite-internationale-de-la-gastronomie-et-du-vin-ouvrira-ses-portes-a-dijo

    #écoquartier #Lentillères #maraichage #Dijon #usagers #développeurs #métropolisation

  • Les inégalités territoriales des « quatre France »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/07/12/les-inegalites-territoriales-des-quatre-france_5330424_823448.html

    « Il n’y a pas d’un côté des #métropoles dynamiques » et de l’autre « des territoires périphériques sacrifiés sur l’autel de la mondialisation ». Le rapport qui devait être présenté, jeudi 12 juillet, par le gouvernement, lors de la Conférence des territoires, tord le cou à une idée en vogue parmi les élus locaux et certains cercles d’experts. Pour le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), auteur dudit rapport que Le Monde s’est procuré, la France n’est pas « binaire » sur le plan de la fracture territoriale.

    C’est au contraire un pays coupé en « quatre grands espaces » avec des risques de « dissociations ». Un constat qui appelle à rompre avec les politiques ayant encouragé la concurrence entre les territoires au profit d’une nouvelle « coopération » entre espaces urbains et ruraux.

    Certes, le rapport le confirme : en dix ans, « la métropolisation s’est accélérée ». Trois quarts des emplois créés depuis 2007 se sont concentrés dans quinze métropoles, qui occupent 27 % du territoire et rassemblent 50 % des étudiants. Toutes connaissent une pression immobilière contraignant leur population à vivre toujours plus loin du centre, créant ainsi de l’étalement urbain.
    Territoires en perte de vitesse

    Les métropoles ne constituent pas pour autant « une catégorie homogène ». Celles de Lyon, Nantes ou Marseille permettent aux territoires avoisinants de bénéficier de leur développement. Celles de Lille, Toulouse ou Montpellier évoluent, au contraire, de façon isolée par rapport à leur périphérie. « La croissance de l’emploi » est « plus faible » au sein des métropoles de Grenoble ou de Strasbourg que dans le reste de l’agglomération.

    #territoires

  • Richard Florida : « La #crise urbaine, c’est la crise centrale du #capitalisme »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/07/07/richard-florida-la-crise-urbaine-c-est-la-crise-centrale-du-capitalisme_5327


    Je n’arrête pas de m’en faire la réflexion : les métropoles sont connectées entre elles et tout le reste est de plus en plus exclu, éloigné et négligé.
    À la rentrée, ma fille va intégrer un lycée de la métropole régionale… ce qui a l’air d’être déjà une chance, tant les gosses de bouseux ont l’air assignés à résidence, dans des établissements aussi peu dotés que possible.
    Il y a 30 ans, quand j’ai fait le même chemin, je prenais le bus pour aller à la métropole régionale. Là, les lignes ont été supprimées, nous n’avons trouvé aucune correspondance possible pour le lundi matin, ce qui était impensable il y a 30 ans.
    Là, c’est devenu normal. La plupart des métropoles sont à présent plus proches les unes des autres que les gens de leurs périphéries le sont du centre-ville qui est devenu inatteignable de l’extérieur. Je mets plus de temps pour aller inscrire ma fille à son lycée (où ma présence physique est requise avec des tirages papiers de mes scans, à l’heure d’Internet !), que pour me rendre à Paris, qui est 5 fois plus éloignée !

    Le problème, c’est que quelques grandes ­#métropoles internationales concentrent la ­majorité des #richesses, et deviennent de plus en plus #inaccessibles. Dans ces villes superstars, l’explosion des prix de l’#immobilier chasse peu à peu les artistes, les professions intellectuelles, les créatifs des quartiers qu’ils avaient investis. Mais ce ne sont pas les moins bien lotis, car ceux-ci trouvent souvent d’autres quartiers ­populaires où ils peuvent s’installer. Ce qui est terrifiant, c’est que les policiers, les pompiers, les gens qui travaillent dans des boutiques ou des restaurants, les infirmiers, les artisans, les jardiniers doivent quitter ces grandes villes, devenues trop chères. Et vivre beaucoup plus loin, dans des zones mal desservies par les transports en commun. La nouvelle crise urbaine n’est pas une crise du déclin des villes, comme dans les années 1970. C’est une crise causée par leur succès. Et la conséquence, c’est qu’aux Etats-Unis nous avons d’un côté une petite vingtaine de métropoles superstars, entrées de plain-pied dans l’économie de la connaissance, et de plus en plus riches. Et tout le reste du pays qui plonge et s’appauvrit. La crise urbaine, c’est la crise centrale du capitalisme contemporain.

  • Facial recognition to be deployed by police across London, sparking human rights concerns
    https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/facial-recognition-london-police-accuracy-human-rights-crime-database

    Millions of people face the prospect of being scanned by police facial recognition technology that has sparked human rights concerns. The controversial software, which officers use to identify suspects, has been found to be “staggeringly inaccurate”, while campaigners have branded its use a violation of privacy. But Britain’s largest police force is set to expand a trial across six locations in London over the coming months. Police leaders claimed officers make the decision to act on (...)

    #Metropolitan #ScotlandYard #algorithme #CCTV #biométrie #facial #surveillance #vidéo-surveillance

  • À Londres, la police teste une technologie de reconnaissance faciale pour retrouver des suspects :
    https://www.developpez.com/actu/212784/A-Londres-la-police-teste-une-technologie-de-reconnaissance-faciale-pour

    L’intelligence artificielle fait encore parler d’elle au moment où des questions fusent sur l’éthique autour de son utilisation. À Londres, des millions de personnes ont déjà leurs visages passés au crible par un logiciel, ce, dans la plupart des cas, à leur insu. D’après la police, l’utilisation de la technologie est censée aider à retrouver les responsables des agressions voire des meurtres dont les rues de la cité sont le théâtre. Le quotidien généraliste The Independent était récemment à Stratford au (...)

    #Metropolitan #ScotlandYard #algorithme #CCTV #biométrie #facial #surveillance #vidéo-surveillance

  • Pourquoi la limitation à 80 km/h n’aura pas l’impact positif prétendu par le gouvernement
    https://www.huffingtonpost.fr/loic-prud-homme/pourquoi-la-limitation-a-80-km-h-naura-pas-limpact-positif-pretendu-p
    https://o.aolcdn.com/images/dims3/GLOB/crop/3861x2031+0+277/resize/1200x630!/format/jpg/quality/85/http%3A%2F%2Fo.aolcdn.com%2Fhss%2Fstorage%2Fmidas%2F890140583b8f6909fa36d1

    Par ailleurs les usagers se trouvent régulièrement confrontés à des décisions contradictoires : aménagements dispendieux pour tripler-quadrupler les voies de circulations péri-urbaines mais zones de circulations restreintes (ZCR) pour la qualité de l’air en centre-ville excluant les véhicules anciens (donc les plus pauvres) et stationnement payant qui se généralise pour faire face à la congestion. Les usagers « centrifugés » des #métropoles, habitants #péri-urbains et #ruraux, se trouvent relégués sans cesse plus loin par des temps de parcours allongés. Et à la merci d’un radar automatique un matin en retard pour aller bosser... La #relégation s’accélère quand le service public ferroviaire de #proximité est mis à mal par les récentes décisions.

  • Vous aussi aidez les plus riches de la planète !
    https://www.youtube.com/watch?v=DHY9aEKbDwI

    La Compagnie Triple A présentera son spectacle Croissance Reviens ! au Festival OFF d’Avignon du 6 au 29 Juillet 2018 ainsi qu’au Festival d’Aurillac du 22 au 25 Août 2018 Aidez-nous à sauver les riches ! Nous avons besoin de 3000 euros ! Lien du financement participatif :

    https://www.helloasso.com/associations/compagnie-triple-aaa/collectes/croissance-reviens-au-festival-off-d-avignon-et-au-festival-d-aurillac-1
    . Avec : Alessandro Di Giuseppe & Aurélien Ambach Albertini Images : Mathilde Baux. Montage : Aurélien Ambach Albertini
    https://www.youtube.com/watch?v=WwKh-zJ1O-M


    #Lille #Artivisme #Croissance #PAP40 #Métro #Riche #en_marche #finacement #consommation

    • Pierre Douillard-Lefevre : Il faut d’abord comprendre l’histoire de la ville de Nantes et avoir en tête que jusqu’en 1986 c’est une ville ouvrière. À partir de 86 c’est la fermeture définitive des Chantiers Navals, là où l’on se trouve, au Café des Docks, sur l’île de Nantes, juste à côté des Machines de l’Île. Il faut se représenter la situation à l’époque ; on peut même faire une histoire des sens : des bruits de tôle, des milliers de mecs habillés en bleus de travail qui fabriquent des paquebots qui font parfois la taille d’immeubles... On entend l’alarme – qu’on entend encore le mercredi d’ailleurs – on lance d’immenses bateaux dans la Loire et on entend les alarmes qui retentissent. À midi ce sont des milliers de personnes qui vadrouillent sur l’île, qui vont en face bouffer quelque chose... C’est une ville où il y a une présence ouvrière dans le centre ville, il faut bien se représenter ça. Et en fait, l’île de Nantes – au moins pour la partie ouest – ce n’est pas un lieu où les gens habitent, mais un lieu de travail. Il y a des grues noires, de la pollution, des usines... Et évidemment cette industrie navale qui produit ces gros navires et qui emploie des milliers de personnes sont au cœur de la ville. La mairie veut d’ailleurs aujourd’hui refaire de l’île de Nantes un pôle central. Mais à l’époque ce cœur est ouvrier. Et où vivent-ils ces ouvriers ? Beaucoup d’entre-eux vivent à Chantenay – quartier breton d’abord, puis quartier ouvrier –, beaucoup vivent aussi dans le centre-ville, dans des mansardes louées à la bourgeoisie, comme on le voit dans Une chambre en ville, le film de Jacques Demy. La classe ouvrière alors vivait et était visible dans la ville.

      #ouvrier #invisibilisation #métropolisation

  • De #villes en #métropoles, #Tôkyô, métropole #japonaise en #mouvement perpétuel :
    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/urb1/MetropScient3.htm
    Publié le 20/09/2006
    Vu le 08/06/2018

    Cet article de Natacha Aveline du bureau #CNRS #Japon Corée à Tôkyô, Institut d’#Asie #orientale, publié sur le site #géoconfluences, traite du mouvement perpétuel de Tokyo de différents points de vue. Elle rappelle d’abord l’importance #démographique de la ville, notamment par rapport au #monde et ses #lieux les plus peuplés tout en invoquant les raisons #économiques de cette #croissance par rapport à l’#histoire de la ville. Elle précise que la ville et la #campagne sont difficilement discernables et nous pouvons en conclure que la #périurbanisation doit contribuer non seulement à l’importance démographique de la ville, mais aussi à tous les #changements qui s’y opèrent, la périurbanisation progressant sans cesse sur le #territoire : c’est ce qu’elle évoque par la notion d’#émiettement #urbain. Malgré les perspectives actuelles en matière d’#économie et de #démographie, ce phénomène pose toujours #problème.

    Près de 80% des Japonais vivent en ville. […] Le #gigantisme urbain atteint sur l’#archipel des niveaux inégalés en Europe. Onze villes ont plus d’un #million d’habitants (2006), dont onze se regroupent dans quatre grandes #conurbations qui structurent un cordon urbain quasi-continu de mille kilomètres s’étirant le long du littoral Pacifique de Tôkyô à Fukuoka. Deux se distinguent par leur #démesure : Tôkyô, première #agglomération de la planète avec 34 millions d’habitants, et Ôsaka, la dixième avec 17 millions d’habitants, cumulent un produit régional brut de quelque 1 850 milliards de dollars, équivalent à celui de l’Italie et des Pays-Bas réunis.
    Si la #macrocéphalie est un phénomène commun à bien des pays d’Asie, la structuration en #mégalopole […] est plus spécifique au Japon. Elle résulte des choix industriels effectués dès l’époque Meiji (1868-1912), mais aussi de l’#expansion singulière d’un espace #urbanisé d’autant plus difficile à cerner que la ville ne s’est jamais opposée à la campagne, dans un pays où seuls les châteaux étaient fortifiés à l’époque féodale. Le phénomène d’émiettement urbain atteint ainsi une intensité sans équivalent dans les autres grands pays #industrialisés. Il a été, au Japon, une cause majeure de pathologies pendant la Haute Croissance et reste source de #problèmes aujourd’hui, en dépit de perspectives économiques et démographiques radicalement nouvelles.

    Ainsi, différentes #questions sont soulevées, d’abord celle des « logiques d’#urbanisation », elle évoque alors « l’#entremêlement de #fonctions #rurales et urbaines dans les #périphéries et […] les #zones #centrales » desquelles résulte « la faible hauteur des #constructions » et l’« #étalement du bâti » qu’elle nuance légèrement en rappelant la #verticalisation de Tôkyô entre 1980-1990 « sous l’effet des multiples opérations de #rénovation urbaine » ; et qui provient en partie de « la faible #intervention de l’#État dans la #gestion urbaine, le rôle majeur qu’ont joué à cet égard les #opérateurs #ferroviaires #privés, la toute-puissance de la propriété #foncière et l’extraordinaire #plasticité du bâti. »
    Elle donnera le la précision sur cette « faible intervention de l’État » en évoquant la #désorganisation des villes, les conséquences de l’#occupation #américaine et les problèmes qui en découle quant à la part de #responsabilité donnée aux #pouvoirs #publics.


    Plan du "quartier-gare" de Shinjuku selon N. Aveline

    Elle donnera également par la suite plus de précision quant aux réseaux ferroviaires privés, leur expansion et leur influence sur la #structure urbaine, ce qui semble pouvoir lui permettre, plus tard, d’aborder la question « statut du foncier dans l’économie #japonaise » et ainsi des rénovations et du #morcellement et de l’aspect #juridique des #parcelles #cadastrales.


    Rénovation urbaine dans le quartier d’affaires de Shinjuku-ouest (1989) - UDC (ex-HUDC / Housing and Urban Development Corporation)

    Elle en déduit de la valeur accordée au #sol et non aux constructions, ce qui lui permet d’expliquer le phénomène de la plasticité du bâtit.


    Autel shinto (inari jinja) inséré entre les immeubles du quartier de Yûrakuchô, dans l’hypercentre de Tôkyô - N. Aveline, 2002 / 2003

    Ainsi, elle évoque enfin les nouvelles #difficultés en #ville avec « l’arrêt de la hausse quasi-interrompue des prix fonciers depuis 1955 et mis un terme à la #croissance exceptionnelle qui soutenait l’économie ». Ce qui lui permet d’évoquer la nouvelle politique de #revitalisation des villes avec le "#renouvellement urbain" (toshi saisei) […] des "#périmètres #spéciaux d’#intervention d’#urgence" […] (Tôkyô, Osaka et Nagoya) », de manière à stabiliser les #prix pour la #spéculation ; le choix de #développer le #commerce et la #restauration et l’utilisation des « #friches #ferroviaires et #industrielles. »

  • La #ville au #Japon : découverte par l’#expérience, la #pop-culture et la #photographie : Partie 3

    Enfin , la question du #transport peut être abordée, comme c’est le cas dans ce premier article sur la #mobilité dans lequel Phillipe Gargov nous fait part de son expérience du #métro japonais.
    https://www.pop-up-urbain.com/metro-nippon-le-dormeur-du-rail
    Publié le 24/03/2010

    Ainsi que dans ce dernier article de Margaux Baldassi sur la #temporalité et le métro par le biais du film 5 cm Par Seconde d’Amer Béton.
    https://www.pop-up-urbain.com/temporalites-et-espaces-amoureux-le-train-train-nippon-dans-5cm-par-s
    Publié le 24/02/2016

    La découverte empirique du Japon est également le thème du blogueur de Angelo Di Genova,
    Français expatrié à Osaka « en éternelle exploration culturelle », qui nous fait partager son expérience de la ville par le biais de nombreuses photographies, nous donnant de nouvelles perspectives sur l’#urbanité au Japon.

    https://www.horizonsdujapon.com

  • Recension de Tout ce qui est solide se volatilise :
    http://www.lm-magazine.com/blog/2018/06/02/solide-se-volatilise

    S’appuyant sur une foule d’écrivains et de penseurs, Marshall Berman (1940-2013) ausculte les notions de modernité, de modernisme. Ces deux questions étaient souvent vues sous un angle strictement artistique. Le philosophe américain va plus loin, interrogeant ce que signifie vivre dans une métropole moderne. Cette dernière façonne nos déplacements et, avec, nos existences elles-mêmes.

    #livres #édition #philosophie #littérature #modernité

  • Disparités territoriales : le dessous des cartes, pour dépasser les visions simplistes
    https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer/?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250281110201&nl=1

    A travers chiffres et cartes, « décrire la diversité des territoires », « remettre de la complexité là où prévaut souvent le simplisme », « croiser les données pour nuancer voire inverser les discours », « contrer les clichés non vérifiables »… telle serait, au fond, l’une des vocations de l’observatoire des territoires. Cela semble en tout cas être l’un des enseignements du dernier rapport annuel de cet observatoire créé en 2004 sous l’égide du Commissariat général à l’égalité des territoires (#CGET).
    Présenté le 18 mai, ce document de 150 pages permet en effet de montrer, à travers six analyses thématiques, que « les contrastes entre #territoires » dépassent largement l’éternelle dichotomie entre #métropoles et #monde_rural, entre centres et périphéries. Certes, chaque grand type d’espace – métropoles, villes moyennes, espaces périurbains, espaces ruraux – affiche des caractéristiques spécifiques. Mais des « dynamiques spatiales » contrastées se dessinent aussi au sein de chaque grande catégorie de territoire, souligne Pierre Mirabaud, président du conseil d’orientation de l’observatoire des territoires et ancien Datar.