person:jean-luc guionnet

  • Indiedrome du 12/3/2019
    http://www.radiopanik.org/emissions/indiedrome/indiedrome-du-12-3-2019

    Hiroto Saitou: 21 Site 3-1 Torrid City (Metal Stoker) « V.A. Diggin’ In The Carts. Pioneering Japanese Video Game Music » (Hyperdub)

    Mekons: Weimar Vending Machine « Deserted » (Gliterbeat)

    Joshua Gerowitz: Smooth As Ice « Solano Canyon » (pfMENTUM)

    Aisté Noreikaité: Digital Empathy « VA. Far Away but ever closer: young Lithuanian composers abroad » (MIC)

    Un Ensemble & Jean-Luc Guionnet: 3 « Points Sans Surface » (Circum-Disc)

    Ake Hodell: Mr Smith In Rhodesia « Verbal Brainwash & Other Works » (Fylkingen)

    Hiroyuki Kawada: 14 King Erekiman (The Legend Of Valkyrie) « V.A. Diggin’ In The Carts. Pioneering Japanese Video Game Music » (Hyperdub)

    Plaster: The Climbers « Transition » (Kvitnu)

    http://www.radiopanik.org/media/sounds/indiedrome/indiedrome-du-12-3-2019_06388__1.mp3

  • http://desordre.net/bloc/vie/reprise/2014/08/nuages.htm

    Il n’a pas fait beau du tout il y a quatre ans dans les Cévennes et cela tombait presque bien parce que j’étais fort occupé cette année là à photographier des Time lapses pour un petit projet de film (dont je ne retrouve plus la trace dans ce foutu désordre)

    #retour_au_desordre

    • Ca y est, je viens de retrouver le petit film d’une vingtaine de minutes en question (en fait quand je ne trouve plus rien dans mon foutoir il semble que le moteur de recherche de Seenthis soit le plus efficace des moyens de retrouver quelque chose dans le Désordre , pourvu que je l’ai signalé, ici une recherche sur le mot time lapse , quand on y pense ce n’est pas rien Seenthis, non seulement c’est un réseau social bio mais en plus il y a un moteur de recherche avec lequel on peut retrouver des trucs enfuis dans le Désordre ! )

      http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/027.htm

      Et je viens de regarder à nouveau ce petit film, ma reconnaissance envers Jean-Luc Guionnet est éternelle, sans sa musique gracieusement prêtée ici, je ne sais pas si on pourrait regarder plus de deux minutes ce petit film.

    • Et je suis en train de travailler sur un texte que l’on m’a commandé dans lequel je parle justement de ces étoiles, précisément observées depuis cette même fenêtre, c’est encore un sacré brouillon :

      Et pour celles et ceux qui se disent que cela valait bien la peine de mettre en garde contre la contemplation d’un paysage si la fenêtre est, en fait, ouverte sur la nuit, entrebâillée, alors je dois préciser que la vue de cette fenêtre est encore plus fascinante la nuit donc, que de jour, à la fois pour la masse sombre du Mont Lozère se dessinant contre le ciel noir, bleu de Prusse foncé, mais aussi pour la nuit étoilée dans les Cévennes, nombreux sont les admirateurs de ciels étoilés qui viennent dans les Cévennes pour assouvir leur passion ― c’est bien simple ces lieux, déserts le reste de l’année, voient leur population décupler, on n’est plus chez soi, début août, pendant les nuits les plus propices, avec l’affluence de celles et ceux venus contempler les Perséides ―, parce que c’est plus ou moins le dernier endroit en France où l’on peut profiter de tant de beauté sans être importunés par la pollution lumineuse des villes.

    • Überfließende Himmel verschwendeter Sterne...
      Ciels (au pluriel) débordants (über+fließen=comme un récipient dont le contenu liquide coule par-dessus les bords) ; ce n’est pas la saturation statique qui est soulignée, mais le mouvement de ce qui s’échappe en dehors du cadre [c’est pour cela que tes images m’ont évoqué ce début de poème de Rilke : ici se sont les trois cadres superposés de ta fenêtre, du champ délimité par ton objectif et de l’horizon qui sont débordés par la course d’éléments naturels qui leur échappent complètement ; ce que tu vois n’est qu’une image-prétexte fugace faisant référence (elle amorce, suggère, rappelle) à l’infini monstrueux (?) hors champ].
      d’étoiles perdues : j’adopte ta traduction pour « perdues », même si elle n’est pas tout à fait correcte ; verschwenden, c’est « gaspiller », mais à l’origine ce mot disait juste que quelque chose disparaissait (cf. verschwinden), ce qui est le cas ici, mais avec cette petite notion de umsonst (« pour rien ») ; « évanescent » est trop mièvre et incomplet, « perdues » a une dimension tragique plus saisissante qui convient mieux à ce que tu mets en scène.
      Pardonne-moi ces précisions sémantiques (qui ruinent, soi dit en passant, la sérénité linguistique des bilingues), mais Rilke vaut bien ces détours (ton œuvre aussi !)

    • @nepthys il me semble qu’en français le mot de saturation contient un peu du débordement (qui est effectivement la traduction très littérale de über et fliessen , mais justement il me semble que c’est un peu trop littéral et pas très beau pour le coup.

      Et effectivement, je préfère perdues à gâchées pour les raisons que tu soulignes justement.

      Donc, je propose : « ciels saturés d’étoiles perdues ».

      Nous devrions inviter @laurent3 dans cette conversation.

      Rilke vaut bien ces détours


      Rilke vaut TOUS les détours

    • je ne peux te suivre dans ce petit détour-là : la saturation renvoi à la limite, le débordement au dépassement de la limite (ce que je trouve d’ailleurs beau dans ton travail)
      « ciels débordants » conserve la charge picturale du texte allemand (imagine une urne céleste dont s’échapperaient tous les éléments... cela renvoie même à l’idée d’une galaxie spirale qui les crache à la ronde...)
      Donc, je maintiens : ciels débordants d’étoiles perdues
      Bon appétit ! (je crois que Rilke est content de nous, assis sur son étoile)

    • Alors les expositions. Et bien je crois que ma dernière exposition personnelle (ouverte à tout public) date d’il y a vingt ans, en 98, dans le cadre du mois off de la photo, où j’avais exposé dans le sous-sol de l’Union locale de la CGT du XIXème arrondissement, sans doute une de mes plus belles expositions, une vingtaine de personnes s’était pressée au vernissage et je peux douter un peu qu’il y ait eu d’autres visites pendant le mois, coût de l’opération, tirages et cadres, une brique. Dit comme ça, cela paraît un échec retentissant et pourtant il s’est passé une très belle chose pendant cette exposition, en effet la secrétaire de l’Union locale m’a appelé très gentiment pour me demander la permission qu’une réunion de camarades comme elle avait dit puisse avoir lieu dans la salle d’exposition parce que l’union locale manquait de place, un soir, elle m’assurait qu’ils et elles feraient très attention, je lui ai rappelé que j’étais leur hôte et non le contraire et qu’ils et elles faisaient bien ce qu’elles voulaient dans leurs locaux. Deux ou trois jours plus tard j’ai reçu un nouveau coup de téléphone de la même secrétaire m’expliquant que les camarades avaient trouvé l’exposition intrigante et qu’ils et elles aimeraient bien organiser une soirée débat dans laquelle je pourrais parler de mon travail. Il y avait une trentaine de personnes, des chips et du vin rouge et je crois que je n’ai jamais eu un public aussi captif que ce jour-là, c’était extrêmement émouvant.

      Et il y a trois ans mon ami Eric Loillieux qui était à l’époque professeur d’arts plastiques dans un collège à Laon avait monnayé avec moi l’échange d’un service technique qu’il m’a rendu (une formation complète sur le logiciel Modul8 que j’utilise pour les projections-spectacles) contre le fait de venir accrocher une exposition dans son collège (son idée que la plupart de ses élèves ne verraient sans doute pas d’autres expositions de toute leur vie par la suite et qu’il fallait qu’ils et elles en voient au moins une). Cette exposition était, de façon involontaire de ma part une véritable rétrospective et je garde un souvenir comblé de ma rencontre de toutes les classes de ce collège ! En revanche très peu d’adultes ont vu cette exposition. En revanche le directeur du collège a acheté une des œuvres qui est désormais accrochée dans le grand hall de ce très grand collège (ce qui n’est pas la moindre de mes fiertés)

      Ta question me fauche complètement, elle me fait réaliser que je ne fais plus le moindre effort pour tenter d’exposer ou faire connaître mon travail de plasticien. Et comme je ne fais presque plus d’images depuis la fin du Désordre l’année dernière, je crois que tout ceci est derrière moi.

      J’imagine que la même chose, peu ou prou, va se produire avec mes textes et que je vais pouvoir consacrer ma retraite prochaine à l’étude de la contrebasse dans les Cévennes, ce sont les sangliers, mes premiers voisins, qui vont être contents.

    • J’imagine que la même chose, peu ou prou, va se produire avec mes textes et que je vais pouvoir consacrer ma retraite prochaine à l’étude de la contrebasse dans les Cévennes

      J’ai découvert ton travail dans le désordre :-) c’est...remarquable et d’une étonnante diversité. Bravo ! Je comprends ton envie de passer à autre chose et profiter d’une douce retraite. :-)

  • https://www.youtube.com/watch?v=6Lk5wHC0fls

    Hier après le concert à l’église Saint-Méri du trio Denzler - Gerbal - Dörner, puis une pièce d’Axel Dörner et une autre de Jean-Luc Guionnet, toutes les deux pour le Umlaut Big Band, concert de pure grâce à vrai dire, forcément, après pareil concert, on parle anches et cuivres, et le nom de Steve Lacy cité par une spectatrice fait reparaître dans mon champ de conscience ce merveilleux saxophoniste que je n’ai plus écouté depuis bien trop longtemps. Et c’est un immense tort, jugez plutôt

  • Je suis semé en voiture par Clément
    Mais Madeleine de la NASA
    Me vient en aide

    Et à vrai dire entre Madeleine de la NASA
    Et moi ça colle drôlement
    Son corps a la densité du mercure

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Café
    Regard lointain
    Back To The Trees !

    Je fais mes lignes d’écriture
    Comme d’autres font leur longueur de piscine
    Je devrais faire plus de piscine et moins écrire

    Phil, c’est « vingt lignes par jour
    Génie ou pas », et non « 10.000 mots par jour
    Sans génie » !

    Et
    Il retourne
    Dans ses rêves

    Et je perds toute contenance
    J’envoie un mail à Sophie, JLG et Fred Frith
    Pour leur parler de mon rêve de trio de la veille

    Le mail envoyé
    Je redoute plus que tout
    Leurs réponses

    N’empêche
    Cela aurait de la gueule
    Pareil trio

    Sophie Agnel
    Fred Frith
    Jean-Luc Guionnet

    Dans mon rêve
    Le Bösendorfer du Tracé
    Prenait cher

    Jean-Luc
    Jetait des notes
    Dans le piano ouvert

    Et Sophie
    Prêtait ses e-bows
    A Fred Frith, les rêves de fois

    Sophie se marre
    Fred s’interroge
    Jean-Luc se dit pourquoi pas ?

    Qui après cela
    Pour tenter de minimiser
    La portée des rêves ?

    Je file à l’anniversaire d’Adrien
    Décor de rêve, petits plats dans les grands
    Epatants jeunes gens tous très intelligents

    Margaux me présente sa collocataire iranienne
    Je tente de mettre à profit mes connaissances
    Héritées de mon amitié avec Maryam

    La jeune femme comprend mieux l’anglais
    Et elle parle avec un accent très familier
    Elle est, en fait, née à Southampton !

    Du coup on parle de Portmouth
    Beaucoup plus que de Bandar-Abbâs
    De fish & chips que de curry !

    Longs échanges avec Mathieu
    Il me redit sa confiance dans Raffut
    Je suis aux anges

    Avec Tiffanie
    Je me réjouis déjà
    De coller des étiquettes de SP

    On me complimente une fois de plus
    Sur le gâteau de châtaignes
    Je raconte la longue histoire de sa recette

    Tiffanie
    Me soupçonne, je le vois bien
    De bien savoir raconter les histoires

    Adrien insiste pour que je danse
    Non Adrien, tu peux me faire jouer
    De la guitare devant 100 personnes, mais pas danser

    C’est vraiment une très belle fête
    Dont je suis l’aîné
    Et c’est très chouette

    N’empêche c’est bête
    Vieux loup des steppes
    De ne pas danser

    Retour anxieux
    Mais pourquoi ?
    Piques au cœur

    Coucher anxieux
    Oppression thoracique
    Insomnie, mais pourquoi ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Un chef de renom
    Accommode les restes
    D’une fête à Bibracte

    Il rallonge une mayonnaise figée
    En ajoutant d’une huile délicieuse
    Et brasse à la main, proprement

    Il redonne quelque fraîcheur
    À des fruits de mer
    Et cuit des flans au caramel

    Emile me donne bien de la difficulté
    Se resservant sans cesse
    Sans comprendre que tout est payant, et cher

    Le Tracé provisoire
    Me donne carte blanche
    Pour organiser un concert de trio

    Sophie Agnel, piano
    Fred Frith, guitare
    Jean-Luc Guionnet, saxophone alto

    Heureusement que Zoé est là
    C’est elle qui me réveille
    Il était temps d’ailleurs

    On traverse un bois de Vincennes
    Étonnamment désert
    Et encore sous la neige, moins féérique

    J’arrive en open space
    L’autoradio ne m’a pas mis en rogne
    Je suis prêt à en découdre

    Je bute pas mal à mettre
    Le rêve de mayonnaise
    En forme. Sensations trop visuelles

    Par malheur l’open space
    Se peuple de bonne heure
    De collègues craignant la neige

    Réunion
    Réunion
    Réunions

    Entre mes deux cheffes
    Ça va
    Je ne fais pas trop le malin

    Réunion mensuelle de production
    Je repars avec des devoirs
    Ça devrait m’aider contre le laisser-aller

    Je passe chercher l’affiche de L’Étreinte au labo
    Je déjeune d’un délicieux lahmacun, œuf épinards
    Et d’un très bon fourré aux dates

    La neige tombe un peu plus dru
    (Accent québécois) nul doute nous allons avoir droit
    À une très divertissante apocalypse française

    Réfrigérateur expérience du vide
    Temple de consommation vendredi
    Expérience du trop-plein

    Chez l’ophtalmologue
    Où j’accompagne Sarah
    Je guette anxieux le déclin de sa vue

    Ça va
    Elle n’a perdu
    Qu’une demi-optrie

    Rentré à la maison
    Je trouve Zoé qui passe le balai
    Facétieuse : « je ne te félicite pas, quel désordre ! »

    En chemin pour le théâtre
    Je lui explique ma journée au travail
    EdB, Cahier des charges, maquette, prototype, tout le toutim

    Facétieuse :
    « Mais tu ne préfères pas
    Quand tu travailles avec Monsieur Genoudet ? »

    Soupe chinoise aux raviolis
    C’est bien, je me soigne
    La bouche en feu, j’adore

    Toutes clarinettes dehors
    Deux clarinettes en si bé
    Posées sur deux sièges

    Jacques DiDonato
    Xavier Charles
    Quel voyage !

    La musique c’est aussi ça
    Deux types qui soufflent
    Dans leurs tuyaux percés, doucement

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Par moments
    Je pense à Back To The Trees !
    Evidemment, Xavier Charles

    Se joint un troisième souffleur de si bé
    Ça alourdit un peu le truc
    Mais c’est beau quand même

    La blague habituelle de Jacques :
    « Des questions ? »
    Nombreux enfants lèvent la main

    Réponses bienveillantes
    Des musiciens, oui, on sait aussi jouer
    Comme on t’apprend au conservatoire !

    Et joignant le geste à la parole
    Jacques, une très belle gamme ascendante
    Le troisième souffleur même gamme. Rires

    Xavier Charles :
    « Mais ce qu’on joue
    Ça reste de la clarinette ! » Rires

    Bref échange avec Jacques
    Qui me présente Xavier Charles
    Qui découvre un fan de Back To The Trees !

    Retour autoradio
    Marie Richeux et des lycéens
    Interrogent Catherine Hiegel

    Je déteste l’expression de passeur ou passeuse
    Je trouve que cela fait tare à souhait
    J. en sait quelque chose

    Marie Richeux
    Est à la radio ce qu’Alain Fabiani était au volley
    Une passeuse de génie

    Quelques pages de Cadiot
    Avant le dodo
    Deux éclats de rire. Masque

    #mon_oiseau_bleu

  • Je vais de ruelles en venelles
    Dans le Bas-Montreuil
    Passant même chez des voisins

    Bloqué je suis contraint
    De demander secours
    Fort gêné

    Mais en fait pas du tout
    J’appartiens, sans le savoir
    À un réseau d’enfants de la lune

    Sortant après échange d’une belle hospitalité
    Je croise une fanfare fantasque
    Et ses deux retardataires qui font de l’écho

    Sur le chemin du Tracé provisoire
    Je croise Jean-Luc Guionnet qui sort de répèt
    Et me propose de me joindre à leur trio

    Papa on va être en retard
    Attends il faut que je note mon rêve
    Soupir de lassitude de Zoé

    Ton de la nana qu’on interviewe
    Des années plus tard : « on arrivait en retard
    Au collège tous les matins à cause de ses rêves »

    Chemin inhabituel
    Pour éviter pentes verglacées
    Bois de Vincennes enneigé, merveille

    Autoradio
    Le gamin-président en chef de guerre
    Envie de coller ces chroniqueurs contre un mur

    J’imprime en hâte (et en cachette)
    La dernière version de Frôlé par un V1
    Dans le bac de réception je vois des corrections !

    Je relis le début
    De Je ne me souviens plus
    Avant de le confier à Mathieu. Ça va

    Je bois café
    Sur café
    Sur café

    Je progresse avec lenteur
    Viel homme, jusqu’au BDP
    Sur des trottoirs verglacés

    Je reprends Frôlé par un V1
    Depuis le début
    L’idée d’un index des morts et des vivants

    Jour de marché
    Le BDP est bruyant
    Mon voisin nuit à ma concentration

    Je passe par des petites rues
    Pour le retour en open space
    Erreur de débutant, verglas. Ça va

    Je dois retourner à l’étude de mon conseil
    Signer des papiers
    Quelle torture que celle du papier

    C’est jeudi
    Dal
    D’Adèle

    On file au Keaton
    Gaspard va au mariage
    D’Antony Cordier

    De bons moments c’est sûr
    Une gentille folie
    Mais que de stéréotypes aussi

    Une sorte de film immature
    Un film qui a l’allant de la jeunesse
    Et qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez

    En sortant Zoé
    Qui a bien aimé, elle
    Allez, dis-moi ce qui déconne

    On rentre finalement de bonne heure
    Un peu de guitare, au casque
    Et de la lecture, Olivier Cadiot

    #mon_oiseau_bleu

  • J’hérite de la gestion
    D’une société de production
    D’eau minérale ? je sais tout faire

    Mais c’est la guerre qu’est partout
    Un bombardement est annoncé
    C’est autre chose que de se faire frôler par des V1

    Zoé, une fois de plus en retard
    Zoé une fois de plus
    Qui se rachète en me faisant rire

    Retour en open space
    Après spectacle
    Sentiment de poussière, pire, d’ordre

    Le précédent carré permettait de jour aux échecs
    Le suivant permettra de jouer aux dames
    Bon anniversaire Papa

    Désertion
    Et école buissonnière
    J’ai rancard avec Sarah

    http://www.desordre.net/musique/beatles.mp3

    Dans un café du haut de la rue de Belleville
    J’entre et commande un café
    Honey pie des Beatles

    Et après Honey pie, Revolution nine
    En 2018, dans un café de Belleville
    Les archéologues sonores se confondront

    Remontant la rue de Belleville
    Une immense contrebassiste
    Fend les flocons dans un nuage de fumée

    Dans une petite cantine chinoise
    Nous sommes priés trois fois de commander
    Nous n’avons pas encore ouvert les menus, bavards

    Sarah-Caroline commande pour dix
    Anguilles et nouilles sautées
    Pour le gros célibataire

    Sarah-Caroline et moi
    Créons un personnage, Machinette
    Sarah-Caroline doit deviner qui est Machinette

    Machinette
    Cela lui va très bien
    N’est pas celle que Sarah-Caroline pense

    Un indice malgré tout
    Elle ne joue pas
    Du Soubassophone

    Mais assez parler de Machinette
    Sarah-Caroline me fait rire, mais rire
    Elle n’a pas peur des hommes de 130 kgs

    Finalement
    Les anguilles
    Ça passe crème

    Ce n’est pas comme les couleuvres de mon travail
    La curiosité pour mon travail d’ingénieur
    D’une informaticienne qui s’ignore

    Je crois qu’il faut que je te fasse lire
    Élever des chèvres en open space
    Je crois que je l’ai écrit pour que ce soit clair

    On reparle de mes aptitudes à la guitare
    Tu sais je ne fais aucune différence entre un si et un mi
    Elle chante un si et un mi, « la-la »

    Non là
    T’as fait deux fois
    La !

    Je savais bien que ce n’était pas normal
    Ce Revolution Nine dans un café de Belleville
    Déjeuner avec Sarah-Caroline, ce soir JLG !

    Retour en open space
    Un peu déboussolé tout de même
    On ne me demande pas les mêmes choses

    La livraison de la semaine dernière
    Est conforme aux attentes de l’analyse
    Validation de la requête

    Sanctuarisation de la requête
    Et hebdomarisation par script
    Ordonnancé sous ControlM

    Dépôt du fichier plat sur serveur
    Par FTP tous les lundis à 10.00
    L’analyse accepte les données au format .csv

    Charge à l’analyse d’extraire les données csv
    Et de les reporter dans un nouveau fichier
    Pour obtenir le TCD par script EXL

    Je préférais la conversation
    Avec mon amie informaticienne
    Qui s’ignore (et qui joue de la contrebasse)

    Retour home
    Ferait bien la grève
    Des pâtes moi ch’soir !

    Je file au Petit Balcon
    Écouter Jean-Luc Guionnet
    Et Daichi Yoshikawa

    Deux sets
    Deux aventures
    Deux voyages

    Premier set
    Daichi Yoshikawa
    Percussionniste du XXIIIème siècle

    Donnez un percussionniste du XXIIIème siècle
    À Jean-Luc Guionnet
    Et il s’adapte. Il s’adapte à tout

    Je suis à moins d’un mètre
    Du pavillon du saxophone
    De Jean-Luc, sur les lèvres du volcan

    Je sais déjà
    Qu’en sortant
    Je serais différent

    Trois saxophonistes
    M’ont soufflé aux oreilles
    D’aussi près

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140126_partis_001.mp3

    John Tchicai
    Stéphane Rives
    Et donc Jean-Luc

    Il y a quelque chose
    De quasi autistique
    Chez Daichi Yoshikawa

    On pourrait croire à une limite
    Le deuxième set a été composé
    Dans une autre galaxie

    Je croise trop brièvement
    Jean-Luc et Lotus
    Pour échanger vraiment

    Jean-Luc
    S’amuse à me présenter
    Comme guitariste ! Grrr !

    Autoradio
    Johann Chapoutot
    Spécialiste du nazisme

    #mon_oiseau_bleu

  • Je prends la défense de Léo
    Qui se fait lyncher
    Par le président du club

    Du coup
    Je dois jouer dimanche
    Je pète de trouille

    En passant devant le terrain de rugby
    Zoé fait une excellente imitation
    De l’accent du Sud-Ouest, Petiteuh !

    Je dépose Zoé
    Devant son collège
    Hilares, comme chaque matin

    Je prends les informations
    Louanges du gamin président
    Comme chaque matin, j’éteins

    Aube orgiaque
    Sur l’Est de Montreuil
    Depuis les fenêtres de l’open space

    En relisant
    Mais qu’est-ce que je foutais
    Sur une péniche portugaise ?

    Dernière journée de l’année
    Dans l’open space
    J’expédie les affaires courantes

    Quand je pense que mon bilan
    Annuel est bon
    Jugé excellent même !

    Allons déjeuner dehors
    Tête de mes collègues
    Ben oui c’est mon dernier jour de 2017 !

    Avec Julien
    Nous faisons un sort
    A une bouteille de Chinon

    Soupe de tomates
    Rougets et ratatouille
    Crêpe à la framboise et chocolat blanc

    C’est peu dire
    Que je ne fais pas grand-chose
    De toute l’après-midi, c’est fini !

    C’est la fin de l’année
    La maison porte les stigmates
    D’une sacrée traversée

    Se rappeler
    Qu’une fois de plus
    Arrivés sur l’autre berge

    Je m’allonge
    Un quart d’heure
    Qui dure une demi-heure

    Je descends au métropolitain
    Dans la rame j’envoie
    Des messages à mes trois filles

    Toujours ce décalage
    À l’espace Selmer, entre les cuivres
    Qui brillent et ceux, patinés, des musiciens

    Trio de saxophonistes
    Qui a la particularité
    De ne pas jouer ensemble

    Jean-Luc Guionnet
    Seymour Wright
    Pierre-Antoine Badaroux

    Jean-Luc Guionnet
    Installe le contraste
    Et la tension

    Seymour Wright
    Charpente une musique savante
    Pourtant indomptable

    Pierre-Antoine Badaroux
    S’aventure presque
    Dans des tonalités majeures

    Comme dit un habitué
    Du Tracé provisoire
    On repart avec à manger

    Bref échange avec Lotus
    Je lui dis qu’elle est devenue
    Une référence, un repère, pour Zoé

    Je croise Gilles
    Je le complimente
    Pour le concert de mercredi

    On part boire un coup au bar
    Au zinc échange amical
    De pensées essentielles

    Gilles m’apprend
    Que ce que je décris porte le nom
    En jazz de laid-back. I like that

    Dans le métropolitain du retour
    Je relève les réponses
    De mes trois filles !

    Dans le métropolitain
    Je croise une sosie de Sarah
    Mais très grande, plus grande que moi !

    Je me bricole une soupe
    Avec de la mozarelle
    J’écoute un peu de musique

    Je me couche
    De bonne heure
    De bonne humeur

    #mon_oiseau_bleu

  • Contraint de déménager
    Un feu crée un trou
    Échange avec la voisine du dessous

    Échange tendu avec Émile
    Adolescent
    Je repense à la réunion hier

    Sommeil en pointillé
    Picotement dans la gorge
    Tremblement des mains : trac !

    Trac
    Deux jours
    Avant !

    Dans la salle d’attente
    De l’orthophoniste
    Je dévore Deux fois né

    @tintin je suis admiratif
    Ce sample de mythologie grecque
    Putain de nécessité !

    L’Œdipe à l’envers
    Les chants désaccordés des sirènes
    Sur les murs de la ville

    La vie dans les parenthèses
    Parfaitement bordées
    Je recompte à chaque fois

    Des fois je pense au Döblin
    De Berlin Alexanderplatz
    Pour l’invasion des traductions typographiques

    C’est pas souvent
    Que les contemporains
    Me tutoient comme ça

    Risotto
    De coquillettes
    Et petits pois

    Rendez-vous avec l’éducatrice d’Émile
    Tellement constructif, tellement encourageante
    Je dois tant et tant à tant et tant de personnes

    Zoé et ses copines
    Règlent leur sort au hand
    Aux filles d’un collège ennemi, yes !

    Conneries de l’enseignement supérieur
    Faire passer des tests d’aptitude informatique
    Aucun enseignement mais ça compte dans la note

    Les fils et filles
    D’informaticien
    Sont avantagés

    On passe prendre un thé à la menthe
    Au BDP, la serveuse sourit à Zoé
    Zoé lui rend son sourire, ça aussi transmis ?

    Je dépose Zoé à la céramique
    J’expédie les affaires courantes
    Ne rien oublier, avoir l’esprit libre

    Longue conversation téléphonique
    Avec l’enseignante principale de Zoé
    Heureusement qu’elles résistent, elle et d’autres !

    Mise au point ultime
    Au téléphone
    Avec Adrien, on y est !

    Dernier dîner frigo vide
    Avec les filles
    Restaurant japonais

    Sur la table dans le salon
    La valise béante
    Et une foule à y faire entrer

    Pierre-Antoine Baradoux
    Seymour Wright &
    Jean-Luc Guionnet ! What a sax trio !

    Quelques pages
    De Deux fois né
    Et du sommeil, il en faut

    #mon_oiseau_bleu

  • Je monte au plomb
    Une revue d’astrologie
    Désordre dans les caractères

    Désordre dans les caractères
    Les signes se mélangent
    Grand désordre dans les astres

    Le désordre dans le salon
    Après la répétition d’hier soir
    Je pousse le vidéo proj pour boire le café

    Un peu de musique
    Et c’est parti
    Je travaille tous azimuts

    Je tente de prendre contact
    Avec les personnes célèbres croisées
    Dans Frôlé par un V1

    Dans ma boîte de réception
    Je reçois des mails
    De musiciens, de quoi faire de beaux trios

    Jean-Luc Guionnet
    Sarah Murcia
    Régïs Boulard

    Chouette échange par mail
    Avec Régïs
    Découverte d’un ami commun

    Mail de B.
    Allons massacrer
    Quelques innocents !

    Ancien sillon
    Ruban Nord
    De la A86

    Sur la pelouse devant le château
    Une famille de quatre personnes
    Se fait prendre en photo

    Et je ris qu’ils ne sont que quatre
    Je pense au gang de mes cousins
    Sur la même pelouse, années 80

    Exposition du massacre des innocents
    De Poussin, le tableau point de départ
    Qui ne trouve pas grâce à nos yeux

    En revanche sa gravure préparatoire
    Toute petite mais grand moment
    De même un tableau plus petit

    Etonnante répétition de ces scènes
    De massacres, ici une tête coupée
    Là une main, des cadavres et tant de beauté !

    L’exposition passe sans souplesse
    Du XVIIIème pompeux, un peu
    Au XXème à Berlin

    Ernest Pignon-Ernest
    Se regarde peindre
    Tellement plus beau in situ

    Picasso convoqué
    Parce que Picasso
    Mais pas vraiment innocents

    Un tout petit tableau de Francis Bacon
    Et c’était presque sur la foi de ce seul nom
    Que nous étions venus : beau malgré tout

    Jérôme Zonder
    Tente un exercice difficile
    Collage pas entièrement réussi

    La partie des jardins anglais
    Du château tellement chaleureuse
    Des arbres en liberté, et quelle !

    Marchant dans les lumières d’automne
    Nous échangeons avec B.
    À propos de la Catalogne

    À peine rentrés nous nous jetons
    Sur le programme de l’Utopia
    Et partons en courant, juste à temps

    Logan Lucky de Steven Soderbergh
    Devrait être remboursé par le CPAM
    Thérapie par le rire tellement efficace

    Les soles de B.
    Gratin de potiron
    Poire

    Belle discussion
    Difficile de s’en aller
    Envie de rester

    Circulation
    Nocturne
    Fluide

    Je rentre à la maison
    Et vais me coucher
    Sans allumer une seule lampe

    Massacres d’innocents
    Logan Lucky
    Soles farinées

    #mon_oiseau_bleu

  • J’accroche non sans mal
    Une exposition de mes Commuters
    A Château-Chinon

    Dans la région, mes parents ont acquis un bien
    Une ferme et beaucoup de terrain
    D’énormes taureaux fécondent des vaches-yacks

    Je me marre bien avec Zoé ce matin
    Petit-déjeuner en tête-à-tête
    On reprend des répliques de Camille redouble

    Je la dépose au collège
    En chemin, elle imite l’écureuil surpris
    Et François Hollande : « c’est un problème ! »

    Elle fabrique de la philosophie
    De comptoir avec des paroles d’OrelSan
    Zoé, le théâtre, c’est demain !

    La fluidité de la circulation ce matin
    N’a d’égale que la fluidité
    De ma bonne humeur ce matin. Zoé !

    Je travaille à donner une forme
    Au rêve de cette nuit
    Il faudrait mieux décrire les taureaux

    J’écris à Gilles (Coronado)
    Qu’il vient de me donner une idée
    Il va craindre le harcèlement, à force

    J’écris au SIRPA
    Pour leur demander
    Des clichés du soldat De Jonckheere

    J’écris un mail incompréhensible
    À Emmanuel Adely
    Qui comprend parfaitement ma demande

    J’emporte avec moi au café
    La fin de Frôlé par un V1
    Ou n’est-ce que le début ?

    Rarement un de mes textes
    Se sera pareillement transformé
    Au gré du hasard, des hasards

    Et les personnages
    De s’incarner
    Et de devenir des amis

    Réunion de travail
    Avec des développeurs stagiaires
    Cette jeunesse intelligente !

    Pendant que je travaille
    À Frôlé par un V1
    Zoé cuisine un dal !

    Je travaille
    Zoé cuisine un dal d’enfer
    Nous écoutons les Caroline !

    Le dal de Zoé déchire
    Elle n’a pas molli sur les épices
    Elle est fière d’elle, elle peut !

    http://www.desordre.net/musique/wyatt.mp3

    Je change un peu la musique
    Pascal Comelade avec Robert Wyatt
    « J’aime bien » dit Zoé

    Nous partons
    Pour aller écouter et voir
    Jean-Luc Guionnet et Lotus Edde-Khouri

    Ces deux-là
    Ces deux-là côte-à-côte
    Ces deux-là côte-à-côte en symbiose

    Ce qui dure dans ce qui dure
    Jean-Luc nous emmène partout
    Lotus nous surprend. Qui-vive permanent

    Zoé lutte un peu sur la fin
    Elle est malade en fait. Angine
    « C’était super », dit-elle. Fier. Tellement

    Zoé cuisine un dal
    Zoé aime bien Pascal Comelade avec Robert Wyatt
    Zoé trouve super ce qui dure dans ce qui dure

    Premier soir solo avec Zoé
    Et c’est le soir
    Où elle devient grande, pour toujours

    On fait trois fois le tour
    Du quartier pour sa garer
    Avant de remarquer la place en face. Rires

    « Au dodo ! » dis-je, en riant
    Une dernière fois
    À une Zoé devenue grande

    #mon_oiseau_bleu

  • Je rencontre une femme merveilleuse
    Que j’ai bien du mal à emmener en voiture
    Je ne sais plus, en effet, où j’ai garé cette dernière

    http://www.desordre.net/musique/tom_waits.mp3

    Je ne m’explique pas bien
    En revanche ce désir au réveil
    D’écouter Tom Waits

    Des fois mon inconscient
    Ne se fatigue pas de trop et assure
    Une sorte de service minimum

    Je note malgré tout ce récit sans mystère
    Mais je le tance, ne fais pas trop la malin
    J’ai rendez-vous chez l’analyste à 13 heures

    Moment de gloire en réunion
    Vidéoprojecteur en panne
    Je fais mon exposé sans slides, yes !

    Je rêve
    D’une telle panne
    Depuis cinq ans !

    Personne avec qui prendre mon café
    Au BDP et je n’ai pas pris de lecture
    Du coup la serveuse m’entreprend !

    Si elle savait le rôle de tueuse en série
    Qu’elle a parfois dans mes rêves
    Elle se ferait moins enveloppante

    Une collègue, habituellement timide
    Surprend son monde dans l’open space
    Et m’invite à déjeuner ensemble, oui, moi

    Chouette échange et je comprends
    Qu’elle voulait me dire qu’un de nos jeunes nouveaux collègues
    Fait du Vjaying et que cela pourrait m’intéresser

    Un peu mon neveu
    Mais avec moi il va voir le sentiment
    Que les images font du ralenti !

    En cochant mentalement
    Mon rendez-vous chez l’analyste
    Je réalise que c’est avec moi-même que j’ai RDV

    Et de fait, dans le miroir
    De l’ascenseur récemment inspecté
    Je découvre mon visage, je suis calme

    J’entame la séance en annonçant
    Que j’interromps le récit de la fois dernière
    Pour une nécessaire digression

    Cela amuserait sans doute
    Mes lecteurs de savoir
    Que j’ai de telles prévenances avec mon psy

    Vous imaginez un peu le tableau
    Dans un de mes livres : attention
    Je vais digresser !

    En revanche avec mon psy
    Je fais comme avec mes lectrices et lecteurs
    Je recolle au récit en cours sans crier gare !

    Psy : ? Des rêves en ce moment ?
    Ego : ? une soixantaine de pages cet été
    Tête de Psy !

    Ego : ? Je suis un père anarchiste
    Psy : ? Doublé d’une mère juive
    Tête d’Ego !

    Léger relâchement du langage soutenu
    Avec psy ? « ça m’emmerde », dis-je
    Il m’encourage, il ne devrait peut-être pas

    Avant que je ne comprenne
    Que l’encouragement porte sur le ça
    Pas sur la merde, trop tard, je suis lancé

    Dans le métropolitain je fais la monnaie
    Sur un euro auprès d’un clochard
    Pour donner cinquante cents à son collègue

    Toute
    Ta
    Tête !

    And it’s six in the morning
    Gave me no warning
    I had to be on my way

    Tom Waits
    For
    What ?

    Le petit rêve un peu sot
    Tel que je m’en souvenais ce matin
    S’épaissit à l’écriture le soir pour devenir un vrai rêve

    Cela faisait longtemps
    Que je n’avais pas tant écrit
    En sortant de l’open space

    Frédéric Lordon, Amélie Nothom, Philippe Djian
    Xavier Lambours et William Klein
    Rejoignent la cohorte des Fantômes

    Il est 18H39
    Il est l’heure
    De l’invention de la photographie

    Il est 19H01
    Il est l’heure
    Du début du siècle

    Il est 19H18
    Il est l’heure
    de l’armistice

    Il est 19H25
    Il est l’heure
    De la mort de Proust

    Il est 19H33
    Il est l’heure
    De l’élection de Hitler

    Il est 19H42
    Il est l’heure
    De la conférence de Wannsee

    Il est 19H45
    Il est l’heure
    Du 8 mai

    Il est 19H47
    Merde il est l’heure
    D’y aller. Je suis en retard

    Now the sun’s coming up
    I’m riding with Lady Luck
    Freeway cars and trucks

    http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    Jean-Luc Guionnet
    Ou l’impossibilité d’avoir la moindre idée
    De ce que l’on va écouter d’une fois sur l’autre

    Jean-Luc Guionnet
    Thomas Bonvalet
    Virtuose des bouts de rien

    Julien Desprez
    Arnaud Rivière
    Ça vous remet droit

    Cela fait du bien
    De revenir
    Au Tracé provisoire

    Emmener Julia
    Au Tracé provisoire
    Transmission (en cours)

    N’empêche le pépé de Sara
    Est nettement plus rock’n’roll
    Que sa maman, ça nous fait rire

    #mon_oiseau_bleu

  • Passage matinal du cantonnier
    Débroussailleuse sous ma fenêtre
    Je me serai cru dans les Cévennes. Bientôt !

    Où je découvre
    Médusé
    Que je fais de l’épanorthose

    Une Fuite en Egypte
    Est un récit en épanorthose
    C’est mon ami Sébastien Rongier qui l’écrit

    À la piscine
    Je combats mon arthrose
    Et je rumine mon épanorthose

    À la piscine je suis dépassé
    Dans ma longueur de sprint par un jeune nageur
    Qui, lui, est dans son rythme de fond !

    Je ne suis pas sûr de faire la différence
    Entre être lu aussi intimement
    Et être déshabillé. Sébastien !

    http://www.desordre.net/bloc/contre/sons/tetreault_yoshihide.mp3

    Otomo Yoshihide
    Toshimaru Nakamura
    En duo. Concentration

    33/cd
    34/cd
    35/dvd

    Les musiciens japonais
    Et les titres
    De leurs morceaux

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140227_jean-luc_guionnet_toshimaru_nakamura.mp3

    Otomo Yoshihide / Toshimaru Nakamura
    Jean-Luc Guionnet / Seijiro Murayama
    Je veux retourner au Tracé provisoire !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/jlg_seijiro_murayama.mp3

    A Nantes, Seijiro Murayama m’avait expliqué
    Que les Japonais, aussi,
    Aimaient les contrepèteries

    Dans la salle d’attente
    De chez l’orthophoniste
    Tu finis de lire Ruine d’Alain Spiess

    Dans la salle d’attente
    De chez l’orthophoniste
    Tu as lu tant de (grands) livres

    Le soir, tu lis l’Étreinte
    D’Adrien Genoudet
    Tu oscilles sans cesse

    Tu lis l’Étreinte d’Adrien Genoudet
    Tu détestes certains passages
    D’autres sont lumineux

    Tout comme Adrien Genoudet
    Tu te demandes si tu n’as pas croisé
    Salah Abdeslam, un jour

    De même,
    Le 13 novembre 2015
    Tu as peut-être croisé Adrien G.

    #mon_oiseau_bleu

  • Bien isoler sa maison pour réaliser
    50% d’économie de chauffage
    + 30% de crédit d’impôt

    Forget guns...
    Try this
    Free

    http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    Dans mon rêve
    Je fais un mauvais tour
    À mon ami Jean-Luc Guionnet

    Dans mon rêve
    Je déplace sa contrebasse,
    Il est saxophoniste

    Dans mon rêve
    Je me confonds en excuses
    Par ma faute, on lui a volé sa contrebasse

    Dans mon rêve
    Jean-Luc et L. vivent
    En bord de mer

    Dans mon rêve
    Il y a d’immenses photographies
    De L. sur les murs de chez eux

    Dans mon rêve
    Jean-Luc et L. me pardonnent
    Et, vous me prenez par la main

    Zut ! mon roman est fini
    Je n’ai plus besoin
    De récits de rêves

    Zut ! mon roman est fini
    Je n’ai plus d’endroits
    Où noter le récit de mes rêves

    Simple trick
    Fixes
    Baldness

    Tous les matins je regarde ma fille Sarah
    Partir au lycée, chaque matin
    Plus méconnaissable, grandie

    À la fin de cette semaine
    Pour Sarah, ce sera la fin
    De ses années de lycée !

    Comme Mussolini ou Ceausescu avant lui,
    Al-Assad est grand-croix de la Légion d’honneur.
    Emmanuel Macron va-t-il mettre fin à ces pratiques ??

    La rumeur bruyante
    Des collègues qui prennent le café
    Pluie de résultats sportifs, début de semaine

    Depuis ce matin
    Entièrement tendu à l’idée
    De la revoir (peut-être) ce soir

    Si j’oublie, jusqu’au thème,
    Le contenu de la séance précédente
    A quoi sert la psychanalyse ?

    La psychanalyse fait son apparition
    Dans mes poèmes
    Du mardi

    J’aimerais bien
    Lors de la séance de ce midi
    Pleurer un bon coup

    Parmi les ordures qui jonchent le trottoir
    Je trouve parterre un billet de 500
    Un billet de Monopoly

    Je croise Éric dans la rue
    Lui, libre
    Moi, retournant au bureau

    Je rencontre tant de personnes
    Dans les rues de Montreuil
    Mais jamais celle que je voudrais

    Et toi ça va ?
    Des soucis au travail, une peine de cœur
    Mais ce soir, je vois mon éditeur !

    Ton psychanalyste
    Mais qu’est-ce qui vous manque tant chez elle ?
    L’odeur et le goût de son sexe !

    Le hasard
    Fait mal
    Les choses

    Ils font du mal à relire
    Les petits poèmes
    D’il y a même pas deux mois

    Sur le chemin de la réunion
    Je pense
    À vos seins

    En rédigeant un rapport
    Je pense
    À vos mains me caressant

    On me demande un cahier des charges
    Je revois
    Vos fesses

    J’ai du courrier en retard
    Et je rêve
    De vous embrasser

    Au restaurant d’entreprise
    Je repense
    À des frites

    Buvant un café dans un gobelet
    Je songe
    Au goût de votre sexe.

    Analysant des données tabulaires
    Je rêve
    De vous caresser le dos

    J’ai le sentiment d’entrevoir
    Vos fesses (et vos poils)
    En extrayant des données

    Je suis devant mon écran
    Je voudrais
    Être dans votre bouche

    Concentre-toi un peu
    Me demande un collègue
    Si c’était si facile, vos seins me regardent.

    On peut lire un message
    De téléphone de poche
    Deux cents fois

    En fait,
    Tu n’es pas
    Du tout guéri.

    Une fin d’averse
    Dessine sur les marches de l’opéra
    Une partition pleine de croches

    Promis, juré, craché
    C’est bien comme titre non ?
    Une très jolie jeune femme fait son intéressante.

    Dans un café parisien
    Des jeunes gens rivalisent pour faire croire
    Qu’ils arrivent tout droit de Cannes

    Dans le même café parisien
    Je ne vaux guère mieux à corriger
    Mon tapuscrit en attendant mon éditeur

    Dans un café parisien
    J’écris des poèmes médiocres
    Dans les marges de mon tapuscrit

    J’aime bien
    Parler de rugby
    Avec mon éditeur

    Raffut
    Va rejoindre
    Une fuite en Egypte

    Raffut va rejoindre
    Une fuite en Egypte
    En septembre 2018

    Et Mon Oiseau bleu
    Sera-t-il publié
    De mon vivant ?

    Tu croyais quoi ?
    Que tu pourrais
    La revoir sans avoir mal ?

    J’espère que
    La douleur de ce soir
    Te servira de leçon

    Séance d’analyse frustrante
    Mathieu va publier Raffut
    La revoir est une souffrance

    #mon_oiseau_bleu

  • Je prends un café dans le hall de gare
    Avec Zoé, ma grande Zoé
    Et ce sera souvent comme ça maintenant

    Il m’arrive de tomber
    Dans mes propres chausse-trappes
    Interdit, incrédule et amusé !

    Je reçois des messages de Zoé
    Qui ponctuent son voyage en train
    Comme des petits cailloux sur le ballast

    L’homme est une drôle de bestiole
    Qui catapulte sans trop y réfléchir
    Sa progéniture à 500 kms de là

    Dans le restaurant d’entreprise
    J’attends la fin de l’averse pour rejoindre
    Le café où j’écris mes poèmes

    Colis réceptionné
    Message de mon père
    La catapulte a fonctionné

    Je vais sûrement la croiser ce soir
    Je n’y pense pas tout le temps
    Je vais mieux. Jour pluvieux

    Séduire
    Et rester soi
    Psychologies magazine

    Création
    Ou
    relooking
    De votre site Internet

    Your woman
    Wants it bigger...
    (Does she, really ?)

    À Créteil, un automobiliste
    Tente de renverser des fidèles
    À la sortie d’une mosquée

    German professor
    Discovers
    Penis growth hormone

    États-Unis :
    Le réchauffement va creuser
    Les inégalités territoriales


    Se pourrait-il que certains jours
    Les spammeurs soient plus
    Inspirés que moi

    Adèle Van Reeth
    Lit Les Lettres à Théo
    De Vincent Van Gogh

    C’est comme si elle m’en faisait
    Cadeau, des années
    Que je ne peux plus les lire

    Je ne peux plus les lire
    Comme je ne peux plus écouter
    Les Doors et Hendrix

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/jimi_hendrix.mp3

    Mon frère Alain
    Est parti
    Avec ces trois-là

    Je m’achète deux nouveaux shorts
    Pour cet été dans les Cévennes
    Je vais plaire aux sangliers

    http://www.desordre.net/musique/rollins.mp3

    Le disque avec lequel
    Tu vas passer le week-end
    The Bridge de Rollins. Intimidant

    Pour le moment tu ne l’écoutes pas
    Pour aller au concert ce soir
    Avec des oreilles propres

    Eric La Casa
    Jean-Luc Guionnet
    Home

    Et pour la première fois
    Depuis trois mois
    Je me suis senti bien à côté d’elle

    Café avec Zoé à Montparnasse
    Les spammeurs sont en forme
    Discussion entre amis après le concert

    #mon_oiseau_bleu

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/images/sophie/sons/bill_evans_i_fall_in_love_too_easily.mp3

    J – 20 : Une bonne partie du week-end passée à lire le manuscrit de mon ami Daniel jusqu’à rêver d’aires d’autoroute la nuit, c’est qu’elles ont leur importance ces dernières dans ce relevé géographique fictif contemporain. Lecture studieuse dans le but de donner quelques éléments de recul à Daniel. Lecture interrompue sans vergogne dimanche après-midi par A. venue boire un ristretto . Lecture ponctuée par l’écoute de quelques disques magnifiques, Polka Dots And Moonbeans de Bill Evans, John Coltrane avec Duke Ellington, A Love Supreme de John Coltrane - une éternité que je ne l’avais plus écouté et on ne devrait jamais rester aussi longtemps sans l’écouter - , Capcizing moments de Sophie Agnel, Mysterioso de Thelonious Monk, Non-Bias organic de Jean-Luc Guionnet, The Montreal Tapes de Charlie Haden (Gonzalo Rubbalcaba au piano et Paul Motian derrière les futs) et Abbey Road des Beatles. Du café comme s’il en pleuvait pendant ces deux jours au soleil radieux. Et la musique toutes fenêtres ouvertes très rarement abimée par le passage extrêmement rare de quelques voitures, le quartier est désert, la fin du monde pourrait avoir ses avantages si l’on dispose encore d’électricité pour jouer ses disques ou encore de musiciens pour nous jouer de la musique, débarrassés, les musiciens de la chambre d’écho que doit représenter pour eux un enregistrement.

    Traversant dans les clous,
    Pieds nus
    J’ai eu envie d’écouter Abbey Road

    Bill Evans
    Thelonious Monk
    Sophie Agnel

    Février 2005 – suite. 50 km/h. Sortir de Strasbourg. La conduite de Gisse, une mélodie souple, soyeuse. En direction de Reims. 350 kilomètres environ. Sur autoroute. A4. La voiture est lancée, vitesse de croisière, un concentré de paysages aboutés. Un besoin de voix, pour nettoyer les substrats mélancoliques.
    - Yves ?
    - Oui.
    - Parle-moi de toi.

    Elle double, sereine, une suite de semi-remorques. Se rabat. Les panneaux : Sarrebourg, Haguenau, Wissembourg.

    - J’ai passé mes années lycée à Troyes. Trois ans. Le lycée était excentré en périphérie, entre un LEP et un IUT. Suis sorti par la petite porte. Sans mon baccalauréat. A défaut de pouvoir prendre le train des études supérieures, je mesuis dirigé vers l’arrêt de bus. Un bus s’est arrêté, je suis monté et me suis retrouvé au centre-ville. Un appart avec un copain. Le théâtre. Une place dans une librairie de livres anciens. Des liens tissés dès la seconde année de lycée. Dès la fin de la seconde, viré de l’internat. Sur le bulletin : Trop asocial pour s’assumer en collectivité. Je n’en tire aucune gloriole. Je ne savais même pas ce que c’était l’asociabilité. Autour de moi, ce qui avait teneur de liens, de gens, c’était de la subjectivité broyée. Je n’avais ni les moyens ni le temps de faire une
    introspection pour savoir ce qu’il y avait de périmé, de périssable en moi. Supposes que je revois certains profs aujourd’hui, je ne vais pas leur bouffer la trogne. J’ai laissé filer. Ils ont laissé filer. D’autres chats à fouetter. A partir de la première, quelqu’un du village m’emmenait le matin. Il travaillait dans un garage. Trente kilomètres en voiture. Mesure concise d’une nationale dans un décor de champs, de villages. Le soir je rentrais en stop, une fantastique galerie de portraits de la France de l’époque. Deux soirs par semaine, des cours de théâtre. Le matin, ce quelqu’un du village me déposait à un arrêt de bus. Direction le lycée. Dans le bus, parmi les passagers, des lycéens, des lycéennes. Un transport commun de tics, de cartables. De regards. Ses yeux, mes yeux. Des regards qui se croisent. Des attirances. J’étais en terminal, elle en première. Dans la classe d’un copain. Les heures de permanence, certaines pauses après le déjeuner, on les passait dans un bar, à quelques rues du lycée. Elle était longue, haute, d’apparence filandreuse. Yeux sombres, cheveux noirs. Issue de la bourgeoisie locale. Elle était avec ce copain. J’ai parlé. Littérature, musique, philosophie. Ce copain s’embarquait pour les Beaux-arts, laissant des croquis partout derrière lui. Nous en étions à partager à l’époque ce qui tenait lieu d’avant-garde musicale entre jeunes. Un rock des confins, industriel, froid. Un fort écho des lézardes en cours dans le champ industriel de l’époque. Par notes et voix interposées. Les délocalisations, la mise au pilori de centaines et de centaines d’emplois. L’industrie textile locale opérant un virage sous forme de ventes directes en usines plantées comme des décors dans des marques avenues. Les vraies usines démontées, pièces par pièces. Remontées en Tunisie, en Turquie. Optimiser les profits, réduire les conflits. Elle était issue de cette bourgeoisie textile. Je me disais souvent que si elle avait été d’un milieu modeste, elle aurait été quelconque. Quoi que sans doute avec toujours ce fond abrasif, délirant. Elle me plaisait. Une beauté décalée. Des échanges convulsifs et posés. Plus grande que moi. Je n’avais que mon bagou, une gueule attirante.

    Double file. Se déporter. Un camion en double un autre. Voie de gauche. Les voitures derrières qui ralentissent. Gisse se rabat. Appels de phare. Elle n’en a cure. Une conduite assumée.

    Extrait de Les Oscillations incertaines des échelles de temps de Daniel Van de Velde

    #qui_ca

  • J – 25 : Daniel,

    Admettons, pour commencer, que quand je dis Désordre , avec un D majuscule et en italique, je parle de mon travail, que quand j’écris « désordre » sans italique et sans majuscule, je parle d’une situation désordonnée et que quand j’écris « desordre » (sans accent et tout en minuscules), généralement à l’intérieur d’une graphie de ce genre http://www.desordre.net , je donne le chemin de quelques vérifications possibles en ligne. Le Désordre est curieusement affaire d’appeler les choses par leur nom, d’appeler un chat un chat.html.

    Daniel, tu me demandes un texte de quelques pages à propos du Désordre . Cela arrive de temps en temps que l’on me demande un telle chose, la dernière fois c’était pour le Festival de littérature de Solothurn en Suisse, d’où j’avais rapporté un très mauvais livre à propos de Proust, quelques secondes de films d’animation réalisées avec de la pâte à modeler dans le cadre luxueux de ma chambre d’hôtel dans laquelle je me suis ennuyé ferme pendant deux jours, et dans laquelle j’ai hérité d’une colonie de punaises de lit qui auront empoisonné mon existence pendant presque six mois. La Suisse. La semaine dernière j’ai reçu deux textes d’un jeune universitaire qui a décidé, il y a deux ans, d’étudier le Désordre , je pourrais être sans vergogne et tout pomper sur de telles études sérieuses, mais voilà elles sont exprimées dans une langue que ni toi ni moi ne parlons. Et puis ce serait ignorer que la générosité est le sentiment qui a le plus cours entre nous deux. Le Désordre est un flux, il se modifie sans cesse, il s’augmente sans cesse.

    Je pourrais, j’en suis sûr, écrire une fiction à propos de ce site, une sorte de nouvelle à tiroirs et il y en a quelques-uns, des tiroirs, dans ce site et dans son histoire périphérique, celle de mon existence finalement, quelques rebondissements ont connu leurs premières secousses à l’intérieur même du site, en les agençant un peu différemment de la façon dont ils se sont produits, je parviendrais bien à quelque chose, mais j’ai compris que ce n’était pas ce que tu attendais. Pourtant le Désordre est une fiction. La mienne.

    Je pourrais, je finirais par en trouver le moyen, créer une manière de site dans le site qui permettrait de canaliser, fixer, un parcours dans le site et qui serait, de ce fait, une sorte de fiction aussi, mais alors j’aurais le sentiment de trahir quelques-unes de mes intentions premières dès le début de la construction du site, à savoir rendre le parcours aussi chaotique, désordonné et aléatoire que possible, au point que, désormais, plus personne ne peut vraiment faire le même parcours dans ce fichu site et lorsque des personnes échangent à son propos, je ris sous cape qu’ils ne savent pas qu’ils ne peuvent pas parler de la même chose, qu’ils n’ont pas vu la même chose et pourtant ils semblent s’entendre. Ce sont les visiteurs du Désordre qui font le Désordre .

    Je pourrais à l’inverse, j’en ai les moyens, en programmation, rien de plus facile, ajouter du désordre au Désordre , donner à l’aléatoire une plus grande part encore, mais alors cela pourrait très bien être en vain, le nombre de possibilités existantes est déjà très grand, on parle de nombre gogol et de nombre gogolplex qui sont des nombres qui tutoient l’infini (un gogol est égale à 10 puissance 100, et un gogolplex est égale à 10 puissance gogol), en fait pour tout te dire, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le nombre de combinaisons possibles dans l’agencement des presque 300.000 fichiers du Désordre est pour ainsi dire aussi grand que le nombre d’atomes que l’on pourrait serrer dans l’univers connu. Personne ne s’apercevrait de cette aggravation du Désordre . C’est si grave que cela. Le Désordre est au-delà du vaste, il n’est pas infini, bien sûr, mais il est asymptotique à l’infini. Chuck Norris a compté jusqu’à l’infini. Deux fois.

    Je pourrais aussi, avec force copies d’écran te décrire le Désordre vu de l’intérieur et te montrer comment pour atteindre une telle dimension de Désordre , en donner le sentiment, il convient, pour moi, pour m’y retrouver, d’ordonner les choses avec un soin maniaque quand ce n’est pas totalitaire, il y a là un paradoxe très étonnant, bien que facile à comprendre, je pense que tu en as eu un aperçu quand nous avons travaillé ensemble dans le garage pour ton recueil du poèmes visuels dans le Désordre , sans doute l’une des plus belles réalisations du Désordre et quel plaisir c’était, pour moi, de t’offrir de telles possibilités, dans une confiance désormais acquise et mutuelle, même si de haute lutte par le passé. J’ai fait du chemin depuis Barjavel, non ? http://www.desordre.net est parfaitement rangé et ordonné, pour mieux donner une impression de désordre, laquelle est grandement obtenue par des effets de programmation. Le désordre est un programme en soi. Et il est paradoxal.

    Je pourrais, je vais le faire, c’est désormais un peu de cette manière que je procède en toutes chose, inclure ce texte, que tu me demandes, à l’intérieur même d’un projet en cours, qui est lui-même un projet qui surplombe le Désordre , Qui ça ? sorte de chronique de la catastrophe en cours et pour laquelle je refuse désormais d’avoir le moindre regard, elle est inévitable, avant qu’elle ne se produise, agissons et prenons l’habitude désormais d’agir selon notre guise, tout comme je le dédicace à cet ami poète, Laurent Grisel, nos agissements sont tellement plus précieux que les actes misérables qui nous gouvernent, et alors ce serait un tel plaisir de tisser depuis ce texte que je suis en train d’écrire le faisceau abondant des liens hypertextes qu’il suscite, et tu serais bien embêté plus tard pour tâcher de trouver le moyen d’accueillir tout cela dans la cadre restreint d’une revue papier, NUIRe. Plus j’y pense et plus je me dis que c’est ce que je devrais faire, rien que pour te mettre un peu dans l’embarras, pour t’embêter gentiment. Le Désordre n’est pas plat, il compte des épaisseurs, une profondeur qui doivent concourir au sentiment de désordre. Le Désordre est une mise en abyme. http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index_186.htm

    Je pourrais, je dois le faire, rappeler utilement que je ne suis pas le seul contributeur du Désordre , par exemple il est important de savoir que j’ai commencé à travailler au Désordre en 1999, mais qu’à partir de 2003 j’ai reçu de temps en temps, à ma demande, l’aide précieuse de mon ami Julien Kirch - @archiloque - qui a su fabriquer pour moi des outils remarquables pour mieux semer le désordre. Que tout au long de la construction j’ai reçu les avis éclairés et avisés d’autres personnes, notamment L.L. de Mars, que j’ai fait partie de collectifs qui ont nourri mon travail, le Terrier , remue.net, Le Portillon , seenthis.net et que le Désordre m’a permis aussi de travailler (et de les rencontrer) avec des musiciens d’exception, Dominique Pifarély et Michele Rabbia, que le Désordre a connu un développement inattendu dans le numéro 109 de Manière de voir et quel plaisir cela a été de rencontrer et de travailler avec @fil, @mona et Alice, que d’une façon plus ou moins directe il m’a permis de trouver un éditeur, grâce soit rendue à Sarah Cillaire, Hélène Gaudy et Mathieu Larnaudie, les parrain et marraines d’ Une Fuite en Egypte et enfin, et surtout, que le Désordre accueille aussi en son sein les travaux remarquables d’amis, parmi lesquels, Jacky Chriqui, Hanno Baumfelder, L.L. de Mars, Martin Bruneau, Isa Bordat, Karen Sarvage, Ray Martin, Barbara Crane et Robert Heinecken, Thomas Deschamps (qui a composé l’une des plus belles pages du Désordre), Eric Loillieux, Vincent Matyn, Pierre Masseau, Jean-Luc Guionnet, Stéphane Rives, Lotus Edde Khouri et, donc, toi, Daniel, Daniel Van de Velde, devande. Le Désordre c’est aussi une histoire de mes amitiés et de ce qu’elles m’ont apporté d’immenses richesses et de communes préoccupations, regarde, en tête de ce texte, qui passait par l’infini, je n’ai pas hésité longtemps pour ce qui est du choix d’une image, pouvait-il y avoir de plus remarquable illustration, le mot est mal choisi, qu’une photographie de l’une de tes merveilleuses sculptures au travers desquelles on jurerait voir l’infini.

    Je pourrais rappeler que l’une des dimensions supérieures du Désordre c’est une manière de sauvegarde des joies et des beautés du quotidien. Tu as dit à propos de ce texte, que tu me demandes, que tu pourrais m’aider à y contribuer, je pense que sur le sujet de ce quotidien, de son ressassement heureux, enchanté par moments, et d’un certain arbre du bois de Vincennes, tu sauras dire quelques très belles choses, je laisse donc quelques lignes blanches pour toi.



















    Je pourrais faire la liste des erreurs et des ratages du Désordre , il y en a eu quelques-unes, et même quelques errements, et des obstinations de ma part qui ont parfois fait courir de grands périls à l’ensemble, des fois je suis allé trop loin, d’ailleurs rien ne m’assure que cela ne soit pas déjà le cas. En fait chaque fois que je travaille au Désordre je cours le risque de tout faire échouer ou encore d’ajouter des éléments faibles qui ne rendent pas justice aux autres réalisations, plus réussies, du Désordre et cela fait presque dix-huit ans maintenant que le Désordre menace presque tous les jours de s’effondrer. Le Désordre est fragile. Et il aura une fin. Elle ne sera pas nécessairement heureuse, ni réussie.

    Je pourrais écrire n’importe quoi, dire du Désordre des choses qui ne seraient pas vraies, qui ne seraient pas entièrement fausses non plus, en quelque sorte des choses qui ne me concerneraient pas. Et cela permettrait, nul doute, de faire diversion, d’attirer le regard vers des directions opposées à celles qui sont en fait au cœur du site, notamment le combat, le combat pour la vie, pour la survie, le combat pour Nathan, le combat pour les enfants, le combat pour faire accepter certaines manières de faire les choses, de voir le monde, d’y participer, le combat politique en somme, le combat ce n’est pas la partie la plus visible du Désordre et pourtant elle est là, jamais très loin, et jamais en grattant beaucoup, on y voit mon corps et mon cœur fatigués tous les deux par le combat, mais mon corps et mon cœur heureux, cela oui aussi. Le Désordre est un combat perdu d’avance, mais qu’on ne peut pas refuser. C’est mon côté Don Quichotte du Val-de-Marne.

    En tout cas c’est un combat qui me laisse désormais sans force. Un jour que des lycéens, dans le cadre de je ne sais plus quelle expérience de leur cursus - guidés en cela par leur excellent professeur de philosophie, mon ami Alain Poirson, qui a été, aussi, pour moi, un professeur de philosophie, et quel ! -, m’avaient soumis au questionnaire de Proust, à la question comment est-ce que j’aimerais mourir, j’avais répondu sans hésiter : épuisé. Ça finira par arriver un jour, c’est sûr.

    Im freundschaft, mein lieber Daniel, im Freundschaft.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Dans les arbres, le seul gropupe de musique improvisée avec trois Norvégiens et un Français

    Et pour clore cette semaine fort musicale, quand on y pense trois concerts dans la même semaine, il doit être possible pour un mélomane de passer des semaines plus arides, je suis invité par Sophie Agnel (qui a bien aimé ma chornique de son concert avec Phil Minton, du coup on s’écrit un peu) au concert de la formation Dans les arbres à l’Atelier du tampon .

    Dans les arbres , d’habitude ils sont quatre, un Dromois égaré à la clarinette pas prête parmi trois musiciens norvégiens, au piano préparé, guitare préparée et aux percussions en cours de préparation. Et d’habitude Christian Wallumrød joue du piano préparé et non du synthétiseur hérissé de fiches, et donc il sont quatre, il y a Ivar Grydeland à la guitare préparée qui ce soir s’est fait porter pâle comme on dit au rugby, mais sans doute pas dans le milieu de la musique contemporaine improvisée qui n’a sans doute pas les mêmes codes.

    Le concert était en deux parties à la fois semblables et très différentes, dans la première partie j’ai aimé la seconde partie et dans la seconde partie j’ai aimé la seconde partie, moins la première partie de la seconde partie et moins encore la première partie de la première partie. Dit comme ça cela ne vous dit pas grand chose mais j’ai été très surpris qu’échangeant avec Sophie Agnel , elle pensait pareil à propos des parties et des sous parties qu’elle appelait aussi des parties et des premières et secondes parties des parties, un peu comme on fait au rugby finalement en parlant de la première et de la deuxième partie de la première mi-temps et de la première et de la deuxième partie de la seconde mi-temps, la seconde partie de la seconde mi-temps, on appelle cela aussi money time , qui est généralement suivi de la troisième mi-temps, c’est là qu’on prend l’avantage sur les musiciens de musique contemporaine improvisée. Encore que. Pas sûr.

    La première partie de la première partie m’a fait redouter que Dans les arbres soit une formation de musique qui mise beaucoup sur la répétition, parce qu’ils ont été un peu longs à installer ce qu’ils voulaient mettre en place et là je ne suis pas nécessairement un très bon juge de savoir si c’était suffisamment bien installé ou pas assez quand ils se sont vraiment mis à jouer ce qu’ils jouent et que je trouve vraiment très beau.

    Dans Dans les arbres , il y a d’abord ce très beau set de percussions, un immense tome sur la membrane duquel Ingar Zach s’évertue à produire de toutes petites sonorités, minuscules pour un tel instrument, puis petit à petit ajoute des éléments à même cette membrane, tandis que Christian Wallumrød installe lui aussi des touches très ténues de synthétiseur, mais un peu a contrario de ce que l’on demande habituellement à cet instrument maléable de produire, des nappes et des grooves que sais-je encore, non, Christian Wallumrød produit plutôt de petites allusions, percussives presque, tandis que ces deux Norvégiens-là laissent la ponctuation au clarinettiste qui serait bien du genre à tout faire pour s’étrangler avec sa clarinette sans que cette dernière ne rende la moindre note, une manière de clarinette paradoxale.

    L’ensemble joué par ces trois admirables musiciens paraît admirablement fragile et pourtant brique à brique il semble bien que ce soit non pas un simple mur que l’on monte mais bien une de ces merveilleuses petites chapelles gothiques au milieu d’une lande battue par les vents. C’est une musique à la fois enveloppante et envoûtante qui ne semble exister qu’en songe, qu’elle cesse à la fin de la première partie ou à la fin de la seconde partie, et elle disparaît entièrement et nous rend à nos rumeurs et au bruit de la ville, mais alors rumeurs et bruit deviennent étrangement supportables, Dans les arbres c’est une sorte de yoga sonore, on ne pourrait pas mettre le doigt dessus mais après on se sent mieux, terriblement mieux, entièrement délassé et maître de soi.

    Et j’ai été bien heureux de pouvoir échanger avec Sophie Agnel à propos de son très beau concert avec Phil Minton et Audrey Chen. Je peine à croire que ce dernier concert, de Dans les arbres , était une manière de bonus sur la longue liste de dates que j’avais repérées en janvier dernier, Fred Van Rohe avec Roger Turner, être mon préféré, Jonas Kocher avec Joke Lanz et le magnifique travail spectacle de Johanny Melloul avec Ogrob et Annie Lam, Phil Minton avec Sophie Agnel, Jean-Luc Guionnet avec Seijiro Murayama et Olivier Benoit, Fred Frith et Dans les arbres . Et encore j’ai manqué deux dates, Phil Minton avec Isabelle Duthoit et Mark Charig, Michel Pilz, Quentin Rollet, Marcio Mattos et Jean-Noël Cognard, mais je n’avais plus de crédits pour ma téléporteuse.

    #qui_ca

  • J – 76 : Un musicien, quel qu’il soit, peut-il trouver une place, fut-elle petite et étroite, entre Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama ?

    Je me demande si ce n’est pas sur cette réflexion qu’a planché pendant tout le concert Olivier Benoît, guitare, assis entre ces deux-là, et je me demande s’il n’a pas conclu à une absence de possibilité. Tel était effectivement le concert de ce soir aux Instants chavirés , un trio entre Jean-Luc Guionnet à cour, Olivier Benoît au centre et Seijiro Murayama à jardin. Olivier Benoît a déjà joué en duo avec Jean-Luc Guionnet et même si je n’ai jamais entendu ce duo, je sais qu’il existe et je sais qu’il a fonctionné. En duo je crois que Jean-Luc est un tel musicien qu’il peut s’adapter à n’impote quel autre musicien et Olivier Benoît n’est pas le premier venu, donc ça ça peut marcher.

    Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama forment un duo quasi mythique dans le milieu de la musique improvisée. Il s’agit d’une association parfois vertigineuse et Jean-Luc m’a déjà dit que c’était pour lui la pire des mises en danger que de jouer avec Seijiro Murayama, mais qu’au prix de ce danger lui étaient sans doute venues ses idées les plus porteuses et de fait, les deux fois où je les ai écoutés en concert, j’ai été estomaqué par l’intensité de leur musique, à la fois la déconstruction de la musique, notamment par Seijiro Murayama qui est le lus paradoxal des percussionnistes tant il ne semble rien faire que de s’éloigner le plus possible de toute notion de construction, notamment rythmique, et quand par accident ce qu’il joue pourrait ressembler, même d’assez loin à un tempo, il s’emploiera alors à des gestes défintifs dans la direction opposée. Le jeu de Jean-Luc Guionnet n’est pas moins cérébral, lui davantage fondé sur des facultés d’adaptation hors du commun et c’est d’ailleurs ce qui est principalement recherché dans ses très nombreuses associations avec d’autres musiciens, ce qui fait que l’on peut aller à une douzaine de concerts de Jean-Luc Guionnet sur une année, voire un peu plus, et de ne pas écouter deux fois le même saxophoniste, certainement pas la même musique. Certes des passages pourront se retrouver cités en bien des endroits mais l’impression générale sera toujours très différente d’un concert à l’autre, au point, finalement, de ne jamais tout à fait pouvoir anticiper quoi que ce soit, Jean-Luc Guionnet sait-il seulement ce que Jean-Luc Guionnet jouera le soir-même.

    Lorsque Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama jouent ensemble, chaque fois se crée une voix tierce, ce qui est le propre du duo, mais c’est, dans le cas de leur association, une voix sans cesse en danger, ce qui crée une tension phénoménale, celle-là même qui est recherchée par les deux musiciens. Et le danger sur cette voix tierce vient qu’à nul moment ni l’un ni l’aute de ses deux musiciens attend de l’autre que ce dernier se sente responsable de l’entretenir, de la nourrir. Il arrive donc qu’à certains moments d’égarements plus féconds ou au contraire plus laborieux des deux musiciens que cette voix tierce s’étouffe et dépérisse et c’est généralement à ce moment précis que l’un des deux, ou les deux à la fois, se précipitent pour remettre une bûche dans l’âtre et cela repart de plus belle, le feu n’est pas mort, il repart et ses nouvelles flammes n’en sont que plus belles. Mais encore une fois il s’en est chaque fois fallu de peu que le feu ne meurre et que le foyer reste noir carbon.

    Placez près du foyer une manière de gardien des flammes, une personne qui veillera sans cesse à remettre une bûche quand c’est nécessaire et la tension entre les deux musiciens s’envolent, c’est à peine s’ils s’entendent jouer l’un l’autre et il faudrait alors que cette tierce personne à défaut d’être la voix tierce puisse être un lien sûr entre deux personnes qui ne se regardent pas, qui ont l’habitude de s’ignorer, seulement en apparences.

    Or j’ai déjà entendu sur cette même scène des Instants chavirés Olivier Benoît jouer un tel rôle. Et de s’en être admirablement acquitté, c’était, dans l’urgence, entre Fred Frith et Joëlle Léande qui ce soir-là ne semblaient pas du tout en capacité de jouer ensemble. Ils avaient d’abord échoué en duo, l’un et l’autre incapables de trouver un terrain d’entente entre eux, finalement chacun en rabattant beaucoup, trouvant refuge dans des airs traditionnels et joués sans mystère, et c’est seulement quand ils furent rejoints par Olivier Benoît qu’ils sont parvenus à atteindre des rivages plus surprenants, mais à trois.

    La différence d’avec le duo que forment Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama c’est que quand ces denriers sont sur le point de périr de naufrage, eux seuls savent trouver le moyen de leur sauvetage et leur venir en aide, leur proposer du ciment, de liant, une aide, une main tendue, c’est finalement les embarasser et les pousser à une noyade dont ils n’avaient pas vraiment peur avant qu’on ne leur vienne en aide.

    Je ne dirais pas que le concert de ce soit a été un naufrage, il y a eu de très beaux moments, Jean-Luc Guionnet semble avoir trouvé de nouveaux moyens encore pour produire les plus improbables sonorités de son saxophone il n’y a pas eu cette tension qui caractérise habituellement les rencontres entre Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama. Mais peut-être n’était-ce pas là ce qu’il fallait venir chercher ce soir-là. Oui, c’est possible aussi.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    J – 98 : Les deux rêves étranges de cette nuit. Le premier, celui qui me réveille en sursaut au milieu de la nuit, un ancien ami avec lequel je suis très fâché désormais, sans doute de façon irréconciliable, me rend visite et me souffle de cette drogue dont Madeleine m’a parlé récemment, le souffle du dragon , qui annihile temporairement le jugement et permet d’obtenir de celui auquel on souffle cette poudre au nez tout ce que l’on ne pourrait pas obtenir de lui de son plein gré, tel le code de la carte bancaire, son mot de passe ftp, ou je ne sais quelle faveur sexuelle bien entendu, dans le cas présent, mon agresseur veut m’emmener dans le garage pour comprendre comment je travaille en ce moment — depuis quelques temps, deux ou trois ans, plus vraiment moyen de savoir sur quoi je travaille, il y a bien eu le Jour des Innocents et Février qui laissaient penser que je n’avais entièrement abandonné mes efforts, mais lui sentait bien que je devais travailler sur autre chose encore et il veut savoir, il veut tout savoir, il veut connaître les scripts que j’utilise, au fond de moi j’ai envie de lui répondre que tout est plus ou moins en ligne et que la plupart du temps il suffit d’afficher le code pas très compliqué des pages du Désordre , je ne fais rien de tout cela, je ne suis pas maître de moi-même, je réponds au contraire à toutes ses questions, il veut connaître les URL des projets en cours, je voudrais lui répondre d’aller se faire enculer et au contraire j’annone les URL en questions que je vois partir quasiment instantanément sur des réseaux sociaux que je vomis habituellement, c’est une torture extraordinaire, étouffante, tout en mon être refuse de répondre et je réponds, je dis tout, je dévoile tout.

    Lorsque je me réveille, je suis à bout de souffle, pourtant non, mon respirateur est sur son rythme nocturne de 14-6 — je ne connais pas l’unité de mesure et quand bien même je ne saurais pas à quoi cela correspond — et l’air que j’expire s’en va bien par la petite valve. Autour de moi les ombres de mes rayonnages, des tableaux au mur et des ailerons de requin finissent par m’apaiser, mais je peine tout de même à retrouver le sommeil. J’y parviens malgré tout semble-t-il puisque je suis visité par un tout autre rêve.

    Je rends visite à mon ami Jean-Luc Guionnet, qui, dans mon rêve, pas dans la réalité, habite un immense atelier parisien qui donne sur un jardin dans lequel deux très grands arbres ont été transformés en sculptures monumentales par Jean-Luc, ce garçon a tous les talents, les deux arbres, l’un un tilleul, l’autre un grand chêne, ont tous les deux été entièrement repeints dans un couleur verte émeraude, à la fois sombre et saturée, même les feuilles qui forment désormais une canopée permanente. Pendant que Jean-Luc prépare un café me laissant tout à la contemplation des deux sculptures, nous sommes rejoints par une petite foule très bigarrée (et fort jeune, un lendemain de fête) un peu dans le goût de la Factory d’Andy Warhol et pareillement peu vêtue mais très maquillée. Mon regard passe des racines découvertes des deux grands arbres en un rhizome extravagant, à la poitrine, dénudée et peinturlurée à la manière des premiers combines de Robert Rauschenberg, d’une jeune femme qui ne semble même pas s’apercevoir de ma présence fort habillée, quand Jean-Luc me tend une tasse de café, Jean-Luc paraît avoir rajeuni, buvant son café, je comprends que toutes ces personnes ont des apparences fort jeunes parce qu’elles sont toutes des artistes prolifiques et qu’elles ne semblent pas remarquer ma présence parce que je suis vieux, ce qui est le signe que je suis devenu une manière d’artiste stérile.

    Ce rêve serait un peu vexant, n’était-ce la très grande beauté de ces deux grandes sculptures d’arbres.

    #qui_ca

  • Je me demande si je ne vais pas finir par faire partie des meubles aux Instants chavirés , au même titre d’ailleurs que nombre de personnes que je reconnais chaque fois sans mal, et qui doivent être nettement plus assidues que moi, et je vois bien qu’eux ont leurs habitudes, tel type qui est toujours le premier arrivé, qui se rue au premier rang, n’en sera jamais délogeable, à l’entracte ou l’entre deux sets il ne quitte pas cette place du premier rang au centre, il enregistre tous les concerts à l’aide d’un petit enregistreur qu’il sort d’une chaussette noire et qu’il pose tel quel sur son genou, jambes croisées et il ne bouge pas, il doit disposer d’une discothèque extraordinaire des Instants, mais aussi de nombre d’autres lieux de concert, certains parmi les plus reculés, je pense par exemple au troisième sous-sol de la rue Polenceaux où j’ai écouté des concerts irrésistibles notamment de Jean-Luc Guionnet, et le type était là, au premier rang aussi, l’enregistreur posé sur son genou et il me semble que c’est toujours le même genou et donc la même façon de croiser les jambes, pour un encore jeune arthritique comme moi, c’est fascinant cette immobilité, ce confort dans la pause, ce type ferait un excellent modèle assis, son visage d’ailleurs n’est pas inintéressant, si cela se trouve c’est un frère. Dont j’ignore encore tout, mais dont je devine déjà qu’il est informaticien, qu’il s’ennuie toute la journée dans un vaste open space en attendant le soir ayant marqué dans son agenda, presque tous les soirs de la semaine, des dates de concert, aux Instants, mais aussi dans bien d’autres endroits de la région parisienne, enregistrant des heures et des heures de ces concerts de musique contemporaine improvisée et attendant in fine l’âge de la retraite pour se consacrer, enfin, à cette grand recherche d’historien de la musique contemporaine improvisée. Il y a cet autre type nettement plus effacé qui lui sirote des bières tout au fond de la salle, même quand cette dernière n’est pas très remplie, toujours l’épaule gauche appuyée contre le mur, une queue de cheval sur le côté gauche aussi. Et entre ces deux types, plein d’autres types, la moitié de la salle est remplie plus ou moins des mêmes personnes, les femmes ne sont pas très nombreuses, cela dépend un peu des soirs, mais des statistiques même empiriques tendraient à démontrer que la musique contemporaine improvisée est une affaire plutôt masculine, ce dont je doute.

    N’empêche hier soir c’était concert debout aux Instants , pas mes préférés, mais il m’arrive cependant d’y aller, tentant par là même de m’ouvrir à d’autres formes qui sont plus, davantage, les miennes, de la musique très électrifiée et très amplifiée, voire marquée lourdement pour le tempo — mais qu’a fait la musique pour être aussi sévèrement battue ?, pour employer l’expression de L.L. de Mars dans son Dialogues de morts à propos de la musique —, plutôt que ce que je préfère, et de loin, des recherches plus amples, partant d’une séparation ténue entre le silence et le son et progressant avec lenteur vers une complexité accrue, presque narrative par endroits. Et moi les concerts debout, ce n’est plus de mon âge, pas tant pour le volume — encore que je refuse rarement l’offre paradoxale des Instants qui fournissent des boules Quiès pour son public un peu moins jeune, au premier rang duquel on trouve quelque arthritique — mais davantage, parce que debout, ce sont les rotules qui prennent et elles sont, vous l’ai-je déjà dit ?, arthritique. Alors il y a bien, çà et là quelques endroits où l’on peut s’assoir, un peu à ses risques et périls, mais assis, alors on ne voit pas grand-chose des gestes des musiciens, ce qui, quand ils sont, de plus en plus nombreux, tripoteurs de boutons, ne revêt pas de gêne considérable, et pour tout dire j’en ai un peu pris mon parti. Et c’est souvent dans un des deux sièges dits de cinéma, près des toilettes que je finis par échouer, situation imparfaite par excellence, assis certes, mais de travers par rapport à la scène dont j’aperçois quelques extraits, avec force premiers plans obstrués, comme dans certaines de mes photographies de concert où je préfère jouer des premiers plans flous plutôt que de les subir, et surtout plus ou moins sous un des deux haut-parleurs, c’est-à-dire à un endroit où je ne reçois pas grand-chose des bains de pieds, des retours de scène et pas entièrement la sonorisation, mais la plupart du temps, qu’est-ce que j’y suis bien, et bien souvent, même pour les concerts assis, ceux où je peux voir tout aussi bien que tout un chacun dans la salle, la scène, qui, la plupart du temps, est plongée dans un éclairage très médiocre, quand il n’est pas inexistant, et bien je ferme les yeux, pour me concentrer sur la musique. Cela valait bien la peine.

    Et hier soir, concert de la Squadra Omega , jeunes gens italiens jouant fort et par nappes des mélopées pour beaucoup répétitives, pas du tout ma tasse de thé, puis Konstrukt , truc free jazz turc hyper électrifié, John Zorn, sans la virtuosité, l’agression oui, mais pas la maîtrise orchestrale, ni musicale, je me disais, les choses auxquelles on pense au concert, assis à côté de la porte d’entrée des toilettes, fermant les yeux, pas souvent, comprenant que je n’avais pas besoin de ce surcroît de concentration, cette musique ne me posait pas de problème de compréhension, qu’il m’arrivait d’écouter vraiment toutes sortes de choses aux Instants, des choses qui m’emballent, me transportent, me transforment même, la dernière fois Axel Dörner avec Jean-Philippe Gross mais aussi la première partie avec Stéphane Rives et d’autres fois pas du tout, mais alors pas du tout. Et le mieux quand pas du tout c’est encore que cela me laisse indifférent, car il m’est arrivé deux fois de ne pas rester jusqu’au bout du concert, les deux fois, agressé, Stephen O’Maley que j’ai fini par apprivoiser ou encore Otomo Yoshihide, dont j’avais le sentiment ce soir-là, qu’il jouait comme un pied et que tous ses effets échouaient, non sans causer des blessures potentiellement durables à mes oreilles et peut-être pas qu’aux miennes.

    Et hier soir, indifférence. Mais finalement content. J’étais sorti, j’en avais eu le courage, en dépit de la fatigue, j’avais écouté, pas aimé, pas détesté non plus et j’étais retourné chez moi, je m’étais couché en lisant Je Paie d’Emmanuel Adely, la vie est belle, pas toujours parfaitement réussie, mais belle. Dans toute son imperfection. Et une partie de cette vie se passait donc aux Instants Chavirés . Dans toute leur imperfection. Certains soirs sublimes Instants , d’autres soirs, indifférents Instants .

    #qui_ca

  • J-219 : J’y vais, je n’y vais pas ? Mettre Qui ça ? en ligne, maintenant, ou, seulement quand ce sera fini ?

    A vrai dire je m’étais déjà posé la question, il y a plus de deux ans, quand j’avais commencé à construire Ursula . Et puis, après des années et des années de Bloc-notes du Désordre , je me suis dit qu’au contraire, je ferais bien de garder Ursula bien au chaud, de l’abriter des regards, de construire patiemment, d’autant que je n’étais sûr de rien. De rien. Je ne suis jamais sûr de rien. Là, je n’étais pas sûr que cela allait donner quelque chose ― et d’ailleurs je ne suis toujours pas très sûr que cela ait donné quelque chose. Et en fait, ici, avec Qui ça ? , non plus.

    Je pense qu’il y a quelques années, je me moquais bien de telles questions. Je faisais les choses et puis je les mettais en ligne, la distance entre le moment où je pensais à ce que je voulais faire et le moment où je mettais le résultat en ligne était aussi réduite que possible, en gros, le temps de faire les choses. Et puis cela n’a plus été, j’ai senti, il y a un lustre, que cela n’allait pas, que cela ne me laissait pas le loisir d’essayer, de rater, de recommencer et de rater mieux ( Ever tried. Ever failed. No matter. Try Again. Fail again. Fail better . Samuel Beckett). C’est curieux, cette phrase de Beckett, je la trouvais déjà très belle et puis, l’année dernière, j’ai eu l’occasion de remercier, ponctuellement, un simple geste, la psychologue d’Adèle, qui est irlandaise, je voulais un petit cadeau symbolique, je lui ai offert Molloy en français ― parce que Beckett avait écrit ce livre en français et que je me doutais que si elle l’avait déjà lu, elle avait dû le lire en anglais ―, elle avait souri, en me disant que c’était befitting ― entendre par là que je ne m’étais pas trompé en soupçonnant, au-delà de ses origines irlandaises, qu’elle puisse être une lectrice de Beckett ― et avait alors tenté de traduire, à la volée, cette merveilleuse formule de Beckett à Adèle en français, ce qu’elle avait très bien fait, en utilisant le verbe échouer , Essaie, échoue, essaie encore, échoue encore, qu’importe, échoue mieux. Je lui avais alors dit que dans la traduction française, aux éditions de Minuit , c’était le verbe rater qui avait été finalement choisi, mais que c’était très beau avec le verbe échouer, surtout quand on l’entend, aussi, dans son acceptation maritime.

    Il n’empêche, il s’agit bien de rater. De rater mieux. Mais de rater quand même. Et il s’agit de rater bien. De rater comme il faut. De rater en secret. De rater sans craindre le regard, et le jugement, d’autrui. Or, pendant des années, je ne me suis pas du tout préoccupé de rater en face de tous, cela ne me faisait ni chaud ni froid, en somme. J’aimais mieux réussir, mais cela arrivait quand même drôlement souvent que je rate.

    Alors qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui a changé en moi ?

    C’est Ursula qui m’a changé.

    Ursula . En travaillant à Ursula , je n’ai pas eu peur d’échouer, à aucun moment, et même, je m’en rendais compte, si cela devait me coûter beaucoup de tra-vail, et cela m’en a coûté beaucoup, énormément, en fait, mais c’était comme de travailler à un jardin connu de moi seul, si ce que je plantais ne poussait pas, j’étais le seul à le savoir. Et de cette façon d’ailleurs, ce n’est pas le seul projet auquel j’ai travaillé de la sorte, j’ai bricolé un petit film d’animation de trois minutes, Philippe , ce que je n’avais jamais fait jusque-là, et il y avait toutes les raisons de penser que sans doute cela échouerait, par bonheur L.L. de Mars (http://www.le-terrier.net), nettement plus aguerri que moi avec ces choses animées, m’a mis le pied à l’étrier et a pris en charge le montage, voyant bien à quel point il était difficile pour moi de jeter des séquences sur lesquelles j’avais particulièrement transpiré, et cela a fini par donner ce petit film dont je suis finalement plutôt fier, je me suis lancé dans un petit film de time lapse ― un film d’intervalles ― et j’ai connu un plaisir extraordinaire à son montage en me fiant à la musique de Jean-Luc Guionnet, j’ai essayé des trucs qui ont plus ou moins bien fonctionné, comme de monter Film de Samuel Beckett sur une musique de Hubbub , et je continue de trouver le résultat de cette expérience étonnant, mais je peux difficilement m’en prévaloir (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/017.htm), je me suis de nouveau essayé à écrire des romans ― j’imagine que l’on peut tapisser ses toilettes de lettres de refus des éditeurs en prétendant être fort détaché de ces correspondances, plein de morgue même, mais, ne plus rien écrire pendant presque dix ans n’est-ce pas le signe qu’un certain message, décourageant, est peut-être passé ―, et puis finalement, dans le giron d’ Ursula , je me suis rendu compte que je prenais beaucoup de plaisir à raconter de ces histoires, leur donner corps, j’ai d’abord écrit Raffut , puis Arthrose ― dont un jour il faudrait que je me prenne par la main pour en réaliser la version électronique, sa bande-son, ses extraits de film, notamment du Fils de Saul de Laslo Nemes, tant ce livre est une entreprise de sa destruction finalement, et cela je ne le fais toujours pas parce que je me demande si j’en ai le droit, puisque c’est l’histoire de ma chance, de ma très grande chance de ne pas être allé dîner au Petit Cambodge un 13 novembre, le 13 novembre 2015, et la dernière chose que je voudrais faire c’est quelque chose d’obscène ―, et puis J. , un livre de fantasmes, Je ne me souviens plus et, cet été, Élever des chèvres en Ardèche (et autres logiques de tableur) ― ah mon, absence de talent pour les titres, en tout cas les titres courts, je crois que j’ai tout donné avec Désordre ― et puis les ébauches de Punaise ! ou encore des Salauds ― j’aimerais tellement avoir la force d’écrire ce livre jusqu’au bout, après je peux crever, je serais définitivement vengé ―, et, depuis peu, de X. et de Qui ça ? , et puis ces derniers temps ce projet de film documentaire, la Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline , oui, tout cela j’ai finalement eu le courage de le faire parce que je l’avais abrité des regards, au moins le temps de la construction et je crois bien que ce sera désormais ma conduite.

    Donnez-moi le temps et l’espace pour rater encore, pour rater mieux.

    Donc Qui ça ? , pour le moment va rester dans le seul cadre de seenthis, à l’état de brouillon. Je suis content d’y avoir réfléchi par écrit, une mauvaise fois pour toutes, pour emprunter la formule, à nouveau, à Samuel Beckett.

    https://vimeo.com/48765699

    #qui_ca

    • Exercice #2 de Henry Carroll : Prenez des photographies non touristiques d’un lieu touristique.

      C’est étonnamment de cette façon que je suis devenu photographe. J’ai fait mon service militaire au Service d’Information et de Relations Publiques des Armées dans l’Armée de l’air, en tant que photographe, dans un petit service qui comptait trois sous-officiers, tous les trois parfaitement photographes, avec de sérieux bagages techniques ― je leur dois beaucoup de mes connaissances tech-niques ― et pour l’un d’eux, un véritable regard de photographe ― je lui dois beaucoup dans ma façon d’appréhender un sujet et de chercher à en faire une image, il faisait notamment de la perruque en tant que photographe de plateau de l’émission de télévision Apostrophes, il était remarquable de voir que de semaine en semaine, avec le même décor, le même arrière-plan et le même éclairage, il trouvait le moyen d’un renouvellement ―, et qui se sont d’abord montrés fort méfiants vis-à-vis du deuxième classe que j’étais. Et pour me tester, d’emblée, le chef de cette petite unité, et donc photographe de plateau sur Apostrophe , m’avait confié deux boîtiers Nikon, deux FM2 si mes souvenirs sont bons, deux ou trois optiques que j’avais eu le droit de choisir parmi pléthore d’objectifs, deux films de couleurs et trois de noir et blanc et la consigne, à la fois simple et piégeuse, d’aller photographier la tour Eiffel, qui avait l’avantage de se trouver à quelques stations de métro seulement du Ministère de l’Air. Il s’attendait à ce que je revienne de ce reportage, un bien grand mot, avec une très belle collection de cartes postales, il en fut pour ses frais, et en fus assez surpris, tant ce que je lui rapportais correspondait en rien à ses attentes, j’avais d’abord pris le parti de photographier la Tour Eiffel de plus loin possible, y compris depuis le balcon de chez mes parents à Garches, ce qui était encore possible à l’époque, puis j’avais également produit toute une série de photographies des boulons rouillés de la vieille dame d’acier et aussi quelques photographies à la dérobée des touristes serrés dans les ascenseurs ― avec le recul il est assez amusant pour moi de me dire que, si cela se trouve, ces photographies font partie des archives photographiques de l’Armée de l’Air, dûment répertoriées avec des numéros de film du genre 1985-0178 0179 et 0180, je n’avais utilisé qu’un film de couleur et deux de noir et blanc et c’était, de fait, au tout début de l’année 1985. C’est au prix de cette originalité, dont je me demande bien ce qui avait pu la provoquer à l’époque, j’avais tout juste vingt ans et une culture visuelle fort pauvre, à l’exception d’un stock d’anciens numéros du magazine Zoom que j’avais achetés aux Puces ― et comme je serais content par la suite de trouver dans la bibliothèque du labo photo du SIRPA de nombreux autres numéros de cette revue que l’adjudant tenait en grande estime, parmi lesquels un numéro spécial à propos des photographes brésiliens, dans lequel j’avais fini par isoler une image de piétons sur une rue de Sao Paolo, une vue au huitième de seconde, seuls les pieds des passants sont nets, le haut de leur corps fantomatique, et par je ne sais quel tour de magie que la vie a en stock, j’ai eu à rencontrer le photographe de cette image, qui a longtemps été punaisée dans ma chambre, étudiant lui-même de Barbara Crane à Chicago, c’est désormais le tirage qu’il m’a offert, après que je lui ai raconté l’histoire de cette image, qui orne un des murs de ma chambre ― c’est au prix donc de cette originalité que j’ai été accepté au purga-toire de ce petit labo, dans lequel j’ai appris, en tirant des centaines et des centaines de photographies d’avions, mais aussi de reportages à propos de troupes au sol, ou encore de défilés militaires et de portraits de généraux, le métier de photographe.

      La même histoire de l’origine en somme racontée différemment, dans Arthrose :

      J’ai appris le métier de photographe pendant mon service militaire au Service d’Informations et de Relations Publiques des Armées (SIRPA) au sein d’une petite équipe de photographes, trois sous-officiers et moi-même, l’Aviateur De Jonckheere, deuxième classe donc, homme du rang. Les trois sous-officiers étaient des photographes de reportage tout à fait accomplis, certes cantonnés dans ce travail de représentation, glorieuse si possible, de l’armée de l’air, il n’en est pas moins qu’ils avaient de robustes compétences de photographes de terrain, l’un d’eux, par ailleurs, en dehors de ses heures de travail, était passionné de littérature et était le photographe de plateau de l’émission de télévision Apostrophes et j’ai beaucoup appris de lui, notamment sur la nécessité de réfléchir à l’image que je voulais faire avant de braquer mon appareil-photo, d’en réfléchir aux paramètres techniques, son enseignement était que la plupart du temps on disposait tout de même d’une trentaine de secondes de réflexion avant de prendre une photographie de reportage. Ces trois sous-officiers photographes étaient des passionnés et parlaient de photographie du matin jusqu’au soir, ils étaient abonnés à toutes sortes de magazines spécialisés et un de leur jeu préféré, qui devenait rapidement une joute amicale, était de deviner les circonstances d’une image, ses paramètres et ses astuces techniques et ce qui avait sans doute été produit au laboratoire pour parvenir à une telle image. J’ai beaucoup appris de ces discussions auxquelles j’étais parfois invité à participer en fin d’année de service militaire, ayant désormais acquis un vrai bagage technique. Parmi les nombreuses revues de photographie il y en avait une qui avait ma prédilection, il s’agissait de la revue Zoom , depuis défunte, et dans laquelle on trouvait les photographies les plus esthétiques comparées aux autres magazines, notamment les photographies de mode, sans compter quelques photographies à l’érotisme très esthétisant dont je ne pourrais jamais dire que, jeune homme, elles ne m’aient pas questionné et, si je devais les retrouver aujourd’hui, à quel point elles me feraient sourire. Et une bibliothèque occupait le couloir central de cet atelier de photographie dans laquelle se trouvaient de pléthoriques archives de toutes ces revues. Je me souviens d’un numéro spécial de Zoom consacré à la photographie brésilienne. Dans ce numéro une photographie avait particulièrement retenu mon attention, il s’agissait d’une photographie de rue, carrée, au 6X6, en noir et blanc qui représentait des passants flous à l’exception de leurs pieds qui étaient restés à peu près nets, flou de mouvement qui avait été particulièrement heureux pour permettre la création de ces fantômes aux pieds nets posés sur un pavé dont le piqué était remarquable. J’avais demandé à l’adjudant Rullaud. ce qu’il pensait de la vitesse d’obturation de cette image, 1/15ème ?, avais-je hasardé, plutôt 1/8ème avait-il répondu, donc l’appareil est sur un trépied ?, et, comme toujours, l’ironie avait fusé, avec une petite trace d’accent du Sud-Ouest, et bien si vous tenez le 1/8ème de seconde à main levée avec un Hasselblad, vous pouvez revendre votre trépied. Cet après-midi les tâches en cours étaient peu nombreuses et je lui avais demandé la permission de me servir du banc de reproduction pour me faire un tirage de cette image que j’aimais beaucoup. Fait inhabituel, il avait montré de l’enthousiasme pour cette perruque et m’avait même proposé de me servir de l’Hasselblad pour un meilleur rendu, homothétique qui plus est. J’ai longtemps eu ce tirage au-dessus de ma table de dessin quand j’étais étudiant aux Arts Déco, dans mon appartement de l’avenue Daumesnil. Ce qui est étonnant c’est que je n’avais pas pensé à noter le nom du photographe brésilien qui avait pris cette photographie. Trois ans plus tard je partais étudier à Chicago. J’ai fait des pieds et des mains pour suivre les cours de Barbara Crane sur le bon conseil de mon ami Halley. J’avais fini par obtenir d’intégrer le groupe d’étudiants en Master qu’elle prenait en tutorat ce qui était beaucoup plus que je ne pouvais espérer. Au début de l’année scolaire nous avons eu une réunion de ses étudiants de Master au cours de laquelle nous devions apporter quelques images de nos travaux en cours, pour ma part j’avais montré ma série sur Berlin, dont je ne peux pas dire, qu’en dehors de Barbara Crane, elle ait beaucoup enthousiasmé les autres étudiants. Puis ce fut le tour des deux Gregs. Les deux Gregs c’était un peu une autre limonade. Après eux, un autre étudiant étranger présentait un portfolio de photographies en noir et blanc, toutes prises à l’Hasseblad, les tirages étaient somptueux et en grande majorité montraient des paysages urbains de nuit avec cette particularité intéressante que sur aucune de ces images nocturnes on ne pouvait voir la source d’éclairage public qui pourtant éclairait ce paysage urbain de São Paulo. Barbara Crane n’était pas avare de compliments pour cet étudiant un peu plus âgé que nous et qui, comme moi, s’exprimait dans un anglais maladroit. Lorsqu’il est arrivé à la dernière image de son portfolio de photographies nocturnes, il était sur le point de remettre tous ses magnifiques tirages dans leur boîte quand je remarquai au fond de la boîte cette image que je connaissais si bien des fantômes sombres sur le pavé net. J’ai eu du mal, dans mon anglais encore balbutiant à l’époque, à raconter à quel point il était extraordinaire que je me retrouve en présence de cette photographie qu’un mois auparavant je décrochais du mur de ma chambre avenue Daumesnil à Paris, empaquetant mes affaires pour les stocker dans la cave de mes parents à Garches, avant de prendre le départ pour Chicago où je me trouvais désormais en face de son photographe en chair et en os. Carlos Fadon Vicente. Qui le jour de son départ de Chicago, en fin de premier semestre, m’avait cherché dans le labo pour me remettre un tirage de cette image, j’étais très ému de ce cadeau et avait balbutié le seul mot de portugais que je connaisse, Obrigado , nous nous étions embrassés dans l’éclairage inactinique du laboratoire collectif des étudiants en Master ― parfois internet ce n’est pas si pratique que cela, ainsi j’avais oublié du tout au tout le nom de Carlos, d’ailleurs dans un premier temps je me souvenais de Ricardo, et pourtant je voulais absolument que son nom figure en toutes lettres dans ce texte, pas juste son prénom, dont justement je me rends compte que ce n’était même pas le sien, j’ai passé beaucoup de temps à tenter toutes sortes de recherches pour retrouver Carlos-Ricardo, j’ai fouillé dans des listes et des listes de noms dans les anciens étudiants de the School of the Art Institute of Chicago (parmi lesquels j’ai été très déçu de ne pas trouver le mien), ce qui ne risquait pas beaucoup de réussir si je continuais d’appeler Carlos Ricardo, j’ai tenté de faire des recherches sur les archives du magazine Zoom sur internet, dont force est de constater qu’il n’en reste pas grand-chose, ce que je trouve regrettable, j’ai tenté des recherches sur les projets d’urbanisme de São Paulo parce que je savais que cette photographie faisait partie d’un ensemble de photographies qui avaient été commandées par un des urbanistes d’un grand projet de cette mégapole bré-silienne, j’ai fait des recherches de plus en plus larges à propos de photographes brésiliens contemporains, j’ai découvert une multitude de photographes aux travaux admirables, mais je ne retrouvais toujours pas Carlos-Ricardo, j’ai sorti la photographie du sous-verre posé sur ma table de travail et sous lequel j’ai composé un pêle-mêle parmi lequel se trouve la photographie de Carlos (mais aussi une lithographie de L.L. de Mars, une sérigraphie de Doug Huston, un polaroid agrandi de Jennifer Pilch, dont j’étais fou amoureux, une petite photographie de Natalie Bookchin, une photographie de Karen Savage, un tract de Formes d’une guerre , une lithographie sur papier kraft d’un étudiant portoricain à Chicago dont je me souviens seulement du prénom, mais de façon certaine, Alejandro, l’affichette de la lecture de @mona à la librairie Mille Pages à Vincennes, un tirage numérique de Barbara Crane, un petit collage photographique de Hanno me représentant à la Garde de Dieu en 1989, des billets de un dollar sur lesquels John Pearson, un autre étudiant de Chicago, avait imprimé des cyanotypes, une ancienne publicité pour le pneus Dunlop, pour ses couleurs qui me rappellent des tas de souvenirs d’enfance, un dessin de L.L. de Mars, une photographie de Mouli et moi chez nous, 943N Wolcott avenue à Chicago, une de mes photographies de la Très Petite Bibliothèque et une autre de la série 20040322.txt , un collage de quatre photographies représentant B. et moi nous embrassant à la Garde de Dieu, et enfin la photographie de Carlos) dont je pensais toujours qu’il s’appelait Ricardo, dans l’idée de la scanner de tenter une recherche en utilisant l’option de recherche par image du moteur de recherche, et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte, comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?, surtout quand on connaissait un peu Carlos, le genre de photographe sérieux, que naturellement, non seulement son nom figurait au crayon à papier au dos du tirage, mais aussi toutes sortes d’indications, Da Paulista, 1983, (Sao Paulo) © Carlos Fadon Vicente ƒ8 1/8 93˝ D 288/12 , pas toutes compréhensibles même par un autre photographe, le D majuscule souligné voulait-il signifier que le film avait développé dans du D76 ?, en revanche je remarque, trente ans plus tard, que le pronostic de l’adjudant Rullaud. était juste, c’était bien au huitième de seconde qu’avait eu lieu cette affaire : c’est fi-nalement là qu’internet est le moins pratique, quand on y cherche des choses que l’on a sous le yeux. J’ai toujours peine à me dire que ce jeune homme que j’étais devenu, presque 24 ans d’arrogance et de sûreté de soi, parti conquérir rien moins que l’Amérique, s’imaginant rien moins que le nouveau Robert Frank, n’était distant que de trois années de celui peu assuré qui s’arrangeait surtout pour ne pas trop déplaire aux trois sous-officiers photographes du SIRPA, ce faisant, tirant le meilleur de leurs connaissances techniques fort sûres, mais surtout ne les contredisant pas sur tant et tant de sujets, surtout politiques, mais aussi à propos de certaines des légendes courantes dans le monde de la photographie de reportage et notamment ces histoires abracadabrantes de scoops qui constituaient pour eux une manière de Saint Graal, se trouver sur les lieux d’une catastrophe, d’un événement historique, d’un attentat, d’un accident, sur le chemin d’un homme politique pris la main dans le sac, d’être le témoin photographiant de toutes sortes de malversations, de délits, de petits scandales minables écla-boussant à peine des personnalités du monde du spectacle, que sais-je encore, toutes sortes de situations dans lesquelles je rêvais moi de ne surtout pas me trouver, quand bien même, et c’était cela qui me désolait de la part de ces instructeurs chevronnés, cette attirance, de tels scoops pourraient mériter toutes sortes de rétributions de la part des grands hebdomadaires de la presse. Et à ce sujet les légendes urbaines qui émaillaient leurs conversations étaient à la fois nombreuses et invraisemblables, tel organe de presse, en cas de grande catastrophe aérienne, capable d’acheter en liquide, pour de fortes sommes, des films qui n’étaient pas encore développés et c’était tout un monde qui miroitait dans les yeux de ces photographes pourtant aguerris mais crédules de ces histoires dont au contraire, moi, si jeune, tellement en attente de leur validation, de leur reconnaissance comme un des leurs, alors je lisais Ultramarine de Malcom Lowry, et comme tout cela résonnait fort en moi, moi, leur deuxième classe de corvée des trucs pas toujours très drôles à faire, de ces batchs de films à déve-lopper dans la journée avec des planches-contacts, nettoyer les cuves, faire les mélanges et les tirages en cinquante exemplaires, c’était finalement moi qui était le moins crédule de telles fables. D’ailleurs quand j’entends le mot scoop, dans tout ce qu’il ne contient pas, c’est souvent à ces lointaines discussions en prenant le café que je tenais prêt au moment où les sous-officiers rentraient du mess des sous-offs, que je repense, pour moi le scoop ce serait toujours ces effets de récit d’une vie, ces spaghetti ramassés en désordre dans une assiette, mais que l’on tire sur un seul et cela bouge de l’autre côté de l’assiette, disparaît sous la masse des autres spaghetti, pour réapparaitre, ces moments de vie souterraine à l’intérieur de la vie-même, la photographie du magazine Zoom isolée, reproduite, accrochée sur le mur de ma chambre et dont je rencontre le photographe à l’autre bout du monde, ces photographies d’une jeune ivoirienne ramassée dans un bar et qui reparaît en Alsace, cette chambre en Espagne où je séjourne chez l’Oncle de mon amie Laurence, juge, et dont la fille, qui est en photographie de mariée sur la table de chevet de cette chambre et qui un jour devient mon avocate, ceux-là sont les vrais scoops de l’existence. Passer tout près de l’explosion d’une bombe, d’un accident ou d’un attentat terroriste, quelle que soit la manière dont ensuite on tente de donner du sens à ce frôlement continue d’être, par définition, un non-événement, le contraire même d’un scoop.

      Avec le recul, j’en viens à réaliser qu’en matière de photographie j’aurais eu deux professeurs assez dissemblables, l’adjudant Rullaud et Barbara Crane.

  • Le site du Terrier a connu quelques déboires techniques dernièrement. Ces difficultés sont passées, le site est de nouveau accessible de façon fiable qui plus est avec davantage de bande passante notamment pour les fichiers sonores et vidéographiques, ce qui devrait permettre de mieux profiter des infinies richesses de ce site. C’est l’occasion pour ceux qui ne connaissent pas encore ce site de le découvrir et pour ceux qui le connaissaient déjà de replonger dedans :

    Quelques unes de mes pages et séries préférées dans le site
    Polis : http://www.le-terrier.net/polis/index.htm
    Anadopi : http://www.le-terrier.net/anadopi/index.htm
    Au fl : http://www.le-terrier.net/polis/aufil/index.htm
    Michel Vachey : http://www.le-terrier.net/vachey/index.htm
    Stéphane Batsal : http://www.le-terrier.net/glories/index.htm
    C. de Trogoff : http://www.le-terrier.net/photojour/index_total.htm
    Gisèle Didi : http://www.le-terrier.net/didi/index.htm
    Emmanuelle Le Pogam : http://www.le-terrier.net/pogam/index.htm
    Alain Simon : http://www.le-terrier.net/alainsimon/index.htm
    Antoine Ronco : http://www.le-terrier.net/ronco/index.htm
    La parloir de poche de Jivezi : http://www.le-terrier.net/jivezi/index.htm
    Aurelien Leif : http://www.le-terrier.net/aurelien_leif/index.htm
    Albane Moll : http://www.le-terrier.net/albane_moll/index.htm
    Joachim Clémence : http://www.le-terrier.net/rosengarten/index.htm
    Guillaume Massart : http://www.le-terrier.net/massart/index.html
    L’innénarable laboratoire vidéo collectif élémarsons : http://www.le-terrier.net/musique/elemarsons/laboratoire/index.htm
    Le salon de musique : http://www.le-terrier.net/salondemusic/index.htm (dont il faudrait que le webmaster du Terrier se botte un peu les fesses pour le mettre à jour)
    Jean-Luc Guionnet : http://www.le-terrier.net/musique/guionnet/index.html
    Le merveilleux juke box : http://www.le-terrier.net/jukebox/index.html
    Des textes d’une rare richesse (nombreux iéndits) http://www.le-terrier.net/indexauteurs.htm
    Et je ne réisste pas au plaisir de pointer vers ma dernière réalisation (un testament photograpohique presque) accueillie dans le Terrier.

    Bonne promenade

    cc @l_l_de_mars
    cc @archiloque
    cc @albane
    cc @aurelien

  • Il est pas mal question depuis deux, trois jours, de la recomposition du prix du festival d’Angoulême, après la départ de Sattouf de la liste des nominés. Vous êtes, je suppose, déjà au courant de tout ça.

    Bon. Jusqu’ici je me suis toujours foutu royalement de ces prix à la con, je ne suis pas concerné par leur existence, qu’il s’agisse de BD ou de mérite agricole.
    Mais là, un truc me parait bizarre :
    Bon, comme tout le monde, j’imagine, j’ai du coup jeté un oeil à la liste des grands prix précédents. On ne peut pas dire que les femmes s’y bousculent non plus pendant 40 ans. Et tant que j’y suis, je serai assez curieux de voir les fameuses listes des nominés pendant ces 43 dernières années, pour voir si, par hasard, ce désert ne serait pas, au fond, la coutume.
    Où je veux en venir ? Là : cette année, il appert que ce truc dont tout le monde se fout depuis 43 ans - le sexisme de ce prix, celui du monde éditorial et institutionnel de la bande dessinée - hé bé là tout le monde est drôlement soucieux de son éthique. Partout en ligne, dis-donc. Dingue.

    Le monde entier de la bédée se serait-il enfin mis à lire Butler et Preciado ? Sans déconner ?.. Si ça pouvait être vrai...
    Ma question n’est donc pas « Pourquoi que y’a pas de femmes dans la liste ? », parce que la seule chose vraiment nouvelle sous le soleil, c’est « Pourquoi que d’un coup tout le monde est féministe ? » (alors que toute l’année, j’entends dire exclusivement des saloperies sur les féministes, sur le ton patelin du « Oui oui c’est important, bien sûr, les femmes, tout ça, mais y’a les manières quand même et les féministes, hein, ils les ont pas » et du « Quand même, faut pas pousser, c’est pas l’Iran ici » etc. J’apprends que dalle aux seenthisiens)
    Sattouf est-il le premier à avoir amorcé ce mouvement en se retranchant de la liste ? J’en sais rien et je m’en fous (* les commentaires qui ont suivi cet article me révélèrent une chronologie de la prise de position publique et de son relai médiatique également lourde de sens, en vérité, par des saloperies de journalistes toujours en mal d’incarnation et, au passage, d’incarnation virile ) ; mais y’en a un, donc, qui a dit un truc.
    Hop. C’est public.
    Après, que reste-t-il à faire aux autres, pris dans le cadre de cet énoncé, pour ne pas avoir l’air de petites merdes quand ils sont :

    a) Des auteurs concernés par le prix et mis en lumière comme éventuels complices silencieux

    b) Des femmes auteurs qui s’en branlent toute l’année mais qui d’un coup sont toutes très très Tanxx dans leur tête

    c) Des journalistes de mes deux qui sont juste des journalistes de mes deux ?

    d) Des pangolins

    On peut y ajouter les féministes légitimement agacés d’un coup de voir que leur lutte, dont tout le monde se fout, d’un coup tout le monde s’en fout plus pour au moins, oula !, une bonne quinzaine de jours, hein, avant que ça reparte de plus belle dans le rien.

    Que tous les pignoufs du coin trouvent l’occasion à peu de frais de se donner l’air concerné par des trucs, histoire de gagner des points d’éthique publique, voilà qui ne m’étonne pas. Faux-derches.
    Maintenant que ça c’est posé, c’est pas ça qui va résoudre le problème épineux du choix pour raccommoder le manteau du roi nu... De quel tiroir sortiront les auteures de la liste du futur, vu les endroits glauques où les éditeurs s’obstinent à les ranger depuis toujours ces publications féminines, à savoir le tiroir femme qui cloisonne et recloisonne un ordre du monde masculin et remasculinisé ? (je parle bien du problème auquel nous renvoie ce prix et son cadre particulier, qu’il a consolidé depuis 43 ans).
    Ceci invitera plutôt à un constat général, montrant assez vite que si les femmes qui font des bandes dessinées sont nombreuses, et de plus en plus, elles ont peu de chance de rentrer dans les critères d’eligibilité de ce prix.
    Qui sont-elles, et que sont-elles devant ces critères ?
    Bon, il y a évidemment nos chères vivantes disparues (vous me direz, on a bien élu Watterson, hein) du genre Claveloux (qui ne fait plus que de l’illustration à ma connaissance depuis belle lurette) ou Rita Mercedes, idole de mon adolescence (belle réapparition à l’Asso après tant d’années de disparition de notre champ disciplinaire).
    Je ne suis pas chez moi pour mettre le nez dans ma bibliothèque, mais on peut se rappeler que pas mal de trucs ont été tués dans l’œuf depuis les années 70, rejet, épuisement etc. personnels ou collectifs ( je pense à l’expérience géniale de « Ah ! Nana ! » https://clio.revues.org/4562 ), chemin désertifié duquel ressort invariablement la toute petite famille sans cesse nommée pour masquer le vide angoissant : Cestac, Brétécher, Montellier, Puchol, Goetzinger.

    restent :

    -- les saloperies à la pelle dont la merdicité girly est coresponsable de la situation désastreuse dans laquelle se tient la bande dessinée féminine. Je ne veux nommer personne, je refuse toute distinction hiérarchique dans un tel tas de caca, mais quand Bagieu monte au créneau, franchement, je luis suggèrerais plutôt de s’acheter un miroir (à l’époque de "Ah Nana ! , on lui aurait caillassé la gueule, si vous voulez mon avis). Elles sont à la bd faite par des femmes ce qu’un Van Hamme est à celle faite par des hommes, une taule. En lauréer une seule serait une contreperformance désastreuse, un effet rigoureusement opposé à celui désiré, un entérinement dans une partition du monde déjà bien écrasante.

    -- la palanquée d’auteures brillantes qui ont contre elles leur trop petite biblio pour un festival qui mesure le talent à la tonne de papier imprimé ( et également un autre petit gros handicap, qu’elles ont de commun avec la liste suivante, vous verrez) : Joanna Hellgren, Aurélie William-Levaux, Debbie Dreschler, Juhyun Choi, Delphine Duprat, Dominique Goblet, Isabelle Pralong, etc. il me faudrait une page entière de ce forum pour les évoquer ; ce sont elles, les femmes qui agrandissent chaque jour la compréhension et les formes de la bande dessinée. Avec ou pas un travail marqué par la féminité comme question, comme objet de leurs récits - aucune raison, sinon sexiste, de l’attendre systématiquement, ce qui pourtant est le cœur battant des critiques de livres féminins - , mais jamais incarnant ces polarités de genres qui nous tuent à petit feu et qu’il va bien falloir liquider un jour ou l’autre (Haraway, viens à notre aide !). Comment un quarteron de vieux schnocks pourrait-il simplement les VOIR ?

    -- les auteures historiques géniales, comme Aline Kominsky, Phoebe Gloeckner, Trina Robbins, Julie Doucet etc. : copieuses, pourrait-on dire, hein, mais toujours trop invisibles et pas assez populaires (entendez : aimables et lisibles par des singes) pour un festival aveugle depuis la fin des années 80 à toute modernité (à quelques très rares exceptions près, et à la condition que les auteurs aient arraché péniblement un peu d’intérêt du grand public ou qu’on leur doive également quelques œuvres dites "populaires" : Crumb - en 1999, bon sang ! - Blutch, Spiegelman - en 2011, ah ah ah ah - Willem - et on se souvient du scandale qui en découla chez les vrais-amateurs-de-bédé...).

    Ce qui veut dire que ce pauvre festival, prix au piège de ses propres catégories débiles (grosse biblio, succès populaire) va devoir aller chercher Montellier ou Goetzinger pour donner du sens à cette soudaine, belle, profonde, prise de conscience générale. Ce retour de conscience artificiel des zozos du festival va produire de façon éblouissante, visible comme un furoncle sur un nez de menteur, un agrandissement du problème qu’il prétendra résoudre. Y’a pas de quoi se réjouir.

    Bon, c’est un prix, un foutu prix de mes deux, avec son cadre, ses références, ce n’est pas un indice sociologique d’une activité. En gros : il y a zéro raison pour que ce club soit une référence spéculaire d’un état réel de la création. On lui reproche de ne pas être un juste outil d’optique, alors que ce n’est pas un outil d’optique du tout. Malheur à qui mérite un prix ! Soyez fières, mes soeurs, d’être invisibles à ces vieux connards !

    Évidemment, c’est plus simple pour moi d’affirmer que ce prix est une merde dont je ne voudrais pour rien au monde, parce que mon sexe me range d’emblée du bon côté des nominables. Mais un prix, justement, couronne un certain état du monde établi dans son hégémonie (monde que je réprouve, notamment dans ses catégories de genres et sa normativité sexiste) ; il faut être le dernier des cons pour croire qu’un prix distingue quelque chose. Un prix ne traverse rien, un prix patine en surface. Un prix bégaye une société. Ceux qui en reçoivent feraient bien de garder toujours ça dans un coin de leur petite tête creuse et se demander ce qu’ils ont fait pour mériter ça.

    Pour dire ça plus rapidement : les femmes qui font des bandes dessinées, depuis un bon paquet d’années maintenant, font, au quotidien, sa modernité (raison pour laquelle une célébration de Goetzinger ou de Montellier n’aurait été représentative de RIEN). Ce festival et son prix célèbrent une vision archaïque de la bande dessinée. Il se trouve qu’à archaïsme, archaïsme et demi : la momification phallique fait partie du paquetage. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui est pris dans cette équation.

    –--------------

    j’apprends à la dernière minute, le temps de rédiger ce texte, la décision du festival qui a trouvé l’ultime pirouette pour ne rien rendre visible du problème le plus profond, celui qu’il porte en lui par ses propres catégories, en renvoyant à d’autres le choix d’une position à prendre ( http://www.bdangouleme.com/934,la-parole-aux-auteur-e-s ). Sauvés par le joker démocratie !
    Que dire d’autre que « Ah ah ah ah ah » ?

    #féminisme #bande_dessinée #modernité

    • M’est avis que la pitoyable pirouette démocratique vient d’une tardive prise de conscience de l’impasse : allonger la liste avec quelques noms de femmes, ou même refaire une liste paritaire, ne pouvait plus légitimement apparaître aux concernées que comme une insulte.
      D’ailleurs Montellier leur a préventivement renvoyé le prix à la gueule :

      Le festival a-t-il redouté que certaines sélectionnées refusent à leur tour de faire partie de cette liste, comme l’ont fait une dizaine d’auteurs hommes au cours des quarante-huit dernières heures ? C’est fort possible. Contactée alors que son nom commençait à circuler sur Internet, Chantal Montellier nous disait ceci ce matin : « Il n’est pas question que j’accepte ce truc ! Cela ressemble à une aumône. Le festival décide de rajouter six femmes ; pourquoi pas douze tant qu’on y est, comme pour les huîtres ? En plus, il n’y a pas le moindre mot de repentance face à ce qui reste et restera une goujaterie. »

      http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2016/01/07/le-festival-de-bande-dessinee-d-angouleme-invite-finalement-les-auteurs-a-vo

    • Dans ma chronologie personnelle, le monsieur qui a déclaré en premier qu’il se retirait n’a fait que réagir à la réaction initiale du collectif d’autrices à ce sujet. Je n’ai pas les liens sous la main, je ne fais qu’ajouter ma petite pierre au sujet. J’ai vu en direct, sur mon fil Facebook, le post de l’auteur apparaître avec le compteur de « J’aime » de quelques dizaines, et augmenter chaque seconde jusqu’à beaucoup, et à ce moment là, j’avais déjà pris connaissance du communiqué du fameux collectif.

    • Sattouf qui a été le premier à se retirer de la liste avait déjà été primé l’an passé et ça m’a bien fait marré ce geste « grand seigneur » de mes deux ovaires. http://seenthis.net/messages/446157
      J’ai regardé tout ça mollement, ce festival n’est qu’une piètre foire commerciale parmi d’autres. J’espère que les femmes « pressenties » renverront à leur juste condition ce ramassis de vieux schnocks décrépis : aux oubliettes. Ils me font penser à ses indécrottables sénateurs qui s’accrochent à leur siège et à leurs privilèges mais que personne ne prend plus au sérieux.

    • Puisque tu parles de la qualité de ce festival, j’ajoute que j’ai toujours été surpris par les choix réalisés années après années... sachant que je ne dois pas posséder plus de 1 ou 2 albums « grand prix »... sur les quelques centaines de BD présentes sur mes étagères... Par exemple, y-a un Zep qu’on m’a offert un jour...

      Je digresse. L’autre jour, je cherchais de la BD érotique... avec dans l’idée de trouver de la BD érotique écrite par une femme... Rien trouvé dans les catalogues en ligne... Que des mecs, vulgaires et craignos...

    • tout ça s’est finit comme d’hab : culpabilisation de la part de l’éditeur pour mézigue, renvoi aux féministes de la responsabilité de la merde. ce sont les féministes qui font chier à ouvrir leurs gueules quand quelque chose craint, mais l’objet de notre colère n’est jamais plus qu’un « texte philosophique » ou « une simple erreur d’un camarade pas si méchant tu sais bien », et j’en passe. Et aussi ce qui m’a frappée c’est le silence de nos chers camarades par ailleurs : regardons ailleurs. Le désengagement par le silence. La désapprobation de notre parole en nous ignorant tout simplement, même quand on s’adresse à eux directement. On veut bien être proféministes, mais attention, tant qu’on vise ailleurs, pas les potos. Le sens du texte « le prix à payer » sur A contrario ainsi que le mien, c’était ça, aussi. L’ineffable joie de voir des copains (lol) te tourner le dos quand le vent féministe souffle dans le mauvais sens. Le bonheur inégalable d’avoir le choix entre travailler pour des connards ou ne pas avoir de travail, donc pas de sous (tu vois ce que je voulais dire par « erreur de travailler sur la bas des convictions », hin).

      https://soupherbe.wordpress.com/2015/06/02/652

      mais aussi, pour répondre directement à ce fil de discussion : http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8518

      Tu sais LL de Mars, j’ai fait ma tanx aussi avec CQFD pour qui tu travailles. Je me suis barrée parce qu’une personne s’est montré très paternaliste à mon égard sur une question pour le moins dérangeante dans les colonnes de ce journal. J’ai appris après coup que beaucoup dans l’équipe était d’accord avec moi, mais personne ne me l’a fait savoir, et j’ai claqué la porte en me croyant encore seule. Prendre tout le monde de haut quand le féminisme devient un sujet parce que le vent change de sens, mais ne pas voir la misogynie sous son propre nez, ça n’est pas spécialement avant-gardiste non plus. Peut être que tu l’ignorais. Peut être pas. Peut-être que tu n’en avais après tout rien à foutre, vu l’estime que tu sembles me porter.
      Y’a une chose que j’ai apprise avec le féminisme : c’est que les femmes disparaissent dans le silence, et que les hommes font beaucoup de bruit dès qu’ils se pètent un ongle ou qu’il s’agit de montrer à quel point ils brillent sur tous les sujets, même ceux qu’ils ne maitrisent pas.

      Voilà. j’ai encore fait ma tanx.

    • @monolecte Mais où est-il écrit « faire sa tanx » dans ce texte de L.L. de Mars ? La seule occurrence que je trouve c’est : « b) Des femmes auteurs qui s’en branlent toute l’année mais qui d’un coup sont toutes très très Tanxx dans leur tête ». Alors je ne dis pas qu’il n’y a rien à dire, mais entre être "très très Tanxx dans leur tête" et "faire sa tanx", je crois qu’il y a une marge et une interprétation qui s’emballe, ce débat part mal.

    • @odilon @soupherbe
      je ne sais pas si Tanx laissera ce commentaire que je viens de laisser sur son liste, mais je tiens à faire entendre ce que je pense de ces lectures empressées et falsifiantes de mes positions. Il serait bon de lire les textes au lieu de les fantasmer.

      « Mauvaise interprétation, hâtive, aveuglée par des certitudes aprioriques : nulle part je ne parle de "faire sa Tanx", mais bien de l’étrange mouvement public de zozos qui se foutent absolument de tout problème sexiste toute l’année et qui d’un seul coup se sentent "tanxx". Ce qu’ils ne sont pas. Tu lis trop vite, mal, et tu conclues à côté.
      Je n’aime pas ton travail, effectivement, qui est à mille kilomètres de ce que j’attends d’un dessin politique : je le trouve sage, décoratif, collé au pire de la camelote rock avec un zeste d’école américaine. Trop joli pour être honnête, pas assez offensif, désespérément monosémique - donc terriblement condescendant puisque tu prends tes lecteurs pour des cons à qui il faut tout dire d’un coup sans ambiguïté. Je sais pas, peut-être par crainte qu’ils s’imaginent une dissonance politique ? Sinon pourquoi ? Voilà pour ton dessin qui, contrairement à toi, n’a rien à dire.
      C’est dommage parce que je suis quasi systématiquement de ton côté sur tes positions politiques quand je te lis. Nous partageons infiniment plus d’idées que tu ne peux l’imaginer.
      Quand à CQFD, j’ignorais absolument cette histoire, ce n’est pas la peine de fantasmer autre chose. Je vis dans un trou, à 1000 kilomètres de Marseille, je ne connais rien de la cuisine interne du canard. J’ai moi-même cessé de bosser pour le canard pendant trois ans, agacé par les positions antisémites que véhiculait la lecture de Shlomo Sand ou encore certains strips abjects de Berth. Je suis revenu pour des raisons charnelles, car j’aime ces gens même quand ils déconnent, se trompent, me blessent sans l’imaginer.
      Te trompe pas d’ennemi. »

    • @soupherbe N’en étant pas certain, j’ai fait comme ça.

      Mes positions devant ton dessin ne changent rien à ce que je pense de tes textes et des positions, des choix, qu’ils soutiennent. C’est de mon point de vue un problème politique qui nous sépare, sans aucun doute, le rapport au dessin, mais c’est probablement un des seuls.
      Je ne doute pas que nous ayons un jour l’occasion d’en causer, dans un festival ou ailleurs. Il n’y a aucune espèce d’animosité personnelle, de truc affectif à la con dans ce que je te dis (ceci pour ton « Peut-être que tu n’en avais après tout rien à foutre, vu l’estime que tu sembles me porter. » qui est particulièrement mal vu. Et je n’en ai pas rien à foutre, du tout, de la façon dont on traite les femmes dans ce pays, dans mon corps de métier comme dans tous les autres cadres sociaux).

    • @intempestive non, ça n’a rien d’impeccable, c’est de la cécité totale. Son dessin est parfaitement dissociable, hélas, de ce qu’elle dit, et c’est bien là le foutu problème : son dessin est parfait sur un t-shirt de gland ou sur un poster d’ado avec la conscience politique d’un coucou. Il est cool. Sympa. Rock. Propre et lisible tout joli drôlement bien fait. Il n’offense rien, ne fait rien bouger, est invisible dans la galerie des fétiches habituels de la quincaillerie punkouillarde mort-née, en plus élégant toutefois. Il n’en est pas de même pour ses choix politiques, ses positions, la façon de tenir ces positions fermement, de refuser les catégories soigneuses où se disposent discours et corps, qui en irritent plus d’un, prennent la tête de l’ado avec la conscience politique d’un coucou, embarrassent le cool, le sympa, et même le rock (cette vieille merde muséale à la con).
      Je réponds à ça également sur le site de Tanx. Si on part sur cette voie - à savoir la schize entre le dessin politique et ce qu’il veut soutenir - on pourrait causer longtemps. J’ai déjà donné (trop), me suis assez fritté contre ça dans les cadres, précisément, politiques et éditoriaux où je me bats et me débats. Je préfère renvoyer dans ce cas à l’entretien avec le monde libertaire*, qui ne parlait pratiquement que de ça, ou l’article sur la caricature dans CQFD (qui a précisément été bien mal reçu par certains camarades empêtrés dans cette schize)

      *http://www.le-terrier.net/lestextes/lldm/entretienmonde_libertaire.html vers la fin, à partir de la question "— ... Oh et puis si, une question tout de même : ça renvoie à quoi pour toi quand on parle « d’engagement » ? "

    • @biggrizzly si tu cherches des bds érotiques faites par des femmes, ça ne manque ni de monde, ni de qualité. Céline Guichard, Nicole Claveloux, jusqu’à Aude Picaut, pourtant pas du tout ma tasse de thé dans ses autres productions, qui a dû faire le seule album digne d’être lu (j’ai pas encore vu le Anouk Ricard, ceci dit) de la collection plutôt bourrine BDcul des Requins Marteaux. Chez la géniale Alice Lorenzi (trop rare), la dimension érotique des planches est éblouissante, également chez Anke Feuchtenberger ; récemment, j’ai vu passer la dernière publication de Tomoko, un collectif féminin épatant tenu par Eglantine Ruault, et il y a un merveilleux récit érotique de Amandine Meyer ( https://tomokoeditions.wordpress.com).

    • @lxs_amigxs

      Et ce lait-fraise, on se le boit quand, tou-te-s autour d’une table, pour discuter de nos désaccords, s’excuser de nos maladresses par mails interposés, et rigoler un bon coup ? Ce soir, c’est apéro pour la sortie du numéro 139. C’est con, ç’aurait été une belle occasion. Une prochaine ? En attendant, nous, on vous kiffe ! Waouf. Waouf.

    • @intempestive

      le premier en détournant des codes graphiques connus

      Là j’ai comme un doute. Tant justement le peu que je connaisse de son univers graphique ressemble au contraire à des choses que je vois ça et là depuis plus de trente ans, même si je ne suis pas un très grand connaisseur en matière de bande dessinée, mais aux Arts Déco dans les années 80 je suis à peu sûr d’avoir vu les mêmes choses en sérigraphie, en graffitti, en illus et en bandes dessinées. Pour moi il n’y a pas détournement, mais adhésion et reconduction au contraire des codes graphiques en question.

      Récemment j’ai vu passer un signalement de @soupherbe dans lequel Tanxxx exprimait ses doutes quant à sa maîtrise technique qui l’avait coupée de ponts anciens, je me demande si je ne suis pas d’accord avec ça. Et du coup, Tanxxx (si j’ai bien compris que tu suivais ce fil), il me semble que tu pourrais être sur la voie d’un vrai renouveau. Moins de technique, plus de laché et cela pourrait faire des vraies étincelles.

      En revanche, je suis d’accord avec @l_l_de_mars sur le fait que le courage intellectuel de Tanxxx est juste extraordinaire, j’ai souvenir de sa joute contre cet abruti de Siné, j’étais admirateur ! Et dune manière plus générale les signalements et les positions de @soupherbe sont très souvent très judicieux. Par exemple ils m’instruisent régulièrement de copies conformes en matière de sexisme entre le milieu de la bande dessinée (que je trouve fort adolescent en plus, comme s’il devait y avoir un postulat de congruence entre le lecteur présumé et l’auteur ) et celui de la photographie (qui là est carrément illéttré).

      Et enfin

      le second en allant en terre inconnue

      . Tu peux même dire d’une façon tellement systématique que c’en est un peu fatigant.

    • @intempestive

      je suis (honnêtement) désolé, à ceci :
      "Et prendre le dessin pour un medium, c’est précisément ce que je ne fais pas
      -- peux-tu développer ? ça m’intéresse"

      de devoir répondre non, ou plus exactement, non, pas ici, pas court, pas dans le cadre d’un forum etc. Pourquoi ? Parce que c’est l’objet principal de mon travail d’écriture depuis plus d’un an - « Qu’est-ce que dessiner ? » , notamment dans ma discipline, la bande dessinée - que je suis encore en plein dedans (aujourd’hui-même, par exemple) que le troisième volet va être publié dans le prochain Pré Carré après les deux premiers (dans les n°5 et 6), que je dois encore bosser un an pour les deux derniers et que je ne veux pas saloper le travail.
      Mais sur cet aspect de la question (le dessin comme médium) je peux te renvoyer vers un texte déjà fait - un peu long, sans doute, mais il parle finalement de plein d’autres problèmes de ce genre, liés à des conceptions instrumentales du dessin et de la bande dessinée - qui a été mis en ligne ici : http://precarre.rezo.net/?attachment_id=1667 (c’est le pdf nommé "mccloud")
      C’est un peu chien comme méthode, mais j’ai déjà tellement de mal à écrire ce gros machin que je ne prends aucun risque de m’en dégoûter pour l’instant par trop de dérives.

      Aussi, ceci : quand tu dis "Tanxxx, telle que je comprends ses dessins jusqu’ici, envoie des tirs de bazooka dans tout ce qu’il y a à détruire (les inégalités de genre, de classe, d’origine supposée ou réelle), empruntant pour cela aux codes des comics , du punk, des fanzines et autres formes d’expression populaire.", je pense c’est une erreur de prendre tout ça pour des formes d’expression populaire ; ce sont les formes muséographiées, desséchées, momifiées, de vieilles expressions populaires, qui sont devenues un académisme, un pompiérisme évitant, justement, d’avoir à se poser toute question sur ce qu’est qu’un dessin politique.

    • @jef_klak

      Cette évolution de démocratie directe semble aujourd’hui satisfaire tout le monde.

      Exercice oulipien : tenter, en modifiant le moins de choses possible dans cette phrase, de rétablir la vérité.

      Je propose par exemple

      Cette parodie de démocratie directe semble aujourd’hui ne tromper personne

      ou

      Cet exercice de communication semble aujourd’hui amuser beaucoup de monde

      ou encore

      Cette évolution de démocratie directe semble aujourd’hui faire rire tout le monde. (plus petite correction)

    • Le lien du meo culpo n’était là qu’à titre informatif ;-)

      Et puis, comme dit l’autre « l’émotion est passée », l’hystérie a pris fin, on peut reparler entre hommes sérieux à présent, et vous verrez bien ah ah ah ah en laissant libres les gens, ils feront le pire et n’éliront que des hommes (sérieux).

    • « Publier des collections « féminines » est misogyne. Cela crée une différenciation et une hiérarchisation avec le reste de la littérature, avec l’universalité des lectures qui s’adresseraient donc – par opposition – au sexe masculin. Pourquoi le féminin devrait-il être hors de l’universel ? »

      voilà ce que je lis, et à quoi je souscris complètement, dans la Charte des créatrices de bande dessinée contre le sexisme , et ce que m’inspire, a priori, la création d’une collection qui s’appelle « Traits féminins ». Je me sens mal d’entendre le créateur d’une telle collection soliloquer sur Femmes et bande dessinée .

    • @l_l_de_mars Oui, il y a cette limite, entre autres, chez Thierry Groensteen. Il y a aussi celle de l’approche académique, historiciste et soit-disant neutre, qu’il choisit d’adopter lors de sa conférence. J’ai néanmoins proposé le lien, dans cette discussion sur seenthis, parce qu’il présente de nombreuses auteures de BD, dont beaucoup sont peu connues. Je me disais que ça pouvait permettre des découvertes.

    • C’est indiscutablement clair.
      « NB de dernière minute : non, LL de Mars je ne publierai pas ton énième message, trouve toi quelqu’un d’autre à aller faire chier avec ta prose qui tombe à côté. Tu ne sais pas lire, regarde bien il y a une phrase très importante au tout début de ce texte. Pour te faciliter la tâche je viens de la mettre en gras. EN GRAS. voilà, tu as lu ? bien. Maintenant ouvre ton blog et va y raconter tes salades et épargne moi ta suffisance, ça me fera des vacances. Et aussi : non j’ai pas particulièrement envie d’en discuter à angoulême ou ailleurs. Bon vent. »

      @soupherbe Le « Tu ne sais pas lire, regarde bien il y a une phrase très importante au tout début de ce texte. » est malhonnête, la phrase n’était pas là avant ma réponse, ni en gras, ni en maigre.
      Je n’ai pas de blog, pas de FB, pas de compte Twitter, donc pour la diffusion de salades, hé bien te voilà mieux armée que moi pour la caricature.
      Ok pour le silence, si c’est ce que tu veux. Tant pis.

    • Je ne suis personne et mon avis est insignifiant, mais peut-être fera-t-il plaisir à Tanxx dont j’aime le dessin autant que les idées.

      Les critiques de LL de Mars, outre leur ton extrêmement violent, sont subjectives. Il peut ne pas trouver les dessins de Tanxx à son goût, mais je trouve étrange qu’il affirme qu’il est « évident » (objectivement) que les dessins DOIVENT être offensifs et polysémiques.

      Outre que je trouve que c’est, en partie, le cas de ceux de Tanxx, on peut aussi rebondir sur un autre des commentaires de LL de Mars : selon lui, son dessin est « cool » alors que ses choix politiques sont « offensifs ».

      Peut-être justement que c’est le contraste entre les deux qui en fait la force ou l’une des forces ? Peut-être qu’un dessin offensif défendant une idée offensive devient illisible ou moins lisible ?

      C’est juste une hypothèse de néophyte. Je vous laisse entre spécialistes...

    • Merci @sinehebdo. Je les aime bien, moi,aussi, les dessins de Tanx.

      Pour suivre ce que disais @intempestive, on peut apprécier des boulots différents, les Bérus et Peter Brötzman. Un peu de punk, ça révolutionne peut-être pas la musique (et c’est peut-être aussi encore à voir) mais ça fait plaisir. (et sans convoquer Saint Gattaleuze)

      Si tu prends les premiers The Ex, c’est du Crass, et pourtant, ils ont fait des choses incroyables, avec le temps, avec Tom Cora, avec d’autres, avec des musiciens de partout.

      On peut peut-être lui lâcher la grappe à Tanx avec les exigences de révolution graphique et la laisser bosser. Sur ce, je vais voir comment me procurer des croutes au coin des yeux vol.1. , tiens.

    • @bob_ardkor Ok, merci pour le lien. J’ai pas lu le livre de Guillon, en qui sur pas mal de point j’ai une certaine confiance intellectuelle, je me réserve pour l’instant le droit de ne rien trancher à cet égard.
      Pourquoi ? Parce que si les déclarations d’un Matzneff du genre « Les petits garçons de onze ou douze ans que je mets ici dans mon lit sont un piment rare » sont d’une violence assez rare et me font frissonner (la toute-puissance des adultes m’a toujours pétrifié d’angoisse, notamment sur leurs propres enfants), je me rappelle tout de même certains points important :
      – d’une part, je souscris pleinement aux analyses de Serge André en la matière ( http://www.oedipe.org/fr/actualites/pedophilie ), qui sont aussi fines et complexement abordées que le sujet le mérite.
      – Je me souviens aussi qu’à 13 ans, je ne pensais qu’à baiser du matin au soir comme une otarie. J’aurais sauté sur n’importe quel oui. Évidemment, je suis bien conscient qu’on peut désirer un truc inconnu sans comprendre ce qu’implique l’expression et la satisfaction de son désir. Mais il n’existe rien d’universel qui s’appellerait "l’enfant de 13 ans". J’ai l’orgueil de croire en ma singularité à 13 ans comme à 50.
      – Ma première partenaire sexuelle avait plus de 30 ans, j’en avais 15. Légalement, comment l’aurait-on jugée, elle que j’ai outrageusement draguée derrière son comptoir ?
      – Je note également qu’à 18 ans j’ai eu une amante qui en avait 14 (et vu qui je suis, ça aurait tout aussi bien pu être un garçon ; je précise parce que l’article veut en venir - avec raison - à la pratique des corps, aux contraintes physiques que ça implique). Légalement, j’étais un adulte. Nous nous aimions, nous baisons évidemment dès qu’une opportunité se présentait.
      – Et j’ajoute pour finir que quand on généralise à fond les baluches la pédophilie, ça peut devenir également ça :
      http://www.le-terrier.net/polis/aufil/degenere .
      On voit bien tout ce que la question peut instrumentaliser comme désir de société.
      C’est donc une question que je ne peux pas, que je ne sais pas aborder d’une façon générale, mais bien au cas par cas. Je ne sais pas à quel moment j’étais ou je n’étais plus un enfant. Je ne sais pas où est le curseur. Je sais ce qu’est un viol, une violence, une contrainte, un abus, je ne peux pas imaginer, a priori, que le consentement d’une personne de 10 ans à une personne de 10 ans son aînée soit autre chose que de la soumission, mais après cette chaîne de certitudes, où poser le foutu curseur ? Moi, franchement, je ne sais pas. Bon. J’aurai sûrement l’occasion de lire le bouquin, je verrai.

    • @supergeante @intempestive

      Pour suivre ce que disais @intempestive, on peut apprécier des boulots différents, les Bérus et Peter Brötzman. Un peu de punk, ça révolutionne peut-être pas la musique (et c’est peut-être aussi encore à voir) mais ça fait plaisir. (et sans convoquer Saint Gattaleuze)

      Si tu prends les premiers The Ex, c’est du Crass, et pourtant, ils ont fait des choses incroyables, avec le temps, avec Tom Cora, avec d’autres, avec des musiciens de partout.

      Hmm... Comme nous abordons une question complexe, l’air de rien... J’entends ce que tu dis, Supergeante, mais cette façon d’aborder la question laisse imaginer qu’on pourrait la contourner en douceur par une sorte de gradation quantitative, quand j’essaie d’évoquer un écart radical et qualitatif. Bon. C’est sans doute difficile de faire entendre que ce qui est sans grande importance pour certains est crucial pour d’autres (notamment parce que nous n’avons pas tous les mêmes usages , et tout particulièrement de la musique) ; évidemment, nous ne plaçons pas non plus l’urgence au même endroit, ne mobilisons pas toutes nos forces pour les mêmes objectifs. De mon point de vue, cette question de l’invention de formes est inconditionnelle, et ce n’est pas une question d’objet (de finalité ) mais de trajet (de vie ) ; il y va d’ailleurs pour moi de la musique comme du dessin, ça me pose devant le même type de conditions d’apparitions sociales, de sillages, de trajectoires, pour faire court : de devenirs. Rien de ce que je peux faire politiquement - et surtout ce qui n’a aucun rapport immédiat avec l’art, tout ce que je fais en dehors de mon atelier, avec mes camarades - n’aurait plus le moindre sens pour moi désarticulé de ces enjeux-là (et surtout parce que ces questions sont bâclées par mes camarades eux-mêmes, renvoyées à des pratiques instrumentales, militantes, de l’image comme de la musique, ce qui est en parfaite contradiction avec l’urgence affirmée ailleurs d’inventer un monde anti-autoritaire, joyeux, ivre). Comme ce n’est pas vraiment l’endroit pour vous tartiner sur la musique ce que j’ai pu lier plus haut de textes sur le dessin, je vous ai mis en ligne un autre travail, en bandes dessinées, qui évoque ces questions tout en produisant discrètement, loin des énoncés bavards du dialogue affirmés, une forme. Ce livre aurait pu s’intituler « Crâne comme critique de la tête de mort ». C’est là : https://www.academia.edu/20202122/dialogue_de_morts_%C3%A0_propos_de_musique

    • @intempestive

      J’en reviens à ma conviction que nous ne nous situons pas tou·te·s au même endroit (je ne dis pas au même niveau , ce qui impliquerait une hiérarchie, mais au même endroit) des luttes et de la création (ce qui va de paire), et que c’est une bonne chose. Et également qu’il y a de l’invention non seulement dans les nouvelles formes, mais aussi dans le mash-up, le cut-up, le détournement.

      attention, il y a un malentendu, je pense : il ne s’agit pas d’un problème technique (dessiner excède le dessin ), ce qui veut dire que la formule « il y a de l’invention non seulement dans les nouvelles formes, mais aussi (c’est moi qui souligne) dans le mash-up, le cut-up, le détournement. » sous-entend que ces pratiques de montage ne sont pas des pratiques impliquées dans la question de la forme nouvelle, qu’elles en sont exemptées par un mode de composition qui serait plus neutre que, par exemple, ses matériaux ; mais c’est faux. Il y va du montage comme du reste, il y a de l’invention et de l’académie dans le collage, le mash up, etc. (de la même manière que la question de la contemporanéité de la musique n’est pas liée à son instrumentarium, que ce n’est pas un problème de lutherie. Une musique pompière est réalisée chaque jour avec les plus sophistiqués des synthés pour la plupart des films. La musique révolutionnaire de Jean-Luc Guionnet est faite avec un saxophone)

    • Oui, précisément, et cela ouvre bien des questions éthiques et politiques (desquelles il va être difficile de discuter sur le fil d’un forum...), par exemple : en quoi peut-on l’exiger d’autrui ? En quoi l’invention est-elle universalisable ? A quelle aune l’invention se définit-elle ? Une société de philosophes (ou d’artistes, ou d’autrices/teurs) est-elle souhaitable ?

      @intempestive Oui, excuse-moi, je n’ai pas répondu à ça, alors que c’est important. Entends bien que quand je dis « de mon point de vue », il s’agit de réexprimer les enjeux d’un rapport à l’art, à ses différentes manifestations, et que c’est bien dans le cadre du dessin, notamment du dessin politique qui n’a pas plus de raison pour moi de se retrancher derrière les énoncés qu’il est censé soutenir que tout autre dessin (sinon il n’est que l’alibi publicitaire de ces énoncés). Je ne dis rien de général sur un mode social, ce n’est pas une déclaration systémique. C’est sur le terrain de ces enjeux que j’invoque l’inconditionnalité de l’abandon à l’inconnu du dessin . Pour le reste... Non, je ne vois aps en quoi une société de philosophes ou d’artistes est souhaitable, je ne vois pas ce qu’il y aurait de souhaitable à une société « souhaitée » (homogène, congruente, harmonique etc.). Je veux une société ou le paresseux, l’idiot, l’ennemi, ait sa place, circule sans qu’on lui assigne une forme adéquate. Je ne veux pas, par exemple, d’une société où pour tenir debout politiquement, chacun ait le devoir d’être politique (même si je pense que le silence est une composante majeure du discours !). Bon, évidemment, comme tu le dis toi-même, un forum n’est pas l’endroit possible pour être justes, précis, attentifs aux détails etc.
      Restent les cafés !

  • http://seymourwright.com/#SEYMOUR WRITES BACK

    Seymour Wright, saxophoniste que j’ai écouté l’année dernière lors d’un très beau concert (il y avait aussi Jean-Luc Guionnet), que j’écoute de temps en temps, que j’ai écouté l’hiver dernier en duo avec Stéphane Rives, avec lequel j’échange par mail de temps en temps et qui me signale justement quatre nouvelles plages sur son site. Bon je préfère prévenir tout de suite, ce n’est pas la plus accessible des musiques contemporaines, pour amateurs dira-t-on.