Les grandes exploitations agricoles de ex-RDA héritées du communisme attisent la convoitise d’investisseurs et les prix flambent dans cette partie de l’#Allemagne où la grogne monte contre le "#landgrabbing".
Le terme désigne en général l’appropriation par de gros investisseurs de terres agricoles, surtout en Afrique. Pour Axel Vogel, chef de file des Verts au parlement régional du Brandebourg (est), il s’agit plutôt en l’occurrence de "farmgrabbing".
Dans cet Etat régional qui entoure Berlin, dont les champs sont la seule richesse, le phénomène s’est récemment accéléré : à la faveur d’un changement de génération beaucoup de grandes exploitations héritières des coopératives de l’ex-RDA sont passées entièrement ou en partie aux mains d’investisseurs, souvent étrangers au secteur. Le Land vit « une transformation d’une agriculture ancrée dans des villages à une agriculture qui n’est plus qu’un investissement financier », déplore Reinhard Jung, président de la section régionale de la fédération des agriculteurs Bauernbund. Il milite contre ces pratiques tout en reconnaissant qu’elles sont « entièrement légales ».
Parmi ces investisseurs figure KTG Agrar, groupe agricole basé à Hambourg (nord), coté en Bourse, à la tête de 32.000 hectares en Allemagne, pour l’essentiel à l’Est. Mais aussi, selon une liste du Bauernbund, le groupe familial Lindhorst, spécialiste du soin aux personnes âgées, le fabricant de meubles Steinhoff, ou encore la conserverie Stollenberg, tous basés à l’ouest. Aucun de ces derniers n’a répondu aux sollicitations de l’AFP.
La carotte des #subventions européennes
Alors que, taux d’intérêt bas obligent, les rendements de tant d’autres formes d’investissements végètent, investir dans la terre est une bonne affaire. Qu’ils servent à la production alimentaire ou d’énergie, la valeur des terrains augmente. Les subventions européennes, versées à l’hectare, font le reste. « Les aides européennes encouragent le "landgrabbing", puisque maintenant elles sont garanties pour sept ans », déplorait au salon de l’agriculture de Berlin qui s’est ouvert vendredi Bernd Voss, président d’une association d’agriculteurs et de consommateurs. Leur seul investissement en ex-RDA garantit aux intéressés plusieurs millions d’euros de subventions par an.