• A quoi ressemblerait un monde où serait ôtée à la production la nécessité d’être vendue ? A propos de Réseau salariat

    Le groupe économie du réseau salariat propose d’abolir les échanges marchands intermédiaires (la production de biens intermédiaires, entrant dans la composition de produits finaux). Dit autrement, il n’y a plus de flux monétaires entre les unités de production. C’est une conséquence logique de la critique de la notion d’investissement (monnaie à avancer en premier pour lancer une production), conduisant à poser le salaire comme précédant la production.

    Une autre justification se veut plus empirique dans le texte Une monnaie communiste (1) :

    Nous comprenons que l’absence de flux monétaires entre les unités de production puisse tout d’abord surprendre, mais nous observons que le capital a malgré lui produit une socialisation de la production que nous jugeons propice au basculement vers notre modèle. En effet, une part considérable de la production s’effectue désormais dans des entreprises de très grandes tailles. Ces entreprises sont organisées en ateliers ou départements de production, lesquels effectuent leurs échanges sans flux monétaires, mais produisent le suivi comptable nécessaire à la gestion de l’ensemble. Notre modèle se présente comme une issue positive à ce mouvement de socialisation. Il nous engage au dépassement de la concurrence économique afin de gérer collectivement et démocratiquement l’ensemble de la production.

    Certes, il y a évidemment dans la production capitaliste contemporaine un degré très élevé de coopération dans l’organisation du travail, par delà des logiques de concurrence. Alors cela conduit à penser que le capitalisme a atteint un tel degré de socialisation qu’il serait mûr pour basculer vers le communisme.

    Ce propos néglige le phénomène très important de la sous-traitance : oui il y a une coordination d’unités de production par les choses, mais cela ne se fait pas toujours en interne loin de là, et dans ce cas cette coordination se règle aussi par le prix.

    Mais il y a plus fondamental encore. Les travaux de Michel Callon (2) me font penser, qu’au contraire, la production, dans son contenu même, une fois libérée des contraintes monétaires n’a plus rien à voir avec la production capitaliste.

    Je ne suis pas du tout convaincu par cette pensée schématique, opposant coopération et concurrence, ou qui isolerait des activités de production pure d’activités marchandes d’achat-vente. Cela conduit à sous-estimer grandement la place de la monnaie dans tout le système : le prix des choses est toujours intégré très en amont des choix de production, mais plus globalement la nécessité de vendre engendre une dysmétrie entre le producteur-vendeur et le consommateur-client.

    Le producteur-vendeur doit résoudre le problème de l’attachement entre le produit-marchandise et le client. Pour cela il a 3 grandes techniques nous dit Callon : introduire une conversation pour intéresser le client (par la publicité par exemple), faire participer quelques clients à la conception (excluant tous les autres), créer de l’addiction (rendre dépendant le client au produit).

    Dès lors, à quoi ressemblerait un monde où serait ôtée à la production la nécessité d’être vendue ?

    (1) https://www.reseau-salariat.info/images/article_une_monnaie_communiste_.pdf
    (2) Voir cette présentation de son livre L’emprise des marché s
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-grande-table-2eme-partie/les-acteurs-du-marche-avec-michel-callon-6319927

    #réseau-salariat #post-monétaire #marché #production

  • Une suppression partielle de l’argent. La proposition du groupe thématique « économie » du Réseau salariat

    sources :
    https://www.reseau-salariat.info/images/article_une_monnaie_communiste_.pdf
    https://www.reseau-salariat.info/articles/2022-04-01

    Le titre est un peu provocateur au regard du positionnement de l’association, qui n’est pas abolitionniste à l’égard de la monnaie - ça ferait mauvais genre.

    Mais il est pleinement justifié si l’on regarde le nouveau modèle économique proposé.

    Pour rappel, les courants post-monétaires proposent une économie uniquement basée sur des quantités de choses à produire, incommensurables entre elles, sans gestion du droit de tirage.

    Le réseau salariat propose quelque chose qui est à mi-chemin : l’argent est utilisé comme droit de tirage, mais il est supprimé dans ses autres fonctions.

    Voilà la proposition résumée :
    – Le droit de tirage sur la production est géré par une monnaie, une « monnaie salariale », distribuée inconditionnellement à toutes les personnes majeures (salaire à vie) correspondant à la qualification de la personne (sur une échelle de salaire de 1 à 3).
    – Cette monnaie sert uniquement aux particuliers pour acheter les biens de consommations finaux
    – Les biens de consommation intermédiaires ne sont pas achetés ni vendus. Par exemple, un boulanger n’achète pas sa farine, il la demande au minotier qui lui en fournit sans échange d’argent.
    – Contrairement à l’économie capitaliste, il n’y a plus de monnaie d’investissement, c’est-à-dire créée sous forme de prêts à rembourser.
    – La monnaie est ici créée par la caisse des salaires au moment de verser des salaires. Cette monnaie doit être détruite à l’issue du cycle versement des salaires (création de la monnaie)->achat des biens de consommation->reversement de cette monnaie à la caisse des salaires par les magasins (destruction de la monnaie).
    Pour rappel la monnaie capitaliste est crée au moment des prêts et détruite à leur remboursement.
    – Mais puisqu’il y a une monnaie, il faut bien fixer un prix aux choses achetées par les gens. C’est là qu’on entre dans des complications et des propositions à mon avis hasardeuses dans le but de domestiquer la monnaie.
    Le prix est calculé, pour tel produit, à partir de la somme des temps des travaux contenus dans ce produit, multiplié par un coefficient régulièrement mis à jour, tenant compte par exemple de la quantité de travail des gens qui travaillent dans le secteur non-marchand (secteur où les produits finaux sont distribués gratuitement mais où les producteurs reçoivent un salaire à vie comme tous les autres). Le but de ce coefficient est d’équilibrer la quantité de la monnaie distribuée en salaires avec la somme des prix des biens disponibles à la vente. Les unités de production intermédiaires devront donc faire remonter l’information concernant les quantités de travaux (nombre d’heures) contenues dans leurs produits.

    Dans cette proposition, la suppression de la monnaie dans les consommations intermédiaires est une conséquence logique de la généralisation du salaire à vie à tous les producteurs : la production est déjà payée par le versement des salaires, puisqu’il n’y a pas d’avance d’argent à rembourser par ailleurs.

    Ce serait assez facile de critiquer cette proposition en imaginant tout ce qui pourrait faire capoter cette organisation.

    Elle me paraît toutefois cohérente avec le schéma de pensée du réseau salariat, consistant à généraliser deux institutions existantes (que Friot appelle le « déjà-là » communiste) : le salaire attaché à la qualification de la personne (et non au poste) et la cotisation-subvention permettant la sécurité sociale.

    Le problème est que ces deux institutions butent sur des limites : elles ne sont pas autonomes mais adossées à d’autres institutions beaucoup plus puissantes, dont elles dépendent. En l’occurrence ce sont des sous-circuits monétaires à l’intérieur d’une circulation monétaire globale plus grande, d’une monnaie créée en fonction d’un impératif abstrait d’accroissement de valeur, laissant loin derrière les priorités concernant les besoins ou tout autre critère concret (justice sociale, préservation des ressources, respect des cycles naturels, prise en compte des limites physiques etc). Pour sortir du capitalisme, il faut donc commencer à se projeter dans un monde où la monnaie capitaliste est abandonnée.

    Ça, c’est fait.

    #post-monétaire #réseau-salariat #monnaie



  • Salaire à vie 2500€/mois dès 18 ans

    L’instauration d’un salaire à vie pourrait être la base solide et équitable dont notre société a besoin (...)

    Un salaire à vie d’environ 2500€ par mois pourrait bénéficier à près de 90% de la population française, alors que la minorité des 10% les plus privilégiés détient le pouvoir financier et politique en profitant du travail du reste de la société.

    Il est temps pour nous tous d’exiger un changement dans cette répartition inégale des richesses en proposant l’instauration d’un salaire à vie dès l’âge de 18 ans. C’est une mesure qui favoriserait non seulement l’égalité économique mais aussi sociale dans notre pays.

    Soutenez cette cause en signant cette pétition aujourd’hui !


    ~
    https://politipet.fr/1377 « Remettre l’ISF » pourrait aussi aider la cause.

    sur le « salaire à vie » : https://youtu.be/lRHO5GfKgFY

    (10 min.)


    publiée le 16/11/2023
    commission des affaires sociales
    admissibilité : 10k en 6 mois

    https://politipet.fr/2019
    https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2019