• #Université_Grenoble_Alpes : “Cher président, l’heure est à la reconnaissance d’un plan d’urgence”
    https://academia.hypotheses.org/51534

    Le 30 août 2023, le président de l’Université Grenoble Alpes s’est adressé à ses “chères et chers collègues” pour leur souhaiter “une bonne rentrée et une bonne année universitaire”, mais également pour “marque[r] la concrétisation de nombreux succès obtenus par … Continuer la lecture →

    ##ResistESR #Billets #Enseignement #Pratiques_de_l'emploi #Santé_au_travail #austérité #santé_au_travail

  • Le gouffre qui nous sépare de la réalité
    https://cabrioles.substack.com/p/le-gouffre-qui-nous-separe-de-la

    Le fait de ne pas reconnaître la gravité actuelle du COVID-19 crée un gouffre avec la réalité que viennent combler des groupes qui diffusent de la désinformation. Un film récent, visionné par des millions de personnes dans le monde, affirme à tort que les vaccins sont à l’origine de la surmortalité et des morts soudaines. Au lieu de reconnaître et d’éduquer la population sur le rôle bien attesté du COVID-19 dans les lésions cardiaques et neurologiques, les gouvernements et les décideur·euses politiques sont resté·es silencieu·ses, permettant ainsi à la désinformation de prospérer. Le résultat final, prévisible et même prédit depuis le début de la pandémie, est que la confiance dans la vaccination dans son ensemble s’érode, sapant les fondements de la santé publique, au-delà de la pandémie de COVID-19. Source : (...)

  • Une relation d’une année universitaire… et d’un été
    https://academia.hypotheses.org/51044

    Sur une relation pédagogique abusive à l’UPEC Une étudiante, qui a fait son Master à l’UPEC, raconte son expérience d’une relation pédagogique abusive et ses prolongements en trois épisodes. TW : mention de violences psychiques, suicide, VSS. Épisode 1. Une … Continuer la lecture →

    #Academic_Feminist_Fight_Club #Lectures_/_Readings #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #Témoignages #abus_de_pouvoir #UPEC

  • [Psylence Radio] L’Autre « lieu »
    https://www.radiopanik.org/emissions/psylence-radio/lautre-lieu

    L’Asbl L’Autre « lieu » est née en 1980, il y a 43 ans, grâce à l’enthousiasme de gens engagés comme Micheline Roelandts co-fondatrice de l’association ou Yves-Luc Conreur. Actuellement, l’assoc, poursuit son petit bonhomme de chemin. en faisant se croiser une foule de gens concernés et/ou traversés par la question des troubles psychiques. Parmi cette foule, il y a « nous », chroniqueurs à Psylence et amateurs pour certains de Karaoké, de Scrabble, de cinéma, de photo, de shiatsu et j’en passe. Mais pourquoi une émission sur l’Autre « lieu » que nous connaissons déjà ? Parce que, nous avions très envie de VOUS le faire découvrir, ce lieu. Cette terre d’accueil et d’expérience. Pour ce faire, nous avons interrogé le plus simplement du monde ceux et celles qui le font, LE LIEU. Au fur et à mesure de notre heure (...)

    #santé_mentale #autrelieu #santé_mentale,autrelieu
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/psylence-radio/lautre-lieu_16325__1.mp3

  • Travailler en étant malade, un phénomène plus préoccupant que les prétendus arrêts maladie de confort | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/160823/travailler-en-etant-malade-un-phenomene-plus-preoccupant-que-les-pretendus

    Cet été, Bercy a lancé la chasse aux arrêts maladie dits « de complaisance ». Selon Alain Vilbrod, sociologue breton spécialisé dans la santé, ce phénomène est infiniment plus négligeable que celui du présentéisme, qui consiste pour des salariés souffrants à aller au travail malgré leur condition.
    [...]
    Dans un communiqué de presse, Agnès Giannotti, médecin généraliste et présidente de MG France, plus grand syndicat de généralistes détaille les nombreuses raisons qui peuvent expliquer l’augmentation du nombre d’arrêts maladie : « La part des pathologies psychiques a augmenté considérablement… Les troubles musculo-squelettiques liés aux emplois physiques rendent le maintien dans l’emploi souvent difficile à partir de 55 ans… Sans parler de ces patients en attente pendant de longs mois d’un traitement chirurgical ou de rééducation faute de place ou de rendez-vous. Il ne s’agit en aucun cas d’arrêts de complaisance ni d’absentéisme. »
    [...]
    Du côté de Bercy, on martèle ce chiffre : les arrêts maladie seraient en hausse de 30 % depuis dix ans. Que dit ce chiffre du monde du travail ?

    Ce chiffre dit quelque chose de la prise d’âge des salariés, puisqu’en France on travaille de plus en plus tard. Il dit aussi la précarité du travail dans nombre de secteurs, qui va en s’accroissant. Il est aussi dû au fait que les employeurs ont de plus en plus recours à des contrats courts. Il dit, enfin, d’importantes dégradations des conditions de travail.
    [...]
    Les conditions de travail sont au cœur même des questions d’absence au travail – puisque je n’aime pas le terme d’absentéisme que je trouve jugeant – mais aussi de présentéisme, qui est le fait pour des salariés malades de venir quand même au travail et qui est beaucoup plus représentatif et important que les prétendus « arrêts maladie de complaisance ».

    Et en France, les conditions de travail sont dégradées dans un grand nombre de secteurs. Moi, je peux parler de ce que je connais le mieux, le secteur du sanitaire et social où les conditions de travail se sont détériorées ces dernières années, autant dans les Ehpad et les hôpitaux que dans les cliniques, au point que ces établissements peinent à recruter de nouveaux salariés.
    [...]
    La Dares, le service de statistiques du ministère du travail, a, par exemple, donné ce chiffre sur le présentéisme : sur onze jours d’arrêts maladie, en moyenne, trois sont travaillés. Les études de la caisse de retraite complémentaire Mederic (devenu Malakoff Humanis) se penchent aussi sur la question régulièrement et ne constatent pas autre chose : selon elles, un quart des arrêts maladie ne sont pas respectés.

    https://jpst.it/3loAH

    #santé_au_travail #souffrance_au_travail #présentéisme #contrôle_social #obligation_du_travail #troubles_musculo-squelettiques #troubles_psycho-sociaux

  • Aux urgences, « la situation est plus grave que l’été dernier » pour SAMU-Urgences de France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/15/aux-urgences-la-situation-est-plus-grave-que-l-ete-dernier-pour-samu-urgence

    Le président du syndicat français de médecine d’urgence, Marc Noizet, s’est inquiété du déplacement nécessaire de certaines interventions légères sur les parkings, ou de la fermeture temporaire de services qui traitent des urgences vitales dans certains hôpitaux.

    Le Monde avec AFP


    Le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, visite le centre de réception et de régulation des appels du SAMU à Toulouse, le 14 août 2023. VALENTINE CHAPUIS / AFP

    Aux urgences, « la situation est plus grave que l’été dernier » en France, a estimé mardi 15 août Marc Noizet, président de SAMU-Urgences de France, soulignant que tous les départements sont touchés, mais aussi des zones touristiques en pleine saison.

    « La situation est plus grave que l’été dernier, parce qu’elle touche dorénavant tous les départements de France, des gros services et des petits services. L’été dernier, on avait des zones rouges », a déclaré sur Europe 1 celui qui est également chef du service des urgences du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace.

    Pour Marc Noizet, « la nouveauté est que des zones extrêmement touristiques (…) sont aujourd’hui en très, très grande précarité », citant Les Sables-d’Olonne, en Vendée, ou Arcachon, en Gironde, « où ils ont été obligés de mettre en place sur le parking devant l’hôpital une structure où les médecins font de la petite traumatologie pour alléger les urgences », ou encore Saint-Tropez, dans le Var, « qui a failli fermer son service d’urgences ».

    « Plus pernicieux », selon lui, « on ferme des SMUR [service mobile d’urgence et de réanimation] parfois pour une nuit ou un week-end » ; il s’agit des ambulances pourvues de médecins qui se déplacent à domicile ou sur la voie publique. « Par exemple, autour d’Angers, ce week-end prolongé, avec le pont du 15 août, sept SMUR sont fermés, or ça touche l’urgence vitale », a-t-il ajouté.

    Chef du SMUR des Hauts-de-Seine, Gilles Jourdain a aussi « lancé l’alerte » dans Le Parisien mardi après-midi, affirmant notamment que son équipe a dû transférer un nourrisson de deux mois dimanche à Rouen, faute de lits en réanimation pédiatrique en Île-de-France. « Sa bronchiolite s’aggravait, le petit garçon avait besoin d’être admis en réanimation. Les équipes ont fait trois fois le tour des places disponibles dans les cinq services d’Île-de-France ayant les compétences nécessaires pour ce type de soins. Rien, zéro lit », a-t-il raconté.

    « Tous les renforts qu’on a pu mobiliser l’ont été »

    Pour le docteur Jourdain : « Les tensions en personnels soignants sont si fortes que la situation dégradée de l’hiver perdure et se refait sentir dès l’été. Les autorités semblent incapables d’apporter une solution. » Aux urgences, comme ailleurs à l’hôpital, « tous les renforts qu’on a pu mobiliser l’ont été », et « la régulation de la rémunération des intérimaires a fait beaucoup de mal, même si c’était un mal nécessaire », a affirmé le président de SAMU-Urgences de France à la radio.

    Quant aux assistants de régulation médicale (ARM), premiers à décrocher les appels au SAMU, et en grève dans plus des deux tiers des « centres 15 » départementaux, « ils sont mal rémunérés, ont des problématiques d’avancement dans leur carrière et d’adéquation de leur nombre au flux », a-t-il exposé. « Il y a une vraie problématique, le ministre le reconnaît, maintenant il faudrait que les choses avancent », a lancé Marc Noizet.

    En visite lundi au SAMU de Toulouse, le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, a déclaré qu’« une partie » des revendications des ARM grévistes étaient « légitimes » et qu’il comptait « y travailler dans les toutes prochaines semaines ».

    Le Monde avec AFP

    #santé #SAMU #ARM #SMUR

    • Fermé la nuit, Christophe Prudhomme, Médecin au Samu 93
      https://blogs.mediapart.fr/christophe-prudhomme/blog/150823/ferme-la-nuit

      L’été dernier le précédent ministre de la Santé, F. Braun, avait dans un premier temps nié la fermeture de services d’urgences puis avait parlé de mesures exceptionnelles en instaurant l’appel préalable au centres 15 pour pouvoir avoir accès aux #urgences.

      Dans une situation de tension majeure, sans état d’âme, il a appliqué de manière brutale la régulation de l’intérim médical sans prendre de mesures de compensation afin d’éviter des situations de rupture dans les #hôpitaux déjà fragilisé par le manque de médecins titulaires obligeant à un recours massif aux intérimaires.

      Cette année, la situation est encore plus dégradée et il n’est plus possible de poursuivre le discours de déni sur l’absence de fermeture de très nombreux services certaines nuits, pour quelques jours, voire plus, et ce qui est encore plus grave dans les zones touristiques où la fréquentation augmente fortement pendant les vacances.

      Un nouveau ministre a été nommé et il reconnaît enfin les difficultés.
      Cependant, après ses premières déclarations lors de sa prise de fonction, il a disparu des radars sans aucune prise de décision pour essayer de répondre aux alertes multiples, notamment dans le secteur de la #psychiatrie confronté à une fermeture massive de lits par manque de personnel [situation qui aggraver une politique de fermeture de lits poursuive depuis 40 ans, ndc].

      Mais visiblement, le ministre ne restait pas inactif auprès de ses services car une dépêche nous apprend voici quelques jours que des projets de décrets sont en cours de finalisation pour acter définitivement une organisation dégradée des services d’urgences sur l’ensemble du territoire.
      Il s’agit de valider la création d’antennes de médecine d’urgence qui ne seront plus ouvertes 24 h sur 24. Pour être plus clair, elles seront en fait fermées la nuit.

      Cette réorganisation est un non-sens en termes de #santé_publique car le propre des urgences est qu’elles ne sont pas programmables et faire reposer la nuit la prise en charge des patients uniquement par les SMUR est une aberration.
      D’une part, ces unités du SAMU fonctionnent également dans de nombreux départements en mode dégradé avec de nombreuses unités qui ferment de manière brutale par manque de médecins, comme cela a été le cas récemment en Mayenne ou en Vendée, ou qui sont remplacés par des équipes infirmières.

      Tous les urgentistes savent que dans de nombreux cas, un retard de prise en charge peut avoir des conséquences catastrophiques.
      Cela va être le cas avec la mise ne place de cette organisation, ce qui se traduira statistiquement par une augmentation de ce qu’on appelle pudiquement des « morts évitables »

      Cette politique est meurtrière et est inacceptable.
      En effet, comment expliquer que les plages d’ouverture des commerces, notamment alimentaires, ne cessent de s’élargir, ce qui les rendra bientôt plus accessibles que des services essentiels comme les services d’urgence.
      L’explication me paraît évidente quand on examine les choix idéologiques d’E. Macron : ce qui prime c’est le marché et non les services publics essentiels. En résumé, c’est le choix de l’argent contre la vie. Il est urgent de se lever pour refuser ce choix de société mortifère.

      le salaire d’infirmière a beau être faible, on préfère raquer celui de caissière ou vendeuse, bien inférieur.
      #prolétarisation

  • Victime blaming casquée – Carnet de notes
    https://n.survol.fr/n/victime-blaming-casquee

    Le fond c’est qu’on a un vrai problème en France concer­nant la sécu­rité des cyclistes en ville et sur les routes. Ouest France se faisait encore l’écho il y a quelques jours d’un cycliste qui, caméra à l’ap­pui, fait état en 1000 km parcou­rus, d’une mise en danger toutes les 9 minutes, 658 sur le seul mois de juin.

    Là dessus nos auto­ri­tés sont le plus souvent silen­cieuses. On adore­rait des campagnes d’af­fi­chage pour le respect bandes cyclables ⁽¹⁾ et des sas vélo ⁽²⁾, pour le respect des distances lors des dépas­se­ments, pour infor­mer de la prio­rité aux voies cyclables croi­sées lorsqu’un véhi­cule tourne à gauche ou à droite au carre­four, etc.

    À la place d’ai­der à dimi­nuer ces compor­te­ments dange­reux, nos auto­ri­tés rabâchent conti­nuel­le­ment des messages blâmant les cyclistes parce qu’ils ne se protègent pas assez.

    Forcé­ment, ça agace.

  • La peste noire, Patrick Boucheron
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-peste-noire

    #Patrick_Boucheron propose une grande enquête interdisciplinaire autour de la pandémie de peste au milieu du XIVe siècle.

    « Nous sommes confrontés à un #événement de #longue_durée, et il serait bien naïf de prétendre confiner notre conception de la peste noire à une chronique des années 1347 à 1352 en Europe occidentale » (...) « Les progrès conjoints de l’archéologie funéraire et de l’anthropologie, poursuit l’historien, mais aussi de la microbiologie et des sciences de l’environnement, ont révolutionné l’approche de cette pandémie ».

    j’écoute tardivement cette série de 2020-2021, extraordinaire d’érudition (et pas trouvée ici, à ma grande surprise ; pour ma part, lambin, elle était dans une pile « à écouter » depuis longtemps)

    « L’hypothèse, indique Patrick Boucheron, ne consiste pas seulement à réévaluer le rôle des réseaux vénitiens de Tana dans la propagation de la peste, il est de renverser le catastrophisme apocalyptique de la vision du siège de Caffa pour comprendre que l’épidémie n’est pas fille de la guerre mais de la paix, et qu’elle peut remonter les circuits des échanges et des alliances. »

    [...]

    « C’est donc bien à l’histoire décloisonnée d’un monde interconnecté qu’elle nous convie, nous dit Patrick Boucheron, un monde dont le cœur battant n’est pas en Europe, où se situent seulement les terminaux périphériques des réseaux marchands, mais plus à l’est, en ce centre de gravité de l’Eurasie alors dominée par la Horde d’or. »

    https://www.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2021/09/17721348-2539-43c8-9e8f-f3983ba097ed/860_loiseau-cartepestexivesiecle.webp

    Carte de Julien Loiseau, intitulée, « Les routes de la peste noire », dans « l’Atlas Global » de Gilles Fumey, Christian Grataloup et Patrick Boucheron, en 2014. - Julien Loiseau / Les arènes

    #peste #Marseille #histoire #histoire_des_sensibilités #imagination #historiographie #mort #mort_de_masse #déni #travail_des_femmes #médecine #épidémie #histoire_environnementale #santé_globale #démographie #catastrophe_démographique #littérature #théâtre #peinture #archives #théorie #pensée #narration #rats et #marmottes_alpines #paléogénomique #Horde_d'or #Inde #Mandchourie #l'impossible_sépulture démentie par l’#archéologie_funéraire ... #exotisme_épidémiologique

    • cette série là, tu n’hésiteras pas, @arno, à ne pas la faire écouter aux enfants, sauf dispositions spéciales. c’est une version lettrée, avec une forte dimension historiographique, de Periclès « qui n’est pas un collègue » (Loraux) à la critique du matriciel Ariès (histoire des sensibilités), le tout truffé de références effectivement pluridisciplinaires. non sans légèreté. dans le premier épisode, par exemple, il reprend la lecture de Freud pour mettre en cause les gargarismes contemporains sur le « travail du deuil ». ailleurs il a la coquetterie de citer l’avènement de Trump comme un évènement sans doute lui aussi de longue durée quant au devenir de la véridicité.

      (qu’il ait fait le macronard illustre la force du légitimisme centriste ?)

      Ça tombait bien, trop bien : ça tombait mal. Face au curieux hasard qui plaçait l’épidémie de Covid-19 sur sa route au moment où il devait entamer, au Collège de France, son cours sur la peste noire, l’historien Patrick Boucheron a failli renoncer. Rien de plus trompeur, explique-t-il en effet, que la fausse évidence de la « concordance des temps », rien de plus hasardeux que la recherche d’écho et de similitudes qui rendraient le passé moins lointain, le présent moins opaque. Puisque les rapports existent néanmoins, puisque ça a à voir malgré tout, que peut dire l’historien du coronavirus, et de quoi l’histoire de la peste est-elle faite ? Que nous apprend la #science, et que transporte l’#imaginaire ? C’est à un regard neuf et à une histoire globale que Patrick Boucheron nous invite.

      https://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/patrick-boucheron-la-peste-c-est-un-mal-qu-on-ne-peut-pas-dire-31-01-2021-24
      #paywall

    • il est possible d’éviter la rebutante intro de Radio F/ Collège de France en utilisant la version de fr Q disponible parmi les podcasts L’été du Collège de France dont la mise en onde est digne de l’objet et de son traitement je pige pas pourquoi il faut donner sur RF une version dégradée

  • « Prévenir les cancers implique de taxer, limiter et surtout interdire des substances aussi pathogènes que rentables »

    Arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool, manger plus équilibré… Pour prévenir les cancers, l’incitation à changer les comportements ne suffit pas. Elle doit s’accompagner d’une réglementation stricte et de la suppression des produits industriels cancérigènes, affirment, dans une tribune au « Monde », quatre spécialistes universitaires.

    A l’heure où Santé publique France et l’Institut national du cancer (INCa) révèlent que l’incidence des cancers a doublé en trente ans, la question se pose de savoir si ce gouvernement et ceux qui l’ont précédé ont conduit une politique préventive à la hauteur de ce problème majeur de santé publique.
    Parmi ces cancers, quatre sur dix sont évitables, autrement dit n’apparaîtraient pas si l’exposition aux facteurs de risque connus était prévenue, aux premiers rangs desquels le tabac, l’alcool et l’obésité, soit 153 000 nouveaux cas par an en France. L’exemple de la lutte antitabac illustre deux grandes stratégies préventives mises en œuvre : l’une visant à informer le public, et l’autre s’attaquant à l’agent cancérigène.
    Lutte contre le tabagisme, et lutte contre le tabac : quand les deux stratégies sont associées, des résultats tangibles sont observés. Les campagnes d’information, la loi Evin et les mesures qui ont suivi ont permis une réduction significative du tabagisme, même si aujourd’hui 12 millions de Français fument encore quotidiennement.

    Les limites de l’information
    Force est de constater qu’en matière de cancers évitables c’est surtout la première stratégie qui est le plus largement mobilisée par les pouvoirs publics. Arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool, manger plus équilibré sont les messages les plus diffusés pour diminuer les trois principaux facteurs de risque identifiés à ce jour.
    On connaît pourtant les limites de cette approche. Quelle est la portée du message « bien manger, bien bouger » du ministère de la santé et de la prévention quand il s’inscrit en petites lettres au pied d’images publicitaires vantant les qualités gustatives d’aliments ultratransformés dont on sait qu’ils augmentent les risques d’obésité et de cancer ?
    Est-il vraiment surprenant de constater un doublement du nombre de personnes obèses en vingt-cinq ans quand les gouvernements successifs ont été aussi peu enclins à réglementer l’offre industrielle en aliments obésogènes ? Les consommateurs sont avertis, mais cela exonère-t-il les pouvoirs publics de leurs responsabilités ? On peut le craindre en entendant les propos tenus par le président de la République, déclarant le 4 février 2021 que « 40 % des cancers pourraient être évités par des comportements plus vertueux ».

    L’importance des cancers professionnels
    Aussi vertueux que vous soyez, comment éviterez-vous d’être exposés à la pollution de l’air, de l’eau et des sols à l’origine de 10 % des cancers en Europe ? Comment vous protégerez-vous contre la dissémination des perturbateurs endocriniens et des polluants organiques persistants ? Faut-il rappeler le niveau alarmant de contamination par des molécules chimiques indestructibles appelées polyfluoroalkylés (PFAS) – révélé le 23 février par Le Monde et le « Forever Pollution Project » –, dont certaines cancérigènes probables, avec près de 1 000 sites pollués répertoriés sur notre territoire ? Que dire de l’exposition généralisée des Français aux pesticides ?

    L’autre sujet occulté par l’appel aux qualités morales individuelles est celui des cancers professionnels. Plus de 11 % des salariés dont 34 % des ouvriers qualifiés sont exposés à au moins une substance reconnue comme cancérigène dans le cadre de leur travail. Environ 4 % des cancers seraient d’origine professionnelle, un chiffre certainement sous-estimé car la contribution de seulement un cinquième des cancérigènes certains a pu être étudiée par les épidémiologistes faute de données robustes.

    Les cancers professionnels constituent la première cause de mortalité due au travail en Europe. Serait-ce, là aussi, une question de vertu et de prévention individuelle ? Nous serions en droit d’attendre que les pouvoirs publics affirment par leurs arbitrages la primauté de la santé publique sur la profitabilité des industries chimique, phytosanitaire et agroalimentaire.

    L’environnement le grand impensé du plan cancer
    Or, l’histoire du combat contre le tabac, l’amiante ou le chlordécone a montré la puissance et l’efficacité des lobbies industriels pour fabriquer du doute sur la validité des données scientifiques et obtenir des gouvernements qu’ils repoussent l’interdiction des produits toxiques qu’ils commercialisent.
    Le cas des nitrites, ces additifs alimentaires utilisés en charcuterie et qui, selon une publication de 2018 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) provoqueraient chaque année en France 3 880 cancers du côlon et 500 cancers de l’estomac, est un exemple de plus d’un choix politique permissif aux intérêts économiques d’une filière industrielle. Il n’est, en effet, plus question de bannir ces composés comme le prévoyait la proposition de loi déposée en décembre 2021 par le député (MoDem) Richard Ramos, mais d’appeler les citoyens à limiter leur consommation de charcuterie tout en évoluant vers une baisse des doses maximales utilisables.

    L’un des objectifs prioritaires de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers (2021-2030) dont s’est doté notre pays est de réduire de 60 000 cas le nombre de cancers évitables annuels d’ici à 2040. Pour atteindre ce but ambitieux, ce plan recense une série de dispositifs incitatifs pour favoriser les changements de comportement individuels, en priorité vis-à-vis du tabac, de l’alcool et des modes de vie obésogènes. Cependant, comme le soulignait une chronique de Stéphane Foucart dans Le Monde du 28 février 2021, « l’environnement est le grand impensé de ce plan cancer ».

    Classes sociales et cancer
    Car s’il existe bien des actions prévues pour agir sur les facteurs de risque environnementaux et les cancers professionnels, elles seront inefficaces si elles ne s’accompagnent pas d’une intervention résolue de la puissance publique à l’échelle nationale, mais aussi européenne, pour taxer, limiter et surtout interdire des substances qui sont aussi pathogènes que rentables.

    La lutte contre ce fléau passe aussi par la réduction des inégalités sociales de santé puisque le cancer tue deux à trois fois plus les ouvrières et les ouvriers que celles et ceux appartenant à des classes sociales plus favorisées.
    En matière de cancer, une politique de santé publique réellement responsable doit s’appuyer sur deux jambes pour être efficace : une politique préventive visant à informer la population et une politique de réglementation stricte et de suppression des produits industriels cancérigènes. C’est à cette aune que devra être mesurée la détermination du gouvernement à lutter contre les cancers évitables.

    Les signataires de la tribune : Marc Billaud, directeur de recherche, CNRS ; Marie Castets, chargée de recherche, Inserm, responsable de l’équipe « Mort cellulaire & Cancers pédiatriques » ; Pierre Sujobert, hématologue, professeur des universités et praticien hospitalier ; Alain Trautmann, directeur de recherche émérite en immunologie, CNRS.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/29/prevenir-les-cancers-implique-de-taxer-limiter-et-surtout-interdire-des-subs

    #cancer #pathogènes #cancers_évitables #santé_publique #travail

  • Article vieux d’un mois mais je n’en trouve pas trace avec le moteur de recherche interne.
    Tout pleins de lien vers d’autres articles et études (au moins les abstracts).

    Partout dans le monde, la résilience des systèmes de santé affaiblie par les réformes néolibérales.
    Les systèmes de santé sont avant tout des systèmes sociaux. La manière dont ils fonctionnent aujourd’hui s’inscrit dans une histoire politique nationale mais aussi dans la diffusion d’idées et de croyances à l’échelle internationale concernant la manière dont ils devraient être organisés. Or, depuis plusieurs décennies, en de nombreux lieux de la planète, ce sont les idées néolibérales qui ont le vent en poupe et qui ont inspiré les réformes des systèmes de santé.

    Un débat organisé par la revue internationale Social Science & Medicine a notamment permis de mettre en exergue les effets qu’ont eus les réformes néolibérales des systèmes de santé sur la résilience de ceux-ci, c’est-à-dire sur leur capacité à s’adapter aux chocs auxquelles ils sont exposés.

    Les crises récentes, à commencer par la pandémie de Covid-19, ont mis à rude épreuve cette résilience, déjà mise à mal par les réformes des années précédentes.

    https://theconversation.com/partout-dans-le-monde-la-resilience-des-systemes-de-sante-affaiblie

  • [Psylence Radio] Des médias qui donnent la voix !
    https://www.radiopanik.org/emissions/psylence-radio/des-medias-qui-donnent-la-voix

    Aujourd’hui Psylence s’interesse aux médias qui donnent la voix, et plus précisément au format « papier ».

    Notre invitée du soir est Margot Comblen de l’asbl #psytoyen qui distribue justement un journal trimestriel destiné aux usagers en #santé_mentale mais pas que.

    Nos chroniqueuses et chroniqueurs vous ont également concocté un agenda de l’été qui regorge de bons plans pour ne pas rester isolés.

    Bonne écoute

    #presse_écrite #santé_mentale,presse_écrite,psytoyen
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/psylence-radio/des-medias-qui-donnent-la-voix_16246__1.mp3

  • Un long fil [de @Themislv_vls] sur les différentes prises de positions de B. STIEGLER ces dernières années, « puisque certains semblent étonnés du partage de ce tweet antisémite »
    https://threadreaderapp.com/thread/1678894070767206407.html

    (...) dès le 22 octobre 2020, en réponse à l’éditorial de Horton, Emily Mendenhall, à l’origine [du concept de syndémie],

    https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32218-2/fulltext
    🧵explique qu’il est erroné de qualifier le COVID-19 de "syndémie" de façon générale, que le contexte compte et qu’une telle erreur passe complètement à côté de l’intérêt même du concept.
    🧵E. Mendenhall explique ainsi que “la syndémie nous permet de reconnaître comment les facteurs politiques et sociaux favorisent, perpétuent ou aggravent l’émergence et le regroupement des maladies”, citant la Nouvelle Zélande où le leadership politique en réponse à la crise
    🧵a été exemplaire, de telle sorte que le Covid n’y est pas syndémique.
    Le concept n’est donc en aucun cas utilisé pour nier la réalité de la pandémie ni la nécessité d’une prévention.


    cet excellent fil recense les trucages de cette bonimenteuse et bon nombre des membres cultivés des sections d’assaut de l’obscurantisme. n’hésitons pas à le communiquer aux gens de gauche, syndicalistes, révolutionnaires éventuellement intéressés par cette extension de la gauche de droite. ping @rezo

    edit en plus d’inspirer les orientations de LFI, Stiegler siège au comité de surveillance de l’#ARS Aquitaine et est vice-présidente du comité d’#éthique du #CHU de Bordeaux
    .

    #toctoc #pandémie #mensonge #obscurantisme_cultivé #santé_publique #philosophie #Barbara_Stiegler #confusionisme #GBD #protection_ciblée #syndémie (dévoyée) #enfants #minimisers #prévention #Alt_Right #covid_19 #gauche #gauchededroite #antivax #Aude_Lancelin

    • La perspective de B. Stiegler et F. Alla, appliquée au Covid19, combine à la fois une conception particulière de la santé publique et de la prévention, une négligence des droits fondamentaux à la vie et à la santé et une ignorance de l’état des connaissances scientifiques.
      Tout cela participe à l’adoption de positions contraires à l’éthique et à une dérive frôlant l’eugénisme.
      […]
      Enfermée dans un cadre d’analyse bancale rejetant la prévention réduite à un acte médical quand elle relève avant tout de la santé publique, collective, enfermée dans un cadre ouvrant la voie aux idées délétères, contraires à l’éthique, validistes et frôlant l’eugénisme, B. Stiegler continue donc d’ignorer les victimes d’un néolibéralisme qui a porté l’absence de prévention au rang de normes pour la préservation des profits, quoi qu’il en coûte pour la population.
      […]
      On peut sérieusement se demander, et avec inquiétude, pourquoi cette philosophe enfermée dans son récit, étanche à l’éthique et aux faits, tenant un discours si délétère, est encore associée aux luttes de la gauche et aux institutions & autorités sanitaires.

    • tenant un discours si délétère, est encore associée aux luttes de la gauche

      Parce qu’à « gauche » il y a un paquet de gens qui ont les mêmes opinions moisies que cette « philosophe » et qui sont bien contents d’intellectualiser leur connerie en citant Stiegler.

    • Trois ans déjà. L’un des effets politiques parmi les plus décisifs de la pandémie, c’est d’avoir conduit à l’émergence d’une nouvelle gauche de droite. Non gouvernementale cette fois, elle s’est créée « par le bas ». Ce qui la rend autrement dangereuse. Pour ma part, c’est par elle que l’irrespirable domine.
      « Critique » du « système » elle est excrément - le correcteur m’a suggéré un lapsus signifiant, je le garde ! - [extrêmement] composite, elle inclue tout aussi bien politiciens et gauchistes extra-parlementaires, écologistes qu’anarchistes, intellectuels et Gilets jaunes, insiders et outsiders. Terreau d’une fascisation qui n’en porte pas le nom, on la voit et la rencontre partout.
      Headshot. Le taf de snipper réalisé par @Themislv_vls suffira pas. Mais on peut imaginer que d’autres s’en saisiront, pour déciller, pour réouvrir à une position critique, une pensée et des actes qui ne reposeraient pas sur la falsification, la confusion plus ou moins délibérée.

  • Projet d’hôpital Grand Paris-Nord : la déclaration d’utilité publique annulée par le tribunal administratif
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2023/07/10/projet-d-hopital-grand-paris-nord-la-declaration-d-utilite-publique-annulee-

    « L’opération, dont la configuration ne permet pas des évolutions futures, conduisait à une diminution non compensée de l’offre de soins dans un territoire souffrant déjà d’importantes inégalités de santé », écrit le tribunal dans un communiqué de presse, suivant l’avis du rapporteur public rendu fin juin.
    « Le tribunal a relevé que l’opération conduisait à diminuer, à périmètre constant, le nombre de #lits_d’hospitalisation de 1 131 à 941, le nombre de places en #ambulatoire de 207 à 173 et le nombre de naissances pouvant être accueillies de 3 238 à 2 000 », précisent les juges.
    D’un coût estimé de 1,3 milliard d’euros, ce projet d’envergure porté par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (#AP-HP) et l’université Paris Cité doit remplacer les actuels hôpitaux Bichat à Paris et Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine).

    Couvrant le nord de Paris, une partie des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis, il doit également abriter des activités d’enseignement et de recherche. Pour être validé, un nouveau projet remanié doit être présenté, ce qui donnerait lieu à une nouvelle déclaration d’utilité publique.

    La justice administrative était saisie d’un recours de riverains et de syndicats de soignants qui estiment l’hôpital Grand Paris-Nord sous-dimensionné par rapport aux besoins de santé de la zone couverte, appelée à connaître une croissance démographique.

    on sait décidément investir dans l’austérité, la fabrication de la rareté

    #santé_publique #hôpital

  • Communiqué de la FNCS : L’AME n’est pas un instrument de politique migratoire

    https://syndicat-smg.fr/communique-de-la-fncs-l-ame-n-est-pas-un-instrument-de-politique-migrat

    Publié le mardi 4 juillet 2023, par Fédération nationale des centres de santé FNCS

    Le SMG s’associe complètement aux propos de la FNCS tenus dans ce communiqué de presse. L’accès aux soins doit être garanti pour chacun·e, quelle que soit sa situation personnelle, administrative ou économique.

    Fédération Nationale des Centres de Santé : L’AME n’est pas un instrument de politique migratoire

    Restreindre l’AME : un non-sens en termes de santé publique et économique

    Un projet de loi sur l’immigration est actuellement discuté. Il pourrait faire disparaitre l’AME (Aide médicale d’état) au profit uniquement d’une prise en charge des « soins urgents ». Cela permettrait, soi-disant, une économie de 350 millions d’euros.

    L’accès aux soins et à la prévention sont des droits pour toutes et tous quel que soit son statut.
    Soumis à des polémiques récurrentes, l’aide médicale d’Etat répond à cet objectif public et sanitaire comme l’indique le rapport Igas [1]. Elle assure aux étrangers en situation irrégulière le droit fondamental d’être soignés et de rester en bonne santé. Elle permet aussi de protéger toute la population contre les maladies transmissibles non repérées à temps. (…)

    #AME #soins

  • Health bosses warn of heart disease emergency in England | Heart disease | The Guardian
    https://www.theguardian.com/society/2023/jun/22/health-bosses-warn-of-heart-disease-emergency-in-england

    “Covid-19 no longer fully explains the significant numbers of excess deaths involving cardiovascular disease,” said Dr Sonya Babu-Narayan, a consultant cardiologist and associate medical director at the BHF. “Other major factors are likely contributing, including the extreme and unrelenting pressure on the NHS over the last few years.

    #précarité #santé #santé_publique #Angleterre

  • Burn-out : comment le salariat nous crame
    https://www.frustrationmagazine.fr/burn-out

    Le burn-out, ou épuisement professionnel, est une maladie professionnelle non reconnue qui fait des ravages à mesure que les conditions de travail se dégradent. En France, les troubles psychologiques constituent le premier motif des arrêts longs (plus de 30 jours) et les arrêts longs pour trouble psychologique ont été multipliés par deux en l’espace de […]

  • Avant qu’il ne passe à l’acte, l’errance du réfugié syrien à #Annecy

    L’assaillant de l’#attaque au couteau d’Annecy a été mis en examen pour « tentatives d’assassinats » et « rébellion avec armes ». Pour l’heure, ses motivations restent sans explication. Depuis quelques mois, ce réfugié syrien chrétien venu de Suède passait ses nuits dans une rue du centre-ville et ses journées près du lac. De nombreux témoins décrivent un homme marginalisé, « calme » et « discret ».

    Les caméras des chaînes de télévision ont défilé, au lendemain du drame, rue Royale à Annecy, attirant les regards des curieux venus se promener ou faire des achats. C’est ici, sous le porche d’un immeuble situé entre deux magasins de vêtements, que l’assaillant de l’attaque au couteau ayant blessé six personnes, dont quatre enfants en bas âge, jeudi au Pâquier, avait ses habitudes à la nuit tombée. Le jour de l’attaque, les forces de l’ordre sont venues en nombre pour interroger les commerçant·es et habitant·es du secteur.

    « On le voyait tous les soirs et il avait ses rituels, il venait à 19 heures à la fermeture », confie le responsable d’un magasin situé en face de l’immeuble. L’homme se couchait sur des cartons et disposait d’un sac de couchage, poursuit-il, mettait ses écouteurs dans les oreilles avant de s’endormir, assez tôt. Le commerçant se dit encore « choqué » de savoir qu’il a pu commettre une telle horreur la veille. « Il était très propre. Je n’ai jamais remarqué un comportement étrange. Je me suis demandé plusieurs fois comment il en était arrivé là car il avait l’air jeune. »

    En fin de matinée, Paul*, un habitant de l’immeuble, peine toujours à croire que le sans-abri de 32 ans qui dormait en bas de chez lui et avec lequel il avait des « échanges cordiaux » ait pu commettre l’innommable. Alors qu’il rentre à son domicile, il raconte l’avoir vu chaque soir sous ce porche, depuis l’hiver dernier. Il décrit un homme « assez poli et très discret », solitaire, souvent sur son téléphone. « Il était respectueux, ne laissait pas ses affaires traîner et gardait l’endroit propre. Je ne l’ai jamais vu alcoolisé ou drogué, il ne montrait aucun signe religieux. »

    Lorsqu’il lui arrivait de ressortir après 19 h 30 ou 20 heures, le réfugié syrien dormait déjà. « [Le matin], je pense qu’il partait assez tôt car il n’était plus là quand je partais au boulot. » Constatant qu’il ne venait là que pour dormir, Paul était persuadé qu’il était en parcours d’insertion, voire qu’il travaillait. « Il s’entretenait, aussi. Il se brossait les dents et recrachait l’eau dans la bouche d’égouts, se coupait les ongles… » Parmi tous les sans-abris présents dans le quartier, lui était « celui qui ne faisait pas de bruit ». Son acte en est d’autant plus incompréhensible. « On est complètement sous le choc, c’est glaçant », confie-t-il en précisant avoir un petit enfant.
    Repéré par de nombreux habitants

    L’un des voisins de Paul a tenté de créer du lien avec le réfugié syrien chrétien venu de Suède. Il savait qu’il avait une famille là-bas. « On savait qu’il était en demande d’asile. Mais si on laisse les gens sept mois à la rue, si on ne s’en occupe pas, c’est une machine à drames… Surtout pour des personnes ayant un passé en Syrie, qui viennent potentiellement avec des traumatismes », estime Paul sans pour autant justifier l’acte de l’assaillant.

    Thierry, un habitant d’Annecy, partage lui aussi son incompréhension face à l’horreur. Son père avait repéré l’homme depuis une dizaine de jours, sur le secteur du Pâquier en journée, tout comme les patrons de location de pédalos situés au bord du lac ou les vendeurs de glaces postés près du pont des Amours. « Mon père est cycliste et emprunte ce trajet un jour sur deux, il l’a vu à chaque fois. Il était assis sur un banc avec son sac, il regardait en direction du lac. Il se lavait dans le lac. » Encore en état de choc, ce dernier a préféré ne pas témoigner.

    Il aurait éprouvé une forme de culpabilité à n’avoir pas agi. Mais pour quoi faire ? Signaler un homme dont le comportement n’était pas problématique ? « Il s’est posé beaucoup de questions, s’étonnant d’être parfois arrêté et contrôlé à vélo et lui pas. » La folie humaine ne doit pas « nous diviser », ajoute Thierry, et un acte comme celui-ci ne doit pas remettre en cause « notre accueil des réfugiés ». Il suggère la création d’une brigade spécialisée au sein de la police municipale, qui serait chargée des personnes en situation de rue et irait à leur rencontre.

    « On ne peut pas attendre que ces gens viennent à nous puisqu’ils sont isolés. Leur état psychologique fait parfois qu’ils se replient sur eux-mêmes. Il faut des capacités d’écoute pour créer du lien », dit encore Thierry. Une tendance que confirme Bertrand de Fleurian, délégué départemental de l’Ordre de Malte et chef de maraudes à Annecy, qui a lui aussi repéré l’homme syrien lors de distributions au centre-ville. Ce dernier ne figurait pas parmi leurs « habitués », mais une aide lui avait été proposée lors de différentes maraudes.

    « Il ne voulait jamais rien, il répondait de manière calme et polie le soir bien qu’il dormait parfois. » Certains refusent le contact, soit parce qu’il y a un problème « psy », soit parce qu’ils reçoivent déjà de l’aide en journée. « Dans ces cas-là, poursuit Bertrand, on n’insiste pas, on repasse le lendemain. » A-t-il été pris par un coup de folie ?, s’interroge-t-il. « On pouvait difficilement s’attendre à un tel acte venant de ce profil. » D’autres associations venant en aide aux sans-abris, comme les Suspendus d’Annecy, n’ont pas croisé sa route.
    Précarité matérielle et déclassement social

    Pour l’heure, les raisons et la motivation de la terrible attaque de jeudi matin restent sans explication. Alors que sa garde à vue s’achevait samedi 10 juin, le réfugié syrien a été mis en examen pour « tentatives d’assassinats » et « rébellion avec armes » après avoir été déféré devant deux juges d’instruction, a annoncé la procureure de la République, Line Bonnet-Mathis. L’homme, qui a également été présenté à un juge des libertés et de la détention samedi matin, a été placé en détention provisoire.

    La garde à vue du réfugié syrien n’a pas permis d’en savoir davantage sur son mobile, l’intéressé se montrant très agité et peu coopératif avec les enquêteurs. On en sait toutefois un peu plus sur son parcours depuis le dépôt de sa demande d’asile en France, en novembre 2022.

    Reconnu réfugié en Suède depuis dix ans, où il a une femme et un enfant, il aurait quitté le pays après avoir essuyé deux refus pour une demande de naturalisation. Libre de circuler dans l’espace Schengen, il serait passé par l’Italie et la Suisse avant de gagner la France, et aurait déposé une nouvelle demande d’asile à Grenoble, bien qu’on en ignore encore le motif. « Il y a un côté un peu bizarre » à cela, a souligné le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, sur BFMTV. Le 4 juin, sa demande a été jugée irrecevable.

    Karine Gatelier, anthropologue chargée d’action recherche dans l’association Modus Operandi (Modop), tente de « comprendre pourquoi, à un moment donné, des personnes se saisissent de [la] violence ». Elle envisage qu’après dix ans en Suède, l’assaillant ait pu ensuite être projeté dans une précarité matérielle et un déclassement social très forts. Un phénomène courant pour les demandeurs et demandeuses d’asile.

    « On leur réserve une certaine misère », analyse celle qui est aussi bénévole auprès de l’association Accueil demandeurs d’asile (ADA) à Grenoble. « Cette misère ne correspond pas à la vie qu’ils et elles avaient au pays. On observe depuis plusieurs années que la santé mentale des personnes en demande d’asile se dégrade, des rapports d’associations en témoignent. Et le suivi est très insuffisant. »

    Non-hébergement, interdiction de travail, perte d’autonomie, allocation pour demandeur d’asile en deçà du seuil de pauvreté qui n’est pas toujours versée… Même avec une prise en charge, de nombreux acteurs pointent souvent une forme de « contrôle social », qui limite les mouvements et la prise de décision des demandeurs d’asile.

    Pour Nicolas*, un travailleur social dans la demande d’asile, les réfugiés survivent parfois à la rue après avoir vécu la route de l’exil, les violences physiques et sexuelles, la torture ou l’esclavagisme, charriant des séquelles non soignées, et font un « grand plongeon dans la précarité », confrontés à un système administratif particulièrement complexe. « On peut voir des cas de dépression chronique ou de décompensation. »

    Que la réponse à leur demande de protection soit positive ou négative, les réactions peuvent varier : « Je compare souvent ça à un examen, avec un enjeu encore plus fort. Après avoir tout donné, le corps relâche et n’a plus d’énergie. Et s’il y a des fragilités psychiques chez quelqu’un, c’est là qu’elles s’expriment. » En cas de rejet, détaille-t-il, il peut y avoir beaucoup d’incompréhension, un fort sentiment de rejet, un gros passage à vide ou une remise en question du parcours.

    Dans le cas du réfugié syrien ayant commis l’attaque au couteau, Nicolas estime que les mois passés en situation de rue ont pu avoir une incidence sur son état physique et mental. « Il n’est jamais rentré dans le dispositif national d’accueil, ce qui montre un déficit lié au nombre de places d’hébergement. Les hommes isolés sont davantage laissés à la rue. » Selon la mère de l’assaillant, qui s’est confiée à l’AFP, celui-ci souffrait d’une « grave dépression » et ses échecs pour obtenir un passeport suédois avaient aggravé son état. Au moment du drame, il n’était « ni sous l’emprise de stupéfiant ni sous l’emprise d’alcool », a indiqué la procureure d’Annecy.

    Cela étant dit, tous ceux qui obtiennent un hébergement n’iront pas « forcément bien », poursuit Nicolas. « Ça reste un élément favorisant pour qu’ils aillent mieux. Mais le morcellement du parcours, la pression du système d’asile, la rupture avec la communauté de vie ou la non-prise en compte de besoins essentiels sont autant de facteurs qui peuvent jouer. » Cela pourrait être le cas, songe-t-il, du réfugié soudanais ayant tué deux personnes en avril 2020 lors d’un attentat à Romans-sur-Isère – le mobile terroriste avait été retenu. « Il allait bien jusqu’à ce qu’il se retrouve isolé, loin de ses amis. Il voulait aussi que sa femme puisse le rejoindre mais la procédure était trop longue. »
    D’autres exilés en situation d’errance à Annecy

    Vendredi après-midi, avenue du Stand à Annecy, un groupe de quatre jeunes Afghans patientent devant les bureaux de la Structure de premier accueil des demandeurs d’asile (Spada), gérée par la Fédération des œuvres laïques, mandatée par l’État pour cette mission. Les portes restent closes et pourtant, personne ne bouge. Ils disent avoir appris à « attendre » ; ce mot qui revient sans cesse lorsqu’ils réclament leur droit à l’hébergement ou l’état d’avancement de leur dossier.

    Depuis jeudi et l’attaque au couteau, ils sont inquiets. « Ce qu’il a fait est si terrible, on a peur que les gens n’aiment plus les réfugiés à cause de ça. De tels actes vont rendre la vie des immigrés très difficile en France », soupire l’un d’eux. À 28 ans et après avoir fui l’Afghanistan, il reconnaît du bout des lèvres survivre dans la rue, dormant dans les parcs ou la gare à la nuit tombée. « Que peut-on faire ? » Sa demande d’asile est toujours en cours.

    « Moi, c’est pareil », lâche son voisin, honteux, plongeant ses grands yeux verts dans le vide. Un troisième a vu sa demande d’asile définitivement rejetée. « Pas de logement, pas de travail, pas d’allocation, pas de papiers », résume-t-il.

    Non loin de là, en fin d’après-midi, Erwin, Junior et leurs amis tuent le temps, près de leur tente, en face du canal. Ils auraient préféré, disent-ils, que l’assaillant vienne les attaquer eux plutôt que les enfants. « C’est une grande faiblesse de s’en prendre à des gamins. On ne cautionne pas ça. »

    La veille, une bénévole du quartier est venue les prévenir que des groupes d’extrême droite se réuniraient à Annecy dans la soirée. « Donc on dort dans notre tente la nuit et ils peuvent venir nous faire du mal, juste parce qu’ils généralisent et qu’ils sont racistes », déplore Erwin. L’un de leurs amis, qui se surnomme Tupac, déboule complètement ivre.

    « Tous les jeunes isolés ici deviennent des légumes parce que les autorités refusent de les aider », commente son voisin, originaire de Seine-Saint-Denis, qui a tout perdu après un divorce. « Aujourd’hui, quelqu’un arrive et va bien, demain il rigole tout seul dans la rue. » Pour Junior, ancien mineur non accompagné pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance qui leur rend visite régulièrement, les gens « pètent un câble » parce qu’ils sacrifient tout ce qu’ils ont pour fuir leur pays. « Ils viennent en Europe et espèrent y avoir une certaine vie, mais ils se retrouvent à la rue, sans travail. Ils ne s’attendent pas à ça. »

    Ilham, une ancienne bénévole de la Ligue des droits de l’homme (LDH) d’Annecy, confirme que « de nombreuses personnes » sont en situation d’errance dans la ville, y compris des femmes avec enfants contraintes de vivre dans la rue. Elle est le contact de référence pour les demandeurs et demandeuses d’asile et réfugié·es, et bien qu’elle ait cessé ses activités auprès de la LDH, beaucoup de jeunes continuent de l’appeler en cas d’ennui. Elle confirme un déficit de places d’hébergement et de prise en charge pour ce public.

    Près de la gare en fin de journée, des réfugiés soudanais et érythréens partagent le même sentiment. Arrivé à Paris en 2018, Muhammad* a vécu dans la rue avant d’être réorienté par la préfecture vers la Haute-Savoie. Il explique avoir dû affronter le racisme. « Je demandais aux gens en anglais de m’aider, ils s’éloignaient de moi comme s’ils avaient peur. Leur chien avait plus de valeur que moi. »

    Il rencontre une assistante sociale qui mélange les papiers des uns et des autres parce qu’elle les confond. « J’ai mis quatre ans à avoir mes papiers. Et dès le départ, ils ont fait une erreur sur mon âge, me donnant dix ans de moins, ce qui m’a posé des problèmes pour tout. »

    Mais surtout, il désespère de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa femme et de son fils coincés en Égypte, faute d’autorisation de travail jusqu’à l’obtention de son statut de réfugié. « Ça m’a rongé l’esprit. Tu ajoutes à ça le stress et le racisme, il y a de quoi te rendre fou. » Il dit avoir appris le français seul – « qu’est-ce qu’on peut faire avec 50 heures dispensées par l’Office français de l’immigration et de l’intégration ? » – et travailler là où il le peut : BTP, peinture, restauration… Aujourd’hui, le trentenaire fait aussi du bénévolat auprès de la LDH et d’une association qui vient en aide aux personnes âgées.

    Repenser à tout ce qu’il a traversé lui « serre le cœur », dit-il en arabe. Il espère pouvoir avancer sereinement, mais ne cache pas cette forme de ressentiment à l’égard d’un État qui a tout fait pour lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenue. « On est venus légalement ici. Il y a des lois. S’ils ne veulent plus de ces lois, qu’ils les retirent, et on partira. »

    Muhammad dit avoir tout quitté – une belle villa, un hôtel dont il était propriétaire, un travail et des proches – pour fuir un dictateur et recouvrer la liberté qu’il chérissait tant. « Liberté, égalité, fraternité ; c’est uniquement sur le papier », regrette-t-il. Il ignore pourquoi l’auteur de l’attaque au couteau a agi ainsi. Lui et ses amis ne l’avaient jamais croisé. Mais, insiste-t-il, « il faut s’occuper des gens ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/100623/avant-qu-il-ne-passe-l-acte-l-errance-du-refugie-syrien-annecy

    #réfugiés #asile #migrations #marginalisation #précarisation #SDF #migrerrance #attaque_au_couteau #déclassement_social #précarité_matérielle #violence #misère #santé_mentale

    • Drame d’Annecy : une ville face au venin de la #xénophobie

      L’attaque de six personnes, dont quatre enfants, par un réfugié syrien à Annecy a libéré la parole raciste. Ciblée, la Ligue des droits de l’homme est contrainte d’annuler son prochain événement. Le maire écologiste #François_Astorg, également menacé parce que métis, annonce à Mediapart qu’il a porté plainte.

      Trois jours après le drame, Annecy a vécu, dimanche 11 juin, son moment « cathartique », résume son maire écologiste François Astorg. À l’appel de la municipalité, plusieurs milliers de personnes, dont beaucoup de familles, se sont rassemblées dans le calme sur l’esplanade du Pâquier, à quelques encablures du parc de jeu où un réfugié syrien de 31 ans, qui vivait seul et dans la rue depuis plusieurs mois, a blessé six personnes le 8 juin.

      Ses victimes – quatre enfants en bas âge et deux septuagénaires, de quatre nationalités différentes – sont toujours hospitalisées, mais leur pronostic vital n’est plus engagé. L’assaillant, qui n’a fourni aucune explication à son geste à ce jour, a lui été mis en examen samedi pour « tentatives d’assassinat » et « rébellion avec armes », et placé en détention provisoire.

      « On avait besoin de se retrouver, de mettre les mots sur ce qui s’est passé, de se parler, et aussi d’affirmer la ligne dans laquelle on compte avancer demain », synthétise François Astorg, après avoir proclamé un discours sobre et fortement applaudi. Sur scène, le maire était entouré de représentants des autorités civiles et militaires, mais aussi de personnels municipaux et d’anonymes intervenus sur les lieux du drame.

      Après avoir dénoncé la « barbarie » et la « lâcheté » de l’acte « inqualifiable » commis jeudi, l’élu s’est adressé à la foule : « Votre inquiétude, je la ressens, je la partage […], mais il n’y a pas d’autre réponse que la #communion, la #solidarité et l’#espoir. Pas d’autre choix que de bâtir plutôt qu’haïr. » Il a aussi invité la population à ce que la « vie reprenne ses droits ». Le festival international du film d’animation, événement culturel majeur dont la séance inaugurale a été décalée de quelques heures, va justement ouvrir ses portes dès lundi sur le site du Pâquier.

      Depuis jeudi, la ville était suspendue au sort des victimes, dont l’état de santé s’est amélioré au fil des jours, mais aussi imprégnée d’une atmosphère inhabituelle dans cet écrin calme et bourgeois de 135 000 habitant·es. François Astorg lui-même, élu en 2020 à la tête d’une alliance baroque entre Europe Écologie-Les Verts (EELV) et La République en marche (LREM), a été la cible d’attaques racistes auxquelles il n’avait jamais été confronté depuis son accession à la mairie.

      La raison ? Il est métis – sa mère est sénégalaise – et défend des positions – pourtant consensuelles – rappelant qu’Annecy est une terre d’accueil. Suffisant pour déchaîner la fachosphère, qui l’insulte et l’intimide massivement depuis trois jours. « J’ai vu ces attaques, mais le plus dur, cela reste ce qu’il s’est passé avec les enfants. D’avoir vu ces gamins dans le parc … Ça, c’est le plus prenant », recentre François Astorg, encore ému par la scène à laquelle il a été confronté en se rendant sur place juste après l’attaque.

      Le maire s’avoue toutefois « dégoûté » par les menaces qu’il reçoit depuis. « Je ne vais pas dire que j’ai l’habitude du racisme, mais quand même… Cela me rappelle quand j’étais à Paris, pendant les années Pasqua », ajoute l’élu, né il y a soixante-deux ans en Seine-Saint-Denis. Craignant une agression physique, il a porté plainte contre plusieurs auteurs de menaces en ligne. « La police a ouvert une enquête. » Sa fille est aussi été injuriée sur les réseaux sociaux. « Ma fille, ça, ça me… », lâche François Astorg, la gorge nouée, sans finir sa phrase.

      La présidente de l’agglomération violemment prise à partie

      Les attaques contre le maire et sa famille ont provoqué des débats, jusqu’au sein de sa propre majorité municipale. Faut-il y répondre à chaud, au risque d’amplifier les menaces ? Ou alors passer à autre chose, au risque de les banaliser ?

      La présidente de l’agglomération, l’ancienne députée LREM Frédérique Lardet, alliée de François Astorg, admet s’interroger sur le sujet. « On sait qu’il y a un soutien en interne, il n’y a pas de sujet là-dessus. Mais on s’est posé la question vendredi soir de ce qu’il fallait faire publiquement, en se disant qu’il fallait aussi faire attention aux réseaux sociaux, à ne pas justement alimenter les propos racistes », indique-t-elle à Mediapart.

      Elle aussi a d’ailleurs été violemment prise à partie après l’attaque. Son tort ? Avoir annoncé qu’il s’agissait d’un « acte isolé », et être une femme. « J’ai immédiatement reçu des tas d’insultes, témoigne-t-elle. Des “grosse salope”, “grosse pute”. Mon collaborateur m’a dit : “Il faut retirer le message [sur ses réseaux sociaux]”. Je lui ai répondu : “Non, ce qu’il faut retirer, ce sont les insultes.” » Depuis, l’élue dit faire « très attention à [elle] » : « Je regarde autour de moi, je vérifie que je ferme bien la porte chez moi. Cela ne m’était jamais arrivé avant, même quand j’étais députée. Je n’avais jamais eu peur. »

      Frédérique Lardet, « Annécienne pure souche » de 56 ans, reconnaît aussi avoir beaucoup hésité à intervenir dans les médias après l’attaque. « Pour moi, c’était trop intrusif, et j’avais peur que l’on pense que je voulais utiliser la situation à mon profit. » Mais rapidement, « on m’a donné un coup de pied aux fesses », indique la présidente de l’agglomération : « Il y avait une dissonance complète entre ce que l’on vivait et ce brouhaha dans les médias et sur les réseaux sociaux, avec des partis politiques qui dès la première heure se sont jetés comme des corbeaux sur ce drame. »

      « Je me suis dit que mon rôle était de remettre les choses en place », précise encore Frédérique Lardet. Depuis, la présidente de l’agglomération reconnaît être « perdue » face à un drame pour lequel elle estime qu’il est à ce stade complexe de tirer des conclusions. « En tant qu’élus, on n’a pas toujours les réponses non plus, justifie-t-elle. Je sais bien que ce n’est pas toujours entendable pour pas mal de personnes, mais c’est la réalité. »

      Les besoins de réponse simple et immédiate, associé à un discours de haine, Sabine*, Annécienne de 31 ans, en a été témoin dès les premiers moments après l’annonce du drame. Cette travailleuse sociale, qui effectuait des maraudes auprès de réfugié·es isolé·es il y a quelques années, se trouvait dans un bus de la ville quand l’information a commencé à circuler.

      « Il y avait plein d’ados qui regardaient les vidéos. Et au milieu, des adultes qui ne se connaissaient pas mais qui disaient fort : “Jusqu’où ça va aller ?!’’, “Jusqu’où on va les laisser ?!” » Un autre élément l’a stupéfaite : « On ne savait pas que le gars n’était pas musulman, mais dans les discussions, il l’était forcément. C’était automatique, on ne se pose même pas la question. » Sabine observe alors la scène : « Je me suis dit : “Là, maintenant, dans ce bus, on est en train de créer du racisme de toutes pièces…” »

      Deux heures plus tard, elle se retrouve dans une salle d’attente d’un cabinet médical. « Deux femmes, la soixantaine, partent dans un monologue sur l’immigration et sur le fait que le réfugié n’avait rien à faire là… J’ai eu beau dire que ça n’avait rien à voir, elles n’ont pas compris, elles ne s’imaginaient même pas que je ne puisse pas être d’accord. »

      D’après Sabine, « personne ne [lui] aurait parlé comme ça avant ». Ces dernières années, avec l’élection d’un écologiste dans un territoire historiquement à droite, elle « avai[t] même l’impression qu’on prenait le chemin inverse ici, d’autant que c’est une ville avec une grande mixité ». « Là, une brèche a été ouverte, je pense que ça va être très compliqué ensuite », craint-elle, en anticipant des conséquences néfastes pour les réfugié·es.

      Cette inquiétude est renforcée par le traitement médiatique de l’affaire. « Après l’attaque d’Annecy : le droit d’asile en question », titrait en une, dimanche, Le JDD (groupe Lagardère, bientôt absorbé par le groupe Vivendi de Bolloré), interview de l’ancien ministre de l’intérieur (1997-2000) Jean-Pierre Chevènement à la clé.

      « Pour moi, c’est vingt ans de travail qui s’écroulent », tranche également Yves La Barbera, 70 ans. Ce retraité, ancien directeur de la MJC (maison des jeunes et de la culture) d’un quartier d’Annecy, est toujours engagé dans la vie culturelle de la cité. « On travaille au cœur d’un quartier, on œuvre pour le vivre ensemble, on avance pas à pas, on réussit… Et puis, avec un drame comme ça, c’est le repli. Tout le monde a peur, c’est dramatique », déplore-t-il.
      Un climat inquiétant

      En relevant que l’extrême droite « fait 20 % [aux élections] dans des quartiers difficiles », Yves La Barbera sent qu’un « certain racisme s’est installé » ces dernières années. « Cet événement ne va faire que l’exacerber », considère-t-il, en se fiant aux réactions depuis jeudi. « Même des gens que je côtoie ont besoin de se défouler. Cela ne va pas se calmer tout de suite, c’est un traumatisme qui va s’installer. »

      Plus inquiétante encore, selon lui, est l’apparition de manifestant·es identitaires ces derniers temps. Après une première manifestation non déclarée le 18 mai — une première dans la ville —, des néonazis se sont également mobilisés, dès le soir de l’attaque. Les militants gravitent autour du « syndicat des fleuristes », à Annecy (en référence à la fleur de lys royaliste), mais aussi d’Edelweiss (Chambéry), comme l’a révélé Street Press, ou de groupuscules genevois ou lyonnais.

      Deux femmes du collectif d’extrême droite Nemesis se sont rendues à Annecy pour afficher dans l’aire de jeu, dès jeudi après-midi, des pancartes, dont l’une disait : « Ouvrir les frontières, c’est fermer nos cercueils. » Le soir, près de 50 personnes ont pris part à une manifestation identitaire.

      Yves La Barbera avoue son incrédulité face à ce phénomène : « Qu’est-ce que ça veut dire tout ça à Annecy ? C’est une ville tranquille. J’espère que c’est un mouvement extrêmement minoritaire qui ne va pas se développer, mais c’est aussi une petite graine qui peut pousser. »

      Au local de la Ligue des droits de l’homme (LDH) personne n’avait vu les signes avant-coureurs d’un tel climat. « Je les ai vus jeudi soir, leur regard, tous bodybuildés, des nazis sortis de la dernière guerre mondiale… C’est du jamais-vu. On savait qu’il y avait l’ultradroite mais on n’y était pas confronté », affirme Josette Tardivelle. La présidente de l’antenne locale de la LDH relève juste qu’il « y a eu beaucoup de collages du temps de la campagne de Zemmour ».

      Le représentant local de Reconquête, Vincent Lecaillon, ancien chef de fil du Rassemblement national (RN), est élu au conseil régional. Jeudi après-midi, il a vécu son heure de gloire en prenant à partie la première ministre Élisabeth Borne lors de son déplacement à la préfecture de Haute-Savoie.

      Depuis l’attaque, la LDH d’Annecy est prise à partie sur les réseaux sociaux, après un tweet du militant identitaire Damien Rieu ayant repéré l’organisation d’un apéro solidaire, le 19 juin, pour les mineurs étrangers isolés. « Ça faisait un moment qu’on l’avait annoncé, et ça ne posait de problème à personne », relève Josette Tardivelle. Mais après le drame, le sujet devient inflammable.

      Sur les réseaux sociaux, les messages pleuvent : « Je pense qu’il va falloir passer au stade suivant avec ces collabos », « À vos armes citoyens, faut éliminer ces associations qui font venir avec nos impôts nos assassins », « Les fils de pute, c’est immonde, c’est honteux, provocateur. Ils jubilent. Profitez-en bien ça ne va pas durer. On va s’occuper de vous. Avec précision, ciblé, et détermination nationale »…

      « Les gens ne se cachent même pas, certains le font avec leur photo, leur nom », s’étonne Josette Tardivelle, en faisant défiler sur son portable les messages archivés. Décision est alors rapidement prise en interne d’annuler l’événement. « On ne veut pas aller au clash avec ces gens-là et se mettre en danger », justifie la présidente. L’apéro sera organisé plus tard, avec une autre affiche, « plus neutre », ou même « en faisant passer l’information par téléphone ». « Effectivement, reconnaît la présidente de la LDH, cela signifie que l’on cède, et que leur méthode marche. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/110623/drame-d-annecy-une-ville-face-au-venin-de-la-xenophobie
      #racisme #extrême_droite #récupération #menace #syndicat_des_fleuristes #Edelweiss #Nemesis #néo-nazis

  • Pour une #Sécurité_Sociale_de_l’Alimentation (#Dominique_Paturel)

    Cette réflexion a pris naissance en 2013 [1], dans les échanges entre deux personnes dont l’une est issue du monde agricole et l’autre de la recherche. L’un comme l’autre, nous constations l’enfermement des personnes recevant de l’#aide_alimentaire, dans une grande difficulté à s’émanciper des dispositifs de distribution et ce, malgré les discours et les pratiques portés par des professionnels ou des bénévoles bienveillants.

    En s’appuyant sur la conception développée par Tim Lang de la démocratie alimentaire, nous ne pouvions que nous rendre compte que l’accès à l’alimentation « libre » d’une part et à une alimentation produite plus sainement d’autre part, était d’une inégalité flagrante. La caractéristique de cette inégalité est qu’elle est banalisée par le fait que nous sommes tous des mangeurs, invisibilisant ainsi les rapports de classe. En outre, les politiques sociales et sanitaires généralisent ces inégalités par la désignation d’une population dite vulnérable et à laquelle on destine des dispositifs assistanciels. Le présupposé repose sur une conception libérale de la solidarité basée sur une approche néo-paternaliste. Les cadres de pensée qui ont servi à sortir la France de la faim d’après-guerre, sont les mêmes qui empêchent aujourd’hui de voir la situation dégradée du côté de ce que j’appelle l’accès à la « fausse bouffe » et non à l’alimentation.

    En approfondissant notre réflexion, il nous a semblé que tant que l’accès ne serait pas consolidé conformément aux valeurs républicaines, à savoir un accès égalitaire, solidaire et libre, les injustices demeureraient quant aux conséquences sociales et sanitaires. Un modèle de protection sociale pour tous orienté sur un accès égalitaire à une alimentation reconnectée aux conditions de sa production, s’est imposé et c’est cette piste que nous avons suivie. Il s’agissait de reprendre la main sur le(s) système(s) alimentaire(s) par tous les habitants en France et d’être dans les conditions pour le faire : la réponse ne pouvait pas rester que du seul côté des citoyens « éclairés » ou militants. Le modèle de la sécurité sociale nous a semblé le bon cadre pour avancer. À partir de là deux pistes ont été suivies :

    – La première incarnée par Ingénieurs sans frontières [2] qui propose « une carte d’assurance alimentaire » ;
    – La deuxième inscrite dans l’ensemble de nos travaux et qui est au cœur du séminaire Démocratie Alimentaire.

    Aujourd’hui la transition alimentaire est essentiellement mise en œuvre du côté du changement des pratiques alimentaires des mangeurs. Mais l’alimentation étant considérée comme une marchandise comme une autre, à savoir soumise aux rapports de force existant sur le marché, (et même si les initiatives de tous ordres sont bienvenues), la transformation ne sera pas au rendez-vous sans un changement radical de l’offre. Et ce d’autant plus, que le système industriel agro-alimentaire est transnational et que le début de la réflexion de Tim Lang sur sa proposition de démocratie alimentaire part de ce constat : les états ont bien du mal à intervenir aujourd’hui dans la régulation de ce système.

    Trois points d’appui au fondement de la Sécurité Sociale de l’Alimentation :

    – Le premier est la reconnaissance du droit à l’alimentation ;
    – Le second est la réorientation des outils de politique publique existant en matière d’accès à l’alimentation et en particulier la restauration collective ;
    – Le troisième, l’attribution d’une allocation à l’ensemble de la population pour accéder à des produits frais sur le modèle des allocations familiales.

    Mais pour que ce système puisse se construire, il nous faut rappeler des éléments de conception qui doivent être socialisés : l’alimentation n’est pas seulement le résultat d’une production agricole ou de transformation agro-industrielle. Il est nécessaire de s’appuyer sur une vision systémique qui prend en compte les quatre activités nécessaires à l’alimentation des humains de tout temps : celle de la production, celle de la transformation, celle de la distribution et celle de la consommation. Ce sont l’ensemble de ces activités qui forment système et les aborder de façon déconnectée soutient le modèle industriel, nous laissant dans une vision minimaliste de l’alimentation comprise alors comme denrée ou produit.

    De plus, l’alimentation comme fait social total, comporte des dimensions sociale, culturelle, économique, politique, biologique, etc. On ne peut donc la réduire au seul slogan « les gens ont faim, il faut leur donner à manger », slogan repris de façon globale dans tous les dispositifs de distribution d’aide alimentaire en France et en Europe.

    L’alimentation correspond aussi à un modèle ancré dans une histoire nationale. En France, manger ensemble et faire la cuisine sont beaucoup plus important que la qualité des produits et leur provenance. Les gaulois réglaient déjà les problèmes politiques par de grands banquets (Ariès, 2016) [3], d’où l’importance de manger ensemble pour construire du lien social et faire société. On peut ainsi comprendre pourquoi les institutions d’actions sociales et de travail social utilisent l’alimentation comme moyen autour de ce qui est leur mission, à savoir lutter contre l’exclusion sociale. Mais, concevoir l’alimentation comme moyen est aujourd’hui contreproductif pour assurer la transition alimentaire dans la perspective des changements climatiques à l’œuvre et stopper les effets délétères de l’alimentation industrielle.

    La Sécurité Sociale de l’Alimentation doit donc s’appuyer sur l’ensemble de ces éléments pour asseoir sa légitimité. Elle se situe du côté de la transformation alimentaire, de la prévention en santé publique et non curative comme actuellement. Elle fait partie d’une politique de l’alimentation qui doit se désencastrer de ministères de tutelles comme l’agriculture, la santé ou la cohésion sociale. Il ne s’agit pas de créer un xième ministère mais bien de comprendre cette politique comme transversale. Cependant dans un pays centralisé comme la France avec des institutions verticales, une politique transversale a de fortes chances d’être minorée. D’où la proposition de doter cette instance de moyens conséquents et d’obliger les politiques engageant une des activités du système alimentaire à s’inclure (pour partie) dans la politique alimentaire et non d’œuvrer de façon segmentée : la Sécurité Sociale de l’Alimentation devient alors l’outil majeur pour actionner la transition alimentaire.

    Le second point d’appui est de mobiliser les outils de politiques publiques existants au service de ce dispositif, en particulier la restauration collective publique. Nous partons du constat que les lieux, le matériel, les compétences sont présents à travers la mise à disposition de quatre à cinq repas par semaine à midi : pourquoi ne pas utiliser ces ressources en direction de la population habitant ou travaillant en proximité de ces équipements le soir et 7 jours sur 7. Par ailleurs, on peut également en profiter pour réorienter la production et la transformation en redirigeant l’offre alimentaire à l’échelle territoriale.

    D’autres outils existent déjà et il s’agirait de renforcer la cohérence au service de la Sécurité Sociale de l’Alimentation : en soutenant les marchés d’intérêts nationaux dans les régions pour approvisionner les villes et villages et les engager dans la transformation des compétences des intermédiaires ; en cessant de segmenter les plans incitatifs (Climat, alimentation, urbanisme, etc.) et en recherchant comment les articuler ; en concevant des instances démocratiques à l’échelle des territoires de vie pour décider des politiques alimentaires liées à la réalité sociale et concevoir les hybridations nécessaires pour garantir un accès à tous, etc.

    Le troisième point d’appui est celui de l’attribution d’une allocation pour tous les habitants en France, fléchée sur l’achat de produits frais : fruits, légumes, produits laitiers, viande, poisson. Ces aliments sont souvent absents pour les familles à petits budgets et sont remplacés par des aliments ultra-transformés. Cette mesure fléchée peut aussi participer à la relocalisation des activités du système alimentaire.

    Élaborer un tel dispositif permettrait de faire exploser le « plafond de verre » auquel se confronte une multitude d’initiatives issues de la société civile organisée et de l’économie sociale et solidaire : ainsi la Sécurité Sociale de l’Alimentation, outre les effets sur la santé, participerait réellement à la transition écologique.

    –-

    [1] http://www1.montpellier.inra.fr/aide-alimentaire/index.php/fr

    [2] https://www.isf-france.org/articles/pour-une-securite-sociale-alimentaire

    [3] Eh non ce n’est pas une invention de Goscinny et Uderzo. Ariès, Paul (2016) Une histoire politique de l’alimentation. Du paléolithique à nos jours. Paris, édition Max Milo.

    https://www.chaireunesco-adm.com/Pour-une-Securite-Sociale-de-l-Alimentation
    #sécurité_alimentaire #sécurité_sociale #alimentation #distribution_alimentaire #alternative #démocratie_alimentaire #Tim_Lang #accès_à_l'alimentation #inégalités #rapports_de_classe #classe_sociale #assistance #néo-paternalisme #solidarité #fausse_bouffe #protection_sociale #transition_alimentaire #droit_à_l'alimentation #restauration_collective #politiques_publiques #allocation #santé_publique #sécurité_sociale_alimentaire

    • Vers une sécurité sociale de l’alimentation

      Le projet de sécurité sociale de l’alimentation, porté depuis plus de dix ans par un collectif d’associations et de chercheurs.ses, tente d’étendre le principe de la sécurité sociale d’après-guerre au droit à l’alimentation.
      La séance de l’Université des Savoirs Associatifs organisée par le CAC le 12 octobre prochain permettra de faire un état des lieux de ce projet et en savoir plus sur les expérimentations de caisse locale de sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Échange avec Dominique Paturel, chercheuse à l’INRAE et membre du collectif pour une SSA et Maxime Scaduto de la caisse SSA de Strasbourg.

      Le projet de sécurité sociale de l’alimentation, porté depuis plus de dix ans par un collectif d’associations et de chercheurs.ses, tente d’étendre le principe de la sécurité sociale d’après-guerre au droit à l’alimentation.

      En s’appuyant sur une économie redistributive et un modèle qui s’extrait de l’économie dictée par le marché, il nourrit notre réflexion sur la « démarchandisation » du monde associatif que nous portons au sein de l’observatoire citoyen de la marchandisation des associations.

      Il est une des pistes que nous explorons dans une volonté de repenser les modalités de subventions des associations, pour les dégager de la commande publique et des jeux politiques, redonner du pouvoir citoyen sur leur attribution et répartition, pour repenser un modèle de financement appuyé sur la co-construction et non la contractualisation.

      "Créons une sécurité sociale de l’alimentation pour enrayer le faim". Les signataires de la tribune publiée dans Reporterre en 2020, pendant la période du Covid, nous alertent : "en France, nous peinons aujourd’hui encore à mettre à l’abri de la faim, y compris en dehors de toute période de crise, alors que c’est du « droit à l’alimentation » dont il devrait être question dans une démocratie". Et ils nous proposent un mode d’emploi des "caisses locales de conventionnement" à l’instar des caisses de la sécurité sociale.

      La Confédération Paysanne nous rappelle les 3 principes d’une SSA : l’universalité, le financement par la cotisation et le conventionnement démocratique.

      La Sécurité sociale de l’alimentation

      Cherche à répondre aux enjeux de sortie d’un modèle agro-industriel qui nous amène dans le mur en terme de sécurité alimentaire, d’écologie, de biodiversité et d’accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous,
      Remplacerait le système actuel d’aide alimentaire qui est à revoir de fond en comble puisqu’il se base actuellement sur le système productiviste du secteur agro-industriel afin de lui permettre d’écouler ces stocks,
      Sortirait les personnes pauvres d’une assignation à l’aide alimentaire qui, comme le démontre très bien Bénédicte Bonzi dans son livre, « Faim de droits », contient de la violence tant pour les bénévoles que les personnes bénéficiaires sommées de se nourrir avec ce qui est rejeté par le système agro-industriel dans un pays où la nourriture existe en abondance.
      Interroge la question du droit à une alimentation de qualité pour une part non négligeable de la population puisqu’on estime aujourd’hui que 7 millions de personnes sont en situation de précarité alimentaire, soit une augmentation de 15 à 20 % par rapport à 2019. Un chiffre sous-estimé par rapport aux besoins réels, la demande d’aide alimentaire restant une démarche souvent difficile ou mal connue.

      Le système actuel d’aide alimentaire est en outre encadré par tout un ensemble de contrôle qui n’est pas sans rappeler celui qui entoure les chômeurs, comme s’il fallait, en quelque sorte, infliger une double peine aux personnes en situation de précarité.

      La séance de l’Université des Savoirs Associatifs organisée par le CAC le 12 octobre prochain (en présentiel ou en visio) permettra de faire un état des lieux de ce projet, d’en savoir plus sur les expérimentations de caisse locale de sécurité sociale de l’alimentation et en particulier celle de Strasbourg. Nous échangerons avec Dominique Paturel, chercheuse à l’Inrae et membre du collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation et Maxime Scaduto de la caisse de sécurité sociale de l’alimentation de Strasbourg.

      Encore des patates !? (https://www.civam.org/ressources/reseau-civam/type-de-document/magazine-presse/bande-dessinee-encore-des-patates-pour-une-securite-sociale-de-lalimentation) est une bande dessinée pédagogique qui, à l’aide d’annexes, présente les enjeux et les bases de la réflexion à l’origine du projet de Sécurité sociale de l’alimentation.

      https://blogs.mediapart.fr/collectif-des-associations-citoyennes/blog/260923/vers-une-securite-sociale-de-lalimentation

      #sécurité_sociale_de_l'alimentation

    • « Encore des patates ?! » Pour une sécurité sociale de l’alimentation

      Grâce au dessin de Claire Robert, le collectif SSA a élaboré un outil pédagogique pour découvrir le projet de sécurité sociale de l’alimentation : une bande dessinée !

      Humoristique et agréable, cette bande dessiné est également enrichies d’annexes qui apportent de nombreux éléments sur les enjeux agricoles et alimentaires, le fonctionnement du régime général de sécurité sociale entre 1946 et 1967 et les bases sur lesquelles s’ancrent la réflexion du projet de sécurité sociale de l’alimentation.

      Cette bande dessinée est un moyen de vous faire partager nos constats d’indignation et d’espoir… et de vous inviter à partager les vôtres, à se rassembler, et peut être demain, reprendre tous ensemble le pouvoir de décider de notre alimentation !

      https://www.civam.org/ressources/reseau-civam/type-de-document/magazine-presse/bande-dessinee-encore-des-patates-pour-une-securite-sociale-de-lalimentation

      #BD #bande_dessinée

  • Opioïdes : La famille Sackler paiera 6 milliards de $ pour éviter des poursuites civiles JTA - Time of israel

    Une décision de la cour d’appel fédérale américaine protège la famille juive propriétaire de Purdue Pharma et permet à l’entreprise d’indemniser les victimes et leurs familles

    La famille Sackler, les milliardaires juifs dont la commercialisation de l’antidouleur OxyContin a alimenté le phénomène de l’épidémie d’opioïdes aux États-Unis, bénéficiera d’une immunité totale contre Purdue Pharma, leur société, en échange d’allocation de fonds, pouvant aller jusqu’à 6 milliards de dollars, à des programmes de traitement et de prévention de la toxicomanie.

    La décision d’une cour d’appel fédérale mardi d’accorder l’immunité met effectivement fin aux milliers de poursuites civiles qui ont été intentées contre Purdue Pharma en raison des décès dus aux opioïdes.

    Selon le plan approuvé mardi par la deuxième cour d’appel fédérale de New York, les membres de la riche famille Sackler céderaient la propriété de Purdue, basée à Stamford, dans le Connecticut, qui deviendrait une nouvelle société connue sous le nom de Knoa, dont les bénéfices seraient versés à un fonds destiné à prévenir et à traiter les dépendances.


    Illustration : Sur cette photo du 17 août 2018, proches et amis de victimes de l’OxyContin et d’opioïdes déposent des flacons de pilules en signe de protestation devant le siège social de Purdue Pharma, qui appartient à la famille Sackler, à Stamford, dans le Connecticut. (Crédit : AP Photo/Jessica Hill)

    Les membres de la famille contribueraient également à hauteur de 5,5 à 6 milliards de dollars en espèces au fil du temps, soit environ la moitié de ce que le tribunal a estimé être leur fortune collective, dont une grande partie est détenue à l’étranger. Une grande partie de cet argent – au moins 750 millions de dollars – ira aux victimes individuelles de la crise des opioïdes et à leurs survivants. Les paiements devraient s’échelonner entre 3 500 et 48 000 dollars.

    La décision de mardi protège également les membres de la famille Sackler contre les poursuites judiciaires liées aux effets des opioïdes, même s’ils n’ont pas déposé le bilan.


    Des personnes ayant perdu des proches à cause des opioïdes manifestent devant le musée Arthur M. Sackler, à l’université de Harvard, dans le Massachusetts, le 12 avril 2019. (Crédit : AP Photo/Josh Reynolds, Archives)

    Ces protections sont au cœur de l’accord proposé qui mettrait fin aux plaintes déposées par des milliers d’États, de collectivités locales, de gouvernements tribaux amérindiens et d’autres entités. Les membres de la famille Sackler ont clairement indiqué que sans ces protections, ils ne respecteraient pas leur part de l’accord.

    L’accord n’accorde pas aux membres de la famille Sackler l’immunité contre d’éventuelles poursuites pénales.

    « C’est un grand jour pour les victimes, dont certaines ont désespérément besoin d’argent et attendent ce jour depuis longtemps », a déclaré Ed Neiger, un avocat représentant des victimes individuelles.

    Cheryl Juaire, une femme du Massachusetts qui a perdu deux fils à la suite d’overdoses, a déclaré qu’elle ne savait pas à quel montant s’attendre. « Mes enfants sont partis et il n’y a rien que je puisse faire pour les ramener », a-t-elle déclaré, mais elle a ajouté que les fonds aideraient les enfants de ses fils. « Ils auront des appareils dentaires, des lunettes, des choses dont ils ont besoin et qu’ils n’auraient pas pu avoir autrement. »

    Les membres de la famille Sackler et Purdue ont également salué la décision.

    « Les membres de la famille Sackler estiment que la mise en œuvre tant attendue de cette résolution est essentielle pour fournir des ressources substantielles aux personnes et aux communautés dans le besoin », ont déclaré les membres de la famille propriétaire de Purdue dans un communiqué mardi. « Nous sommes heureux de la décision de la Cour de permettre à l’accord d’aller de l’avant et nous attendons avec impatience qu’il prenne effet dès que possible. »


    Des manifestants font un die-in aux abords du tribunal qui est en train de prononcer la faillite de Purdue Pharma à White Plains, à New York, le 9 août 2021. Illustration (Crédit : Seth Wenig/AP)

    Les fondateurs de Purdue, Arthur, Mortimer et Raymond Sackler, sont les fils d’immigrants juifs de Brooklyn qui ont suivi des études de médecine en Écosse parce que les écoles américaines n’admettaient pas les juifs à l’époque. Mortimer et Raymond ont lancé l’OxyContin en 1996, après qu’Arthur a quitté l’entreprise ; la famille a ensuite gagné des milliards en commercialisant agressivement le médicament pendant plus de deux décennies, alors même que des signes montraient qu’il entraînait les utilisateurs dans la dépendance aux opiacés.

    Les trois frères sont décédés, mais d’autres membres de la famille ont conservé le contrôle de Purdue Pharma et leur fortune, estimée à environ 11 milliards de dollars il y a deux ans.

    Le nom Sackler était régulièrement présent dans les cercles philanthropiques jusqu’à ce que les poursuites contre les opioïdes commencent à s’accumuler en 2019, date à laquelle de nombreuses institutions culturelles ont commencé à refuser les dons de la famille et à retirer leur nom des bâtiments. L’artiste et activiste juive Nan Goldin a été le fer de lance d’un mouvement populaire s’opposant à la famille pendant des années.



    Gabe Ryan, un employé, supprime les lettres formant le nom d’ Arthur M. Sackler à l’entrée du bâtiment de l’école de médecine Tufts à Boston, le 5 décembre 2019 (Crédit : AP Photo/Steven Senne)

    L’un des bénéficiaires notables des Sackler, l’université de Tel Aviv, a résisté aux pressions visant à supprimer le nom Sackler de son école de médecine – bien que l’aile de son école de médecine tournée vers les États-Unis ait discrètement supprimé le nom Sackler de son matériel de marketing l’année dernière.

    Purdue est peut-être l’acteur le plus médiatisé de l’industrie des opioïdes. Mais plusieurs autres fabricants de médicaments, sociétés de distribution et pharmacies ont également été poursuivis par les États et les collectivités locales. Si une poignée d’affaires ont été portées devant les tribunaux, beaucoup sont en cours de règlement.

    La valeur totale des règlements proposés et finalisés au cours des dernières années s’élève à plus de 50 milliards de dollars. Parmi les entreprises qui ont conclu des accords figurent les fabricants de médicaments Johnson & Johnson et Teva, les géants de la distribution AmerisourceBergen, Cardinal Health et McKesson, ainsi que les chaînes de pharmacies CVS, Walgreens et Walmart.

    Un seul autre grand règlement de procès concernant les opioïdes prévoyait des paiements pour les victimes.

    Un militant installant des pierres tombales en carton avec les noms des victimes d’overdose d’opioïdes devant le palais de justice où se déroule le procès de la faillite de Purdue Pharma à White Plains, à New York, le 9 août 2021. (Crédit : AP Photo/Seth Wenig/Dossier)


    La majeure partie de l’argent doit être utilisée pour lutter contre la crise des opioïdes, qui a été liée à plus de 500 000 décès aux États-Unis au cours des deux dernières décennies, dont plus de 70 000 par an récemment.

    Ces dernières années, la plupart des décès ont été liés au fentanyl et à d’autres opioïdes synthétiques illicites, et non à des analgésiques délivrés sur ordonnance.

    #Sackler #purdue_pharma #big_pharma #santé #oxycontin #fentanyl #opioïdes #McKinsey #Johnson_&_Johnson #Teva #AmerisourceBergen #Cardinal_Health #McKesson #CVS #Walgreens #Walmart #oxycodone #naloxone #opiacés #addiction #opioïdes #drogues #drogue #pharma #usa #santé_publique #etats-unis #purdue_pharma #carfentanil #overdose

    Source https://fr.timesofisrael.com/opioides-la-famille-sackler-paiera-6-mds-de-pour-eviter-des-poursu

  • Le malade mis sur le marché – Libération
    https://www.liberation.fr/tribune/2004/08/04/le-malade-mis-sur-le-marche_488340

    Bien au contraire, la réforme Douste-Blazy fragilise le système en rendant la gestion du tiers payant plus difficile pour les généralistes, en faisant du dossier médical personnel un instrument de flicage et de punition, et cherche à étendre la notion de médecin traitant au-delà du généraliste, selon l’exemple souvent cité du diabétique qui choisirait un endocrinologue comme médecin traitant, comme si les hommes, les femmes malades se résumaient à une pathologie (le diabète du 227, l’ulcère perforé du 228, etc.). Mais surtout, là où l’option référent permet au patient de se soigner sans débourser d’argent, la réforme en cours instaure de facto un double système d’accès aux soins spécialisés et la possibilité, pour les médecins spécialistes, de pratiquer des honoraires libres si le patient n’est pas adressé par son médecin traitant. Là où le système du médecin généraliste référent cherche à valoriser l’utilisation cohérente du système de soins par le patient (ce qu’aurait pu mettre en place le ministre en choisissant d’exonérer de la contribution les patients en option référent), le système du médecin traitant instaure la pénalisation des assurés comme mode quotidien d’exercice, manière inélégante et peu solidaire de contourner l’absence de convention renouvelée entre l’assurance maladie et les spécialistes.

    • 2004 :

      Ainsi de cette nouvelle #carte_Vitale avec photographie, dont les concepteurs nous annoncent que le surcoût considérable viendra lourdement grever les éventuelles économies. Le but n’est pas tant de lutter contre une marginale fraude, mais de créer un climat, un état d’esprit. De persuader l’opinion publique que le « trou de la Sécu », qu’on lui annonce phénoménal, est lié à des comportements déviants, à des « profiteurs » qui utiliseraient la carte Vitale pour faire soigner toute leur « tribu », suivez mon regard... Il n’est pas utile ici de générer des économies, il suffit de briser les solidarités, de désigner l’autre, le pauvre, l’immigré, le « CMUiste... » comme un parasite du système. Le gouvernement a d’abord choisi, l’an dernier, de s’attaquer aux plus marginalisés en restreignant l’accès aux soins des sans-papiers au titre de l’aide médicale d’Etat. Aujourd’hui, il élargit le champ de la suspicion.
      https://justpaste.it/biapl

      2023
      https://seenthis.net/messages/1004876

      #santé_publique

  • L’absentéisme monte en flèche en France : près d’un salarié français sur deux a été en arrêt de travail en 2022 La tribune

    L’absentéisme en entreprise a atteint des records en 2022. 44% des salariés se sont absentés au moins un jour, contre 30% en 2019, selon un baromètre d’Axa. Et pas seulement à cause du Covid, encore bien présent au début de cette année-là : les troubles psychologiques enregistrent en effet une belle augmentation. La hausse est en tout cas générale quel que soit l’âge, le domaine d’activité et la taille des entreprises et ne devrait pas retrouver ses niveaux d’avant-crise en 2023.

    En France, près d’un salarié sur 2 (44%) s’est mis au moins une fois en arrêt de travail en 2022, contre un peu moins d’un salarié sur 3 (30%) en 2019. C’est ce qu’il ressort de la quatrième édition de « l’observatoire de l’absentéisme » réalisé par Axa et publié ce lundi 22 mai. Un record, précise l’assureur.

    Ce baromètre se fonde sur le traitement anonymisé des Déclarations sociales nominatives (DSN) du portefeuille Axa en 2022 pour plus de 3 millions de salariés. À noter que l’assureur signale une sur-représentation des cadres (27% contre 19% pour la population totale des salariés en France) avec un âge moyen de 40,4 ans et 84% de salariés en CDI.

    Les troubles psy, 1ère cause des arrêts longue durée
    Cette étude montre que la hausse de l’absentéisme peut s’expliquer par une forte augmentation des arrêts de courte durée qui « peut potentiellement être liée » aux vagues épidémiques dues notamment au variant Omicron en début d’année.

    L’assureur note aussi « une tendance haussière » de l’absentéisme en raison notamment de troubles latents, tels que les troubles psychologiques ou les troubles musculo-squelettiques (TMS). Les troubles psy s’installent ainsi pour la deuxième année de suite comme la première cause d’arrêt de travail de longue durée (22,2%, +4 points par rapport à 2019), devant les TMS (21,2%, +0,2% comparé à 2019 également).

    Une hausse générale et généralisée
    La hausse de l’absentéisme a concerné toutes les tranches d’âge. Les plus jeunes ont toutefois été encore plus touchés, avec un taux d’absentéisme qui a progressé de plus de 50% chez les moins de 30 ans entre 2019 et 2022. À titre de comparaison, la progression a été de 34,3% chez les 45-50 ans.

    Tous les secteurs sont concernés, le commerce principalement alimentaire affichant le plus fort taux (6,8%, contre 4,5% de manière globale).

    Quant à la taille de l’entreprise, plus elle compte de salariés, plus le taux d’absentéisme est élevé. « Les salariés des grandes entreprises se sont arrêtés plus fréquemment que dans les plus petites. En effet, dans ces dernières qui comptent moins de 20 salariés, il est certainement plus difficile de pouvoir s’arrêter sans mettre l’entreprise en difficulté », relève Axa.

    Un coût estimé à 4,4% de la masse salariale
    Axa évalue ainsi le coût direct de cet absentéisme à 4,4% de la masse salariale en 2022, contre 3,4% en 2019 (+29%). Ce coût direct correspond au nombre de journées d’absences multiplié par le salaire brut des absents sur l’année. Il ne tient pas compte des coûts indirects comme la baisse de la productivité, la désorganisation du travail, la gestion administrative ou encore les coûts de remplacement du salarié absent, de la formation de son remplaçant, des coûts liés aux frais de prévention et de gestion de l’absentéisme, etc...

    « Une partie de ces coûts sont couverts par les régimes de prévoyance. Mais selon le régime de prévoyance mis en place, il peut rester une part de maintien de salaire à charge pour l’employeur, voire une perte de revenu pour le salarié », souligne Axa.

    L’assureur liste aussi les « conséquences multiples de l’absentéisme pour les entreprises ». À savoir la perte de productivité, la détérioration de la qualité de service, le stress supplémentaire pour les salariés devant remplacer les absents ou encore les répercussions sur le climat social. . . . .

    #travail #absentéisme #santé #travail #violence #motivation #conditions_de_travail #santé_publique

    Source et suite : https://www.latribune.fr/economie/france/pres-d-un-salarie-francais-sur-deux-a-ete-en-arret-de-travail-en-2022-du-j

    • Dans mon syndicat, lors des instances paritaires, nous combattions systématiquement l’emploi de l’expression « absentéisme ».

      « Absentéisme » est une catégorie administrative générique en usage dans les rapports sociaux et autres documents statistiques censée rendre compte de données concernant le personnel. Elle englobe les arrêts maladie, les accidents de travail, les accidents de trajet.

      Derrière sa prétendue neutralité administrative, l’expression induit une stigmatisation infantilisante et culpabilisante du droit à ne plus travailler lorsque l’on est malade.

      C’est exactement le même genre de détournement politique, sous couvert d’usage administratif, auquel on affaire quand les « cotisations sociales » sont remplacées par le mot « charges », non seulement sur les fiches de paie, mais aussi dans le langage courant.

      Bien entendu l’employeur nous répondait systématiquement qu’il était incapable de modifier les termes d’une nomenclature dont il n’a pas la maîtrise (notamment pour les rapports sociaux).

      Nous lui répondions alors que, par delà des mots, la logique stigmatisante s’inscrivait dans les faits, au travers des rapports sociaux hiérarchiques : l’objectif d’un employeur n’est-il pas d’avoir le moins d’« absentéisme » - sous-entendu, le moins de tire-au-flanc - possible ?

      Enfin, bien entendu, comme l’indique cet article, derrière l’expression, les données renvoient à de réels problèmes de santé et de souffrance au travail, si ce n’est du rapport au travail, lui même.

      La disparition des CHSCT n’aura pas contribué à améliorer les choses. C’était attendu.

    • Les troubles psy s’installent ainsi pour la deuxième année de suite comme la première cause d’arrêt de travail de longue durée (22,2%, +4 points par rapport à 2019), devant les TMS (21,2%, +0,2% comparé à 2019 également).

      L’avantage avec les troubles psy, c’est que le traitement est pas [encore ?] remboursé par la sécu ; je viens de voir une pétition toute fraîche ici :

      https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-1606

  • Violences académiques ordinaires

    Violences et souffrances académiques : atteintes au #service_public et à la #santé_au_travail

    Ce troisième numéro de Mouvements consacré au champ académique, après ceux de 2008 (« Que faire pour l’Université ? ») et 2012 (« Qui veut la peau de la recherche publique ? »), trouve sa genèse dans un colloque consacré aux violences ordinaires dans les organisations académiques en juin 2022[1]. Lors des deux journées de discussion, les communications ont permis de mesurer à quel point, depuis ces quinze dernières années, le champ de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) a été profondément bouleversé par toute une série de réformes, depuis la #loi_LRU (Liberté et responsabilité des universités) en 2007 jusqu’à la #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR) votée en 2020. #Fusions, #précarisation, raréfaction des #postes – alors que les effectifs étudiants progressent –, #managérialisation, #sous-traitance, multiplication des #évaluations (des établissements, des formations, des professionnel·les comme des équipes) et de leurs instances, induisent #pression_psychique et dégradation des conditions de travail et rendent davantage visible et légitime la question de la #souffrance_au_travail.

    Qu’en est-il du #quotidien bouleversé de ces organisations en transformation et de celles et ceux qui y travaillent ? Comment cela se traduit-il sur le plan des décisions, des dispositifs, des activités, des interactions, des engagements et des subjectivités ? C’est cette attention aux « violences ordinaires » dans les #institutions_académiques qui constitue le cœur de ce numéro de Mouvements. Par #violence_ordinaire, nous entendons tout type de #contrainte verbale, morale, psychologique ou symbolique exercée sur les #corps au travail et ressentie comme telle par celles et ceux qui les vivent (et qui essaient – ou non – de s’en défendre). Comme y insiste l’article de Stéphane Le Lay et Olivia Chambard, quelle que soit la forme de ces violences, il importe d’essayer de comprendre leurs liens avec les #rapports_de_domination et d’interroger leur inscription – et la nature de cette inscription – dans des configurations organisationnelles ou des structures sociales ou culturelles propres à l’ESR.

    Ceci est d’autant plus important que se sont multipliées récemment les critiques à l’encontre d’enseignant·es-chercheur·euses supposé·es déconnecté·es du monde réel dans leurs enseignements (en inadéquation avec le marché du travail), et dans leurs recherches (insuffisamment en prise avec les « défis sociétaux » et la « demande sociale »). À celles-ci s’ajoutent désormais des #attaques, internes ou externes au champ académique, contre certaines disciplines et certains travaux suspectés d’être disculpants, politisés, voire contraires aux valeurs de la République[2]. L’université et la liberté consubstantielle à ses activités intellectuelles – l’#indépendance des chercheur·euses et enseignant·es-chercheur·euses étant inscrite dans la loi – sont mises à mal de manière plurielle par manque de moyens, mise au pas organisationnelle et #condamnation_morale. Si des travaux analysent les effets de ces réformes néolibérales sur le travail des chercheur·euses et enseignant·es-chercheur·euses, à l’image des articles de Frédérique Debout, d’Ambre Guichard-Ménard et de l’Observatoire des Conditions de Travail à l’Université de Caen Normandie, ils sont plus rares, voire inexistants, sur les conditions de travail des personnels administratifs ou techniques de l’ESR ou des salarié·es en sous-traitance exerçant dans les établissements académiques. Dans ce numéro, l’article d’Hugo Bret sur le #personnel_de_nettoyage d’une université et celui du collectif C. Noûs-Aussi consacré à l’#édition_scientifique permettent justement de jeter un regard incisif sur ces zones d’ombre.

    Les rapports de domination entre les statuts, les corps et les disciplines constituent de fait une clé d’entrée pour comprendre la spécificité des types de violence dans les organisations universitaires et académiques et leur analyse est ancienne. Plus récemment, des auteur·rices ont néanmoins renouvelé la perspective en s’emparant en particulier de la question des #violences_sexistes_et_sexuelles (#VSS) à l’université, sur lesquelles reviennent trois articles. L’un provient d’une chercheuse militante, sous la forme d’un témoignage anonyme. L’autrice prend appui sur son expérience en tant qu’étudiante, victime et témoin de violences, dans une grande école et évoque les actions collectives qui s’en sont suivies. De son côté, à partir du cas espagnol, Verónica Cala analyse finement les interrelations entre pensée féministe et action militante, expliquant en quoi l’université peut être aussi bien un terreau fertile qu’un système nuisant aux avancées pourtant nécessaires au développement de la pensée transformatrice féministe. Enfin, l’article d’Armelle Andro se penche sur les modalités de prise en charge des VSS spécifiques au monde académique, qui ont notamment fait suite à des médiatisations et des mobilisations importantes. Apportant un cadrage complémentaire, il expose les avancées et les freins au traitement institutionnel des VSS depuis vingt ans, pointant les spécificités et l’hétérogénéité des situations rencontrées dans le champ académique. Traitant aussi, mais de manière différente, la question des #rapports_sociaux (de sexe, hiérarchiques et de race), Morgane Le Guyader se penche sur le concept de #violence_épistémique. Celui-ci s’avère utile pour pointer ce qui, à l’intérieur même des critères de scientificité, vient discréditer certains points de vue indigènes ou subordonnés. Ce texte élabore une critique qui a l’intérêt de proposer d’autres manières de rendre compte de l’expérience sensible qui traverse les enquêté·es aussi bien que les enquêteurs et enquêtrices.

    Plusieurs articles de ce numéro, à l’image de celui de Marina Pietri consacré à une #animalerie_scientifique, cherchent ainsi à rendre compte de la manière dont la #division_du_travail au sein des organisations académiques est productrice de formes de violence, examinées comme étant propres à une activité et un rôle spécifiques, aussi bien que dans leur dimension transversale, lorsqu’elles affectent différentes catégories de personnels (chercheur·euses et enseignant·es-chercheur·euses, doctorant·es, personnels administratifs, techniques, etc.). Ce faisant, peut être interrogée la place des stratégies défensives liées aux cultures de métier et érigées pour lutter contre la souffrance. Plusieurs articles abordent également les manières dont les #inégalités et #discriminations s’activent et se reproduisent, dans des configurations où la hiérarchie bureaucratique peut se superposer aux formes de #domination_académique. Se donne alors à voir en quoi ces inégalités permettent de révéler des formes de #mépris plus ou moins visibles, qui peuvent aller de la délégation systématique du « sale boulot » à l’invisibilisation ou l’appropriation du travail d’autrui, en passant par l’empêchement de travailler et le #harcèlement.

    Pour faire face à l’aggravation de la situation en matière de santé physique et mentale, les établissements du supérieur ont obligation, depuis 2012, de mettre en place un Comité d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail (#CHSCT). Très variables selon les établissements, les modalités déployées en faveur de la prise en charge des « #risques_psychosociaux » (#RPS) se font régulièrement timides… ou inexistantes. Dans certains établissements, les fonctions de référent « Égalité, RPS, Handicap » ne sont pas pourvues, tardent à l’être ou encore ne sont dotées d’aucun moyens significatifs pour leur action, qui demeure parfois lettre morte. Nombre d’actrices et d’acteurs de terrain sont pourtant en première ligne et certain·es particulièrement actif·ves pour lutter contre les violences et réguler les dérives : préventeur·rices, médecins du travail, représentant·es du personnel siégeant ou non dans les CHSCT, associations féministes et de personnels précaires, sans oublier les juristes, certain·es cadres administratif·ves et personnes en responsabilité dans les composantes et les laboratoires. L’article de Gwenaël Delaval, Emmanuelle Puissant et Samira Saïdoune, consacré à un « #dispositif_RPS » dans une université, aborde les enjeux de cette prise en charge institutionnelle.

    On le voit, les chantiers ouverts sont nombreux et délicats à mener pour rendre visibles et pour lutter efficacement contre les différentes formes de violence, en desserrant l’étau des rapports de domination. Gageons que les contributions de ce numéro de Mouvements œuvreront dans ce sens, grâce à la réflexion individuelle et aux discussions collectives qu’elles susciteront dans le champ académique, et aux pistes d’action qu’elles ouvrent ainsi.

    https://mouvements.info/edito/violences-et-souffrances-academiques-atteintes-au-service-public-et-a-l
    #ESR #université #violence #violences_ordinaires #souffrance #conditions_de_travail #travail #recherche

    ping @karine4 @_kg_

  • [Psylence Radio] J’ai bien ri, j’ai bien rétabli
    https://www.radiopanik.org/emissions/psylence-radio/jai-bien-ri-jai-bien-retabli

    Aujourd’hui nous recevons Chantal Vanherreweghen, chroniqueuse de Psylence, mais aussi « comique », à la scène comme à la vie ; )

    Avec elle nous parlerons « #rire », celui qui fait du bien, qui protège, qui ouvre la voix .... ainsi que des enjeux de monter sur scène et parler de soi.

    Nos chroniqueurs et chroniqueuses de choc seront bien sur au RDV.

    Musiques : « HAHA » Charlotte Adigéry & Bolis Pupul , « Psychiatric » Mylène Farmer

    #santé_mentale #santé_mentale,rire
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/psylence-radio/jai-bien-ri-jai-bien-retabli_15895__1.mp3

  • #Canada : Des pharmaciens versent des millions de dollars pour obtenir des patients Ulysse Bergeron - Le devoir

    Pour mettre la main sur des milliers de clients qui consomment d’onéreux médicaments de spécialité, deux pharmaciens de Laval ont versé des millions de dollars à Innomar, un important gestionnaire de programmes de soutien aux patients (PSP). Financés par des géants de l’industrie pharmaceutique, ces programmes clés en main évoluent en marge des réseaux de santé publics et offrent un service d’accompagnement des patients tout au long de leur thérapie. Cette pratique des pharmaciens pour acquérir cette clientèle lucrative contrevient à leur code de déontologie.


    Daniel Vermette et Marc Chabot sont copropriétaires d’une pharmacie de médicaments de spécialité située sur le boulevard Curé-Labelle, à Laval. M. Vermette détient également une pharmacie, à Québec, avec son autre associé, Jérôme Bergeron.

    En avril 2022, les trois pharmaciens ont plaidé coupable devant l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) pour avoir « obtenu » des patients d’Innomar, un important grossiste en médicaments et gestionnaire de programmes de soutien aux patients (PSP). Cette pratique contrevient au code de déontologie des pharmaciens, qui leur interdit formellement « d’obtenir de la clientèle par l’entremise d’un intermédiaire ».

    Pour leur part, les pharmaciens Vermette et Chabot ont aussi plaidé coupable d’avoir versé en contrepartie à Innomar un pourcentage des revenus générés par la clientèle obtenue. Ils ont « illégalement partagé [leurs] honoraires avec un tiers non-pharmacien », lit-on dans une décision du Conseil de discipline de l’Ordre.

    L’enquête du syndic de l’OPQ s’est échelonnée sur dix ans. Elle a démontré qu’à partir de décembre 2012, en vertu d’une entente, « Innomar dirige les patients inscrits aux différents PSP qu’elle gère vers les deux pharmacies, en échange d’honoraires représentant [environ 2,5 %] du volume brut des ventes des médicaments ».

    Une entente rentable. Entre 12 900 et 17 400 patients participant à un PSP faisaient affaire avec les pharmacies de Laval et de Québec, selon l’enquête de l’OPQ. Les pharmaciens payaient « entre 500 000 $ et 600 000 $ par mois » à une entreprise appartenant à Daniel Vermette lui-même, qui, à son tour, transférait cette somme à Innomar. Plusieurs millions de dollars ont ainsi été payés à Innomar depuis 2012.

    En vertu de cette entente, Innomar envoyait aux pharmacies un courriel sécurisé contenant les informations des patients nouvellement inscrits à ses PSP par des médecins spécialistes : noms, médicaments prescrits et moyens pour les contacter. Et cela, sans le consentement préalable des patients, est-il indiqué dans la décision : « Il revient alors aux pharmacies de Laval ou de Québec de contacter le patient afin d’obtenir ses coordonnées et son consentement pour ensuite exécuter l’ordonnance. »

    Vingt demandes d’enquête provenant soit de pharmaciens communautaires soit de patients insatisfaits d’avoir été contactés et servis par l’une des deux pharmacies pour leurs doses gratuites ont été déposées à l’OPQ au fil des ans. . . . . .

    #santé #médicaments #big_pharma #pharma #industrie_pharmaceutique #médicament #santé_publique #fric #capitalisme

    Source et suite : https://www.ledevoir.com/societe/sante/791057/enquete-des-pharmaciens-versent-des-millions-de-dollars-pour-obtenir-des-p

    • La France n’a plus les moyens de se payer un cancer incurable Florence Pinaud - La Tribune

      Avec des prix dix à vingt fois plus élevés qu’auparavant, les nouveaux anticancéreux soignent peut-être des cancers jusqu’alors incurables, mais ils remettent en question notre politique du médicament. . . . .

      Certains big pharmas annoncent - publiquement ou non - renoncer au marché français pour leurs nouveaux anticancéreux. C’est le cas de Janssen qui en a retiré son Carvykti début avril. La formule d’immunothérapie par cellules CAR-T contre les myélomes multiples (cancer de la moelle osseuse) avait bien été utilisée en France dans le cadre de la procédure dite « d’accès précoce ». Mais lors de l’évaluation des progrès thérapeutiques de médicament (ASMR), la mauvaise note obtenue annonçait au labo qu’il aurait bien du mal à en tirer le prix espéré. Dans la mesure où son Carvykti soigne certains cas incurables avec des résultats parfois exceptionnels, Janssen sait bien que son traitement facturé quelque 500 000 $ aux États-Unis trouvera preneur sur d’autres marchés.

      En France, notre 100 % ou presque remboursé par la Sécu a un prix, celui de la maîtrise des coûts. Le système actuel donne en effet un accès gratuit aux anticancéreux via l’hôpital. Pour le maintenir sans plomber les comptes de l’Assurance maladie, les politiques de santé imposent aux labos des négociations de prix toujours plus longues et complexes faute d’avoir trouvé une autre solution. C’est ainsi que le traitement par immunothérapie Keytruda (Merck MSD), initialement conçu contre le cancer de la vessie, a mis plusieurs années avant d’être accessible chez nous. Son prix revient à 6 000 € par mois de traitement par patient et il est désormais indiqué dans différents autres cancers. . . . . .

      La suite : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/la-france-n-a-plus-les-moyens-de-se-payer-un-cancer-incurable-962063.html

      #France #Cancer #Sécurité_sociale #anticancéreux

  • La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté alerte une nouvelle fois sur les conditions de détention déplorables
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/05/11/la-controleuse-generale-des-lieux-de-privation-de-liberte-alerte-une-nouvell

    Dans son rapport annuel d’activité, Dominique Simonnot dénonce une réalité invivable rendue possible par un « calcul à court terme, sans vision ni réalisme, répondant au populisme par des incantations et des roulements de biceps ». [...]

    Nouveau record d’incarcérations

    Le premier point soulevé par le rapport est d’importance : la surpopulation carcérale et les atteintes à la dignité en prison. Avec 73 080 détenus au 1er avril et un taux d’occupation moyen des maisons d’arrêt à 142,2 %, la France a atteint un nouveau record d’incarcérations. « Aucune des visites du CGLPL dans les maisons d’arrêt et quartiers maison d’arrêt (seuls touchés par la surpopulation) n’a permis de voir un taux d’occupation inférieur à 135 %, et trois prisons affichaient des taux supérieurs à 200 % au moment du contrôle », indique le rapport, qui évoque une situation inacceptable au regard des droits de l’homme. La vie en prison devient alors intenable, puisque la surpopulation a pour conséquence directe les violences, un manque d’hygiène, l’entrave aux activités, au travail et à l’enseignement. [...]

    « [On] a laissé la prison se substituer aux asiles »

    Autre point soulevé par le rapport annuel : la psychiatrie. Là aussi, l’état des lieux est sévère, notamment en raison du manque de personnel. Conséquence : emplois vacants ; lacunes dans l’organisation de soins ; prévention insuffisante des risques, conduisant à des hospitalisations en urgence qui pourraient être évitées ; recours excessif à la contrainte ; nombreuses atteintes à la liberté d’aller et venir. Cependant, Mme Simonnot et ses équipes notent que « les conditions matérielles de prise en charge observées sont en général correctes, sous réserve de deux difficultés. L’une, de plus en plus fréquente, résulte de la saturation des espaces (…). L’autre, en voie de résorption, est la protection insuffisante de la sécurité des patients ou de leurs biens ».

    La question psychiatrique ne se résume pas aux établissements spécialisés mais déborde sur les prisons, avec des conséquences souvent dramatiques. « [On] a laissé la prison se substituer aux asiles d’antan, enfermant dans ses murs plus de 30 % des prisonniers atteints de troubles graves. Voilà comment, à leur corps défendant, surveillants et détenus ont, en quelque sorte, été contraints de se muer en infirmiers psychiatriques. » [...]

    Manque d’hygiène et de maintenance

    Le document de près de 200 pages met en évidence également une « gestion de plus en plus sécuritaire de la rétention des étrangers ». Les auteurs notent que certains locaux connaissent de graves défauts d’entretien, avec un manque d’hygiène et de maintenance. Les personnes retenues le sont « dans des espaces sales et dégradés », et disent « souffrir de faim et maigrissent pendant leur séjour ». D’autres centres sont entretenus et servent de la nourriture correcte, précise néanmoins le rapport.

    De plus, l’enfermement des enfants se poursuit malgré les « demandes insistantes du CGLPL » et la jurisprudence européenne. « Leur hébergement se déroule parfois sans jouets ni matériel de puériculture, y compris lorsque tout cela existe mais reste inaccessible car les fonctionnaires en ignorent l’existence », peut-on encore lire.

    https://jpst.it/3d7ba

    #prisons #détention #santé_mentale #droits_humains

    • Rappelons qu’au dernier congrès de la CGT, lors de l’élection du poste de secrétaire générale, Céline Verzeletti avait été mise en avant pour contrer la candidature de Marie Buisson.

      M. Buisson, qui incarnait la filiation politique avec la ligne Martinez est secrétaire générale de la FERC (fédération de l’enseignement, de la recherche et de la culture).

      C. Verzeletti, censée représenter « la ligne dure de la CGT » est une travailleuse de la fonction publique d’État, en l’occurrence, la pénitentiaire.

      À plusieurs reprises, lors de débats avec des militants de base de la CGT, j’ai reçu une appréciation très négative de la candidature Buisson, sous prétexte que sa fédération représentait un poids insignifiant dans la conf (sous-entendu qu’il s’agissait « d’intellos » et pas de « vrais travailleurs » ).

      Par contre, à aucun moment je n’ai entendu que l’hypothèse d’une ancienne matonne élue à la tête de la CGT pourrait poser le moindre problème.

    • Plus de 73 000 personnes détenues : arrêtons les frais !
      https://oip.org/communique/plus-de-73-000-personnes-detenues-arretons-les-frais-prison-record

      Un nouveau record vient d’être battu pour la troisième fois en six mois. 73 000 personnes s’entassent désormais dans les prisons françaises. Le gouvernement ne peut continuer de rester indifférent devant l’indignité des conditions de détention et sourd aux appels répétés des observateurs nationaux et internationaux à diminuer le nombre de détenus.