person:harvey weinstein

    • Des milliardaires américains financent discrètement des campagnes de désinformation en Europe
      (Nooooon !?)

      Un petit groupe de très riches américains soutient indirectement plusieurs sites de « réinformation » et de campagnes publicitaires en ligne en Europe.

      Il n’y a pas que les Etats qui mènent des opérations de désinformation. Depuis plusieurs années, un petit groupe de milliardaires américains, qui financent dans leur pays l’aile droite du Parti républicain, ont aussi soutenu des campagnes de diffusion de fausses informations dans plusieurs pays de l’Union européenne.

      Contrairement aux agents de l’Internet Research Agency – l’organisation russe de propagande en ligne –, ces hommes d’affaires ne disposent pas d’équipes nombreuses, ni d’armées de faux comptes sur Twitter ou Facebook. Mais leur argent leur permet de financer de petits groupes d’activistes et des entreprises de communication politique spécialisées, dont l’action est ensuite démultipliée en ligne par l’achat de publicités sur les réseaux sociaux pour diffuser leur message.

      Au cœur du dispositif se trouve notamment Robert Mercer, le codirigeant du puissant fonds d’investissement Renaissance Technologies, et sa fille Rebekah, qui ont financé le lancement de Breitbart News, le site conspirationniste fer de lance de l’« alt-right » (« droite alternative », mouvance d’extrême droite) et de la campagne de Donald Trump. Steve Bannon, l’ancien conseiller du président, en était le rédacteur en chef. « Ce sont les Mercer qui ont posé les bases de la révolution Trump, expliquait M. Bannon en 2018 dans un entretien au Washington Post. Si vous regardez qui sont les donateurs politiques de ces quatre dernières années, ce sont eux qui ont eu le plus grand impact. »

      Vidéos des « gilets jaunes »
      Mais la générosité des Mercer ne s’arrête pas aux frontières des Etats-Unis. Ils financent également l’institut Gatestone, un think tank néoconservateur orienté vers l’Europe, qui publie des articles dans de nombreuses langues, dont le français. Mais aussi le média canadien The Rebel, qui s’intéresse beaucoup à l’actualité du Vieux Continent.

      #paywall (frustrant, vu l’intertitre…)

    • Des milliardaires américains financent discrètement des campagnes de désinformation en Europe (in extenso)
      https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/03/07/des-milliardaires-americains-financent-discretement-des-campagnes-de-desinfo

      Un petit groupe de très riches américains soutient indirectement plusieurs sites de « réinformation » et de campagnes publicitaires en ligne en Europe.

      Il n’y a pas que les Etats qui mènent des opérations de désinformation. Depuis plusieurs années, un petit groupe de milliardaires américains, qui financent dans leur pays l’aile droite du Parti républicain, ont aussi soutenu des campagnes de diffusion de fausses informations dans plusieurs pays de l’Union européenne.

      Contrairement aux agents de l’Internet Research Agency – l’organisation russe de propagande en ligne –, ces hommes d’affaires ne disposent pas d’équipes nombreuses, ni d’armées de faux comptes sur Twitter ou Facebook. Mais leur argent leur permet de financer de petits groupes d’activistes et des entreprises de communication politique spécialisées, dont l’action est ensuite démultipliée en ligne par l’achat de publicités sur les réseaux sociaux pour diffuser leur message.

      Au cœur du dispositif se trouve notamment Robert Mercer, le codirigeant du puissant fonds d’investissement Renaissance Technologies, et sa fille Rebekah, qui ont financé le lancement de Breitbart News, le site conspirationniste fer de lance de l’« alt-right » (« droite alternative », mouvance d’extrême droite) et de la campagne de Donald Trump. Steve Bannon, l’ancien conseiller du président, en était le rédacteur en chef. « Ce sont les Mercer qui ont posé les bases de la révolution Trump, expliquait M. Bannon en 2018 dans un entretien au Washington Post. Si vous regardez qui sont les donateurs politiques de ces quatre dernières années, ce sont eux qui ont eu le plus grand impact. »

      Vidéos des « gilets jaunes »

      Mais la générosité des Mercer ne s’arrête pas aux frontières des Etats-Unis. Ils financent également l’institut Gatestone, un think tank néoconservateur orienté vers l’Europe, qui publie des articles dans de nombreuses langues, dont le français. Mais aussi le média canadien The Rebel, qui s’intéresse beaucoup à l’actualité du Vieux Continent. En 2017, l’un de ses salariés, Jack Posobiec, avait très largement contribué à la diffusion des « MacronLeaks », ces e-mails volés à plusieurs membres de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron publiés en ligne deux jours avant le deuxième tour de la présidentielle française. M. Posobiec avait été l’un des premiers à évoquer la publication des documents, et permis leur diffusion très rapide dans les sphères de la droite américaine.

      Lire sur le sujet :
      « MacronLeaks », compte offshore : l’ombre des néonazis américains
      La longue traîne des activités de Rebel Media Group, l’éditeur de The Rebel, s’étend sur plusieurs pays. En France, récemment, le site a envoyé son correspondant à Londres, Jack Buckby, et l’une de ses collaboratrices, Martina Markota, pour filmer des vidéos sensationnalistes des manifestations des « gilets jaunes ». Martina Markota, qui est Américano-Croate, mène aussi d’autres projets en Europe pour Rebel Media, comme ces vidéos consacrées à la « résistance culturelle » en Pologne ou sur les « mensonges des médias sur la patriotique Croatie ».

      La ligne du site et de ses différentes filiales est proche de celle de Breitbart News : ses articles dénoncent pêle-mêle l’immigration, l’islamisme, les gauches américaines, canadiennes, européennes… Le site dépeint une Europe au bord de l’effondrement, notamment à cause de l’immigration, et a fait campagne pour le Brexit.

      Sollicité par Le Monde, Ezra Levant, le fondateur de Rebel Media, n’a pas répondu à nos questions. Dans un courriel, il a estimé que « Le Monde qui fait un article sur l’ingérence étrangère, c’est comme si Harvey Weinstein dirigeait une enquête sur le harcèlement sexuel ». Il a par ailleurs demandé s’il devait transmettre ses réponses « à votre agent traitant à l’ambassade de Russie » – référence à une supposée instrumentalisation du Monde par le KGB pendant la guerre froide.

      « Haine et désinformation »

      Rebel Media bénéficie d’un autre soutien financier de poids. Le milliardaire Robert Shillman, qui a fait fortune dans les machines-outils avec sa société Cognex, a contribué à payer les salaires de journalistes du site. M. Shillman finance de très nombreux projets anti-islam, dont le centre Horowitz, décrit par l’organisation de lutte contre la haine SPLA comme la source « d’un réseau de projets donnant aux voix antimusulmanes et aux idéologies les plus radicales une plate-forme pour diffuser la haine et la désinformation ».

      Si l’investissement détaillé de M. Shillman dans Rebel Media n’est pas connu, en revanche, il est public que le milliardaire a financé les salaires de plusieurs « Shillman Fellows », qui travaillent ou ont travaillé pour Rebel Media. Par ses différentes fondations et des attributions de bourses (« fellowships »), M. Shillman a ainsi financé plusieurs groupes et militants d’extrême droite en Europe. Aux Pays-Bas, il est un important soutien du chef de file d’extrême droite Geert Wilders, qui reçoit depuis des années des aides par le biais de la fondation Horowitz. L’extrême droite américaine, qui admire M. Wilders et voit dans les Pays-Bas un terrain de lutte privilégié, y finance divers canaux de propagande politique.

      L’institut Gatestone, par exemple, qui a financé la production de vidéos dans le pays par Rebel Media, et notamment Gangster Islam, un petit film anti-immigration du journaliste Timon Dias, « fellow » rémunéré de l’institut. M. Dias a depuis lancé un projet de site anglophone d’actualité « branchée » et très à droite, The Old Continent, et travaille en parallèle pour Geenstijl (« aucun style », en néerlandais), un blog « politiquement incorrect » régulièrement accusé de sexisme et de racisme.

      Mais le rôle de Rebel Media et de ses généreux donateurs est encore plus surprenant dans les pays anglophones d’Europe. Fin 2018, The Times révélait que quatre militants de l’extrême droite britannique avaient bénéficié d’une bourse financée par Robert Shillman, et avaient été salariés par Rebel Media avec un financement du milliardaire américain. Ce petit groupe était dirigé par Tommy Robinson, fondateur du groupuscule d’extrême droite English Defense League et proche du parti UKIP et de son ex-chef Nigel Farage.

      Publicité anti-IVG

      Le groupe écrivait des articles et des vidéos anti-immigration et pro-Brexit. Le projet a tourné court en mai 2018, quand M. Robinson a été arrêté et condamné à treize mois de prison pour un reportage provocateur et islamophobe.

      Après son arrestation, Tommy Robinson a été l’objet d’articles prenant sa défense dans l’ensemble des médias financés par Robert Shillman ; le think tank Middle East Forum, qui compte parmi ses principaux contributeurs les frères Charles et David Koch, des milliardaires américains ultraconservateurs, a financé ses frais de justice, comme il l’avait fait en 2009 pour ceux de Geert Wilders.

      Le 26 février, Facebook a annoncé avoir supprimé les comptes de M. Robinson sur Facebook et sur Instagram, en raison de « violations répétées de nos règles, de la publication de contenus déshumanisants et d’appels à la violence contre les musulmans ». La mesure est exceptionnelle pour une figure politique connue ; son compte Facebook comptait plus d’un million d’abonnés ; il ne conserve que sa chaîne YouTube.

      Un autre compte Facebook a été brièvement inaccessible ce 26 février, géré par un homme qui apparaissait souvent dans les vidéos de M. Robinson et faisait partie du petit groupe financé par M. Shillman : Caolan Robertson. Cet ancien salarié de #Rebel_Media, qui a depuis claqué la porte avec fracas en accusant son ex-employeur de malversations financières, est un jeune militant de l’« alt-right », coutumier des coups d’éclat en ligne. En avril 2018, alors que l’Irlande s’apprête à voter pour le référendum sur le droit à l’avortement, sa silhouette apparaît subitement dans les fils Facebook de milliers d’internautes. Dans une vidéo publicitaire, on voit le jeune homme interpeller des femmes qui manifestent en faveur du droit à l’IVG ; le montage est conçu pour leur donner l’air ridicule.

      En quelques semaines, la #vidéo a été vue plus d’un million de fois – dans un pays de 4 millions d’habitants. Qui a financé cette publicité ? M. Robertson a affirmé qu’elle avait été payée par « une entreprise américaine ». Quelques semaines avant le vote, face au tollé suscité en Irlande par les nombreuses campagnes financées par des groupes étrangers et notamment américains, Facebook avait annoncé bloquer toutes les « publicités étrangères » et promis de publier les données liées à ces publicités. Près d’un an plus tard, les données sont toujours en cours de compilation, explique Facebook au Monde, mais devraient être mises en ligne « dans les prochaines semaines ». La vidéo où apparaît Caolan Robertston, elle, est toujours en ligne.

      #moneymakestheworldgoround (sometimes) #conspirationnisme

  • « La Ligue du LOL pourrait être notre affaire Weinstein »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/15/la-ligue-du-lol-pourrait-etre-notre-affaire-weinstein_5423700_3232.html

    Il aura donc fallu attendre une bonne année pour que l’affaire Harvey Weinstein éclabousse la France. Il aura fallu un article de Libération, publié le 8 février, pour apprendre qu’une trentaine de membres d’un groupe nommé Ligue du LOL, baignant dans la culture numérique et les réseaux sociaux, souvent journalistes, pour la plupart des hommes, se sont livrés à du harcèlement, le plus souvent contre des femmes, entre 2009 et 2012. Et la déflagration est énorme.

    Sans Weinstein, il n’y aurait sans doute pas d’affaire de la Ligue du LOL. Et cette dernière pourrait être notre affaire Weinstein. « Un #meetoo à la française », jugent plusieurs titres de la presse étrangère.

    A la manière du « dîner de cons », certains chassent en meute, en « boys club », comme il y eut la vogue des « boys band » musicaux, et cisèlent des phrases-chocs (punchlines), sur le modèle du stand-up au théâtre ou de la sitcom télévisuelle. Ils manient le photomontage porno, le canular téléphonique, créent des petites performances tyranniques. Bref, c’est bien une nouvelle culture.

    Un membre de la Ligue du LOL a dit : « On trouvait ça cool. » Ce cool a broyé des femmes, il s’est traduit en haine, moqueries, injures et humiliations en tous genres, notamment sur le physique, provoquant douleurs ou dépressions.

    Ce qui mène à ceci. Pour Weinstein comme pour la Ligue du LOL, le harcèlement n’est pas une spécialité culturelle ou médiatique, mais un attribut du pouvoir. Leurs auteurs tiennent une place et ils en abusent. En revanche, le combat à mener pour y remédier est culturel. Aussi, comme après le grand déballage qui a suivi Weinstein, nul ne sait jusqu’où va aller l’affaire de la Ligue du LOL. Pour l’instant, l’émoi est fort dans le monde de la presse et des écoles de journalisme. Mais il pourrait s’étendre ailleurs dans la société.

    #Ligue_LOL #Cyberharcèlement

  • Former #Mossad boss Efraim Halevy joins Black Cube board — Quartz
    https://qz.com/1459696/former-mossad-boss-efraim-halevy-joins-black-cube-board

    Efraim Halevy, the former head of Israeli spy agency Mossad, has joined the board of Black Cube, the private intelligence company that was hired to find dirt on Harvey Weinstein’s #MeToo accusers and former members of the Obama administration.

  • Le #Prix_Nobel de la #paix 2018 a été décerné à #Denis_Mukwege et #Nadia_Murad, pour dénoncer les victimes de #violences_sexuelles.

    J’étais surpris que l’on récompense un homme pour son action en faveur des femmes, et une femme comme simple victime, mais comme beaucoup se sont réjoui ici de la récompense de Denis Mukwege, je n’ai rien dit.
    https://seenthis.net/messages/726904
    https://seenthis.net/messages/726918

    Et puis on apprend que Nadia Murad ne cesse de prendre Israël comme exemple et comme soutien.
    https://seenthis.net/messages/727264
    https://seenthis.net/messages/727820

    Alors on se rappelle des calculs géopolitiques du comité Nobel et on réalise que pour dénoncer les victimes de violences sexuelles, on ne prend que des cas de violences perpétrées par des Noirs et des Arabes, ce qui permet d’invisibiliser les violences faites aux femmes par de riches hommes blancs comme Harvey Weinstein, Woody Allen, Roman Polanski, Donald Trump, Bertrand Cantat, Dominique Strauss Kahn, Luc Besson, Brett Kavanaugh...

    #racisme

    • on ne prend que des cas de violences perpétrées par des Noirs et des Arabes, ce qui permet d’invisibiliser les violences faites aux femmes par de riches hommes blancs comme Harvey Weinstein, Woody Allen, Roman Polanski, Donald Trump, Bertrand Cantat, Dominique Strauss Kahn, Luc Besson, Brett Kavanaugh...

      @sinehebdo Depuis l’affaire Weinstein il n’y a pas une semaine sans que les médias occidentaux ne parlent des violences sexuelles perpétrés dans ces même pays occidentaux par des hommes blancs (l’affaire Polanski reprise aussi très régulièrement et actions contre Cantat ) alors que par ailleurs, absolument rien dans les médias sur les viols en RDC (juste quelques travaux universitaires sur le viol comme arme de guerre) et tu parles d’invisibiliser les violences faites aux femmes par de riches hommes blancs ?

    • @odilon , désolé, je ne parlais pas (et je ne voulais pas) d’invisibiliser les victimes racisées (Nafissatou Diallo en sait quelque chose, mais aussi les enfants violés par les soldats de l’armée française en Centrafrique), mais de la tentative d’invisibiliser les #grands_hommes prédateurs sexuels occidentaux, et de perpétuer l’idée qu’il n’y a que les Noirs et les Arabes qui sont violents et sexistes (là bas comme ici).

      En d’autres termes, je ne conteste pas à Denis Mukwege d’avoir mérité son prix, mais vu qu’il y avait une troisième place sur le podium, une organisation comme #metoo qui dénonce le sexisme aux Etats-Unis (par exemple) aurait peut-être pu partager ce prix...

    • Question : qui auriez-vous récompensé comme personnalité ou organisation symbolique de la lutte contre les violences faites aux femmes en occident ?

      Harvey Weinstein, Woody Allen, Roman Polanski, Donald Trump, Bertrand Cantat, Dominique Strauss Kahn, Luc Besson, Claude Lanzmann, Brett Kavanaugh... et j’en oublie un : Jean-Claude Arnault !

      (...) la légitimité même de l’académie suédoise qui est en cause et sa gestion d’une crise historique, qui a débuté en novembre 2017, en plein mouvement #metoo. Dix-huit femmes accusaient le mari d’une des académiciennes de viols et d’agressions sexuelles. Un Français, Jean-Claude Arnault, 71 ans, directeur d’un lieu d’expositions culturelles dans la capitale du royaume. Un audit, mené par un cabinet d’avocats, a depuis révélé que l’académie lui versait de généreuses subventions. Le parquet financier a ouvert une enquête.

      Le prix Nobel de littérature en 2018 reporté d’un an
      Anne-Françoise Hivert, Le Monde, le 4 mai 2018
      https://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2018/05/04/l-academie-suedoise-ne-decernera-pas-de-prix-nobel-de-litterature-en ?

      A la place, le prix nobel alternatif de littérature a été décerné à la Guadeloupéenne Maryse Condé :

      Maryse Condé remporte le Nobel « alternatif » de littérature
      La Libre Belgique, le 12 octobre 2018
      https://seenthis.net/messages/728549

  • Rien n’affaiblira #MeToo si on reste honnête intellectuellement | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/166169/metoo-agression-sexuelle-feminisme-asia-argento

    Les accusations à l’encontre d’Asia Argento, figure du mouvement #MeToo, n’abîmeront pas un mouvement d’une telle ampleur si l’on est cohérent avec la ligne défendue : lutter contre toutes les agressions sexuelles.

    « L’arroseuse arrosée », « Tel est pris qui croyait prendre »… Aucun poncif ne nous aura été épargné immédiatement après les révélations du New York Times à propos d’Asia Argento.

    Cette dernière, qui figure parmi les accusatrices d’Harvey Weinstein, est à son tour accusée d’agression sexuelle. Le quotidien américain fait état d’un arrangement financier qui aurait été conclu entre un jeune acteur et Asia Argento, à hauteur de 380.000 dollars (333.000 euros) pour éviter des poursuites judiciaires. Ce que l’intéressée dément dans un communiqué : « J’ai été profondément choquée et touchée en lisant ces nouvelles qui sont totalement fausses. Je n’ai jamais eu aucune relation sexuelle avec Bennett. Je n’ai d’autre choix que de m’opposer à tous ces mensonges et à me protéger par tous les moyens ».

    L’article, et c’est normal, a suscité de multiples réactions. Allant de l’étonnement le plus simple à, et c’est là que ça devient moins normal, des séries de tweets réjouis. Oui, des gens (Franz-Olivier Giesbert et bien d’autres) semblent parfaitement enchantés, franchement ravis qu’une personne ait été agressée sexuellement.

    Pas un mot pour la victime présumée, le jeune Jimmy Bennet dont le New York Times rapporte pourtant l’état de détresse. Mais des petits sourires satisfaits à l’idée qu’une féministe ait pu exercer sur un jeune garçon la domination qu’elle prétend combattre. Et on fait semblant de découvrir que l’on peut être victime ET bourreau, et qu’il est possible de lutter publiquement contre quelque chose dont on est soi-même coupable (souvenez-vous de Denis Baupin, les lèvres peinturlurées en rouge pour soutenir les droits des femmes).

    Mais oui, en effet, on peut être profondément surpris et écœuré par ce qu’on a présenté comme un véritable coup de théâtre (allez hop un autre poncif tant qu’à faire) sans être ni misogyne, ni faussement naïf, ni vouloir danser sur la tombe de #MeToo.
    Même stratégie que Weinstein, DSK et leurs défenseurs

    Quel que soit le fond de l’affaire, elle devrait surtout nous peiner pour la victime présumée d’abord, mais aussi pour Nimrod Reitman, l’étudiant ayant accusé la philosophe féministe Avital Ronnel d’agression sexuelle. Dans les deux cas, la victime est encore une fois escamotée au profit d’idéologies, mais est aussi niée par des féministes elles-mêmes.

    À LIRE AUSSI #MeToo : le retour de bâton médiatique… dans les pages de L’Obs

    Que penser, en effet, de la tribune de soutien à Ronnel rédigée par des chercheurs et chercheuses, dont Judith Butler, qui invoque « une campagne malveillante », mettant en avant la « stature » et « la réputation » de la philosophe comme si la célébrité ou un CV bien garni avaient déjà empêché quelqu’un d’être un violeur ? C’est exactement la stratégie adoptée par Weinstein, DSK et leurs défenseurs : crier à la cabale, faire de l’accusé un parangon de vertu, se préoccuper des conséquences sur sa carrière, en avoir rien à foutre de la parole des victimes.

    Il faut avoir l’honnêteté de dire que si le mouvement #MeToo peut être décrédibilisé, cela peut aussi se faire de l’intérieur.

    On ne sort pas grandies quand on arbore des airs vaguement complotistes en affirmant que les révélations du New York Times « [tombaient] bien pour décrédibiliser ces femmes qui dérangent ». Cela revient là aussi à adopter exactement les mêmes mécanismes que ceux que #MeToo est censé combattre : minimiser les agressions, mettre en doute la parole des victimes, héroïser l’agresseur présumé.
    Le besoin d’avoir des muses

    Reste que c’est une véritable gageure formulée par un autre article du quotidien new-yorkais : « Qu’arrive-t-il au mouvement #MeToo quand une féministe est accusée ? ». Rien, je crois, si l’on ne serre pas bêtement et aveuglement les rangs sans accorder aux victimes, aux faits, au travail des journalistes qui révèlent les enquêtes, le respect qu’ils méritent. On n’affaiblit pas un mouvement d’une telle ampleur si l’on reste honnête intellectuellement et cohérent avec la ligne défendue : lutter contre les agressions sexuelles.

    Ce que cette histoire interroge également, c’est notre besoin de personnaliser les mouvements, d’avoir des muses. Même si elles font bien le job. Oui, le discours prononcé par Asia Argento au festival de Cannes avait de la gueule et a eu une répercussion mondiale. Oui, il faut bien que les victimes, comme Rose Mac Gowan, s’expriment publiquement et on ne peut que louer leur courage quand elles s’engagent au-dela de propre cas.

    Mais #MeToo a pris une telle ampleur que l’on peut parfaitement continuer à mener le combat sans égérie. Les combats féministes sont trop vastes et importants pour prendre le risque de les lier à quelques têtes de gondoles.

    • ici un article sur l’affaire Ronell que je ne connaissait pas : http://www.slate.fr/story/165956/avita-ronell-nimrod-reitman-metoo-harcelement-sexuel

      « Bien que nous n’ayons pas eu accès au dossier, nous avons tous travaillé pendant de nombreuses années avec la Professeure Ronell, peut-on lire sur le blog d’un universitaire ayant partagé la lettre, Nous avons tous vu ses relations avec ses étudiants, et certains d’entre nous connaissons l’individu qui a mené cette campagne malveillante contre elle. »

      Après avoir rappelé leur « profonde et tenace admiration » pour la professeure, la lettre déplore « les dommages que cette procédure lui causent, et nous visons à inscrire dans des termes clairs notre objection à tout jugement produit contre elle. Nous maintenons que les allégations prononcées à son égard ne constituent pas de preuves, mais soutiennent plutôt l’attention malveillante qui a animé et soutenu ce cauchemar juridique ».

      « Nous témoignons de la grâce, de l’esprit affuté et de l’engagement intellectuel de la professeure Ronell et demandons à ce que lui soit accordé la dignité qu’elle mérite pour quelqu’un de cette stature internationale et de sa réputation. »

      Le New York Times et Quartz notent que la lettre rappelle les arguments utilisés pour contrer les enquêtes de harcèlement sexuel commis par des hommes : elle s’intéresse aux dommages potentiels sur la réputation de la chercheuse. Sans avoir eu accès au dossier, les soutiens certifient du côté malveillant et malhonnête de la plainte.

      Il a été par ailleurs reproché à l’étudiant d’utiliser un outil féministe comme le Title IX pour attaquer une féministe. Diane Davis qui dirige le département de réthorique de l’université du Texas, signataire de la lettre, précise au New-York Times : « Je soutiens, bien sûr, ce que le Title IX et le mouvement #MeToo essaie d’accomplir, leur effort pour confronter et éviter les abus, le fait de réclamer plus de justice. Mais, c’est pour cette raison qu’il est tellement décevant quand cette énergie incroyable de justice est retournée contre elle-même, ce que beaucoup de nous pensons qu’il s’agit dans ce cas. »

    • Pas de patrons, pas de managers : la vérité derrière la façade de la « hiérarchie horizontale » The Guardian, André Spicer, 30-07-2018 - Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr
      https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jul/30/no-bosses-managers-flat-hierachy-workplace-tech-hollywood

      Imaginez-vous travaillant pour une entreprise sans patron. Le premier jour, on vous remet un manuel à l’attention des nouveaux arrivants. Vous pouvez y lire que cela sera « la plus formidable expérience professionnelle de votre vie ». « Nous n’avons pas de hiérarchie et personne ne rend compte à personne ». Vous pouvez décider sur quels projets vous travaillez. Si vous détestez votre voisin, vous pouvez simplement aller plus loin – il y a des roues sous votre bureau pour vous y aider. L’entreprise affiche quelques curiosités intéressantes comme un salon de massage, la présence d’un économiste des plus radicaux et des voyages où tous les employés partent en vacances ensemble.

      « Les secteurs qui ont le moins de règles et de règlements officiels sont souvent le théâtre de harcèlement sexuel. »

      Ce n’est pas du fantasme. Cela se passe dans une société de développement de jeux vidéo appelée Valve. Basée dans une banlieue de Seattle, Valve a produit des jeux bien connus tels que Half-Life, ainsi qu’une plateforme de distribution numérique au succès colossal appelée Steam. Elle a récemment commencé à développer du matériel pour les développeurs de jeux vidéo.


      « Nombre de jeunes employés de l’industrie des hautes technologies pensent qu’il n’y a pas de hiérarchie, que leur patron est leur pote et que le travail est un plaisir. C’est de la fiction ». Photographie : Stephen Brashear/Getty Images

      En 2012, le manuel d’accueil des nouveaux employés de Valve fuite. Des articles flagorneurs sur cette entreprise unique et étonnante paraissent partout, de la BBC à la Harvard Business Review. L’économiste « maison » de Valve – Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des finances – est apparu dans un podcast décrivant un système unique de gratification des employés de l’entreprise.

      Depuis, l’aura chatoyante de la culture « sans patron » de Valve a commencé à pâlir. En 2013, une ex-employée a décrit l’entreprise comme ayant une « structure pseudo-horizontale ». « Il y a en fait dans l’entreprise une strate invisible constituée d’une puissante hiérarchie », disait-elle, ce qui « ressemble beaucoup au lycée ».

      Aujourd’hui, cinq ans plus tard, un autre ex-employé a partagé sur Twitter ses réflexions sur une entreprise, sans la nommer, qui ressemble beaucoup à Valve. Rich Geldreich a présenté comment l’entreprise embauchait des employés, leur faisait de formidables promesses, puis les congédiait dès qu’ils n’étaient plus utiles. Il a décrit l’entreprise comme étant dirigée par des « barons » – et conseille aux nouveaux employés de s’acoquiner/faire allégeance à un de ces barons afin « d’augmenter rapidement votre niveau d’immunité vis-à-vis des purges avant le cycle de licenciement suivant ».

      La description de Geldreich concorde avec certaines critiques de Valve sur le site web Glassdoor, sur lequel les employés évaluent anonymement leurs employeurs (ceci dit, beaucoup de salariés aiment cette culture de Valve). On y décrit la culture sans patron comme « seulement une façade » : « Pour réussir chez Valve, vous devez appartenir au groupe qui a le plus de pouvoir de décision et, même lorsque vous y réussissez un temps, soyez certain que vous avez une date de péremption. Peu importe à quel point vous travaillez dur, peu importe à quel point vous êtes original et productif, si vos patrons et les gens qui comptent ne vous aiment pas, vous serez bientôt viré ou poussé à partir ».

      Geldreich décrit une culture de travail néo-féodale où de puissants barons exercent impitoyablement leurs caprices sur des favoris éphémères avant de s’en détourner à l’occasion de la prochaine phase de « réduction des effectifs ».

      Cette incertitude endémique n’est pas propre à l’industrie du jeu vidéo. Jeffrey Pfeffer, de l’Université Stanford, souligne que de nombreux jeunes employés du secteur des hautes technologies pensent qu’il n’y a pas de hiérarchie, que leur patron est leur pote et que le travail est un plaisir. C’est de la fiction, dit Pfeffer. L’absence de règles formelles et de hiérarchie masque une structure de pouvoir informelle vicieuse. Mais contrairement aux bonnes vieilles hiérarchies, il y a peu de mécanismes de contrôle et de contre-pouvoirs dans les entreprises « horizontales ». Les « barons » influents peuvent satisfaire leurs caprices quasiment sans limites.

      Les industries qui ont le moins de règles et de règlements officiels sont souvent le lieu de harcèlement sexuel. Dans un livre à paraître, Peter Fleming, professeur dans une école de commerce, souligne que la vague de scandales déclenchée par les révélations sur la prédation présumée d’Harvey Weinstein est en grande partie liée aux structures organisationnelles très souples qui régissent le fonctionnement d’Hollywood.

      Tout comme les entreprises privées, le secteur public, célèbre pour sa bureaucratie, verse dans « l’horizontalité ». En lieu et place des règles, de la réglementation et des preuves, de nombreux organismes publics ont commencé à rechercher la « passion », « l’enthousiasme » et la « flexibilité ». Cela peut sembler génial, mais l’universitaire et auteur Paul du Gay prévient que cela peut mener à des résultats dangereux, voire désastreux. Par exemple, les mésaventures militaires du début du XXIe siècle ont souvent été dues à la passion et à l’enthousiasme des élus, prenant le pas sur les règles formelles et l’expertise offerte par les fonctionnaires et le personnel militaire.

      L’élimination des hiérarchies formelles s’est également révélée dangereuse dans les mouvements sociaux. Après avoir passé des années dans le mouvement de libération des femmes des années 1960, la politologue américaine Jo Freeman a mis en garde contre la « tyrannie de l’absence de structure ». Bien que les structures égalitaires et démocratiques présentent de nombreux avantages, a-t-elle souligné, l’absence de structure « devient vite un écran de fumée pour les forts ou les chanceux, qui établissent sans conteste une hégémonie sur les autres ». En mettant en place des règles et des structures, vous rendez clair et transparent le fonctionnement du groupe ou de l’organisation. La leçon que Freeman a apprise au début des années 1970 a été oubliée à maintes reprises.

      Les illusions d’absence de règles, de patrons et de hiérarchies sont séduisantes. Les hiérarchies peuvent être répressives, les règles peuvent être absurdes et les patrons peuvent être toxiques. Mais leur absence peut être pire.

      André Spicer, professeur à la Cass Business School de Londres, est l’auteur de Business Bullshit
      Source : The Guardian, André Spicer, 30-07-2018
      Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

  • Quel avenir pour #MeToo après les accusations contre Asia Argento ? - La Parisienne
    http://www.leparisien.fr/laparisienne/actualites/accusations-contre-asia-argento-metoo-ce-sont-des-milliers-de-femmes-20-0

    « L’arroseuse arrosée. On ne se méfie jamais assez des marchands de vertu, des donneurs et des donneuses de leçons. » Voilà comment l’éditorialiste Franz-Olivier Giesbert a réagi ce lundi matin aux accusations d’agressions sexuelles portées contre l’actrice italienne Asia Argento, l’une des principales dénonciatrices du producteur américain Harvey Weinstein.

    Ce lundi, le New York Times (NYT) a révélé que la quadragénaire, fer de lance du mouvement #MeToo, avait versé près de 400 000 dollars à l’acteur Jimmy Bennett pour réparer le traumatisme d’une relation sexuelle qu’ils auraient eue en 2013. Le jeune homme n’avait alors que 17 ans et l’actrice était de 20 ans son aînée.

    « C’est accablant parce que ça va affaiblir la parole de toutes les autres victimes #Metoo. Comment peut-on se présenter en justicière quand on se sait coupable ? », s’est encore interrogée Françoise Laborde, membre du CSA et du réseau Pour les femmes dans les médias (PFDM).

    LIRE AUSSI >Asia Argento, une porte-voix dans la tourmente

    A cette question, toutes les militantes féministes et dénonciatrices d’agressions sexuelles et de harcèlement, que Le Parisien a interrogées ce lundi, ont la même réponse. Sans se prononcer sur l’éventuelle culpabilité d’Asia Argento, toutes assènent qu’« une victime d’agression sexuelle, de viol ou de harcèlement n’est pas parfaite ! ».

    Noémie Renard, auteure d’« En finir avec la culture du viol » (Les Petits Matins, 2018), le résume ainsi : « On peut être à la fois victime et agresseur […] Comme Asia Argento aurait été violente, on estime qu’elle n’a pas pu subir d’agressions, ça n’a aucun sens. »
    « Personne ne peut avoir une vie irréprochable »

    « Il y a un empressement quasi-jubilatoire à se saisir de cette affaire pour tenter d’enterrer le mouvement MeToo », relève Alice Coffin. La co-fondatrice du collectif féministe La Barbe se dit « écœurée » par les réactions de certaines personnalités et estime que « cette affaire est un outil supplémentaire donné à ceux qui opposaient déjà une résistance acharnée à #MeToo ». La militante dénonce par ailleurs de « classiques tentatives de déstabilisation d’un mouvement ».

    Sous couvert d’anonymat, l’une des quatre élues EELV qui avaient accusé l’ancien député écologiste Denis Baupin de harcèlement et d’agressions sexuelles en 2016 confirme au Parisien l’existence d’un tel « mécanisme » : « Dès qu’on commence à parler, on va chercher tous nos écarts ». Celle qui devrait répondre dans les prochaines semaines à des accusations de diffamation se rappelle avoir « très vite vu des gens nous accuser de vouloir faire un coup politique, d’être des manipulatrices ». Et de confirmer : « Personne ne peut avoir une vie irréprochable mais ça n’autorise pas qu’on nous harcèle ou qu’on nous agresse. »

    De son côté, Sandra Muller, journaliste qui a lancé #balancetonporc, le pendant français de #MeToo, n’hésite pas à pointer du doigt un « système Weinstein » qui ferait tout pour étouffer les scandales.

    « Cette affaire tombe bien pour décrédibiliser ces femmes qui dérangent. Briser le silence coûte cher », estime Sandra Muller, nommée – parmi d’autres femmes — comme personnalité de l’année par le Time Magazine pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel. Selon la Française établie à New York, « ils vont essayer de démonter le mouvement au fur et à mesure, mais ça ne marchera pas ! ».
    « Continuer à faire exister le combat »

    Même son de cloche pour Alice Coffin qui considère l’affaire Asia Argento comme un « épiphénomène » qui va simplement « épuiser un peu plus les militantes féministes ». Ces dernières « devront redoubler d’énergie pour continuer à faire exister le combat ».

    Mais Asia Argento « n’est pas l’unique représentante de ce mouvement, rappelle toutefois Noémie Renard. #MeToo, ce ne sont pas seulement des stars de cinéma, ce sont des milliers de femmes. On ne peut pas remettre en cause leur témoignage. »

    #backlash

    • https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2323115-20180821-affaire-asia-argento-violences-sexuelles-question-pouvoir

      « Les gens vont utiliser cette histoire pour discréditer le mouvement. Ne les laissez pas faire. » Tarana Burke, la fondatrice du mouvement #MeToo, a réagi lundi aux révélations du New York Times sur l’argent versé par Asia Argento au jeune homme qui l’accuse d’agression sexuelle.

      « Nous sommes tous des humains imparfaits et nous devons tous être tenus responsables de notre comportement », estime Tarana Burke au sujet de l’actrice italienne, devenue une figure de proue du mouvement après ses accusations contre Harvey Weinstein.

      « J’ai toujours dit que le mouvement #Metoo était pour tout le monde, poursuit Tarana Burke, y compris ces jeunes hommes courageux qui parlent maintenant. On sera toujours bouleversés quand on entend les noms de nos personnes préférées en lien avec des affaires de violences sexuelles, sauf si on commence à parler moins des individus et davantage du pouvoir.
      « Les violences sexuelles sont une affaire de pouvoir et de privilège »

      « Les violences sexuelles sont une question de pouvoir et de privilège, estime-t-elle encore. Cela ne change pas si leur auteur est votre actrice, activiste ou professeur préféré, quel que soit son genre. »Elle a dit espérer qu’« à mesure que d’autres vont parler, en particulier des hommes, on se prépare à de difficiles conversations sur le pouvoir et l’humanité, le privilège et le préjudice. C’est moins un problème de crime et de châtiment que des blessures et de comment les prévenir. »

      L’actrice Rose McGowan, autre accusatrice d’Harvey Weinstein et figure de #MeToo, a dit avoir le cœur brisé après les révélations du New York Times, tout en appelant à la « mesure ». L’avocat d’Harvey Weinstein a lui dénoncé « l’hypocrisie » d’Asia Argento.

    • https://www.20minutes.fr/arts-stars/people/2322983-20180820-affaire-asia-argento-bien-certains-vont-jeter-affaire-den

      Ce n’est malheureusement ni le premier, ni le dernier dossier de la sorte qui sortira. J’ai toujours prôné la dénonciation avec #Balancetonporc, et non la délation et l’anonymat. Or, là, c’est une source non identifiée qui a envoyé les documents au New York Times, qui plus est de manière cryptée. En plein procès Weinstein. Après l’arrestation pour possession de drogue de Rose McGowan puis les mails échangés entre le producteur et une victime de viol, nous entrons dans une nouvelle ère là. Constituer des dossiers va être le nouveau jeu. Weinstein a lancé des enquêtes sur toutes les femmes qui l’accusent, près de 100.
      Quelles conséquences pour le mouvement, faut-il qu’il se renouvelle ?

      J’ai du mal à me dire qu’Asia Argento se serait engagée comme elle l’a fait, si elle avait fait quelque chose de mal, qu’elle avait quelque chose à se reprocher. Mais le mouvement #MeToo et #Balancetonporc, ce n’est pas seulement elle, qui est d’ailleurs peu connue aux Etats-Unis, c’est aussi Rose McGowan, Alyssa Milano, etc. Bien sûr, certains vont se jeter sur l’affaire pour dénigrer tout le mouvement. Il ne faut pas leur donner plus de crédit que ça, ces 5 % sont ceux qui font le plus de bruit, et parfois de mal, car ils veulent garder le pouvoir et l’utiliser sur qui bon leur semble. Ceux qui vont crucifier Asia Argento sont les mêmes qui demandaient de ne pas condamner trop vite Weinstein​, d’attendre son procès.

  • Doug Casey est-il un visionnaire ?
    https://www.caseyresearch.com/doug-casey-on-virtual-girlfriends
    Cette semaine, il se penche sur la manière dont la réalité augmentée (AR) et l’intelligence artificielle (IA) pourraient profondément modifier les relations amoureuses, le mariage et même la société elle-même.
    La plupart des gens n’ont même pas pensé à ce sujet. Mais, comme l’explique Doug, ces technologies vont bientôt changer le monde de manière inimaginable.

    Justin : Doug, j’ai récemment lu un article sur une entreprise américaine qui propose une « expérience de petite amie » numérique. http://www.3dhologirlfriend.com/Default
    3D Hologroup a créé une application qui vous permet de télécharger des petites amies virtuelles. Et vous pouvez interagir avec ces filles si vous possédez un appareil de réalité augmentée.

    Doug : Le monde se transforme en quelque chose de presque méconnaissable du passé.
    Si vous êtes attirés par quelqu’un ces jours-ci, vous avez essentiellement besoin d’eux pour signer un papier avant d’oser vous embrasser ou même de les toucher. Je ne plaisante pas. C’est la politique de nombreuses universités et entreprises. Beaucoup d’hommes normaux et en bonne santé aux États-Unis et en Europe, et pas seulement au Japon. Les risques l’emportent sur les récompenses. Le mouvement #MeToo et ses clones ont un effet subtil sur le type moyen. Et les femmes ont peur que les hommes ne soient que Harvey Weinstein en attente.
    Cela se produit parce que le politiquement correct a imprégné la société. Il a atteint le point où il détruit la civilisation occidentale. Il transforme les hommes en petits garçons de soja et les femmes en harridans.
    L’une des conséquences est que les Américains et les Européens considèrent de plus en plus les Américains et les Européens comme faibles et méprisables, voire pitoyables.
    C’est presque une situation nietzschéenne dans laquelle ce qui est sur le point de tomber mérite d’être poussé.
    Ainsi, il semble que la technologie, qui a été notre amie à travers l’histoire, se retourne contre nous de manière inattendue.

    #relations_amoureuses #intelligence_artificielle #technologie #Doug Casey

  • Trois employés de Sodexo se battent pour sauver leur emploi à Kaboul
    Dans les quartiers Nord de Marseille, les salariés d’un McDo kidnappés et assassinés

    Les médias américains inquiets du climat de haine entretenu par un dissident chinois
    « Quoi j’ai dit quelque chose de faux ? » : la police interrompt Donald Trump en pleine interview

    Au procès d’Harvey Weinstein, le candidat de l’opposition appelle à un front anti-IBK
    Au Mali, la correspondante au ton « chaleureux » d’une des victimes présumées

    Episode de canicule déjoué en Allemagne : deux arrestations en Tunisie
    Combien d’attentats à la ricine votre département a-t-il connus ?

    Ce qu’il faut retenir de la 28ème édition des Nuits des étoiles
    Quatre planètes éclatantes à observer au Zimbabwe

    Au procès de Booba et Kaaris sous une chaleur écrasante
    Un samedi noir sur les routes de France, rappeurs contrit et avocats fougueux

    La rivière oubliée de Gaza
    Washington : un Palestinien tué lors de nouvelles violences à la frontière avec Israël

    #de_la_dyslexie_creative

  • Rire de soi a un prix. Voilà pourquoi Hannah Gadsby arrête l’humour
    https://www.nouvelobs.com/rue89/notre-epoque/20180710.OBS9478/rire-de-soi-a-un-prix-voila-pourquoi-hannah-gadsby-arrete-l-humour.html

    Déconstruction critique du stand-up et de l’industrie de l’humour en général, "Nanette" interroge alors le concept même de blague, qui n’aurait besoin que d’une situation initiale et d’une chute – drôle –, au détriment de la "vraie" fin d’une histoire qu’un public ne saurait supporter.

    Elle avait commencé par dire que le garçon de l’arrêt de bus ne l’avait pas tapée parce qu’il ne "tapait pas les femmes". On avait rigolé. A la fin du spectacle, elle revient sur ses propos en expliquant qu’il l’a bel et bien tabassée, qu’elle n’a ni porté plainte ni été à l’hôpital : "J’étais persuadée que c’était tout ce que je méritais."

    Ce témoignage en guise de colonne vertébrale, "Nanette" transcende la fonction cathartique du spectacle : il n’est plus question de ménager le public, de le libérer d’une tension ou d’un stress, mais d’interroger la manière dont il se considère au sein de la société. Spectateurs, êtes-vous des oppresseurs ?

    Alors Hannah Gadsby arrête l’humour, le rire est mort et "Nanette" est le théâtre d’une colère qui s’érige notamment contre la domination de l’homme blanc hétérosexuel, dont elle relève la susceptibilité, non sans ironie, dans l’après #Metoo :
    ""Pour la première fois de l’histoire, vous êtes une sous-catégorie de l’humanité. Vous dites ’Non, on a inventé les catégories, on n’est pas censés jouer, on est neutres’. Plus du tout. Personnellement, j’ai toujours été jugée sur ce que je suis : j’ai toujours été une grosse gouine moche. Je suis morte à l’intérieur, je suis blindée, je peux gérer. Mais vous, les gars, vous êtes fragiles.""
    Avoir peur des hommes

    S’appuyant sur sa formation en histoire de l’art, elle attaque les représentations des femmes, condamnées à être "vierges" ou "putes", ainsi que "l’art majeur" dont les acteurs font bloc autour de Picasso, par exemple, "qui s’est tapé une mineure" en la personne de Marie-Thérèse Walter.

    Elle parle des hommes célèbres dont il faut "protéger la réputation". Les "Donald Trump, Pablo Picasso, Harvey Weinstein, Bill Cosby, Woody Allen, Roman Polanski". ("Ces hommes ne sont pas des exceptions, ils sont la règle.")

    Elle insiste aussi sur les dommages générés par ces réflexes patriarcaux, notamment dans le cadre de l’affaire Monica Lewinsky :
    ""Si les humoristes avaient fait leur travail correctement et s’étaient moqués de l’homme qui avait abusé de son pouvoir, peut-être que l’on aurait une femme expérimentée à la Maison-Blanche, au lieu d’un homme qui reconnaît ouvertement avoir agressé sexuellement des jeunes femmes simplement parce qu’il le pouvait.”"

    #grand_homme #humour #féminisme

    • Citation de Picasso présente dans son spectacle et dont je n’arrive pas à trouvé d’autre source :

      Dès que je quitte une femme, je devais la bruler. En détruisant la femme, on détruit le passé qu’elle représente.

      Mais quel enflure ! En cherchant des citations misogynes de picasso google m’a proposé aussi la mysogynie de Bazelitz, Kundera

      Sur la misogynie de picasso :
      http://homocoques.fr/2-articles/596-en-etudiant-picasso-j-ai-decouvert-le-monstre

      Et je m’en sens mal car Picasso fut sans conteste un génie. Je crois qu’il a basculé en psychopathe autour de Guernica et de la guerre. La gloire et l’argent alors assurés, il a vécu avec le sentiment d’une impunité totale. Au début des années 1950, par exemple, il confisque leur passeport à deux petites Américaines venues le voir. Il leur prodigue « des gâteries » - quel euphémisme sordide - pendant deux jours avant de leur rendre leurs papiers.

      ...

      Otto Van Rees, un de ses voisins à l’époque du Bateau-Lavoir, a dit de lui : « C’est un horrible Espagnol, un cinglé. Il est peut-être un artiste merveilleusement doué mais il n’a strictement que ses intérêts en vue. Nous étions tous aussi pauvres que des rats et nous nous aidions mutuellement. Picasso ne rendait jamais rien. » Françoise Gilot qui fut une de ses compagnes et lui a donné deux enfants hors mariage a eu aussi ces mots : « Picasso peint avec le sang des autres. » Cela le résume bien. Sa jouissance est prioritaire sur tout, et faire jouir l’autre n’est absolument pas son souci. Je ne pense même pas qu’il ait su que les femmes puissent éprouver du plaisir.

      ...

      L’image de Picasso est celle de la liberté absolue. Or c’était aussi un censeur. Il a fait interdire les mémoires de Fernande et a voulu récidiver quand Françoise a publié son témoignage. Il a également fait interdire de toutes les bonnes galeries parisiennes l’artiste Luc Simon qui lui succédait dans les bras de Françoise.

      ...

      Il aura haï les femmes qu’il a eues au point de les battre et de les enfermer. Marie-Thérèse a employé le mot viol. Françoise a eu une joue percée par une gauloise allumée et ne parlons pas de la tragédie sadomaso avec Dora Maar. Marie-Thérèse et Jacqueline se sont suicidées. Maya, une de ses filles, et Marina, une de ses petites-filles, ont dit des choses sur leur gêne éprouvée gamines… Tous, en particulier ses amantes, n’auront été que des esclaves à son service, n’ayant droit ni au désir ni aux sentiments. Loin de lui, elles peuvent mourir, elles le devraient même. Les seules femmes ayant tenu tête auront été son première mécène Gertrude Stein et Françoise Gilot pour laquelle j’éprouve un immense respect.

      #viol #sadisme #violences_sexuelle #violences_masculine

  • Reality Winner Has Been in Jail for a Year. Her Prosecution Is Unfair and Unprecedented.

    https://theintercept.com/2018/06/03/reality-winner-nsa-paul-manafort

    THIS IS A tale of two defendants and two systems of justice.

    Christmas was coming, and Paul Manafort wanted to spend the holiday with his extended family in the Hamptons, where he owns a four-acre estate that has 10 bedrooms, a pool, a tennis court, a basketball court, a putting green, and a guest cottage. But Manafort was under house arrest in northern Virginia. Suspected of colluding with the Russian government, the former campaign manager for Donald Trump had been indicted on a dozen charges involving conspiracy, money laundering, bank fraud, and lying to federal investigators.


    Paul Manafort’s Hamptons estate, left, and the jail in Lincolnton, right.

    A lobbyist who became mysteriously wealthy over the years, Manafort avoided jail by posting $10 million in bond, though he was confined to his luxury condo in Alexandria, Virginia. That’s why, in mid-December, his lawyers asked the judge to make an exception. Manafort’s $2.7 million Virginia home could not provide “adequate accommodations” for his holiday guests, some of whom would have difficulty traveling because of health problems, the lawyers stated. A day later, the judge agreed to the request. Manafort could have his Christmas getaway in the Hamptons.

    Hundreds of miles away, another defendant in an eerily related case was not so blessed. Reality Winner, an Air Force veteran and former contractor for the National Security Agency, was sitting in a small-town jail in Lincolnton, Georgia. Arrested a year ago today, on June 3, 2017, Winner was accused of leaking an NSA document that showed how Russians tried to hack American voting systems in 2016.

    The bail system plays to the advantage of wealthy defendants like Paul Manafort and Harvey Weinstein (who paid his $1 million bond with a cashier’s check), because they can provide the government with fantastic sums; freedom is quite literally for sale, as in a story Anton Chekhov might have written about czarist Russia. The poor and the unlucky are stuck behind bars, punished before their guilt is determined. Defendants who are unable to pay bail have sometimes been held for years without a trial.

    IMAGINE THAT YOU are facing trial but are forbidden from searching for evidence to prove you are innocent. It is a scenario from a totalitarian “Alice in Wonderland” – you may do anything you want to defend yourself except the one thing that might actually help.

    That’s a rough approximation of the situation Winner’s lawyers have faced due to a strange twist in her case. She is accused of potentially causing “exceptionally grave damage” to national security by leaking a classified document that, the government claims, contains “national defense information.”

    Winner’s lawyers have stated in public filings that they needed to search on the internet to determine whether information in the document was known to a large number of government officials or was in the public domain. This was crucial to their effort to prove that the document did not merit NDI status. But because the document is classified, and because researching its contents on the internet could disclose search queries to hackers who theoretically could compromise the lawyers’ computers or access their routers, they were prohibited from Googling key phrases, according to court filings. In essence, Winner’s lawyers were forbidden from finding out if the document was as sensitive as the government claimed.

  • Asia Argento excédée par les propos de Franz-Olivier Giesbert
    http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/asia-argento-excedee-par-les-propos-de-franz-olivier-giesbert_38f719f

    C’est par l’intermédiaire d’un tweet rageur qu’Asia Argento s’en est prise violemment à Franz-Olivier Giesbert après ses propos sur les victimes d’Harvey Weinstein. Dimanche 27 mai, dans l’émission Les Terriens du dimanche, le journaliste a jugé « hypocrite » les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc. Un jugement dont ce serait bien passé la comédienne.

    « Toutes les femmes, actrices ou non, qui ont été violées par Weinstein ou par des monstres inconnus, sont des survivantes et des sœurs », rappelle-t-elle sur son compte Twitter avant de s’adresser brutalement à l’éditorialiste : « Tandis que tous les hommes comme vous, Franz-Olivier Giesbert, qui tentent de préserver leur place dans le #patriarcat en humiliant les victimes, sont juste des putains d’enfoirés ».

  • While all men like you, Franz-Olivier Giesbert, trying to save your spot in the patriarchy by shaming victims, are just sick motherfuckers.

    https://www.20minutes.fr/arts-stars/people/2279015-20180528-asia-argento-reagit-propos-anti-metoo-franz-olivier-giesb

    Seulement deux jours après l’inculpation de viol et d’agression sexuelle du producteur Harvey Weinstein, le débat est aussitôt ravivé sur le plateau des Terriens du dimanche. En effet, le journaliste Franz-Olivier Giesbert a tenu à défendre les positions de Catherine Deneuve ou Brigitte Bardot, tout en maintenant que certaines femmes ayant accepté de rejoindre le multimilliardaire dans une chambre d’hôtel savent « très bien pourquoi il les convoque. » Mais pas que.

    Franz-Olivier Giesbert a également sous-entendu que le mouvement #BalanceTonPorc avait « oublié les femmes de ménage, les caissières dans la grande distribution, violées, persécutées qui finissent par céder », mettant en avant seulement les « belles actrices ».

    Pour mémoire le tag #metoo et #balancetonporc a servie à toutes sortes de femmes et en particulier aux femmes de ménages qui travaillent à la SNCF et qui ont remporté leur procès grace au contexte de novembre dernier.
    cf : https://www.bfmtv.com/police-justice/harcelement-sexuel-un-sous-traitant-de-la-sncf-condamne-a-15-million-d-euros-
    D’autre part ce tag n’est pas réservé aux actrices et les millions de femmes qui l’ont utilisé pour témoigné sont des femmes de tous les secteurs pro et de tous les milieux ayant accès à twitter.

  • Israeli Operatives Who Aided Harvey Weinstein Collected Information on Former Obama Administration Officials

    https://www.newyorker.com/news/news-desk/israeli-operatives-that-aided-harvey-weinstein-collected-information-on-former-obama-administration-officials/amp?__twitter_impression=true

    In June, 2017, Ann Norris, a former State Department official, received an e-mail containing an unusual proposal. Norris is married to Ben Rhodes, a former foreign-policy adviser to President Barack Obama and a prominent advocate of the Iran nuclear deal. In the e-mail, a woman who introduced herself as Eva Novak and claimed to work for a London-based film company called Shell Productions asked Norris to consult on a movie that she described as “ ‘All the President’s Men’ meets ‘The West Wing’ ”: it would follow the personal lives of “government officials in the positions that determine war and Peace” during times of geopolitical crisis, including “nuclear negotiations with a hostile nation.” Recalling the exchange, Ann Norris said that she found Eva Novak’s request “bizarre,” and that she “never responded.”

    The e-mail appears to be part of an undercover campaign by an Israeli private-intelligence firm to discredit Obama officials who had been leading proponents of the 2015 Iran nuclear deal. The campaign was first reported, on Saturday, by the British newspaper the Observer. However, sources familiar with the effort and pages of documents obtained by The New Yorker reveal that there is more to understand. Two of those sources told me on Sunday that the operation was carried out by Black Cube—a firm that was also employed by Harvey Weinstein and that offers its clients access to operatives from “Israel’s élite military and governmental intelligence units,” including the Mossad.

  • Digne de Nixon… et de Weinstein
    Richard Hétu | 07/05/2018
    https://richardhetu.com/2018/05/07/digne-de-nixon-et-de-weinstein

    (...) En juin 2017, selon le journal britannique The Observer, des conseillers du président Trump ont fait appel à une société de renseignement israélienne pour trouver des informations compromettantes sur deux anciens membres de l’administration Obama, Ben Rhodes (photo) et Colin Kahl afin de discréditer l’accord sur le nucléaire iranien auquel ils avaient contribué en tant que négociateurs. Rhodes était le conseiller adjoint de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale et Kahl était le conseiller du vice-président Joe Biden pour la sécurité nationale.

    Fraîchement auréolé d’un prix Pulitzer, Ronan Farrow confirme l’information de l’Observer dans le New Yorker en y ajoutant un fait important et une nuance toute aussi importante. Il identifie la société de renseignement israélienne mêlée à cette histoire – Black Cube, fondée par des anciens agents de la Mossad et employée par le producteur Harvey Weinstein afin de trouver des informations compromettantes sur ses accusatrices. Citant une source anonyme, il affirme par ailleurs que Black Cube n’a pas été embauchée par des conseillers du président mais par un client du secteur privé.

    Kahl, interviewé par Farrow, ne demeure pas moins convaincu que des proches de Trump ont été mêlés à cette affaire digne de Nixon et de Weinstein (avec une différence non négligeable : Black Cube, jusqu’à preuve du contraire, n’a pas employé de méthodes criminelles dans ses missions).

  • « Honte à la victime et déshonneur sur la pute »
    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/17/honte-a-la-victime-et-deshonneur-sur-la-pute_1644035

    Pute, menteuse, traîtresse, opportuniste.

    Voilà ce qu’on aura dit de moi et plus encore lorsque, en octobre dernier, j’ai commencé à m’exprimer sur le fait d’avoir été violée en 1997 par Harvey Weinstein. Pour avoir osé dire ma vérité : honte à la victime et déshonneur sur la pute. Depuis lors, chaque jour apporte son lot de menaces et d’intimidations. Et je suis loin d’être la seule.

    Partout, portées par l’ampleur du mouvement #MeToo, les femmes ont eu le courage de partager en public leurs traumatismes les plus intimes et les plus douloureux. En retour, elles ont dû affronter des agressions redoublées concernant leur caractère, leur crédibilité, leur dignité. Six mois après la sortie de l’affaire Weinstein dans les pages du New York Times et du New Yorker, nombreuses sont les personnalités publiques […] à se sentir elles aussi désinhibées et ce, non pour avouer leur lâcheté de spectateurs indécents mais pour ni plus ni moins dénoncer le mouvement #MeToo. Haro sur les survivantes ! Plus nous sommes nombreuses et ferventes, plus violentes sont la fréquence et la férocité des attaques !

    Berlusconi a montré le chemin

    La palme de la brutalité face au déferlement de cette parole féminine revenant à mon pays d’origine : l’Italie.

    Mais le poison se répand partout.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    Pour avoir défendu le droit des femmes en Italie, la Boldrini a subi des intimidations d’une violence extrême. On a brûlé son effigie dans la rue. Le maire de droite d’une petite ville a suggéré sans vergogne qu’elle méritait d’être violée par des migrants. Au cours d’une étape d’un rallye automobile, Matteo Salvini, le leader d’extrême droite de la Ligue du Nord, a osé comparer la députée Boldrini à une poupée gonflable. Et ce diffamateur sans foi ni loi a des chances de devenir un jour Premier ministre. Un autre membre de la Ligue du Nord a purement et simplement appelé à l’élimination physique de la Boldrini. Quant à Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement Cinq Etoiles, n’a-t-il pas simplement demandé à ses deux millions de followers Facebook : que feriez-vous avec la Boldrini dans une voiture ?

    Ambra Battilana Gutierrez est une jeune mannequin courageuse qui a osé tenir tête à deux monstres : Berlusconi et Weinstein. Elle a pu témoigner de ce qu’elle a vu et subi lors des fameuses parties « bunga-bunga » organisées par Berlusconi. Deux ans plus tard, le NYPD lui a demandé de porter un micro lors d’une rencontre avec Harvey Weinstein. Elle a ainsi pu enregistrer les preuves de ce qu’elle a subi en fait de harcèlement, de manipulation et d’intimidation. Le groupe Murdoch a lancé une campagne de calomnie faisant d’elle une pute et une extorqueuse.

    Nous adressons donc une mise en garde aux Américains : ce qui a commencé en Italie se poursuit à présent aux Etats Unis. Une parole publique souillée par le délire malsain des tabloïds. Sexe, mensonge, violence et corruption. Berlusconi suivi de près par Trump et Weinstein. La figure à présent familière de l’homme de pouvoir se servant des femmes pour assouvir ses pulsions sexuelles et regonfler son ego fragile avant de couvrir son crime par l’usage de la corruption, de la menace et de l’intimidation. L’exploitation des femmes étant l’élément central de son cheminement vers le pouvoir. Weinstein a utilisé sa société pour asservir ses proies, Trump a gagné en pouvoir dans le monde des affaires et des médias grâce au concours Miss USA.

    Berlusconi leur a montré le chemin à tous les deux. Il a corrompu son pays, étape par étape, au travers d’un vaste empire médiatique régnant sur trois chaînes de télévision nationales, Mondadori - le plus grand éditeur de livres et de magazines ainsi que d’un quotidien,Il Giornale - et Striscia La Notizia, une émission satirique hebdomadaire sur Canal 5, la plus regardée en Italie depuis les années 80, qui tourne le journal télévisé en dérision et met en scène des filles à moitié nues.

    Avec le temps, cette représentation par la télévision italienne de la femme comme objet sexuel, stupide, muette et soumise s’est généralisée jusqu’à s’insinuer dans l’inconscient national, contaminant la culture et déformant les ambitions des jeunes Italiennes. On leur disait « fais la con, tais-toi, sois sexy, c’est la meilleure manière d’être admirée et de réussir dans la vie ». Un objet de désir sans voix. Si Berlusconi a été capable d’accomplir cela, c’est parce que les femmes étaient déjà considérées comme moins que rien, cantonnées à deux rôles tout au plus : la maman et la putain. L’Italie a longtemps été sexiste jusqu’à l’os : la misogynie y est une loi courante et le féminicide une réalité quotidienne.

    En Italie, toutes les soixante heures, une femme est tuée par un homme. Une femme sur trois a subi des violences sexuelles sous une forme ou une autre au cours de sa vie. Une femme sur trois !

    Jusqu’en 1981, la justice italienne pouvait supprimer des accusations de viol si la victime acceptait d’épouser son violeur.

    On désignait cette pratique épouvantable sous le nom de « mariage réparateur ». Jusqu’à la même année, un mari pouvait tuer sa femme qu’il soupçonnait d’adultère et n’être que faiblement condamné. Jusqu’en 1996, le viol n’était pas considéré comme un crime contre une personne mais une atteinte à la morale publique. […]

    Réfléchissez-y !

    Tout se passe comme si la loi entravait la déclaration et les poursuites. Jusqu’à prétendre qu’il ne s’est rien passé. Une loi écrite par les hommes pour les hommes. Une loi conçue pour protéger les violeurs. Quand je me suis décidée à parler de Weinstein, c’est tout d’abord en Italie que mon récit n’a été ni cru ni accepté. Au lieu de cela, on a souillé ma réputation, déformé mon histoire et dénigré ma crédibilité.

    Quasiment tous les jours, la télévision montrait un panel de gens qui ne me connaissaient pas, que je n’avais jamais rencontrés et qui se sentaient légitimes pour affirmer si oui ou non j’avais été violée. Ils disséquaient mon histoire et ma vie comme autant de détectives d’une scène de crime qui n’existait que dans leur imagination malsaine. Et ces grands détectives de conclure que non seulement j’avais demandé à être violée mais que j’en avais tiré bénéfice. Ce qui m’était arrivé n’était pas un viol mais de la prostitution. A leurs yeux, je ne valais même pas la peine d’être considérée comme victime de ce crime monstrueux. A leurs yeux, je n’étais pas assez bonne pour être violée. Cette déshumanisation impitoyable opérée au travers des médias italiens a répandu l’idée dans toute l’Italie que l’on peut avilir et calomnier en toute impunité.

    Les commentaires parmi les plus cruels et les plus blessants sont venus de certaines de mes connaissances. Catherine Breillat, sans doute la réalisatrice la plus sadique et la plus inhumaine avec laquelle il m’ait été donné de travailler, se déclare féministe mais fait toujours passer son intérêt personnel avant celui des femmes. Dans un entretien récent, elle a déploré la perte d’Harvey Weinstein pour le cinéma européen mais n’a pas eu un mot de soutien pour toutes les femmes qu’il a violées, agressées, harcelées. Au lieu de cela, me prenant en exemple, elle a tenté de salir la crédibilité de tous ceux qui accusent Weinstein.

    Il y a aussi Vincent Gallo, acteur et mannequin. Afin d’assurer la promotion de la collection qu’il promeut, il a exploité les pages du magazine de mode britannique Another Man pour mener une attaque injuste et malveillante contre Rose McGowan et moi-même. (Je ne connais pas Gallo, nous nous sommes vaguement croisés il y a une vingtaine d’années). Il a déshonoré Yves Saint Laurent et le directeur artistique Anthony Vaccarello qui a autorisé son mannequin à vendre des vêtements sur le dos de deux rescapées d’agressions sexuelles. Yves Saint Laurent et Jefferson Hack, l’éditeur de la revue Another Man, se sont couverts de honte en autorisant Gallo à faire cela en leur nom, sans aucune censure, tout en profitant silencieusement de la publicité générée par cette affaire.

    Et ce sont nous les putes !?

    Je ne permettrai pas à ces pyromanes de me dénigrer impunément. Ni moi, ni #MeToo, ni personne. Aucune d’entre nous ne devrait tolérer cela.

    Toutes des Nanine McCool

    Les exemples ne manquent pas et nous devrions toutes rendre hommage à Nanine McCool. Cette femme courageuse s’est levée dans un stade de plus de 10 000 personnes pour tenir la dragée haute à Tony Robbins, gourou autoproclamé et demi-dieu de pacotille [cet auteur de livres de développement personnel a condamné le mouvement #MeToo lors d’un grand show, ndlr.] Cet homme, stéréotype du mâle dominant façon poupée Ken, s’est dressé devant elle de toute sa hauteur tentant d’utiliser sa force physique pour l’intimider, empiéter sur son espace, la déstabiliser. Nanine ne s’est pas démontée et n’a pas reculé. Elle l’a emporté et démasqué ce nabot voulant se faire passer pour un géant. Il n’a exprimé ses regrets qu’après la diffusion d’une vidéo virale (2).

    Nous sommes toutes des Nanine McCool. Je la soutiens, ainsi que tous les survivants. Leur douleur est ma douleur. Leur trauma, mon trauma. Leur voix, ma voix. Mon expérience personnelle et mon chagrin ont fait de moi une militante. Ils m’ont donné une vocation, une mission et un message autrement plus précieux pour le respect de moi-même que n’importe qu’elle carrière dans le cinéma.

    Il y a six mois, le monde a changé. Définitivement. Irrévocablement. L’équilibre des forces a enfin basculé du côté des survivants auxquels on a donné une voix et une estrade pour dire leur vérité au monde. Si nous restons forts, déterminés, vigilants - si nous nous soutenons les uns les autres - les intimidateurs tomberont.

    Ce qui est fait ne peut être défait. Ce qui a été révélé ne peut plus être caché. Ce qui a été dit ne peut plus être tu.

    Pour avoir dit ma vérité aux puissants j’ai été traitée de pute, de menteuse et d’opportuniste. Mais s’il est une chose que je ne ferai plus, qu’aucune d’entre nous ne fera plus : garder le silence.

  • Podcast : #MeToo et après ? - ChEEk Magazine
    http://cheekmagazine.fr/societe/podcast-metoo-apres

    Octobre 2017, des actrices américaines s’unissent pour mettre fin à l’omerta protégeant le producteur hollywoodien Harvey Weinstein. En France, l’affaire fait du bruit et une journaliste lance dans la foulée sur Twitter le hashtag #BalanceTonPorc. Les femmes témoignent alors en masse du harcèlement, des agressions sexuelles et des viols dont elles ont été victimes. La libération de la parole est mondiale, le hashtag décliné dans toutes les langues.

    Cinq mois plus tard, que reste-t-il de cette formidable insurrection féminine et féministe ? La fin du patriarcat est-elle proche ? En 2018, les femmes peuvent-elles espérer un monde plus égalitaire ? C’est à ces questions qu’ont répondu nos invitées Bibia Pavard, historienne du féminisme, Marie Kirschen, journaliste à Buzzfeed et Nolwenn Agbovor, avocate spécialisée dans les violences faites aux femmes, lors du talk organisé par Cheek Magazine au Silencio le 23 janvier dernier.

    C’est à (ré)écouter ici :

    https://soundcloud.com/cheekmagazine/cheek-talk-metoo-et-apres

  • Weinstein Co : la faillite de l’entreprise libère ses employés de leurs accords de confidentialités
    https://www.ecranlarge.com/films/news/1016210-weinstein-co-la-faillite-de-l-entreprise-libere-ses-employes-de-

    "Aujourd’hui, l’entreprise fait également un pas important vers la justice pour les victimes bâillonnées par Harvey Weinstein. Depuis Octobre, il a été rapporté qu’Harvey Weinstein a utilisé des accords de confidentialités comme des armes secrètes pour réduire ses accusateurs/accusatrices au silence.

    Ces « accords » sont désormais caducs, avec effet immédiat. L’entreprise lève toute clause de confidentialité dans la mesure où elles ont empêché ceux et celles qui ont soufferts ou ont été témoins d’un quelconque mauvais comportement sexuel de la part d’Harvey Weinstein de raconter leurs histoires. Personne ne devrait avoir peur de parler, ou être intimé, poussé à se taire. L’entreprise remercie les personnes braves qui se sont déjà faites connaître. Vos voix ont inspiré un vent de changement à travers le pays et le monde."

  • Après #MeToo : une autocritique du mâle | Les couilles sur la table
    https://www.binge.audio/apres-metoo-une-autocritique-du-male

    Qu’est-ce que le système mis en place par le prédateur sexuel Harvey Weinstein nous raconte plus largement sur les rapports hommes-femmes aujourd’hui ? Et maintenant que plus personne ne peut faire semblant d’ignorer l’ampleur des violences sexuelles infligées aux femmes, que peuvent faire les hommes ? Le sociologue et philosophe Raphaël Liogier tente une réponse introspective dans son essai « Descente au coeur du mâle » (Les Liens Qui Libèrent). Dans cet épisode, il est question de capitalisme sexuel, de désir, d’excision symbolique, de complexe de castration et de l’impuissance de la virilité. Durée : 40 min. Source : Binge (...)

    http://www.podtrac.com/pts/redirect.mp3/feeds.soundcloud.com/stream/413990226-lescouilles-podcast-apres-metoo-une-autocritique-du-male.mp3

    • pas fan du tout du type qui intervient (je trouve sa position pateline, souvent douteuse, pas franchement si claire - dans les moments où il coupe la parole à son interlocutrice, c’est toujours dans des moments de faillite possible de ses positions, positions assez ambiguës souvent - il me faudrait du temps pour décortiquer tout ce qui m’y gêne et hélas je l’ai pas vraiment, là), mais je découvre par ce lien le podcast, dont j’écoute pas à pas toutes les capsules, et c’est franchement chouette. Bref, ça vaut le coup d’y passer du temps.

  • #MeToo : à force de « mais », on n’avance pas | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/158344/metoo-mouvement-general

    MAIS il faut faire attention. MAIS ça va trop loin. MAIS les réseaux sociaux ne doivent pas être un tribunal populaire. MAIS il faut laisser la justice faire son travail. MAIS il y a des femmes qui mentent. MAIS il y a des femmes qui se victimisent. MAIS il y a des hommes qui sont persécutés. MAIS la séduction.

    Arrivée au point « séduction », en général, je sucre mon café avec un comprimé de valium, en me demandant si je vis sur la même planète que les personnalités qui se répandent dans les médias, toutes pétries d’inquiétudes face aux hordes féministes qui terrorisent le pays.

    Sur ma planète à moi, ça ne va pas trop loin : ça ne va nulle part

    Il ne se passe rien. Je cherche des exemples d’hommes dont la vie professionnelle et personnelle aurait été ébranlée par des accusations, mensongères ou pas. Je n’en vois aucun. Quel homme a été cloué au pilori du féminisme vengeur ?

    Prenons les cas les plus connus sur lesquels on prétend que les féministes enragées, comme moi, s’acharnent : la promo du dernier film de Woody Allen s’est bien passée, Roman Polanski devrait être un personnage du prochain film de Tarantino, Bertrand Cantat est en tournée (le 29 mai prochain il sera à l’Olympia et c’est déjà complet), Gérald Darmanin est toujours ministre de la République, Nicolas Hulot n’a pas perdu un point dans les sondages de popularité et reste le politique le plus apprécié des Français, le journaliste de LCP, Frédéric Haziza, qui était accusé d’agression sexuelle, a réintégré son poste et son accusatrice a démissionné, la cagnotte « Free Tariq Ramadan » a dépassé les 100.000 euros en quelques jours.

    Dans les médias, je ne peux citer qu’un cas où il s’est passé quelque chose. Patrice Bertin, célèbre voix de France Inter, mis en cause par plusieurs journalistes pour harcèlement et tentative de viol, est parti en retraite anticipée en novembre dernier. Je ne vais pas me prononcer sur ces cas, au demeurant forts différents les uns des autres. J’aimerais simplement qu’on se rende compte du décalage entre un discours général du « ça va trop loin » et le réel.

    À LIRE AUSSI Harvey Weinstein, Woody Allen, Roman Polanski... Comment juger l’œuvre des artistes visés par #MeToo ?
    Vous savez où est Harvey Weinstein ?

    Quand on nous dit que ça va trop loin, on se fout tout bonnement de notre gueule. Vous savez où est Harvey Weinstein ? En Arizona, où il se fait des hôtels et des restaurants de luxe. On pense qu’il est aussi allé se dorer les poils du cul dans un centre qui traite les problèmes d’addiction, The Meadows (les prairies), où a également séjourné Kevin Spacey. Ça se trouve ils se sont fait des apéros sympas au bord de la piscine.

    Photo officielle tirée du site de la clinique The Meadows.

    Je crois que j’ai rarement assisté à un tel décalage entre un discours et le réel. Ça me rappelle la campagne électorale de Jacques Chirac en 2002, la manière dont il avait martelé sans cesse le mot « insécurité », qui était une nouveauté lexicale, et même « sentiment d’insécurité », réussissant à créer une impression de danger qui, peu de temps avant, était inexistante.

    Mais les détracteurs du mouvement #MeToo n’ont pas seulement décorrélé l’impression générale de la situation concrète. Ils ont enterré le mouvement grâce à un magnifique tour de passe-passe qui a consisté à déplacer des questions sociétales sur le terrain judiciaire en évoquant la présomption d’innocence, et sur le terrain moral en évoquant le puritanisme. Chapeau bas.

    Ce faisant, ils ont réussi à faire oublier le plus important. Si des centaines de milliers de femmes ont parlé, ce n’était pas pour faire condamner par le tribunal d’internet des centaines de milliers d’hommes. D’abord, ce ne sont pas les pires histoires qui ont été racontées. Ensuite, l’écrasante majorité n’a pas donné de nom. Il s’agissait de montrer la réalité massive des agressions sexuelles, que ce problème concernait tout le monde et méritait une prise de conscience collective. Ce qui comptait, ce n’était pas les noms mais le nombre.
    On a dit quoi ?

    On a parlé de cette sensation étrange que nos corps ne nous appartiennent pas vraiment, que n’importe qui s’autorise à les toucher, à les commenter, à les juger

    Comment peut-on s’approprier son propre corps quand on nous répète que ce qui est constitutif de lui, comme la cellulite ou les règles, est dégoûtant ? Il a fallu attendre 2016 pour populariser un peu la véritable forme du clitoris. On nous dit encore des trucs comme « il faut souffrir pour être belle » –et est-ce que ça, ça ne parasite pas aussi complètement notre rapport au corps ? Et le consentement, combien de fois je n’ai pas été pleinement consentante ? Est-ce qu’on ne peut l’être qu’à moitié ? On parle de tout ça, on s’interroge, on se questionne. Et en face, on nous répond quoi ? « Elles veulent changer la fin du Carmen de Bizet. » À un tel niveau d’incompréhension, j’ai du mal à croire à un simple malentendu.
    Ce dont #MeToo témoignait, c’est qu’être une femme en 2018 ce n’est pas être l’égale d’un homme

    Et cette inégalité fondamentale est protéiforme.

    C’est être perçue comme un objet sexuel, c’est être discréditée, ne pas avoir la même liberté de déplacement dans l’espace public, ne pas être prise au sérieux au travail, être moins écoutée, moins payée, se taper les tâches ménagères, c’est appartenir encore et toujours à la sphère privée et être au service des autres parce que nous sommes là pour rendre leur vie plus douce. Et c’est, quand on tente de sortir de ces cases, se trimballer le sentiment d’être une imposture vivante, de perpétuellement devoir quelque chose à quelqu’un, de n’être pas à la hauteur, soumise au jugement permanent de la société.

    À LIRE AUSSI En 2017, la Women’s March était une réaction ; en 2018, elle est une révolution

    Être une femme, c’est ne pas s’appartenir pleinement. Face à tout ça, un homme qui réécrit la fin de Carmen, je m’en contrecarre le cul.
    On s’épuise... et parfois je me demande si ce n’est pas un peu fait exprès

    Mais polémiquer dessus, je reconnais que c’était une excellente diversion. À chaque « fake news » sur « les féministes », il faut que l’on perde du temps et de l’énergie à rétablir les choses, à expliquer que non, il n’y a pas une internationale vaginale qui exigerait de brûler toutes les copies de Blow-up ou que désormais les parents doivent s’échanger des exemplaires de la Belle au bois dormant sous le manteau sous risque d’être arrêtés par une milice féministe. Alors, on est là, on reste calmes, on répète que les oeuvres questionnent la société, et qu’à l’inverse, on a le droit de les questionner, de les analyser, de les décortiquer. Que critiquer, ce n’est pas censurer.

    Et on s’épuise à ça. Et parfois, je me demande... si ce n’est pas un tout petit peu fait exprès.

    Un peu comme le botté en touche des « il faut laisser la justice faire son travail ». C’est pratique ça, la justice doit faire son travail. Mais un mouvement, ce ne sont pas des cas particuliers alignés les uns derrière les autres. Ce mouvement dit quelque chose de notre société, et ce n’est pas la justice qui va changer la société. La justice s’occupe du cas particulier, le reste, l’addition de ces cas, c’est notre problème à tous. À nous de regarder la somme en face.

    Tous ces arguments qui suivent le « MAIS » sont une vaste mascarade.

    À LIRE AUSSI Quand la presse américaine écrit l’histoire, la nôtre choisit la réaction…

    Arrêtez de vous cacher derrière l’institution judiciaire ou la peur de la censure pour ne surtout pas réfléchir à tous les comportements au quotidien qui ne vont pas, à toutes les inégalités qu’on accepte et qu’on nourrit, à tous les stéréotypes qui font passer pour acceptable ce qui ne devrait pas l’être.

    #backlash #sexisme #misogynie #domination_masculine #masculinisme #féminisme

  • Sandra Muller : « Ce n’est pas parce qu’on protège les femmes qu’on va entraver leur liberté sexuelle »
    http://www.liberation.fr/france/2018/02/09/sandra-muller-ce-n-est-pas-parce-qu-on-protege-les-femmes-qu-on-va-entrav

    Sandra Muller, 46 ans, est la créatrice du hashtag controversé #BalanceTonPorc, qui a mis le feu à Twitter le 13 octobre. Dans deux tweets consécutifs, cette journaliste française installée à New York appelait à dénoncer nommément les harceleurs et leurs pratiques. Pour Libération, elle a accepté, avec fougue, de revenir (par téléphone) sur les raisons de son initiative, trois mois après le début du mouvement international de libération de la parole féminine, auquel #BalanceTonPorc a contribué. Ces dernières semaines, Sandra Muller avait observé un « silence judiciaire » requis à la suite de la plainte en diffamation d’Eric Brion, son « porc » présumé et ancien patron de la chaîne Equidia qu’elle avait « balancé » dans son deuxième tweet.
    Pourquoi accepter de vous exprimer maintenant ?

    Aujourd’hui, je suis devenue une personnalité publique, et c’est mon devoir de continuer à assumer ma démarche. Je pense aux victimes et je me dis qu’il ne faut jamais lâcher et laisser retomber le débat. J’avais beaucoup parlé au début du mouvement, j’acceptais tous les entretiens des journalistes, c’était un peu la spirale infernale médiatique. Mais bon, je suis moi-même journaliste et je n’aime pas lorsqu’on me refuse une interview, donc c’était aussi par respect pour mes confrères. J’ai été ensuite soumise au respect du « silence judiciaire » durant quelque temps, après la poursuite en diffamation d’Eric Brion, mais j’ai à nouveau le droit de m’exprimer. J’en profite !
    Où en est cette poursuite en diffamation ?

    Début janvier, Eric Brion a décidé de porter plainte contre moi pour diffamation. Un changement de stratégie illogique puisqu’il avait reconnu les faits et s’était excusé fin décembre dans une tribune publiée par le Monde. Une fois la plainte déposée, il m’a aussi, via une mise en demeure, demandé de retirer mon tweet. J’ai refusé. Avec moi, l’intimidation, ça ne marche pas. Et puis ça ne rimait à rien : le tweet avait fait le tour du monde avec des captures d’écran… Je n’allais pas faire machine arrière, j’ai dit la vérité, je ne vois pas pourquoi je devrais la cacher. Concernant le calendrier judiciaire, je sais seulement que mon avocat doit rendre ses conclusions au tribunal le 9 mai.
    Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

    Cette attaque en justice me donne encore plus de hargne ! Aujourd’hui, j’ai décidé de m’engager à fond dans la cause, en parallèle de ma carrière professionnelle. J’ai un livre en préparation et je suis en train de fonder une association pour lutter contre le harcèlement sexuel et les agressions dans le milieu du travail. J’aimerais suivre les entreprises pour voir si elles font des progrès en la matière, créer un fonds d’aide pour les victimes, offrir une aide juridique et psychologique… Avec mon avocat, Alexis Guedj, et son assistante Thaïs Boukella, on vient de juste déposer le nom de l’association : We Work Safe (1).
    Comment avez-vous traversé la période depuis le 13 octobre, ce jour où vous avez lancé #BalanceTonPorc ?

    Ce n’est que cinq ou six heures après mon tweet que j’ai vu les notifications dans tous les sens sur mon téléphone. J’étais déjà dépassée. Tout de suite, trop de médias, de tous pays, m’ont sollicitée et je n’étais pas prête pour tout ça. Alors je me suis mise en mode robot, sans avoir préparé aucun discours, et j’y suis allée avec mes tripes. Je n’ai vite plus vu le jour, j’étais crevée – sur une photo de l’AFP datant de deux jours après le début du mouvement, je ne me reconnais pas ! Aujourd’hui, j’en suis à 800 000 messages reçus concernant #BalanceTonPorc, c’est la folie. Le fait de vivre aux Etats-Unis ne m’a pas permis de prendre tout de suite conscience de l’ampleur du phénomène en France. Ce n’est que le 30 janvier, lorsque j’ai été invitée par l’Elysée et célébrée parmi les « héros 2017 » que j’ai pleinement réalisé les conséquences de mon initiative.
    Comment vous est venu #BalanceTonPorc ? Pourquoi avoir fait le choix de dévoiler dans votre tweet le nom de votre harceleur présumé ?

    C’était à l’heure du thé, j’étais avec une amie au téléphone et on se disait que les « pigs », comme était surnommé Harvey Weinstein, déjà en pleine tourmente, ne se limitaient pas seulement au monde du cinéma. J’ai tout de suite pensé à Eric Brion. Cette soirée m’est revenue en tête, surtout cette phrase : « Je vais te faire jouir toute la nuit. » Je voulais que ces propos restent dans l’esprit des gens comme ils étaient restés dans le mien. Pourquoi avoir décidé de donner son nom ? Sur le coup, la menace de la diffamation ne m’a même pas traversé l’esprit. Et puis, pourquoi je ne l’aurais pas mis ? A un moment donné, quand on dit la vérité, qu’on a toutes les preuves, je ne vois pas pourquoi on devrait continuer à protéger les harceleurs et autres agresseurs. Cela a sans doute aussi été plus facile pour moi parce que je ne travaillais pas avec cet homme [l’incident se serait produit dans le cadre du travail, au Festival de Cannes : Sandra Muller est journaliste à la Lettre de l’Audiovisuel et Eric Brion était à l’époque patron de la chaîne Equidia, ndlr].
    Certains dénoncent une « chasse aux sorcières » et de la « délation »…

    C’est recevable : comme dans un commissariat de police, certaines dépositions sont fausses. Pareil dans les manifestations, il y a des casseurs qui vont contredire le bien-fondé de l’action menée. Evidemment, le risque de mettre en l’air, à tort, la vie d’un homme me navre, et il peut y avoir des « dommages collatéraux ». Mais le bienfait du mouvement est tellement important ! Et il y a plus de victimes que de mythomanes. Aux Etats-Unis, on ne se pose pas trop la question, on n’hésite pas à dénoncer : il y a une culture de l’affichage, et peu d’innocents ont été « balancés » à tort sur la place publique. Il faut arrêter de faire passer les victimes pour les bourreaux, n’inversons rien.
    Que pensez-vous de la tribune des « 100 femmes », dont Catherine Deneuve et Catherine Millet, qui défendaient le « droit d’importuner » dans « le Monde » ?

    Elle m’a paru invraisemblable, rien n’était cohérent. Mais je ne suis pas là pour entrer dans le conflit, alimenter le buzz et donner de la valeur à leur argumentation erronée. Tout ce que je peux vous dire, c’est que cette tribune donne une très mauvaise image de la France et qu’elle a surtout déstabilisé certaines victimes. Bien sûr, tout le monde a le droit d’expression, mais ce genre d’acte de désolidarisation a découragé certaines femmes à libérer leur parole. Certaines d’entre elles m’ont envoyé des messages pour me faire part de leur hésitation. Du style : si je parle, est-ce que je deviens une puritaine avec la croix autour du cou ?
    Cette tribune n’est pas la seule à accuser les mouvements #BalanceTonPorc et #MeToo d’alimenter un climat moralisateur, réactionnaire…

    Rose McGowan et Asia Argento sont-elles des figures du puritanisme ? Il faut arrêter un petit peu ! Ce n’est pas parce qu’on protège les femmes qu’on va entraver leur liberté sexuelle. On n’enlève rien, on ajoute seulement quelque chose de positif. Idem, certains nous accusent de vouloir entrer dans une « guerre des sexes » et je trouve cela consternant. Bien sûr que les hommes peuvent continuer à draguer, ce serait déplorable autrement, mais il y a quand même différentes étapes dans la « séduction ». Et je ne nie pas les violences sexuelles dont les hommes peuvent être victimes ! Dans le numéro du Time Magazine consacré au mouvement de libération de la parole, il y a le portrait de deux de ces hommes, et je trouve cela primordial.
    Vous considérez-vous comme féministe ?

    Si on parle de ces féministes qui signent le manifeste des 343 salopes et qui, derrière, prennent la parole au nom de la « liberté d’importuner », non merci ! Avant toute cette histoire de #BalanceTonPorc, je n’étais ni activiste, ni féministe née, ni rien du tout. Je suis simplement issue d’une famille matriarcale de trois générations dans laquelle je n’ai pas eu besoin de me faire une place par rapport aux hommes. « Silence Breaker », « briseuse de silence », comme m’a surnommée le Time Magazine, je trouve que ça me va mieux. Moi je ne me sens pas féministe, je suis une justicière, une grande gueule, et là, en l’occurrence, c’est tombé sur une cause en faveur des femmes.
    Aux USA, les « porcs » ne cessent de tomber. Que pensez-vous de ce qui se passe (ou ne se passe pas assez) en France ?

    Je crois que les femmes sont plus puissantes aux Etats-Unis et qu’on prend leur prise de parole au sérieux. Quand une femme se dit victime outre-Atlantique, on ne va pas remettre en doute ses propos comme on peut le faire en France. Au contraire, on va tout de suite écouter ce qu’elle a à dire et essayer de la protéger au mieux. Peut-être que c’est une question culturelle. En France, on a peut-être ce côté latin, un peu macho. En tout cas, c’est ce que pensent les Américains. Difficile de les contredire…

    (1) https://www.gofundme.com/balancetonporc
    Anaïs Moran

    • Il faudrait aussi chercher de quoi le mot féministe est devenu synonyme et à quelle occasion.
      Ça m’a questionné de comprendre que la loi sur l’avortement est passée au moment où les femmes commençaient à s’entraider pour ne plus en crever et qu’elles se formaient avec l’aide de médecins en communauté scientifique alternative très prometteuse. Que le pouvoir des médecins et des hommes politiques se devait de faire rentrer dans le champ législatif ce qui était en train de leur échapper. Et tant qu’elles en crevaient tout allait bien.

      A chaque fois finalement que l’on a dit aux femmes ce qu’il fallait qu’elles pensent ou qu’elles fassent, elles se sont retrouvées à payer très cher ensuite leur nouvelle subordination. On ne se défait pas des systèmes de dépendances aussi bien ancrés dans les interstices du quotidien, les déplacements se sont faits à d’autres niveaux de transactions sociales, comme la liberté sexuelle par l’assujettissement des corps.
      Ma supposition est que les féministes militantes des années 70 ont du exercer, avec raison, du pouvoir pour convaincre de la nécessité d’agir pour s’émanciper, construisant une image de femme forte ayant temps et argent pour s’instruire et engager la révolte et l’émancipation. Pas vraiment à l’image des travailleuses qui trimaient pour survivre.
      Petite phrase piquée à @philippe_de_jonckheere

      Vous remarquerez que les gens qui souffrent le plus
      Se sentent illégitime pour témoigner
      Cela devrait vous faire réfléchir

      Je ne sais plus qui disait que pour penser la révolte il faut avoir le ventre plein.

      D’autre part, pour Libé qui fait l’interview, il est plus facile de faire passer le message de quelqu’un qui ne se revendique d’aucun mouvement pour ensuite remettre le couvercle. Oui il y a twitter, mais le choix des « têtes d’affiches » ce sont les #médias_massifs qui l’exerce ensuite.

  • Missing Shulamith and The Dialectic of #MeToo

    The history of #MeToo has been obscured by the media frenzy that concurrently emerged. Tarana Burke, an African American woman, created a non-profit organization called Me Too in 2006, to help women of color who had been sexually abused or assaulted. This was not about naming perpetrators or holding them accountable; it was only to give the affected women a voice. This, the media ignored. But in 2017 two things happened which did get media attention: The New York Times published revelations about Harvey Weinstein’s sexual abuse of Hollywood women, and following that, an actress, Alyssa Milano, who became aware of Tarana Burke’s work, wrote in social media, “If all the women who have been sexually harassed or assaulted wrote “Me Too” as a status, we might give people a sense of the magnitude of the problem.” What followed was the flooding of social media with stories of abuse and harassment, and a way for women to tell their experience and stand in solidarity with other abuse survivors. In the first 24 hours of Milano’s post, more than 12 million “MeToo” posts appeared. All these aspects of #MeToo, its mass base and its revelation of the pervasive and perverse alignment of misogyny and power, make it dangerous to the established power structure. Not surprisingly, that power structure has responded quickly in its attack on #MeToo.

    As it addresses these challenges, this wave of feminism, of which #MeToo may be the vanguard, will herald a transformative process, a process that would be both revolutionary and healing. I wish #Shulamith_Firestone were here to witness and comment on this moment. The struggle and potential for women and men to lead new lives is stronger than ever. There is still much work to do, leadership to emerge, organizing and theory to be developed, but the era of silence and shame is coming to an end.

    https://www.tikkun.org/nextgen/missing-shulamith-and-the-dialectic-of-metoo
    #me_too #dialectique #sexisme #harcèlement_sexuel #pouvoir #misogynie #structures_de_pouvoir #patriarcat #féminisme #anti-metoo

  • http://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/02/11/agressions-sexuelles-l-etat-de-new-york-assigne-le-studio-weinstein-en-justi

    Au terme de quatre mois d’enquête, le procureur de New York soupçonne l’entreprise de violations des droits de l’homme et du droit du travail.

    Les droits de l’ homme donc, pas même une majuscule à Homme

    Quant à ceci :

    avait « pour tâche principale » d’accompagner Harvey Weinstein à des événements et de faciliter ses conquêtes. Une femme de l’entourage du magnat de Hollywood a aussi fait spécialement le déplacement de Londres à New York pour enseigner à ses assistantes « comment s’habiller et sentir bon » pour le producteur, selon le communiqué. Un autre groupe essentiellement féminin « était obligé de prendre diverses mesures pour aider à satisfaire son activité sexuelle », notamment en envoyant des textos et en gardant toujours libres quelques plages horaires dans son agenda.

    Ses chauffeurs à New York et à Los Angeles devaient par ailleurs avoir toujours des préservatifs et des injections contre les problèmes d’érection à disposition dans leur véhicule, selon le bureau du procureur.

    Je ne sais pas combien c’est payé d’ « avoir toujours des préservatifs et des injections contre les problèmes d’érection à disposition dans leur véhicule », mais en ce qui me concerne aucun salaire pourrait justifier une telle inclusion dans la définition de poste

  • Rebecca Solnit : « Réduire les femmes au silence a toujours été la stratégie en vigueur »
    https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/idees/reduire-les-femmes-au-silence-strategie-en-vigueur

     ?

    Jugez-vous toujours le terme « mansplaining » (ou « mecsplication » en français) imparfait ? Vous regrettiez, à l’époque, qu’il essentialise un défaut masculin.

    Aujourd’hui, il me plaît. J’avais des réserves mais, il y a plusieurs années, une jeune femme m’a confié que jusqu’à l’apparition de ce mot, ces expériences vécues ne pouvaient pas être nommées, empêchant ainsi le lien avec des tendances plus vastes et des courants plus souterrains. Le terme est donc très utile et souvent utilisé en anglais. J’aimerais que la blogueuse qui l’a inventé en réponse à mon essai se l’approprie car, à l’origine, il ne vient pas de moi…

    En quoi la répartition de la parole est-elle genrée ?

    Des études ont démontré que les femmes sont plus souvent interrompues – même à la Cour suprême ! Le statut et le respect dont bénéficient traditionnellement les hommes se manifestent par la place que prennent leur parole et l’écoute suscitée. Mais cela évolue puisque les femmes accèdent à des postes à responsabilités et que de plus en plus de personnes sont prêtes à les écouter – même si, paradoxalement, les femmes sont aussi éduquées à se discréditer les unes les autres.

    Spéciale dédicace aux Seenthisien·nes (@intempestive et @simplicissimus, au moins) qui avaient contribué à la traduction du titre dans une autre version.

    [infokiosques.net] - Quand les hommes m’expliquent
    https://infokiosques.net/spip.php?article1501

    Oui, des personnes des deux sexes surgissent lors d’événements publics pour disserter sur des choses qui n’ont rien à voir ou des théories complotistes mais cette pure confiance en soi agressive de parfaits ignorants est, dans mon expérience, genrée. Les hommes m’expliquent, à moi et à d’autres femmes, qu’ils sachent ou non de quoi ils parlent. Certains hommes.

    • Ils sont nombreux mais se résument globalement à : « N’écoutez pas cette personne, ne la croyez pas, ne laissez pas ses mots avoir de conséquences. » Ce qui sous-entend que la femme serait folle, qu’elle se fait des idées, qu’elle a tout inventé (voire, selon Freud, qu’elle aurait aimé que cela arrive). Les femmes seraient donc toujours trop (ou pas assez !) émotives. Les victimes doivent même faire très attention à leur « performance » lors des procès, sinon leur témoignage pourrait être perçu comme l’expression d’une rancune pour blesser un homme, là se trouve la formule magique qui permet de détourner l’attention du délit commis par un homme – par exemple, un viol – pour se concentrer sur les conséquences dramatiques que ce crime aura pour lui. Comme si la victime, et non pas le système judiciaire (ou l’accusé), était responsable des conséquences.

      Réduire au silence et ignorer les femmes a toujours été la stratégie en vigueur, c’est d’ailleurs ainsi que Harvey Weinstein a pu s’en prendre à 109 femmes sans aucune conséquence, tout comme (ndlr : le comédien) Bill Cosby, qui aurait agressé et drogué des femmes pendant une cinquante d’années. Ces femmes ont été raillées, voire punies pour avoir élevé la voix. Aux États-Unis, 70 % des femmes qui se plaignent de harcèlement sexuel au travail subissent d’ailleurs des représailles. Cela encourage les femmes à se taire tout en permettant à la violence sexiste de perdurer.

    • Désolée le curieux, tu peux te garder tes remarques anti-féministe super bien argumentées à coups de memes. Tu ne feras pas de vieux os sur Seenthis, c’est pas le genre d’endroits où le trolling sexiste est apprécié.

      Et oui, @simplicissimus, la discussion a disparu mais son souvenir demeure ;-).

      Encore une ressource autour de ce chouette texte.
      http://blog.ecologie-politique.eu/post/Quand-les-hommes-m-expliquent