@touti ça fait longtemps que c’est comme ça. En moyenne, je préviens les gens, mais beaucoup ne comprennent pas... ça fait le tri. Toi, je reconnaitrais tes cheveux, mais surement pas ton visage.
Je n’ai pas de solutions. Les photos m’aident beaucoup. Quand je suis en reportage, c’est sioux. Je fais comme d’hab, je triche. Par exemple, pour le papier sur l’habitat partagé, c’était une vingtaine de personnes que je découvrais en une seule journée, avec qui je parlais et auxquelles je devais accorder les bonnes paroles au bon nom et au bon visage. Donc, je notais : Nicolas, architecte, mec au bonnet rayé et au pull rayé, etc. Bien sûr, ce chacal s’est enlevé le pull et le bonnet en cours de journée...
Sinon, je joue aux familles de ressemblance : les gens nouveaux ressemblent souvent soit à des gens connus, soit à de vieilles connaissances. Après, il y a l’endroit, les circonstances.
Effectivement, y a des gens que tu reconnais tout de suite et d’autres, tu rames toujours au bout de 10 rencontres.
Après, je suis aussi myope comme une taupe et dyslexique. C’est peut-être lié. Pour reconnaitre les lettres ou les chiffres, il m’a fallu un temps fou et surtout des tas d’astuces mnémotechniques : le d a le ventre en avant comme une dinde. Ça ne veut rien dire, mais ça marche ! Pour passer le permis, il m’a fallu écrire g et d sur le dessus de mes mains. Parce que je ne sais pas spontanément reconnaitre la gauche de la droite, je dois y réfléchir... ce qui n’est pas possible quand l’examinateur te laisse moins d’une seconde pour changer de direction.
Dans la vraie vie, si quelqu’un m’indique la direction qu’il veut que je prenne trop tard, en général, je continue tout droit pour ne pas chopper d’accident et lui explique que la prochaine fois, il devra anticiper mieux pour me guider.
Après, je peux me souvenir avec une très grande précision de moments éloignés, parce qu’ils m’ont fait forte impression, parce que j’ai décidé de mettre en marche l’enregistreur. Mais c’est court et rarement contextualisé.
Pour toutes les histoires chronologiques, j’ai les photos et un logiciel où elles sont toutes classées par date et heure.
C’est un peu à cause de tout cela que je suis fascinée par la manière dont nous pensons et nous souvenons... et oublions.