• l’hypothèse officiellement privilégiée, l’EI plus qu’Israël
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/04/l-iran-frappe-par-l-attentat-le-plus-meurtrier-depuis-la-revolution-islamiqu

      Peu après le double attentat de Kerman, sur le réseau social X, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, la plus haute autorité du pays, a menacé les responsables des explosions d’une « réponse ferme ». Le président, Ebrahim Raïssi, a promis que les services de sécurité iraniens « identifieront et puniront bientôt les auteurs de cet acte lâche ». Aucun de ces deux dirigeants n’a pointé du doigt un pays étranger ou un groupe militaire en particulier. Jeudi matin, le ministère de renseignement iranien n’avait pas encore attribué la responsabilité des deux explosions.

      Esmail Qaani, le successeur de Ghassem Soleimani, a accusé « des éléments soutenus par les Etats-Unis et le régime sioniste [Israël, dans la phraséologie officielle iranienne] » d’être à l’origine des explosions à Kerman. Mais, à Téhéran, peu d’officiels ont mis en cause les Etats-Unis ou Israël , deux ennemis jurés du régime iranien. Mercredi, le département d’Etat américain a rejeté l’accusation de M. Qaani. « Nous n’avons aucune raison de croire qu’Israël a été impliqué dans cette explosion », a déclaré Matthew Miller, le porte-parole de la diplomatie américaine, lors d’un point de presse. « Cela ressemble à une attaque terroriste, du type de celles que l’#EI a commises par le passé, et, pour autant que nous le sachions, c’est en quelque sorte, je pense, notre hypothèse de départ à l’heure actuelle », a dit un haut responsable américain, dans des propos rapportés par l’agence Reuters.

      Beaucoup d’experts pointent, en revanche, du côté de l’EI. Pays majoritairement chiite et dirigé par une élite appartenant à la même obédience, l’#Iran a été touché, à de multiples reprises, par des attaques, dont plusieurs ont été attribuées à l’EI. En juin 2017, le groupe avait ainsi revendiqué, pour la première fois, des actions simultanées à Téhéran, l’une près du mausolée du fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeyni, et l’autre au Parlement iranien. Ce double attentat avait tué dix-sept personnes.
      Un an plus tard, lors d’un défilé militaire à Ahvaz, ville située dans le sud-ouest de l’Iran, des hommes armés ont tiré sur les soldats, tuant vingt-cinq personnes. La dernière attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique a été menée en octobre 2022, au sanctuaire de Chah-Tcheragh, à Chiraz, ville du sud du pays, lorsqu’une fusillade a tué quinze personnes. L’EI avait ensuite menacé de mener d’autres attaques en Iran. De leur côté, les dirigeants iraniens annoncent très souvent le démantèlement des réseaux appartenant à cette organisation et l’arrestation de plusieurs de ses membres dans le pays.

      Depuis le 7 octobre 2023, Téhéran a exprimé son soutien au Hamas, tout en affirmant n’avoir joué aucun rôle dans l’organisation de l’attaque en Israël. Pour le moment, la République islamique d’Iran prend soin de ne pas s’engager dans une guerre ouverte avec Israël et son allié indéfectible, les Etats-Unis. Mais ses « proxys » (alliés) ne cessent de défier ces deux pays sur plusieurs fronts.

      Condamnations internationales
      Au Liban, les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’Etat hébreu le long de la frontière israélo-libanaise, devenus quotidiens, se sont intensifiés depuis l’assassinat de Saleh Al-Arouri, le 2 janvier. En Syrie et en Irak, les forces américaines ont été prises pour cible plus de cent fois par des militants soutenus par l’Iran. Dans la mer Rouge, les rebelles yéménites houthistes attaquent des navires marchands qu’ils estiment « liés à Israël ». Le 1er janvier, la marine américaine est intervenue au sud-ouest d’Hodeïda (le premier port du Yémen, aux mains des houthistes) pour détruire trois des quatre embarcations utilisées par le mouvement rebelle qui cherchaient à attaquer un navire commercial.

      Par le passé, Israël aurait certes procédé à des assassinats en Iran, sans jamais les revendiquer, mais ils ont toujours été ciblés. En novembre 2020, Mohsen Fakhrizadeh, acteur-clé du programme nucléaire de Téhéran, a été tué en plein jour à Absard, une petite ville à l’est de Téhéran. Quelques mois plus tard, le quotidien américain New York Times a révélé que cet assassinat avait été mené par une mitrailleuse de haute technologie pilotée à distance et cachée dans un pick-up stationné au bord de la route. Avant lui, au moins quatre autres scientifiques nucléaires iraniens ont été tués à Téhéran : Massoud Ali Mohammadi et Majid Shahriari, en 2010, Darioush Rezaeinejad, en 2011, et Mostafa Ahmadi Roshan, en 2012.
      Les explosions de Kerman ont été condamnées unanimement par la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé « les responsables à rendre des comptes ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a « condamné cette attaque terroriste dans les termes les plus forts » et « exprimé [sa] solidarité avec le peuple iranien ».
      Alors que les inquiétudes grandissent quant à une possible extension régionale de la guerre à Gaza, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, devait commencer jeudi une nouvelle tournée au Moyen-Orient, qui le conduira notamment en Israël, mais aussi dans des capitales arabes. Ce déplacement sera son quatrième dans la région depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
      Ghazal Golshiri

    • Quand Israël créait un groupe terroriste pour semer le chaos au Liban - Rémi Brulin
      https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/quand-israel-creait-un-groupe-terroriste-pour-semer-le-chaos-au-liban,24

      Dans les années 1979-1982, le gouvernement israélien a créé au Liban une organisation qui a commis de très nombreux attentats terroristes. Dans son livre Rise and Kill First : The Secret History of Israel’s Targeted Assassinations, traduit en français sous le titre Lève-toi et tue le premier (Grasset, février 2020), le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman revient, entre autres, sur cet épisode qui reste largement occulté.

    • D’abord actes de vengeance aveugle, en réaction au massacre d’une famille israélienne de Nahariya par un commando palestinien, ces opérations ont eu pour objectif, après 1981, de pousser Yasser Arafat à attaquer Israël, en violation du cessez-le-feu négocié par les Etat-Unis, pour justifier une invasion militaire au Liban.

  • Fraude dans les transports : les contrôleurs pourront consulter les fichiers du fisc
    https://www.leparisien.fr/economie/fraude-dans-les-transports-les-controleurs-pourront-consulter-les-fichier

    C’est un petit amendement du projet de loi de finances (PLF) 2024 mais un grand pas pour la lutte contre la fraude dans les transports en commun. Adopté par 49.3, il y a quinze jours, par l’Assemblée nationale, le texte autorise l’administration fiscale à communiquer en temps réel des informations sur les fraudeurs aux contrôleurs des transports en commun.

    #un_grand_pas

    • Questions bêtes (j’ignore si c’est dans l’article, dont la fin est sous paywall) :
      – la CNIL a-t-elle été consultée ?
      – est-ce que ça va passer devant le Conseil constitutionnel ?

      Il me semble qu’au minimum, l’accès à un tel fichier demanderait une vague notion de proportionnalité. Là, j’ai l’impression qu’on passe un peu rapidement de « j’ai pas payé les 2€ du ticket de métro » à « vite invoquons les mannes de l’anti-terrorisme ».

    • c’est pas le terrorisme, c’est la délinquance, intolérable phénomène anti-social

      une photo d’un gang qui contrôle les voyageurs dans les sous-sols de la gare du Nord illustre l’article

      C’est un petit amendement du projet de loi de finances (PLF) 2024 mais un grand pas pour la lutte contre la #fraude dans les #transports_en_commun. Adopté par 49.3, il y a quinze jours, par l’Assemblée nationale, le texte autorise l’administration fiscale à communiquer en temps réel des informations sur les #fraudeurs aux #contrôleurs des transports en commun.
      En clair, les agents de la #SNCF, de la #RATP et de l’ensemble des transports urbains pourront interroger la Direction générale des finances publiques (#DGFiP) pour s’assurer que la personne qui est contrôlée sans titre de transport communique bien sa bonne adresse pour recevoir son amende. « Il faut savoir que la DGFiP est une des administrations de l’État qui a une vision la plus actualisée sur l’identité et l’adresse des Français, justifie-t-on au cabinet de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Cet amendement permet donc à l’instance de mettre à disposition des transporteurs les données d’adressage des personnes qui sont contrôlées ». Autrement dit le nom, le prénom, la date de naissance et l’adresse de la personne contrôlée. « Rien de plus, assure Bercy. Il n’y aura aucune donnée fiscale de transmise ». [ah zut ! je croyais ki s’agissait d’annuler les amendes des non imposables et de moduler les tarifs selon le revenu et le patrimoine ndc]

      Une perte de 600 à 700 millions d’euros par an

      Une évolution attendue depuis très longtemps… Sept ans exactement et l’adoption le 22 mars 2016 de la loi Savary, relative à « la prévention et à la lutte contre les incivilités, contre les atteintes à la sécurité publique et contre les actes terroristes dans les transports collectifs de voyageurs ». En son article 18, le texte du nom de l’ancien député socialiste de Gironde Gilles Savary, prévoyait d’améliorer le #recouvrement des #amendes.
      Il faut dire que la fraude dans les #transports_publics coûte cher à la collectivité. Selon les chiffres de l’Union des transports publics (UTP) qui rassemble les entreprises du secteur, les passagers qui ne payent pas leur ticket représentent une perte de 600 à 700 millions d’euros par an. La moitié pour la seule SNCF et le reste à parts égales entre la RATP et le réseau de transports urbains de province. Et parmi ceux qui se font verbaliser, l’UTP estime qu’ils sont – dans une fourchette large – de 15 à 50 %, à ne jamais payer l’amende parce que l’adresse où elle est envoyée n’est pas la bonne.

      La proposition de loi ouvrait la possibilité de créer une plate-forme où les transporteurs accéderaient à certains #fichiers de l’administration pour vérifier les adresses des fraudeurs. Parmi les bases de données évoquées à l’époque, le fichier des comptes bancaires et assimilés qui est placé sous la responsabilité de la DGFiP ou encore le répertoire national commun de la protection sociale, qui centralise les données des #allocataires des différents organismes de protection sociale, sous la houlette de la Direction de la sécurité sociale.
      Une plate-forme qui n’a finalement jamais vu le jour. Car si l’idée a obtenu l’aval de la #Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), moyennant quelques aménagements, le #Conseil_d’État a complexifié sa mise en place. Alors que l’UTP était prête à lancer ce dispositif – nom de code VACS pour vérifications des adresses des contrevenants – sur lequel elle a déboursé plus d’un million d’euros, la plus haute juridiction administrative a estimé que la loi n’autorisait pas de sous-traiter sa mise en place. « En clair, nous devions le créer et le gérer nous-mêmes, précise l’UTP. Ce qui est impossible ».

      Pas avant deux ans

      L’idée a été alors de confier cette mission à l’Agence nationale des traitements automatisés des infractions sous tutelle du ministère de l’Intérieur. « Sauf que Beauvau n’a jamais fait avancer le dossier, s’agace une source bien informée. Heureusement que Bercy a repris le sujet. ». Pour quelle raison ? « Comme Bruno Le Maire ne veut pas entendre parler d’augmentation du versement mobilité (versé par toutes les entreprises de plus de onze salariés pour financer les transports), il propose d’autres rentrées d’argent pour les transporteurs », veut croire la même source.
      En tout cas, le ministre de l’Économie avait placé ce sujet comme prioritaire le 24 août lors de son discours de rentrée en Haute-Savoie : « Tous les #délinquants doivent être poursuivis et frappés au portefeuille quand ils ne payent pas leurs amendes, avait-il exhorté. Nous allons donc réorganiser la chaîne de traitement des amendes, favoriser le traitement des amendes le plus tôt possible, fiabiliser les informations qui remontent à la Direction générale des finances publiques pour que la DGFiP puisse sanctionner sans délais les défauts de paiement des amendes de tous les citoyens français, dans tous les points du territoire, à tous moments ». Cet amendement constitue donc la première brique. « Mais d’autres suivront », assure Bercy. À l’époque, grâce à la VACS, l’UTP ambitionnait un taux de recouvrement de 50 %.
      Mais avant de voir des contrôleurs vérifier votre adresse à partir des données du fisc, « il faudra encore attendre deux ans, évalue le cabinet du ministre de l’Économie. Créer un canal informatique entre la DGFiP et les transporteurs est un chantier qui prend du temps ». Beaucoup moins, espère toutefois l’UTP. « Nous avons déjà beaucoup travaillé le sujet, confie Béatrice Simard, qui pilote VACS. Nous sommes en train de réaliser un audit sur ce qu’il faut faire évoluer. Depuis 2019, le langage informatique a changé et les enjeux de cybersécurité sont plus importants ».

      la CNIl « aménagera ». et si ce n’est pas fait en #sous_traitance (une exception désormais dans la sphère publique), le Conseil d’État avalisera.
      comme on sait, ne pas se déclarer au trésor public interdit l’accès à divers droits. souvent vu des cas où il fallait déclarer les 3 ans écoulés, par exemple pour avoir droit à un revenu minimal.

      #guerre_aux_pauvres #contrôle_social #surveillance

    • #croisement_des_fichiers #fichage_généralisé #pétain_en_revait

      ce ne se fera donc pas sous tutelle du ministère des transports mais de l’intérieur (qui s’occupe aussi depuis longtemps de gérer la non-libre circulation sur le territoire)

      Comme Bruno Le Maire ne veut pas entendre parler d’augmentation du versement mobilité (versé par toutes les entreprises de plus de onze salariés pour financer les transports), il propose d’autres rentrées d’argent pour les transporteurs

    • ça passerait pas par le ministère de l’intérieur mais par une liaison des société de transports avec les fichiers du ministère des finances (trésor public). l’adage "follow the money" vient de la lutte anti mafia (Al Capone, tout ça). le voilà appliqué à des millions d’usagers des transports collectifs, dont on peut par ailleurs présumer qu’ils ne sont pas doués en fraude fiscale.

      #délinquance

  • 174 victimes de traite dʼêtres humains sur un quai du port d’Anvers, et le compteur tourne encore Dirk Tuypens - Solidaire
    https://www.solidaire.org/articles/174-victimes-de-traite-d-etres-humains-sur-un-quai-du-port-d-anvers-et-le

    Le géant de la chimie Borealis, une multinationale qui a réalisé un bénéfice de 1,4 milliard en 2021, est en train de construire une nouvelle usine de plastique à Kallo, dans le port d’Anvers. Fin juillet, on découvre 55 victimes potentielles de traite dʼêtres humains sur le chantier de Borealis. Ce nombre passe rapidement à 174. Des esclaves des temps modernes, dans une Europe prospère.

    Pour ce projet de nouvelle usine, Borealis peut compter sur une subvention de la Région flamande de six millions d’euros. Évidemment, Borealis ne construira pas l’usine elle-même. Pour cela, elle fait appel à un entrepreneur. Cet entrepreneur, c’est notamment la coentreprise franco-italienne Irem-Ponticelli. L’entreprise italienne Irem emploie des milliers de personnes en Europe, en Arabie Saoudite, en Afrique du Nord, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. L’entreprise française Ponticelli Frères emploie environ 5 000 personnes à travers le monde, et a enregistré un chiffre d’affaires de 785 millions d’euros en 2021.


    Photo Belga - Anvers (Antwerpen)

    Cet été, le consul flamand des Philippines à Anvers, après avoir été alerté par plusieurs victimes, soulève la question dʼune exploitation dʼêtres humains auprès du bourgmestre De Wever et de Payoke, le centre qui accueille et accompagne les victimes de la traite des êtres humains.

    Il s’agit de personnes originaires du Bangladesh, des Philippines, d’Ukraine et de Turquie. Des ouvriers qui doivent travailler six jours sur sept pour un salaire de 500 à 650 euros, et qui sont en outre logés dans des conditions épouvantables. Certains d’entre eux ont un permis de travail expiré.

    Il s’agit de personnes qui sont recrutées par des agences internationales dans leur pays d’origine avec la promesse de gagner beaucoup d’argent en Europe, ce qui leur permettra d’offrir à leur famille une vie meilleure dans leur pays. Ils paient souvent une petite fortune pour la traversée et se retrouvent dans un circuit obscur qui les conduit d’un pays à l’autre, et leur procure tout sauf le revenu espéré.

    « Trois semaines après l’éclatement du scandale, 17 victimes semblent avoir été "oubliées" et se retrouvent sans aucun soutien", déclare Peter Mertens, conseiller communal PTB à Anvers. « Cʼest incroyable que les travailleurs qui ont bossé comme soudeurs et tuyauteurs dans le port, des victimes de la traite dʼêtres humains, ne puissent toujours pas compter sur un quelconque soutien des autorités. Certains d’entre eux n’ont pas eu de revenu pour vivre pendant des semaines. Ils subissent toujours une forte pression de la part des exploitants, qui viennent régulièrement les menacer. Depuis la semaine dernière, ils sont également menacés d’un avis d’expulsion par le bourgmestre De Wever. Ces travailleurs construisent nos usines, nos écoles et nos hôpitaux. Ils ont droit à un salaire égal pour un travail égal. Et aujourd’hui, tout d’abord, dʼun lieu sûr. »

    Sous le radar
    Les témoignages qui paraissent dans la presse sont hallucinants. Le 29 juillet, par exemple, le quotidien Gazet van Antwerpen a publié le récit d’une des victimes. « Nous avons été recrutés au Bangladesh par une agence ayant des bureaux au Portugal et en Belgique. Ils nous ont promis un salaire de 2 500 euros par mois. Pour les atteindre, il faudrait travailler 190 heures par mois. Pour pouvoir nous rendre en Belgique, nous devions d’abord nous rendre en Inde pour demander un visa à l’ambassade de Hongrie. Pour le billet d’avion pour l’Inde, nous avons payé à l’agence 1 000 euros par personne. Cela représente beaucoup d’argent au Bangladesh, mais nous espérions un bon salaire qui nous permettrait de rembourser rapidement tous ces frais. » Une fois le visa hongrois en règle, les ouvriers sont retournés au Bangladesh, où ils ont payé à l’agence entre 7 000 et 8 500 euros pour un billet vers la Hongrie.

    Là, ils ont dû survivre pendant trois mois avant d’être envoyés en Belgique pour travailler sur le chantier de Borealis. Ils avaient un salaire horaire de 6,5 euros.

    Plus tard, on a dit aux ouvriers qu’ils devaient aller en Grèce. Là-bas, ils devraient travailler six jours par semaine et dix heures par jour. S’ils n’acceptaient pas, ils seraient licenciés. Leur salaire en Belgique n’avait pas encore été versé, ils ne le recevraient qu’en Grèce.

    En juillet, ces travailleurs décident d’aller à la police.

    « Nous voyons cela tous les jours », a déclaré Klaus Vanhoutte, le directeur de Payoke, sur Radio 1, le 26 juillet. « Nous alertons depuis des années que l’exploitation économique est également très présente dans notre pays. » Pour Payoke, le nombre de victimes chez Borealis est inégalé, c’est du jamais vu. Cela pose d’ailleurs des problèmes majeurs à l’organisation, car il n’y a pas assez d’hébergements. Payoke et ses organisations sœurs à Bruxelles et en Wallonie ne disposent que de 70 places d’accueil. M. Vanhoutte souligne également que seul un petit pourcentage du problème est visible. De nombreuses victimes restent sous le radar. Ce n’est pas surprenant, si l’on sait qu’il n’y a que 39 inspecteurs qui travaillent sur la traite des êtres humains. Les investissements sont insuffisants pour lutter efficacement contre l’exploitation économique.

    Entendre, voir et se taire
    Le dumping social est symptomatique d’un système économique dans lequel les patrons sont constamment à la recherche de force de travail moins chère. Si le transport et la construction en particulier font la une des journaux, cette maladie touche également d’autres secteurs. Il suffit de penser au livreur de colis PostNL, qui a récemment été mis en cause pour traite d’êtres humains et dumping social.

    Le système de sous-traitance facilite grandement le dumping social. Les grands entrepreneurs sous-traitent l’ensemble ou une partie de leur travail à de plus petits entrepreneurs. Ces sous-traitants sont en concurrence les uns avec les autres et doivent essayer de travailler pour le meilleur prix possible. À leur tour, ils sous-traitent également à d’autres sous-traitants. Cela crée un enchevêtrement inextricable de sous-traitance. Au nom de la concurrence et de la soif de profits, les salaires et les conditions de travail sont entraînés dans un cercle vicieux.

    Les gros donneurs d’ordre, ceux qui profitent le plus de ce système, sont hors d’atteinte. En effet, le système leur fournit très facilement les protections nécessaires. Borealis, par exemple, dit immédiatement qu’elle ne sait rien et pointe du doigt Irem-Ponticelli. Elle rompt le contrat avec l’entrepreneur et exige une « totale transparence ». Peu de temps après, Irem-Ponticelli a également nié toute implication. Ainsi, elles se refilent mutuellement la faute.

    « Nous ne savons rien et nous sommes très indignés », entend-on. C’est très facile de dire ça, mais pas crédible. « On n’agit que lorsque les profits sont menacés », déclare l’expert en marketing Luk Warlop dans la Gazet van Antwerpen du 29 juillet. « Ces dernières années, les entreprises ont beaucoup parlé de pratiques commerciales éthiques, mais c’est souvent uniquement pour faire bonne figure face aux actionnaires. En fin de compte, il faut conclure que le réflexe éthique est absent, et qu’il n’y a personne pour dire que ce n’est pas bien. Cela n’arrive que lorsque tout est révélé au grand jour. Le but fondamental, c’est la chasse au profit. Et donc la réputation prime sur l’éthique. C’est comme ça. »

    Pour l’avocat et professeur de droit du travail Jan Buelens aussi, ce dédouanement n’est pas convaincant : « En tout cas, Borealis a eu toutes les possibilités d’être informée et de procéder à des vérifications, a-t-il déclaré à Radio 1. Apparemment, cela n’a pas été fait. Après coup, il est toujours facile d’exiger la transparence et de rompre le contrat avec le sous-traitant. »

    IREM n’est pas sans antécédents en la matière, chose que Borealis pouvait certainement savoir. La multinationale avait déjà été mise en cause en Suède en 2005, dans une affaire qui ressemble étrangement au scandale de Borealis. Pour l’installation d’une raffinerie de pétrole, l’entreprise avait également fait appel à l’époque à un grand nombre d’ouvriers étrangers : des Polonais, des Portugais et un groupe important de Thaïlandais. Eux aussi étaient mal logés et payés bien moins que ce qui leur avait été promis au départ. Le sous-traitant thaïlandais a tenté de faire pression sur les ouvriers et de les amener à déclarer par écrit qu’ils avaient été correctement payés. Quatre travailleurs ont refusé et ont été licenciés. 200 ouvriers thaïlandais se sont alors mis en grève. Ils ont reçu les salaires qui leur avaient été promis et personne n’a été licencié.

    Bien que l’exploitation massive chez Borealis n’ait été révélée que fin juillet, le problème était connu depuis longtemps. « Il y avait des signes dès le mois de mai », affirme Luk Warlop. Borealis en a également été informée à ce moment-là, mais elle n’a réagi que lorsque tout a été médiatisé.

    Un système en déroute
    Un autre point sensible dans cette histoire est la directive européenne sur le détachement des travailleurs. Celle-ci existe depuis 1997 et s’inscrit dans le principe européen de libre circulation des personnes, des services, des biens et des capitaux. Elle donne aux employeurs la possibilité d’envoyer des travailleurs dans d’autres pays européens. Ces derniers doivent bénéficier du salaire et des conditions de travail du pays où ils travaillent. Les cotisations sociales doivent, en principe, être payées dans le pays d’origine. Mais ce système défaille de plus en plus.

    « Il s’agit d’un processus de déconstruction », explique Marc Botenga, député PTB au Parlement européen, dans le Solidaire de janvier-février 2020. « D’une spirale infernale dans laquelle les salaires, les conditions de travail et ainsi de suite sont sous pression. Ce processus est initié par les employeurs. Au sein de l’Union européenne, il existe des différences en termes de salaires et de droits sociaux, et les employeurs les exploitent. Aujourd’hui, le dumping social se concentre principalement sur le salaire indirect, la partie brute du salaire, qui finance, entre autres, la sécurité sociale. Si une entreprise envoie un salarié dans un autre État membre de l’UE à titre temporaire, elle bénéficie du fait que le salaire brut en Roumanie, par exemple, est beaucoup plus bas que dans notre pays. Elle envoie donc un travailleur avec un contrat roumain en Belgique (en détachement) et elle ne doit payer les cotisations sociales qu’en Roumanie, où elles sont beaucoup plus basses. Pour les employeurs, c’est devenu un véritable modèle économique. Il faut que cela cesse. Nous pourrions obliger les entreprises à payer les cotisations sociales selon les taux en vigueur dans le pays où travaille l’employé. Mais il y a beaucoup de résistance à cela. »

    En mai 2014, l’Europe a donné aux États membres la possibilité de tenir les entreprises qui font appel à des sous-traitants conjointement et solidairement responsables du paiement des salaires et du respect des droits des travailleurs embauchés par le sous-traitant. Les États membres étaient libres de décider si cela devait s’appliquer à l’ensemble de la chaîne de sous-traitance et à quels secteurs. Le gouvernement Michel-De Wever n’a appliqué cette mesure qu’au secteur de la construction, et uniquement au sous-traitant direct du donneur d’ordre, et non aux autres niveaux de sous-traitance. C’est totalement insuffisant.

    Il faut fermer le robinet
    En Belgique, 23 000 personnes sont actuellement enregistrées comme victimes de la traite des êtres humains. Ce chiffre a donc décuplé en quelques années. Malgré toutes les belles déclarations sur les pratiques commerciales éthiques et la lutte contre la fraude, le problème ne fait que s’aggraver, non seulement dans notre pays, mais aussi dans toute l’Europe. Il est clair qu’une approche ferme et des réglementations plus strictes sont nécessaires.

    C’est pourquoi, le PTB dépose une proposition de loi visant à étendre la responsabilité des entreprises travaillant avec des sous-traitants. L’objectif est que le contractant principal soit toujours responsable du paiement intégral des salaires des travailleurs, quel que soit le nombre de sous-traitants et quel que soit le secteur. Les entreprises commanditaires doivent être responsables de l’ensemble de la chaîne de sous-traitants. Confier la responsabilité au donneur d’ordre aura un meilleur effet préventif.

    La proposition de loi comporte trois points principaux. Tout d’abord, nous devons nous assurer que la responsabilité ne couvre pas seulement la relation entre l’entrepreneur et le sous-traitant direct, mais qu’elle soit étendue à l’ensemble la chaîne de sous-traitance. Deuxièmement, le système de responsabilité conjointe et solidaire doit être étendu à tous les secteurs, comme le permet la directive européenne et comme le demandent également les syndicats. Troisièmement, le contractant principal doit être responsable du paiement de tous les salaires, et pas seulement des salaires futurs après qu’il a été établi qu’aucun salaire n’a été payé, comme c’est le cas actuellement.

    En outre, le PTB demande également que les services d’inspection soient enfin renforcés. Un doublement du nombre d’inspecteurs est nécessaire.

    Dans le cas spécifique de Borealis, le PTB souhaite une enquête approfondie. « Nous voulons savoir qui est responsable du fait que des esclaves travaillent au port d’Anvers », déclare le député PTB Thierry Warmoes. Selon le parti, Borealis était depuis longtemps au courant de l’exploitation d’au moins 170 travailleurs sur son chantier. L’entreprise en avait été informée, mais n’a pris aucune mesure à cet égard. Le parti demande donc aux ministres de débloquer tous les moyens nécessaires pour mener une enquête approfondie sur cette affaire, avec une task force composée d’experts de tous les services concernés travaillant spécifiquement sur le dossier.

    Les grands discours ne suffisent pas. On ne pourra obtenir de résultats qu’avec des réglementations claires, un contrôle ferme et des sanctions effectives. Tant que les grandes multinationales et leurs actionnaires détermineront l’organisation de notre économie, la traite des êtres humains et le dumping social réapparaîtront toujours.

    #esclavage institutionnel de l’#ue #union_européenne #europe #exploitation #Borealis #irem # Irem-Ponticelli #sous_traitance #cotisations sociales #Bangladesh #Philippines #Ukraine #Turquie # salaires #conditions_de_travail

  • Entre sous-traitance, privatisations et perte des statuts : le métier d’éboueur menacé
    https://zoom-ecologie.net/?Entre-sous-traitance-privatisations-et-perte-des-statuts-le-metier-d
    https://zoom-ecologie.net/IMG/mp3/zoom_ecolo_2021_03_25_eboueurs.mp3

    Emission du 25 mars 2021
    Discussion avec Ali et Bobby, logisticien chez TAIS Veolia Propreté et éboueur-rippeur dans le 6e arrondissement de Paris. Ensemble nous faisons le point sur les menaces qui pèsent sur le statut particulier des collecteurs de déchets et des #éboueurs : la sous-traitance à des entreprises de « transport », la privatisation de la collecte communale, la loi de réforme de la fonction publique... Avec, en ligne de mire, l’aggravation des conditions de travail et la baisse des exigences environnementales dans le secteur.

    #sous_traitance #veolia #rippeur

  • Les entreprises de #sécurité privée se préparent au « partenariat » avec l’État
    https://www.ouest-france.fr/economie/les-entreprises-de-securite-privee-se-prepare-au-partenariat-avec-l-eta

    En ouverture du salon Milipol, dédié à la sécurité intérieure des États, Christophe Castaner est revenu sur le projet de « partenariat » entre les forces de sécurité publiques et privées. Détaillé dans le Livre blanc sur la sécurité intérieure attendu pour 2020, des sociétés de sécurité privée pourraient accepter des missions actuellement remplies par les forces de sécurité de l’État.

    #fonctions_régaliennes #sous_traitance #privé #France

  • Travail, nom féminin - Vacarme
    https://vacarme.org/article3260.html

    L’histoire de Konstantína Koúneva, militante syndicale défigurée fin décembre 2008 dans un quartier d’Athènes à la suite d’une attaque à l’acide, est traversée par l’histoire grecque de ces dix dernières années et la traverse en retour d’une façon oblique, singulière et sensible.

    pas encore lu, je le poste pour le retrouver, mais aussi parce que je sens que ça va planter des arbres.

    #Konstantína_Koúneva

  • Au procès de Cristal union, jugé pour deux accidents mortels : « Ils ont essayé de rejeter la faute sur les cordistes »
    https://www.bastamag.net/Au-proces-de-Cristal-union-juge-pour-deux-accidents-mortels-Ils-ont-essaye

    Cinq ans avant l’accident mortel, en 2017, de Quentin Zaroui-Bruat – raconté il y a peu par Basta ! – deux autres cordistes, Arthur Bertelli et Vincent Dequin, 23 et 33 ans, mourraient dans des conditions similaires, ensevelis sous des tonnes de matière dans les silos du géant sucrier Cristal union. Après sept ans d’une instruction interminable, le procès s’est déroulé le 11 janvier, à Reims. Un moment décisif pour une profession frappée par la course au rendement. L’association des « cordistes en colère (...)

    #Décrypter

    / A la une, #Transformer_le_travail, #Reportages, #Conditions_de_travail, #Justice

  • À QUI VA LA FORTUNE DÉPENSÉE POUR LUTTER CONTRE L’#IMMIGRATION ? — L’AUTRE QUOTIDIEN
    https://www.lautrequotidien.fr/articles/lesprofiteurs?rq=%C3%A0+qui%20va

    INSTRUMENTALISATION DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT
    L’Union européenne utilise les financements de l’Aide publique au développement (APD) pour contrôler les flux migratoires, comme avec le Centre d’Information et de Gestion des Migrations (CIGEM) inauguré en octobre 2008 à Bamako au Mali par exemple4. Ainsi, le 10eFonds européen de développement (FED) finance, en Mauritanie, la formation de la police aux frontières. Pour atteindre les objectifs qu’ils se sont eux mêmes fixés (allouer 0,7 % du revenu national brut à l’APD), certains États membres de l’UE comptabilisent dans l’APD des dépenses qui n’en sont clairement pas. Malgré les réticences des États membres à harmoniser leurs politiques migratoires internes, ils arrivent à se coordonner pour leur gestion extérieure.

    Concrètement, de plus en plus de sociétés privées bénéficient de la #sous_traitance de la délivrance des #visas (un marché entre autres dominé par les entreprises VFS et TLS Contact), et facturent aux administrations publiques la saisie des données personnelles, la prise des empreintes digitales, des photos numérisées... Comme on pouvait s’y attendre, le recours au privé a fait monter les prix des visas et le coût supplémentaire est supporté par les requérants. Mais les demandes introduites pour obtenir visas ou permis de séjour ne sont pas à la portée de tout le monde et beaucoup se retrouvent apatrides ou sans-papiers, indésirables au regard de la loi.

    La gestion des centres de détention pour migrants où sont placés les sans-papiers en attente d’expulsion est, elle aussi, sous-traitée à des entreprises privées. Ce transfert vers la sphère privée renforce le monopole des trois ou quatre multinationales qui, à l’échelle mondiale, se partagent le marché de la détention. Ainsi, près de la moitié des 11 centres de détention pour migrants du Royaume-Uni sont gérés par des groupes privés. Ces entreprises ont tout intérêt à augmenter la durée d’incarcération et font du lobbying en ce sens, non sans résultats. Ainsi, les sociétés de sécurité privées prospèrent à mesure que le nombre de migrants augmente |10|. En outre, l’hébergement d’urgence est devenu un secteur lucratif pour les sociétés privées qui perçoivent des fonds de certains États comme l’Italie, aux dépens d’associations humanitaires qui traditionnellement prennent en charge les réfugiés.
    [...]
    La société française #Sodexo a vu les détentions de migrants comme une opportunité d’extension de ses activités dans les prisons. L’empire du béton et des médias français Bouygues est chargé de la construction des centres de détention pour migrants dans le cadre de contrats de partenariats publics-privés (PPP) |12| et l’entreprise de nettoyage Onet y propose ses services. Au Royaume-Uni, des multinationales de la sécurité telles G4S (anciennement Group 4 Securitor) |13|, Serco ou Geo, ont pris leur essor grâce au boom des privatisations. Aux États-Unis, CCA et GEO sont les principales entreprises qui conçoivent, construisent, financent et exploitent les centres de détention et Sodexho Marriott est le premier fournisseur de services alimentaire de ces établissements.

  • Special Report: Children poisoned by lead on U.S. Army bases as hazards ignored | Reuters
    https://www.reuters.com/article/us-usa-military-housing-specialreport/special-report-children-poisoned-by-lead-on-u-s-army-bases-as-hazards-ignor

    Like most family housing on U.S. bases today, the home wasn’t owned and operated by the military. It was managed by Villages of Benning, a partnership between two private companies and the U.S. Army, whose website beckons families to “enjoy the luxuries of on-post living.”

    The symptoms began suddenly. At 18 months, JC would awake screaming. He began refusing food, stopped responding to his name and lost most of his words.

    #privatisation #sous_traitance #etats-unis #santé

  • Amsterdam à l’arrêt suite à une coupure de courant massive RTBF - AFP - 9 Mars 2018
    https://www.rtbf.be/info/monde/detail_amsterdam-a-l-arret-suite-a-une-coupure-de-courant-massive?id=9862168

    Les tramways étaient à l’arrêt et des musées fermés à Amsterdam vendredi suite à une coupure d’électricité massive, a annoncé le fournisseur d’énergie néerlandais.

    Cette coupure dans le centre-ville est survenue vers 11H (10H GMT) suite à l’endommagement d’un câble lors de fouilles dans le sud d’Amsterdam, précise le fournisseur Liander sur son site internet.
    28.000 foyers privés d’électricité


    Peu après l’accident, le musée Rijksmuseum qui expose notamment le chef d’oeuvre de Rembrandt La Ronde de nuit a été évacué et restait fermé dans l’après-midi tout comme le musée Alard Pierson voisin, selon la télévision publique NOS.

    Le musée Van Gogh et le musée d’art moderne Stedelijk restaient toutefois ouverts.

    Des techniciens de Liander sont à l’oeuvre pour rétablir le courant, « mais nous ne pouvons pas dire combien de temps cela pourrait prendre », souligne le fournisseur d’électricité.

    #électricité #sous_traitance #privatisation #économie #Amsterdam

    N’importe quoi !

  • Capitalism’s new crisis: after Carillion, can the private sector ever be trusted? | Politics | The Guardian
    https://www.theguardian.com/politics/2018/jan/21/capitalism-new-crisis-can-private-sector-be-trusted-carillion-privatisa

    #Carillion, «l’entreprise qui gère le #Royaume-Uni», dépose le bilan - Le Temps
    https://www.letemps.ch/economie/2018/01/15/carillion-lentreprise-gere-royaumeuni-depose-bilan

    L’entreprise est l’un des plus gros #sous-traitants du gouvernement britannique, dans les écoles, les prisons ou encore les hôpitaux. Sa #faillite questionne ce modèle

    #politique #Royaume_uni #capitalisme #sous_traitance #argent_public #intérêt_privé #mafia

  • Un accident inédit révèle de graves dysfonctionnements en matière de sûreté nucléaire en France - Basta !
    https://www.bastamag.net/Un-accident-inedit-revele-de-graves-dysfonctionnements-en-matiere-de-suret
    https://www.bastamag.net/IMG/arton6404.jpg?1512037464

    Des détails sur l’incident de Paluel.

    En mars 2016, lors d’une opération de remplacement, un générateur de vapeur de 465 tonnes chute en plein cœur de la centrale nucléaire de Paluel, en Normandie

    Causes mentionnées :
    – difficulté à transmettre les informations et à savoir qui fait quoi de part les nombreux sous-traitants (qui sous-traitent…) [Le comble : pas de personnel d’EDF présent au moment de cette manutention]
    – dilution de la responsabilité pour la même raison
    – pression exercée sur les délais
    – avertissements non pris en compte (le palonnier s’était tordu déjà avec les premières manipulations…)

    Et aussi pas mal de chance (pas de blessés, pas de fissure de la cuve, ce qui aurait entrainé des radiations…)

    Des alertes ignorées

    L’accident s’est déroulé lors de la dépose du troisième générateur sur les quatre que compte la tranche 2 de la centrale [6]. À l’intérieur du bâtiment, on avait bien remarqué, au cours du hissage des deux premiers générateurs que le palonnier tanguait dangereusement. L’information avait d’ailleurs circulé au sein de la centrale plusieurs jours avant l’accident, y compris entre des salariés non concernés par le chantier. « On a vraiment insisté sur le fait que le palonnier était tordu. On a remonté l’information », ont confié des salariés aux experts. Dans leur rapport, ces derniers précisent : « Plusieurs de nos interlocuteurs ont en outre laissé entendre que l’information n’était pas seulement remontée aux encadrants de l’équipe de remplacement du GV, mais bien également à la direction du projet à Marseille ainsi qu’à celle de la DIPDE. »

    Les ingénieurs qui pilotent l’opération sont donc censés être au courant des premiers signes de défaillances. Au moment de ces diverses alertes, une réunion se tient au sein de la centrale. « On le sait parce que des salariés nous l’ont rapporté, raconte Thierry Raymond, animateur du collectif nucléaire au sein de la Fédération nationale des mines et de l’énergie de la CGT (FNME). Mais nous n’en avons aucune trace écrite. On ne sait pas qui était là, ni ce qui s’y est dit. »

    Seule certitude : le chantier s’est poursuivi, comme si de rien n’était, jusqu’à ce que le tout s’écroule. « Tout ça, nous le savions, soupire un salarié de Paluel. Mais ce que l’on a découvert avec cette étude, c’est que des gens de la DIPDE savaient avant l’ouverture du chantier qu’il y avait un problème de conception, et que rien n’a été fait ! » Pour Aptéis, la masse de travail des ingénieurs EDF est en cause, de même que l’obligation, là encore, de faire les choses « au plus vite ».

    #nucléaire #sous_traitance #pression

  • Vidéo : « Qui sont les trafiquants ? Pas des Français ! Ce sont des africains, mon ami » la réponse de Macron sur l’#esclavage en Libye - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/videos/v5qf8f.DGT/qui-sont-les-trafiquants-pas-des-francais-ce-sont-des-africains

    Le Nouvel Obs est le SEUL MSM à en parler

    Visiblement agacé par la question d’un étudiant burkinabé [sur la responsabilité de son pays dans la vente de #migrants en #Libye http://www.dakaractu.com/Macron-sur-l-esclavagisme-en-Libye-Qui-sont-les-trafiquants-Ce-sont-les-A ] lors de son discours à l’université de Ouagadougou, Emmanuel Macron s’est emporté : « Mais qui sont les trafiquants ? Ce ne sont pas des français. (...) Ce sont des africains qui esclavagisent d’autres africains. » Le président français a ensuite rajouté « Et il y a des européens qui bénéficient de cette route de la misère en Europe. Et ça c’est inacceptable. »

  • « Dans la sous-traitance hôtelière, c’est de l’esclavage moderne » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/26/dans-la-sous-traitance-hoteliere-c-est-de-l-esclavage-moderne_1612701

    En charge du nettoyage du Holiday Inn de Clichy-la-Garenne, les salariés de Héméra sont en grève depuis le 19 octobre contre des mutations et les cadences infernales. La direction reste sourde .

    La grève s’éternise. Depuis plus d’un mois, des salariés d’une entreprise sous-traitante, Héméra, qui gère le nettoyage de l’hôtel Holiday Inn de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), ont entamé leur mouvement de protestation. Multipliant les actions pour faire entendre leurs revendications face à une direction impassible. Jeudi soir, onze fantômes ouvrent le cortège dans la nuit. C’est le déguisement qu’ont choisi ces salariés en grève pour attirer l’attention sur leur sort. Une centaine de personnes sont venues à Clichy manifester à leurs côtés. « Ces travailleurs sont des salariés invisibles », lance le responsable du syndicat CGT des hôtels de prestige et économiques (HPE), Claude Levy.

    Le défilé est parti du Holiday Inn de Clichy et s’est terminé devant la mairie. « Sous-traitance, maltraitance ! » « Frottez, frottez, il faut payer. L’esclavage, c’est fini ! » : voilà quelques-uns des slogans qui ont retenti dans le centre-ville. En soutien au mouvement, des travailleurs, des Clichois et des syndiqués ont protesté contre les méthodes de travail de Héméra. Lancé pour dénoncer la mutation d’une gouvernante, la deuxième en six mois, le mouvement s’est étendu à d’autres revendications. Outre la suppression de la clause de mobilité figurant dans leurs contrats, les grévistes demandent l’arrêt du paiement à la chambre (illégal pour un salarié), le règlement des heures supplémentaires, une prime de 13e mois et, surtout, leur embauche directe par le donneur d’ordre, Holiday Inn.

    « Six jours sur sept »

    L’entreprise de sous-traitance Héméra a décroché le 19 décembre 2016 un contrat d’un an avec l’hôtel de Clichy. Elle a récupéré de fait les 35 salariés du nettoyage, en majorité immigrés, qui travaillaient déjà pour le précédent prestataire - comme le prévoit la convention collective du secteur si ceux-ci ont au moins quatre mois d’ancienneté. Depuis, leurs acquis sociaux seraient « bafoués », dénonce Mirabelle Nsang, 43 ans, gouvernante d’origine camerounaise et représentante de la section syndicale CNT-Solidarité ouvrière à Héméra. Elle s’insurge : « Nos plannings ont changé, on travaille six jours sur sept. Nos deux jours de repos consécutifs ont disparu. Avant, les femmes de chambre devaient nettoyer 17 chambres en sept heures. Avec Héméra, on leur demande de faire 20 à 25 chambres. On finit plus tard et on n’est pas payés. On avait droit à un week-end par mois et certains salariés n’en ont même pas eu. Héméra a tout détruit. » La situation concerne selon elle des femmes de chambre, des gouvernantes, des équipiers et des plongeurs. Mirabelle Nsang dénonce également le « harcèlement » de la cheffe de site : « Elle ne te donne que des chambres à faire après des séjours de longue durée, où elles sont plus sales, pour te faire mal. Elle veut réformer son équipe pour être entourée de gens qui disent oui à tout. »

    Douleurs physiques

    « Nous, les immigrés, on mène ce combat car nous n’avons pas d’autre choix », assure Mirabelle Nsang. Ils espèrent que l’issue sera positive, comme cela a été le cas dans différents dossiers ces dernières années : en 2015 notamment, un mouvement de grève avait contraint le groupe Louvre Hotels à intégrer des femmes de chambre dans cinq de ses établissements.

    A Clichy, au premier jour du mouvement, 33 salariés sur 35 étaient en grève. Leur nombre a ensuite diminué progressivement pour se stabiliser à 11, « le noyau dur », comme l’indique cette mère de famille qui travaille dans l’hôtel depuis onze ans. « Les autres grévistes ont repris le travail après avoir subi des pressions d’autres syndicats », accuse la représentante CNT-SO. Pour Eric, 35 ans, équipier dans l’hôtel depuis dix ans et délégué syndical de FO, « le conflit est légitime. On en avait ras-le-bol de cette situation, c’est un système qui pousse les gens à craquer ». Il n’oublie pas les provocations de la cheffe de site, qui lui répétait : « L’aspirateur est ta copine », ou encore « mon petit-fils de 2 ans passe l’aspirateur mieux que toi ». Ce père de deux enfants raconte avoir été « blessé » par ces « propos désobligeants » et qu’il se rendait sur son lieu de travail la « boule au ventre ». Les mutations de deux salariées de Héméra, qu’il qualifie d’« arbitraires et brutales », ont été l’élément déclencheur de la grève qui a débuté le 19 octobre.

    Contactées par Libération, la société Héméra et la directrice de l’hôtel Holiday Inn de Clichy, dont le comportement est mis en cause par les grévistes, n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Le groupe Intercontinental, poids lourd hôtelier à l’échelle mondiale et propriétaire de la marque Holiday Inn, nous a fait parvenir cette unique réponse : « Un petit nombre d’employés travaillant pour un prestataire de services ont choisi de se mettre en grève en raison d’un différend avec leur employeur à propos de leurs salaires et de leurs avantages. L’équipe de direction de ce sous-traitant a immédiatement ouvert le dialogue pour trouver un accord avec les syndicats et faire en sorte que le personnel puisse retourner rapidement au travail, sans que cela n’affecte nos clients ni la qualité de nos services. »

    « Peur de parler »

    Juriste au syndicat CNT-SO, Etienne Deschamps n’a pas le même souvenir des négociations. Au premier jour de la grève, il a rencontré avec d’autres représentants Carlos Goncalvez, le directeur d’exploitation de Héméra : « Nous lui avons dit que si les mutations prévues étaient annulées, les salariés reprendraient le travail immédiatement, avec le paiement de la journée de grève et un calendrier de négociations fixé maintenant pour le reste des revendications. » Une réponse de l’entreprise de nettoyage devait arriver dans l’après-midi. Une délégation, accompagnée du juriste de la CNT-SO, est finalement reçue le 26 octobre, sept jours après, par le PDG de Héméra, Denis Schiavone, en présence de Goncalvez : le refus de revenir sur la clause de mobilité est notifié aux grévistes. Le lendemain, des policiers en verbalisent neuf d’entre eux pour nuisances sonores. 68 euros d’amende chacun. Depuis le début de la grève, déplore Mirabelle Nsang, « la directrice de l’hôtel n’est même pas sortie nous voir pour nous demander ce qui se passe ». Alors qu’elle nous parle, un salarié de l’hôtel sort de l’établissement et bouscule une syndicaliste tandis qu’un autre, dont la journée de travail vient de se terminer, insulte une gréviste.

    Le quotidien des employés de la sous-traitance est rude. De nombreuses femmes seules habitent loin de leur lieu de travail. Illiana Saintulme, 48 ans, mère de quatre enfants, fait les allers-retours depuis Sarcelles (Val-d’Oise). « Je mets une heure trente en transports, avec trois changements, pour venir travailler. » Cette femme de chambre est employée dans l’hôtel depuis onze ans. Elle se plaint de douleurs physiques. Mais aussi de pressions morales. Et dénonce les cadences infernales qui seraient imposées par l’entreprise de sous-traitance. Soit trois chambres par heure (alors que, selon la CGT, il faut au moins vingt-cinq à trente minutes pour en nettoyer une seule). Elle assure avoir dû parfois venir travailler « sept jours sur sept ». Pourtant, malgré un contrat à temps plein (sept heures par jour), Illiana Saintulme explique ne pas toujours recevoir l’intégralité de sa paie. « A la fin du mois, leur salaire est calculé en fonction du nombre de chambres qu’elles ont réussi à faire, dénonce Claude Levy, de la CGT HPE. Et quand le compte n’y est pas, au regard des cadences imposées de manière informelle, on leur enlève des jours en prétextant des absences autorisées. » « Celles qui sont vraiment prises pour de la chair à canon, ce sont les femmes de chambre qui ont un contrat à temps partiel de quatre à cinq heures par jour, avec 20 à 30 chambres à faire, sans être payées pour les heures supplémentaires. Ce sont essentiellement des femmes immigrées qui sont concernées », poursuit le syndicaliste. Avant d’ajouter : « Ce qui se passe dans la sous-traitance hôtelière, c’est de l’esclavage moderne. » Selon le militant cégétiste, les onze grévistes ont saisi les prud’hommes pour travail dissimulé. Pour tenir financièrement, les syndicats CGT HPE et CNT-SO ont distribué un chèque de solidarité de 400 euros à chacun.

    Depuis le début du mouvement, « la direction de Holiday Inn refuse de laisser entrer les délégués syndicaux dans le hall de l’hôtel, c’est un délit d’entrave à l’exercice du droit syndical », dénonce Claude Levy.

    Sur demande du syndicat, un huissier de justice s’est rendu jeudi sur le site. La direction a du coup autorisé l’accès à Mirabelle Nsang et son collègue de FO pour la journée, mais l’huissier mandaté par l’hôtel « veillait et notait ce que disaient les délégués au personnel Héméra non gréviste », selon un syndicaliste. « Une femme de chambre non gréviste a expliqué que les conditions de travail restent identiques, tandis que deux autres nous ont dit "avoir peur de parler" », raconte Mirabelle Nsang. Ces derniers jours, les grévistes sont allés manifester dans les halls d’entrée des Holiday Inn de Paris-Notre-Dame et Paris-Gare de l’Est. Le soir de Halloween, ils s’étaient déguisés pour dénoncer « des patrons sorciers ». La grève continue.
    Rémy Descous-Cesari

    #exploitation #hôtellerie #femmes_de_chambre #sous_traitance #syndicats ##Holyday_Inn #grève #droit_du_travail

  • Interview d’un gréviste de Ouibus via @lundimatin
    Trains et cars, la précarisation en marche
    https://lundi.am/OUIBUS-degraisse-Interview-d-un-greviste

    Ils ont vu les choses de façon grandiose, extravagante. Ils ont foncé dans le plan Macron. La SNCF était là à fourguer et fourguer des millions d’euros d’argent public et les dirigeants de OUIbus, mais c’était complètement des débutants, des ignorants. Ils ont pris l’argent et il l’ont jeté par la fenêtre.

    Ils se sont pris pour les meilleures. Du genre « Nous, c’est la SNCF, nous on a de l’argent. On va écraser tous nos concurrents ». Pour le présent, c’est leur salarié qu’ils écrasent.

    Ça donne quoi plus précisément ce recours à la sous-traitance ? Tu disais que les propositions de reclassement s’étaient révélées être du vent. Côté salaire par exemple ?
    Ils sont fous, ils nous prennent vraiment pour des pigeons. Fin mai, je suis dans le bureau d’un directeur OUIBUS avec la DRH à coté. Ce qu’ils me disent ?! L’entreprise est en difficulté, pour remonter les caisses de cette entreprise, messieurs, il faut faire un effort…. Tu vois, un directeur qui gagne 12 000€ par mois et la DRH à côté 8000€ pour un mi-temps qui te dises ça ? Quand tu vois les écarts… C’est inadmissible ! C’est une honte de me dire ça à moi. 10,4€ de l’heure. Et je suis encore trop payé parce que j’ai des primes de découché ?
    Je remplissais ma valise de tuperwares pour pouvoir manger dans les hôtels et mettre les 10€ de repas qu’on me donnait pour relever mon salaire. Chez Faure, le sous-traitant, les primes sont minimes. A la SNCF elles sont basées sur celles des cheminots, par contre quand on arrive chez un privé, le privé va appliquer celles de la convention collective du transport et qui descend à ras les pâquerettes. C’est là qu’ils nous baissent drastiquement nos salaires. Entre les primes de découché et les primes repas, on y perd de 500 à 600 euros. C’est ça la différence entre la SNCF et un sous-traitant privé.

    Son projet, à Macron, c’est la précarité. Je l’ai toujours dit, sa loi c’est une loi sans loi, c’est une loi pour la création de la précarité. Et on va y venir. C’est pas parce qu’il est tout jeune, il est tout beau, ça y est c’est le renouveau. Non, non ! Il y a du nouveau certes mais il faut voir est-ce que c’est un nouveau positif ou si c’est un nouveau négatif.

    Alors le PDG je lui ai dit : « Oui monsieur, je suis prêt à poser 200€ sur la table, à condition que vous aussi vous mettiez votre salaire sur la table. Pour sauver l’entreprise ! » Alors là, il a failli me retourner la table sur la tête : « Comment vous osez me parler comme ça à moi ! Vous êtes qui pour me parler de mon salaire ! » Ça ne lui a pas plu du tout.

    Tu parlais de ces deux journées de pression chez le sous-traitant FAURE, enfermé de salle en salle avec le DRH qui vous répète la même question pour vous faire craquer. A ce moment, vous n’étiez plus que douze. Ça a débuté comment leur stratégie pour pousser à la démission ?
    Début 2016 ils ont commencé à nous proposer des petites choses pour qu’on parte, on les a vu venir. Puis ils ont essayé par tous les moyens d’éliminer la masse salariale. A changer les horaires d’un jour à l’autre, à serrer les horaires pour que les gens n’en puissent plus et qu’ils craquent. C’était dangereux de conduire, on n’avait pas assez de temps de repos. Les syndicats criaient, la direction s’en foutait complètement. Ils avaient pour objectif d’éliminer. Il y a eu des accidents à cause de la fatigue. A Milan, un gars s’est endormi sur son volant, il s’est encastré dans les glissières. Un deuxième accident, un collègue qui a fait un Genève-Paris toute la nuit, arrivé sur le périph parisien aux alentours de 8 heures du matin, il s’est endormi, il est rentré dans un camion. Les deux étaient de Lyon. Il n’y a pas eu de blessés, ils ont eu de la chance.
    Comment font-ils pour se débarrasser d’employés qui sont protégés par les conventions collectives de la SNCF ?
    En ce moment, à la SNCF, Il y a tous ceux qui partent à la retraite et peut-être que vous le savez pas mais la SNCF a changé de politique. Avant ils embauchaient des moins de 30 ans sous statut cheminot, mais maintenant ils emploient a partir de 35, 40 voir 45 ans, parce qu’en commençant après trente ans, y’a plus le droit au statut de cheminot. Ils se préparent à ce qu’il y ait le moins de cheminot possible. Et puis les gars ils ne sont pas pris en tant que cheminot, ils sont pris en tant que salarié de la SNCF, en CDI.

    Alors un jour c’est sûr, la SNCF va dire : « tiens j’ai un sous-traitant, transfert d’activité, lui ce n’est pas un cheminot et hop je le transfère ». Il se fera embaucher dans des conditions non négociables, précaires, dans des boites de sous-traitance où il n’y a pas de sécurité de l’emploi. C’est ce qu’ils ont fait avec nous mais y a un flou, ça pose beaucoup de questions sur la légalité de la manœuvre. C’est pas vraiment un transfert. La SNCF reste propriétaire des lignes mais en sous-traite l’exploitation. Comme ça, plus de parc à entretenir, plus d’employés à payer parce qu’elle s’est débarrassée de la masse salariale. Mais elle touche toujours une partie des bénéfices. Elle n’a plus qu’à empocher l’argent.

    Mais surtout, l’opération de la SNCF, c’est de sous-traiter les licenciements. Hop, transfert d’activité dans le privé sans te demander ton avis, propositions non tenues de reclassement en son sein, réduction de salaire. On était en grève et on s’est fait licencier pour faute grave par Faure avec qui on n’a jamais signé de contrat de travail et puis la SNCF, elle, ne s’est pas mouillée à licencier.

    Tu disais en assemblée : « Ce qui se passe à OUIBUS, la sous-traitance par région, la dégradation des contrats jusqu’à la sous-traitance des licenciements, ça préfigure ce qui va se passer durant la libéralisation du rail en France ». Comment ça ?
    Eh bien oui. On est les premiers à subir ce genre de choses. La SNCF aujourd’hui elle nous a utilisés comme un laboratoire, pour préparer le terrain pour l’exterminer des cheminots, leur statut et leurs acquis sociaux.

    #salaire #b-scale++ #sous_traitance #précarisation #loi_pour_la_précarité #la_vie_en_boite

  • Vague de malaises chez les ouvriers du textile au Bangladesh
    Thomas Engrand, 26/05/2017

    Ces problèmes de santé ne seraient pas liés uniquement aux pics de chaleurs. Les autorités pointent aussi du doigt la malnutrition et la fatigue.

    Quand les prix se veulent imbattables, ce sont les droits humains qui sont battus à mort.

    http://www.la-croix.com/Economie/Monde/Vague-malaise-chez-ouvriers-textile-Bangladesh-2017-05-26-1200850406

    #conditions_de_travail #sous_traitants #sous_traitance #Rana_Plaza #mondialisation #sécurité #ouvriers #droits #Bangladesh #grève #salaires, #usine #textile #progrès #traçabilité #vente_en_grande_quantité_et_à_très_bas_prix #concurrence #impunité #multinationales

    • Lors de la soirée d’ouverture du cycle consacré à Depardieu, j’ai appris que la passation de direction serait effective le 1er Février. Lors de cette soirée, Monsieur Toubiana, vous évoquiez « la perte de l’insouciance » qui est, selon vous « une chose rare et précieuse ». Vous m’avez donc décidé à raconter mon expérience de la perte de cette chose rare et précieuse. Je profite de votre départ et de l’arrivée de Monsieur Bonnaud pour témoigner d’une indifférence voire d’un mépris du « petit personnel », ces gens qui font tourner la Cinémathèque et dont les conditions de travail sont déplorables. Alors, plutôt que de contenir ma tristesse je vais tenter d’en faire un acte politique, en soutien à toutes les personnes qui ont connu ou qui vivent encore cette situation. (...)

      A 18 ans, je rentre à l’université – université uniquement choisie pour sa proximité avec la Cinémathèque – je prends une carte d’abonnement et passe mes journées les fesses collées aux sièges des salles. J’apprends la vie par les films. Je découvre des cinéastes dont le cortège invisible accompagnent depuis mes jours. J’observe aussi avec admiration et envie les gens de l’accueil, ouvreurs, caissiers. Ouvreuse à la Cinémathèque, un rêve ultime. Un jour, j’ose enfin me renseigner et j’apprends que l’accueil de la Cinémathèque est géré par une société de sous-traitance . « Sous-traitance qu’est-ce que c’est ? ». Cette information ne me préoccupe pas car tout ce que je veux, c’est travailler à la Cinémathèque. Je suis prête à faire n’importe quoi pour cela. Finalement, après avoir passé un entretien d’embauche avec ladite société de sous-traitance, en novembre 2011, je suis rappelée en février 2012. Je suis euphorique. On me dit que j’aurais des contrats ponctuels. Je ne sais pas ce que c’est, moi « un contrat ponctuel » J’apprends donc que « ponctuel » correspond à un contrat à la journée ou à la semaine, renouvelable. Les 5 mois qui suivent, je m’évertue à gérer les files d’attentes d’une foule agitée et pas forcément agréable. C’est le moment de l’exposition Tim Burton, qui rencontre un succès fantastique. Tous les week-ends debout, dehors de 9h30 à 19h00 pendant 5 mois, par tous les temps. Le boulot est fatigant, pénible mais je suis heureuse. Plus rien ne compte car je suis très éprise de mon lieu de travail...

      Le texte de cette lettre filmée, son patron ex-mao, sa manageuse Mussolini, sa « caisse coffre fort »...
      https://www.fichier-pdf.fr/2016/02/01/lettre-ouverte-a-la-cinematheque-francaise/preview/page/1

      Une des tâches de la politique aujourd’hui serait de rendre visible ce qui est invisible. Ce pour quoi nous sommes à Cannes. Ce pour quoi nous avons besoin du cinéma. Dans le bunker du festival de Cannes, lors de la conférence de presse de Godard à Cannes (18 mai 2004)
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=1624

      #la_précarité_c'est_pas_du_cinéma

    • Maj

      le 3 février, Frédéric Bonnaud, nouveau directeur de la Cinémathèque française a fait parvenir à la presse ce communiqué : « J’ai pris mes fonctions de Directeur général de la Cinémathèque française le 1er février 2016. Du 3 au 7 février se tient, à la Cinémathèque française et hors les murs, le Festival du film restauré Toute la mémoire du monde. Cependant, dès le 2 février, rendez-vous a été pris avec les dirigeants de la société #Cityone mardi 10 février. A l’issue de cette réunion, La Cinémathèque française prendra toutes les mesures qui s’imposent. »

      Maj le 14/2
      http://seenthis.net/messages/460858

  • CO2 emissions are being ’outsourced’ by rich countries to rising economies
    http://www.theguardian.com/environment/2014/jan/19/co2-emissions-outsourced-rich-nations-rising-economies

    A draft of the latest report from the Intergovernmental Panel on Climate Change, obtained by the Guardian, says emissions of carbon dioxide and the other greenhouse gases warming the planet grew twice as fast in the first decade of the 21st century as they did during the previous three decades.

    Much of that rise was due to the burning of coal, the report says. And much of that coal was used to power factories in China and other rising economies that produce goods for US and European consumers, the draft adds.

    #Sous_traitance #pollution #climat #charbon

  • Crush GOP obstruction, and reduce inequality now!
    http://www.salon.com/2013/12/20/crush_gop_obstruction_and_reduce_inequality_now

    President Obama’s last speech on income inequality was by far his best. He linked rising inequality, and declining social mobility, to the growing low-wage work swamp, in which one in four workers makes little enough that they qualify for public assistance.

    “We know that there are airport workers, and fast-food workers, and nurse assistants, and retail salespeople who work their tails off and are still living at or barely above poverty,” he said, adding, “It’s well past the time to raise a minimum wage that in real terms right now is below where it was when Harry Truman was in office.” Obama supports hiking the federal minimum wage from $7.50 to $10.10, but such a push is stalled for the time being by congressional Republicans.

    Obama didn’t mention the one move he could make himself: issuing an executive order mandating that federal contractors pay their workers a higher wage. Back in August, the New York Times editorialized on behalf of such a move, pointing to new research showing that hundreds of billions in federal contracts go to firms paying low wages and offering no benefits. An estimated 2 million low-wage workers are employed by federal contractors, making the federal government the largest employer of low-wage workers in the country.

    “In effect, tax dollars are being used to fuel the low-wage economy and, in the process, worsen inequality,” the Times argued.

    #obama #théorie et #pratique #état #salaires #sous_traitance

  • Piou piou piou : « Les poussins, c’est comme les hamsters, il faut mettre du chatterton autour pour pas qu’ils éclatent quand on les encule. »
    http://kecebolaphotographie.blogspot.fr/2013/06/piou-piou-piou.html

    Le statut d’auto-entrepreneur veut dire ce qu’il veut dire. Tu t’emploies toi-même et donc la totalité des charges sociales à payer te sont transférées. Une immense avancée sociale ... Oui ! pour les employeurs. Pas de charges, pas de retraite, pas de mutuelle et un coup de pied dans le cul quand on estime qu’on a plus besoin de toi. C’est magique. 900 000 poussins crétins ont signé sans hésiter pour ce statut à la con. C’est une immense réussite. 450 000 d’entre-eux font zéro euro de chiffre d’affaire et 90% de ceux qui font plus que zéro déclarent un revenu inférieur au smic. Maginfique non ?

    • Je relevais aussi ici http://seenthis.net/messages/142531
      que pour obtenir le RSA, un jeune de moins de 25 ans à son compte sur deux ans, devait ne pas avoir un chiffre d’affaire d’activité inférieur à 43 fois le montant du rSa Socle, soit pour 2010 : 43 x 460 € = 19780 €

      Je sais pas pour vous, mais mes potes à leur compte, sans compter leurs heures de travail, arrivent tout juste à 1000 €/mois au bout de 2/3 ans d’activité, avec de la trésorerie personnelle au départ.

      Si tu veux survivre petit poussin crétin, mieux vaut naître après 25 ans.

    • euh ?

      AE depuis les débuts du statut, j’ai quitté un CDI pour pouvoir bosser de chez moi, moduler mon temps et mes loisirs comme j’en ai envie, ne pas courir en tous sens, ne pas faire un trajet de 45mn chaque matin, me lever tous les jours à la même heure, pouvoir gérer l’intégralité d’un projet moi tout seul (et partager avec d’autres AE quand y a un truc que je ne maitrise pas), refaire ce trajet de 45mn le soir. Et tout ça en faisant des économies, en ne courant pas après l’argent à tous prix, certains mois oui j’ai touché moins que le SMIC mais comme dans toute entreprise qui débute quand tu commences c’est plus compliqué puis ensuite si tu te démerdes bien ça roule mieux, ce qui est mon cas aujourd’hui.

      Sérieusement, j’ai choisi ce statut pour avoir davantage de liberté perso, pour ne plus être assommé par la routine et dans un soucis de décroissance (je gagne moins que quand j’étais en CDI mais j’ai aussi besoin de moins).

      Faudrait voir à être un peu plus nuancé, il me semble. Évidemment, je bosse dans le web, et j’ai bien compris que la grosse majorité des AE sont dans le bâtiment et l’artisanat, des domaines que je ne connais pas. En tous cas dans mon métier, il ne me semble pas que je me fasse plumer ni que je fasse de la concurrence déloyale, on sait tous que les boites web aiment externaliser pendant un rush, tout le monde est gagnant.

    • Je remarque à l’usage que l’AE est un statut qui cumule les inconvénients de l’indépendance et du salariat sans en avoir beaucoup d’avantages.
      Passons sur l’indépendance très relative de celui qui n’a qu’un seul donneur d’ordre, souvent son ancien patron, lequel peut lui imposer jusqu’au matériel qu’il doit utiliser... sans avoir besoin de lui fournir. Passons sur l’absence totale de devoirs et contraintes pour le donneur d’ordre et la fragilité énorme du « prestataire », payé à la tâche et souvent, cotisations déduites, pour un tarif proche du RSA socle.

      Pensons juste à l’avenir et à la totale vulnérabilité du « prestataire » qui est perpétuellement à l’essai, qui n’a aucun revenu garanti, qui n’a pas d’horaires maxima, pas de congés payés, pas de salaires minima. Pensons à ce qu’il advient du « prestataire » quand il est malade, quand il se blesse, quand il a juste besoin de se reposer ou d’avoir une vie privée, quand il tombe « enceinte » ou même quand il deviendra vieux.
      Pensons juste aux incidents de la vie et à l’absence concrète de couverture sociale et découvrons à quel point notre prestataire de service ressemble furieusement au prolétariat de l’époque de Zola et Dickens, tant il a perdu tout ses droits sociaux et qu’en plus, il n’existe même plus comme classe sociale.

    • Pas de concurrence déloyale ? C’est à voir... Quel est ton tarif journalier ? A Paris ou en Province ? A quel régime de retraite cotises-tu ? Quelle est ta prévoyance ? Si tu ne fais pas de concurrence déloyale, que tu as une retraite et une prévoyance supérieurs au minimum du minimum, c’est que tu cotises déjà par ailleurs, et que le statut d’AE n’est là finalement que pour te simplifier les choses provisoirement.
      Que le RSI soit un foutoir sans nom, c’est à mon avis totalement volontaire : seuls ceux qui ont les moyens de se payer des conseils s’en sortiront. Toujours cette façon de sélectionner par le fric. Tu fais du bénéfice et tu te prends les services d’un comptable ? Tu t’en sortiras. Tu veux tout faire tout seul, tu as toutes les chances de perdre plein d’argent.

    • Je veux bien admettre qu’il faut de la nuance.

      Mais il me semble aussi qu’il faut bien faire la différence entre :

      – une population qui choisit un statut apportant indépendance et souplesse parce que préparée (voire formée) à ce mode de vie, essentiellement des travailleurs intellectuels si vous m’autorisez ce découpage un peu simpliste,

      – et une population qu’on va inciter à entrer dans un moule pas forcément fait pour elle.

    • y a personne qui m’a lu ou bien ?

      J’ai quitté un boulot salarié, bien payé, un CDI dans une SCOOP, pas parce que je ne m’y sentais pas bien, pas pour devenir super riche, mais pour vivre à mon rythme, mieux adapter mon boulot aux autres intérêts qui gouvernent ma vie, pour bosser avec ceux avec lesquels j’aime bosser, pour choisir mes clients et les thématiques de mon boulot, pour éviter la routine délétère, etc. en résumé naïf : pour accroitre mon bonheur.

      Et vous me parlez de comptable ? de retraite ? de chiffres ? Euh désolé mais j’ai pas envie d’être gouverné par des chiffres, ni par le besoin de courir après l’argent, ni de bosser comme une machine sur des projets dans lesquels je ne m’implique pas ou ne peut pas m’impliquer.

      Oui, c’est un statut qui n’est pas parfait, mais pour certains métiers (créateur web, pour moi) ça correspond bien à mes besoins, tout en étant pas étouffant.

      Désolé mais dans les commentaires (et dans le post initial) j’ai la vague impression d’être nié, voire d’avoir vendu mon âme au diable. Ok, l’objectif d’origine est certainement ultralibéral, ok ce régime a été initié par Sarko (et non il est loin d’être cher à mon coeur), pour autant tant que je peux prendre ce statut sous une forme où je peux combiner travail (rentrée d’argent) et temps libre, dans les règles que je m’édicte, je ne cracherai pas dessus.

    • @James : oui il faut faire cette différence, bien évidemment !

      Moi j’ai pu faire ce choix de travailler en indépendant parce que j’avais une longue expérience du travail en entreprise et parce que j’avais à côté de cela un réseau et un carnet d’adresses sur lequel je savais très bien pouvoir compter. Et si mon ancienne boite m’a effectivement filé quelques boulots et même quelques clients par la suite, ce n’est pas la majorité de mon carnet d’adresses actuel.

      Pour moi ce statut ne mérite pas d’être rejeté en tant que tel, qu’on limite les abus évidemment (particulièrement les salariés qui sont virés pour qu’on puisse les faire bosser ponctuellement ensuite sans payer les charges salariales, ça existe évidemment). Aucun statut n’est parfait, tout le monde est au courant.

  • Capita Bungles Deportation of Irregular Migrants in UK
    http://www.corpwatch.org/article.php?id=15819

    “Message from the UKBA [UK Border Agency]. You are required to leave the UK as you no longer have the right to remain.” Thousands of people in the UK received this text message, sometimes several times a day, over the Christmas holiday from a company called the Capita Group.

    Hundreds of people who were in the UK legally, including at least one citizen, as well as by people who had already left the UK, were alarmed when they received the messages. Many called their lawyers in “distress and confusion” according to the Immigration Law Practitioners Association (ILPA).

    Migration activists initially assumed that the messages were a money making scam. But the lawyers quickly discovered that the text messages were part of a private scheme paid for by the government. The plan was designed by Capita, a UK outsourcing company with revenues of some £2.9 billion, which won a four year £30 million ($48 million) contract from the UKBA in October 2012 to track down 174,000 people in the “Migration Refusal Pool” – a government list of individuals whose UK visas have expired and were not renewed.

    Capita is paid a fee for each person who leaves the UK, a practice which the National Coalition of Anti-Deportation Campaigns (NCADC) has dubbed “bounty hunting.”

    #migration #sous_traitance #business #débile