• Le Qatar peine à endiguer la propagation du virus chez les travailleurs migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/16/le-qatar-peine-a-endiguer-la-propagation-du-virus-chez-les-travailleurs-migr

    L’un des principaux facteurs de la propagation avancé est la promiscuité dans laquelle vit une partie des travailleurs migrants – d’origine indienne, népalaise, sri lankaise ou bangladaise – qui représentent 90 % de la population de la presqu’île. Même si les autorités ont construit ces dernières années de gigantesques cités ouvrières, où les employés des chantiers de l’émirat dorment à quatre par chambre de 25 m2, dans des conditions à peu près décentes, un nombre substantiel d’entre eux continuent à s’entasser à huit dans des turnes insalubres, moitié moins grandes, où la distanciation sociale est tout bonnement impossible.
    Les gestes barrières ne sont guère plus faciles à appliquer sur les sites de construction, où le travail n’a jamais cessé depuis l’arrivée du coronavirus. L’approche du Mondial de football de 2022, organisé dans l’émirat, impose de poursuivre l’édification des stades et des infrastructures nécessaires à la compétition. L’impact exact des mesures prises par les autorités pour éviter les cohues, propices à la transmission du virus – comme la désinfection des bus transportant les ouvriers et l’étalement des arrivées et des départs – reste difficile à mesurer.

    #Covid-19#migrant#migration#Qatar#travailleurs-migrants#propagation@test#promiscuité#distanciation-sociale#Inde#Bangladesh#Népal#SriLanka#santé#condition-travail

  • Coronavirus : les chauffeurs routiers, source d’inquiétude en Afrique de l’Est
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/05/13/coronavirus-les-chauffeurs-routiers-source-d-inquietude-en-afrique-de-l-est_

    Alors que la plupart des pays est-africains ont restreint les déplacements pour enrayer la propagation du coronavirus, les routiers font partie des rares à pouvoir circuler et livrer leurs précieuses marchandises, souvent des vivres, à l’ensemble de la région. Mais des tests réalisés aux frontières ont révélé un nombre de cas élevé parmi eux et mis en lumière les risques de les voir propager le virus. Le président ougandais, Yoweri Museveni, a d’ailleurs récemment estimé qu’ils constituaient une source d’inquiétude pour l’Afrique de l’Est.
    L’Ouganda, qui a recensé au total 126 cas de Covid-19, a mené des milliers de tests sur les chauffeurs routiers, dont 51, essentiellement des Kényans et des Tanzaniens, se sont révélés positifs au coronavirus. Le Rwanda voisin indique depuis trois semaines que le nombre de cas sur son territoire (actuellement 286) « reflète une augmentation de cas parmi les routiers et leurs assistants », sans préciser leur nombre exact. Ailleurs, au Kenya, en RDC ou au Soudan du Sud, des conducteurs de camion ont aussi été testés positifs.

    #Covid-19#circulation#routiers#propagation#virus#test#frontières#Ouganda#Kenya#soudan#RDC#Tanzanie#Rwanda#circulations

  • #Covid-19 : les campagnes moins touchées que les villes ?

    La pandémie de Covid-19 touche-t-elle moins les campagnes que les grandes villes ? En croisant plusieurs ressources cartographiques et statistiques, l’urbaniste Clément Payet formule de premières hypothèses.

    Dans le cadre de la lutte contre la pandémie en cours, le confinement de la population permet de ralentir la propagation du virus et d’éviter une saturation des hôpitaux. Cette mesure qui affecte tant la vie socio-économique fournit aussi l’occasion de formuler, à partir d’une observation statistique et cartographique, quelques pistes de réflexion quant à la propagation du virus dans les territoires. L’esquisse d’analyse qui suit ne prétend pas déduire, réaffirmer, confirmer ou contredire les données scientifiques existantes, ni de se positionner sur les relations entre villes et campagnes. Les observations et chiffres cités devront être affinés en prenant en compte les personnes testées ou non, asymptomatiques, isolées, les capacités des hôpitaux, le nombre de transferts de patients effectués entre structures de soins et territoires, le temps de propagation à long terme du virus, les mobilités entre métropoles, campagnes urbaines, villes moyennes ou campagnes éloignées, le taux de pollution, etc. Le temps venu, il conviendra de changer d’échelle d’observation afin d’affiner cette première analyse [1].

    D’après les premières informations rendues disponibles par les épidémiologistes et notamment par Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’École des hautes études en santé publique à Rennes [2], le virus s’est répandu dans quasiment toutes les régions depuis le début du mois de mars, soit une dizaine de jours avant le début du confinement (17 mars). Mais les campagnes seraient-elles plus épargnées par ce virus que les grandes villes ?

    Cet article s’appuie sur les cartes du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) et notamment sur celle illustrant les « Campagnes des villes, du littoral et des vallées urbanisées », afin de distinguer les espaces urbanisés de différents espaces ruraux. Les campagnes désignent les territoires ruraux, c’est-à-dire ceux qui sont peu densément peuplés, avec un nombre d’habitants au kilomètre carré relativement moyen ou faible (entre 10 et 40 hab./km²). Les villes, quant à elles, sont ici pour l’essentiel les métropoles (Paris, Lyon, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Toulouse, etc.) et leur périphérie (villes et villages sous influence urbaine). Ce sont des territoires densément peuplés (entre 113 et 3 000 hab/km²). L’utilisation des outils et données cartographiques semble être un atout pour comprendre la dynamique de propagation du virus dans ces territoires et l’interrelation indiscutable entre ces derniers. Les éléments ci-dessous apportent donc une observation géographique à la compréhension de la propagation du virus sur le territoire français en s’intéressant à l’occupation de l’espace, aux enjeux de la densification des espaces urbanisés, ainsi qu’à la typologie des lieux urbanisés et ruraux et aux mobilités quotidiennes.
    Typologie et cartographie

    Pour développer de premières hypothèses, la démarche a consisté à croiser plusieurs données cartographiques permettant de disposer d’une typologie des territoires :
    – les cartes du Commissariat général à l’égalité des territoires, ou Agence nationale pour la cohésion des territoires (CGET-ANCT), qui catégorisent les campagnes françaises, identifient la part des personnes âgées dans les territoires et l’accès aux soins ;
    – les cartes du gouvernement et de l’Environmental systems research institute (ESRI-France), basées sur les données de Santé publique France relatives au Covid-19 et montrant les cas hospitalisés, les décès et le nombre de lits en réanimation disponibles par département ;
    – celles de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sur les déplacements de population avant le confinement.

    En simplifiant, les villes et leurs périphéries sont représentées en blanc sur cette carte du CGET-ANCT « Campagnes des villes, du littoral et des vallées urbanisées » (figure 2), et les campagnes en gris, en orange et en rouge. Ainsi, c’est presque tout le territoire français qui est considéré comme peu dense. Les départements « ruraux » sont avant tout ceux situés en altitude (Pyrénées, Alpes, Cévennes, Massif central). Alternant les couleurs rouge et orange, nombre d’entre eux sont répartis des Pyrénées aux Vosges en passant par la Nièvre, le Cantal, le Gers, etc. Les autres se trouvent autour de Paris jusqu’à la pointe bretonne et la pointe nord du territoire.

    Davantage d’hospitalisations dans les espaces urbanisés

    En superposant les données de Santé publique France à celles des cartes du gouvernement et de l’ESRI-France, nous observons plusieurs tendances. Les effectifs hospitalisés (rond rouge, figure 3) sont plus élevés dans les départements des grandes villes que dans les départements peu denses (rouge-orange, figure 2). Ceci s’explique en partie par le fait qu’une population plus importante dans les territoires denses augmente le risque de contamination et d’hospitalisation, mais aussi par un nombre important de services de soins et d’équipes médicales dans ces territoires, prenant en charge davantage de patients que dans d’autres moins peuplés. Autre supposition, complémentaire : le nombre de patients hospitalisés serait plus important dans les territoires urbanisés en raison des transferts de patients depuis les secteurs peu denses et moins équipés en services, moyens humains et matériels, vers les territoires denses et mieux équipés.

    On peut supposer également que les transferts de patients par l’armée ou par les trains ne se sont produits qu’entre grandes villes, et que les cas infectés dans chaque département sont pris en charge localement. De ce point de vue, en prenant le ratio (nombre d’hospitalisés pour 100 000 habitants) représenté par les couleurs jaune-orange, orange foncé et rouge (ESRI-France), il semble que les territoires les moins densément peuplés, figurés en jaune clair, jaune orangé et orange (figure 2), soient moins touchés, avec moins d’hospitalisations que les départements des grandes villes (rouge foncé, figure 3).
    Répartition spatiale : exceptions « rurales » et corridors urbanisés

    Une exception se dégage toutefois. Les départements les moins peuplés (figure 2) entre Paris et Strasbourg comptent énormément d’hospitalisations : Aube, Haute-Marne, Marne, Meuse, Vosges apparaissent en rouge (figure 3). Ici, nous supposons qu’il faudrait aussi prendre en compte les flux, c’est-à-dire les déplacements. C’est ce qui a justifié la mesure du confinement général de la population : plus de déplacements = plus de probabilité de contamination = plus de cas = plus d’hospitalisations = plus de décès éventuels. Cette zone géographique inclut notamment un axe passant et économique entre deux grandes métropoles, densément peuplées. Des personnes infectées auraient pu ainsi effectuer des déplacements domicile-travail, professionnels ou autres vers ces territoires moins denses, propageant le virus dans ces départements globalement « ruraux ».

    D’autre part, cette situation pourrait encore s’expliquer par le nombre de personnes infectées, admises et soignées dans un hôpital autre que celui de leur département d’origine. Ces départements « ruraux » verraient ainsi leur nombre d’hospitalisations augmenter avec des patients venant d’autres territoires plus urbanisés. Enfin, il conviendra de s’interroger plus en détail sur les territoires de montagnes proches de l’Italie.

    Le nombre de décès rapporté est important sur un autre axe Strasbourg-Lyon-Marseille. Assez fréquentés en termes de trafic et de transferts, de tels axes sont aussi plus denses et urbanisés que les autres départements et desservent de nombreuses villes (corridor de couleur verte sur la figure 2). La question des flux, facteur de circulation du virus, se pose ici sans aucun doute. Le nombre important d’hospitalisations et de décès s’expliquerait dans les campagnes sous influence de ces grandes villes (Ardèche, Vosges, etc.).
    Des déplacements vers des territoires « urbains et ruraux »

    Sur la carte de l’INSEE effectuée à partir des données de l’opérateur de téléphonie mobile Orange pour représenter les déplacements de personnes depuis Paris vers les « campagnes » (17 % de Parisiens en déplacement juste avant le début du confinement), et en supposant que certaines de ces personnes étaient porteuses du Covid-19, on peut faire l’hypothèse que ces dernières seraient essentiellement allées vers l’est et le sud-est de la France, et notamment le long d’un axe Strasbourg (plutôt Vosges et Ardennes)-Lyon-Marseille. Ainsi, les départements les plus touchés en termes d’hospitalisations et de décès sont aussi ceux où un nombre important de personnes sont présentes en nuitée, selon la carte de l’INSEE [3]. Les départements « ruraux » comme « urbains » sont touchés sur cet axe.

    Certains départements « ruraux » font exception

    L’Ardèche et la Drôme, relativement peu denses (figure 2), ont vu leur taux de nuitée augmenter de plus de 4 % ; or, les cas hospitalisés et les décès sont également importants dans ces deux départements. Certes, ce ne sont là que des observations cartographiques basées sur des statistiques, et qui devront être étoffées et affinées. À titre de contre-exemple, le Gers a connu une arrivée importante de personnes en provenance de Paris mais, avec des cas d’infection ayant conduit à une hospitalisation et des cas de décès moins nombreux que d’autres territoires (bien que le département soit plus touché que ceux situés à proximité).

    Les cas de la Meuse, Aisne, Vosges (rouge, figure 3), territoires « ruraux », nous interrogent. Dans ces territoires peu densément peuplés, le nombre de décès est assez important en termes de ratio ou d’effectif. Ceci pourrait s’expliquer par l’arrivée de patients hospitalisés issus d’autres départements, venus gonfler les effectifs dans ces trois départements (à quoi il faut ajouter le facteur des déplacements mentionnés plus haut).

    Enfin, l’Indre et l’Aude ressortent en orange foncé (figure 3) en termes d’hospitalisation et de décès par rapport aux autres départements situés à proximité (jaune clair ou jaune orangé). Cela est-il dû aux déplacements avant le confinement ? Ou bien le fait de disposer d’axes et de liaisons (aériens, ferroviaires, routiers) moins importants et moins nombreux réduirait-il la circulation du virus dans les départements limitrophes ?

    Certains territoires dits « ruraux » ou moins denses sont donc également touchés par rapport aux territoires plus densifiés, avec un nombre important de cas infectés ou de décès : ceci peut s’expliquer par leur situation géographique (proximité d’aires urbaines importantes, d’axes de communication fréquentés) ou (de manière non exclusive) par une augmentation de personnes infectées due aux déplacements effectués avant le confinement de la région parisienne vers ces territoires.
    Des hôpitaux saturés et des services publics quotidiens au ralenti en milieu rural

    Au-delà d’une opposition typologique entre villes et campagnes (dont le confinement fait observer l’interdépendance : soutien de la population aux producteurs locaux, incitation ministérielle à aider les agriculteurs, renforcement des circuits courts, augmentation du nombre d’habitants dans certaines communes profitant aux commerces locaux, etc.), en termes d’accès aux services publics dans les lieux habités des territoires peu denses, le confinement pourrait être un inconvénient socio-économique pour les territoires ruraux. Des services publics – ou ayant récemment perdu leur statut public – sont fermés ou tournent au ralenti, comme les postes. Les maires de nombreux villages ou bourgs s’opposent à la fermeture de ces établissements nécessaires à la vie quotidienne des populations, en particulier vieillissantes (et à risques).

    Dans les hôpitaux, le nombre de lits des services de réanimation varie selon les territoires, en fonction du nombre d’habitants. Selon la carte de l’ESRI-France et du gouvernement, certains territoires ruraux seraient en « surcapacité » – c’est-à-dire en surcharge ou en saturation : les lits de réanimation disponibles et occupés étant en insuffisance par rapport au nombre de patients. L’Ardèche, département « rural », est à 313 % de surcapacité avec 25 patients en réanimation pour 8 lits ; les Vosges sont à 363 % (29 patients pour 8 lits), la Creuse à 188 % (15 patients pour 8 lits), la Seine-et-Marne à 269 % (207 patients pour 77 lits).

    En Seine-et-Marne, la population proche de Paris est plus importante, ce qui peut expliquer un nombre important de patients hospitalisés, en plus des transferts supposés inter-hôpitaux au sein de l’Île-de-France. Une « surcapacité » des lits disponibles et occupés s’observe de manière globale sur la partie est de la France : du Vaucluse au Pas-de-Calais en passant par le Loir-et-Cher et de nombreux territoires ruraux. Là aussi, il faudrait comptabiliser, s’il y a lieu, les cas autochtones traités dans le département d’origine ou bien les transferts de patients effectués. Par rapport au nombre d’habitants et aux capacités des hôpitaux en temps normal, les territoires ruraux de l’Ardèche au Pas-de-Calais sont en « surcapacité » par rapport aux territoires plus denses alors que, globalement, ces territoires sont moins touchés par le virus. Ces observations retrouvent néanmoins l’axe fortement urbanisé Marseille-Lyon-Nord-Strasbourg.

    Distanciation spatiale

    L’utilisation des outils et données cartographiques permet d’observer de nombreuses dynamiques en lien avec l’occupation de l’espace, la typologie des lieux urbanisés et ruraux et les moyens utilisés par la population afin d’occuper ces espaces. De manière globale, plus nous nous dirigeons vers l’ouest et le sud-ouest de la France, moins les cas infectés et les décès sont nombreux. Des territoires ruraux sont plus touchés que d’autres. Inversement, plus nous nous dirigeons vers le nord-est et l’est et plus le nombre de territoires touchés augmente.

    L’influence des territoires fortement urbanisés et densifiés se traduit ici dans la propagation des territoires ruraux limitrophes. L’axe nord-sud, du Pas-de-Calais aux Bouches-du-Rhône, est le plus touché. Enfin, le nombre de décès est important dans les départements limitrophes de Paris. Il sera intéressant, en changeant d’échelle, de voir si à mesure qu’on s’éloigne de Paris (ou d’autres métropoles, dans le corridor peu dense – « campagne urbaine » –, par exemple Clermont-Ferrand), le nombre de personnes infectées diminue.

    D’un côté, la distanciation spatiale par les reliefs et les grands espaces, les infrastructures de communication et l’utilisation de la voiture, jouent un rôle de barrière entre territoires plus impactés par le virus et territoires relativement épargnés. De l’autre, cette analyse cartographique permet d’observer une véritable interrelation entre les territoires (campagne sous influence urbaine), et pose ainsi la question de la densité dans les villes comme un indicateur à réinterroger dans le cadre d’un urbanisme plus durable et plus sain.

    Le confinement et l’éloignement géographique entre territoires seraient donc des indicateurs permettant de mesurer le taux de propagation du virus. Les « campagnes » apparaissent relativement moins touchées. Mais les déplacements avant le confinement vers ces « campagnes », les déplacements ponctuels (achats, aides, etc.) pourraient être d’autres facteurs de circulation du virus dans les territoires ruraux.

    Cette première observation spatiale du Covid-19 entre territoires dense et peu dense, entre villes et campagnes, devra être affinée et confrontée à d’autres indicateurs et échelles cartographiques. Les tests à grande échelle, le nombre de cas par commune et le nombre de transferts permettront sans doute d’y voir plus clair. Le facteur temporel de propagation du virus le long d’un axe allant du nord-est au sud-ouest du territoire devra être observé à moyen et à long terme. Le taux de pollution devra être pris en compte car, selon certaines études scientifiques, il y aurait un lien entre pollution et nombre de décès du Covid-19 [4]. Cet indicateur rapporté aux territoires et au nombre de décès du virus renvoie à la question des territoires urbanisés soumis à un taux de pollution plus élevé que les territoires peu denses (même si d’autres types de pollution existent dans les campagnes).

    Il faudra aller au-delà de l’observation est/ouest de la France, car des exceptions géographiques territoriales existent ; certains territoires fortement « métropolisés » (comme la Haute-Garonne) sont moins touchés par le virus que d’autres. Des territoires ruraux situés à proximité de « clusters » (Oise, Alsace) sont touchés également. En outre, comme indiqué plus haut, il faudra affiner les observations entre métropoles et villes moyennes, campagnes urbaines et éloignées, etc. Et les villes moyennes semblent plus fortement touchées [5]. Enfin, les flux migratoires de Paris vers les territoires littoraux seraient à étudier en détail.

    La campagne serait-elle une zone de refuge face aux virus ? Faut-il s’attendre à un regain de population dans les campagnes ? Oui et non. Beaucoup d’entre elles, à proximité de nombreux services et sous influence urbaine, sont touchées par le virus. La ville, comme la campagne, a des avantages et des inconvénients. Mais ces premières observations géographiques ouvrent d’autres questions problématiques : l’influence des espaces urbanisés sur les campagnes, les axes de communication nécessaires au bon fonctionnement des territoires ruraux, le rapport avec l’espace qui nous entoure, le sentiment d’éloignement dans certains territoires, une progression de l’étalement urbain, le développement de services dans les campagnes pour assurer les besoins des nouveaux arrivants… Un autre enjeu à prendre en compte est que les villes pourraient rester prioritairement alimentées et sécurisées (services, soins, etc.) lors de nouvelles pandémies [6].

    https://www.metropolitiques.eu/Covid-19-les-campagnes-moins-touchees-que-les-villes.html
    #coronavirus #cartographie #visualisation #données #campagnes #villes #distanciation_sociale #hospitalisation #épidémiologie #propagation #corridors_urbanisés #répartition_spatiale #démographie #structure_démographique #âge

    ping @reka @simplicissimus

  • Le coronavirus se propage-t-il par voie aérienne ? Publications et désaccords
    Par Amélie Poinssot
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290420/le-coronavirus-se-propage-t-il-par-voie-aerienne-publications-et-desaccord

    Une nouvelle étude italienne, contestée, a trouvé des traces d’ARN du Covid-19 sur des particules fines à Bergame, la ville de la péninsule la plus touchée par l’épidémie. Une étude américaine montre que le virus peut rester viable trois heures dans l’air. Tour d’horizon des dernières publications scientifiques.

    C’est l’impensé des politiques publiques actuelles, et un champ encore largement inexploré. Le Covid-19 pourrait-il se transmettre par voie aérienne ? Jusqu’à présent, seuls les contacts entre individus, gouttelettes humaines (toux, éternuement), et avec des surfaces infectées ont été reconnus par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme facteurs de transmission du coronavirus. Les mesures sanitaires ont été prises au regard de ces connaissances.

    Une étude italienne [1], publiée le 24 avril par la revue MedRχiν, ouvre de nouvelles perspectives et fait le lien avec la pollution atmosphérique. Ce travail provient de la même équipe qui avait mis en évidence, fin mars, que la plaine du Pô – région la plus industrialisée du pays et celle dont la concentration en particules fines a systématiquement dépassé la limite considérée comme acceptable de 50 mg/m³ (pendant la période examinée) – a connu, passé le délai des quatorze jours d’incubation de la maladie, la progression la plus forte du nombre de personnes infectées par le Covid. Elle avait alors émis l’hypothèse que les particules fines ont pu agir comme agent vecteur du virus et accélérer sa propagation, sans toutefois identifier une présence de Covid-19 sur ces particules.

    C’est chose faite cette fois-ci. À partir d’échantillons prélevés entre le 21 février et le 13 mars dans l’air de Bergame, la ville italienne la plus touchée par l’épidémie, ces chercheurs ont réussi, selon leurs résultats, à identifier sur certaines particules fines l’ARN du SARS-Cov-2, c’est-à-dire le matériel génétique du virus à l’origine de l’épidémie actuelle. Pour cela, ils ont fait analyser 35 échantillons de PM10 (particules fines d’un diamètre inférieur à 10 micromètres) par le laboratoire de l’université de Trieste et parallèlement par l’hôpital universitaire local : au total, sept d’entre eux ont été testés positifs à l’ARN du virus.


    Dans une rue de Paris, le 28 avril 2020. © Mehdi Taamallah / NurPhoto via AFP

    « C’est la première preuve préliminaire que l’ARN du SARS-Cov-2 peut être présent sur des particules en suspension, suggérant par conséquent que dans des conditions de stabilité atmosphérique et de fortes concentrations de particules fines, le SARS-Cov-2 pourrait créer des groupes avec des particules fines dans l’air et – en réduisant leur coefficient de diffusion – augmenter la persistance du virus dans l’atmosphère », concluent les chercheurs.

    Si cette hypothèse était avérée, cela signifierait que les zones denses en particules fines, donc les régions touchées par un fort trafic routier, la pollution industrielle ou encore l’agriculture intensive – trois facteurs réunis dans le cas de Bergame et de la plaine du Pô – favoriseraient la circulation du virus. Autrement dit, qu’il faudrait combattre la pollution tout autant qu’adopter la distanciation sociale pour freiner la propagation de la maladie.

    « Cette étude démontre que le virus peut être véhiculé par les particules fines mais on ne sait pas encore combien de temps il peut rester infectant dans l’air, ni si la charge virale est suffisante, explique le radiologue strasbourgeois Thomas Bourdrel, membre du collectif Air Santé Climat. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne peut pas y avoir une transmission de la maladie sur plusieurs kilomètres, mais une contamination sur courte distance – quelques dizaines ou centaines de mètres par exemple – en cas de pollution aux particules peut être envisagée. On peut imaginer également que dans un espace confiné chargé en particules comme le souterrain du métro, l’effet “transporteur” des particules pourrait avoir des conséquences importantes. »

    Cette étude cependant est à prendre avec des pincettes : elle n’a pas fait l’objet d’évaluation par les pairs, comme il est de règle dans la communauté scientifique ; ce n’est qu’une pré-publication. Le consortium Actris, réseau rassemblant des infrastructures de recherche européennes travaillant sur les aérosols atmosphériques, l’a d’ailleurs pointé dans un communiqué [2].

    « Il faut vérifier les procédures et la méthode utilisée, vérifier qu’il n’y a pas eu contamination pendant la manipulation », indique ainsi Jean-François Doussin, professeur de chimie atmosphérique à l’université Paris-Est-Créteil et au CNRS.

    Ce chercheur, qui travaille depuis plus de vingt ans sur la pollution, émet par ailleurs de sérieux doutes sur la conclusion de l’étude italienne. D’une part, la détection d’ARN du SARS-Cov-2 sur les particules fines ne donne aucune indication sur la question de savoir si le virus est contaminant ou pas : « On ne sait pas à partir de quelle quantité dans l’air le virus peut être infectieux. » D’autre part, « la probabilité pour que des particules de pollution s’agrègent avec des particules contenant le virus et le fassent voyager est extrêmement faible. Celles-ci n’ont d’ailleurs pas besoin de ces supports pour être transportées. »

    Les particules issues de l’évaporation des gouttelettes humaines, poursuit le chercheur, sont en effet susceptibles de véhiculer le virus. « En ce sens, l’aérocontamination est possible, et ce serait alors davantage dans les espaces fermés qu’en extérieur qu’il faudrait être vigilant. Cela pose la question de l’aération des bâtiments. »

    Sans vouloir nier le facteur environnement dans l’évolution de la maladie, Jean-François Doussin estime que, si une corrélation entre exposition à la pollution aux particules fines et propagation du Covid-19 était confirmée, c’est aussi du côté de la sensibilisation de l’organisme humain qu’il faudrait chercher, la pollution atmosphérique étant à l’origine de détresse respiratoire chronique et de maladies. « La pollution est responsable de 40 000 à 50 000 décès prématurés en France chaque année », rappelle-t-il.

    À l’université Clermont-Auvergne, le physicien Laurent Deguillaume et le microbiologiste Pierre Amato expriment des réserves similaires sur la publication italienne. « C’est une première étude, qui a le mérite d’exister. Mais cela ne signifie pas qu’il y a un lien effectif et démontré entre propagation de l’épidémie et particules de pollution », expliquent ces deux chercheurs, affiliés respectivement au Laboratoire de météorologie physique pour le premier, au CNRS et à l’Institut de chimie de Clermont-Ferrand pour le second. « La survie du virus dans l’air peut dépendre des U.V., de la chaleur, des conditions météorologiques… Elle est très difficile à évaluer. Par ailleurs, détecter l’ARN comme l’a fait cette équipe italienne ne nous dit rien sur les protéines de surface du virus, qui peuvent être détériorées et donc tuer sa virulence, comme sous l’effet du savon. Il faut rester prudent, en attendant de nouvelles études plus robustes. »

    Sans que le lien soit établi avec la pollution atmosphérique, plusieurs travaux scientifiques publiés ces dernières semaines sont venus renforcer l’hypothèse d’une propagation du coronavirus par voie aérienne.

    Dans The New England Journal of Medecine, une équipe d’une quinzaine de chercheurs issus de différentes universités américaines (parmi lesquelles Princeton) et de l’Institut national américain des allergies et maladies infectieuses, a publié le 16 avril un article [3] faisant état d’une expérience comparée en laboratoire sur la stabilité et la décomposition des deux coronavirus suivant l’environnement dans lequel ils se trouvent (SARS-Cov-1, responsable de la première épidémie en 2002-2003 qui avait fait 349 morts et infecté 5 327 personnes, et SARS-Cov-2).

    Résultat, les deux virus présentent des trajectoires similaires : trois heures de viabilité dans l’air, jusqu’à 72 heures de viabilité sur du plastique et de l’acier inoxydable, jusqu’à huit heures de viabilité pour le premier SARS sur du cuivre et du carton ; le deuxième SARS pouvant être viable quant à lui jusqu’à quatre heures sur du cuivre et vingt-quatre heures sur du coton.

    « Nos résultats montrent que la transmission de SARS-Covid-2 par des vecteurs et des particules en suspension est plausible, puisque le virus peut rester viable et infectieux dans les aérosols pendant trois heures », conclut l’équipe américaine.

    Une autre étude, chinoise celle-ci, vient étayer cette thèse. Publiée le 10 mars [4] par la revue spécialisée bioRχiν puis ce lundi [5] par la célèbre revue scientifique Nature, elle se base sur des échantillons collectés dans deux hôpitaux de Wuhan entre le 17 février et le 2 mars. Au total, 35 échantillons d’aérosol prélevés dans les espaces des différents usagers (patients, équipe médicale, public) ont été analysés. Dans plusieurs d’entre eux, la présence du virus a été diagnostiquée. L’équipe de chercheurs en conclut que le SARS-CoV-2 peut avoir été transmis par voie aérienne, et qu’il convient de ventiler les pièces, de désinfecter, et de travailler en milieu ouvert le plus possible afin de limiter la propagation du virus.

    Une étude similaire a été réalisée dans l’hôpital universitaire du Nebraska, aux États-Unis. Des échantillons d’aérosol et de particules de surface ont été prélevés début mars dans les chambres de treize individus isolés, contaminés par le Covid-19. Dans une pré-publication [6] parue le 26 mars dans la revue medRχiν, les scientifiques à l’origine de ces prélèvements expliquent que 63,2 % des échantillons d’aérosol ont été testés positifs à l’ARN du SARS-CoV-2 – preuve, écrivent-ils, d’une « contamination virale dans l’air ».

    À la lecture de ces travaux, deux inconnues majeures perdurent : le nombre d’entités de SARS-Cov-2 et la durée d’exposition nécessaires pour causer une infection chez l’être humain. Mais une certitude semble communément partagée, si l’on en croit la chercheuse Lidia Morawska, de l’université de technologie de Queensland, en Australie : « Dans l’esprit des scientifiques travaillant là-dessus, il n’y a absolument aucun doute que le virus se propage dans l’air », disait-elle début avril à la revue Nature dans un article [7] posant les bases de cette question scientifique.

    [1] https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.15.20065995v2
    [2] https://www.actris.fr/propagationdusars-cov-2etparticulesatmospheriques
    [3] https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2004973
    [4] https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.03.08.982637v1
    [5] https://www.nature.com/articles/s41586-020-2271-3
    [6] https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.03.23.20039446v2
    [7] https://www.nature.com/articles/d41586-020-00974-w

    #covid19 #propagation_covid19

  • COVID-19 Outbreak Associated with Air Conditioning in Restaurant, Guangzhou, China, 2020

    During January 26–February 10, 2020, an outbreak of 2019 novel coronavirus disease in an air-conditioned restaurant in #Guangzhou, China, involved 3 family clusters. The airflow direction was consistent with droplet transmission. To prevent the spread of the virus in restaurants, we recommend increasing the distance between tables and improving ventilation.


    https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/7/20-0764_article
    #air_conditionné #restaurant #propagation #virus #coronavirus #covid-19 #Chine #étude_scientifique #article_scientifique #gouttelettes #visualisation #diffusion #distance

    ping @simplicissimus @reka

  • La pandémie COVID-19 – la dimension géographique du phénomène

    Basé sur des messages transmis par des collègues du laboratoire EDYTEM de l’Université de Savoie :

    La diffusion d’une pandémie comporte des aspects éminemment géographiques, qui font appel aux modèles de diffusion, à l’analyse des réseaux, à celle des mobilités, … Elle se prête à la représentation cartographique, et pose à ce titre des problèmes de sémiologie graphique spécifique. La diffusion d’une épidémie est aussi le reflet du fonctionnement d’une société, et à ce titre la rapidité de la diffusion de l’épidémie de COVID-19 dans le monde est évidemment le résultat de la mondialisation. En même temps, cette mondialisation et la diffusion quasi instantanée de l’information permet de suivre en temps réel la propagation de l’épidémie. Les outils de cartographie interactive en temps réel deviennent ainsi un réel outil de gestion de crise.

    Pour ceux qui le souhaitent, on vous invite d’abord à consulter l’excellent article suivant, qui fait la synthèse à la fois historique et actuelle des approches géographiques, et plus généralement graphiques, des épidémies. :
    https://cartonumerique.blogspot.com/2020/01/cartographie-epidemies.html

    Il est régulièrement mis à jour. Vous y verrez comment une analyse de la progression du virus, par les cartes, est riche d’enseignements, mais aussi parfois peut être anxiogène selon la sémiologie retenue. Vous y verrez aussi tout un tas de documents, graphes et courbes, renvoyant aux outils d’#analyse_spatiale.

    Beaucoup de liens et de sites sont listés notamment à la fin de l’article.
    La diffusion d’une pandémie est systémique et elle se prête également à la modélisation. Cette approche cherche à expliquer et comprendre ce système complexe.

    Un site web interactif a été créé par une équipe de chercheurs de différentes disciplines, tous spécialistes de la modélisation des systèmes complexes et désireux de mobiliser leurs compétences pour répondre aux nombreuses interrogations que soulève l’épidémie de COVID-19. L’idée est de permettre à chacun de poser la/les questions qui le travaillent et d’y répondre, aussi rapidement que possible, en mobilisant les connaissances scientifiques sur le sujet mais aussi des outils de visualisation scientifique, de modélisation et de simulation.
    https://covprehension.org

    D’autres ressources :

    Sur la géographie de la #quarantaine et la fameuse courbe que l’on cherche à aplatir :
    https://www.geographyrealm.com/geography-of-quarantines

    Un article sur #mondialisation et #épidémie : il montre l’influence des mégacités et de leur interconnexion dans la diffusion des épidémies. Il a été écrit avant la pandémie actuelle, mais sa pertinence ne s’en trouve que renforcée :
    http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/epidemies-mondialisation.pdf

    N’oublions pas que c’est une #analyse_géographique (par la #cartographie) qui a permis, en 1854, à #John_Snow, médecin britannique, d’identifier la source de l’épidémie de #Choléra à #Londres.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pid%C3%A9mie_de_chol%C3%A9ra_de_Broad_Street

    Cette approche géographique est évidemment majeure dans la discipline « #épidémiologie »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pid%C3%A9miologie

    Cependant, un article de 2016 met en garde sur « l’épidémie cartographique », à propos du #traitement_cartographique de la crise du virus #Ebola :
    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/geographie-de-la-sante-espaces-et-societes/geographie-appliquee/tous-cartographes-ebola

    Le site d’ESRI propose des cartographies interactives sur la France, mais aussi sur de nombreux pays :
    https://www.esrifrance.fr/coronavirus-ressources.aspx

    –-> compilation de liens par Philippe Schönheich, reçue par mail, le 06.04.2020

    #géographie #pandémie #épidémie #coronavirus #covid-19 #ressources_pédagogiques #flattening_the_curve

    ping @simplicissimus @fil @reka

    • Géopolitique du Covid-19

      La #propagation du virus, qui ne cesse de s’étendre, suit une logique de diffusion très claire : celle de la #mondialisation, et plus exactement de la #mondialisation_urbaine. De Wuhan à Milan en passant par New York et Lagos, un tour du monde du Covid-19 révèle que la pandémie est non seulement une métaphore mais une enfant de la mondialisation. Elle ne fait que mettre ses pas dans ceux des hommes et ne fait que calquer son rythme, sa vitesse de propagation et sa #géographie sur ceux de l’humanité mondialisée.

      Ce qui frappe, dans le flot de reportages, de tentatives d’explication, d’articles parus jusqu’ici sur le coronavirus, c’est la focalisation sur l’aspect pandémique (nombre de morts, de personnes infectées, extension de la maladie, etc.) ou politique de la crise (mauvaise gestion de la pandémie par les gouvernants italien ou américain, quarantaine stricte comme en Chine ou souple comme en Allemagne, etc.) ainsi que sur « l’après ». En revanche, étrangement, peu de monde semble s’intéresser à la géographie de la pandémie : où est-elle née ? Comment s’est-elle diffusée ? Quels en sont les principaux foyers ? Pourquoi tels pays sont-ils plus touchés que d’autres ? En clair, qu’est-ce que la pandémie nous dit de notre monde ?
      Hormis la compassion qu’on éprouve nécessairement devant les drames qui se nouent sous nos yeux en Italie, en Espagne et ailleurs, il est nécessaire de garder la tête claire et de décoder la trajectoire géographique du Covid-19. Car même si l’on a aujourd’hui l’impression que le virus s’abat partout, qu’il frappe au hasard aussi bien en Inde qu’en Afrique ou en Iran, en fait, il suit une logique de diffusion très claire : celle de la mondialisation, et plus exactement de la mondialisation urbaine.
      Dès l’origine, la mondialisation explique vraisemblablement la naissance du virus dans la province du Hubei en Chine à la fin de l’année 2019. Même si elle demande à être confirmée par les scientifiques, l’hypothèse la plus plausible repose sur l’idée que la chauve-souris aurait transmis le coronavirus au pangolin, et que ce dernier l’aurait à son tour transmis à l’homme. Or, le pangolin est l’un des animaux les plus braconnés au monde. Il existe notamment un trafic illégal très important qui part de l’Afrique (Cameroun, RDC, Centrafrique, Guinée, Gabon, Congo, Nigeria) ainsi que de l’Asie du Sud-Est (Birmanie notamment) et qui a pour destination essentiellement la Chine, où l’animal arrive vivant.
      Mais avant de devenir le symbole de la pandémie, le petit mammifère à écailles figurait depuis longtemps comme l’un des symboles du trafic animal international et d’une forme de mondialisation illégale sur laquelle tout le monde ou presque fermait les yeux. Comme les deux pandémies précédentes au début des années 2000 (virus H5N1 et Sras), le coronavirus est donc parti des régions rurales chinoises, où la tradition d’élevages intensifs d’animaux, y compris des animaux sauvages, en dehors de tout respect des conditions élémentaires d’hygiène et sanitaires, perdure, sans que les autorités y aient mis fin. Cette pratique crée un danger pour l’homme quand un virus animal se transmet à l’homme. C’est ce qui s’est passé dans le Hubei dès la fin de l’année 2019.
      Malheureusement, l’État chinois a d’abord nié le problème pendant trois semaines, laissant se dérouler les fêtes du Nouvel An chinois qui ont permis au coronavirus de se propager partout, notamment dans la capitale régionale, Wuhan, qui va devenir l’épicentre de la crise et qui va vivre sous quarantaine totale pendant onze semaines. Succès – très médiatisé – de l’opération à Wuhan et en Chine… Mais le virus, lui, s’était déjà diffusé ailleurs. Malgré ce que nous font croire les autorités chinoises avec des chiffres qu’on ne pourra jamais vérifier, il est clair que le coronavirus n’a pas été contenu à la seule province du Hubei. Il s’est très probablement diffusé aux provinces voisines, le Hunan, le Chongqing, le Henan, et aux métropoles, Shanghai et Pékin.
      Ensuite, vu les liens commerciaux et humains que la Chine continentale entretient avec Taïwan, Singapour, Hong Kong et la Corée du Sud, il n’est pas étonnant de constater que ces pays sont les premiers touchés par la vague pandémique hors de Chine, au tout début de l’année 2020. Dans un deuxième temps, le virus s’étend à la fois en direction de l’ouest, vers l’Inde, le Pakistan et l’Iran, ainsi que vers le sud suivant en cela les nouvelles routes de la mondialisation : Viet Nam, Thaïlande, Cambodge sont touchés à leur tour. Les flux migratoires sont intenses dans cette partie de l’Asie du Sud-Est transformée en gigantesque « atelier du monde » notamment dans l’industrie textile. Les donneurs d’ordre sont américains, libanais, français, italiens, allemands… À cette époque-là, l’Europe pense encore que l’épidémie sera contenue en Chine et en Asie du Sud-Est. Elle ne réagit pas aux alertes lancées par l’Office Mondial de la Santé (OMS). Fatale erreur.
      Le premier foyer (et non pas cas) avéré du coronavirus détecté sur le sol européen le 21 février 2020 se trouve en Italie du Nord, en Lombardie, plus précisément dans la région de Bergame, non loin de Milan. La Lombardie, avec ses 10 millions d’habitants, est de loin la région la plus prospère et la plus performante d’Italie : elle réalise à elle seule 22% du PIB du pays. C’est aussi, avec la Vénétie voisine, la région la plus urbanisée de la péninsule avec son maillage complexe et interdépendant de grandes villes, de villes moyennes, de petites villes et de villages qui a permis la diffusion très rapide du virus, comme Michel Lussault le montre remarquablement dans son article paru dans AOC le 14 avril.
      Grâce notamment à son industrie textile et son industrie de la mode mondialement réputée, la Lombardie est connectée à la planète entière. Les fabricants de vêtements, de chaussures ou d’accessoires disposent de succursales, d’usines et de filiales partout, surtout en Asie du Sud-Est. Est-ce par ces relations commerciales que le virus, via quelques individus infectés, s’est transporté de la Chine intérieure à l’Italie du Nord ? On ne le sait pas mais c’est probable.
      Toujours est-il que depuis l’épicentre de la Lombardie, le virus a d’abord ravagé Bergame, Brescia et Milan, capitale économique de l’Italie, avant de remonter vers le Nord et de gagner le Tyrol, l’Autriche et la Bavière (le Land le plus touché d’Allemagne actuellement), puis de descendre vers le Sud de la Péninsule, vers Rome, Naples et Bari, heureusement sous une forme moins létale. Ce qui est sûr, c’est que le virus prospère dans les grandes villes. Rien de plus normal puisque celles-ci constituent des concentrés de population dont de nombreux groupes socio-professionnels extrêmement mobiles (hommes d’affaires, commerciaux, artistes, étudiants en échange universitaire, touristes, sportifs professionnels, travailleurs migrants et saisonniers…). L’équation virus / métropole / mondialisation va se vérifier de manière limpide en Espagne.
      Fruits d’une certaine forme de mondialisation religieuse, les pèlerinages constituent aussi des foyers potentiels de pandémie et diffusent le virus très rapidement dans le monde.
      La façon dont le virus a pénétré en Espagne fin janvier puis début février 2020 est un résumé de la mondialisation. Le 31 janvier 2020, un touriste allemand est testé positif sur l’île de la Gomera dans les Canaries. Le virus est alors présent sur le sol espagnol et il va se propager à tout le pays à la suite d’un deuxième événement : le 19 février, alors que l’épidémie commence à sévir en Italie, 2 500 supporters du club de football de Valence effectuent le voyage en Italie pour supporter leur équipe en 1/8 de finale aller de Ligue des Champions contre l’Atalanta de… Bergame. Le match a lieu au stade San Siro de Milan. Bergame et Milan sont les haut lieux de la pandémie, et vu la promiscuité existant dans les stades de foot et dans les bars pour la « troisième mi-temps » d’après-match, il est évident que nombre de supporters espagnols ont été infectés à cette occasion[1].
      Peu de temps après, Valence et surtout Madrid deviennent les principaux foyers du virus en Espagne, ainsi que Barcelone en Catalogne. Madrid (capitale et première ville du pays), Barcelone (capitale économique et deuxième ville du pays), Valence (grande ville touristique, premier port à conteneurs de Méditerranée, premier port de marchandises d’Espagne, troisième ville du pays) : de nouveau, le coronavirus frappe le pays au cœur, là où le double mouvement de métropolisation et de mondialisation a été le plus efficace pour assurer aux métropoles productives et attractives ainsi qu’à leur hinterland prospérité et rayonnement.
      La France, quant à elle, est touchée à peu près au même moment que l’Espagne. Le confinement est déclaré le 13 mars. Le premier foyer de coronavirus déclaré n’a, à première vue, pas grand-chose à voir avec le processus de mondialisation. Il s’agit de la région Grand-Est, avec comme épicentre la ville de Mulhouse, quasiment frontalière avec l’Allemagne et la Suisse. Or, comme on le sait maintenant, Mulhouse avait accueilli fin février un très grand rassemblement évangélique avec des fidèles venant du monde entier, y compris d’Italie et d’Asie. Au cours de ce rassemblement, des centaines de personnes ont été contaminées à leur insu et ont ensuite regagné leur foyer non seulement en Alsace mais aussi partout en France, jusqu’en Guyane. À Mulhouse, la situation fut très vite dramatique, les hôpitaux furent débordés et on n’y pratique plus qu’une « médecine de catastrophe » ou une « médecine de guerre », aux dires des soignants.
      Ce triste épisode nous rappelle que les rassemblements religieux ou œcuméniques et les pèlerinages (La Mecque, Jérusalem, Lourdes, Saint-Jacques de Compostelle…) mettent en contact des fidèles ou des pèlerins qui viennent de régions très éloignées les unes des autres. Fruits d’une certaine forme de mondialisation qu’on peut qualifier de mondialisation religieuse, ils constituent donc des foyers potentiels de pandémie et ils diffusent le virus très rapidement dans le monde.
      L’autre grand foyer français est plus « attendu » : il s’agit de Paris et de l’Île-de-France. Cette région concentre 19% de la population française sur seulement 2,2% du territoire national, et elle présente ainsi des densités de population extrêmement élevées : plus de 1 000 habitants par km² dans la région et jusqu’à 21 000 habitants par km² pour la ville de Paris. En outre, elle concentre un quart de l’emploi national et 31% de la richesse. Très attractive, ville globale, Paris attire des salariés de toute la France, de toute l’Europe et du monde entier. Paris et l’Île-de-France étaient donc, d’une certaine manière, prédestinées à être sévèrement touchées par la pandémie de Covid-19. C’est exactement le même schéma qui s’est produit deux semaines plus tard à New York aux États-Unis.
      Les États-Unis, probablement touchés par la pandémie juste après l’Europe, ont perdu des semaines très précieuses en minimisant, par la voix de leur président, l’impact du virus sur le sol américain. Mi-février, le président Trump annonçait qu’il avait bon espoir que la pandémie soit terminée en avril. On sait maintenant que le mois d’avril restera comme le plus meurtrier dans l’histoire du Covid-19 aux États-Unis. Il faudra attendre le dimanche 1e mars pour que soit officiellement annoncé le premier malade atteint de coronavirus à New York, une auxiliaire médicale revenue d’Iran (belle ironie de l’histoire quand on sait que l’Iran est l’ennemi juré des États-Unis). Cela dit, le virus était déjà présent aux États-Unis avant le 1e mars, des centaines d’Américains revenus d’Asie ou d’Europe étant infectés sans le savoir.
      Depuis la fin du mois de mars, New York est l’épicentre de la pandémie aux États-Unis, avec une situation sanitaire tout aussi dramatique que dans les pires foyers de crise européens mais démultipliée par les caractéristiques de la ville : ville ouverte et global city par excellence, concentrant 20 millions d’habitants (ville et État) dont beaucoup d’étrangers, hub mondial (JFK), New York est la capitale de l’économie-monde et la bourse de Wall Street en est le cœur. D’un point de vue géographique, New York est une ville à la fois très dense dans l’hypercentre (sur l’île de Manhattan notamment) et assez étalée vers ses périphéries. Enfin, elle est située au cœur de la mégalopolis nord-américaine « BosWash » et ses 60 millions d’habitants. Il ne faut donc pas s’étonner si, à part New York, les grandes villes de la mégalopole, Boston, Philadelphie, Washington, Baltimore, sont touchées à leur tour.
      Entre-temps, les autres grandes régions économiques des États-Unis, la Floride et Miami, la Californie et Los Angeles, l’État de Washington, sont également touchés. Dans cet État, Seattle, la capitale, n’échappe pas à la pandémie, au contraire. Le comté de King, qui englobe la ville de Seattle, constitue le principal foyer de Covid-19 aux États-Unis avec New York. C’est à Seattle que le premier cas avéré de coronavirus a été détecté sur le sol américain, le 21 janvier 2020. Le patient était un homme de 35 ans rentré de Wuhan quelques jours auparavant. Pensant avoir dans un premier temps circonscrit le virus, les autorités ont dû acheter en catastrophe des « motels de la quarantaine » pour y placer des personnes fragiles et des sans domicile fixe, au grand dam de la population locale.
      Ironie ou plutôt leçon de l’histoire, Seattle fait figure de ville très dynamique, hyper-connectée et à l’avant-garde de la modernité. Elle concentre les sièges sociaux de trois des firmes transnationales les plus puissantes du monde, Boeing, Microsoft et Amazon. À ce titre, et de par sa situation sur la côte Pacifique des États-Unis, elle attire des salariés du monde entier à commencer par l’Asie (Chine, Corée du Sud, Japon, Taïwan…) avec laquelle elle entretient des liens étroits. Enfin, sa proximité géographique, linguistique et culturelle avec la métropole de Vancouver au Canada en fait l’une des régions économiques les plus attractives du pays — mais aussi l’une des zones de contamination potentielle les plus virulentes.
      La carte du degré d’intensité de la pandémie sur le continent africain est un décalque de la carte de la mondialisation.
      À l’autre bout du continent, le premier cas de contamination au Covid-19 en Amérique du Sud est signalé le 26 février 2020 au Brésil. La personne en question avait voyagé en Italie. À partir de là, le virus va se propager sans heurts pendant tout le mois de mars, notamment dans la capitale économique et première métropole du sous-continent, Sao Paulo. C’est cette ville qui concentre la majorité des cas de Covid-19 même si, entre-temps, l’épidémie s’est propagée aux autres grandes villes du pays, Rio et Belo Horizonte. Les autres métropoles d’Amérique latine, Buenos Aires, Bogota, Caracas, sont aussi les plus touchées et font office de porte d’entrée du virus sur le sous-continent, virus qui ensuite se répand aux villes moyennes et aux régions de l’intérieur.
      Du fait des deux tendances fortes à la métropolisation et à la littoralisation de l’économie latino-américaine, ce sont les métropoles côtières qui sont de loin les plus touchées par le virus. Par leurs ports de commerce, leur aéroport international et leurs firmes transnationales, ces métropoles reçoivent et émettent des flux incessants d’hommes et de marchandises. Ce sont donc des proies de choix pour le virus. Certaines sont d’ores et déjà dans des situations critiques puisqu’à la crise sanitaire s’ajoute la pénurie alimentaire.
      Ainsi, Guayaquil, deuxième ville d’Équateur avec 3,6 millions d’habitants, qui s’enorgueillit sur Wikipedia d’être « un port très actif », « l’aéroport international le plus moderne du Sud » et « la gare de bus la plus moderne d’Amérique latine », paye un prix très élevé à son ouverture internationale. La « perle du Pacifique » est aujourd’hui, avec ses rues jonchées de cadavres, la ville-martyr du Covid-19 en Amérique du Sud. Officiellement, le Covid-19 aurait fait 120 victimes en Équateur à la date du 2 avril 2020. Mais comme le montrent les photos et les reportages inquiétants sur Guayaquil, ces chiffres sont très largement sous-estimés. L’Équateur est aujourd’hui le deuxième pays le plus touché du sous-continent après le Brésil.
      Longtemps, comme en Europe et en Amérique d’ailleurs, les Africains se sont cru épargnés par la pandémie. Et c’est vrai que lorsque l’on observe la carte mondiale de la pandémie, le continent africain apparaît encore en « blanc », avec moins de 10 000 infections et 414 décès à la date du 3 avril. Mais le blanc pourrait vite virer au gris et même au noir tant les pays africains sont démunis par rapport à la pandémie. La carte du degré d’intensité de la pandémie sur le continent africain s’avère être un décalque de la carte de la mondialisation sur ce même continent. En effet, ce sont les pays les plus développés et les plus ouverts aux flux internationaux, au Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte) comme au Sud (Afrique du Sud), qui sont les plus touchés.
      Une étude scientifique récente, publiée sur le site medrxiv.org, tente de dresser la liste des pays africains les plus affectés par le coronavirus. Elle est intéressante car elle croise de nombreux critères qui a priori n’ont pas grand-chose à voir entre eux, comme le nombre de liaisons aériennes quotidiennes de chaque pays avec la Chine. Trois pays ressortent nettement : l’Égypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud. Ce sont justement les pays africains qui ont été les premiers touchés. Cette donnée nous rappelle que depuis une dizaine d’années, la Chine a investi en Afrique comme aucun autre pays au monde, qu’elle s’est implantée commercialement presque partout, au point que la « Chinafrique » aurait remplacé la « Françafrique ».
      En dehors des pays déjà cités, Lagos (Nigeria), Nairobi (Kenya) et Addis-Abeba (Éthiopie) entretiennent aussi des relations commerciales et aériennes intenses avec des villes chinoises. Ces grandes métropoles africaines sont aujourd’hui à leur tour touchées par le virus. Toute la question est désormais de savoir dans quelle mesure la pandémie va se répandre à l’ensemble du continent africain, ou si elle restera peu ou prou cantonnée aux grandes villes.
      Que retenir de ce tour du monde du Covid-19 brossé à très grands traits ? Contrairement à l’économiste Daniel Cohen qui affirme que « le Covid-19 agit comme une métaphore de la démondialisation » (Libération, 19 mars 2020), les faits, plus valides que les prédictions, disent précisément le contraire. Le Covid-19 est non seulement une métaphore mais un enfant de la mondialisation. C’est un « opérateur spatial redoutable » (M. Lussault). Comme toutes les pandémies, il lui faut, pour se développer et se propager, des porteurs de virus mobiles. Or, dans le monde globalisé qui est le nôtre, tout s’accélère depuis une trentaine d’années. Les hommes, les marchandises et les capitaux bougent de plus en plus vite et en tout point du globe.
      L’avènement de l’internet, de la téléphonie mobile puis des réseaux sociaux ont achevé de faire de nous des êtres connectés. Cette connection n’est pas que virtuelle, elle est aussi bien réelle. Elle prend la forme de grands événements sportifs, de grands rassemblements religieux, de voyages d’affaires, de congrès, meetings et colloques internationaux, de migrations de travail ou encore de voyages touristiques. Chacun de ces flux connaît depuis trente ans une très nette augmentation. Or, « flux » est le maître-mot de la mondialisation.
      La pandémie pourrait laisser la place à une menace bien plus dangereuse : la pénurie alimentaire qui, couplée au réchauffement climatique, pourrait engendrer une crise migratoire sans précédent et une déstabilisation politique.
      Les grands gagnants de la mondialisation depuis trente ans sont les points du globe qui réussissent à la fois à capter une partie des flux mondiaux à leur profit et à émettre ou rediriger d’autres flux vers d’autres régions du monde. Les pôles urbains de rang mondial (ville globale, mégalopole, mégapole, métropole mondiale) et leur déclinaison logistique (hub aéroportuaire, complexe industrialo-portuaire, gare centrale) profitent pleinement du double processus de métropolisation et de globalisation en cours depuis une trentaine d’années. De même, la littoralisation des activités confère aux métropoles côtières une prééminence accrue par rapport aux régions intérieures. Ainsi, les plus grandes villes du monde ainsi que les métropoles littorales, dont les habitants se montrent très mobiles et hyper-connectés, sont assurément les grandes gagnantes de la mondialisation.
      Et ce sont assurément les grandes perdantes du Covid-19. À ceux qui, en ces temps de grande confusion et de panique, seraient tentés d’y voir une punition divine ou l’ultime avertissement de la nature adressé à l’humanité avant « le grand effondrement », la géopolitique oppose un cinglant démenti. Non, il n’y a rien d’irrationnel ni de punitif dans l’apparition du coronavirus en 2019 et dans sa propagation aux grandes métropoles de la planète en 2020. Même s’il est particulièrement virulent, le Covid-19 ne fait que mettre ses pas dans ceux des hommes et il ne fait que calquer son rythme, sa vitesse de propagation et sa géographie sur ceux de l’humanité mondialisée.
      Il commence par frapper la mondialisation en ses cœurs, qui sont aussi les pôles majeurs de l’économie mondiale, puis de là, il s’étend à ses poumons c’est-à-dire aux villes et aux régions de l’intérieur et aux zones rurales. Il touche actuellement ses franges, les favelas de Rio et de Sao Paulo, les townships de Johannesburg et de Durban, les bidonvilles de Mumbai et de Calcutta comme les quartiers-ghettos des banlieues pauvres de Seine-Saint-Denis – autrement dit l’envers du monde moderne et ouvert – car ces espaces qu’on nous présente à tort comme fermés et impénétrables sont aussi, à leur façon (informelle), des acteurs de la mondialisation. Ainsi, au bout du compte, seules des régions situées à l’extrême limite de l’écoumène, comme le Nunavut au Nord du Canada, échapperont au virus mondial, et encore.
      Cependant, au sein d’une même population, d’un même pays, d’une même ville, la pandémie ne touche pas tout le monde avec la même intensité. La corrélation entre la structure par âge de la population et le taux de létalité du Covid-19 recoupe en bonne partie la géographie jusqu’ici établie : c’est dans les zones urbanisées des pays développés, où la proportion de personnes âgées de plus de 70 ans est plus importante que la moyenne, que le Covid-19 frappe le plus.
      En clair, les pays de la Triade (États-Unis, Europe de l’Ouest, Japon), ceux où la population est vieillissante et où l’espérance de vie est la plus élevée du monde, sont proportionnellement plus touchés que d’autres pays nettement moins développés mais à la population beaucoup plus jeune comme ceux d’Afrique sub-saharienne. Ce à quoi il faut tout de suite objecter que la promiscuité, les systèmes de santé fragiles de ces pays et leur manque de moyens les expose malgré tout à un risque de contamination.
      Par conséquent, nous ne sommes pas tous égaux devant la lutte contre le virus ni face à ses conséquences pour « l’après ». Dans la gestion de crise elle-même, force est de constater que les rares pays qui ont anticipé, ne serait-ce que de quelques jours, l’arrivée sur leur sol de la pandémie enregistrent aujourd’hui un nombre de personnes infectées et surtout de décès nettement moindre que les autres. Que ce soit en fermant leurs frontières précocement (République tchèque, Slovaquie, Hongrie), en dépistant systématiquement la population (Corée du Sud, Taiwan) ou en plaçant les zones touchées en quarantaine stricte (Chine), les pays ayant pris la menace au sérieux et arrêté tout de suite des mesures exceptionnelles ont réussi à contenir la pandémie.
      En revanche, tous ceux et ils sont nombreux, de l’Inde aux États-Unis, du Royaume-Uni au Brésil, de la Russie à la Turquie, dont les gouvernements n’ont pas pris à temps les mesures qui s’imposaient alors qu’ils savaient que la pandémie allait les frapper à leur tour, ceux-là payent la négligence coupable de leurs dirigeants au prix fort[2].
      Pour ce qui est de l’après-pandémie, même si la ville de New York, la Lombardie, la Catalogne, la région madrilène, londonienne ou parisienne ont payé, paient ou paieront un lourd tribut humain à la pandémie, elles s’en remettront et leurs économies aussi, car elles en ont les moyens financiers. De ce point de vue, je crois davantage à une re-mondialisation rapide des échanges et à une re-connection des flux après la crise qu’à une démondialisation. Par contre, les pays pauvres d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie risquent fort d’être durablement affectés par le Covid-19, et de plusieurs manières.
      Vu la faiblesse du système médical et l’impossibilité pour la plupart des États de faire strictement appliquer des mesures de confinement à une population qui a besoin de travailler pour survivre, le virus se propagera et continuera à faire des malades et des victimes, même en nombre relativement faible. Mais si l’on en croit le dernier rapport de l’ONG Oxfam, la pandémie pourrait laisser la place à une menace bien plus dangereuse : la pénurie alimentaire, qui, couplée au réchauffement climatique, pourrait engendrer une crise migratoire sans précédent et une déstabilisation politique. Ces États seront alors dans un tel dénuement qu’ils seront dépendants de l’aide humanitaire et économique des pays riches.
      D’un point de vue géopolitique, le Covid-19 agit ainsi comme un puissant révélateur (au sens photographique du terme) des failles de ce que le géographe Olivier Dollfus appelait le système-monde, qui sont les failles du capitalisme mondialisé. Comme une sorte de face sombre de la mondialisation, le virus risque fort d’accroître les inégalités déjà béantes entre pays riches et pays pauvres, entre métropoles sur-développées et métropoles sous-développées, entre monde fluide et connecté au « Nord » et monde pauvre et englué dans ses insolubles problèmes intérieurs au « Sud ». Telle est l’amère leçon géopolitique du Covid-19 : les villes globales et les pays développés ont été les premiers touchés par la pandémie, mais à long terme, les grands perdants seront les pays pauvres et émergents. Les cadavres jonchés à même le sol de Guayaquil sont là pour nous le rappeler douloureusement.

      [1] Dans le domaine des matchs de football de Ligue des Champions où l’appât du gain et des recettes des droits télévisés l’emportent sur le principe de précaution élémentaire, la France n’a aucune leçon à donner. Le 26 février 2020, soit une semaine après le match de Valence contre l’Atalanta de Bergame, l’Olympique lyonnais recevait lors d’une « soirée de gala » le club italien de la Juventus de Turin dans un stade plein à craquer au sein duquel 3 000 supporters italiens avaient trouvé place, malgré la peur et les polémiques. Le football, sport-roi en Europe, est aussi un acteur de la mondialisation et un potentiel vecteur de virus.
      [2] Sur ce point, il faut noter que les dirigeants des six pays en question sont tous des hommes notoirement égocentriques, ambitieux et imprévisibles, qui ont d’autant moins voulu prendre au sérieux la pandémie à ses débuts qu’ils sont habités par un sentiment d’invincibilité. En se moquant de l’épidémie, en niant l’évidence puis en tergiversant alors que la raison commandait d’agir, ils ont exposé leur population à une vague épidémique sans précédent et portent une lourde responsabilité dans le chaos qui s’est ensuivi. Vu leur profil psychologique, il est très peu probable qu’ils fassent amende honorable après la crise et qu’ils se jugent eux-mêmes. L’histoire, elle, les jugera-t-elle ?

      https://aoc.media/analyse/2020/05/06/geopolitique-du-covid-19

      #Boris_Grésillon

    • La mondialisation du confinement. Une faille dans la #planétarisation de l’#urbain ?

      Si le virus du Covid-19 s’est propagé aussi rapidement, c’est aussi parce que l’urbanisation est désormais planétaire et qu’aujourd’hui les grandes villes sont connectées les unes aux autres, insérées dans des flux internationaux de biens et de personnes.

      À l’heure où nous écrivons, les confinements décidés pour juguler la propagation du Covid-19 concernent quatre milliards d’êtres humains. La simultanéité de ces décisions politiques est exceptionnelle. Le résultat sera une récession d’une ampleur inédite depuis les années 1930. Sur tous les continents, les gouvernements ont ainsi brutalement entravé la fluidité des échanges marchands, mis à mal la machine économique et déstabilisé les sociétés. Ils ont également sévèrement restreint les libertés publiques.

      Limiter le confinement aux seuls foyers, comme lors des grandes pandémies précédentes (de la Grande Peste, où furent instaurés des cordons sanitaires autour des zones infectées jusqu’aux récentes épidémies d’Ebola, de MERS ou de SRAS), aurait évidemment permis de limiter considérablement l’impact économique et social de la pandémie. Et c’est bien ce qui a été tenté au départ : la Chine, d’où a surgi la pandémie, a circonscrit le périmètre du confinement au foyer de Wuhan, puis à la région dans laquelle s’insère la mégalopole industrielle, le Hubei. Elle est ainsi parvenue à juguler, pour l’instant, la propagation du virus sur son territoire.
      L’Italie, premier pays européen concerné par l’épidémie, a initialement tenté de suivre cette voie en restreignant la mise en quarantaine aux seuls foyers. Mais le pays a dû se résoudre à étendre rapidement le cordon sanitaire pour finalement confiner l’ensemble du territoire national. Rares sont les pays qui ont ensuite tenté la stratégie de quarantaine locale ou même régionale. Pourquoi de telles mesures de confinement, aussi peu discriminantes spatialement, et donc aussi coûteuses économiquement et socialement, sont-elles partout apparues comme la seule solution ?

      Les caractéristiques propres du virus jouent évidemment un rôle. Certes, le sacrifice de l’économie et de la vie sociale à la santé ne découle pas directement du taux de mortalité du virus : estimé entre 0,4 % et 1,3 %, celui-ci est nettement plus faible que les épidémies récentes, et notamment celles du SRAS (11 %) et du MERS (34 %). En outre, le Covid-19 n’est pas particulièrement contagieux, avec un taux de reproduction (ou R zéro) proche de celui du SRAS, maladie dont on a pourtant su maîtriser la diffusion. Mais il possède des caractéristiques spécifiques, qui rendent sa diffusion particulièrement difficile à contrôler. Il se transmet plutôt rapidement et est difficile à repérer en raison des nombreuses personnes qui, sans présenter de symptômes marqués, n’en sont pas moins contagieuses.

      Cette disposition du virus à trouver des hôtes à partir desquels se répandre sans se faire remarquer a joué un rôle essentiel. Cela lui a permis de tirer parti d’une évolution restée relativement silencieuse et mal comprise : l’urbanisation planétaire. Le virus a donc pu se jouer des mesures habituelles de cordons sanitaires et de mise en quarantaine des foyers d’infection. Ce faisant, le règne de l’économie comme enjeu surplombant les politiques publiques est venu se heurter à une nouvelle réalité géographique... que l’économie a elle-même largement construit.
      L’urbain déborde la ville

      Comment définir l’urbain ? On l’oppose classiquement au rural. Mais quels sont les critères de distinction ? Un groupement dense de quelques milliers d’habitants était désigné comme une ville au Moyen-Age, alors qu’aujourd’hui il évoque davantage la campagne. À l’inverse, un village périurbain de quelques centaines d’habitants situé à proximité d’une métropole peut paraître aujourd’hui plus urbain que de nombreuses villes : ses habitants peuvent en effet accéder rapidement à des ressources bien plus fournies que celles offertes à l’habitant d’une ville moyenne située dans un territoire périphérique (une préfecture d’un département du centre de la France par exemple). Bref, ce que l’on appelle l’urbain doit désormais être dissocié des critères morphologiques à partir duquel on persiste à le qualifier, à savoir la densité et la diversité des activités et des fonctions.

      Mais qu’est-ce que l’urbain dans ce cas ? Dans le monde rural traditionnel, on observe la juxtaposition de groupements relativement autonomes. Les villages ont des relations entre eux, mais ils peuvent survivre (presque) indépendamment. À l’inverse, dans le monde urbain, chacun apporte une contribution au fonctionnement d’un ensemble. Dans ce cadre, chacun dépend des contributions des autres pour sa survie. La grande ville, avec ses différents quartiers, est l’incarnation traditionnelle de l’urbain. Aujourd’hui, elle s’est ramifiée spatialement. La ville que l’on dit « globale » est profondément insérée dans des flux internationaux de biens, de personnes, de matières et de capitaux : par exemple le siège social de telle firme sera à Paris, mais ses usines et son service clientèle ne seront plus dans la banlieue parisienne, mais à Wuhan et Rabat.

      Les grandes villes sont aussi liées aux lieux de villégiature, comme on a pu le voir avec la migration de leurs habitants au moment du confinement. Ces espaces sont souvent considérés comme relevant des campagnes. Mais celles-ci sont pourtant bien urbaines. Un village de bord de mer ou une station de ski sont tout autant urbains qu’une grande ville, en ce qu’ils fonctionnent avant tout en relation avec d’autres lieux relativement éloignés : ceux où vivent les propriétaires de résidence secondaire, et plus largement les vacanciers. Ces lieux dédiés aux loisirs possèdent par ailleurs une qualité essentielle de l’urbanité : le brassage des populations, entre les saisonniers, les habitants permanents, et les visiteurs qui, dans certains cas, peuvent venir du monde entier.

      À une échelle plus restreinte, celle des espaces qui peuvent être parcourus quotidiennement pour aller travailler, les grandes métropoles dépendent directement d’espaces situés bien au-delà du périmètre qu’on leur attribue. Ce sont notamment les espaces ruraux qui accueillent les couches populaires et classes moyennes inférieures qui jouent le rôle de soutiers des économies métropolitaines, comme on l’a vu avec le mouvement des Gilets jaunes.

      Bref, l’urbain est aujourd’hui constitué de tout un ensemble de lieux dont les liens se déploient à de multiples échelles géographiques, du quartier, voire du logement, à la planète. Des espaces a priori éloignés des définitions courantes de la ville sont ainsi devenus urbains. C’est le cas, par exemple, des plateformes pétrolières, des mines ou encore des espaces agricoles. Tous sont en effet dépendants de marchés urbains, tant pour leur fonctionnement que pour leurs débouchés. Et les échelles d’interdépendance sont locales tout autant que planétaires : les habitants d’une ville française moyenne embauchent le plombier du quartier tout en consommant de la viande d’animaux nourris au soja latino-américain, en regardant la télévision sur des écrans coréens ou en utilisant du pétrole algérien. Autrement dit, le métabolisme d’un lieu le lie à la planète entière.

      Un débat récent, qui a rencontré peu d’échos en France, évoque précisément ces évolutions. Il a été déclenché par la réactualisation du concept d’ « urbanisation planétaire », sur la base d’anciennes propositions de Henri Lefebvre (sur l’extension de la société urbaine et du tissu urbain vers une « urbanisation complète »). Dans un ouvrage publié en 2014, Schmidt et Brenner plaident ainsi pour une refonte complète des catégories d’analyse usuelles, et en premier lieu la distinction entre ville et campagne. Très ambitieux théoriquement, l’ouvrage a suscité d’intenses débats, peinant à emporter l’adhésion, faute notamment de preuves empiriques convaincantes. Pourtant, depuis l’émergence du Covid-19 jusqu’à sa diffusion, et depuis la réponse publique à la crise sanitaire jusqu’à ses conséquences économiques et sociales, beaucoup d’événements récents peuvent être lus et mieux compris au prisme de l’urbanisation planétaire. Ce faisant, cette crise apporte un étayage empirique décisif à cette proposition théorique.

      Très schématiquement, l’urbanisation planétaire, dont le déploiement est intimement lié à la globalisation du capitalisme, s’exprime dans quatre processus étroitement interconnectés : la disparition des « mondes sauvages », l’interconnexion mondiale des territoires, le brouillage de la dichotomie entre ville et campagne, et enfin la planétarisation des inégalités urbaines.
      Un virus au cœur de l’urbanisation planétaire

      Les maladies humaines d’origine animale, dont les zoonoses, représentent 60 % des maladies infectieuses à l’échelle mondiale et trois quarts des nouveaux agents pathogènes détectés ces dernières décennies. Ces maladies viennent pour l’essentiel du « monde sauvage ». Elles peuvent certes émerger dans des élevages, mais dans ce cas le virus émerge généralement via des contaminations par des animaux sauvages. Les maladies de type zoonotique ne sont donc pas sans lien avec la fin du « monde sauvage » associée à l’urbanisation planétaire. Dans toutes les régions du globe, les espaces considérés comme sauvages sont transformés et dégradés par l’avancée de l’urbanisation sous toutes ses formes, qu’il s’agisse d’exploiter des gisements, de planter des hévéas ou de construire des villes nouvelles. Cette avancée bouleverse les écosystèmes et établit de nouveaux contacts entre la faune, la flore et les humains.
      Les géographes qui ont mené des recherches sur les pandémies récentes, notamment celle du SRAS, ont montré le rôle déterminant de l’avancée de l’urbanisation dans l’émergence des nouveaux agents infectieux. Ce n’est ainsi pas un hasard si les derniers virus les plus importants ont émergé dans des territoires (Chine, Afrique de l’Ouest, Moyen-Orient) où l’urbanisation avance de la manière la plus effrénée, démultipliant les contacts nouveaux entre les sociétés humaines et les mondes restés les plus sauvages.

      Cette avancée se traduit notamment par de nouvelles exploitations agricoles intensives. Ainsi, les risques d’émergence de virus ont été démultipliés par l’augmentation phénoménale de la consommation de viande à l’échelle de la planète, et plus particulièrement en Chine. Les élevages, destinés à alimenter les nouvelles classes moyennes des mégalopoles telles que Wuhan, s’étendent dans des espaces toujours plus vastes, conquis sur le monde sauvage. La déforestation en particulier perturbe l’habitat des chauves-souris, dont on connaît le rôle dans l’apparition de nouveaux virus transmissibles à l’homme. Elles sont supposées d’ailleurs être à l’origine de la pandémie actuelle, avec le pangolin comme possible hôte intermédiaire. Si cela était encore nécessaire, l’émergence du Covid-19 vient démontrer la perméabilité de la supposée frontière entre nature et culture, perméabilité que l’urbanisation planétaire vient constamment augmenter.

      Un deuxième aspect clé de la thèse de l’urbanisation planétaire est l’émergence de « galaxies urbaines » dont les différents éléments interagissent de manière presque simultanée avec l’ensemble du globe. Le virus est un révélateur de l’importance de cette échelle planétaire. Certes, la grippe espagnole et, avant elle, la peste noire ont été des pandémies mondiales, mais la situation actuelle se singularise par la rapidité de la diffusion du virus. Les enquêtes épidémiologiques menées en France soupçonnent l’apparition de premiers cas dès la fin 2019, alors même que le gouvernement chinois mettait encore en question la possibilité d’une transmission du virus entre humains. Cette rapidité met en lumière toute l’ampleur des flux humains. Au cours des trois premiers mois critiques, entre décembre 2019 et février 2020, 750 000 passagers sont entrés aux États-Unis en provenance de Chine. Couplée à la capacité du virus à se transmettre hors de tout symptômes, l’ampleur des flux humains explique qu’il se soit avéré impossible de contenir les foyers de l’épidémie.

      L’accélération de l’urbanisation planétaire a clairement été sous-estimée, ce qui a contribué à l’impréparation des gouvernements. Il y a huit siècles, la Grande Peste avait mis une quinzaine d’années pour parcourir la route de la Soie jusqu’à l’Europe. Les principales épidémies récentes se sont évidemment diffusées plus rapidement, mais nettement moins que le Covid-19. En 2003, quatre mois après l’apparition du SARS-COV, on comptait 1 600 cas de contaminations dans le monde, contre près de 900 000 pour le SARS-COV-2 au bout de la même période, soit 500 fois plus. C’est que la globalisation était encore bien loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui : en 2018, on estimait le nombre de passagers transportés par avion à 4,2 milliards, presque trois fois plus qu’en 2003. Et l’aéroport de Wuhan, l’une des principales plateformes de correspondance de Chine, joue un rôle clé dans cette dynamique. Le virus s’est ainsi dispersé hors de Chine à une vitesse que peu de gens avaient vraiment anticipé.

      Personne n’ignore que beaucoup de biens sont importés de Chine, mais on imagine surtout des usines qui fabriquent à profusion, et à bas coût, des objets qui permettent aux classes populaires occidentales de continuer à faire partie de la société de consommation. On est pourtant loin du simple échange des biens à bas coût contre des biens à haute valeur ajoutée. Les flux sont beaucoup plus complexes et multiformes du fait des délocalisations et de la planétarisation des chaînes de fabrication. On trouve ainsi à Wuhan une centaine d’entreprises françaises, dont des fleurons nationaux, notamment Renault et PSA. Loin du bas-de-gamme associé à la Chine, leurs usines produisent des centaines de milliers de véhicules, en misant sur la globalisation du style de vie occidental. Ces relations économiques s’accompagnent d’intenses flux humains de cadres, de techniciens ou de commerciaux qui s’ajoutent aux personnes qui gèrent les flux logistiques.

      Avec le Covid-19, l’Europe a appris à ses dépens que la Chine fait intégralement partie de son monde, ou plutôt qu’elle n’est plus qu’un élément d’un vaste réseau dont les territoires chinois sont d’autres éléments clés, des immenses exploitations productrices de tomates destinées à l’exportation, aux usines suburbaines de métropoles plus grandes que Paris mais au nom inconnu du grand public, en passant par des centres d’affaires dont la verticalité donne une allure presque provinciale à la Défense.

      Troisième élément central de la thèse de l’urbanisation planétaire : la métropole n’est plus réductible à la ville dense et verticale. Certes, les haut-lieux du pouvoir économique, (notamment financier), s’incarnent dans des quartiers d’affaires hérissés de tours. Mais ce n’est là qu’une figure de la métropolisation, et même de la ville. Loin de se réduire à un centre historique et à un quartier d’affaires, la métropole contemporaine doit plutôt s’appréhender comme un entrelacs de réseaux qui mettent quotidiennement en relation des lieux de formes, de tailles et de fonctions très diverses. Brenner et Schmidt évoquent un processus continu d’« implosions/explosions », où des îlots de densité surnagent au milieu de traînées irrégulières d’urbanisation diffuse. Largement partagé en géographie urbaine, ce constat a été singulièrement confirmé par la localisation des foyers d’infection par le SARS-COV-2. Ces foyers révèlent en effet des interconnexions souvent insoupçonnées, ou en tout cas rarement mises en avant.

      Les discours sur la géographie de la mondialisation opposent souvent des cœurs métropolitains connectées à des territoires laissés de côté, ceux de la France périphérique. Or la diffusion du virus révèle une géographie de la globalisation bien plus complexe, dont la thèse de l’urbanisation planétaire rend bien compte. En France les premiers foyers ont été Méry-sur-Oise (une commune de 10 000 habitants, située aux confins de la banlieue parisienne), Les Contamines-Montjoie (une station de ski alpine), La Balme-de-Sillingy (un village du périurbain d’Annecy) et une église évangélique de Mulhouse. On est loin des cœurs des grandes métropoles françaises. En Italie, les premiers foyers ont également été des villages ou des petites villes (Codogno ou Vo’) plutôt que les quartiers centraux de Milan ou de Venise.

      Avec ces premiers foyers européens, le virus a révélé le rôle des périphéries métropolitaines dans la mondialisation des chaînes de valeur industrielles. C’est que les flux ne concernent pas seulement les quartiers d’affaires des grandes villes : ils se tissent avant tout entre des lieux de production. L’intensité des liens entre les usines textiles du Val Seriana et la Chine explique pourquoi ce territoire périurbain situé au nord-est de Bergame est devenu l’un des premiers foyers italiens. Et en Allemagne, l’infection a été repérée pour la première fois à Starnberg, commune de 20 000 habitants située à une vingtaine de kilomètres de Munich, mais connectée au reste du monde par son usine d’équipements automobiles. Bien sûr, les centres des grandes villes sont devenus aujourd’hui les principaux épicentres de l’épidémie (ce dont New-York est devenu l’exemple le plus éloquent), au point que certains mettent en cause ce qui jusqu’ici apparaissait comme un atout économique : la densité et l’intensité des échanges qu’elles permettent. Il n’en reste pas moins que les premiers foyers européens n’ont pas été identifiés dans les cœurs métropolitains.

      Résumons l’essentiel : face au brouillage des périmètres urbains, face à l’étendue des réseaux formés par les noyaux d’urbanisation et face à l’intensité des flux qui parcourent ces réseaux, il s’est rapidement révélé impossible d’isoler des foyers. Les seuls cordons sanitaires qu’il a été possible de mettre en place sont les bonnes vieilles frontières nationales. Et encore ces frontières restent-elles souvent assez perméables, faute de pouvoir rompre les chaînes logistiques internationales, ou de pouvoir se passer des travailleurs frontaliers.
      La planétarisation des inégalités urbaines

      Un quatrième élément, central, caractérise enfin l’urbanisation planétaire : la reconfiguration de la dimension spatiale des inégalités. L’urbanisation des inégalités ne date bien sûr pas d’hier. Permise par la révolution néolithique, l’apparition des premières villes repose sur l’extraction d’un surplus agricole au détriment de l’autosuffisance paysanne, afin de nourrir une classe libérée des contraintes de la production alimentaire. Plus près de nous, la ville médiévale, dont les limites sont encore relativement nettes, s’organise autour d’un lieu central, lui-même clairement identifié et matérialisé : un marché. D’après Max Weber, celui-ci permet l’émergence d’une classe sociale, la bourgeoisie, laquelle s’engage en retour dans un processus d’accumulation. En repoussant les barrières féodales ou religieuses, et en intégrant un arrière-pays de plus en plus éloigné dans l’économie urbaine, cette accumulation jette les bases du capitalisme. Et de fait, l’un des chapitres de l’ouvrage de Schmidt et Brenner montre comment la restructuration complète des campagnes anglaises constitue in fine un processus d’extension de la ville et du pouvoir de sa bourgeoisie qui allait progressivement jeter les bases de la révolution industrielle. Les enclosures ont en effet appuyé la transformation de millions de paysans sans terre en une main-d’œuvre bon marché, en les poussant vers les faubourgs de Londres et Manchester.

      L’urbanisation prend ensuite progressivement le relais de l’industrialisation comme principal moteur du capitalisme. Il est dès lors possible de lire sa planétarisation comme la phase ultime de l’extension des relations hautement inégalitaires qu’elle tisse entre les territoires. Bien sûr, ces processus s’accompagnent de l’apparition de classes moyennes dans des pays où elles n’existaient pratiquement pas. Mais, à l’échelle mondiale, ce sont les plus riches qui tirent le plus de bénéfices de la globalisation. Et ces différences se lisent dans l’espace. Par exemple, les travaux récents menés à l’échelle internationale concluent en l’existence d’une « gentrification planétaire » qui voit les plus aisés s’approprier les cœurs des principales métropoles. Cette appropriation s’accompagne de la mondialisation d’une forme de ségrégation puisque, dans toutes les grandes métropoles, les classes populaires se trouvent rejetées de plus en plus loin en périphérie. Même les favelas du centre de Rio subissent les pressions de la gentrification.

      Ces inégalités jouent un rôle majeur dans l’impact du Covid-19 sur nos sociétés. En effet, les pandémies surviennent plus particulièrement durant les périodes d’accroissement des disparités sociales. Peter Turchin observe une corrélation historique entre le niveau des inégalités, l’intensité des liens entre territoires éloignés, et la violence des pandémies. En effet, plus une classe s’affirme dans son aisance, plus elle dépense dans la consommation ostentatoire, souvent dans des produits de luxe originaires de lieux éloignés. Or les virus voyagent avant tout avec le commerce de longue distance. Ce fait n’est pas nouveau : l’effondrement presque simultané des empires chinois et romain dans les premiers siècles de notre ère s’explique en partie par la virulence des épidémies qui se diffusaient le long des routes commerciales. Mais les mobilités étaient alors sans commune mesure avec celles d’aujourd’hui. Pour les flux humains mondiaux, la différence est particulièrement marquée pour les classes supérieures. Leur sociabilité a toujours été internationale, voire cosmopolite. Mais leur mobilité a pris une nouvelle dimension sous l’effet de la globalisation, et de l’urbanisation planétaire. Dès lors, face à un nouveau virus à la fois hautement social et difficilement détectable, les classes supérieures se sont présentées comme un potentiel super-diffuseur collectif. Et cela a bien été leur rôle pendant l’hiver 2020.

      Des enquêtes seront nécessaires pour préciser les canaux de diffusion du virus, mais la rapidité de cette diffusion a d’ores et déjà révélé l’importance des séminaires internationaux, des flux d’étudiants, des déplacements touristiques et professionnels. Ces flux, et notamment ceux sur lesquels repose la mondialisation industrielle, ont allumé les premiers foyers européens, qui ont ensuite contribué à diffuser le virus non seulement dans l’ensemble de l’Europe, mais aussi vers d’autres continents, notamment l’Afrique. Ces premiers foyers sont apparus socialement peu sélectifs, illustrant le fait que la mondialisation se fait aussi par le bas et pas seulement via des déplacements de cadres ou de touristes aisés. Ainsi, les adeptes de la Porte ouverte chrétienne, dont le rassemblement à Mulhouse a été un des premiers foyers français, ou de l’église Shincheonji de Jésus en Corée du Sud, ne s’apparentent pas aux catégories supérieures. Et la désormais fameuse « patiente 31 », à l’origine de 80 % des infections en Corée du Sud, n’avait pas voyagé. Elle ne faisait donc pas partie des élites voyageuses.
      Pourtant, quand on reprend la chronologie des différents foyers identifiés de par le monde, on est frappé par l’importance des lieux fréquentés par les classes supérieures. Au Brésil, c’est depuis un club de plage de Rio, le plus select du pays, que l’épidémie s’est propagée. À Hong-Kong, les premiers foyers sont apparus dans des hôtels de haut standing (comme pour le SRAS d’ailleurs). En Égypte, c’est une croisière sur le Nil qui a entraîné l’infection d’une partie des passagers (surtout originaires d’Europe et d’Amérique du Nord), mais aussi de l’équipage égyptien. En Australie, une croisière est aussi en cause : le virus s’est propagé avec les passagers infectés disséminés dans le pays après avoir débarqué d’un paquebot. En Norvège, en Islande, au Danemark, en Suède ou Finlande, la diffusion du Covid-19 est liée à des retours de vacances dans des stations de ski des Alpes, et notamment celle d’Ischgl. En Europe de l’Est, la pratique du ski est aussi en cause : c’est des restaurants et des clubs huppés de Courchevel que le virus est parti vers la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie. Même l’Afrique du Sud a été contaminée via les Alpes : la première entrée identifiée du virus est liée à un vacancier de retour d’un week-end de ski en Italie. Au Mexique et aux États-Unis, des chaînes de contamination se sont aussi constituées depuis les pistes du Colorado. L’Uruguay, quant à lui, a vu ses cas se multiplier à la suite d’un mariage dans la haute société, à laquelle assistait une grande couturière tout juste rentrée de vacances en Espagne. Ces exemples montrent à quel point la propagation du virus s’est notamment appuyée sur des pratiques fondées à la fois sur des interactions sociales intenses dans des lieux confinés (restaurants, conventions, cocktails, clubs) et sur des déplacements internationaux tout aussi intenses. Ceci explique également que la pandémie ait d’emblée lourdement frappé les personnalités politiques de premier plan, groupe partageant le même type de pratiques.

      L’impression du caractère élitaire de la contagion internationale a pu être renforcée par la difficulté d’accéder aux tests (ce qui renvoie à une autre forme d’inégalité face à la pandémie). Il n’empêche qu’à la différence de la tuberculose ou du choléra, qui tuent avant tout dans des pays pauvres et des bidonvilles, la nouvelle épidémie n’a pas initialement frappé les quartiers populaires denses. Elle s’est notamment diffusée par les réseaux des classes supérieures, qui prennent appui sur des pratiques de sociabilité multi-localisées, intenses et éphémères. Le cas de Singapour est éloquent. Le premier cas confirmé remonte au 23 janvier. Il concerne un Chinois originaire de Wuhan de passage dans un resort haut de gamme. Les premières infections non importées sont repérées le 4 février, dans un magasin fréquenté par des touristes chinois. C’est seulement deux mois plus tard, en avril, que l’épidémie atteint des groupes sociaux nettement plus modestes, avec la déclaration d’un foyer dans un dortoir de travailleurs migrants. Compte-tenu de la dynamique de l’épidémie, ce décalage dans le temps est considérable.
      Le virus a donc d’abord largement frappé les groupes qui bénéficient le plus de l’urbanisation planétaire. Il s’est diffusé à la faveur de leur mobilité. C’est ce qui fait que l’Europe s’est très rapidement substituée à la Chine comme principale propagatrice du virus. De fait, les données phylogénétiques le confirment : la diffusion du virus en Afrique vient avant tout d’Europe. Même en Inde, si les premiers cas sont liés à la Chine, les premiers foyers sont liés à l’Europe. Se dessine alors, au cours de cette seconde phase de la pandémie, une autre mondialisation, caractérisée par des flux entre la plaque tournante européenne et les pays nouvellement infectés.
      Cette coloration européenne du virus dans les premières étapes de sa propagation hors d’Asie de l’Est explique ainsi la diffusion du néologisme de « coronisation » en Afrique puis en Inde. L’association initiale du virus aux classes aisées explique quant à elle pourquoi au Mexique, un gouverneur a pu prétendre publiquement que les pauvres étaient immunisés contre le Covid-19. De même, dans les quartiers noirs des États-Unis, il a, un temps, pu être perçu comme une maladie de « Blancs riches ».
      Des flux de la mondialisation aux quartiers populaires

      Ces idées ont fait long feu. Dans un second temps, le virus s’est plus largement diffusé, à la fois spatialement et socialement. Là encore, la thèse de l’urbanisation planétaire aide à comprendre comment. D’abord, la mondialisation a aussi ses soutiers. Le cas de Singapour l’illustre : même si c’est à un rythme nettement plus lent que pour les catégories aisées, le virus a aussi été transporté par ceux que l’on appelle des migrants plutôt que des expatriés. Les conditions de vie de ces derniers, avec la promiscuité propre aux dortoirs, a favorisé une contagion marquée, plus difficilement contrôlable que dans les condominiums des quartiers aisés. D’une manière générale, la distanciation sociale est difficile dans les bidonvilles, figures majeures de l’urbanisation planétaire, qui abritent une proportion considérable de la population des grandes métropoles africaines, latino-américaines ou asiatiques.
      Le virus s’est également diffusé en suivant les réseaux constitués par les systèmes métropolitains. Les migrations qui ont suivi le confinement ont démontré toute l’étendue et la diversité de ces interdépendances, bien au-delà des banlieues et des couronnes périurbaines. Ces migrations ont été empêchées dans certains pays comme la Chine ou la Norvège. Mais, en Inde ou dans plusieurs pays d’Afrique, on a pu voir l’importance du nombre de migrants et la précarité de leur statut au cœur des grandes métropoles : le retour à la campagne a pour eux été une question de survie. Dans les pays riches où la mise en œuvre du confinement a été relativement permissive, comme aux États-Unis ou en France, on a pu voir les étudiants retourner chez leurs parents quand ils le pouvaient et les plus aisés quitter les cœurs métropolitains pour des lieux de résidence plus confortables. L’analyse de l’INSEE montre ainsi que 11 % des résidents parisiens ont quitté la ville. Les départs des plus aisés vers leurs résidences secondaires ont marqué les esprits. En France ou aux États-Unis, de nouvelles inégalités spatiales sont ainsi apparues plus clairement, à des échelles beaucoup plus vastes que celles usuellement considérées pour opposer les cœurs de métropoles et leurs banlieues populaires ou même leurs lointaines couronnes périurbaines. L’exode urbain vers les résidences secondaires a nourri une rancœur chez les habitants des territoires d’accueil qui ne sera pas facilement résorbable.

      Si la trajectoire de la pandémie met en exergue la spatialité des inégalités, c’est aussi parce qu’à la base de l’échelle sociale, le télétravail a souvent été impossible et que la mobilité quotidienne s’est maintenue, notamment vers les zones denses concentrant les activités. Durant le confinement, ce sont principalement les habitants des quartiers populaires qui continuent à devoir se rendre sur leur lieu de travail et à avoir des contacts (certes des catégories aisées continuent à se déplacer pour travailler, les médecins au premier chef, mais elles sont moins nombreuses en proportion). Ajoutée à la dépendance plus élevée aux transports en commun, cette mobilité a largement contribué à la diffusion du virus dans les classes populaires. Ceci explique pourquoi les quartiers populaires concentrent plus de cas et plus de morts.

      Dans le premier foyer repéré aux États-Unis, une maison de retraite de Kirkland, dans la banlieue de Seattle, les employés, en large majorité des femmes, ont fortement contribué à propager le virus. Elles ont en effet été réticentes à évoquer leur contamination, non pas par crainte du stigmate social (comme dans certains milieux aisés au début de la pandémie), mais plus prosaïquement par crainte de perdre leur emploi et par absence de congés maladie. En outre, elles sont fréquemment contraintes de cumuler plusieurs emplois précaires, dont l’un, souvent, dans le secteur de la restauration, domaine d’activité dont on connaît le rôle potentiel dans la diffusion du virus.

      Ainsi, le Covid-19 souligne les nouvelles inégalités territoriales fabriquées à travers l’urbanisation planétaire. Si les liens qui se tissent d’un bout à l’autre de la planète bénéficient avant tout aux catégories aisées, les épicentres ont émergé dans des espaces populaires, pourtant à l’écart des foyers initiaux : en France et aux États-Unis, les stations de ski étaient les principaux foyers mais la Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, et Détroit, la plus pauvre des grandes villes des États-Unis, sont devenus les épicentres. À la Nouvelle-Orléans, la pandémie s’est diffusée à la faveur de Mardi gras, importée par les touristes et les fêtards, dont certains avaient eu le bon goût de se déguiser en virus. Ce sont aujourd’hui les quartiers pauvres de la ville qui payent à la maladie l’un des plus lourds tributs de l’ensemble des États-Unis.
      Ces inégalités sont en effet redoublées par la haute sélectivité du virus qui, outre les personnes âgées, cible notamment les individus présentant des facteurs de co-morbidité (diabète, insuffisance cardiaque etc.). Or ces affections ne sont évidemment pas également distribuées dans la société et dans l’espace. Aux États-Unis, où les inégalités entre et dans les métropoles sont particulièrement marquées, le virus s’avère nettement plus mortel, d’une part dans les villes à majorité noire (La Nouvelle-Orléans, Chicago, Détroit, Milwaukee), et d’autre part dans les quartiers pauvres, c’est-à-dire dans les ghettos transformés en déserts alimentaires et médicaux sous l’effet des politiques d’austérité. Ainsi, à Chicago, l’écart d’espérance de vie moyenne entre les quartiers atteint jusqu’à 30 ans, soit plus d’une génération. Ce faisant, le Covid-19 ne fait que redoubler des inégalités majeures en matière d’accès à la santé, puisque ceux qui en meurent le plus souvent sont aussi ceux dont l’espérance de vie recule depuis plusieurs années sous l’effet d’autres facteurs (overdoses, suicides, empoisonnement de l’eau, etc.).

      Des recherches devront affiner ce qui vient d’être dressé à grands traits et apporteront certainement des nuances, mais le tableau d’ensemble paraît clair : le Covid-19 révèle l’ampleur des inégalités associées à l’urbanisation planétaire, avec d’un côté des classes aisées nomades qui, pour leurs loisirs ou leur activité professionnelle, ont transporté le virus aux quatre coins de la planète, et d’un autre côté des classes populaires beaucoup plus sédentaires, qui travaillent à leur service. Ce sont ces dernières qui paieront le prix le plus élevé de la pandémie.
      Le gouvernement de l’urbanisation planétaire en question

      Il faut évidemment se garder de toute prévision hâtive. L’impact de la pandémie dépendra notamment de sa durée. Si, pour une raison ou une autre, elle est jugulée rapidement, on peut s’attendre à un retour à la normale. Mais si le virus s’installe durablement, les relations sociales et la vie économique vont être fortement perturbées. La crise du Covid-19, en partie issue de l’urbanisation planétaire, pourrait donc en retour l’affecter profondément. Elle pourrait notamment modifier les hiérarchies établies entre les types d’espaces urbains. En dépit des premières étapes de la diffusion de la pandémie, il est probable que resurgisse une crainte de la ville dense. De fait, une fois l’épidémie installée, le virus s’est diffusé plus fortement dans les grands centres urbains et leurs banlieues. Face à ce constat, après avoir quitté les villes et changé d’habitudes pendant le confinement (transformation de la résidence secondaire en résidence principale, pratique accrue du télétravail, etc.), une partie des classes aisées sera peut-être tentée de prolonger l’expérience, surtout si, comme on peut s’y attendre, les transports deviennent durablement plus compliqués dans les grands centres denses. Les lignes bougeront lentement, mais peut-être un nouveau cycle, moins favorable à la densité, s’enclenchera-t-il. Une telle évolution pourrait réduire la pression immobilière sur les grands centres métropolitains et les rendre de nouveau un peu plus accessibles aux soutiers des économies métropolitaines. Elle favoriserait sans doute aussi une meilleure prise en considération politique des mondes périurbains et ruraux. Mais elle s’accompagnerait d’une pression encore accrue sur les ressources environnementales de ces territoires (concurrence entre agriculture, habitat et commerce, pollution accrue par le recours à la voiture individuelle, etc.). De telles perspectives renforcent, si besoin était, la nécessité d’une démocratisation et d’une extension des périmètres de la planification. Ce n’est désormais qu’à l’échelle de vastes régions métropolitaines que peuvent être légitimement débattus et arbitrés les conflits actuels comme futurs sur l’usage des sols, entre préservation environnementale, répartition des logements, et relocalisation industrielle et agricole.

      À une autre échelle, le Covid-19 met aussi à l’épreuve la manière dont la planète est gouvernée. Avec l’urbanisation planétaire, les interdépendances entre les lieux, les territoires et les espaces se sont largement affranchies des frontières nationales. En outre, les échanges internationaux sont devenus plus complexes et multiscalaires, au sens où ce n’est pas la France qui entre en relation avec la Chine, mais la station de ski des Contamines-Montjoie qui se trouve raccordée avec une forêt du Hubei, via un touriste Anglais revenu d’une conférence à Singapour où il a côtoyé d’autres cadres chinois, qui eux-mêmes avaient peut-être dîné avec un ami médecin employé dans un hôpital de Wuhan. Comment gouverner les liens ainsi constitués ? On sent bien que face à ces réseaux, fermer les frontières nationales oscille entre le dérisoire et l’excessif. Le dérisoire car le virus a souvent passé les frontières avant même qu’on ait eu l’idée de les fermer, et l’excessif tant leur fermeture introduit des perturbations économiques et sociales majeures.

      On revient ici au point de départ de cet article. On peut en effet faire l’hypothèse que, si une mesure aussi brutale et aveugle que le confinement a été imposée à des milliards d’individus, c’est faute de pouvoir se sevrer brutalement des flux portés par l’urbanisation planétaire (un chiffre suffit à mesurer la difficulté : 80 % des produits actifs des médicaments mondiaux viennent d’Inde ou de Chine). C’est aussi faute de pouvoir gouverner ces flux. Leur gouvernement est au cœur des débats actuels sur le traçage et le suivi des contacts de personnes potentiellement malades. Le problème est que plane ici le spectre du renforcement du contrôle et de la surveillance, observé par Foucault lorsque frappait la peste. Beaucoup craignent qu’une telle évolution vers le contrôle des flux s’effectue sous un angle disciplinaire, voire liberticide. Et ce d’autant plus qu’une offre, émanant des multinationales de la sécurité et de la surveillance électronique, ne demandera qu’à rencontrer des États désireux de réaffirmer leur capacité à protéger leurs citoyens. Dans ce contexte, comment tracer sans interférer sur les libertés fondamentales ? Les sociétés civiles découvrent avec un certain vertige ce à quoi le gouvernement des flux pourrait conduire.

      La question, déjà épineuse dans un cadre national, l’est encore plus dans un cadre international. L’Europe par exemple, après avoir mis en place des dispositifs de protection des données personnelles parmi les plus stricts au monde, pourrait-elle faire volte-face et imposer ce qui s’apparenterait à une surveillance généralisée des mouvements ? Ce genre de question et l’impossibilité d’y répondre positivement ont poussé la plupart des gouvernements à conclure que le virus serait d’autant plus difficile à éliminer qu’un pays qui se donnerait les moyens de le faire se trouverait fortement contraint dans ses relations avec ses voisins. La Nouvelle-Zélande, pays dans lequel le virus ne semble presque plus circuler, impose ainsi depuis le 29 avril dernier une quarantaine d’au moins 14 jours à tous les nationaux qui rentrent de l’étranger ; les autres, à l’exception des Australiens, sont tout bonnement interdits d’entrée. Est-il possible de tenir longtemps comme cela, quand le virus continue à circuler aux portes du pays ? Comme le Covid-19 présente une morbidité qui, à la différence du SRAS, ne semble pas totalement inacceptable, tenter de vivre avec cette maladie a pu sembler la « moins mauvaise » des solutions. C’est ainsi que de nombreux pays ont renoncé à chercher à éliminer le virus pour plutôt en contrôler la diffusion via la distanciation sociale (dont le confinement est une variante extrême), faisant le pari qu’avec un traitement, un vaccin ou une immunité collective, la pandémie finira par devenir une maladie banale, comme la grippe. Ce pari a déjà valu un premier confinement dévastateur, sans garantie qu’il n’y en ait pas d’autres. Si la situation ne s’améliore pas, les voix seront de plus en plus nombreuses à demander si l’urbanisation planétaire vaut son prix.

      https://laviedesidees.fr/La-mondialisation-du-confinement.html

    • Does lockdown work? A spatial analysis of the spread and concentration of Covid-19 in Italy

      The spread of Covid-19 is a global concern, especially in the most developed countries where the rapid spread of the virus has taken governments by surprise. Adopting a spatial approach to this issue, we identify the spatial factors that help explain why some areas are hit harder than others, based on the Italian example (with the Lombardy region as the epicentre in Europe). Our analysis combines an autoregressive spatial model and a bivariate spatial autocorrelation from a pool of data collected from the Italian provinces to propose a real-time analysis of the spread and concentration of the virus. The findings suggest that the most globally connected areas are also the worst hit, and that the implementation of a lockdown at the beginning of March 2020 was a crucial and effective approach to slowing the spread of the virus further.

      https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00343404.2021.1887471

  • Autour des avions et de la #diffusion du #coronavirus, dans la conférence de #Sansonetti :


    –-> plutôt que la théorie du #climat (là où il fait chaud, pas de virus), c’est celle des connexions par #avion qui serait à privilégier pour la #propagation du #virus...

    La conférence :
    https://seenthis.net/messages/834008

    #géographie #ressources_pédagogiques #coronavirus
    Et comme dit ma collègue Sarah Mekdjian :

    j’ajoute à mon TD sur le #déterminisme_climatique

    #déterminisme_géographique #avions #transports #températures #Afrique #Asie #Europe #transport_aérien #température #cartographie #visualisation

    #Philippe_Sansonetti

    • Reçu d’une amie à qui j’ai envoyé le commentaire ci-dessus

      Avevo visto la cartina in gennaio : une crisi annunciata.

      Pensa te che Zurigo in febbraio ha chiuso i voli diretti con la Cina, Ginevra no (3 voli /settimana con Pechino). All’atterraggio ricevevano un foglio dell’ufsp con scritto: in CH non é obbligatorio portare la mascherina (gettatela uscendo dall’aereo). Poi nessun controllo (febbre, quarantena... niente ).

      Morale ? Confronta il numero di casi à GVA e ZH !

      La politica ginevrina Del non chiudere l’aeroporto a Ginevra é stata spiegata pubblicamente dal medico cantonale il 25 febbraio all’unige (conferenza disponibile su mediaserver dell’uni).

      Remarque : la conferenza era sul mezzo giorno e gli esperti facevano « blagues » perché « je vous rappelle qu’au jour d’aujourd’hui il n’y a aucun cas en Suisse »..... un’ ora dopo la stampa annunciava il primo caso in Ticino. Tu vuoi farmi credere che il medico cantonale non lo sapevo ????

      #Suisse #Zurich #aéroports #Genève

    • Coronavirus en Afrique : pourquoi la catastrophe annoncée n’a pas eu lieu ?

      Les experts annoncent depuis des mois une déferlante de l’épidémie de coronavirus en Afrique, où la pauvreté et le manque d’infrastructures de santé font craindre le pire. Pourtant, alors que le premier cas remonte au 14 février sur le continent, la vague n’est toujours pas arrivée. Comment expliquer cette relative préservation ?

      Depuis le premier cas de coronavirus sur le continent, le 14 février en Égypte, les experts nous prédisent un scénario effrayant. L’Afrique allait être rapidement submergée par la pandémie de Covid-19 avec à la clé un cataclysme sanitaire dans un continent pauvre au système de santé défaillant. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle presque chaque jour le continent « à se préparer au pire ». Deux mois plus tard, le tsunami n’a toujours pas eu lieu, alors que les pays européens et les États-Unis sont violemment frappés.
      L’Afrique est le continent le moins touché par l’épidémie de coronavirus

      Avec 1.216 décès et 26.058 cas recensés au 22 avril, l’Afrique est le continent le moins touché par l’épidémie de coronavirus. L’Algérie, est le pays qui déplore le plus grand nombre de décès (402) devant l’Égypte, le Maroc et l’Afrique du Sud. Par comparaison, la France et ses 66 millions d’habitants a dépassé la barre des 20.000 morts du Covid-19. Alors pourquoi l’Afrique avec ses 1,2 milliard d’habitants semble échapper à l’épidémie ?

      Évidemment, le faible nombre de tests et le manque de données faussent en partie le bilan, le nombre de cas étant sans doute largement sous-estimé. Le chef du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, John Nkengasong, concède à l’AFP que, faute de tests, les statistiques ne sont pas parfaites. Mais il écarte l’idée que de nombreux cas passent sous les radars. « Les hôpitaux seraient envahis de malades, ce qui n’est pas le cas », confirme le médecin. D’autres facteurs peuvent en revanche apporter quelques pistes d’explication.

      Une longueur d’avance

      L’épidémie a gagné l’Afrique quelques semaines après l’Europe, permettant à ses dirigeants d’adopter des mesures préventives très en amont. « Avant même la détection des premiers cas de coronavirus sur le sol rwandais, nous avons pris très tôt des mesures d’hygiène qui ont été appliquées sur presque toute l’étendue du territoire », corrobore le docteur Sabin Nsanzimana, directeur général du Rwanda Biomedical Centre, à RFI. L’Afrique du Sud, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie ont imposé un confinement et des couvre-feux avant que l’épidémie n’ait eu le temps de se propager.
      Une faible densité de population

      Avec 43 habitants par kilomètre carré, contre 181 en Europe de l’Ouest ou 154 en Asie du Sud-Est, l’Afrique demeure un continent faiblement peuplé dans la plupart des régions. Les habitants sont généralement concentrés dans les capitales, qui ont été très tôt confinées. En Côte d’Ivoire, le grand Abidjan est ainsi officiellement isolé du reste du pays depuis le 30 mars. Idem au Lagos, où les habitants des deux mégalopoles, Abuja et Lagos, ont interdiction de quitter la ville. Cette faible densité limite considérablement les contacts et donc la transmission du virus.

      Moins de circulation des personnes

      Contrairement à la plupart des pays occidentaux, de nombreuses régions africaines restent très isolées et vivent en quasi-autarcie. Le virus circule donc très peu dans la population. L’Afrique est également beaucoup moins touristique que l’Europe ou les États-Unis. Sur les 50 aéroports les plus fréquentés au monde, un seul est africain (celui de Johannesburg). L’Afrique ne compte pas non plus de diaspora importante comme la Chine ou l’Inde, qui doivent faire face au retour de nombreux étudiants revenant de l’étranger. Peu de grands mouvements de population ont d’ailleurs été constatés en Afrique subsaharienne.
      Une pyramide des âges beaucoup plus jeune

      Environ 60 % de la population africaine est âgée de moins de 25 ans. Or, le coronavirus frappe plus particulièrement les personnes âgées : en France, 75 % des personnes décédées du Covid-19 ont plus de 75 ans. L’Italie du Nord, région la plus touchée au monde, est aussi caractérisée par une très forte population âgée. « En Afrique, il n’y a plus de vieux à tuer sur le continent » résume sarcastiquement l’écrivain ivoirien Gauz, dans une tribune sur le site de Jeune Afrique. L’Afrique présente aussi un très faible taux d’obésité, qui est un facteur de risque majeur de mortalité au Covid-19.

      Une immunité pré-existante ?

      Une étude préliminaire du NHS (National Health Service) et de King’s College montre une corrélation négative entre les pays affectés par la malaria et ceux touchés par le Covid-19, qu’elle explique par un possible effet protecteur des traitements prophylactiques pour la malaria comme la chloroquine contre le coronavirus. Or, 93 % des cas de malaria sont enregistrés en Afrique, selon l’OMS. D’après une autre étude, c’est la vaccination systématique du BCG déployée en Afrique qui pourrait expliquer l’immunisation de la population. Les pays sans politique de vaccination universelle du BCG comme l’Italie et les États-Unis sont à l’inverse les plus touchés par le Covid-19, notent les auteurs. Des corrélations qui n’apportent toutefois aucune preuve de cause à effet.
      Famine, criquets, effondrement de l’économie : ces autres menaces bien plus concrètes

      Malgré ces atouts, l’Afrique risque pourtant de faire les frais de l’épidémie de Covid-19. Conséquence de la fermeture des frontières, des mesures de confinement et de la hausse des prix des denrées alimentaires, « le nombre de personnes menacées de famine en Afrique de l’Ouest pourrait quasi tripler en trois mois », a ainsi alerté l’ONG Oxfam le 21 avril. Une invasion de criquets fait également des ravages en ce moment en Afrique de l’Est. En Éthiopie, 200.000 hectares de terres agricoles ont été dévorées et un million de personnes ont désormais besoin d’une aide alimentaire d’urgence. La pandémie de coronavirus a également mis à l’arrêt la plupart des campagnes de vaccination contre la polio, la rougeole ou la diphtérie. En Afrique, le coronavirus est loin d’être la priorité des habitants.

      https://www.futura-sciences.com/alternative/amp/actualite/79699/?__twitter_impression=true
      #pyramide_des_âges #densité_de_population

  • #Atalanta - #Valence, la « #partie_zéro » ?

    Le 19 février dernier, l’Atalanta de Gian Piero Gasperini explosait Valence (4-1) en huitième de finale aller de la Ligue des champions devant plus de 40 000 tifosi venus de Bergame et des alentours. Un moment historique pour le club lombard qui a néanmoins une face sombre. En effet, aujourd’hui, plusieurs médecins pensent que cette rencontre pourrait bien être l’une des causes majeures du chaos qui règne actuellement dans la cité italienne. Explications.

    Il y a un mois jour pour jour, Adriano Trevisan s’éteignait près de Padoue et devenait ainsi la première victime du Covid-19 en Italie. La première d’une longue série, qui ne cesse de s’étirer de l’autre côté des Alpes. Samedi, comme partout dans le pays, de nouveaux chiffres sont tombés à Bergame et ces derniers ne sont pas bons, évidemment. Rien que pour la journée, 715 nouveaux cas ont été recensés dans la « Cita dei Mille » , ville de 120 000 habitants, qui a déjà perdu 533 de ses citoyens depuis le début de la pandémie. Des citoyens qui ont peut-être reçu aujourd’hui un début de piste : et si la propagation express du virus était simplement due à la rencontre de #Ligue_des_champions Atalanta-Valence, disputé le 19 février dernier au #stade San Siro de Milan ?

    « Atalanta-Valence a été une #bombe_biologique »

    En effet, il y a un mois, plus de 43 000 spectateurs venus de Bergame et de ses environs venaient assister dans l’enceinte milanaise à un moment d’histoire. Ce soir-là, la Dea renversait Valence (4-1). Les quotidiens italiens parlaient de « fête » , de « nuit magique » , de « soirée inoubliable » . Des irréductibles qui ont suivi l’équipe depuis la Serie C, aux enfants qui ont manqué l’école pour assister à cette campagne européenne inédite pour leur club, tous voulaient en être. Sans savoir que ce serait au péril de leur vie. « J’ai entendu plein de théories (à propos de la propagation plus rapide qu’ailleurs du virus à Bergame, N.D.L.R.), voici la mienne, répond ce jour #Fabiano_Di_Marco, responsable du département pneumologie de l’hôpital Papa Giovanni XXIII de Bergame au Corriere della Sera. 19 février, 40 000 Bergamasques à San Siro pour Atalanta-Valence. En bus, en train, en voiture. Atalanta-Valence a été une bombe biologique. » En cause : la #promiscuité entre supporters dans un métro milanais bondé, dans les tribunes, autour des foodtrucks pour déguster de délicieux panini.

    Puis, ces moments de joie. Fêtés sans respect de consignes qui n’existaient pas encore. Parfois, même, en compagnies de certains des 2500 supporters valenciens ayant fait le déplacement à Milan. Pour échanger des fanions, faire des photos souvenirs, partager des bières dans un même réceptacle. Sans parler uniquement des supporters, le journaliste espagnol Kike Mateu, atteint du coronavirus, était présent au stade et a côtoyé ses confrères et consœurs dans les coursives du stade et en salle de presse. Chez les joueurs, aussi. Si Ezequiel Garay (premier joueur infecté en Liga) n’était pas du voyage en Italie, près de 35% de l’effectif de Valence est infecté aujourd’hui. Cela fait déjà quelques coïncidences.

    Prier pour Bergame

    Depuis l’hôpital Umberto I de Rome, le médecin Francesco Le Foche n’écarte pas non plus l’hypothèse. « Il y a probablement eu plusieurs déclencheurs et catalyseurs pour expliquer la diffusion du virus, explique-t-il au Corriere dello Sport. Le match #Atalanta-Valencia aurait très bien pu être l’un d’entre eux. Il a été le point culminant de l’#euphorie_collective dans une saison de football unique pour ce club. Un mois s’est écoulé depuis ce match, le timing est donc pertinent. Le regroupement de milliers de personnes, à quelques centimètres les unes des autres, se livrant à des manifestations d’euphorie comme des étreintes ou des cris, tout cela a pu favoriser la #propagation du virus. »

    Si la Serie A doit reprendre ses droits le 2 mai prochain, et que le Napoli compte reprendre le chemin de l’entraînement la semaine prochaine, pas sûr que l’on rejouera de sitôt en Lombardie et à Bergame. Du moins, pas avec du public. En attendant, du côté de l’Atalanta, aucun membre de l’effectif n’a (à ce jour) été recensé comme étant atteint du Covid-19. Federica Percassi, la fille du président de l’Atalanta, a appelé sur Instagram « à prier pour Bergame » ce lundi à 12h. Malheureusement, il n’y a plus que cela à faire, car il est trop tard, et surtout inutile, d’avoir des remords concernant une rencontre qui devait être une fête comme une autre.

    https://www.sofoot.com/atalanta-valence-la-partie-zero-481483.html
    #foot #football #match_de_foot #coronavirus #Bergame #Italie #contamination #cas_zéro
    ping @simplicissimus @fil

  • « Les connards qui nous gouvernent » par Frédéric Lordon, 19 mars 2020
    https://blog.mondediplo.net/les-connards-qui-nous-gouvernent

    Bien sûr ça n’est pas moi qui le dis — ça non. C’est Claude Askolovitch. Plus exactement, Claude Askolovitch rapporte les propos d’un « ami pneumologue ». En même temps, on sent qu’il les endosse un peu. Ça n’est pas exactement lui qui le dit mais un peu comme si quand même. En tout cas, tous les papiers de la respectabilité sont dûment tamponnés : un journaliste de France Inter et d’Arte, on pourra difficilement plus en règle. Et donc tout d’un coup, sans crier gare, le voilà qui parle, ou laisse parler, de nos gouvernants comme de « connards ».

    On se demande ce qui l’a piqué — en même temps il faut admettre : quand une vidéo appelée à demeurer dans la mémoire collective montre Agnès Buzyn, ci-devant ministre de la santé, déclarer fin janvier qu’évidemment le virus restera à Wuhan et qu’il n’y a aucune chance que nous en voyions jamais la couleur ; quand, jusqu’au 12 mars après-midi, le ministre Blanquer assène qu’il n’y a aucune raison de fermer les écoles (moi aussi, comme Claude Askolovitch, j’ai un ami : dans la classe de sa fille, sept cas positifs, mais pourquoi embêter les parents avec d’inutiles soucis de garde ?), et que le soir même la fermeture générale est annoncée ; quand, dans un tweet à ranger sur la même étagère que la vidéo de Buzyn, Macron, comme un hipster du 11e arrondissement qui aurait fait l’atelier poésie au collège, nous invite — le 11 mars –- : « Nous ne renoncerons à rien, surtout pas à rire, à chanter, à penser, à aimer, surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, au fêtes de soir d’été, surtout pas à la liberté », pour le 12 fermer les écoles, le 14 laisser son premier ministre annoncer un début de confinement général, et le 16 morigéner la population qui continuait sur la lancée de l’exemple qu’il lui donnait depuis des semaines ; quand on se remet sous les yeux le tableau d’ensemble de ces ahurissements, on se dit en effet que tous ces gens se sont fait prendre soit par surprise, soit par connerie. Et que l’hypothèse de la surprise étant à l’évidence exclue, il ne reste que celle de la connerie — qui n’est pas une surprise.

  • Coronavirus: l’inquinamento ha aperto la strada alla diffusione dell’infezione

    Lo rivela uno studio della Società italiana di medicina ambientale (Sima) insieme alle Università di Bari e di Bologna, che hanno esaminato i dati pubblicati sui siti delle Agenzie regionali per la protezione ambientale), incrociandoli con i casi di contagio riportati dalla Protezione Civile.

    POLVERI SOTTILI COME VETTORI del Coronavirus. Potrebbe essere questa la ragione per cui il virus ha viaggiato più veloce in Pianura Padana. Lo sostiene un gruppo di ricercatori che ha esaminato i dati pubblicati sui siti delle Arpa, le Agenzie regionali per la protezione ambientale, confrontandoli con i casi ufficiali di contagio riportati sul sito della Protezione Civile. Sono state inoltre revisionate varie ricerche scientifiche che descrivono il ruolo del particolato atmosferico come “carrier”, ovvero vettore di trasporto e diffusione per molti contaminanti chimici e biologici, inclusi i virus. Inoltre, il particolato atmosferico costituisce un substrato che può permettere al virus di rimanere nell’aria in condizioni vitali per un certo tempo, nell’ordine di ore o giorni.
    I dati delle centraline di rilevamento ambientale
    I ricercatori della Società Italiana di Medicina Ambientale (Sima), insieme a quelli dell’Università di Bologna e di Bari, hanno esaminato i dati pubblicati sui siti delle Agenzie regionali per la protezione ambientale - relativi a tutte le centraline di rilevamento attive sul territorio nazionale, registrando il numero di episodi di superamento dei limiti di legge (50 microg/m3 di concentrazione media giornaliera) nelle province italiane. Parallelamente, sono stati analizzati i casi di contagio da COVID-19 riportati sul sito della Protezione Civile. Dall’analisi è emersa una relazione tra i superamenti dei limiti di legge delle concentrazioni di PM10 registrati nel periodo tra il 10 e il 29 febbraio e il numero di casi infetti da COVID-19 aggiornati al 3 marzo (considerando un ritardo temporale intermedio relativo al periodo 10-29 febbraio di 14 giorni, approssimativamente pari al tempo di incubazione del virus fino alla identificazione della infezione contratta).
    L’esplosione dei contagi in Pianura padana
    In Pianura padana si sono osservate le curve di espansione dell’infezione che hanno mostrato accelerazioni anomale, in coincidenza, a distanza di 2 settimane, con le più elevate concentrazioni di particolato atmosferico, che hanno esercitato un’azione di boost, cioè di impulso alla diffusione virulenta dell’epidemia: “Le alte concentrazioni di polveri registrate nel mese di febbraio in Pianura padana sottolinea Leonardo Setti dell’Università di Bologna - hanno prodotto un’accelerazione alla diffusione del Covid-19. L’effetto è più evidente in quelle province dove ci sono stati i primi focolai”. Insomma, potrebbe esserci un nesso tra polveri sottili e diffusione del virus: “Le polveri stanno veicolando il virus. Fanno da carrier. Più ce ne sono, più si creano autostrade per i contagi. E’ necessario ridurre al minimo le emissioni, sperando in una meteorologia favorevole”, afferma Gianluigi de Gennaro, dell’Università di Bari.
    Polveri sottili come ‘marker’ della virulenza
    Quindi i virus si “attaccano” (con un processo di coagulazione) al particolato atmosferico, costituito da particelle solide e/o liquide in grado di rimanere in atmosfera anche per ore, giorni o settimane, e che possono diffondere ed essere trasportate anche per lunghe distanze. “In attesa del consolidarsi di evidenze a favore di questa ipotesi presentata nel nostro Position Paper - aggiunge Alessandro Miani, presidente della Sima - in ogni caso la concentrazione di polveri sottili potrebbe essere considerata un possibile indicatore o ‘marker’ indiretto della virulenza dell’epidemia da Covid-19. Inoltre, in base ai risultati dello studio in corso l’attuale distanza considerata di sicurezza potrebbe non essere sufficiente, soprattutto quando le concentrazioni di particolato atmosferico sono elevate”.
    I dati sulle altre infezioni
    Già prima del Covid-19 era stato indagato il rapporto tra concentrazioni di particolato atmosferico e diffusione dei virus. Per esempio, nel 2010 si è visto che l’influenza aviaria poteva essere veicolata per lunghe distanze attraverso tempeste asiatiche di polveri che trasportavano il virus. I ricercatori hanno dimostrato che c’è una correlazione di tipo esponenziale tra le quantità di casi di infezione e le concentrazioni di polveri sottili. Nel 2016 è stata osservata una relazione tra la diffusione del virus respiratorio sinciziale umano nei bambini e le concentrazioni di particolato. Questo virus causa polmoniti in bambini e viene veicolato attraverso il particolato in profondità nei polmoni. La velocità di diffusione del contagio è correlata alla concentrazione di PM10 e PM2.5. Infine, quest’anno è stato rilevato come uno dei maggiori fattori di diffusione giornaliera del virus del morbillo in Lanzhou (Cina) sono stati i livelli di inquinamento di particolato atmosferico.
    La situazione oggi senza traffico
    Ammesso che esista un collegamento tra livelli di inquinamento e diffusione del coronavirus, ora che le città sono pressocché ferme, lo smog e le polveri sottili non rappresentano più un problema? "I livelli di inquinamento sicuramente stanno scendendo ma quelli dovuti al traffico veicolare rappresentano circa il 22% del totale. E comunque in Pianura padana anche se non c’è traffico in giro e le aziende lavorano di meno come sta accadendo in questo periodo, per una questione orografica e di stagnazione dell’aria, i livelli di particolato non scendono così repentinamente a meno che non venga un forte temporale e ci sia vento”, spiega Miani.
    L’aria di casa nostra
    Al di là del fatto che fuori c’è meno inquinamento, c’è da considerare la qualità dell’aria di casa e di tutti i luoghi indoor aperti al pubblico, dove tra l’altro tutti stiamo trascorrendo più tempo. “Negli spazi indoor l’inquinamento dell’aria mediamente è cinque volte superiore rispetto all’esterno e le persone oggi passano la maggior parte del tempo in spazi confinanti”, spiega Miani. Suggerimenti? “E’ bene aprire le finestre per alcuni minuti più volte al giorno, perché una miscelazione di gas riduce la percentuale di inquinamenti e utilizzare purificatori d’aria per tenere l’aria pulita nei luoghi confinati come casa e uffici”, risponde l’esperto. Ma perché la qualità dell’aria di casa nostra o in generale di un luogo chiuso o anche aperto ma circoscritto come, per esempio, una strada di quartiere, ha un nesso con il Coronavirus? “Se tra le persone che circolano per strada vicino a noi o sono nello stesso spazio interno, c’è qualcuno che é infetto, ancorché asintomatico, il particolato presente in quella singola area, se di livelli importanti, può essere un moltiplicatore dell’infezione aumentando la possibilità di contagio.
    La richiesta di interventi salva-ambiente
    Proprio perché esiste una letteratura scientifica che riporta un’elevata diffusione di infezione virale in relazione ad elevati livelli di particolato atmosferico, i ricercatori hanno redatto un Position Paper sollecitando anche misure restrittive di contenimento dell’inquinamento: “Questo documento - che si può consultare liberamente a questo link - è frutto di un studio no-profit che vede insieme ricercatori ed esperti provenienti da diversi gruppi di ricerca italiani ed è indirizzato in particolar modo ai decisori”, conclude Grazia Perrone, docente di metodi di analisi chimiche della Statale di Milano.

    https://www.repubblica.it/salute/medicina-e-ricerca/2020/03/17/news/coronavirus_l_inquinamento_autostrade_per_la_diffusione_dell_infezione-25
    #pollution #coronavirus #épidémie #propagation #particules_fines
    ping @simplicissimus @fil

  • Global DNS Propagation Checker - What’s My DNS?
    https://www.whatsmydns.net

    DNS Propagation Checker
    whatsmydns.net lets you instantly perform a DNS lookup to check a domain names current IP address and DNS record information against multiple name servers located in different parts of the world.
    This allows you to check the current state of DNS propagation after having made changes to your domains records.

    #DNS #propagation #test

  • Italian government pressures #Panama to stop #Aquarius rescues on world’s deadliest maritime route

    Central Mediterranean– SOS MEDITERRANEE and Médecins Sans Frontières (MSF) are reeling from the announcement by the Panama Maritime Authority (PMA) that it has been forced to revoke the registration of the search and rescue ship Aquarius, under blatant economic and political pressure from the Italian government. This announcement condemns hundreds of men, women and children who are desperate to reach safety to a watery grave, and deals a major blow to the life-saving humanitarian mission of the Aquarius, the only remaining non-governmental search and rescue vessel in the Central Mediterranean. Both organisations demand that European governments allow the Aquarius to continue its mission, by affirming to the Panamanian authorities that threats made by the Italian government are unfounded, or by immediately issuing a new flag under which the vessel can sail.

    On Saturday, 22 September, the Aquarius team was shocked to learn of an official communication from the Panamanian authorities stating that the Italian authorities had urged the PMA to take “immediate action” against the Aquarius. The PMA message explained that, “unfortunately, it is necessary that [the Aquarius] be excluded from our registry, because it implies a political problem against the Panamanian government and the Panamanian fleet that arrive to European port.” The message came despite the fact that Aquarius meets all maritime standards and is in full compliance with rigorous technical specifications as required under the Panama flag.

    SOS MEDITERRANEE and MSF strongly denounce the actions as further proof of the extent to which the Italian government is willing to go to, knowing that the only consequence is that people will continue to die at sea and that no witnesses will be present to count the dead.

    “European leaders appear to have no qualms implementing increasingly abusive and vicious tactics that serve their own political interests at the expense of human lives,” said Karline Kleijer, MSF’s Head of Emergencies. “For the past two years, European leaders have claimed that people should not die at sea, but at the same time they have pursued dangerous and ill-informed policies that have brought the humanitarian crisis in the Central Mediterranean and in Libya to new lows. This tragedy has to end, but that can only happen if EU governments allow the Aquarius and other search and rescue vessels to continue providing lifesaving assistance and bearing witness where it is so desperately needed.”

    Since the beginning of the year, more than 1,250 people have drowned while attempting to cross the Central Mediterranean. Those that attempt the crossing are three times more likely to drown than those who made the same journey in 2015. The real number of deaths is likely much higher, as not all drownings are witnessed or recorded by authorities or U.N. agencies. This underreporting is represented in shipwrecks like the one in early September in which it is estimated that at least 100 people drowned.

    Meanwhile, the European-sponsored Libyan coastguard continues to make an increasing number of interceptions in international waters between Italy, Malta and Libya, while denying survivors their right to disembark in a place of safety as required by International Maritime and Refugee Law. Instead, these vulnerable people are returned to appalling conditions in Libyan detention centres, several of which are now affected by heavy fighting in Tripoli’s conflict zones.

    “Five years after the Lampedusa tragedy, when European leaders said ‘never again’ and Italy launched its first large scale search and rescue operation, people are still risking their lives to escape from Libya while the death rate on the Central Mediterranean is skyrocketing” said Sophie Beau, vice president of SOS MEDITERRANEE international. “Europe cannot afford to renounce its fundamental values.”

    News from the PMA arrived at the Aquarius while the team was engaged in an active search and rescue operation in the Central Mediterranean. Over the past three days, Aquarius has assisted two boats in distress and now has 58 survivors on board, several of whom are psychologically distressed and fatigued from their journeys at sea and experiences in Libya, and who must be disembarked urgently in a place of safety in accordance with international maritime law. Throughout its current operation and during all previous rescue operations, the Aquarius has maintained full transparency while operating under the instructions of all maritime coordination centres and following international maritime conventions.

    SOS MEDITERRANEE and MSF demand that European governments allow the Aquarius to continue its rescue mission by reassuring the Panama authorities that the threats made by the Government of Italy are unfounded, or by immediately issuing a new flag under which the vessel can sail.

    https://www.msf.org/italian-government-pressures-panama-stop-aquarius-rescues-worlds-deadliest-mari
    #asile #migrations #réfugiés #Méditerranée #ONG #sauvetage #pavillon

    • Le gouvernement italien fait pression sur le Panama pour stopper les opérations de sauvetage de l’Aquarius

      Les autorités maritimes du Panama ont annoncé à SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières (MSF) avoir été forcées de révoquer l’enregistrement du navire de secours en mer Aquarius. Cette révocation résulte de la pression économique et politique flagrante exercée par le gouvernement italien et condamne des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants en fuite à rejoindre le cimetière marin qu’est devenu la Méditerranée. Elle porte un coup violent à la mission humanitaire vitale de l’Aquarius, le seul navire de recherche et de sauvetage non gouvernemental encore présent en Méditerranée centrale. Nos deux organisations demandent aux gouvernements européens d’autoriser l’Aquarius à poursuivre sa mission en intercédant auprès des autorités panaméennes et en réaffirmant que les menaces de rétorsion formulées à leur égard par les autorités italiennes sont infondées, ou en lui délivrant immédiatement un nouveau pavillon sous lequel naviguer.

      Le samedi 22 septembre, l’équipe de l’Aquarius a été choquée d’apprendre qu’une communication officielle émanant des autorités panaméennes, indiquait que le gouvernement italien les avait exhorté à prendre des « mesures immédiates » contre l’Aquarius. Le message des autorités maritimes du Panama expliquait alors que « malheureusement, il faut qu’il [l’Aquarius] soit exclu de notre registre, car maintenir ce pavillon impliquerait de sérieuses difficultés politiques pour le gouvernement panaméen et pour la flotte panaméenne qui travaille dans les ports européens ». Cela intervient en dépit du fait que l’Aquarius répond à toutes les normes maritimes en vigueur et qu’il respecte scrupuleusement les spécifications techniques exigées par les autorités du Panama.

      Les deux organisations humanitaires dénoncent ces actions comme une preuve supplémentaire du jusqu’au-boutisme du gouvernement italien qui choisit sciemment de laisser les gens se noyer en mer Méditerranée, et cherche à se débarrasser des derniers témoins de ces naufrages.

      "Les dirigeants européens semblent n’avoir aucun scrupule à mettre en œuvre des tactiques de plus en plus violentes et sordides qui servent leurs propres intérêts politiques au détriment des vies humaines", a déclaré Karline Kleijer, responsable des urgences chez MSF. « Au cours des deux dernières années, les dirigeants européens ont affirmé que plus personne ne devait mourir en mer, mais elles ont parallèlement mis en place des politiques dangereuses qui n’ont fait que renforcer la crise humanitaire en Méditerranée et en Libye. Cette tragédie doit cesser, et pour cela, il faut que les gouvernements de l’Union européenne autorisent l’Aquarius et d’autres navires de recherche et de sauvetage à continuer à fournir une assistance, là où elle est nécessaire, pour sauver des vies et témoigner de ce qu’il se passe. »

      Depuis le début de l’année, plus de 1 250 personnes se sont noyées alors qu’elles essayaient de traverser la Méditerranée centrale. Ceux qui tentent la traversée à présent ont trois fois plus de risque de se noyer que ceux qui ont fait le même trajet en 2015. Le nombre réel de décès est probablement beaucoup plus élevé, les autorités ou les agences des Nations unies n’étant pas témoins de toutes les noyades. Cela a été clairement mis en évidence lors du naufrage survenu au début du mois de septembre au large des côtes libyennes, où plus de 100 personnes se sont noyées.

      Pendant ce temps, les garde-côtes libyens, soutenus par l’Europe, continuent d’intercepter dans les eaux internationales entre l’Italie, Malte et la Libye un nombre croissant de personnes fuyant la Libye, les privant de leur droit à débarquer dans un lieu sûr, comme l’exige le droit international maritime et le droit international relatif aux réfugiés. Ces personnes vulnérables sont renvoyées dans un dangereux système de détention en Libye, où plusieurs centres de détention sont d’ailleurs actuellement touchés par les violents combats qui se déroulent à Tripoli, la capitale.

      "Cinq ans après la tragédie de Lampedusa, lorsque les dirigeants européens ont déclaré ‘plus jamais ça’ et que l’Italie a lancé sa première opération de recherche et de sauvetage à grande échelle, les gens risquent toujours leur vie pour fuir la Libye tandis que le taux de mortalité en mer Méditerranée grimpe en flèche », a tancé Francis Vallat, président de SOS MEDITERRANEE France.

      L’annonce des autorités maritimes du Panama est parvenue à l’Aquarius alors que ses équipes étaient engagées dans une opération active de recherche et de sauvetage en Méditerranée. Au cours des trois derniers jours, l’Aquarius a porté assistance aux passagers de deux bateaux en détresse et compte maintenant 58 rescapés à son bord. Plusieurs d’entre eux sont dans un état de détresse psychologique, épuisés par les expériences traumatisantes vécues en mer et en Libye Ces rescapés doivent être rapidement débarqués dans un port sûr conformément au droit international maritime.

      Tout au long de son opération de sauvetage actuelle et au cours de toutes les opérations précédentes, l’Aquarius a maintenu une transparence totale sur ses actions, intervenant sous les instructions des centres de coordination maritimes et respectant les conventions maritimes internationales en vigueur.

      SOS Méditerranée et MSF insistent de nouveau sur le fait que l’Aquarius doit être autorisé à poursuivre sa mission de secours humanitaire. Elles exigent que les gouvernements européens lui attribuent un nouveau pavillon ou qu’ils intercèdent auprès des autorités panaméennes, leur confirmant que les menaces de rétorsion formulées par le gouvernement italien sont infondées.

      http://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/CP23-09-2018-Panama

    • Migranti, Panama blocca la nave #Aquarius_2. Msf e Sos Méditerranée: «Pressioni dal governo italiano»

      Le autorità panamensi hanno revocato l’iscrizione dai propri registri navali, informando il proprietario della richiesta italiana di «azioni immediate». Il Viminale nega ogni intervento. Salvini: «Nessun Paese vuole essere identificato con una nave che intralcia i soccorsi in mare e attacca governi democratici»

      https://www.repubblica.it/cronaca/2018/09/23/news/aquarius2-207151404

    • Pressioni italiane su Panama che cancellerà Aquarius dai registri navali, l’accusa è per non aver restituito alla Libia i migranti salvati

      SOS Méditerranée e Medici Senza Frontiere sono «sconvolte dall’annuncio dell’Autorità marittima di Panama di essere stata costretta a revocare l’iscrizione dell’Aquarius dal proprio registro navale sotto l’evidente pressione economica e politica delle autorità italiane.

      Questo provvedimento condanna centinaia di uomini, donne e bambini, alla disperata ricerca di sicurezza, ad annegare in mare e infligge un duro colpo alla missione umanitaria di Aquarius». Così in una nota le due organizzazioni umanitarie.

      SOS Mediterrannee e MSF chiedono all’Europa di permettere all’Aquarius di poter continuare ad operare nel Mediterraneo centrale e di far sapere alle autorità panamensi che «le minacce del governo italiano sono infondate o di garantire immediatamente una nuova bandiera per poter continuare a navigare».

      E’ quanto chiedono le due Ong in una nota nella quale è riportata anche una dichiarazione di Karline Kleijer, responsabile delle emergenze per Msf. «I leader europei - afferma Kleijer - sembrano non avere scrupoli nell’attuare tattiche sempre più offensive e crudeli che servono i propri interessi politici a scapito delle vite umane. Negli ultimi due anni, i leader europei hanno affermato che le persone non dovrebbero morire in mare, ma allo stesso tempo hanno perseguito politiche pericolose e male informate che hanno portato a nuovi minimi la crisi umanitaria nel Mediterraneo centrale e in Libia. Questa tragedia deve finire, ma ciò può accadere solo se i governi dell’Ue permetteranno all’Aquarius e alle altre navi di ricerca e soccorso di continuare a fornire assistenza».

      Salvini,denuncerò ong che aiutano scafisti - «Denuncerò per favoreggiamento dell’immigrazione clandestina chi aiuta gli scafisti». Lo afferma il Ministro dell’Interno Matteo Salvini che aggiunge: «Nelle ultime ore i trafficanti hanno ripreso a lavorare, riempiendo barchini e approfittando della collaborazione di qualche Ong. Tra queste c’è Aquarius 2, che poco fa ha recuperato 50 persone al largo di Zuara. Altri due gommoni, con a bordo 100 immigrati ciascuno, sarebbero in navigazione».

      Aquarius 2 recupera 50 persone,altre 100 in arrivo - Aquarius 2 ha recuperato 50 persone al largo della Libia, più precisamente al largo della città di Zuara. A renderlo noto è il Ministro dell’Interno Matteo Salvini.
      Salvini riferisce anche che Aquarius 2 sta per essere cancellata dai registri navali di Panama. La notizia era stata pubblicata due giorni fa dal quotidiano panamense La Prensa.

      "Per aver disatteso le procedure internazionali in materia di immigranti e rifugiati assistiti al largo delle coste nel Mediterraneo - si legge nell’articolo - l’amministrazione marittima panamense ha avviato l’iter per annullare d’ufficio la registrazione della nave «Aquarius 2», ex «Acquarius», con numero IMO 7600574. Questa nave ha registrato la prima immatricolazione in Germania e circa un mese fa è arrivata a Panama".

      «L’autorità marittima di Panama - riporta ancora la Prensa - ha riferito che la denuncia principale proviene dalle autorità italiane, che hanno riferito che il capitano della nave si è rifiutato di restituire gli immigranti e i rifugiati assistiti al loro luogo di origine».

      Nell’articolo si ricorda inoltre che già «l’amministrazione marittima di Gibilterra aveva negato il permesso di ’Aquarius’ di agire come un battello di emergenza e anche nel mese di giugno e luglio di quest’anno, ha chiesto formalmente che ’sospenda le sue operazioni’ e ritorni al suo stato di registrazione originale come ’nave oceanografica’».

      Galantino, strano parlare di migranti in dl sicurezza - «A me sembra strano che si parli di immigrati all’interno del decreto sicurezza. Inserirlo lì dentro significa giudicare già l’immigrato per una sua condizione», «per il suo essere immigrato e non per i comportamenti che può avere. E’ un brutto segnale sul piano culturale, perché si tratta di un tema sociale che va affrontato nel rispetto della legalità ma non possiamo considerare la condizione degli immigrati come una condizione di delinquenza». Lo ha detto a «Stanze Vaticane» di Tgcom24, Mons. Nunzio Galantino, Segretario Generale Cei.

      https://dirittiumani1.blogspot.com/2018/09/pressioni-italiane-su-panama-che.html

    • The Aquarius : Migrant rescue ship has registration revoked

      A rescue vessel operating in the central Mediterranean Sea has had its registration revoked, leaving its future operations in jeopardy.

      When the Aquarius next docks, it will have to remove its Panama maritime flag and cannot set sail without a new one.

      It is the last private rescue ship operating in the area used for crossings from Libya to Europe.

      The charities who run the vessel accuse the Italian government of pressuring Panama into deflagging the Aquarius.

      The two groups who lease it, Médecins Sans Frontières (MSF) and SOS Mediterranée, say they were notified of the decision by the Panama Maritime Authority (PMA) on Saturday.

      The authority is said to have described the ship as a “political problem” for the country’s government, and said Italian authorities had urged them to take “immediate action” against them, according to SOS Mediterranée.

      Italy’s Interior Minister Matteo Salvini, who has previously described the aid boats as a “taxi service” for migrants, denies his country put pressure on Panama.

      On Sunday, he tweeted he “didn’t even know” what prefix Panama has for telephone calls.

      https://www.bbc.com/news/world-europe-45622431

    • Dopo le accuse alle ong da oggi Mediterraneo senza presidi umanitari

      Oggi, 20 settembre 2018, uno degli obiettivi politici di molti governi europei sembra pienamente raggiunto: il Mediterraneo centrale è privo di presidi umanitari, di imbarcazioni destinate a prestare soccorso, di mezzi attrezzati e personale formato al fine di salvare vite umane.

      Dunque, con la sola eccezione della nave Aquarius, dove opera Medici Senza Frontiere, il Mediterraneo è stato, per così dire, sgomberato dalla presenza di tutti i soccorritori e i volontari. E di tutti gli operatori umanitari (medici, psicologi, mediatori e interpreti) – a partire dal 2015 – hanno realizzato centinaia di missioni e centinaia di salvataggi, risparmiando migliaia e migliaia di vittime, offrendo riparo e protezione ai fuggiaschi di tante guerre e di tante miserie. E riducendo il numero delle stragi che, non da ieri ma dai primi anni novanta (attenzione: dai primi anni novanta), si ripetono in quel tratto di mare. Ora lì operano, quando operano, solo navi e organismi degli stati europei, in genere indirizzati verso la difesa delle frontiere piuttosto che verso il soccorso dei naufraghi.

      E alcune guardie costiere prive di indirizzi politici univoci e le motovedette della Libia (meglio sarebbe dire: delle diverse milizie libiche). È ciò che alcuni governi europei, compreso quello italiano, si sono proposti da tempo: cancellare, o comunque ridurre al minimo, il ruolo delle organizzazioni non governative finalizzate al soccorso per lasciare campo libero all’attività di respingimento di migranti e profughi attraverso il blocco del Mediterraneo con la chiusura di porti, vie d’accesso, canali di fuga e rotte alternative. L’obiettivo è chiarissimo: attraverso l’esclusione delle Ong si persegue la mortificazione, fino all’annullamento, del diritto/dovere al soccorso.

      E per ottenere quest’ultimo scopo, nel corso degli ultimi due anni si è attuata una sequenza micidiale: prima una campagna di delegittimazione delle Ong tramite lo sfregio della loro identità e della loro immagine e l’indecente assimilazione dei soccorritori ai criminali («Le ong complici degli scafisti»); poi una successione di iniziative giudiziarie tendenti ad assimilare l’attività di soccorso a una fattispecie penale: ovvero il salvataggio come reato. Infine, un attacco politico fondato sulla rappresentazione di migranti e richiedenti asilo come nemici della stabilità e della sicurezza dell’Europa – e in particolare dell’Italia – e delle ong come loro complici e sicari.

      Oggi, a distanza di qualche anno da quando questa manovra politica è iniziata, sul piano giudiziario non c’è stato nemmeno un rinvio a giudizio per un solo membro di una sola ong e, all’opposto, si sono avute ordinanze e sentenze che riconoscevano la loro attività come fondamentale e pienamente rispettosa delle leggi e del diritto internazionale. Tuttavia, come si è detto, oggi nel Mar Mediterraneo i presidi umanitari sono ridotti al lumicino e le conseguenze materiali e il relativo carico di sofferenze è stato onerosissimo. Le navi delle Ong hanno dovuto percorrere molte miglia in più durante ciascuna missione e sono rimaste in mare per giorni senza l’indicazione di un porto di approdo sicuro – costringendo donne, uomini e bambini, già provati fisicamente e psicologicamente, ad affrontare lunghissime traversate, spesso in condizioni meteorologiche avverse. Non solo, quindi, le recenti politiche nazionali e internazionali hanno messo in pericolo la loro incolumità e quella degli equipaggi delle Ong, ma perfino la Guardia Costiera italiana, come è noto, ha dovuto attendere dieci giorni prima di poter sbarcare a Catania le persone salvate.

      Eppure la partita è tutt’altro che conclusa. I flussi di migranti e profughi continuano e le morti non si arrestano. E la riduzione delle cifre relative agli sbarchi corrisponde, in una certa misura, all’incremento del numero di quanti vengono rinchiusi nei centri di detenzione in Libia, e lì torturati, stuprati, uccisi. L’assenza di presidi umanitari nel Mediterraneo fa sì che sempre meno si sappia di quanto lì accade: ma se è vero, come è vero, che appena qualche giorno fa ben 184 persone sono sbarcate a Lampedusa, ciò significa che le fughe continuano ma che si sono fatte meno visibili e meno controllabili.

      Per tutte queste ragioni, ieri si è tenuta una conferenza stampa alla Camera dei Deputati dove Sandro Veronesi, i rappresentanti di Proactiva Open Arms, Sea Watch e Medici Senza Frontiere, Eleonora Forenza, Riccardo Magi e chi scrive, hanno ragionato intorno al tema «Mediterraneo. Mare loro». Si è ricordato che Proactiva Open Arms ha deciso di trasferire le sue missioni nel Mediterraneo Occidentale, in attesa di tornare il prima possibile a fare il suo lavoro: salvare vite umane. Altrettanto intendono fare Sea Watch e Medici Senza Frontiere, come hanno affermato Giorgia Linardi e Marco Bertotto, convinti che il diritto/dovere al soccorso costituisca una prerogativa fondamentale della civiltà umana.

      https://ilmanifesto.it/dopo-le-accuse-alle-ong-da-oggi-mediterraneo-senza-presidi-umanitari

      #ONG #Méditerranée #asile #migrations #Méditerranée_centrale #sauvetage #réfugiés

    • Le Panama retire son pavillon à l’“Aquarius 2”, le dernier bateau d’ONG en Méditerranée

      Les autorités panaméennes ont annoncé leur intention de retirer son pavillon au bateau Aquarius 2. SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, qui affrètent le bateau, dénoncent des pressions du gouvernement italien.


      https://www.courrierinternational.com/article/le-panama-retire-son-pavillon-laquarius-2-le-dernier-bateau-d

    • L’Aquarius demande à accoster en France, Paris préfère une « solution européenne »

      Bientôt privé de pavillon, le navire humanitaire Aquarius était lundi « en route vers Marseille » après avoir demandé « à titre exceptionnel » à la France de pouvoir y débarquer les 58 migrants secourus à son bord. Mais Paris y semblait peu favorable, évoquant plutôt une « solution européenne ».

      « Aujourd’hui, nous faisons la demande solennelle et officielle aux autorités françaises » de donner, « de manière humanitaire, l’autorisation de débarquer » les rescapés, parmi lesquels 17 femmes et 18 mineurs, a indiqué le directeur des opérations de SOS Méditerranée, Frédéric Penard.

      Il est pour l’instant impossible de prévoir « quand le navire arrivera » sur les côtes françaises, a souligné M. Penard lors d’une conférence de presse à Paris, l’Aquarius étant « toujours susceptible d’être mobilisé » pour une opération de sauvetage.

      Mais il faudrait « environ quatre jours » au navire, qui se trouve actuellement au large de la Libye, pour gagner Marseille, a précisé Francis Vallat, le président de l’ONG en France.

      Depuis le début de la crise provoquée cet été par la fermeture des ports italiens aux migrants, la France n’a jamais accepté de laisser débarquer les navires humanitaires, arguant qu’en vertu du droit maritime les naufragés doivent être débarqués dans le « port sûr » le plus proche.

      « Nous avons alerté d’autres pays mais nous avons du mal à imaginer que la France puisse refuser, compte tenu de la situation humanitaire », a ajouté M. Vallat. Sans préjuger de la réponse, il a assuré qu’à aucun moment les autorités, qui ont été prévenues en amont, « ne nous ont dissuadés de monter vers Marseille ».

      Mais Paris semblait dans la soirée peu favorable à cette hypothèse. Contacté par l’AFP, Matignon a d’abord indiqué chercher « une solution européenne » selon le principe du « port sûr le plus proche ». « Et en l’occurrence ce n’est pas Marseille », a ensuite précisé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, sur Canal+.

      Pour SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), qui ont affrété le navire, la situation est également « extrêmement critique » parce que le navire risque de perdre le pavillon du Panama au moment de toucher terre, a fait valoir M. Penard. Regagner Marseille, port d’attache du navire et siège de SOS Méditerranée, est donc crucial pour « mener ce combat, qui va être difficile, pour repavilloner l’Aquarius ».

      – « Du jamais vu » -

      Les autorités maritimes panaméennes ont annoncé samedi qu’elles allaient retirer son pavillon à l’Aquarius, déjà privé en août de pavillon par Gibraltar, pour « non-respect » des « procédures juridiques internationales » concernant le sauvetage de migrants en mer Méditerranée.

      « Du jamais vu et en soi un scandale », selon M. Vallat, qui a demandé au Panama « de revenir sur sa décision » et sinon aux Etats européens de fournir un pavillon à l’Aquarius. « Nous ne voulons pas nous arrêter, nous ne cèderons qu’à la force ou à la contrainte », a-t-il lancé.

      Les deux ONG avaient précédemment dénoncé « la pression économique et politique flagrante exercée par le gouvernement italien » sur les autorités panaméennes — allégation contestée par le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini.

      Aujourd’hui « l’Aquarius est le seul navire civil en Méditerranée centrale, qui est la route maritime la plus mortelle du monde », a fait valoir SOS Méditerranée, avec « plus de 1.250 noyés » depuis le début de l’année.

      Les autres navires humanitaires, qui étaient encore une dizaine il y a un peu plus d’un an au large de la Libye, ont quitté la zone pour des raisons diverses. Le Lifeline est bloqué à La Valette où les autorités ont ouvert une enquête administrative, tandis que le Iuventa, soupçonné de collusion avec des passeurs, a été saisi par les autorités italiennes en août 2017.

      « Non seulement les Européens ne mettent pas en place de mécanisme de sauvetage pérenne, mais ils essaient de détruire la capacité de la société civile à répondre à cette crise en Méditerranée », s’est indignée AssiBa Hadj-Sahraoui de MSF.

      Même si on est loin du pic des arrivées de 2015, la question migratoire divise encore profondément l’Europe, qui cherche à empêcher les départs clandestins.

      En juin, l’Aquarius avait déjà été au cœur d’une crise diplomatique, après avoir récupéré 630 migrants au large de la Libye, débarqués en Espagne après le refus de l’Italie et de Malte de les accepter. Le scénario s’était répété en août pour 141 migrants débarqués à Malte.

      https://www.liberation.fr/planete/2018/09/24/l-aquarius-demande-a-accoster-en-france-paris-prefere-une-solution-europe

    • La marine royale ouvre le feu sur un go-fast et fait 1 mort et 3 blessés

      Les personnes à bord étaient toutes marocaines, à l’exception du pilote, espagnol.

      Un bateau qui naviguait dans les eaux marocaines de la Méditerranée, a été, ce mardi 25 septembre, la cible de tirs d’une unité de la marine royale, annonce un communiqué de la préfecture de M’diq-Fnideq. L’embarcation avait refusé de se conformer aux avertissements qui lui avaient été adressés, poursuit le communiqué.

      Le bateau rapide de type “Go fast”, qui a été arrêté, était piloté par un citoyen espagnol et transportait des candidats à l’immigration clandestine, selon les données initiales rapportées par la préfecture. Les migrants à bord seraient quant à eux de nationalité marocaine, rapportent 2M.ma.

      La #fusillade a causé 4 blessés qui ont été transférés à l’hôpital régional de Fnideq pour recevoir les traitements nécessaires.

      Une première information rapportée par nos confrères de 2M, citant une source hospitalière dans un post sur Twitter, indiquait qu’une femme parmi les blessés avait succombé à ses blessures à l’hôpital. Ce post a été supprimé dans la soirée, avant de repartager l’info après 22h.

      https://www.huffpostmaghreb.com/entry/la-marine-royale-ouvre-le-feu-sur-un-go-fast-et-fait-un-mort-et-tro
      #Maroc

      Une des victimes:
      Una joven, víctima de los disparos de la Marina Real de Marruecos cuando huía a España


      https://elpais.com/politica/2018/09/26/actualidad/1537984724_391033.html?id_externo_rsoc=TW_CC

    • L’"Aquarius", un bateau pirate ? Quatre questions sur l’imbroglio juridique qui menace le navire humanitaire

      Le Panama a décidé de retirer le pavillon accordé cet été au bateau géré par l’ONG SOS Méditerranée, remettant en cause sa mission de sauvetage de migrants récupérés au large de la Libye.

      Les obstacles à la navigation de l’Aquarius s’accumulent. Le Panama a annoncé, samedi 22 septembre, qu’il allait retirer son pavillon au navire humanitaire, alors que celui-ci cherche un port pour débarquer 58 naufragés secourus au large de la Libye. L’Aquarius avait repris ses activités de sauvetage la semaine dernière après une escale forcée de 19 jours, faute de pavillon, et a annoncé qu’il faisait désormais route vers Marseille. Franceinfo fait le point sur cette décision et ses conséquences pour le navire humanitaire.

      Comment le Panama justifie-t-il cette décision ?

      Les autorités maritimes du Panama se sont fendues d’une explication de quelques lignes dans un communiqué diffusé sur leur site. « L’administration maritime panaméenne a entamé une procédure d’annulation officielle de l’immatriculation du navire Aquarius 2, ex-Aquarius (...) après la réception de rapports internationaux indiquant que le navire ne respecte pas les procédures juridiques internationales concernant les migrants et les réfugiés pris en charge sur les côtes de la mer Méditerranée », établit ce communiqué.

      Le Panama évoque également le fait que le navire s’est déjà vu retirer son pavillon par Gibraltar. En août, le gouvernement de Gibraltar avait révoqué le pavillon de l’Aquarius après lui avoir demandé de suspendre ses activités de sauvetage pour lesquelles il n’est pas enregistré dans le territoire britannique. Le bateau s’était alors tourné vers le Panama.

      L’"Aquarius" a-t-il enfreint le droit international ?

      A quelles « procédures juridiques internationales » le Panama fait-il référence ? L’Etat d’Amérique centrale indique que la principale plainte émane des autorités italiennes, selon lesquelles « le capitaine du navire a refusé de renvoyer des migrants et réfugiés pris en charge vers leur lieu d’origine ».

      Une référence, ici, au refus du navire de ramener en Libye des naufragés qui avaient pris la mer depuis les côtes libyennes, selon Alina Miron, professeure de droit international à l’université d’Angers et spécialisée dans le droit maritime, « puisque tous les naufragés secourus par l’Aquarius, depuis qu’il bat le pavillon panaméen, venaient de Libye », souligne-t-elle à franceinfo.

      Et « de ce point de vue-là, l’Aquarius ne contrevient nullement au droit international », explique Alina Miron. « L’Aquarius a surtout l’obligation de ne pas les ramener en Libye », fait-elle valoir. En effet, les conventions maritimes internationales prévoient que toute personne secourue en mer, quels que soient son statut et sa nationalité, soit débarquée dans un lieu sûr. Or, la Libye n’est pas considérée comme un lieu sûr de débarquement, comme l’a rappelé le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) en septembre.

      Quel est le rôle de l’Italie dans cette décision ?

      « Cette révocation résulte de la pression économique et politique flagrante exercée par le gouvernement italien » sur le Panama, ont déclaré les ONG Médecins sans frontières et SOS Méditerrannée, qui gèrent l’Aquarius, dans un communiqué.

      « Le communiqué du Panama établit que les autorités ont pris cette décision suite à une communication avec l’Italie. Cela veut bien dire que le Panama n’a pas pris cette décision de son propre chef, d’autant plus qu’il avait pris le temps de vérifier la situation de l’Aquarius avant de lui accorder son pavillon cet été », souligne de son côté Alina Miron.

      Le communiqué du Panama précise par ailleurs que « l’exécution d’actes portant atteinte aux intérêts nationaux constitue une cause de radiation d’office de l’immatriculation des navires ».

      Cela illustre les pressions de l’Italie qui ont conduit le Panama à prendre cette décision.Alina Miron, spécialiste du droit maritimeà franceinfo

      Qu’est-ce que cela change pour l’"Aquarius" ?

      Le retrait du pavillon panaméen n’est pas effectif immédiatement. Les conventions internationales établissent qu’aucun changement de pavillon ne peut intervenir au cours d’un voyage ou d’une escale. L’Aquarius conserve donc son pavillon pendant toute la durée de son voyage, jusqu’à ce qu’il rejoigne son port d’attache au Panama ou qu’il fasse une longue escale technique.

      « Ça, c’est en théorie, détaille Alina Miron, mais le Panama a créé une situation de confusion et certaines marines nationales, notamment la marine libyenne, vont utiliser cette confusion pour considérer l’Aquarius comme un navire sans nationalité. » Or, les marines nationales peuvent exercer des pouvoirs de police sur des navires sans nationalité en haute mer, ce qui est impossible sur un navire qui bat pavillon, développe la juriste. « Le risque le plus immédiat, pour l’Aquarius, c’est que la marine libyenne monte à bord pour opérer des vérifications, même sans accord du capitaine », explique Alina Miron.

      Face à cette situation, SOS Mediterrannée et Médecins sans frontières « demandent aux gouvernements européens d’autoriser l’Aquarius à poursuivre sa mission, en intercédant auprès des autorités panaméennes et en réaffirmant que les menaces de rétorsion formulées à leur égard par les autorités italiennes sont infondées, ou en lui délivrant immédiatement un nouveau pavillon sous lequel naviguer ».

      https://mobile.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/aquarius/l-aquarius-un-bateau-pirate-quatre-questions-sur-l-imbroglio-juridique-qui-menace-le-navire-humanitaire_2954663.html#xtref=http://m.facebook.com

    • Aquarius, "Stati Ue concedano bandiera”. E spunta l’ipotesi Vaticano

      Dopo le pressioni Panama cancella Aquarius II dal suo registro. Penard (Sos Mediterranée): “Stati che dicono di aderire a solidarietà propongano soluzione”. Lodesani (Msf): “Stanchi di menzogne e attacchi, nostro obiettivo salvare vite, a bordo anche famiglie libiche che scappano da inferno”

      Un appello a tutti gli Stati europei, in particolare a quelli che “ripetono di aderire a valori di solidarietà” perché consentano l’iscrizione della bandiera della nave Aquarius II, in uno dei loro registri nazionali. “L’unico gesto concreto per rendere ancora possibile il salvataggio in mare di persone in difficoltà all’ultima nave di ong rimasta nel Mediterraneo”. Lo hanno ribadito in una conferenza stampa oggi a Roma Frederic Penard, direttore delle operazioni Sos Mediterranee e Claudia Lodesani, presidente di Medici senza frontiere.

      Il caso politico diplomatico è noto: dopo gli ultimi salvataggi in mare operati da Aquarius II, a largo della Libia, e il rifiuto di riconsegnare le persone alla cosiddetta guardia costiera libica, Panama ha comunicato di voler ritirare la sua bandiera alla nave, per evitare di avere “problemi politici” con l’Italia. Ma l’assenza di una bandiera vuol dire di fatto fermare la nave. “Per noi è stato uno shock - spiega Penard - In questo momento siamo l’ultima nave a fare ricerca e soccorso nel Mediterraneo. Per l’iscrizione al registro di Panama abbiamo fornito oltre 70 certificazioni alle autorità, siamo perfettamente in regola e abbiamo sempre agito nella legalità - aggiunge il responsabile di Sos Mediterranèe -. Abbiamo chiesto spiegazioni, anche per capire il perché di questo passo indietro”. Le due ong spiegano che in una nota riservata dell’autorità marittima panamense inviata all’ armatore di Aquarius, si dice esplicitamente che la nave deve essere esclusa dal registro perché la sua permanenza provocherebbe un “problema politico” con l’Italia. L’armatore di Aquarius ha parlato esplicitamente di “pressioni politiche” sul governo panamense.

      “La nostra richiesta è che Panama torni indietro sulla sua decisione, riconsiderandola - aggiunge Penard -. Inoltre chiediamo agli Stati europei di proporre una soluzione per Aquarius, e alla società civile di fare pressione sui propri governi per sostenere il nostro lavoro, il soccorso in mare non può essere criminalizzato”. In queste ore alcuni parlamentari si sono mossi in Svizzera per chiedere che il governo elvetico conceda la propria bandiera.

      Un appello dal basso, che inizia a circolare anche sui social, chiama in causa anche il Vaticano: “Non so se sia possibile, ma se lo fosse, sarebbe bello che il Vaticano offrisse la propria bandiera alla nave Aquarius - sottolinea don Luca Favarin, parroco di Padova su Facebook-. Una chiesa in acqua non farà mai acqua. Così limpidamente e semplicemente schierata dalla parte degli ultimi, sbilanciata sui diritti dei poveri”. Penard ha spiegato di non aver contattato direttamente nessuno stato, e che l’appello vale per tutti quindi semmai fosse offerto il registro Vaticano sarebbe accettato con favore, anche se “probabilmente quel registro, che esiste, non viene usato da secoli”.

      Intanto, le due organizzazioni non nascondono il malumore per i continui attacchi politici, e mediatici, nei confronti del loro operato. "Siamo stanchi di menzogne, attacchi e intimidazioni, di essere additati come quelli che violano le norme internazionali. È il momento di accusare chi sono i veri responsabili del business degli scafisti: le scellerate politiche europee” sottolinea Claudia Lodesani. “Siamo stati chiamati noi vicescafisti - aggiunge - ma oggi gli Stati europei non prendono neanche in considerazione l’ipotesi di pensare a vie legali di ingresso. Sono queste politiche che aiutano gli scafisti, non certo noi. Il nostro obiettivo è la salvaguardia della vita umana e in nome di questo operiamo salvataggi in mare”. Lodesani ricorda che dall’inizio dell’anno, pur a fronte di una diminuzione di arrivi dell’80 per cento, ci sono già stati 1260 morti in mare. “Siamo passati da 1 morto ogni 32 a 1 morto ogni 18 - Ostacolare il soccorso e l’azione umanitaria vuol dire solo eliminare testimoni scomodi dal Mediterraneo. La vita delle persone non è più al centro delle politiche, ma ora le persone sono usate come ostaggio dalla politica - aggiunge - . Questa situazione è responsabilità è di tutti i paesi europei, anche perché parlando di poche persone. Inoltre, bisogna ricordare che il salvataggio in mare va distinto dall’accoglienza ed è governato da leggi internazionali. Va assicurato il porto più sicuro e più vicino di sbarco. Poi - continua - come sempre abbiamo fatto, chiediamo la solidarietà europea nell’accoglienza”.

      Tra le 58 persone tratte in salvo da Aquarius II nel Mediterraneo ci sono anche 37 libici: “ si tratta di famiglie che scappano dall’Inferno della Libia, un paese attualmente in guerra. E che quindi non può essere considerato un luogo sicuro, le persone non possono essere respinte in Libia. Ci chiediamo se riportarle in quell’inferno sia etico e se sia legale”. “Tra le altre persone a bordo - aggiunge Mathilde Auvillain, di Sos Mediterranée, ci sono 18 minori, 17 donne, di cui una incinta. Ci siamo rifiutati di fare il trasbordo di queste persone sulle motovedette libiche, perché riportarle indietro è illegale”. Lo sbarco, dopo il rifiuto dell’Italia dovrebbe avvenire nei prossimi giorni a Malta, ma non si sa ancora quando. I migranti saranno poi accolti in 4 paesi: Francia, Portogallo, Spagna e Germania.

      “Il soccorso in mare è regolato da principi fondamentali e regole precise - spiega Lorenzo Trucco, presidente di Asgi (Associazione studi giuridici sull’immigrazione) - In particolare, dalla Convenzione Soas sulla salvaguardia in mare, dalla Convenzione Sar e dalla Convenzione europea sul soccorso in mare. Tutte queste convenzioni sono state ratificate con leggi in Italia e tutte dicono che il principio primario è la salvaguardia della persona, che va salvata e portata in un luogo sicuro. Per questo la questione libica non è un’opinione, è certificato che non si tratti un luogo sicuro, quello che accade nei centri di detenzione è stato denunciato a settembre anche da Unhcr. Il respingimento di persone in Libia è grave - afferma - La questione del soccorso non è solo diritto ma un obbligo sanzionato da tutte le nazioni. E’ paradossale, quindi, quello che sta succedendo”.

      Duro il commento anche di Filippo Miraglia di Arci sulle pressioni dell’Italia verso il governo panamense: “Msf e Sos Medierranée in questo momento rappresentano tutti noi in mare, mi fa accapponare la pelle pensare che il governo italiano abbia intimidito in maniera mafiosa il governo panamense - afferma - E’ un gesta che fa venire i brividi, come fa venire i brividi il combinato disposto tra la chiusura dei porti e il decreto Salvini. C’è da vergognarsi”.

      http://www.redattoresociale.it/Notiziario/Articolo/598417/Aquarius-Stati-Ue-concedano-bandiera-E-spunta-l-ipotesi-Vaticano
      #Vatican

    • Appel à donner le pavillon suisse à l’Aquarius : interview de Guillaume Barazzone

      Le Conseil fédéral doit accorder un pavillon suisse à l’Aquarius, ont demandé mercredi trois parlementaires. Depuis trois jours, ce navire qui porte secours aux migrants en mer Méditerranée, n’a plus de drapeau. Interview de Guillaume Barazzone (PDC/GE), l’un des auteurs de cette interpellation.

      https://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/appel-a-donner-le-pavillon-suisse-a-laquarius-interview-de-guillaume-barazzone?i

    • Vive émotion au Maroc après les tirs meurtriers de la marine sur un bateau de migrants

      La jeune femme tuée tentait d’atteindre l’Espagne. Un trajet de plus en plus emprunté, sur fond de tension migratoire accrue dans le royaume.

      L’émotion était vive au Maroc, mercredi 26 septembre, au lendemain de la mort d’une femme de 22 ans, originaire de la ville de Tétouan, tuée alors qu’elle tentait d’émigrer vers l’Espagne. Selon les autorités locales, la marine a été « contrainte » d’ouvrir le feu alors qu’un « go fast » (une puissante embarcation à moteur) piloté par un Espagnol « refusait d’obtempérer » dans les eaux marocaines au large de M’diq-Fnideq (nord). Outre la jeune Marocaine décédée, trois autres migrants ont été blessés, a confirmé une source officielle à l’AFP.

      Le drame s’est produit dans un contexte de tension migratoire au Maroc, confronté à une forte hausse des tentatives d’émigration depuis ses côtes et autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Rabat a ainsi indiqué avoir empêché 54 000 tentatives de passage vers l’Union européenne depuis janvier. De son côté, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) chiffre le nombre d’arrivées en Espagne à quelque 40 000 personnes depuis le début de l’année (contre 28 000 en 2017 et 14 000 en 2016).

      Rafles et éloignements forcés

      La route migratoire Maroc-Espagne, qui était très utilisée il y a une dizaine d’années, a connu une nouvelle hausse d’activité depuis le renforcement des contrôles sur la Libye et les témoignages d’extrême violence contre les migrants par les réseaux de passeurs dans ce pays. Mais le Maroc voit également augmenter le nombre de ses nationaux candidats au départ, poussés par l’absence de perspectives dans un pays où 27,5 % des 15-24 ans sont hors du système scolaire et sans emploi. Selon le HCR, les Marocains représentaient 17,4 % des arrivées en Espagne en 2017, la première nationalité devant les Guinéens et les Algériens.

      Depuis 2015, le palais royal avait mis en avant une nouvelle politique migratoire avec deux campagnes de régularisation de 50 000 clandestins, principalement des Subsahariens. Mais ces derniers mois, le royaume a considérablement durci ses pratiques, multipliant les rafles et les éloignements forcés. Selon le Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants, une association marocaine, 6 500 personnes ont ainsi été arrêtées et déplacées du nord du pays vers des villes reculées du centre et du sud entre juillet et septembre.

      Le gouvernement a eu beau plaider que ces déplacements se font dans le « respect de la loi », les associations dénoncent des violences et l’absence de cadre légal concernant ces pratiques. Mi-août, deux migrants sont morts après avoir sauté du bus qui les éloignait de Tanger. Amnesty International a souligné une « répression choquante », « à la fois cruelle et illégale ». « Depuis fin juillet, la police marocaine ainsi que la gendarmerie royale et les forces auxiliaires procèdent à des raids majeurs dans les quartiers de plusieurs villes où vivent les réfugiés et les migrants, d’une intensité particulière dans les provinces du nord du pays de Tanger, Nador et Tétouan, qui bordent la frontière espagnole », écrit l’ONG. Les zones entourant les deux enclaves espagnoles en terre africaine, Ceuta et Melilla, sont traditionnellement le lieu de regroupement des migrants qui veulent tenter de rejoindre l’Europe.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/09/27/vive-emotion-au-maroc-apres-les-tirs-meurtriers-de-la-marine-sur-un-bateau-d

    • Migranti, la sfida delle associazioni italiane: una imbarcazione nel Mediterraneo per salvarli

      Ong e Onlus hanno organizzato un’imbarcazione battente la bandiera del nostro Paese per «un’azione di disobbedienza morale contro gli slogan delle destre nazionaliste e di obbedienza alle leggi del mare, del diritto internazionale e della Costituzione»

      A BORDO DELLA NAVE APPOGGIO BURLESQUE - Il rimorchiatore battente bandiera italiana “Mare Ionio” è partito nella notte di mercoledì dal porto di Augusta alla volta della costa Libica. Si tratta della prima missione in acque internazionali completamente organizzata in Italia ed è stata ribattezzata “Mediterranea”.
      Il progetto, promosso da varie associazioni (tra cui Arci nazionale, Ya Basta di Bologna, la Ong Sea-Watch, il magazine online I Diavoli e l’impresa sociale Moltivolti di Palermo) e sostenuto politicamente e finanziariamente da Nichi Vendola e tre parlamentari di Leu (Nicola Fratoianni, Erasmo Palazzotto e Rossella Muroni). E’ stato avviato nello scorso luglio ed ha preso corpo nei mesi successivi. L’attività del “Mar Ionio” sarà ufficialmente circoscritta di “monitoraggio, testimonianza e denuncia”, spiegano gli organizzatori. Tuttavia tra le dotazioni a disposizione del “Mare Ionio” ci sono anche gli equipaggiamenti per il Sar, l’attività di search and rescue per la quale però non è abilitato.

      Nelle prossime ore l’imbarcazione, seguita dalla barca appoggio Burlesque (uno sloop Bavaria 50 battente bandiera spagnola con a bordo giornalisti nazionali e internazionali, attivisti e mediatori culturali), entrerà in azione nella stessa zona in cui da qualche giorno incrocia il veliero Astral dell’ong spagnola Open Arms, più volte definita dal ministro dell’Interno Matteo Salvini, un “taxi del mare”.

      “Non potevamo più stare a guardare – dicono da bordo gli attivisti - bisognava agire e trovare il modo di contrastare il declino culturale e morale che abbiamo davanti. Quella di Mediterranea è un’azione di disobbedienza morale ed al contempo di obbedienza civile. Disobbediamo al prevalente del discorso pubblico delle destre nazionaliste obbedendo alle leggi del mare, del diritto internazionale e della nostra Costituzione che prevedono l’obbligatorietà del salvataggio di chi si trova in condizioni di pericolo”.


      https://www.repubblica.it/cronaca/2018/10/04/news/migranti_una_nave_delle_ong_italiane_nel_mediterraneo_per_salvarli-208134

      –-> reçu par la mailing-list Migreurop, en commentaire de l’article italien:

      FR : Plusieurs ONG ont organisé un bateau battant le drapeau de l’Italie comme une « action de désobéissance morale contre les slogans des droites nationalistes et d’obéissance aux droits de la mer, au droit international et à la Constitution »
      Le remorqueur battant le drapeau italien « #Mare_Ionio » est parti dans la nuit de mercredi du port d’Auguste (Sicile) vers les côtes libyennes. C’est la première mission en eaux internationales entièrement organisée en Italie et a été nommée « #Mediterranea ».
      Le projet, à l’initiative de diverses associations (dont Arci, Ya Basta de Bologne, l’ONG Sea-Watch, la revue en ligne I Diavoli et Moltivolti de Palerme) est politiquement soutenue et financée par Nichi Velonda et trois autres parlementaires LeU (Nicola Fratoianni, Erasmo Palazzotto e Rossella Muroni).
      Le projet a commencée en juillet dernier et a pris forme dans les mois suivants. L’activité de « Mare Ionio » sera officiellement circonscrite à celles de la « surveillance, le témoignage et la dénonciation », expliquent les organisateurs. Cependant, parmi les équipements et les dispositifs du « Mare Ionio », on retrouve des équipements Sar, l’activité de Search and Rescue pour laquelle il ne dispose pas d’habilitation.
      Dans les prochaines heures, l’embarcation, suivie par le bateau Burlesque (un voilier Bavaria 50 battant le drapeau espagnol, avec à bord des journalistes nationaux et internationaux, des activistes et des médiateurs culturels), entrera en action dans la même zone que le voilier Astral de l’ONG espagnole Open Arms, défini à plusieurs reprises comme un « taxi de la mer » par le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini.

    • New Italian-flagged migrant rescue ship heads into Mediterranean

      A new Italian-flagged migrant rescue ship was headed for the waters off Libya on Thursday, one of the aid groups running the boat said, after similar vessels were prevented from operating.

      “The #MareJonio is on its way!” Sea-Watch tweeted. “In cooperation with #Mediterranea we are back at sea, to keep a sharp lookout and to challenge the European policy of letting people drown.”

      The announcement came on the same day that the Aquarius rescue ship sailed into Marseille harbour and an uncertain fate after Panama pulled its flag, meaning it cannot leave port without a new flag.

      The Mare Jonio is a tug flying the Italian flag that left Augusta in Sicily on Wednesday evening, headed south, maritime tracking websites said. The 37-metre vessel – around half the length of the Aquarius – is not intended to rescue migrants and bring them to a safe port, but to spot and secure migrant-carrying boats that are in distress.

      It will also provide a civilian presence in an area where they say the Libyan coastguard and international military vessels are failing to rescue people, despite several shipwrecks in September. Spanish NGO Proactiva Open Arms sent the Astral sailboat to the area on a similar mission a few days ago.

      The Astral was off the coast of Lampedusa on Wednesday to commemorate the fifth anniversary of a shipwreck there in which 366 migrants died in 2013. The disaster pushed Italy to launch its Mare Nostrum military operation to rescue migrants making the perilous journey from North Africa to Europe.

      Since then European Union and NGO boats have joined in, although most of the aid group boats have now stopped work, some because of what they say are trumped-up administrative charges.

      The International Organisation for Migration says that around 15,000 migrants have drowned in the central Mediterranean since the Lampedusa disaster. During the same period Italy has received around 600,000 migrants on its coast, while other European nations have closed their borders.

      Italy’s former centre-left government tried to stem the flow of migrants by working with the Libyan authorities and limiting the NGO effort. Anti-immigrant Deputy Prime Minister Matteo Salvini, who came to power as part of a populist government in June, has since then closed Italian ports to civilian and military boats that have rescued migrants, saying Italy bears an unfair share of the migrant burden.


      https://www.thelocal.it/20181004/new-italian-flagged-migrant-rescue-ship-heads-into-mediterranean
      #Mare_Jonio

    • Tweet de Matteo Villa:

      Tutto sbagliato nella missione di #Mediterranea. Un disastro pronto per succedere, sotto tutti i punti di vista: tecnico, logistico, politico. Non è così che si fa salvataggio in mare. E non è così che si fa azione politica.
      Il problema è molteplice. Non si va in mare: (a) con gente impreparata; (b) con navi scassate e che contengono a malapena l’equipaggio; (c) con intenti solo politici, senza possibilità di salvare vite; (d) con lo scopo di forzare, portando violenza dove dovrebbe esserci soccorso.

      https://twitter.com/emmevilla/status/1047886597071548416

    • Italian-flagged migrant rescue boat defies anti immigration minister

      Vessel Mare Jonio sets out towards Libya despite Matteo Salvini clampdown on rescued migrants entering Italian ports

      The first non-military, Italian-flagged, rescue boat to operate in the Mediterranean since the migration crisis began has left for waters off Libya, in a direct challenge to Italy’s far-right interior minister, Matteo Salvini.

      NGO rescue boats have all but disappeared from the main migration routes since Salvini announced soon after taking office this summer that he was closing Italian ports to non-Italian rescue vessels.

      The Italian flag on the 38-metre Mare Jonio will make it harder for Salvini to prevent it from docking, though he could still move to prevent people from disembarking. The boat has been bought and equipped by a coalition of leftwing politicians, anti-racist associations, intellectuals and figures in the arts, under the supervision of two NGOs. Its mission has been called Mediterranea.
      “We want to affirm a principle of humanity that rightwing policies seem to have forgotten,” Erasmo Palazzotto from the leftwing LeU (Free and Equal) party said.

      Anti-immigration policies by the Maltese and Italian governments, which have closed their ports to rescue vessels, have driven a sharp decrease in rescue missions. People seeking asylum are still attempting the risky crossing. But without the rescue boats, shipwrecks are likely to rise dramatically.
      Advertisement

      In August, Salvini refused a landing to 177 people saved in the central Mediterranean by an Italian coastguard ship. The vessel was authorised to dock at the port of Catania but the people on board were forced to remain on board for almost a week.

      ‘‘Should we expect Salvini to close the ports to us too? We are an Italian boat, flying the Italian flag. They will have to answer to this,” Palazzotto said. “If they then attempt to refuse to let the migrants disembark we will not remain silent and will give voice to them from the ship.”

      The ship has received support from the Spanish NGO Pro-Activa and the aid group Seawatch, as well as the writer Elena Stancanelli and the film director Paolo Virzì.

      “This is a moral disobedience mission but also a civil obedience one,” the Mediterranea mission’s press office said in a statement. “We will disobey nationalism and xenophobia. Instead we will obey our constitution, international law and the law of the sea, which includes saving lives.”

      The death toll in the central Mediterranean has fallen in the past year, but the number of those drowning as a proportion of arrivals in Italy has risen sharply in the past few months, with the possibility of dying during the crossing now three times higher. So far in 2018, 21,041 people have made the crossing and 1,260 have died.

      https://www.theguardian.com/world/2018/oct/04/italian-flagged-migrant-rescue-boat-mare-jonio-sets-sail-in-challenge-t

    • Giovedì 4 ottobre – ore 16.25 – Salvini: “Nave Mediterranea? In Italia non ci arrivate”. “Ho saputo che c’è una nave dei centri sociali che vaga per il Mediterraneo per una missione umanitaria e proverà a sbarcare migranti in Italia. Fate quello che volete, prendete il pedalò. Andate in Tunisia, Libia o Egitto, ma in Italia nisba”. Lo ha detto il vicepremier e ministro dell’Interno Matteo Salvini in una diretta Facebook con riferimento alla nave italiana Mediterranea, salpata oggi per svolgere un’attività di monitoraggio, testimonianza e denuncia della situazione nel Mediterraneo.

      “Potete raccogliere chi volete però in Italia non ci arrivate”, ha aggiunto Salvini.

      https://www.tpi.it/2018/10/05/governo-ultime-news

    • *Perché la missione umanitaria «Mediterranea» rischia di diventare un boomerang*

      Mezzi inadeguati, personale non preparato, ricerca dello scontro diplomatico. «Politicizzare i salvataggi in mare rischia di non portare benefici», dice Matteo Villa dell’Ispi.

      Una piccola missione umanitaria nel Canale di Sicilia rischia di compromettere le operazioni di salvataggio dei migranti nel Mediterraneo, già rese complesse dalla politica dei respingimenti adottata dal governo italiano. Nella notte tra mercoledì e giovedì il piccolo rimorchiatore Mare Jonio è salpato dal porto di Augusta per dirigersi verso le acque sar (search and rescue) della Libia, nell’ambito dell’operazione denominata “Mediterranea”. La missione è stata preparata in gran segreto durante gli ultimi mesi e coinvolge ong (Sea Watch), associazioni (Ya Basta Bologna e Arci), e politici (Fratoianni, Palazzotto, Vendola e Muroni) che hanno raccolto i finanziamenti necessari. L’obiettivo – spiega il sito di “Mediterranea” – è quello di svolgere l’“essenziale funzione di testimonianza, documentazione e denuncia di ciò che accade in quelle acque, e che oggi nessuno è più messo nelle condizioni di svolgere”. Quasi un assist per il ministro dell’Interno Matteo Salvini, che l’ha subito definita una «nave di scalcagnati dei centri sociali che va a prendere tre merluzzetti». «E’ una sentinella civica, benvenga», ha commentato invece l’altro vicepremier, Luigi Di Maio, ribadendo la scarsa condivisione di vedute con la Lega in tema di immigrazione.

      Mare Jonio è un’imbarcazione datata – varata nel 1972 – e rimessa a nuovo per l’occasione, ma soprattutto piccola, con appena 35 metri di lunghezza e 9 di larghezza. E’ coadiuvata dal veliero Astral dell’ong Proactiva Open Arms, l’unica nave umanitaria ancora attiva nel Mediterraneo centrale (anch’essa con soli compiti di osservazione) e da una goletta con a bordo giornalisti e mediatori culturali. Degli 11 membri dell’equipaggio a bordo del Mare Jonio, fatta eccezione per due operatori dell’ong Sea Watch, nessuno ha esperienze di operazioni sar in mare. La nave è dotata di un solo Rhib (la sigla sta per Rigid Inflatable boats), uno dei piccoli motoscafi adatti a svolgere salvataggi, anche in condizioni difficili. Un container è stato invece adattato a ospedale di bordo, pronto a prestare soccorso in caso di emergenza.

      Nonostante la missione voglia essere una risposta delle ong alla campagna anti-migranti voluta dal governo gialloverde, le criticità sono diverse. “L’idea di fondo, quella di aumentare l’attenzione generale nel Mediterraneo, è giusta. Ma politicizzare i salvataggi in mare rischia di non portare benefici, soprattutto nel lungo periodo”, spiega al Foglio Matteo Villa dell’Ispi. Secondo il ricercatore, che da anni studia i flussi migratori attraverso il Mediterraneo, gli strumenti a disposizione di “Mediterranea” sono inadeguati rispetto all’obiettivo della missione: “Pensare di pattugliare una zona tanto vasta con una sola imbarcazione non ha senso, oltre a comportare un esborso eccessivo tra carburante e strumentazione. Se davvero l’attività principale è quella di monitorare, è molto più efficace usare gli aerei, come succede già con i ’Piloti volontari’, attivi con ottimi risultati da maggio”.

      Ma l’aspetto ancora più preoccupante riguarda i rischi cui saranno sottoposti sia i migranti sia l’equipaggio di “Mediterranea”. Dice Villa: “Le perplessità sono tante e sono condivise anche da molti altri operatori umanitari che con professionalità compiono attività sar. Sotto diversi punti di vista, sia logistici sia politici, la missione è pronta a trasformarsi in un disastro a causa della notevole approssimazione con cui è organizzata, dice il ricercatore dell’Ispi. Nella migliore delle ipotesi l’operazione potrebbe risolversi in una magra figura, come già successo un anno fa con ’Defend Europe’, la nave anti-ong partita per ostacolare le missioni umanitarie e poi finita in avaria”. Ma potrebbero crearsi anche circostanze più complesse. “In caso di identificazione di un barcone in emergenza non è chiaro come si comporterà Mare Jonio. Sulla base di quanto avviene già adesso, è probabile che contatterà il comando Mrcc di Roma che coordina le operazioni di salvataggio e che, a sua volta, contatterà le autorità libiche. Nel caso di intervento delle motovedette di Tripoli potrebbe succedere di tutto: il rimorchiatore come intende agire? Interverrà? Segnalerà l’emergenza e basta?”, si chiede Villa. Per non parlare delle difficoltà logistiche: “In quei momenti concitati i migranti, soprattutto alla vista delle motovedette libiche, sono presi dal panico, molti si gettano in acqua per paura di essere riportati indietro. A bordo del rimorchiatore pare possano essere raccolte poche persone, e certo non per lunghi periodi di tempo”. Andare a cercare lo scontro aperto o l’incidente diplomatico per riaccendere l’attenzione dei governi sui salvataggi in mare può trasformarsi in un boomerang per le ong. La mobilitazione è figlia senza dubbio della politica migratoria più stringente adottata dal governo italiano. “Ma affidare a gruppi antagonisti le operazioni di salvataggio, senza una preparazione e una visione di lungo periodo – conclude Villa – rischia di essere controproducente per chi ritiene i salvataggi in mare una questione molto seria”.

      https://www.ilfoglio.it/cronache/2018/10/05/news/perche-la-missione-umanitaria-mediterranea-rischia-di-diventare-un-boomeran

    • « On doit veiller à ce que ces gens ne se noient pas »

      L’Aquarius vient de perdre pour la deuxième fois son pavillon. Le navire de sauvetage fait route vers Malte avec 58 migrants à son bord. Sans pavillon, il devrait interrompre sa mission. Des parlementaires demandent qu’on lui donne le pavillon suisse.

      Avec les organisations d’entraide Médecins sans frontières (MSFLien externe) et SOS MéditerranéeLien externe, l’Aquarius sauve des migrants en détresse. Il est le dernier navire de sauvetage non gouvernemental en Méditerranée centrale. Depuis que l’Italie a fermé ses ports aux bateaux humanitaires, toutes les ONG se sont retirées du secteur.

      Le week-end dernier, le Panama a annoncé qu’il retirerait son pavillon à l’Aquarius, car celui-ci n’aurait pas respecté le droit international de la mer. En août, Gibraltar avait déjà biffé le navire de son registre maritime. Sans pavillon, l’Aquarius ne peut plus remplir ses missions de sauvetage.

      Cette semaine, trois parlementaires suisses ont demandé, par voie d’interpellation, un geste humanitaire de la Suisse, afin qu’elle accorde son pavillon à l’Aquarius. L’un d’eux est #Kurt_Fluri, conseiller national du Parti libéral-radical et maire de la ville de Soleure. Interview.

      swissinfo.ch : Vous avez la réputation d’être un politicien réaliste. Cette idée humanitaire a-t-elle des chances de passer ?

      Kurt Fluri : Ce qui nous émeut, ce sont les tragédies qui se jouent en Méditerranée. Et c’est peut-être une solution possible pour atténuer le problème. Je ne sais pas si c’est une illusion. C’est pourquoi nous posons la question au gouvernement.
      La Suisse n’a qu’une petite flotte marchande de 30 navires. Pourquoi devrait-elle précisément accorder son pavillon à un bateau de sauvetage ?

      Nous sommes tous d’accord qu’il s’agit d’une situation tout à fait exceptionnelle. Pour moi, cela ne change rien au fait que l’on devrait faire en sorte que ces gens n’essaient même pas de traverser la Méditerranée. Mais s’ils le font quand même, on doit veiller à ce qu’ils ne se noient pas et à ce qu’ils soient admis en Europe.
      Selon la loi, le pavillon suisse est réservé aux navires de commerce. S’il faut modifier la loi pour répondre à votre demande, cela va prendre beaucoup de temps pour que l’Aquarius puisse hisser le pavillon suisse. Or, il a besoin d’une solution rapide…

      Le sens de notre interpellation, c’est de clarifier à quelles conditions il serait possible d’arriver à quelque chose. Ce que nous allons faire concrètement dépendra de la réponse du gouvernement.
      Si l’Aquarius battait pavillon suisse, est-ce qu’il n’en résulterait pas automatiquement l’exigence que les migrants qu’il sauve soient conduits en Suisse ?

      Ici comme ailleurs, c’est le système de Dublin qui s’applique. Il définit quel pays est en charge de l’examen de la demande d’asile. Les requérants doivent demander l’asile dans le premier pays de l’UE ou pays signataire de l’accord, comme la Suisse, où ils arrivent. La répartition se fait ensuite.

      Toutefois, l’UE est invitée à décider d’une répartition plus équitable, afin de soulager le plus vite possible les pays méditerranéens, l’Italie, la Grèce et l’Espagne, des réfugiés qui arrivent chez eux.
      Avez-vous pleine confiance en les responsables de ce navire de sauvetage, auquel vous voulez accorder le pavillon suisse ?

      Oui, je fais confiance à ces responsables.
      Le Panama leur a pourtant retiré son pavillon au prétexte qu’ils auraient violé le droit maritime international…

      D’après moi, c’était pour se protéger. Le Panama veut se débarrasser de ce devoir, qui est apparemment devenu un fardeau pour lui.
      MSF et SOS Méditerranée disent que le Panama a retiré son pavillon sur pression de l’Italie. Ça vous paraît possible ?

      Il y a certainement eu des tentatives de pression.
      Cette pression ne pourrait-t-elle pas s’exercer sur la Suisse, si elle intervient ?

      C’est possible. Nous soutenons l’appel lancé à l’UE pour qu’elle décide d’une répartition plus équitable des réfugiés. L’Italie serait alors également satisfaite. Malheureusement, l’UE n’y arrive pas.

      https://www.swissinfo.ch/fre/pavillon-suisse-pour-l-aquarius-_-on-doit-veiller-%C3%A0-ce-que-ces-gens-ne-se-noient-pas-/44434264

    • Nous avons un navire !

      Dans un texte confié à Mediapart, le sociologue et activiste italien #Sandro_Mezzadra revient sur la mise à l’eau du « Mare-Ionio », ce navire battant pavillon italien, affrété jeudi par des activistes de la gauche italienne pour secourir des migrants en Méditerranée, en opposition aux politiques de l’extrême droite au pouvoir à Rome.

      Les noms des victimes résonnent les uns après les autres, des noms sans corps qui racontent une multitude de vies et d’histoires, brisées sur les frontières de l’Europe : le court-métrage de Dagmawi Yimer s’intitule Asmat-Nomi, une des œuvres les plus puissantes et évocatrices sur le naufrage du 3 octobre 2013 [visible ici : https://vimeo.com/114343040]

      . Au fond, l’anonymat est une des caractéristiques qui définissent les femmes, les hommes et les enfants en transit dans la mer Méditerranée — comme dans de nombreux autres espaces frontaliers. Réhabiliter la singularité irréductible d’une existence est le geste extrême de résistance que nous propose Asmat-Noms.

      Cinq ans après ce naufrage, alors que l’on continue de mourir en Méditerranée, nous avons mis un navire à la mer, le Mare-Ionio. Nous l’avons fait après un été marqué par un gouvernement italien qui a déclaré la guerre contre les migrations et contre les organisations non gouvernementales, en fermant les ports et en séquestrant sur un navire de la Garde côtière des dizaines de réfugié.e.s et de migrant.e.s. La criminalisation des opérations « humanitaires » a vidé la Méditerranée des présences gênantes, a repoussé les témoins et a réaffirmé l’anonymat de femmes et d’hommes en transit : à l’abri des regards indiscrets, la Garde côtière libyenne a pu renvoyer aux centres de détention, c’est-à-dire à la torture, à la violence et à l’esclavage, des centaines de personnes, tandis que d’autres ont fait naufrage. Et certains se réjouissent de cela, en criant victoire...

      Cela n’a pas été facile de réaliser la mise à l’eau du Mare-Ionio. La plateforme qui s’est appelée très simplement Operazione Mediterranea n’est pas une ONG : celles et ceux qui ont travaillé à la recherche et à la préparation de l’embarcation ces dernières semaines n’avaient aucune expérience de ce monde associatif. Mais sur les docks de nombreux ports, nous avons rencontré des gens qui nous ont aidé.e.s sur la base de rapports professionnels, mais aussi guidé.e.s par une solidarité instinctive et par l’élan de refus de plus en plus partagé par les gens de la mer, une réponse au mépris de la vie et du droit international — en particulier après l’affaire du navire Diciotti.

      L’expérience et la collaboration de diverses ONG actives ces dernières années dans la Méditerranée ont joué un rôle décisif dans la réalisation de notre projet. L’une d’entre elles (Sea-Watch) fait partie de la plateforme, tandis qu’Open Arms coordonnera ses activités avec les nôtres. D’autre part, l’opération que nous avons lancé affronte ouvertement la criminalisation actuelle des interventions « humanitaires ». Ils sont loin les jours où la « raison humanitaire » pouvait être analysée comme un élément appartenant à un système de gouvernance (des migrations, notamment) bien plus large. Le défi ne peut être que radicalement politique. Il s’agit d’investir en particulier cela : l’affirmation pratique du droit d’un ensemble de sujets non étatiques à intervenir politiquement dans une zone où les « autorités compétentes » violent de manière flagrante le devoir de préserver la vie des gens en transit.

      C’est autour de ce point que la plateforme Operazione Mediterranea : une plateforme ouverte à l’adhésion et à la participation de celles et ceux qui voudront nous soutenir dans les semaines à venir (notamment via un crowdfunding, ce qui est vraiment essentiel pour assurer la réalisation d’un projet ambitieux et prenant). Cet aspect est évidemment fondamental. Mais l’objectif est plus général : il s’agit d’ouvrir, à travers une pratique, un espace de débat, d’action et de conflit à propos des migrations en Italie et en Europe.

      Nous voudrions que notre navire fende la mer, comme la terre des mobilisations qui, sur la question migratoire, se sont déployées ces derniers mois, de Vintimille aux Pouilles, de Catane à Milan ; nous voudrions que le Mare-Ionio devienne une sorte de forum, que des milliers de femmes et d’hommes se l’approprient, qu’il soit présent sur les places et dans les rues, que de lui se propagent des récits d’une migration radicalement différente de celle incarnée par les menaces et les décrets de Salvini : nous voudrions que le navire soit un instrument pour proposer une Italie et une Europe autres.

      Nous ne sous-évaluons pas la difficulté de cette période. Nous savons que nous agissons en tant que minorité, que nous devons affronter une hégémonie qui nous est hostile concernant la migration ; nous savons que ces derniers mois l’équation entre le migrant et l’ennemi (à laquelle même des forces politiques qui ne se définissent pas de droite ont donné une contribution essentielle) a été exacerbée, autorisant et promouvant la diffusion en Italie d’un racisme de plus en plus agressif. Mais nous savons aussi que cette hégémonie peut et doit être renversée, en assumant les risques et le hasard qui sont inévitables. L’opération qui a commencé ce 3 octobre, date chargée d’une valeur symbolique, est une contribution qui va dans ce sens.

      Un navire, comme le disait C.L.R. James dans son grand livre sur Melville (écrit en 1952 dans une cellule d’Ellis Island, en attendant son expulsion des États-Unis pour « activité anti-américaine »), n’est au fond qu’un ensemble divers et varié des travaux et des activités à bord, qui littéralement le constituent. Voilà, notre navire ne serait rien sans la passion et l’engagement de centaines de femmes et d’hommes qui ont travaillé et qui travaillent pour le faire naviguer, mais aussi pour construire et démultiplier de nouvelles passerelles entre mer et terre. Un navire, comme le rajoutait James, « est une miniature du monde dans lequel nous vivons ». Dans notre cas, c’est une miniature du monde que nous nous engageons à construire. Et nous sommes certain.e.s que nous serons bientôt des milliers à partager cet engagement.

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/061018/nous-avons-un-navire

    • L’Aquarius, sous pavillon suisse ? Carlo Sommaruga face à Hugues Hiltpod

      Trois parlementaires suisses - Ada Marra (PS/VD) Guillaume Barrazone (PDC/GE) et Kurt Fluri (PLR/SO) - ont déposé à Berne une interpellation pour que notre pays octroie le pavillon national à l’Aquarius. Le navire affrété par SOS Méditerranée, qui est en mer depuis 2016, a recueilli quelque 30 000 personnes en danger de mort. Sur change.org, près de 20 000 personnes ont signé une pétition dans ce sens. Carlo Sommaruga, conseiller national socialiste et Hugues Hiltpold, conseiller national PLR exposent leurs point de vue.

      Pour un pavillon suisse humanitaire

      Carlo Sommaruga, conseiller national socialiste

      La Suisse doit accorder le pavillon à l’Aquarius, le bateau humanitaire affrété par SOS Méditerranée, pour secourir les migrants en perdition en pleine mer. C’est une nécessité humanitaire destinée à sauver des milliers de vies. Un geste qui s’inscrit dans la tradition humanitaire de la Suisse. En cohérence tant avec la générosité de la population suisse pour les populations en difficulté qu’avec la position défendue jusqu’à aujourd’hui par notre pays sur la scène politique et diplomatique internationale. Le dernier rapport de l’Organisation internationale des migrations montre que les traversées de la Méditerranée par des hommes et des femmes de tout âge, accompagnés de leurs enfants, voire de nouveau-nés, ont commencé dès les années 70.

      La cause en est la fermeture progressive de la migration légale par les pays européens, qui ont rejeté les migrants sur les routes clandestines et dangereuses, notamment la Méditerranée. Or, ceux qui depuis des décennies empruntent ces routes ne le font pas par plaisir ou par goût de l’aventure. Comme les Suisses du XIXe siècle dont plus de 500 000 rejoignirent les USA ou les 29 millions d’Italiens qui quittèrent leur pays de 1860 à nos jours, les migrants d’aujourd’hui se mettent en marche pour les mêmes raisons. La croissance démographique et le manque d’opportunités de travail dans les campagnes et dans les villes.

      Aujourd’hui s’ajoutent les affres des dictatures, comme en Érythrée, des conflits civils, comme en Libye, et des guerres internationales, comme en Syrie. En 2013, suite au naufrage de 366 migrants au large des côtes italiennes, le premier ministre Enrico Letta lançait l’opération Mare Nostrum. La marine italienne sauvait plus de 150 000 êtres humains de la noyade en Méditerranée. L’opération fut close en raison de la lâcheté des pays européens qui refusaient de venir en appui à l’Italie. L’Union européenne remplaça le dispositif de sauvetage par un dispositif de défense des frontières géré par Frontex. Depuis lors, ce sont les organisations humanitaires et leurs bateaux qui assument l’immense et courageuse tâche de sauver les naufragés en Méditerranée.

      Les bateaux se nomment Sea-eye, Lifeline, Aquarius et, depuis peu, le Mare Jonio. Au cours des deux dernières années SOS Méditerranée, organisation créée et soutenue par des citoyens européens, par son navire l’Aquarius, a sauvé 29 600 personnes, soit l’équivalent de la population de Lancy. L’Aquarius comme les autres bateaux humanitaires doivent poursuivre leur mission aussi longtemps que les États se défaussent de leurs responsabilités.

      Il est inacceptable que l’Aquarius reste à quai sans pavillon alors que des personnes meurent en pleine Méditerranée. La Suisse neutre doit rester fidèle à ses engagements humanitaires, qu’elle a poursuivi en soutenant le CICR, le HCR et bien d’autres organisations. Elle doit accorder le pavillon. La loi le permet et cela ne coûte rien. Il faut saluer l’intervention de parlementaires du PLR, PDC, Verts et PS dans ce sens, tout comme la lettre adressée ce jour par des personnalités au Conseil fédéral. Refuser le pavillon à l’Aquarius, c’est un choix politique. Celui de mépris de la vie et du rejet de la solidarité humaine. Il faut tous espérer que Conseil fédéral ne s’inscrive pas dans cette logique.

      Haut de la page

      Aquarius : le respect de la loi avant tout !

      Hugues Hiltpold, conseiller national PLR

      La crise des migrants en Méditerranée est terrible, personne ne peut le contester. Bon nombre de personnes sont attirées par l’Europe et se livrent à la merci de passeurs peu scrupuleux, avec à la clé de nombreux et épouvantables drames humains. Durant deux ans, le navire humanitaire Aquarius, ancien navire des gardes-côtes allemands battant pavillon panaméen, a secouru près de 30 000 personnes en détresse. Avec un certain succès il faut le reconnaître. Puis, sous pression internationale, il a cessé de battre pavillon panaméen, errant en mer quelque temps à la recherche d’un port d’accueil voulant bien l’accueillir.

      Ayant mouillé l’ancre aujourd’hui à Marseille, il attend de pouvoir naviguer à nouveau, mais a besoin pour ce faire qu’un pays accepte qu’il puisse battre son pavillon. Certains élus fédéraux estiment que ce navire humanitaire devrait battre pavillon suisse. Or, la loi suisse ne le permet tout simplement pas. L’article 3 de la loi fédérale sur la navigation maritime sous pavillon suisse stipule qu’un pavillon suisse ne peut être arboré que par des navires suisses. L’article 35 de cette même loi précise, s’agissant de la navigation non professionnelle, que des exceptions peuvent être autorisées par le Département fédéral des affaires étrangères pour inscrire, dans le registre des navires suisses, un bâtiment exploité par une société suisse ou ayant son siège en Suisse, à des fins notamment humanitaires.

      Cette dérogation doit faire l’objet d’une enquête minutieuse permettant de fixer les conditions de la dérogation, notamment eu égard aux intérêts pour la Suisse de justifier cette dérogation. Il convient de noter qu’une telle dérogation est exceptionnelle. On constate que la situation actuelle du navire humanitaire Aquarius n’est pas conforme à la loi.

      Il n’est pas contesté que l’association SOS Méditerranée, qui exploite l’Aquarius, n’est pas suisse, n’a pas son siège en Suisse et n’a aucune relation particulière avec notre pays.

      Dès lors, permettre à l’Aquarius de battre pavillon suisse reviendrait purement et simplement à bafouer la loi ! Ce faisant, nous violerions de surcroît les accords de Schengen et Dublin qui nous lient avec l’Union européenne, au respect desquels ceux qui voudraient accorder le pavillon Suisse à l’Aquarius sont notoirement attachés. Aussi terrible que soit cette catastrophe humanitaire, elle ne doit pas conduire notre pays à bafouer notre État de droit et le droit international. Il en va de notre crédibilité et du respect de nos institutions.

      https://www.tdg.ch/blog-wch/standard/aquarius-pavillon-suisse-carlo-sommaruga-face-hugues-hiltpod/story/31191020

    • Migrants : le hold-up de la Libye sur les sauvetages en mer

      Cet été, en Méditerranée, la Libye a créé en toute discrétion sa propre « zone de recherche et de secours », où ses garde-côtes sont devenus responsables de la coordination de tous les sauvetages, au grand dam de l’Aquarius et des ONG. Enquête sur une décision soutenue par l’Union européenne qui jette toujours plus de confusion en mer.

      Vu de loin, c’est un « détail ». Un simple ajout sur une carte maritime. Cet été, la Libye a tracé une ligne en travers de la Méditerranée, à 200 kilomètres environ au nord de Tripoli. En dessous, désormais, c’est sa zone SAR (dans le jargon), sa « zone de recherche et de secours ». Traduction ? À l’intérieur de ce gigantesque secteur, les garde-côtes libyens sont devenus responsables de l’organisation et de la coordination des secours – en lieu et place des Italiens.

      Pour les navires humanitaires, la création de cette « SAR » libyenne, opérée en toute discrétion, est tout sauf un « détail ». Il n’est pas un sauveteur de l’Aquarius, pas un soutier du Mare Jonio ni de l’Astral (partis relayer sur place le bateau de SOS Méditerranée) qui ne l’ait découvert avec stupeur. Car non seulement les garde-côtes libyens jettent leurs « rescapés » en détention dès qu’ils touchent la terre ferme, mais certaines de leurs unités sont soupçonnées de complicité avec des trafiquants et leurs violences sont régulièrement dénoncées.

      Pour les migrants qui s’élancent en rafiot de Sabratha ou Zaouïa, ce « détail » est surtout une trahison supplémentaire : l’Union européenne a budgété plus de 8 millions d’euros en 2017 pour aider Tripoli à créer cette zone « SAR » bien à elle. Alors que les vingt-huit ministres de l’intérieur doivent discuter vendredi 12 octobre du renforcement des frontières de l’UE, Mediapart a enquêté sur ces trois petites lettres qui mettent les humanitaires en colère et jettent la confusion en mer.

      Pour comprendre, il faut d’abord savoir que la Libye, comme n’importe quel État côtier, est souveraine dans ses « eaux territoriales ». Sur cette bande de 19 kilomètres, les garde-côtes de Tripoli ont toujours joué à domicile et jamais l’Aquarius n’y aventurerait sa quille. Mais au-delà, la Méditerranée se complique, elle se découpe en zones SAR : celle de l’Italie ici, celle de la Grèce là-bas, celles de Malte ou encore de l’Égypte, toutes déclarées auprès de l’Organisation maritime internationale (OMI), chacune associée à un « centre de coordination des secours » national (ou MRCC), qui reçoit l’ensemble des signaux de détresse émis dans sa zone, de même que les appels des navires humanitaires qui repèrent des migrants aux jumelles.

      Selon les conventions internationales, chaque MRCC, celui de Rome par exemple, a ensuite la responsabilité d’organiser les secours dans son secteur, de solliciter les navires les mieux placés (tankers et militaires compris), de dépêcher ses propres garde-côtes si nécessaire.

      Jusqu’ici, au large de ses eaux territoriales, la Libye n’avait pas déclaré de zone SAR, faute d’une flotte suffisante et surtout d’un « centre de coordination » en état de marche, capable de communiquer avec la haute mer par exemple. Pour éviter un « triangle des Bermudes » des secours, les Italiens s’y étaient donc collés ces dernières années, élargissant de fait – sinon en droit – leur champ d’activité. Puis le 28 juin dernier, sans prévenir, Tripoli a déclaré sa zone « SAR » et son « centre de coordination » auprès de l’OMI, officialisés du jour au lendemain. Les Italiens ont passé la main. Changement de régime.

      Depuis, dans l’esprit des Libyens, « aucun navire étranger n’a le droit d’accéder [à leur SAR] sauf demande expresse [de leur part] ». C’est ainsi, en tout cas, que le commandant de la base navale de Tripoli, Abdelhakim Bouhaliya, interprétait les choses en 2017 – quand les autorités avaient esquissé une première SAR avant de se rétracter. Dans leur viseur : « les ONG qui prétendent vouloir sauver les migrants clandestins et mener des actions humanitaires », selon les mots sans fard du général Ayoub Kacem, l’un des porte-parole de la marine à l’époque. Un an plus tard, la SAR est bel et bien là. Et il devient urgent que les garde-côtes ouvrent un manuel de droit.

      Car en principe, « la navigation dans leur SAR reste libre, décrypte Kiara Neri, spécialiste de droit maritime et maîtresse de conférences à l’université Jean-Moulin-Lyon-III. Ils n’ont absolument pas le pouvoir d’interdire leur SAR aux navires humanitaires, ce n’est pas devenu leur chasse gardée ». Dans les faits, pourtant, « ils font comme s’ils étaient souverains, s’indigne Nicola Stalla, coordinateur des sauvetages sur l’Aquarius. Ils étaient déjà agressifs avant, mais ils se comportent de plus en plus comme s’ils étaient dans leurs eaux territoriales. Ils ordonnent aux ONG de s’éloigner, ils menacent, par le passé ils ont déjà ouvert le feu plusieurs fois ».

      Concrètement, depuis cet été, « ce n’est plus Rome mais le MRCC de Tripoli qui reçoit les signaux d’alerte et désigne le navire le plus proche pour intervenir », insiste Kiara Neri. À supposer qu’ils répondent aux appels, déjà. « Le MRCC de Rome, lui, était efficace, regrette Nicola Stalla. Quand j’appelais, il y avait toujours un officier à qui parler. Là c’est tout le contraire : les garde-côtes libyens ne répondent pas, ou ne parlent pas bien anglais, ou ne répercutent pas les infos à tous les navires présents sur la zone… » Il y a quelques jours, l’association Pilotes volontaires, qui scrute la mer depuis le ciel à bord de son petit Colibri, s’est aussi arraché les cheveux. « On a repéré une embarcation avec une vingtaine de migrants, raconte un bénévole. On a vite appelé Rome, qui nous a renvoyés automatiquement sur Tripoli, qui n’a jamais répondu. » Ils ont fini par contacter, en direct, un tanker qui croisait à proximité. Du bricolage impensable jusqu’à cet été.

      À supposer qu’ils réagissent correctement, les Libyens peuvent aussi être tentés d’ignorer les humanitaires, de « privilégier » leurs garde-côtes pour les sauvetages, voire des navires marchands. Car ces derniers acceptent parfois de remettre aux Libyens les migrants qu’ils « repêchent », de les transborder en pleine mer pour s’en débarrasser sans trop se dérouter, sans égard pour le droit international qui impose de débarquer ses rescapés dans un « port sûr » où les droits de l’homme sont respectés – ce que la Libye n’est certainement pas, de l’avis même du HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés. « Sans ONG pour témoigner, ces personnes sont perdues dans la narration », dénonce l’Italien Nicola Stalla, d’une formule presque poétique.

      Et si les humanitaires repèrent un pneumatique par eux-mêmes, peuvent-ils désormais être interdits de sauvetage ? « Il y a une subtilité, répond Kiara Neri. Dans leur SAR, les Libyens ont compétence pour coordonner les opérations. Donc s’ils approchent d’une embarcation en détresse [en même temps que l’Aquarius par exemple – ndlr], ils peuvent toujours dire : “On s’en occupe.” Mais ils n’ont certainement pas le droit de monter à bord, aucun pouvoir de police… » Dans les faits, la confusion est à son maximum.

      Ainsi, le 23 septembre, l’Aquarius et les garde-côtes libyens se sont disputés quarante-sept vies en pleine nuit, pendant des heures. Directement alerté par Alarm Phone (une sorte de « central téléphonique » associatif à disposition des migrants qui tentent la traversée), l’Aquarius a foncé vers le secteur indiqué tout en contactant le MRCC de Tripoli, conformément à ses obligations. Au début, pas de réponse. Puis un accord de principe. Puis un patrouilleur libyen arrivé sur le tard a voulu stopper le sauvetage entamé (des femmes et des enfants d’abord), pour reprendre l’affaire en mains. « Quittez la zone ! », ont hurlé les garde-côtes à la radio, selon une journaliste du Monde à bord. « Vous connaissez Tripoli ? Vous voulez venir faire une petite visite ? (…) Vous allez avoir de gros problèmes, on ne veut plus coopérer avec vous parce que vous nous désobéissez. » Le capitaine a tenu bon, mais l’Aquarius a quitté la zone à l’issue de l’opération – sa dernière à ce jour, puisque le Panama l’a privé de pavillon.

      « Le comble du cynisme »

      « Si nous trouvons une embarcation en détresse dans la SAR libyenne, nous ferons le sauvetage même si les garde-côtes demandent de ne pas intervenir », annonce aussi l’équipe de l’Aita Mari, un chalutier basque espagnol sur le point de prendre la route de la Méditerranée centrale, à l’initiative de deux ONG (Salvamento maritimo humanitario et Proem-Aid) soutenues par le gouvernement régional de centre-droit (qui a déboursé 400 000 euros), ainsi que de petites communes basques et andalouses. « La loi, c’est celle du port sûr. Peu importe que l’OMI ait dit “Oui” à la Libye », résume Daniel Rivas Pacheco, porte-parole du projet.

      D’ailleurs, comment une telle zone de « secours » a-t-elle pu être créée ? La Libye, membre de l’OMI (institution des Nations unies) et signataire des conventions internationales sur le secours en mer, a simplement déclaré les coordonnées géographiques de sa zone et de son MRCC. En fait, l’OMI ne « reconnaît » pas les SAR, elle les enregistre, sans audit préalable. N’a-t-elle pas le pouvoir de rejeter l’initiative d’un pays dénué de « port sûr » ? « L’OMI n’a pas le droit de décider si tel ou tel pays est un lieu sûr », nous répondent ses services. Elle peut toujours intervenir en cas de « coordonnée non valide » ou d’« erreur typographique ». Pour le reste…

      Ce processus de déclaration suppose tout de même une coordination préalable avec les pays voisins et des discussions préparatoires (Mediapart a retrouvé un point d’étape soumis à l’OMI en décembre 2017 par l’Italie, qui évoque le soutien de l’UE). Rome et l’Europe ont bien encouragé Tripoli à prendre ses « responsabilités ».

      Pour s’en convaincre, il faut se plonger dans les détails d’un vaste programme européen de soutien à la Libye datant de 2017, doté de 46 millions d’euros, qui vise tout à la fois le renforcement de ses frontières, la lutte contre son immigration illégale et l’amélioration de ses opérations de sauvetage en mer. On y découvre que l’UE a budgété plus de 6 millions d’euros, sur plusieurs années, rien que pour aider Tripoli à créer sa propre SAR et son MRCC « maison » – auxquels s’est ajouté 1,8 million via le Fonds pour la sécurité intérieure de l’Union.

      Les activités programmées ne peuvent être plus claires : « Assister les autorités libyennes pour qu’elles soient en capacité de déclarer une zone SAR », « Évaluations techniques pour la conception d’un véritable MRCC », « Formation pour le personnel opérationnel du MRCC », « Aider les garde-côtes à organiser leur unité SAR » ou encore « à développer des procédures SAR standard », etc.

      Jusqu’ici, on avait surtout entendu parler des fonds européens engagés pour former les garde-côtes (au droit international, au droit des réfugiés, etc.) ou de la fourniture d’équipements censés améliorer la qualité et l’efficacité de leurs opérations de « secours » (voir ici notre précédent article). Les ONG s’en étaient indignées, moult fois. Mais c’est encore autre chose que d’aider les Libyens à élargir leur périmètre d’action, à endosser la responsabilité des opérations au-delà même de leurs eaux territoriales.

      « L’idée n’est évidemment pas de les mettre en compétition avec les ONG et les autres acteurs, plaide-t-on à la Commission. C’est de lutter contre les trafiquants et de sauver des vies. » L’UE n’en démord pas.

      Les services de la Commission tiennent tout de même à préciser qu’à ce stade, sur les quelque 8 millions d’euros budgétés, seul 1,8 million a effectivement été déboursé pour une « étude de faisabilité » de la SAR libyenne. Rien d’autre n’aurait été mis en place avant que la Libye ne dégaine le 28 juin, plus vite que son ombre, aiguillonnée par l’Italie de Matteo Salvini.

      « Le secours n’est absolument pas la priorité de l’Union européenne, dénonce Charles Heller, chercheur associé à l’agence Forensic Architecture, collectif basé à l’université londonienne de Goldsmiths qui enquête sur les violations des droits humains, notamment en Méditerranée. Ce que font les garde-côtes libyens, ce sont des interceptions, de pures opérations de contrôle des frontières pour le compte de l’UE. »

      En 2012, rappelle-t-il, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné l’Italie pour ses pratiques de « refoulement direct » de migrants, après qu’un vaisseau de la marine nationale avait récupéré à son bord (soit sur le sol italien juridiquement) des Somaliens et des Érythréens, raccompagnés illico à Tripoli sans qu’ils aient pu exercer leur droit fondamental à demander l’asile. La nouvelle politique consiste donc « à opérer des “refoulements indirects”, à externaliser auprès des Libyens le contrôle de nos frontières », analyse Charles Heller. « Après une phase de criminalisation des ONG, après l’aide au rétablissement d’une institution de garde-côtes à peu près fonctionnelle, la déclaration d’une SAR libyenne était fondamentale pour donner à ces opérations un vernis humanitaire. Il fallait que les garde-côtes libyens aient tous les attributs : une SAR, un MRCC, etc. C’est la consécration d’un processus. Sachant que ces opérations de “secours” ont pour effet de ramener des gens sur un territoire où leurs droits sont systématiquement violés, c’est le comble du cynisme. »

      Sauvé le 21 juin dernier par le Lifeline, un exilé du Darfour a confié à Mediapart qu’il avait été intercepté trois fois en mer par les garde-côtes libyens, et ramené trois fois dans des centres de détention officiels où les gardiens « frappent tout le monde, tout le temps, avec des bâtons ». « On nettoyait, on lavait le linge, on faisait de la peinture sans être jamais payés », raconte Abazer, aujourd’hui réfugié en France, évoquant une forme d’« esclavage ». Ça, un port sûr ?

      « L’UE fait décidément preuve d’un grand courage, grince Patrick Chaumette, professeur de droit à l’université de Nantes. On laisse les Libyens menacer les ONG, tirer en l’air, confondre leur SAR avec leurs eaux territoriales, dire : “Vous devez nous obéir !”… On a des politiques qui trouvent des prétextes fallacieux pour poursuivre leur véritable objectif : aider la Libye à empêcher les départs en mer. Comme si le droit ne servait plus à rien. Pour nous, universitaires, c’est terrifiant. »

      D’après des chiffres provisoires compilés par Matteo Villa, chercheur pour un think tank italien (l’ISPI), 1 072 migrants se seraient lancés depuis la Libye en septembre, 713 auraient été interceptés, 125 auraient posé le pied en Europe, 234 auraient disparu. Soit un taux de mortalité de plus de 21 %, treize fois plus élevé qu’il y a un an, jamais atteint depuis des années.


      https://www.mediapart.fr/journal/international/111018/migrants-le-hold-de-la-libye-sur-les-sauvetages-en-mer
      #SAR #zone_SAR #cartographie #visualisation

    • Barcone in avaria con 70 persone al largo di Lampedusa: l’Italia prima dice no, poi interviene

      Dopo il braccio di ferro con la nave «Mare Jonio» che ha raccolto l’sos e si è diretta sul posto. E con Malta che non aveva mezzi per i soccorsi. Soddisfatti gli attivisti del progetto umanitario Mediterranea: «Siamo felici che tutti siano in salvo»

      Un barcone con 70 migranti partito dalla Libia venerdì mattina è stato scortato dalle motovedette della Guardia Costiera italiana fino al porto di Lampedusa dove ha attraccato in banchina intorno alle tre del mattino. Di lì a poco, è iniziato lo sbarco dei suoi passeggeri. E questa, già di per sé, è una notizia in epoca di porti chiusi, respingimenti e frontiere blindate. Ma lo è ancora di più se si considera che il gesto della Guardia Costiera è stato solo l’atto finale, la resa, di una lunga partita a scacchi giocata sin dalle sette del pomeriggio dal rimorchiatore Mare Jonio – la nave del progetto Mediterranea – contro le autorità, maltesi prima, e italiane poi.

      La Mare Jonio, giunta al suo ultimo giorno di missione nelle acque libiche, stava lentamente tornando verso l’Italia quando, poco dopo il tramonto, è stata raggiunta da un Navtext, un messaggio di allerta, inviato dalle autorità di La Valletta (l’Mrcc, maritime rescue coordination center): nel testo si segnalava “un gommone in avaria con 70 persone a bordo in acque maltesi”. L’imbarcazione, stando alle coordinate messe nero su bianco nel messaggio, si trovava sì in una zona di competenza maltese ma molto vicino all’isola di Lampedusa. Praticamente al confine. Il messaggio non dava altri elementi.

      La Mare Jonio si trovava, in quel momento, a 40 miglia di distanza dal gommone. Ci sarebbero volute almeno quattro ore buone. Dopo aver modificato la rotta, la plancia del rimorchiatore italiano ha così deciso di mettersi in contatto con Mrcc Malta per avere eventuali altre informazioni o, quanto meno, capire la fonte di quella notizia. I maltesi, però, non avevano altri elementi utili. E soprattutto non avevano mezzi a disposizione per arrivare “fino là” a vedere che cosa era capitato al gommone. Quanto alla fonte, era l’Alarmphone: un servizio dedicato che smista allarmi raccolti dalle varie imbarcazioni che incrociano nel Mediterraneo.

      La Mare Jonio ha così provato a tirare quel filo, ha chiamato Alarmphone e ha chiesto informazioni, scoprendo che di quell’allarme, loro, non sapevano nulla. Malta, dunque, aveva mentito.Mentre il rimorchiatore procedeva verso le coordinate impostate subito dopo l’arrivo del Navtext, gli italiani hanno quindi chiamato l’Mrcc di Roma. E’ vero che l’imbarcazione era in zona di competenza maltese, ma è vero anche che era in avaria e che, stando alle informazioni, la corrente la stava spingendo verso le acque italiane. E poi Malta aveva dichiaratamente rinunciato a intervenire. Il naufragio di quelle settanta anime, insomma, era un rischio più che concreto. La risposta delle autorità italiane è però stata piuttosto rigida. Burocratica. “In acque di competenza maltese coordina Malta. Non è un problema nostro, quando verranno in acque italiane, vedremo”.

      La situazione agli occhi degli attivisti cominciava a farsi preoccupante. Né La Valletta né Roma volevano intervenire e la Mar Jonio era a quattro ore di distanza. E’ cominciata così una lunga serie di telefonate tra il parlamentare di Sinistra Italiana, Erasmo Palazzotto – uno degli ideatori della Missione Mediterranea – la Guardia Costiera e il ministero delle Infrastrutture. Danilo Toninelli aveva il telefono staccato, e dunque il dossier era gestito dal capo di Gabinetto, Gino Scaccia. Il quale però non ha voluto andare oltre il concetto iniziale: “Acque maltesi-problema maltese”.

      Il comandante della Guardia Costiera di fronte alle insistenze di Palazzotto, “siamo una nave italiana e le segnaliamo un problema a due miglia dalle acque italiane”, ha spiegato che “nessuna nave italiana quando ha un problema in Brasile si sogna di chiamare la Guardia Costiera italiana”. Il resto della triangolazione è stato utile solamente per capire tre cose. Uno quello che inizialmente doveva essere un gommone era in realtà un barcone di legno. Due, l’avevano trovato due pescherecci tunisini (il Fauzi e l’Adamir) che però dopo aver dato l’allarme se ne erano andati. Tre, a distanza di quattro ore, il Mare Jonio continuava ad essere l’unica imbarcazione che si stava dirigendo verso il barcone per cercare di trarre in salvo le settanta persone che erano a bordo.

      Era l’una del mattino, ormai. E il rimorchiatore era quasi arrivato alla zona indicata dal primo allarme. Ma in mare non c’era nessuno. Dalla plancia hanno ricontattato sia Roma che La Valletta per avere coordinate più precise. Ma dai due Mrcc sono arrivate le indicazioni di due punti diversi. A distanza di dodici miglia l’uno dall’altro, più di un’ora di navigazione: mentre i maltesi davano l’imbarcazione in acque italiane, molto vicino a Lampedusa, secondo gli italiani il barcone si trovava ancora nel mare di Malta.

      A quel punto il rimorchiatore ha smesso di contare sugli aiuti via radio delle autorità che evidentemente stavano giocando a nascondere la barca più che a fargliela trovare e hanno cominciato a perlustrare la zona, partendo dalle coordinate fornite dall’Mrcc italiano. Dopo nemmeno mezz’ora, via radio, l’ultima comunicazione della nottata: “La Guardia Costiera italiana ha intercettato il barcone a 2,7 miglia da Lampedusa. E l’ha scortato in porto. I migranti stanno tutti bene”. Festeggiano quelli di Mediterranea: “Siamo felici di apprendere che dopo una notte di monitoraggi e segnalazioni queste persone siano in salvo, in Italia”.


      https://www.repubblica.it/cronaca/2018/10/12/news/gommone_con_70_persone_in_avaria_davanti_a_lampedusa_mare_jonio_chiede_in

    • Un jeune migrant marocain de 16 ans blessé par balles par la #Marine_royale

      La Marine royale a encore tiré à balles réelles sur des migrants. Après la mort de #Hayat, c’est cette fois-ci un jeune de 16 ans qui est blessé par balles à l’épaule lors de l’interception d’une barque transportant 50 migrants, tous marocains, qui tentaient de rejoindre illégalement l’Europe, selon 2M.ma citant une source sécuritaire et précisant sur Twitter qu’il s’agissait « de tirs de sommations d’usage en direction de l’embarcation ». L’adolescent blessé a d’ores et déjà été transporté vers l’hôpital de Tanger, précise la même source. L’embarcation interceptée tôt ce matin se trouvait entre Assilah et Larache, sur la façade Atlantique des côtes marocaines. Contactée par Le Desk, une source militaire autorisée confirme l’information précisant qu’un communiqué officiel est en cours de préparation.

      https://ledesk.ma/encontinu/un-jeune-migrant-marocain-de-16-ans-blesse-par-balles-par-la-marine-royale

    • Au Maroc, deux ans de prison pour avoir dénoncé sur #Facebook la mort d’une migrante

      La jeune femme originaire de Tétouan a été tuée fin septembre par des tirs de la marine royale alors qu’elle tentait de rejoindre clandestinement les côtes espagnoles.

      Un Marocain a été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir protesté sur les réseaux sociaux contre la mort d’une jeune migrante tuée fin septembre par des tirs de la marine marocaine, a-t-on appris jeudi 18 octobre auprès de son avocat.

      #Soufiane_Al-Nguad, 32 ans, a été condamné dans la nuit de mercredi à jeudi par le tribunal de Tétouan, ville du nord du Maroc, pour « #outrage_au_drapeau_national », « #propagation_de_la_haine » et « #appel_à_l’insurrection_civile », selon son avocat Jabir Baba. Il avait été interpellé début octobre, après des troubles lors d’un match de football le 30 septembre à Tétouan.

      Selon son avocat, avant ce match, M. Al-Nguad avait appelé, à travers des publications sur sa page Facebook, le groupe des ultras Los Matadores du club de football local à « manifester et à porter des habits noirs de deuil » pour protester contre le décès de #Hayat_Belkacem.

      La mort de cette étudiante de 22 ans, tuée le 25 septembre par la marine marocaine alors qu’elle tentait de gagner clandestinement les côtes espagnoles en bateau, avait suscité la colère dans le pays. Les autorités marocaines avaient dit avoir visé l’embarcation en raison de ses « manœuvres hostiles ».

      « Venger Hayat »

      Dix-neuf supporters âgés de 14 à 23 ans sont également jugés à Tétouan pour « outrage au drapeau national », « manifestation non autorisée » et « destruction de biens publics et privés », pour avoir manifesté le soir du même match.

      Ces supporters avaient été arrêtés peu après pour avoir brandi des drapeaux espagnols et crié des slogans comme « Viva España » (« Vive l’Espagne ») lors du match. Ils avaient aussi manifesté sur le chemin du stade en appelant à « #venger_Hayat ».

      Ces dernières semaines, des dizaines de vidéos montrant des jeunes Marocains en route vers l’Espagne à bord de bateaux pneumatiques sont devenues virales sur les réseaux sociaux, dans un pays marqué par de grandes inégalités sociales sur fond de chômage élevé chez les jeunes.

      Depuis le début de l’année, l’Espagne est devenue la première porte d’entrée vers l’Europe, avec près de 43 000 arrivées par voie maritime et terrestre, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/10/18/au-maroc-deux-ans-de-prison-pour-avoir-denonce-sur-facebook-la-mort-d-une-mi
      #réseaux_sociaux #délit_de_solidarité #condamnation #résistance #manifestation

    • Avec l’équipage du « Mare Ionio », les anti-Salvini retrouvent de la voix en Italie

      Le Mare Ionio, parti des côtes italiennes le 4 octobre, sillonne la Méditerranée pour une mission de surveillance et de contrôle. Dans un pays gouverné par l’extrême droite, une myriade d’acteurs de la société civile a imaginé cette aventure, humanitaire mais aussi très politique.

      Palerme (Italie), correspondance.- Sur le mur de la cour du centre Santa Chiara, en plein cœur de la Palerme populaire, cinq visages s’affichent, vidéo-projetés dans l’obscurité. Tee-shirts blancs siglés du logo bleu et rouge de la plateforme civile Mediterranea, traits fatigués, les membre de l’équipage du Mare Ionio s’apprêtent à dresser un bilan de leur première semaine en mer.

      « Regardez, on peut dire qu’il y a du monde ce soir, vous les voyez ? » interroge Alessandra Sciurba, face aux mines circonspectes de l’équipage. Au moins 200 personnes sont venues écouter les cinq hommes. « Ça fait plaisir, on se sent parfois très seuls en mer », sourit Luca Casarini, un activiste italien connu pour sa participation au mouvement de désobéissance civile Tute Bianche (« Les Blouses blanches »), particulièrement actif de 1994 à 2001.

      Malgré la connexion parfois hésitante de l’équipage, qui se trouve à 35 miles de Khoms et de la côte libyenne, Erasmo Palazzotto se lance, en direct sur Skype : « Le climat est surréaliste ici. On n’a croisé personne d’autre, la radio est silencieuse. C’est comme si la mer était déserte. » Copropriétaire du bateau Mare Ionio, député palermitain de la Sinistra italiana (« Gauche italienne », à la gauche des sociaux-démocrates), il se réjouit : « On ne sait pas si c’est parce que nous sommes présents en mer mais Malte a effectué un sauvetage de deux embarcations de migrants. Ça faisait près d’un an que ce n’était pas arrivé. »

      La remarque sur le sauvetage de 220 personnes les 6 et 7 octobre au large des eaux maltaises n’est pas anodine. Depuis la formation du nouveau gouvernement italien et la nomination de Matteo Salvini au ministère de l’intérieur en juin, la Méditerranée centrale est devenue le terrain d’une véritable bataille navale. Les ONG évincées, les cartes sont redistribuées entre gardes-côtes italiens, maltais et libyens.

      Battant pavillon italien, composé d’un équipage italien, le Mare Ionio s’est donné pour mission de surveiller, contrôler et témoigner de ce qui se passe en Méditerranée centrale, dans ce tronçon de mer emprunté par les migrants pour rejoindre les côtes italiennes et déserté par les bateaux des ONG depuis quelques semaines. Il ne s’agit donc pas d’un bateau de sauvetage, même si l’équipage est paré à cette éventualité.

      Matteo Salvini a bien compris la portée politique de cette aventure. Quelques heures après l’annonce du départ de l’embarcation, le 4 octobre, il avait offert à ses sympathisants un direct Facebook plus exalté qu’à son habitude. « Prenez un pédalo, faites ce que vous voulez », a-t-il ironisé, mais hors de question d’amener des migrants en Italie, a-t-il poursuivi, ricanant au sujet de ce « bateau des centres sociaux qui erre en Méditerranée ».

      Parmi les protagonistes de la plateforme civile Mediterranea, personne ne s’aventure sur le terrain de la politique partisane. Comme si, d’une certaine manière, le paysage politique italien n’était pas à la hauteur des enjeux. « Attention, on n’est pas là pour reconstruire la gauche italienne », met en garde Fausto Melluso de l’Arci Porco Rosso, un local associatif particulièrement impliqué dans l’aide aux migrants.

      Même le député de Gauche italienne évite les joutes politiques et élude : « Je représente des milliers de personnes indignées par ce qui se passe et qui n’ont peut-être pas voté pour moi mais avaient besoin de savoir qu’une partie des institutions italiennes se trouve ici, au milieu de cette bataille historique entre barbarie et civilisation. » Une indignation qu’ils ont voulu « transformer en action », ajoute-t-il.

      « On discute de politique à terre, pas en mer. En mer, on ne laisse personne mourir, on amène les gens dans un port sûr et ensuite on discute de ce que vous voulez », tranche Giorgia Linardi, porte-parole en Italie de l’ONG allemande Sea Watch, qui est associée au projet Mediterranea.

      « C’est une mission d’obéissance civile et de désobéissance morale. On ne pouvait pas se résoudre à se dire que c’était la seule société possible », résume Alessandra Sciurba, l’une des membres de la plateforme Mediterranea et chercheuse à l’université de Palerme. Tous répètent à l’envi cette formule, énoncée par Marta Pastor, jeune diplômée de 26 ans qui s’est embarquée sur le bateau comme bénévole : « L’important, pour nous, c’est aussi de nous sauver nous-mêmes, de nous sauver des saletés qui se passent tous les jours sous nos yeux. »

      Pour Alessandra Sciurba, ce défi va bien au-delà de l’Italie : « Dans le débat politique, tout un monde n’est plus représenté, entre l’Europe démocratico-progressiste qui a accepté les plans économiques de la Troïka [FMI, BCE et Commission européenne – ndlr] et joué avec les politiques migratoires, et l’Europe de Visegrad [Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque – ndlr], souverainiste et nationaliste. Nous sommes convaincus qu’il existe une troisième Europe, et c’est surréaliste qu’il faille aller en mer pour lui redonner de la voix. »

      Ce projet européen doit « partir de la société civile, des citoyens et surtout des villes », défend l’équipage. Ce n’est pas un hasard, expliquent les membres de Mediterranea, si les deux drapeaux hissés sur le mât sont celui de l’Union européenne et celui de la ville de Palerme. Dans son habituel costume noir, entouré par quelques journalistes et par les membres de Mediterranea, Leoluca Orlando, le maire de la ville, a profité de la première escale technique du Mare Ionio sur le quai trapézoïdal de Palerme pour marteler, une fois encore, ce discours si singulier dans le reste de l’Italie : « Le port de Palerme sera toujours ouvert ! »

      Sur le pont du bateau, Claudio Arrestivo a moins l’habitude de ces raouts que son voisin. Il représente le Moltivolti, un espace de restauration et de coworking au cœur de Palerme, qui a rejoint la plateforme Mediterranea dès ses débuts, en juin : « On prend plus de risques à ne pas s’embarquer qu’à faire partie du projet. » Les entrepreneurs rêvent désormais de faire des émules à travers le reste du pays.

      C’est le défi majeur de la plateforme civile : réussir, à terre, à susciter l’adhésion. « Dans tout le pays, nous allons organiser une “via terra”, un parcours sur terre de Mediterranea en organisant des événements culturels qui nous permettront de recueillir des fonds », explique Evelina Santangelo, écrivaine palermitaine à la tête d’un groupement national d’artistes, écrivains et acteurs du monde de la culture qui soutiennent l’initiative.

      La tâche est grande : près de 195 000 euros ont déjà été récoltés grâce à une cagnotte participative soutenue par 1 892 personnes, sur un budget total estimé à 700 000 euros pour deux mois de mission en mer.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/221018/avec-l-equipage-du-mare-ionio-les-anti-salvini-retrouvent-de-la-voix-en-it

    • Migrant campaign ship confronts Italy in the Mediterranean

      A Mediterranean coalition of campaigners against Italy’s hardline migration policies have bought a ship in a crowdfunding appeal to shame authorities into rescuing stranded migrants off the North African coast.

      The group, Mediterranea Saving Humans, raised more than 250,000 euros in three weeks, to buy and launch the Italian-flagged Mare Jonio to raise the alarm about migrant boats in distress in the Mediterranean Sea.

      Its first mission launched on October 4 from the southern Italian island of Sicily and succeeded in pressuring the Italian Coast guard into rescuing 70 people aboard a dinghy eight days later, according to the group.

      “The presence of Mediterranea was fundamental in raising attention to what is really happening in the waters south of Sicily and to prevent our governments from turning their backs to tragedies that call upon human compassion,” the group wrote on its website.

      https://www.thenational.ae/world/europe/migrant-campaign-ship-confronts-italy-in-the-mediterranean-1.787355

    • E infine restò solo la Mediterranea a salvare le vite in mare

      Ormai, quelli della Mediterranea sono rimasti i soli a cercare di rendere meno amaro il bilancio delle morti di migranti in mare in questo terrificante 2018. Soltanto nel mese di settembre, il 20 per cento di chi è partito dalla Libia risulta morto o disperso. Si tratta di uno degli anni peggiori di sempre, da questo punto di vista. E poco importa che in Italia siano diminuiti gli sbarchi se ciò coincide con un tasso di mortalità maggiore nelle acque internazionali.

      Dopo le 13 di oggi, la nave è salpata dal porto di Palermo per la seconda missione di monitoraggio e denuncia nelle acque internazionali tra le coste italiane e la Libia. C’era stata, nei mesi scorsi, l’avvio della missione, iniziata lo scorso 4 ottobre e durata 12 giorni, aiutata anche dal parlamentare di Liberi e Uguali Erasmo Palazzotto.
      Mediterranea, il suo ruolo in mare per sorvegliare una frontiera letale

      In questi ultimi giorni, la nave italiana della piattaforma Mediterranea era all’ancora nel porto siciliano per una sosta tecnica e di rifornimento: si tratta dell’unica nave in navigazione nel Mediterraneo centrale con l’essenziale funzione di testimonianza e pronta a intervenire, qualora fosse necessario, in soccorso di imbarcazioni in difficoltà. Un vero e proprio baluardo ultimo per evitare quella che può a buon diritto essere considerata una tragedia del nostro secolo.

      Il fatto che non ci siano più imbarcazioni a monitorare le rotte dei migranti è una diretta conseguenza della campagna di criminalizzazione delle ONG e delle politiche di chiusura dei confini, portata avanti in maniera risoluta dalla Lega e dal ministro dell’Interno Matteo Salvini. Non dobbiamo dimenticarci, che il Mediterraneo è considerato la frontiera più letale al mondo e che nello scorso mese di settembre ha registrato il numero drammatico di una persona morta o dispersa su cinque, tra coloro che hanno tentato la traversata.
      L’importanza di Mediterranea nei giorni scorsi

      Il 12 ottobre scorso, la nave Mediterranea ha avuto un ruolo determinante nel sollecitare il salvataggio tempestivo di settanta persone in pericolo al largo di Lampedusa, dopo il rimpallo di responsabilità tra Malta e Italia. Non solo: ha tenuto accesa l’attenzione dell’opinione pubblica su quanto realmente accade nelle acque a sud della Sicilia.

      Alla missione iniziata oggi parteciperà anche Riccardo Gatti di Proactiva Open Arms e un team di soccorso in mare della Ong tedesca Sea-Watch partner del progetto.


      https://www.giornalettismo.com/archives/2682517/mediterranea-unica-nave-mare-migranti

    • Trois ONG lancent une opération de sauvetage au large de la Libye

      Plus aucun bateau d’ONG ne menait d’opération de sauvetage dans la zone depuis celle menée fin septembre par l’« Aquarius ».
      Trois ONG ont lancé une mission de sauvetage de migrants au large de la Libye, où il n’y avait plus de bateaux humanitaires depuis fin septembre. Les trois navires engagés dans cette mission, l’#Open-Arms de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, le #Sea-Watch3 de l’ONG allemande Sea-Watch et le Mare-Jonio de l’ONG italienne Mediterranea, naviguent depuis vendredi dans les eaux internationales entre l’Italie et la Libye.

      Le Mare-Jonio était déjà parti début octobre patrouiller dans la zone pour témoigner du drame des migrants. Plus aucun bateau d’ONG ne menait d’opération de sauvetage dans la zone depuis celle menée fin septembre par l’Aquarius. Ce navire, affrété par Médecins sans frontières et SOS Méditerranée, est à quai à Marseille dans l’attente d’un pavillon lui permettant de naviguer, après le retrait de ceux de Gibraltar puis du Panama. La justice italienne a par ailleurs demandé mardi son placement sous séquestre pour une affaire de traitement illégal de déchets.

      La mission n’avait pas été annoncée en amont pour « ne pas se retrouver bloquée par une quelconque ruse, comme cela a été le cas pour l’Aquarius », a dit le fondateur de Proactiva Open Arms, Oscar Camps. Plongée dans le chaos depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi dans une insurrection soutenue par l’OTAN en 2011, la Libye est l’un des principaux pays de transit pour les migrants subsahariens tentant de rejoindre l’Europe à partir de ses côtes. L’Espagne est devenue cette année la première porte d’entrée des migrants en Europe devant l’Italie mais la route de la Méditerranée centrale reste la plus dangereuse avec 1 277 des 2 075 morts recensés cette année par l’Organisation internationale pour les migrations.

      https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/11/23/trois-ong-lancent-une-operation-de-sauvetage-au-large-de-la-libye_5387774_32

    • What It Means for Migrants When Europe Blocks Sea Rescues

      With no NGO vessels to rescue migrants crossing the central Mediterranean, people are drowning. Dr. David Beversluis, physician onboard one of the last rescue ships in the Mediterranean, looks at what it means when Europe turns its back.

      There is no more tragic place to witness the consequences of populist politics and anti-immigrant fears than the central Mediterranean Sea, where people are dying trying to reach safety in Europe.

      Many flee violence and poverty in forgotten places across Africa and beyond, before being kidnapped by traffickers and horribly abused in Libya. In a final bid for freedom, they board crowded, flimsy rafts that launch from the Libyan shore into Mediterranean waters.

      This year alone, more than 1,200 men, women and children have died trying to make this journey to Europe, according to the International Organization for Migration’s Missing Migrants project. These are just the deaths we know about.

      This summer I served as the physician onboard the Aquarius, a search and rescue ship operated by the aid organizations Doctors Without Borders and SOS Mediterranee that has assisted nearly 30,000 people since it launched in 2016. It was one of the ship’s last missions before the Italian government pressured Panama to revoke its registration after months of blocking rescue ships from Italian ports. In its current predicament, the Aquarius is unable to conduct search and rescue operations. Currently, there are no NGO aid vessels to rescue people crossing the central Mediterranean, and because of this people are drowning.

      On missions, we rescue people from boats in distress, we pull drowning people from the water, and we give food, water and lifesaving medical care. After we stabilize our patients, we sit and talk to people and hear their stories.

      I spoke with a young man who told me his brothers were targeted and killed last year during a violent conflict in Cameroon. He decided to leave his wife and young son behind because he was being threatened himself, and he was hopeful that if he made it to Europe he could eventually build a better life for his child. I could feel the pain in his words; he had no choice but to leave his loved ones behind.

      Several Somali boys told me of the months they spent traveling from country to country, first across the sea to Yemen, then to Sudan and eventually through the Sahara to Libya. Each step was a gamble for a better life. Along the way they faced extortion, imprisonment and death.

      An Eritrean boy told me he was kidnapped in Sudan and spent more than a year in captivity in Libya, where countless men and women are imprisoned by human traffickers and subjected to torture, rape and death. Another soberly described how his brother was shot in the head next to him, his body left behind in the desert.

      Each person has horrific stories of their time in Libya. They pause and shake their heads as they remember, deciding how to replay their experiences for somebody who can’t even imagine. One Nigerian man told me, “My mouth can’t form the words to describe what happened to me in Libya.”

      But he slowly opened up about his months spent in captivity. He described extreme sexual violence – rapes and genital mutilation – stories we hear repeatedly from both men and women who are trafficked in Libya.

      A Somali teenager said he was held in Libya for seven months inside a small room with more than 300 people where they had one latrine, were never able to shower or change clothes and were given meager food and water.

      And they were lined up every day, beaten with sticks and shouted at for money they didn’t have. He showed me scars on his back and arms as he mimicked the daily beating motion. The violence he lived through is written permanently in these scars on his body.

      Libya is simply not a safe place for refugees and migrants. But instead of responding humanely through a dedicated search and rescue system in the Mediterranean, or by creating safe and legal ways to apply for asylum, the European Union has poured money into building up the Libyan coast guard, which intercepts thousands of migrants and refugees as they attempt to flee. They are returned to Libya and held in official detention centers in atrocious, inhumane conditions. And as conflict erupts again between warring militias in the capital, Tripoli, many of them are directly in the line of fire.

      The stories we hear on the Aquarius highlight how people are repeatedly stripped of their humanity and dignity. And while they also have flashes of hope for a brighter future, each person understands that their difficult journey is far from over.

      In today’s political climate, Doctors Without Borders and other organizations have had to fight to disembark each rescued person in a safe place where their human rights will be respected. We’ve had to take people as far away as Spain after closer countries such as Italy have repeatedly closed their ports and European governments have refused to find sustainable and humane solutions.

      These difficulties grow as narratives of fear and hate toward migrants and refugees are repeated over and over, from Europe to America and elsewhere around the world. People are being treated as pawns by politicians unwilling to take responsibility for human lives. Borders close, walls are built and people are left to suffer and die.


      https://www.newsdeeply.com/refugees/community/2018/11/19/what-it-means-for-migrants-when-europe-blocks-sea-rescues

    • Italy orders seizure of migrant rescue ship over ’HIV-contaminated’ clothes

      Prosecutors allege garments on Aquarius should have been labelled as ‘toxic waste’.

      Italian authorities have ordered the seizure of the migrant rescue ship Aquarius after claiming that discarded clothes worn by the migrants on their voyage from Libya to Italy could have been contaminated by HIV, meningitis and tuberculosis.

      Prosecutors from Catania, eastern Sicily, alleged that the waste was illegally labelled by the ship’s crew as “special waste” rather than “toxic waste”.

      The Aquarius is currently docked in Marseilles, France, where so far it is beyond the reach of the Italian authorities.

      The ship is operated by the charity Médecins Sans Frontières (MSF) and SOS Méditerranée. Prosecutors in Catania said: “If Aquarius would disembark to Italy, it will be immediately put under seizure.”

      Nevertheless, the Italian authorities have placed 24 people under investigation for ‘‘trafficking and the illegal management of waste,” including the captain of the Aquarius, Evgenii Talanin, and Michele Trainiti, deputy head of the Italy mission of MSF Belgium. The Sicilian prosecutors also fined MSF a total of €460,000 (£409,000) and froze some of its bank accounts based in Italy.

      A total of 24 tonnes of discarded material – including leftover food and medical materials as well as clothes – was being investigated.

      Aids campaigners criticised the prosecutors’ claims that clothing could have been contaminated with HIV. “Clothing categorically is not, and has never been, an HIV transmission risk,” said Deborah Gold, chief executive of the National AIDS Trust.

      “This would have stood out as ridiculous even amongst the misinformation of the 1980s, never mind in 2018. Migrants and people seeking asylum have historically been attacked using myths about HIV and infectious conditions, and we condemn this both for its stigmatising of people living with HIV and of migrants fleeing hardship.”

      The Aquarius has been stuck in Marseilles since the Panamanian authorities revoked its flag, after “complaints by the Italian authorities”. But the ship seemed to have reached an agreement with a country that would offer the NGO its flag and was ready to leave the French port in few days to reach the waters of Libya.

      Matteo Salvini, Italy’s far-right deputy prime minister, hailed the seizure order for the Aquarius, tweeting: “It seems I did well to close the Italian ports to the NGOs.”

      NGO rescue boats have almost all disappeared from the central Mediterranean since Salvini announced soon after taking office that he was closing Italian ports to non-Italian rescue vessels.

      The chief prosecutor of Catania, Carmelo Zuccaro, who is leading the investigation against the Aquarius and who is known for having launched several investigations against the rescue boats operated by aid groups, has recently dropped the charges for illegal detention and kidnapping against Salvini, after the minister of the interior was placed under investigation for preventing the disembarkation of migrants from the coastguard ship Ubaldo Diciotti, last August.

      In a statement released on Tuesday, MSF described the allegations against the Aquarius crew as “disproportionate and unfounded, purely aimed at further criminalising lifesaving medical-humanitarian action at sea’’.

      “After two years of defamatory and unfounded allegations of collusion with human traffickers against our humanitarian work, we are now accused of organised crime aimed at illicit waste trafficking. This latest attempt by the Italian authorities to stop humanitarian lifesaving search and rescue capacity at any cost is sinister” says Karline Kleijer, MSF’s head of emergencies.

      “This is another strike in the series of attacks criminalising humanitarian aid at sea. The tragic current situation is leading to an absence of humanitarian search and rescue vessels operating in the central Mediterranean, while the mortality rate is on the rise,” said Frédéric Penard, SOS Méditerranée’s head of operations.

      People seeking asylum are still attempting the risky crossing but, without the rescue boats, the number of shipwrecks is likely to rise dramatically.

      The death toll in the Mediterranean has fallen in the past year, but the number of those drowning as a proportion of arrivals in Italy has risen sharply in the past few months, with the possibility of dying during the crossing now three times higher.

      According to the International Organization for Migration, so far in 2018 more than 21,000 people have made the crossing and 2,054 have died.

      https://www.theguardian.com/world/2018/nov/20/italy-orders-seizure-aquarius-migrant-rescue-ship-hiv-clothes
      #maladies #contamination

      La réponse de MSF:
      Sequestro nave Aquarius. Inquietante e strumentale attacco per bloccare azione salvavita in mare
      https://www.medicisenzafrontiere.it/news-e-storie/news/sequestro-nave-aquarius-inquietante-e-strumentale-attacco-per-b

      v. aussi:
      https://seenthis.net/messages/740369

    • L’Italie demande la mise sous séquestre de l’« Aquarius » à Marseille

      La justice italienne a demandé le placement sous séquestre de l’Aquarius, actuellement bloqué à Marseille, a annoncé, mardi 20 novembre, l’ONG Médecins sans frontières (MSF). Des comptes bancaires en Italie de MSF ont également été placés sous séquestre.

      Le navire humanitaire affrété par les ONG SOS Méditerranée et MSF pour secourir les migrants au large de la Libye est soupçonné d’avoir fait passer vingt-quatre tonnes de déchets potentiellement toxiques pour des déchets classiques.

      L’enquête, coordonnée par le parquet de Catane (Sicile), porte sur le traitement des déchets à bord – restes alimentaires, vêtements des personnes secourues, déchets issus des activités médicales – dans les ports italiens où l’Aquarius débarque des milliers de migrants secourus en mer.

      « Empêcher les actions médicales et humanitaires »

      « Les opérations portuaires de nos navires de secours en mer ont toujours suivi les normes en vigueur, s’est défendu MSF dans un communiqué. Les autorités compétentes n’ont jamais questionné nos procédures ni identifié un quelconque risque pour la santé publique depuis que MSF a commencé ses opérations de secours. »

      La mise sous séquestre de l’Aquarius est « mise en œuvre dans l’unique but d’empêcher les actions médicales et humanitaires pour sauver des vies en mer en les criminalisant encore davantage », dénonce l’ONG.

      Depuis que le Panama a annoncé sa décision de retirer au bateau humanitaire son pavillon à la fin de septembre pour « non-respect » des « procédures juridiques internationales » concernant le sauvetage des migrants en mer, l’Aquarius est bloqué dans le port de Marseille.

      L’Aquarius est le dernier navire humanitaire à parcourir la Méditerranée pour secourir des migrants qui tentent la traversée clandestine vers l’Europe, fait valoir l’association. Depuis quatre ans, plus de 15 000 personnes sont mortes noyées en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune, selon l’ONG. En deux ans et demi, SOS Méditerranée dit avoir secouru 29 523 personnes dont 23 % sont des mineurs.

      https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/11/20/l-italie-demande-la-mise-sous-sequestre-de-l-aquarius-a-marseille_5385916_32

    • Migrants : la justice italienne demande la mise sous séquestre à Marseille de l’Aquarius

      La justice italienne a demandé le placement sous séquestre du navire humanitaire Aquarius à Marseille pour une affaire de traitement illégal de déchets, un nouveau coup dur pour les ONG qui se portent au secours des migrants en mer.

      L’ONG Médecins sans frontières (MSF), qui affrète l’Aquarius avec SOS Méditerranée depuis 2016, a réfuté toute malversation et dénoncé « une mesure disproportionnée et instrumentale, visant à criminaliser pour la énième fois l’action médico-humanitaire en mer ».

      A la demande du parquet de Catane (Sicile), la justice italienne « a ordonné le placement sous séquestre » du navire et de comptes bancaires de MSF, selon un communiqué du parquet. Mais MSF a annoncé son intention de faire appel.

      Interrogé par l’AFP, le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, a déclaré n’avoir reçu « à ce jour » aucune demande des autorités italiennes concernant l’Aquarius.

      La mesure ne change de toute façon pas la donne au large de la Libye, où les ONG ont secouru plus de 120.000 migrants depuis 2014 mais sont désormais quasi-absentes après 18 mois d’incessantes attaques politiques — de gauche comme de droite —, judiciaires et administratives.

      Plusieurs ONG ont suspendu ou déplacé leurs activités, tandis que d’autres voient leur navire bloqué en Italie, à Malte ou en France, comme c’est le cas de l’Aquarius.

      L’Aquarius est amarré à Marseille depuis début octobre dans l’attente d’un pavillon lui permettant de naviguer après le retrait de ceux de Gibraltar puis du Panama.

      « J’ai bien fait de bloquer les navires des ONG », a réagi Matteo Salvini (extrême droite), ministre italien de l’Intérieur depuis juin. « J’ai arrêté non seulement le trafic des immigrés clandestins mais aussi celui des déchets toxiques ».

      Selon le parquet, l’Aquarius et le Vos Prudence, un autre navire affrété par MSF en 2017, sont soupçonnés d’avoir fait passer pour des déchets classiques un total de 24 tonnes de déchets présentant un risque sanitaire, économisant au total 460.000 euros.

      – « Aucune mise en garde » -

      L’enquête porte sur le traitement des vêtements trempés et souillés abandonnés par les migrants à bord, ainsi que des restes alimentaires et déchets sanitaires, que les deux navires ont confiés aux services des ordures des ports où ils débarquaient les migrants secourus en mer.

      Or, les équipes médicales de MSF à bord ont signalé parmi les migrants de nombreux cas de gale, HIV, méningites ou infections respiratoires comme la tuberculose et ne pouvaient ignorer le risque de transmission de virus ou d’agents pathogènes via leurs vieux vêtements, selon le parquet.

      « Nous avons suivi les procédures qui nous étaient indiquées. La preuve en est qu’en trois ans d’activité, dans un contexte très surveillé, nous n’avons reçu aucune mise en garde, aucune amende, aucune forme d’alerte préventive de la part des autorités », a déclaré Marco Bertotto, un responsable de MSF, lors d’une conférence de presse.

      « En ce moment, nos équipes travaillent avec le virus Ebola au Congo, le choléra au Congo également et dans d’autres pays d’Afrique Centrale. Donc le fait d’être accusés de comportement irresponsable (...) est ridicule », a dénoncé Gianfranco de Maio, médecin de MSF.

      En Italie, des voix se sont également élevées pour demander comment avaient été traités les déchets similaires sur les navires de la marine ou des garde-côtes italiens, qui ont secouru plus de 300.000 migrants depuis 2014.

      Pour l’instant, plusieurs comptes bancaires de MSF ont été placés sous séquestre dans le cadre de cette enquête, qui concerne aussi deux agents maritimes qui faisaient l’interface avec les autorités portuaires, les capitaines des navires et plusieurs responsables de MSF à bord.

      Mais pour Gabriele Eminente, directeur général de MSF en Italie, le « seul crime que nous voyons aujourd’hui en Méditerranée est le démantèlement total du système de recherches et de secours ».

      Grâce à des accords controversés conclus en Libye par le précédent gouvernement de centre gauche pour empêcher les migrants de prendre la mer, puis à la politique des ports fermés de M. Salvini, l’Italie a vu le nombre d’arrivées sur ses côtes chuter drastiquement à partir de l’été 2017.

      Cette année, l’Italie a enregistré 22.500 arrivées sur ses côtes, soit une baisse de plus de 80% par rapport aux années précédentes. Mais selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), faute de navires de secours, la traversée depuis la Libye a coûté la vie à au moins 1.267 migrants cette année.


      https://www.la-croix.com/Monde/Migrants-justice-italienne-demande-mise-sequestre-Marseille-Aquarius-2018-

    • How the Debate Over Flags Sidelined Europe’s Migrant-Rescue Ships

      Europe’s aggressive migration policy has seen Italy dive into the obscure world of national shipping flags to sabotage rescue missions. Researcher Hannah Markay argues that such moves undermine the international legal requirement to save human lives at sea.

      To deter migrants crossing the Mediterranean Sea, European authorities have seized upon a seemingly innocuous bit of international maritime law to block NGO-run rescue ships from their lifesaving work: the requirement that every vessel with seaward ambitions – from search-and-rescue vessel to pleasure boat – carry a national flag.

      The debate over whether NGO boats that rescue migrants are lifelines or “taxis of the sea” is old news. Lately, Italy and other European states have pursued a similar tactic to the one used by the United States in 1931 when it caught gangster Al Capone on charges of tax fraud: Unable to find legal issues with actual rescue missions, authorities are trying to sideline NGO vessels by diving into the minutiae of ships’ national registrations. Italian prosecutors got even more creative this week when they ordered the seizure of the rescue ship Aquarius, operated by Doctors Without Borders, over “illegal waste disposal.”

      Thus, debates over bureaucratic details have eclipsed another requirement of international law: the duty to save human lives at sea.

      Another way in which Italy has used bureaucracy to sabotage NGOs’ rescue missions is by asking them to sign a “code of conduct.” The 11-point code – aimed at stopping what Italy viewed as the groups’ facilitation of people-smuggling across the sea – barred them from entering Libyan territorial waters to undertake rescues; banned them from making calls or sending up flares to signal their location to migrant boats in distress; and threatened to bar access to Italian ports if groups did not sign or comply. Several NGO vessels refused to sign. In retaliation, Italy ordered some of them to be seized.

      These disputes have prevented ships with hundreds of just-rescued, vulnerable people aboard from disembarking in Europe. This happened recently with the Aquarius, the Lifeline and even the Diciotti, an Italian coast-guard ship barred from disembarking 177 refugees and migrants in Italy’s port of Catania for several days.

      Humanitarian groups have found ways around Europe’s bureaucratic obstacles. When Italian deputy prime minister Matteo Salvini threatened to close Italian ports to rescue vessels not bearing the country’s flag, a coalition of activists launched the first-ever Italian-flagged rescue ship, Mare Jonio, to conduct missions off Libya earlier this fall.

      But more often bureaucracy wins. Desperate migrants do not have the luxury of waiting for courts to rule on the legality of states’ actions. The bureaucratic games are directly responsible for the rising rate of deaths in the Mediterranean.
      A Game of Migrant ‘Hot Potato’

      Under international maritime law, every state must require any ship flying its flag – whether it’s a civilian, military or humanitarian vessel – to assist persons in distress at sea, without endangering the ship or crew. Coastal states must also render assistance in areas identified as their search-and-rescue (SAR) zones.

      In theory, the duty to assist applies to any ship able to hear a distress signal. Maritime rescue coordination centers around the world coordinate rescue missions in their respective zones and determine the national authority responsible for responding.

      But in reality this resembles a game of hot potato in the central Mediterranean, in which states quickly delegate or refuse responsibility.

      This was evident when Malta recently gave life-vests, petrol and a compass to a migrant boat in its SAR zone, then directed it to the shores of Lampedusa. European ships within reach of the distress signal are starting to preemptively avoid the waters near Libya altogether or are (illegally) turning around before acknowledging a migrant boat’s mayday signals.

      In this political climate, the few still-operational NGO rescue vessels are more important than ever. In their absence, rescues coordinated by European authorities end with migrants being returned to Libya, which may breach international laws around non-refoulement. With its ongoing civil war and record of detaining migrants, Libya is hardly a safe haven.

      This was the fate of 92 rescued refugees and migrants aboard a cargo ship docked in Libya’s port of Misrata who defiantly claimed they would rather die than return to Libya. The 10-day standoff ended when Libyan authorities used rubber bullets and tear gas to force disembarkation.

      Meanwhile, Libya is also playing the bureaucratic game. Under international law, territorial waters consist of the 12 nautical miles (13.8 miles/22.2km) off the coast of any state, but last year Libya declared its own SAR zone of 74 nautical miles. There is no legal basis for this expansion. Libyan authorities warned NGOs to stay out. Three European NGOs stopped sea rescue missions after Libya’s threats of violence.

      Martin Taminiau, a volunteer with the NGO vessel Sea-Watch, which Malta detained for months over its national registration, said NGO ships must weigh bureaucratic roadblocks against the need to help migrants in distress.

      “We have the right to enter these waters to save lives, but we also want to be able to operate long term,” he said.
      Responsibility to Save Lives ‘Lost at Sea’

      The legal and moral responsibility to save lives has been lost at sea, overshadowed by the technical debates over national flags, zones of responsibility, territorial waters and waste-disposal procedures.

      Watchdog and humanitarian groups must maintain pressure on the European Union to respond promptly to distress calls in their SAR zones and to communicate transparently with any boats prepared to make the rescue, in accordance with international law.

      The 1979 Search and Rescue Convention clearly designates areas of responsibility for responding to distress calls. This must translate into true responsibility and life-saving.

      https://www.newsdeeply.com/refugees/community/2018/11/22/how-the-debate-over-flags-sidelined-europes-migrant-rescue-ships

    • Che cosa può una nave?

      Si può fare!

      Era la metà di giugno quando ha cominciato a prendere forma quella che sarebbe poi divenuta la piattaforma “Mediterranea”. Salvini aveva da poco chiuso i porti italiani alla nave Aquarius, di “Medici Senza Frontiere” e “Sos Méditerranée”, definendo una “crociera” la lunga traversata che avrebbe portato in Spagna gli oltre novecento profughi e migranti che si trovavano a bordo. Era il coronamento di una vera e propria guerra alle ONG, avviata nell’aprile del 2017 dal procuratore di Catania Carmelo Zuccaro e poi proseguita dal ministro Minniti – il coronamento e al tempo stesso un’intensificazione senza precedenti: se negli anni scorsi molti di noi avevano analizzato criticamente la svolta governamentale della “ragione umanitaria”, cioè l’incorporazione delle ONG nei dispositivi di governo dei confini e delle migrazioni, era evidente che ci trovavamo davanti a una brutale soluzione di continuità. L’intervento umanitario era ora direttamente criminalizzato, azzerando quelle reti di soccorso volontario che negli anni precedenti, spesso integrate con le operazioni SAR delle diverse guardie costiere e delle forze armate, erano state comunque dispiegate nel Mediterraneo.

      Che fare di fronte a questa svolta, evidentemente sintomatica di un atteggiamento destinato a improntare l’azione del governo per mare e per terra nei mesi successivi? La domanda non poteva essere aggirata, e ha cominciato a risuonare con insistenza nelle conversazioni tra compagni e compagne. La resistenza, certo: la denuncia di quanto stava accadendo, i presìdi di protesta, le iniziative di pressione per la riapertura dei porti. E il tentativo di comprendere il significato più profondo di quanto stava accadendo, di anticipare le mosse successive del governo definendo un quadro interpretativo generale della “fase”. Ma ci sembrava che tutto questo non fosse sufficiente, che si dovesse e si potesse fare di più: che fosse necessario mettere in campo una pratica, capace di determinare spiazzamento e quantomeno di alludere a una mossa “offensiva”, al di là del carattere necessariamente difensivo della resistenza – e per riqualificare il terreno su cui quest’ultima si determina. E allora, perché non agire direttamente nel vivo delle contraddizioni del dispositivo retorico e politico della campagna governativa? Perché non comprare e mettere in mare una nave? Una nave battente bandiera italiana, in modo che nessun governo potesse chiuderle i porti del nostro Paese…

      Nei mesi successivi abbiamo misurato a pieno il carattere quasi donchisciottesco dell’impresa in cui avevamo deciso – letteralmente – di imbarcarci: una scommessa, un azzardo in qualche modo al buio. Qualche compagno, con conoscenza professionale dei mondi che ruotano attorno alle navi, ci ha aiutato a orientarci. Per un po’ abbiamo accantonato la filosofia e la teoria politica, cercando di farci almeno un’idea del diritto della navigazione, dell’ingegneria navale e della scienza logistica applicata. Mentre la ricerca della nave proseguiva, abbiamo trovato molti complici e sodali, a volte inaspettati e spesso proprio in quei mondi dello shipping dove il principio per cui “ogni singola vita a rischio in mare deve essere messa al sicuro” appare profondamente radicato e viene ritenuto intangibile. E abbiamo incontrato la disponibilità di Banca Etica a sostenere il progetto dal punto di vista finanziario, aprendo una linea di credito dedicata.

      Dentro e contro i mondi della logistica e della finanza ha dunque cominciato a prendere corpo “Mediterranea”, mentre un insieme di soggetti collettivi di diversa provenienza e natura si aggregava a prefigurare un’originale piattaforma sociale e politica. Quando infine abbiamo trovato e siamo riusciti ad acquistare la nave (la “Mare Jonio”), abbiamo subito capito che il lavoro più importante – costruire la nostra nave – cominciava allora: si trattava intanto, letteralmente, di adeguarla alle operazioni di “ricerca e salvataggio” (un compito a cui si sono dedicati con entusiasmo decine di compagne e compagni, con l’essenziale collaborazione della ONG tedesca Sea Watch); e poi di preparare gli equipaggi e di tessere le reti di terra che avrebbero sostenuto e reso possibile l’azione in mare della “Mare Jonio”. Questo lavoro di costruzione collettiva è ben lungi dall’essere terminato. E tuttavia, nella notte tra il 3 e il 4 ottobre, la nostra nave è salpata per la sua prima missione. Senza alcuna supponenza abbiamo pensato che un primo obiettivo era stato raggiunto. Avevamo dimostrato che si può fare.

      Per mare …

      Tra il 4 ottobre e il 4 dicembre scorsi la “Mare Jonio” ha percorso in tre distinte missioni più di 4.800 miglia marine, più o meno la distanza che separava i migranti italiani tra la fine dell’Ottocento e l’inizio del Novecento dall’agognato approdo a Ellis Island. Ci siamo mossi all’interno di quello che viene chiamato il Mediterraneo Centrale, entro un mare solcato e striato da tensioni geopolitiche che si traducono in confini elusivi, ma non per questo meno cogenti. Il caleidoscopio composto da acque territoriali, zone contigue, zone economiche esclusive, aree SAR (Search And Rescue) è come tagliato trasversalmente dalle linee di attrito tra Grecia e Turchia (che solcano il Mediterraneo Orientale), tra Marocco e Spagna (il Mediterraneo Occidentale) e tra Italia e Libia (appunto il Mediterraneo Centrale), con altri Paesi costieri a fare ciascuno il proprio gioco (dalla Tunisia a Malta, dall’Algeria all’Egitto).

      Non è affatto casuale che le aree marittime appena menzionate corrispondano anche alle tre principali “rotte” seguite dai flussi migratori verso l’Europa e che la maggiore o minore pressione lungo ciascuno di questi corridoi di transito rinvii, di volta in volta, a cangianti condizioni economiche, sociali e politiche nei Paesi di partenza e di arrivo; alle spinte soggettive che caratterizzano la propensione a migrare di questa o quella composizione; alle differenti e articolate strategie di gestione dei flussi, prima fra tutte la progressiva esternalizzazione dei confini dell’Unione Europea stessa, in un gioco di continui ridislocamenti che sembra ben lungi dall’aver trovato un suo punto di equilibrio. Basti pensare al ruolo che il Marocco si sta oggi preparando (nuovamente) a giocare sul terreno – mercantile! – degli accordi per il contenimento e il respingimento, entro un quadro in cui l’accordo tra UE e Turchia e i patti stretti da diversi governi italiani con tribù e milizie libiche hanno fatto, negli ultimi tre anni, da apripista. O, in quest’ultimo quadrante, ai tentativi di spostare più a sud, alla frontiera tra Niger e Libia, il “lavoro sporco” svolto in questi anni da apparati “formali e informali” in Tripolitania e Cirenaica.

      In questa cornice, di cui abbiamo potuto registrare le continue modificazioni perfino nel corso delle otto settimane delle nostre prime tre missioni, la presenza e l’attività della “Mare Jonio” hanno messo in tensione il regime SAR, costringendo più volte imbarcazioni della Guardia Costiera maltese e italiana a muoversi in soccorso dei migranti, e hanno svolto una rilevante funzione di inchiesta, facendo luce là dove si pretendeva (obiettivo essenziale dell’attacco alle ONG) che non ci fossero più testimoni attenti e consapevoli. L’Operazione Mediterranea ha conteso con successo alle “autorità competenti” il diritto a intervenire in aree di crisi e ha così aperto un campo in cui sono divenute visibili le trasformazioni già intervenute e in atto nel regime SAR, le cui aree di competenza funzionale sono state via via interpretate come veri e propri spazi di esercizio di sovranità nazionali, sostituendo nei fatti la logica del primato della concreta efficacia nel salvataggio in mare con quella mortifera della sclerotizzazione burocratica dei protocolli operativi nella gestione di rigide “frontiere” acquee. Abbiamo così disvelato e misurato nei fatti la ormai costitutiva inadeguatezza dell’attuale regime SAR a esercitare funzioni di soccorso in mare, ma anche una serie di elementi di cruciale importanza: il fatto che dalla Libia, al contrario di quanto affermato dalla propaganda del governo italiano, si continui a partire, seppure con modalità diverse rispetto al passato; le mutate geografie, i nuovi assetti logistici, la composizione variabile degli attraversamenti del Mediterraneo; la dipendenza dell’intervento sui flussi a monte, cioè sul territorio libico, dalla contingenza di complessi e tutt’altro che trasparenti giochi di potere, economico e politico (come si è visto in coincidenza con lo svolgimento a Palermo, nel novembre scorso, della Conferenza Internazionale sulla Libia); la continuità dell’intervento della “Guardia Costiera” libica (le virgolette sono d’obbligo, visto che al suo interno operano, sotto diretta supervisione del Viminale, soggetti che fino a pochi mesi fa sarebbero stati considerati “trafficanti di esseri umani”) nell’agire dentro e fuori le acque territoriali del Paese africano per operare veri e propri respingimenti collettivi; la resistenza, la formidabile determinazione delle donne e degli uomini in fuga dai campi di detenzione libici a non farsi ricondurre in quei luoghi di violenza e di sfruttamento (le due vicende della nave “Nivin” e del peschereccio “Nuestra Madre de Loreto” sono da questo punto di vista esemplari).

      A metà novembre il ministro dell’Interno italiano ha annunciato trionfalmente che il Mediterraneo era stato infine liberato dalla presenza delle navi delle ONG. “Mediterranea”, con la sua azione, ha al contrario determinato le condizioni di possibilità di un’alleanza transnazionale senza precedenti tra diverse ONG: nel corso di quella che è stata per noi la terza missione ci siamo coalizzati con Open Arms e Sea Watch, dando vita a United4Med e mettendo in mare un piccola flotta, sostenuta dal cielo da due velivoli da ricognizione. Indipendentemente dagli esiti di questa missione (caratterizzata dall’intervento a sostegno del peschereccio “Nuestra Madre de Loreto”), sono state poste le condizioni per un coordinamento operativo destinato a durare nel tempo e per ulteriori nuove alleanze nei prossimi mesi. Ma un momento di significativa importanza è stata anche la sosta di diversi giorni nel porto di Zarzis, in Tunisia, dove l’incontro con le associazioni dei pescatori – da sempre impegnati nelle operazioni di soccorso in mare, e per questo criminalizzati in Italia – e con gli attivisti del “Forum Tunisino per i Diritti Economici e Sociali”, ci ha consentito di cominciare a gettare ponti con la terra non solo verso Nord, ma anche verso Sud.

      … e per terra.

      La costruzione di una forte e strutturale connessione tra “terra e mare” è stata per noi fin dall’inizio, del resto, uno degli obiettivi essenziali di “Mediterranea”. Abbiamo spesso affermato che non siamo una ONG, senza per questo mancare di riconoscere l’importanza fondamentale, per il nostro progetto, della collaborazione con Sea Watch e Open Arms, la straordinaria passione che anima molte volontarie e molti volontari delle ONG, e i risultati concreti ottenuti negli anni da queste ultime, in termini di vite umane strappate a morte certa. Quest’affermazione significa piuttosto che non consideriamo il nostro intervento semplicemente limitato ai luoghi in cui si produce l’emergenza “umanitaria”; che ne enfatizziamo il carattere politico e non semplicemente “tecnico” o “neutrale”; che rivendichiamo la possibilità di agire, laddove se ne determinino le condizioni, al di fuori dei quadri giuridici stabiliti, per alludere semmai alla fondazione conflittuale di nuovi diritti.

      È su queste basi che valutiamo l’indubbio successo che “Mediterranea” ha raccolto in terra (tra l’altro per i risultati, inediti per il contesto italiano, del crowdfunding, con quasi quattrocentomila euro raccolti in poco più di due mesi). Tanto nel corso delle iniziative organizzate da un gruppo di donne e uomini di cultura e spettacolo (la “Via di Terra”), quanto nelle decine e decine di assemblee che si sono tenute in tutta Italia (e in qualche città europea) abbiamo fatto esperienza di un entusiasmo e di una passione, di una partecipazione anche emotiva, di una curiosità e di un’adesione che da tempo non ricordavamo. Si badi: queste “tonalità emotive” non corrispondono in alcun modo a un’omogeneità politica. La nostra nave è stata appropriata e in qualche modo reinventata dalle posizioni più diverse, all’interno di centri sociali così come di parrocchie, di università e di scuole, di piccoli circoli di Paese e di assemblee metropolitane; mentre il 24 novembre, ci piace ricordarlo, sulla “Mare Jonio” la bandiera di “Mediterranea” ha sventolato accanto a quella del movimento più forte e radicale dei nostri giorni, “Non Una di Meno”. Ma è proprio questa eccedenza di significati attribuiti a “Mediterranea”, anche al di là delle intenzioni iniziali di questo progetto, a rappresentare per noi il dato più significativo. E a costituire la potenzialità più rilevante per l’immediato futuro.

      La situazione “in terra” è del resto anch’essa cambiata nei due mesi in cui la “Mare Jonio” ha effettuato le sue missioni nel Mediterraneo. Il consolidamento dell’egemonia di Salvini all’interno del governo “giallo-verde” e l’indubbio consenso che circonda la sua azione si sono coniugati con la conversione in legge del cosiddetto “Decreto sicurezza” (mentre un discorso a parte meriterebbe la vicenda della legge di Bilancio e lo “scontro” con la Commissione Europea). Non è questo il luogo per un’analisi nel dettaglio delle disposizioni di legge in esso contenute. Basti dire che il drastico ridimensionamento del sistema SPRAR punta a radicare ulteriormente nel tessuto sociale una logica emergenziale, producendo “illegalità” e rendendo sempre più fragile e insicura la condizione di migliaia di profughi e migranti. Mentre il sostanziale smantellamento della “protezione umanitaria” colpisce tra l’altro duramente, e in modo selettivo, le donne migranti, in particolare quelle in fuga da condizioni di violenza. Al tempo stesso, l’inasprimento delle sanzioni penali per blocchi stradali e occupazioni abitative colpisce in primo luogo ancora i e le migranti, protagonisti in questi anni di straordinarie lotte sul lavoro (si pensi ai blocchi dei magazzini della logistica) e per la casa.

      Siamo di fronte a un tendenziale azzeramento delle mediazioni, che si manifesta prima di tutto sul terreno della migrazione, ma che si indirizza selettivamente contro un insieme più ampio di soggetti. Come agire di fronte a questa rottura? “Mediterranea” non ha certo lezioni da impartire a chi quotidianamente pratica la resistenza. Ha forse però, a partire dalla sua parziale esperienza, almeno due indicazioni da proporre.

      In primo luogo, mostra l’importanza di accompagnare all’azione di resistenza la messa in campo di pratiche capaci di intervenire direttamente sui problemi che si presentano. Si può pensare che oggi queste pratiche possano e debbano dispiegarsi anche sul terreno della costruzione di infrastrutture, materiali e immateriali, una costruzione aperta e in divenire, come aperta e in divenire è stata ed è la costruzione della nostra nave. Proviamo a immaginare un’azione che combini, in modo aperto ed espansivo, la resistenza allo smantellamento del sistema SPRAR e della protezione umanitaria con la costruzione di infrastrutture alternative per l’ “accoglienza”, coinvolgendo il mondo degli operatori e delle operatrici e facendo tesoro dell’esperienza dei centri anti-violenza e delle case rifugio all’interno del movimento femminista. Non ne risulterebbe straordinariamente più forte la stessa resistenza?

      In secondo luogo, “Mediterranea” può offrire l’esperienza di quella che vorremmo chiamare una politica del diritto, ovvero di un tentativo di affermare (ancora una volta: con una pratica) la legittimità e la legalità di qualcosa di tanto elementare quanto il dovere di salvare i naufraghi in mare. In questo tentativo, ha “testato” l’intreccio tra molteplici sistemi giuridici (quelli nazionali, quello europeo, il “diritto internazionale del mare”), tentando di allargare le tensioni all’interno e tra di essi, aprendo varchi e scontrandosi con limiti. È un tentativo che bisogna continuare a fare (per mare così come per terra) con maggiore determinazione. E con la necessaria spregiudicatezza e radicalità, perché siamo convinti che di fronte ai limiti occorra forzare, sia cioè indispensabile praticare, dal nostro punto di vista, la rottura.

      To be continued.

      Che cosa può dunque una nave? Va da sé che c’è un tratto ironico in questa variazione sul tema di una celebre domanda deleuziana. Pur non disdegnando imprese donchisciottesche, cerchiamo di mantenere una qualche sobrietà. Indubbiamente, la nostra nave ha dimostrato di poter intervenire operativamente nel Mediterraneo, svolgendo tra le altre cose un’efficace funzione di inchiesta e denuncia sulle trasformazioni del regime SAR e delle dinamiche di attraversamento e rafforzamento del confine marittimo. Ha messo in collegamento le due sponde del Mediterraneo e ha prodotto straordinari effetti di risonanza in terra, aprendo spazi nuovi attraverso una molteplicità di incontri imprevisti. Ma una nave può essere soltanto uno dei molti dispositivi di cui dobbiamo dotarci nella lotta per costruire un mondo in cui sia possibile, tanto per cominciare, respirare più liberamente.

      In ogni caso, la nostra nave – lo abbiamo detto più volte – è in costruzione, ed è in fondo questo ininterrotto processo di costruzione collettiva che ci sembra prezioso. Che cosa diventerà “Mediterranea” nei prossimi mesi? È una domanda che deve rimanere aperta nelle sue linee generali. Certamente, proseguiremo le operazioni marittime. Questo richiederà un’ulteriore “professionalizzazione” del lavoro, un salto di qualità nella strutturazione dell’ “impresa per fare l’impresa”, una rinnovata cura per gli aspetti logistici e finanziari, la formazione di attivisti e attiviste auspicabilmente nel quadro di una cooperazione rafforzata con diverse ONG. È questo un aspetto fondamentale di “Mediterranea”, nata da un patto tra soggetti diversi che si sono riconosciuti uguali nella condivisione dell’urgenza dell’intervento di soccorso in mare.

      Al tempo stesso, sarà necessario riaffermare e riqualificare il significato della nostra affermazione secondo cui “non siamo una ONG”. Si tratterà cioè di riprendere gli elementi essenziali che abbiamo indicato in precedenza: il carattere politico del progetto, la moltiplicazione di ponti tra il mare e la terra, una “politica del diritto” certo consapevole dei quadri ordinamentali dati (e delle forzate interpretazioni consuetudinarie che i più recenti rapporti di forza politici hanno orientato), ma anche determinata nella capacità di praticare rotture. E occorrerà farlo allargando le relazioni e approfondendo il lavoro tanto sul piano sociale quanto nello spazio europeo, puntando in primo luogo al coinvolgimento delle tante città che si sono costituite, esplicitamente o implicitamente, come “città rifugio” negli ultimi anni.

      Sono questioni attorno a cui è aperto il confronto tra tutti coloro che partecipano al progetto. La nostra proposta è quella di lavorare – da qui alla primavera – alla costruzione di una sorta di “stati generali” di “Mediterranea”: non un evento, ma l’esito di un percorso di inchiesta e di discussione, che riprenda i fili delle molte risposte che “Mediterranea” ha raccolto e che ci permetta di avanzare sul terreno della costruzione collettiva. Ripartire dai territori in cui si sono svolte (e continuano a svolgersi) le iniziative di sostegno al progetto, valorizzare gli “incontri imprevisti” per quel che riguarda tanto eterogenee aree politiche e culturali quanto i diversi “mondi” che abbiamo attraversato in questi mesi (da quelli dello shipping ai medici e agli operatori del diritto con cui abbiamo collaborato, per fare solo qualche esempio particolarmente importante): questo ci sembra possa essere il metodo da seguire, per continuare a essere là dove è necessario essere e agire – per mare e per terra.


      http://www.euronomade.info/?p=11437

  • Actualité > Nos éternuements peuvent en dire long sur la #propagation des #maladies
    http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/actu/d/maladie-nos-eternuements-peuvent-dire-long-propagation-maladies-616

    Le résultat est surprenant en lui-même car, jusqu’alors, les chercheurs avaient en tête un schéma de fragmentation des #fluides muco-salivaires totalement différent. Ils pensaient que les éternuements produisaient directement des gouttelettes. L’étude des chercheurs du MIT est d’autant plus intéressante que l’équipe a également noté une variation dans le schéma de propagation des fluides. Pour les individus dont la salive est plus élastique, les filaments ont tendance à se maintenir plus longtemps. Des perles se forment le long de ces filaments avant de finalement se transformer en gouttelettes.

  • « Les sciences sociales ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir »
    http://www.lemonde.fr/festival/article/2015/09/03/les-sciences-sociales-ne-jouent-plus-leur-role-de-contre-pouvoir_4745227_441

    Si Facebook était un pays, il serait, avec 1,4 milliard de membres, plus peuplé que la Chine. L’entreprise annonce ne plus vouloir seulement «  connecter  » la planète, mais aussi «  comprendre le monde  ». Un chercheur doit-il aller chez Facebook pour étudier la société  ?

    Pour analyser les données qu’elles collectent, les plates-formes de type Google, Facebook ou LinkedIn embauchent massivement des personnes aux formations diverses (communication, économie, sciences politiques et même anthropologie). On assiste à une véritable absorption de cerveaux, de nombreux jeunes rêvant d’aller dans ces entreprises. Cependant, ce n’est ni la société ni l’opinion qu’ils analysent, mais les traces numériques que laissent des comptes tenus par des individus  : tweets, «   likes   », commentaires… Ils cherchent ensuite des corrélations. Nul besoin d’hypothèses théoriques pour faire tourner les machines. Puis ces entreprises vendent ces analyses, ou leur valorisation, en suggérant à leurs clients de placer une publicité à un endroit plutôt qu’à un autre.

    le reste derrière #paywall et pas de lecture zen :-(

    • Le paywall a été supprimé.

      Il arrive aux #sociologues ce qui déjà est arrivé aux linguistes et aux géographes. Ces dernières décennies, les informaticiens ont pris la main sur le #traitement_automatique de la langue, puis sur la géomatique [l’ensemble des outils et méthodes permettant d’analyser des données géographiques]. Désormais, ce sont les statisticiens, les informaticiens et les mathématiciens qui traitent et interrogent les données sur la #société récoltées sur Internet.

      Comment expliquer ce décrochage   ?

      Le #big_data, qui consiste à récolter, stocker et traiter ces données de façon massive, propose de nouvelles méthodes de travail fondées sur le volume, la variété et la vélocité. Le défi pour les sciences sociales est de traiter cette vitesse, qui était inaccessible jusqu’ici. Cela change la perspective temporelle des sciences sociales. (...)

      Peu de chercheurs en sciences sociales semblent se rendre compte que d’autres acteurs, déjà, donnent par ces corrélations leur analyse sur l’état de la société. Ils restent centrés sur les demandes de l’Etat, sur ce qui est défini comme #social dans ce cadre. Je regrette leur tendance à centrer leurs études uniquement sur le long terme. Alors qu’il faudrait donner leur place à l’étude des «  vibrations  », ces phénomènes de #propagation_sociale, et aux technologies qui les favorisent.
      Je plaide pour des sciences sociales de troisième génération, qui s’emparent de ces nouveaux phénomènes pour les requalifier  : il faut inventer des concepts, des outils et limites de validité sur ces nouvelles données, ces traces auxquelles nous n’avions pas accès. Ce que nous vivons a déjà été pensé par Gabriel Tarde en 1890. Dans Les Lois de l’imitation, ce juriste, sociologue et philosophe théorise la propagation des pensées par une multitude de petites transmissions. Il avait d’ailleurs proposé d’inventer le «  gloriomètre  », l’équivalent de la mesure du buzz. Mais à l’époque il n’avait pas les outils pour mesurer ce phénomène. Désormais, nous les avons.

      A quel projet pensez-vous, concrètement  ?
      Je milite pour la création d’une nouvelle discipline, les social data sciences, avec un diplôme à Sciences Po

      #temporalité