Sécurité : quand la rose pique les idées de la droite
paru dans CQFD n°141 (actuellement en kiosque),
par Jeanne Vandenbroucke
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Quiz à deux balles. « La sécurité est la première des libertés » : est-ce donc un slogan lepéniste, une fulgurance orwellienne, ou bien une valeur socialiste ?… Les trois, mon brigadier ! C’est que, entre les vieilles affiches de Jean-Marie Le Pen et les sorties martiales de Manuel Valls le 19 novembre dernier [1], l’écart s’est aminci. Tout commence en fait au tout début des années 1980. Pierre Mauroy joue sagement son rôle d’opposant : alors que la droite vient de voter une loi liberticide comme, à l’époque, elle seule sait faire, le futur Premier ministre socialiste joue de solennité. « Nous inversons la proposition : pour nous, la première sécurité est la liberté. » Un autre socialiste, Gilbert Bonnemaison, maire d’Épinay-sur-Seine, chapeaute quelques années plus tard la « commission des maires sur la sécurité » chargée de réfléchir au sujet. Ses bouquins ne disent pas que des bêtises : « Le discours politique de l’insécurité est celui pour lequel le maintien de l’ordre économique et social est une fin en soi qui justifie tous les contrôles. » Le style est un peu lourd, mais c’est pas faux.