person:mahmoud darwich

  • Je suis l’adversaire des liens
    Et contre l’éternel recommencement.
    Telle est ma langue.
    Je suis l’adversaire des commencements.
    Prolonger un fleuve de musique qui consigne mon histoire et me dépouille des détails de l’identité,
    Telle est ma langue.
    Je suis l’adversaire des épilogues.
    Que toute chose soit son propre commencement et sa fin et que je parte,
    Telle est ma langue…
    Et je témoigne qu’il est mort, le papillon, le marchand de sang, l’amoureux des portes.
    J’ai une cellule de prison qui s’étend d’une année… à une langue,
    D’une nuit… à des chevaux,
    D’une blessure… aux blés.
    Et j’ai une cellule, érotique comme la mer.

    (…)

    Et le rêve prend forme
    Et prend peur.
    Mais la cité est debout
    Dans la flamme du feu en liberté,
    Dans les veines des hommes.
    Dissous-toi, ou répands-toi, cendres ou beauté !
    Que dit le vent ?

    Nous sommes le vent.
    Nous sommes le vent.
    Nous sommes le vent…

    *


    extrait d’un recueil-anthologie de poèmes de Mahmoud Darwich intitulé La terre nous est étroite (Poésie/Gallimard)

  • « Je suis arabe car je parle arabe. Quant à mon appartenance à la nation arabe, quant à savoir si elle est fondée d’aspirer à l’unité, c’est une tout autre question. Je suis arabe, et ma langue a connu son plus grand épanouissement lorsqu’elle était ouverte sur les autres, sur l’humanité tout entière. Parmi les éléments de son développement, il y a le pluralisme. C’est ainsi que je lis les siècles d’or de la culture arabe. A aucune période de l’Histoire nous n’avons été totalement repliés sur nous-mêmes, comme certains voudraient nous voir aujourd’hui. Il n’y a pas de ghetto dans mon identité. Mon problème réside dans ce que l’Autre a décidé de voir dans mon identité. Je lui dis pourtant : voici mon identité, partage-la avec moi, elle est suffisamment large pour t’accueillir ; et nous, les Arabes, nous n’avons eu de vraies civilisations que lorsque nous sommes sortis de nos tentes pour nous ouvrir au multiple et au différent. Je ne fais pas partie de ceux qui souffrent d’une crise d’identité, ni de ceux qui ne cessent de se demander : qui est arabe ? Qu’est-ce que la nation arabe ? Je suis arabe parce que l’arabe est ma langue, et, dans le débat en cours, je mène une défense acharnée de la langue arabe, non pour sauvegarder mon identité, mais pour mon existence, ma poésie, mon droit de chanter. »

    Mahmoud Darwich, "Qui impose son récit hérite la Terre du Récit", Entretien avec le poète libanais Abbas Beydoun, Al-Wasat (Londres), N° 191, 192, 193, septembre-octobre 1995. Repris dans Mashârif (Haïfa-Jérusalem), n° 3, octobre 1995, traduit en français par Elias Sanbar pour le recueil La Palestine comme métaphore, Actes Sud, coll. Babel, 2002, p. 36.

  • Leïla Shahid : Pour les Palestiniens, la phase diplomatique est aujourd’hui terminée - Propos recueillis par Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1089834/leila-shahid-pour-les-palestiniens-la-phase-diplomatique-est-aujourdh

    Entretien

    À l’occasion de l’excellent colloque « 100 ans après la déclaration Balfour et 70 ans après le plan de partition », organisé par l’Institut des études palestiniennes et l’Institut Issam Farès de l’AUB, mercredi et jeudi derniers, « L’Orient-Le Jour » a rencontré Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg. Membre du comité exécutif et du conseil d’administration de l’Institut des études palestiniennes, l’ancienne diplomate réagit à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et dresse le bilan de la stratégie adoptée par l’Autorité palestinienne depuis le début des années 1990.
    Propos recueillis par Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI | OLJ
    16/12/2017

    • Leïla Shahid : Pour les Palestiniens, la phase diplomatique est aujourd’hui terminée
      Propos recueillis par Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI, L’Orient Le Jour, le 16 décembre 2017
      https://www.lorientlejour.com/article/1089834/leila-shahid-pour-les-palestiniens-la-phase-diplomatique-est-aujourdh

      Entretien

      À l’occasion de l’excellent colloque « 100 ans après la déclaration Balfour et 70 ans après le plan de partition », organisé par l’Institut des études palestiniennes et l’Institut Issam Farès de l’AUB, mercredi et jeudi derniers, « L’Orient-Le Jour » a rencontré Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg. Membre du comité exécutif et du conseil d’administration de l’Institut des études palestiniennes, l’ancienne diplomate réagit à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et dresse le bilan de la stratégie adoptée par l’Autorité palestinienne depuis le début des années 1990.

      La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël est-elle la preuve ultime de l’échec de la stratégie de non-violence adoptée par l’OLP au début des années 1990 ?

      Elle est avant tout une décision dictée par sa politique intérieure et n’a absolument rien à faire avec la diplomatie internationale. C’est pour cela qu’elle a été refusée par tous les États du monde. Le choix du moment est dicté, lui, par l’état du monde arabe qui n’a jamais été aussi divisé et qui mène une guerre soi-disant de religion (sunnite/chiite) aux dépens de la Palestine et des démocraties arabes, pour des ambitions géostratégiques régionales. Mais vous avez raison, cela ne doit pas nous empêcher d’avoir le courage et la lucidité de faire le bilan de nos échecs mais aussi de nos victoires.

      Je pense, en effet, que nous nous sommes trompés. Mais il faut replacer cet échec dans l’histoire. Nous sommes arrivés à la fin d’une étape pour le mouvement national palestinien, marquée par plusieurs phases. La première est celle de la lutte armée, menée essentiellement par les Palestiniens en exil, qui a pris fin en 1974 lorsque le mouvement de libération a enfin obtenu une reconnaissance internationale. Il y a eu ensuite une deuxième phase qui a démarré lors de la reconnaissance de l’OLP, lors du discours ovationné de Yasser Arafat aux Nations unies. C’était la première fois que les Palestiniens avaient une patrie symbolique qui réunissait ce que Mahmoud Darwich a appelé « l’éclatement du corps palestinien » en 1948. Oslo a été très important pour Yasser Arafat, parce que c’était le retour d’une patrie vers un sol national. En 1987, lors de la première intifada, toute la population s’est opposée à l’occupation. La phase de la négociation, la troisième donc, commence après tout cela, à partir de 1990 et après la fin de la guerre froide.

      Je rappelle tout cela car je pense que c’est très important de comprendre la politique actuelle dans un contexte historique à long terme. La phase diplomatique est aujourd’hui terminée et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de prendre ma retraite. Ce n’est pas Trump qui a changé la politique américaine, mais c’est lui qui, par sa stupidité et son ignorance totale au niveau politique et diplomatique, entérine ce que ses prédécesseurs avaient dit à demi-mot.

      Quelle est donc l’alternative à la voie diplomatique ? À partir du moment où l’OLP a décidé de poser les armes, est-ce qu’un retour en arrière est possible ?

      Il va falloir aller vers une autre méthode. Le peuple palestinien a été héroïque. Près de 70 ans plus tard, les Palestiniens sont plus militants qu’avant et ont un genre de conscience tranquille. Ils ont la justesse de la cause, comme disait Jean Genet, de leur côté. Ils ne sont pas racistes, ils ne fondent pas un État sur une religion, mais un État laïc. Ils n’ont rejeté personne à la mer, comme le prétendent les Israéliens, mais au contraire, ils ont accepté de ne prendre que 22 % de la Palestine pour en donner 78 % aux Israéliens.
      Il y a une vitalité, une créativité, un sens de l’invention des méthodes de résistance qu’on a rarement vus dans des exemples d’occupation longue. Je suis éberluée par la créativité sur le plan artistique et culturel.

      Je suis ébahie par le courage des mères palestiniennes qui continuent d’envoyer leurs enfants à l’école alors qu’elles ignorent s’ils vont revenir à la maison. Il ne faut jamais parler de revenir en arrière. La deuxième intifada n’est pas la première et la première n’est pas celle de 1969 dans les camps palestiniens au Liban, dont on ne parle jamais. Les méthodes changent car le peuple est créateur des conditions. Je n’ai absolument pas d’inquiétudes sur le fait qu’ils trouveront quelque chose. Et ce ne sera ni le retour à la lutte armée ni une troisième intifada, mais quelque chose de nouveau qui sera très difficile à gérer pour les Israéliens. Quand vous vivez 50 ans avec l’armée israélienne, vous commencez à la connaître mieux qu’elle-même, et vous commencez à réaliser quel est son talon d’Achille. Vous pouvez lui faire mal, mais il faut choisir les cibles. Israël ne paie pas du tout le prix de son occupation et de sa politique, de tous ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

      Cette méthode n’est donc pas encore définie...

      Elle ne peut pas être définie parce que nous sommes au bout d’une phase historique des fondateurs du mouvement national dont le président est le dernier représentant. La deuxième génération a été mise en prison, comme c’est le cas de Marwan Barghouti. On saute à une troisième génération, les trentenaires, cosmopolites, polyglottes, qui ont des papiers palestiniens et ont compris comment fonctionne le monde.

      Petit à petit, il faut qu’ils prennent le pouvoir. Nous avons besoin d’une nouvelle direction politique plus jeune, plus ouverte sur le reste du monde. Oslo, d’une certaine manière, nous a piégés dans une cage, nous a territorialisés. Oslo nous a fait des fausses promesses pour nous mettre dans un ghetto divisé en plusieurs zones, où on n’a pas le même statut. La nouvelle génération dont je vous parle va être éclatée, comme en 1948. Mais contrairement à 1948, où nous n’étions pas au courant des méthodes de lutte, du droit international, de la malice et du pernicieux d’Israël, cette fois-ci, ce ne sera pas le cas.

      Le secrétaire général de l’OLP, Saëb Erekat, a récemment déclaré à « Haaretz » qu’il faut désormais abandonner la solution à deux États et se concentrer sur la lutte pour un seul État avec des droits égaux. Qu’en pensez-vous ?

      Cette solution à deux États était sans issue avant même la déclaration de Trump sur Jérusalem, parce que les colonies ont fait en sorte que les territoires palestiniens ne soient pas contigus. Comment peut-on construire un territoire national avec un tel morcellement ? Il y a même des généraux israéliens qui ont dessiné des projets de tunnels et de ponts pour relier les territoires. On se croirait dans 1984 de Georges Orwell ! Seul un système malade psychologiquement peut accepter de vivre dans un État comme celui-là.

      Vous adhérez donc à la vision d’un seul État avec des droits égaux ?

      La solution à deux États n’est qu’une expression orale, et c’est la réalité géopolitique d’aujourd’hui qui a tué cette solution. Jérusalem est le coup de grâce. Mais elle n’a pas mis fin à notre droit à l’autodétermination, droit inaliénable. Ce qui compte, c’est que nous ayons des droits égaux. Que ce soit dans un système à un État, deux États, d’un condominium ou d’un Benelux moyen-oriental, ce n’est pas important. Mais ce qu’il faut avant tout, c’est une volonté politique de notre part, mais également du côté israélien, et de la communauté internationale, afin de nous aider à y aboutir.

      Étant donné la nature de l’État hébreu, ne pensez-vous pas que la solution à un État est encore plus irréaliste que celle à deux États ?

      Si, bien sûr. C’est pour cela que j’ai toujours été pour deux États et non pas pour un État, tout simplement parce qu’Israël ne veut pas vivre avec les Palestiniens et ne veut être qu’un État juif. Tout ce qui n’est pas juif ne les intéresse pas. Et c’est de pire en pire, car la société penche de plus en plus vers le nationalisme de droite des colons. Mais, dans le principe, je préfère un État laïc pour tous ses citoyens. Même sur le plan géostratégique mondial, entre les colonies et la déclaration sur Jérusalem, il n’y a plus de place pour un État palestinien. L’opinion a changé à 100 % en vingt ans. Tout le monde connaît aujourd’hui le peuple palestinien et personne n’ignore que nous sommes laïcs, même si nous avons des extrémistes comme tout le monde. Il faut que ce changement de l’opinion devienne une force dans notre travail de communication auprès des jeunes Arabes, des jeunes Occidentaux et des jeunes Israéliens.

      La décision de Trump a fait l’unanimité contre elle et la communauté internationale a rappelé son attachement à la solution à deux États. Ce ne sont que des déclarations de principe selon vous ?

      Bien sûr, ce sont des déclarations de principe, parce que ces États ne se sont jamais appliqués à les mettre en œuvre ni même à prendre une seule sanction. Poutine annexe la Crimée et d’un coup, il y a une série de sanctions et des ruptures diplomatiques... Les Israéliens annexent Jérusalem, la capitale de toutes les religions monothéistes, mais aucun d’entre eux n’a pris une seule sanction contre Israël. Parce que ce dernier joue très bien la carte de la culpabilité et du génocide, mais également la carte commerciale. Comme il est le 51e État des États-Unis, il possède une technologie de pointe, une économie formidable, une industrie militaire très importante qu’il vend à tous les pays fascistes du monde et il a une armée très puissante. Donc ils sont très efficaces dans la pression qu’ils font sur l’Europe. J’ai été ambassadrice en Europe pendant 10 ans, et il faut le reconnaître, nous ne sommes pas efficaces parce que nous ne savons pas utiliser les armes économiques, les sanctions. Nous avons uniquement réussi une chose, c’est le BDS (boycott des investissements et des sanctions), comme campagne chez les citoyens, mais aucun pays n’a suivi pour l’instant. Ceux qui ont le mieux suivi le BDS, c’est surprenant, ce sont les juifs libéraux et progressistes américains et britanniques, beaucoup plus que les populations du monde arabe et bien plus que les Palestiniens eux-mêmes.

      Les dirigeants arabes font-ils assez pour la cause palestinienne ?

      Pas du tout. Aujourd’hui, certains complotent même. Lorsque le conflit avec l’Iran (sur la question du nucléaire) a commencé, Tzipi Livni (ministre israélienne des Affaires étrangères) m’avait dit à Bruxelles que ce que me disaient les ambassadeurs arabes n’était pas ce qu’ils lui disaient à elle, donc aux Israéliens. Je suis allée leur poser la question directement et l’un d’entre eux, dont je tairai le nom, m’a avoué que l’Iran était une plus grande menace pour eux que ne l’est Israël. Il est évident que la direction du monde arabe mais également ses citoyens ne se mobilisent pas. L’esprit des printemps arabes est encore sous-jacent, mais il faut quelqu’un pour lui donner un peu d’adrénaline.

      Durant ces dernières semaines, il a beaucoup été question de la réconciliation palestinienne entre le Hamas et le Fateh...

      Oui, et je n’y crois pas beaucoup. Nous sommes idéologiquement très différents. Nous sommes en grande majorité laïcs. Je suis le produit de l’OLP. Arafat avait certes la foi, mais il considérait que c’était une affaire personnelle. Le Hamas vient vraiment d’une tradition des Frères musulmans, qui a un autre projet social, celui d’appliquer la charia, et il pense que ce qui est important, ce n’est pas la nation palestinienne mais la oumma dont les frontières s’étendent jusqu’en Indonésie. Mais, dans le même temps, le Hamas représente un courant en Palestine. Je pense qu’ils n’ont accepté la réconciliation que lorsqu’ils ont senti qu’ils étaient en train de perdre de leur popularité, que l’Égypte leur a fermé la porte, etc. Ils se sont dit qu’il leur fallait donner ce cadeau empoisonné qui est de gérer Gaza à Abbas. La déclaration sur Jérusalem a été le plus beau cadeau qu’ils pouvaient recevoir. Ce cadeau risque de transformer la cause palestinienne en une guerre de religions. C’est ce que souhaiteraient Trump et Netanyahu.

      Quitte à faire oublier que la stratégie de la lutte armée peut aussi être considérée comme un réel échec...

      Non, pas du tout. Chaque phase de notre histoire a eu la stratégie que la réalité imposait. La lutte armée a été le fondateur du mouvement national contemporain, après une longue phase où le monde nous considérait uniquement comme une question humanitaire de réfugiés dans le monde arabe. Elle a aussi permis d’unifier les Palestiniens sous l’égide de l’OLP depuis 1964. Puis il y a eu les phases de la reconnaissance politique et diplomatique arabe et internationale dont on a parlé au début. Aujourd’hui, l’échec des militants des organisations qui continuent la lutte armée est plus dû aux cibles qu’ils cherchent à frapper qu’au principe de la lutte armée, qui est un droit reconnu à tous les peuples qui luttent contre la colonisation. Si ces cibles étaient mieux choisies, ces mouvements auraient contribué à renforcer la stratégie diplomatique de l’OLP au lieu de servir d’alibi pour nos ennemis, où qu’ils soient, comme si notre lutte pouvait être assimilée au terrorisme internationale.

      #Leïla_Shahid #Palestine

  • Il y a neuf ans, Mahmoud Darwich...

    إدوارد سعيد يقرأ درويش : تلاحم عسير للشعر وللذاكرة الجمعية | القدس العربي Alquds Newspaper
    http://www.alquds.co.uk/?p=768282

    Ici, en compagnie d’Edward Said, et la lecture du poème de Darwich en hommage à son ami :

    https://www.youtube.com/watch?v=Qfzt-LzqhJY

    Avec sa traduction en anglais ici : http://www.mahmouddarwish.com/english/Edward_Said.htm

  • #Mahmoud_Darwich : « Je n’ai nullement cherché à devenir, ou à rester, un symbole de quoi que ce soit »

    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/mahmoud-darwich-je-nai-nullement-cherche-devenir-ou-rester-un

    Mahmoud Darwich, mon héros.

    n 2007, à l’occasion de la parution en français du recueil de poèmes Comme des fleurs d’amandier ou plus loin de Mahmoud Darwich, André Velter consacrait une émission de "Poésie sur parole" au poète palestinien. Elias Sanbar, traducteur de ce recueil, est au cours de l’entretien l’interprète de Mahmoud Darwich. Les poèmes sont dits en français par Mohamed Rouabhi. Des poèmes courts qui célèbrent les plus simples choses de la vie, que Darwich devait quitter quelques mois plus tard.

    Dans ses Entretiens sur la poésie, parus en 2006, celui que l’on surnommait « le poète de la résistance, le poète de la Palestine » disait :

    "Je n’ai nullement cherché à devenir, ou à rester, un symbole de quoi que ce soit. J’aimerais, au contraire, qu’on me libère de cette charge très lourde."

  • http://www.creativememory.org

    MÉMOIRE CRÉATIVE DE LA RÉVOLUTION SYRIENNE
    « NOUS SERONS CE QUE NOUS VOULONS ÊTRE »

    Depuis la Révolution syrienne de 2011, Sana Yazigi, graphiste ayant fui Damas pour Beyrouth, collecte les traces laissées dans les rues de Syrie par des femmes et des hommes sans voix, invisibles. Comme ces mots, ceux du poète palestinien Mahmoud Darwich, inscrits sur un mur en 2015 : « Un jour, nous serons ce que nous voulons être. Le voyage n’a pas commencé et le chemin n’est pas fini ».

    Le projet, intitulé Creative Memory, rassemble graffitis, photographies, peintures, chansons, dessins, caricatures, témoignages vidéo, etc. et les documente sur un site Internet traduit en trois langues (arabe, français, anglais), interface indélébile avec le monde. Au nombre de 22 000, ces objets vont du plus dérisoire au plus monumental, et forment une mosaïque d’images indispensable à la compréhension de la situation actuelle.

    Une exposition présente une sélection de ces œuvres au TANDEM (Théâtre d’Arras et Hippodrome de Douai) jusqu’au 7 avril.

    http://www.droguistes.fr/memoire-creative-de-la-revolution-syrienne

  • Pas d’agrégation de Lettres sans autrice · Change.org
    https://www.change.org/p/najat-vallaud-belkacem-pas-d-agr%C3%A9gation-de-lettres-sans-autrice

    L’an prochain, les agrégatives et agrégatifs de #lettres_classiques et de lettres modernes étudieront les auteurs français suivants pour le concours externe : Chrétien de Troyes, François Rabelais, Jean Racine, André Chénier, Gustave Flaubert et Nicolas Bouvier. Les agrégatives et agrégatifs de lettres modernes travailleront en outre sur un nouveau programme de littérature comparée, « Expériences de l’histoire, poétiques de la mémoire », rassemblant Joseph Conrad, António Lobo Antunes et Claude Simon, auquel s’ajoute l’ancien programme reconduit, « Formes de l’action poétique », avec René Char, Mahmoud Darwich et Frederico García Lorca.

    Douze auteurs, aucune autrice, pour la neuvième fois au cours des vingt-cinq dernières années. C’était aussi le cas en 1997, en 1998, en 1999, en 2004, en 2007, en 2008, en 2009 et en 2016. En fait, depuis 1994, les programmes d’agrégation de lettres n’ont proposé que treize autrices : Marie de France et Christine de Pizan, Marguerite de Navarre et Louise Labé, Madame de Sévigné, Madame de Staël, Marguerite Duras et Marguerite Yourcenar pour les programmes de #littérature française ; Nathalie Sarraute, Anna Akhmatova, Mary Shelley, Virginia Woolf et Sarah Kane pour les programmes de littérature comparée. Contre 223 auteurs (certains revenant régulièrement), que nous éviterons d’énumérer. Soit une #autrice pour 17 auteurs : bref, trop peu.

    #sexisme #enseignement

  • 5- Anthologie poétique avec Darwich : Introduction et Cavafy – langues de feu
    http://languesdefeu.hypotheses.org/980

    La poésie de Darwich est elle-même anthologique, tout bien considéré. Et cela participe de ce qu’il y a de collectif dans l’écriture de Darwich, qui est pleine d’énonciations différentes (le « je » n’est pas du tout systématiquement en référence à la personne Mahmoud Darwich : c’est un je palestinien, un je israélien, un je homme, un je femme, un jeu passé, c’est quiconque Darwich a envie de faire parler ; s’y ajoute un « nous » tout aussi complexe à délimiter), et de superposition identitaires, que l’on pourrait résumer ainsi : Darwich est un poète arabe qui se trouve conjoncturellement palestinien, qui parle pour les palestiniens mais, de façon universalisante, au delà de l’ancrage historico-politique, pour ceux qui partagent le sort palestinien (cette fameuse Palestine comme métaphore donc). A savoir : les Troyens. Les arabes Andalous de 1492. Les Indiens d’Amérique de 1492. Les Juifs déportés à Babylone et en Egypte.

    ça en fait du monde.

    et il écrit, pour ainsi dire, en fraternité avec des poètes qui se trouvent, tout de même, bien souvent, dans des situations historicopolitiques similaires aux siennes. Les exilés, les emprisonnés n’y sont pas peu nombreux.

    Joli texte...

  • Laisser le poète à notre solitude, par Marina Da Silva
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/DA_SILVA/56097 #st

    Cette Présente Absence au titre percutant, publiée pour la première fois en 2006, renvoie à la désignation israélienne des Palestiniens ayant dû fuir leur foyer en 1948 : les « présents-absents ». Elle se révèle prose poétique testamentaire : c’est l’avant-dernier livre paru du vivant de Mahmoud Darwich.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/35457 via Le Monde diplomatique

  • Toujours l’hystérie du poème : le spectre de Mahmoud Darwich – Culture et politique arabes
    https://cpa.hypotheses.org/6016

    Vous qui passez parmi les paroles passagères
    il est temps que vous partiez
    et que vous vous fixiez où bon vous semble
    mais ne vous fixez pas parmi nous
    Il est temps que vous partiez
    que vous mouriez où bon vous semble
    mais ne mourez pas parmi nous
    Nous avons à faire dans notre terre
    ici, nous avons le passé
    la voix inaugurale de la vie
    et nous y avons le présent, le présent et l’avenir
    nous y avons l’ici-bas et l’au-delà
    Alors, sortez de notre terre
    de notre terre ferme, de notre mer
    de notre blé, de notre sel, de notre blessure
    de toute chose, sortez
    des souvenirs de la mémoire
    ô vous qui passez parmi les paroles passagères

    #cpa #mahmoud_darwich

  • The Mahmoud Darwish Poem That Enraged Lieberman and Regev - Poem of the Week - Haaretz

    http://www.haaretz.com/israel-news/culture/poem-of-the-week/1.732421

    Aux chiottes Lieberman, aux chiottes.

    ID Card

    Mahmoud Darwish

    Write it down! I’m an Arab
    My card number is 50000
    My children number eight
    And after this summer, a ninth on his way.
    Does this make you rage?
    I am an Arab.
    With my quarry comrades I labor hard
    My children number eight
    I tug their bread, their clothes
    And their notebooks
    From within the rock
    I don’t beg at your door
    I don’t cower on your threshold
    So does this make you rage?
    Write it down!
    I am an Arab.
    I am a name with no honorific.
    Patient in a land
    Where everything lives in bursting rage
    My roots were planted before time was born
    Before history began
    Before the cypress and the olive trees
    Before grass sprouted
    My father is from the plough clan
    Not from the noble class
    My grandfather was a peasant farmer
    Had no pedigree
    Taught me the pride of the sun
    Before teaching me to read
    A shack to guard groves is my home,
    Made of branches and reeds
    Are you pleased with my status?
    I am a name with no honorific.
    Write it down!
    I am an Arab.
    Hair color: charcoal
    Eye color: brown
    Attributes:
    A cord around the quffiyeh on my head
    My hand as hard as rock
    That scratches if you touch it
    My address:
    I am from a forgotten abandoned village
    Its streets nameless
    All its men in the fields and quarries
    Does this make you rage?
    Write it down!
    I am an Arab.
    You have stolen my ancestors’ groves
    And the land we cultivated
    I and all my children
    Leaving nothing for us and all my grandchildren
    Except these rocks
    Will your government take them
    Like people say?
    Therefore,
    Write down on the top of the first page:
    I do not hate people
    And I do not steal from anyone
    But if I starve
    I will eat my oppressor’s flesh
    Beware, beware of my starving
    And my rage.

    1964. Translated from Arabic by Salman Masalha and Vivian Eden

    In yet another swipe by Prime Minister Benjamin Netanyahu’s government at freedom of the press, Defense Minister Avigdor Lieberman summoned Army Radio commander Yaron Dekel for a dressing-down over the broadcast last week of a discussion of this poem by Palestinian poet Mahmoud Darwish – in a series on formative Israeli texts on the station’s “University on the Air” program.

    Earlier, Culture and Sport Minister Miri Regev slammed the radio station, which has been on the government’s hit list for a while, for having “gone off the rails.”

    #darwish for ever

    • Inscris « Je suis Arabe », Mahmoud Darwich

      Inscris !
      Je suis Arabe
      Le numéro de ma carte : cinquante mille
      Nombre d’enfants : huit
      Et le neuvième. . . arrivera après l’été !
      Et te voilà furieux !

      Inscris !
      Je suis Arabe
      Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
      Et j’ai huit bambins
      Leur galette de pain
      Les vêtements, leur cahier d’écolier
      Je les tire des rochers. . .
      Oh ! je n’irai pas quémander l’aumône à ta porte
      Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
      Et te voilà furieux !

      Inscris !
      Je suis Arabe
      Sans nom de famille – je suis mon prénom
      « Patient infiniment » dans un pays où tous
      Vivent sur les braises de la Colère
      Mes racines. . .
      Avant la naissance du temps elles prirent pied
      Avant l’effusion de la durée
      Avant le cyprès et l’olivier
      . . .avant l’éclosion de l’herbe
      Mon père. . . est d’une famille de laboureurs
      N’a rien avec messieurs les notables
      Mon grand-père était paysan – être
      Sans valeur – ni ascendance.
      Ma maison, une hutte de gardien
      En troncs et en roseaux
      Voilà qui je suis – cela te plaît-il ?
      Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.

      Inscris !
      Je suis Arabe
      Mes cheveux. . . couleur du charbon
      Mes yeux. . . couleur de café
      Signes particuliers :
      Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
      Et ma paume est dure comme une pierre
      . . .elle écorche celui qui la serre
      La nourriture que je préfère c’est
      L’huile d’olive et le thym

      Mon adresse :
      Je suis d’un village isolé. . .
      Où les rues n’ont plus de noms
      Et tous les hommes. . . à la carrière comme au champ
      Aiment bien le communisme
      Inscris !
      Je suis Arabe
      Et te voilà furieux !

      Inscris
      Que je suis Arabe
      Que tu as rafflé les vignes de mes pères
      Et la terre que je cultivais
      Moi et mes enfants ensemble
      Tu nous as tout pris hormis
      Pour la survie de mes petits-fils
      Les rochers que voici
      Mais votre gouvernement va les saisir aussi
      . . .à ce que l’on dit !

      DONC

      Inscris !
      En tête du premier feuillet
      Que je n’ai pas de haine pour les hommes
      Que je n’assaille personne mais que
      Si j’ai faim
      Je mange la chair de mon Usurpateur
      Gare ! Gare ! Gare
      À ma fureur !

    • The Late Palestinian National Poet Will Continue to Haunt Israel

      Mahmoud Darwish insists on mentioning what Israelis don’t want to acknowledge: A great sin took place here when the State of Israel was founded in 1948.
      Gideon Levy Jul 23, 2016 11:53 PM
      http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.732885

      The specter of Palestinian national poet Mahmoud Darwish will never leave us. Every few years, a witch hunt will erupt over his poetry, stirring emotions and riling Israelis until they compare him to Hitler. It subsides but then revives again. There’s no escaping it. None of the ghosts of the 1948 War of Independence will leave us until we recognize the guilt, acknowledge the sin and take responsibility for it by apologizing, paying compensation and, above all, changing ourselves. Until then, the ghosts will continue to torment us and not give us rest.

      The most recent Darwish scandal, which was fanned by two ignorant ministers – Culture and Sports Minister Miri Regev and Defense Minister Avigdor Lieberman, whom it’s doubtful ever read a Darwish poem – is another link in the chain. Even in their ignorance, the two knew whom to attack. They knew that, more than any other figure, Darwish hits Israeli society’s most sensitive nerve and drives Israelis crazy every time. They always try to cover up any way they can – concealing, denying, lying and repressing – but always without success.

      Darwish touches on the original sin, which makes him Hitler. He exposes the gaping wound, which makes him off-limits. If Israelis had been convinced that there was no sin and no bleeding wound, they wouldn’t have been so afraid of his poetry. If they were convinced that everything had been done properly back then, in 1948, and that nothing could have been different, Darwish would have been left to the realm of literature departments.

      But the late poet insists on mentioning what Israelis don’t want to know: a great sin took place here. The establishment of Israel – just as it was – was accompanied by the unforgiveable crime of ethnic cleansing of wide parts of the country. No Jewish National Fund grove can cover up the moral ruins on which the state was built. Israel added insult to injury by not allowing the Palestinians who were expelled or fled to return. A thousand historical testimonies, which we also avoid like fire, are not equal to one line of Darwish poetry: “Where will you take me, my father?”

      I will never forget that punch to the stomach, or rather, the dagger to my heart, from the Spring 1996 issue of the Hebrew journal Hadarim, edited by Halit Yeshurun. A dozen pages of Darwish poems from “Why Did You Leave the Horse Alone?” (translated into Hebrew by Anton Shammas): “And who will live in the house after us, my father? / The house, my son, will remain as it was! / Why did you leave the horse alone? / To keep the house company, my son. / When their residents go, the houses will die. / Together we will hold on / until we return. / When, my father? / Tomorrow, my son, and perhaps in another day or two! / That tomorrow trailed behind them, chewing the wind / in the endless winter nights.”

      I didn’t know at the time, and don’t know today, what we as Israelis do with those lines. With: “In our hut, the enemy rids himself of his rifle / which he lays on my grandfather’s chair. He eats of our bread / like guests do, and without being moved. Grabs a little nap / on the bamboo chair.”

      Or: “Ask how my home is doing, foreign sir. / My small coffee cups / of our bitter coffee / still left as they were. Will it enter your nose / the scent of our fingers on the cups?” Or: “And I will carry the yearning / until / my beginning and until its beginning / and I will go on my way / until my end and until its end”!

      Darwish’s end came too early, unfortunately, and some time ago, in 2008. But it was not the end of his poetry – just ask Regev and Lieberman. The year 1948 was also some time ago but, just like Darwish’s poetry, it has never ended, not even for a moment. Israel has never altered its conduct – not its violent and overbearing approach to the Palestinians, who were born here, not their dispossession, the occupation and sometimes also their expulsions.

      In 2016, Israel is handling the Palestinians exactly like it did in 1948. That’s why Darwish isn’t leaving Israel alone, and that’s why he’s so frightening to the country: He confronts Israel with the most primordial truth about itself.

  • Le «spectre» de l’espoir de #Mahmoud_Darwich
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/010516/le-spectre-de-l-espoir-de-mahmoud-darwich

    « Je continue à apprendre la marche difficile sur le long chemin du poème que je n’ai pas encore écrit », avait bien signifié, en préface à La terre nous est étroite, celui que son image publique a désigné « comme “le poète de la #Palestine” ». Dernier livre traduit à découvrir de Mahmoud Darwich, Présente Absence retrace et illumine sa vie par son œuvre en un stupéfiant entretien noué par lui-même avec son double créateur.

    #Culture-Idées #poésie_arabe #Sindbad

  • Le réquisitoire du grand poète syrien Adonis contre la religion musulmane.
    https://www.slate.fr/story/117143/poete-adonis-requisitoire-religion-musulmane

    Ce livre a surgi d’un questionnement, ou plutôt d’un cri. Né en 1930 en Syrie, dans le village alaouite de Qassabin, entre Tartous et Lattaquié, Ali Ahmed Saïd Esber est devenu Adonis à l’âge de 17 ans. Il est aujourd’hui le dernier grand poète arabe contemporain depuis que les voix de son compatriote Nizar Kabbani (mort en 1998) et du Palestinien Mahmoud Darwich (mort en 2008) se sont tues.

    #psychanalyste #islam #coran

  • Simone Bitton - RFI - En Sol majeur de Yasmine Chouaki.
    http://www.rfi.fr/emission/20160313-simone-bitton
    http://telechargement.rfi.fr/rfi/francais/audio/magazines/r194/en_sol_majeur_20160313.mp3

    Le 11ème Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient aura lieu du 29 mars au 17 avril 2016 : vous pourrez y rencontrer, (si vous êtes en Ile-de-France), des réalisateurs égyptiens, libanais, syriens, palestiniens qui font des films au regard singulier. C’est le cas de Simone Bitton, cinéaste juive arabe, dont les films forcent ou l’admiration ou l’indignation. Deux de ses films seront présentés lors d’un Focus Palestine : Mahmoud Darwich et la terre comme la langue et Rachel. Réalisatrice d’exception qui voyage entre la France, Israël, le Maroc et le cinéma, Simone Bitton est dans le fauteuil d’En Sol Majeur aujourd’hui ...

  • L’Autorité palestinienne traite son propre peuple comme un ennemi (Amira Hass) –
    Publié le 24 février 2016 sur Haaretz | Traduction : Jean-Marie Flémal
    http://www.pourlapalestine.be/lautorite-palestinienne-traite-son-propre-peuple-comme-un-ennemi

    Hier, les services de sécurité de l’AP ont installé des check-points en boucle autour des enclaves de la Zone A, où Israël permet à la police palestinienne de porter des armes. Ils ont fait descendre les enseignants des autocars et les ont menacés de confisquer leurs cartes d’identité. Les autocars affrétés pour transporter les enseignants ont reçu l’ordre de rentrer chez eux. Aux chauffeurs de taxi, on a dit qu’ils perdraient leur licence s’ils transportaient des manifestants.

    Ceux qui se sont arrangés pour atteindre l’enclave de Ramallah et d’El Bireh se sont heurtés aux check-points supplémentaires qu’on avait installés et sont restés bloqués dans de longues files de véhicules complètement à l’arrêt. À Ramallah même, le personnel de sécurité a bloqué les rues entre l’immeuble hébergeant le Conseil législatif palestinien et celui où se trouve le cabinet du Premier ministre.

    À 11 heures du matin, hier, un millier d’enseignants environ s’étaient déjà rassemblés place Mahmoud Darwich, en face du cabinet du Premier ministre. Des centaines d’autres affluaient à pied, en un flot incessant, depuis les rues voisines. Progressivement, la place s’est remplie.

    « Nous, qui pouvons franchir les check-points des Juifs, nous ne parviendrions pas à franchir les check-points de l’AP ? », ont déclaré des enseignants venus de la zone de Hébron. « Nous ne les avons pas vus installer des check-points pour empêcher l’occupation [= l’armée israélienne] de faire irruption en cassant tout dans nos villages et nos maisons », s’est écrié un auditeur en colère sur une chaîne de radio locale.(...)

  • الجزائر : فضيحة “شعرية” تهز امتحانات اللغة العربية للثانوية العامة | رأي اليوم
    http://www.raialyoum.com/?p=268968

    Scandale au bac en Algérie : dans une des questions en langue et littérature arabes, le "spécialiste" du ministère a confondu Nizar Qabbani avec Mahmoud Darwich !

    (pour les arabophones, le lien vers le poème en question
    شعراء الأرض المحتلة
    http://www.khayma.com/almoudaress/chire/Mouhtallah.htm)

  • La Palestine comme métaphore

    « J’ai trouvé que la terre était fragile, et la mer, légère ; j’ai appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour fournir un lieu au lieu. (…) N’ayant pu trouver ma place sur la terre, j’ai tenté de la trouver dans l’Histoire. Et l’Histoire ne peut se réduire à une compensation de la géographie perdue. C’est également un point d’observation des ombres, de soi et de l’Autre, saisis dans un cheminement humain plus complexe. (…) Est-ce là simple ruse artistique, simple emprunt ? Est-ce, au contraire, le désespoir qui prend corps ? La réponse n’a aucune importance. L’essentiel est que j’ai trouvé ainsi une plus grande capacité lyrique, et un passage du relatif vers l’absolu. Une ouverture, pour que j’inscrive le national dans l’universel, pour que la Palestine ne se limite pas à la Palestine, mais qu’elle fonde sa légitimité esthétique dans un espace humain plus vaste. »

    Mahmoud #Darwich

  • #Rita
    http://www.larevuedesressources.org/rita,2796.html

    [...] En effet, Darwich était seul, trop pudique pour évoquer sa vie privée, on ne lui a jamais connu de compagne... sauf cette fameuse Rita qui est venue hanter certains de ses recueils, Rita cet #Amour fulgurant, cette passion magistrale qui dura deux années et se solda par un échec car elle était juive, et la #Guerre de 1967 se chargea de briser leur passion : un arabe amoureux d’une juive, et vice-versa, c’était intolérable pour les communautés respectives, c’était trop beau pour que le monde (...)

    #Poésie

    / Poésie, #Palestine, Amour, #Mahmoud_Darwich, Guerre, Rita

    #Poésie_

  • Poètes d’une parole essentielle
    par par K. Selim
    http://www.lequotidien-oran.com/?news=5201935

    Les Palestiniens survivants qui continuent de sortir les corps des décombres de Gaza pour les enterrer dans la dignité, en serrant les dents, suivent avec attention et émotion les nouvelles de la bataille que livre leur immense poète Samih Al-Qassim à la mort. Atteint d’un cancer du foie depuis trois ans, l’état de santé de Samih Al-Qasim s’est dégradé ces derniers jours. Et tout le monde s’est souvenu que c’est au mois d’août 2008 que son complice et « jumeau » de la poésie de résistance, Mahmoud Darwich, a tiré sa révérence.

    Pourquoi les Palestiniens, qui meurent si facilement dans le silence ou dans si peu de bruit, sont-ils à ce point attachés à leurs poètes au point de ne pas se résigner à les voir partir ? Probablement parce que leur voix dit l’essentiel de leur humanité de manière si forte, si puissante et si humaine qu’elle transcende tous les clivages et dépasse tous les discours politiques. Les Palestiniens ont été bouleversés par le départ de Mahmoud Darwich, mais ils ont découvert, durant ces années d’absence, combien sa présence est forte. Ils ont pu voir combien ses mots continuaient à creuser des sillons profonds dans les consciences. Combien ils gardaient intacte la vérité d’un combat qui, comme c’est le cas de tous les mouvements de libération, connaît des hauts et des bas.

    Samih Al-Qassim dont les poèmes - comme ceux de Mahmoud Darwich - ont été amplifiés avec grand art par Marcel Khalifa, est de la même stature que son « jumeau ». Il ne prétend pas au statut de « porte-parole », un vilain mot que les poètes ne peuvent que réprouver ou tourner en dérision comme Samih sait si bien le faire. Lui et Mahmoud ne sont pas des porte-paroles. Ils sont cependant la parole palestinienne par excellence. Samih Al-Qassim est un résistant. Dans tous les sens du terme, un homme qui ne plie pas, qui ne cède pas, qui contrarie, qui combat. Sans être un surhomme. Juste en étant un homme, qui aime la terre, le pain, les choses de la vie… Un homme qui considère que le cancer qu’il a dans son corps est moins grave et moins sournois que le « cancer de l’occupation ».

    Pourquoi les Palestiniens ne se résignent pas à perdre leurs poètes ? Parce que leur voix est une thérapie contre l’oppression. Des voix qui reconstruisent continuellement, dans la colère, dans l’amour, dans l’odeur du pain et du café au matin, dans le geste pudique et tendre de la mère, un pays volé et interdit. Ils deviennent ainsi les créateurs d’une mémoire vivante, des constructeurs et des accumulateurs de sens pour un peuple mené d’un absurde à l’autre, d’une injustice à l’autre.

    « Je sais que mon corps est ton lit…
    Et mon âme ton drap /
    Je sais que tes rives se rétrécissent sur moi… Je ne t’aime pas ô mort. Mais je n’ai pas peur de toi », a écrit Samih Al-Qassim dans une déclamation de défiance au mal qui le ronge. Et il n’en a pas peur vraiment. Certes, il aimerait encore un peu de temps, il a des choses à faire sur cette terre, marier un fils, terminer un livre, engager une autre œuvre. Mais si elle vient, dit-il avec son humour indestructible, « Toz, fiha ». C’est qu’il est déjà vainqueur. Comme Mahmoud. Ses poèmes-chansons, appris en Palestine et au-delà, continueront à résonner dans les cœurs et à perpétuer le combat par-delà la mort.

    Les Palestiniens aiment leurs poètes parce que nul ne les exprime aussi bien. Sur la page Facebook des amis du poète, les messages sont nombreux et poignants. Il est leur voix ce poète qui a dit : « Moi, sur mon dos il y a des rochers mais il n’a point plié ».

    Samih al-Qassim est décédé aujourd’hui

    Je résisterai
    http://www.pourlapalestine.be/index.php?option=com_content&view=article&id=72:je-resisterai&catid=

    Je résisterai

    Même si tu prenais mon dernier pouce de terre
    Même si tu m’enfermais entre mille murailles
    Même si tu brûlais mes poèmes et mes livres
    Même si tu donnais ma chair en pâture aux chiens
    Même si ton cauchemar hantait nos demeures
    Même si tu surprenais ma tristesse cachée

    jusqu’à la dernière pulsation de mes veines,
    je résisterai
    je résisterai.

    Samih al-Qassim

    Source : Mémoires palestiniennes. La terre dans la tête. Anwar Abu Eishe. Clancier-Guénaud.