• s’autocensure, là, vains dieux, elle s’autocensure de olf (1). À l’époque elle ne sait plus combien de temps on avait attendu pour commencer à faire des blagues désopilantes au sujet du gosse de la Vologne ? Une heure ou deux, c’est ça ? Moins ? Ah on savait encore rire, il y a quarante ans.

    Bref, elle ronge son frein et va patienter encore un peu avant de balancer d’irrésistibles saillies sur le gamin retrouvé ce coup-ci en kit dans les Basses-Alpes ; les temps sont chatouilleux et elle n’est pas sûre que le Lectorat soit déjà prêt. Et puis, au fond, est-ce bien nécessaire de délibérément choquer dans le seul but de se faire mousser ?

    Finalement ce n’est peut-être pas si mal, l’autocensure ; c’est probablement le dernier marqueur de la civilité.

    #RuminationsMatutinales.

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    (1) Féminin de « ouf ».

  • reconnaît évidemment et immédiatement tout, lorsqu’elle regarde un film dont l’inaction est censée se dérouler à « son » époque — les us, les mœurs, les formes, les couleurs, les objets, les architectures, les têtes, les coiffures, les accoutrements. Bien sûr le cinématographe est une invention récente et elle sait qu’en réalité tout ceci n’est qu’une reconstitution, mais qu’importe : après tout ses souvenirs en sont une aussi. Les deux reconstitutions se confrontent, celle de la cinéaste et la sienne, elles se confrontent et s’ajustent pour recréer ensemble un passé vraisemblablement fantasmé. D’ailleurs il ne pourrait en être autrement : le passé n’existe que dans nos têtes.

    N’empêche, c’est rigolo. Même si les variations d’interprétation induites par les images sont infinitésimales — à l’âge canonique de la Garreau le ciboulot est à 99,99 % sclérosé — elles se produisent, le film agit sur sa mémoire comme sa mémoire agit sur le film. Les deux s’alimentent et se confirment. « Quelque part » c’est un peu comme en physique quantique, les événements ne sauraient préexister à leur observation.

    A-t-elle vécu ? Rien n’est moins sûr. La « réalité » c’est seulement parvenir (ou pas) à se construire un récit à l’aide de petits bouts de tous ceux qui s’affrontent.

    « Il était des doutes dont il suffisait de connaître la possibilité pour en souffrir », écrivait peu ou prou Hesse dans « Le Jeu des perles de verre ». Quant à la solitude, « elle était calme, merveilleusement calme et immense comme l’espace silencieux et glacé où tournent les astres », poursuivait-il dans « Le Loup des steppes ».

    Pardon ? Ça n’a rien à voir avec ce qu’elle disait précédemment ? Peut-être, mais une ou deux citations en fin de dazibao ça fait toujours joli, surtout quand on ne sait pas du tout comment conclure.

    #RuminationsMatutinales.

  • n’est pas une « poseuse » qui se met systématiquement et dogmatiquement du côté des méchant(e)s ! Pas du tout ! C’est bien évidemment le reste du monde qui distribue les rôles un peu vite.

    Comment huit milliards de personnes peuvent-elles préférer se tromper que dire comme elle ? C’est un mystère pour elle-même comme ça l’aurait été pour les historien(ne)s qui auraient eu à se pencher sur la question si Ragnarök ne s’apprêtait à mettre très bientôt un terme à toute interrogation.

    #RuminationsMatutinales.