• #Wikipédia, #démocratie_rhétorique

    Depuis quelques années, des discussions ont lieu dans la version francophone de Wikipédia pour essayer d’aboutir à des conventions de styles relatives à la #transidentité, comme dans la version anglophone. Début 2024, un #sondage interne à Wikipédia a été ouvert à propos de la mention du nom de naissance pour les personnes trans. Ce sondage a suscité presque immédiatement la #polémique. L’affaire a été beaucoup discutée sur Mastodon et s’est retrouvée dans la presse.

    Jusque-là, mon rapport à Wikipédia était assez banal : consultation fréquente (plusieurs fois par semaines, voire par jour) mais pas de contribution. Il faut dire que j’avais retenu la leçon vécue par Marc Jahjah : il vaut mieux s’être bien renseigné sur le fonctionnement de Wikipédia avant de contribuer, car c’est rempli de patrouilleurs indélicats. Et pour présenter rapidement Wikipédia en cours, une compréhension de surface suffit.

    Arrive cette controverse sur le nom des personnes trans. Parce que je connais quelques universitaires impliqués dans les débats, j’ai commencé à parcourir les pages de discussion, par curiosité. Et parce qu’il est indispensable de se renseigner sur le fonctionnement de Wikipédia pour décoder ces discussions, notamment tous les sigles employés, je me suis mis à parcourir toutes les pages qui décrivent le projet Wikipédia, notamment sa hiérarchie des #normes (#principes_fondateurs, #règles et #recommandations).

    Dans la foulée, quelques personnes ont publié des analyses : « contradiction entre volonté de #transparence et d’#entre-soi »  ; « désillusion de l’#intelligence_collective »… c’est là que les roues se sont mises à tourner à toute vitesse dans ma tête.

    Attention : ce qui suit, ce sont mes élucubrations personnelles. Si je les partage, c’est parce qu’elle ne recoupent pas ce que j’ai pu lire ailleurs. Coïncidence, ces jours-ci sort un livre de Sana Boussetat intitulé La formule Wikipédia . Je vois dans la table des matières que quelques pages portent sur le débat participatif et la gestion des conflits, il va en être question dans ce billet… En m’exprimant sur un sujet qui n’est pas ma spécialité, je risque un peu la sortie de piste, donc je préfère le signaler dès ici. Si besoin, je mettrai mon billet à jour.

    #Communs

    Wikipédia fait partie des #biens_communs, plus spécifiquement de la catégorie des #biens_communs_informationnels, ou #communs_de_la_connaissance. Quand on parle de « #communs » tout court, on entend généralement des espaces « collectivement construits et administrés ».

    Wikipédia fait le pari de l’intelligence collective. Or Tam Kien Duong résume justement la controverse actuelle comme une « désillusion de l’intelligence collective ». Pour qu’il y ait #désillusion, il faut qu’il y ait illusion. Alors voici une hypothèse : on a pensé que les communs de la connaissance seraient vertueux par essence.

    #Utopie :

    « Le fruit des rencontres entre les biens et les personnes peut être aussi bien positif que négatif ou quelque part entre les deux. Dans l’arène intellectuelle, le concept des biens communs est souvent brandi comme un étendard synonyme de liberté d’expression, d’accès libre et universel, et d’autogestion […] Cela peut être constructif, d’ailleurs cela donne souvent de l’élan aux actions collectives autour des communs. Mais un commun n’est pas chargé de valeurs. Son impact peut être bon ou mauvais, durable ou non ».

    Les effets produits par les communs de la connaissance dépendent donc de la manière dont ils sont collectivement construits et administrés.

    Comme pour chaque autre catégorie de biens communs, concevoir des communs de la connaissance implique des difficultés spécifiques. Et dans le cas de Wikipédia, il y en a une qui s’est avérée particulièrement aiguë : la tension entre l’idée d’une encyclopédie qui doit être une source de savoir contrôlé, et le principe d’une encyclopédie ouverte, dont tout le monde peut parler, que tout le monde peut rejoindre.
    Démocratie

    Quand on utilise le nom « Wikipédia », on peut désigner l’encyclopédie mais aussi l’organisation qui produit cette encyclopédie. La nature de l’encyclopédie est clairement expliquée sur la page Wikipédia est une encyclopédie : c’est une collection d’articles qui présentent chacun une synthèse des connaissances sur un sujet. En revanche, la nature de l’organisation est un peu moins simple à appréhender.

    La page Principes fondateurs définit dans les grandes lignes « Wikipédia et les conditions de son élaboration ». Elle parle aussi d’un « projet collaboratif ». La page Ce que Wikipédia n’est pas mentionne une « communauté ». Pour mieux cerner cette organisation, il faut donc creuser. On découvrira progressivement que le fonctionnement de Wikipédia est organisé suivant une hiérarchie des normes :

    - principes fondateurs (fondement intangible)  ;
    - règles (issues d’une prise de décision, c’est-à-dire d’un vote)  ;
    - recommandations (élaborées par consensus)  ;
    - essais (propositions relatives au fonctionnement de l’encyclopédie).

    Comment qualifier ce fonctionnement  ? Démocratique  ? Bureaucratique  ? Si on en croit Wikipédia, ni l’un ni l’autre. D’abord, ce ne serait pas « un projet politique » :

    « La communauté s’est dotée de certaines règles, mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles n’existent que pour le but auquel la communauté aspire : construire une encyclopédie de qualité. Par extension, Wikipédia n’est ni une démocratie, ni une dictature, ni une anarchie, ou toute autre tentative de réalisation d’un projet politique quelconque. »

    Ce passage a de quoi étonner. Le terme « démocratie » est ramené à une définition historique – « tentative de réalisation d’un projet politique » –, ce qui permet d’affirmer ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Or cette dernière est contestable. On peut arguer du fait que la démocratie n’est pas un processus historique mais sociologique : Raymond Aron par exemple définit la démocratie comme l’organisation pacifique de la compétition pour le pouvoir, et cela s’applique très bien à Wikipédia.

    #Consensus

    Wikipédia a donc un fonctionnement démocratique, que Dominique Cardon résume ainsi : « Wikipédia possède une sorte de Constitution, dont les principes, les règles et les recommandations permettent de trancher en cas de litige ». Concrètement, il y a du vote à certains niveaux mais pas partout : le mécanisme central est en fait le consensus. Celui-ci repose sur les règles suivantes :

    - il y a toujours un consensus pré-établi, qu’il soit tacite ou manifeste  ;
    – si vous voulez modifier quelque chose, « cherchez une modification judicieuse mariant les idées de chacun »  ;
    – si vous êtes en désaccord, « trouvez un compromis »  ;
    – si le désaccord persiste, on revient au consensus précédent.

    Le consensus est un processus dialectique : on exprime des avis  ; on interprète l’ensemble de ces avis  ; on exprime des accords ou désaccords à propos de cette interprétation. Or ce processus n’a qu’un ensemble limité de règles, qui se concentrent sur la mise en forme, la politesse et la traçabilité. Il n’y a pas de règlement politique du consensus. Et pour moi, une dialectique sans règles politiques dégénère immédiatement en rhétorique.
    Bureaucratie

    Wikipédia est parfois qualifiée de bureaucratie. L’encyclopédie elle-même affirme ressembler à une bureaucratie mais ne pas en être une :

    « Bien que Wikipédia rassemble de nombreux éléments d’une bureaucratie, elle n’est pas régie par les lois : ce n’est pas un organisme quasi-judiciaire, et les règles ne sont pas le but final de la communauté. Bien que certaines règles puissent être appliquées, les règles écrites ne fixent pas l’usage accepté. Elles se contentent plutôt de documenter les consensus communautaires existants concernant ce qui doit être accepté et ce qui doit être rejeté. »

    On retrouve le même problème qu’avec « démocratie » : le terme est défini de manière très spécifique pour pouvoir dire ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Pour moi, l’affirmation ci-dessus ne permet pas de dire que Wikipédia n’est pas une bureaucratie, circulez, y’a rien à voir. Tout ce qu’elle fait, c’est déplacer le centre de gravité du fonctionnement bureaucratique vers le consensus, qui est un processus tout à fait formalisé – il est même représenté sous la forme d’un schéma décisionnel.

    Sachant qu’on revient toujours au consensus précédent si un nouveau consensus ne peut pas être trouvé, le système tend au statu quo, en raison d’un paradoxe empirique : un consensus peut s’obtenir très facilement (soit parce qu’il est tacite, soit parce qu’il est produit par une toute petite poignée de contributeurs) mais un nouveau consensus peut être très difficile à obtenir, parce qu’il implique un dilemme social (la remise en question d’un consensus) et que le dépassement de ce dilemme génère une friction énorme.

    En effet, et contrairement à l’un des principes essentiels de conception des communs – créer des mécanismes de résolution des conflits dont le coût soit peu élevé –, l’élaboration du consensus sur Wikipédia contient plusieurs sources de frictions majeures.

    Il y a d’abord ce parasitage de la dialectique par la rhétorique, que j’ai évoqué un peu plus tôt. Certaines personnes le dénoncent parfois, en accusant des contributeurs favorables au statu quo d’étirer les discussions à dessein pour épuiser leurs contradicteurs, qui finissent par jeter l’éponge. Selon moi, Wikipédia souffre ici d’un déficit de régulation. Dans l’espace public politique, il n’y a pas que les suffrages qui soient réglementés : la parole l’est aussi. Ce n’est pas pour rien que l’Assemblée nationale fonctionne avec des temps de parole et un agenda. Une discussion sans limite de temps ou de signes, sans contrainte basée sur la représentativité des interlocuteurs, c’est une discussion qui favorise naturellement les esprits procéduriers et vétilleux.

    Il y a ensuite l’effet « aiguille dans une botte de foin » : un sujet passe facilement sous les radars, du fait de l’immensité de l’encyclopédie. Les personnes qui pourraient y contribuer utilement ne sont donc pas forcément au courant, malgré des mécanismes comme le Bistro – la page d’actualités quotidienne de Wikipédia en français.

    Autre source de frictions, la prime à l’ancienneté : considérer que ceux qui contribuent suffisamment et régulièrement à Wikipédia sont plus légitimes que les autres pour décider de son fonctionnement. Cette idée a un versant positif, aligné avec la notion de biens communs en général : les communs doivent être administrés par la communauté concernée. Mais elle a aussi un versant négatif, quand on conçoit cette communauté comme structurée en cercles concentriques hermétiques. Pour réduire la tension entre l’envie d’ouvrir l’encyclopédie et la nécessité de protéger son fonctionnement interne, les contributeurs utilisent par exemple des critères de participation aux sondages (nombre de contributions total, nombre de contributions récentes). Ceci permet de se protéger de manœuvres visant à détourner le projet encyclopédique en faveur d’intérêts particuliers. Mais cela empêche aussi des groupes de voir leurs intérêts représentés dans le processus, ce qui les repousse vers des mécanismes externes de résolution des conflits, comme les systèmes médiatique et judiciaire.

    Certaines recommandations de Wikipédia comme Ne mordez pas les nouveaux visent à éviter la discrimination envers les novices  ; j’ai mentionné en introduction le cas de Marc Jahjah, eh bien le contributeur qui l’avait si mal accueilli a été sanctionné. La prime à l’ancienneté est une forme plus subtile de cette même logique, qui permet paradoxalement de reconstituer des enclosures à l’intérieur du bien commun.

    Ces différents phénomènes compliquent la résolution des conflits les plus difficiles. Et à cela viennent s’ajouter deux notions qui m’ont l’air de causer beaucoup de problèmes : la neutralité et la bonne foi.

    #Neutralité

    L’un des #Principes_fondateurs de Wikipédia est la Neutralité de point de vue. Il ne s’agit pas de faire émerger un « point de vue neutre » mais de restituer la pluralité des points de vue de manière neutre, c’est-à-dire de manière équitable, en contextualisant les différents points de vue, et en citant des sources.

    La neutralité pose des difficultés car son sens dérive vite. Sur la page de discussion du fameux sondage, on peut lire plusieurs commentaires qui opposent « la communauté Wikipédia » à des « communautés militantes », qui ne seraient pas « neutres ». C’est oublier que la neutralité de Wikipédia n’est pas la recherche d’un point de vue neutre mais d’une pluralité de points de vue. C’est surtout croire qu’il existerait une séparation magique entre une communauté Wikipédia qui serait non militante et des communautés extérieures militantes.

    Militer consiste à « agir pour faire reconnaître et triompher ses idées » (source : TLF). Sachant que la frontière qui séparerait Wikipédia du reste de la société n’existe en fait pas, il est inévitable que des personnes militantes s’impliquent sur Wikipédia. Si une personne militante agit en opposition au principe de neutralité, par exemple en effaçant les idées contraires aux siennes, ses modifications (qui peuvent s’apparenter à du vandalisme) seront retoquées. Mais si elle respecte les règles de Wikipédia, par exemple en faisant représenter ses idées aux côtés d’idées antagonistes, alors son militantisme n’est pas un danger pour Wikipédia. De fait, nombre de contributeurs sur Wikipédia sont « militants » de quelque chose et l’encyclopédie s’en porte très bien.

    Qualifier les militants de « non neutres », c’est donc confondre les actions concrètes de personnes militantes et leurs objectifs supposés, c’est-à-dire leur faire un procès d’intention. Et c’est ici qu’intervient l’hypocrisie de la « bonne foi ».

    #Bonne_foi

    Supposez la bonne foi est une recommandation importante dans Wikipédia. Elle implique deux choses :

    « Quand vous pouvez supposer raisonnablement qu’une erreur faite par quelqu’un est née d’une bonne intention pour atteindre les objectifs du projet, corrigez-la sans la critiquer. »

    « Quand vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un, rappelez-vous qu’il est probable qu’il souhaite et croit sincèrement contribuer à Wikipédia. »

    La bonne foi est ainsi définie comme le souhait sincère de faire progresser l’encyclopédie, de ne pas la dégrader ni lui nuire. En d’autres termes, cela consiste à respecter les principes fondateurs, et notamment le deuxième – la neutralité de point de vue.

    Que la bonne foi existe chez certains, c’est une certitude. En revanche, la présomption systématique de bonne foi me semble constituer un principe naïf, ce que Frédéric Lordon appellerait une « anthropologie enchantée ». Présumer la bonne foi n’implique pas que les gens soient réellement de bonne foi. Et au risque d’enfoncer des portes ouvertes, rien ne permet de présumer que la communauté Wikipédia est constituée exclusivement de gens parfaitement informés et toujours bienveillants : tout indique au contraire qu’elle peut être un haut lieu d’ignorance et d’intolérance, et qu’en cela elle s’inscrit malheureusement assez bien dans l’histoire de l’encyclopédisme et de l’organisation des connaissances.

    Dans la discussion à propos du fameux sondage, il y a quelques personnes qui me semblent d’une mauvaise foi crasse, évidente, assumée  ; des personnes dont tout le monde peut voir qu’elles utilisent sciemment les règles pour orienter le cours des choses dans le sens qu’elles veulent. « Mais non, pensez-vous, je ne fais que m’en tenir aux principes de notre encyclopédie. » Il suffit de lire leur page utilisateur pour découvrir une adhésion revendiquée à des écoles de pensée et des familles idéologiques. L’hypocrisie dont je parlais est là : dire qu’il faut présumer de la bonne foi, se récrier face à toute accusation de parti pris idéologique, et faire des procès d’intention à ceux qui s’opposent à nous.

    Cela va donc sembler un peu violent, surtout pour les personnes attachées à ce principe, mais je crois que la présomption de bonne foi est à la fois une friction et une fiction. C’est un piètre paravent, qui empêche de forcer tout un chacun à jouer cartes sur table dans la résolution des conflits. Elle grippe l’élaboration du consensus. Elle aiguise la duplicité de ceux qui masquent leurs intentions tout en dénonçant celles des autres. Elle permet à certains de jouir d’un pouvoir légitimé par des règles qu’il est très difficile de faire évoluer, par inertie ou effet de majorité  ; des gens qui feront tout pour écœurer les personnes opposées à la reconduction de l’existant, et qui n’hésiteront pas à affirmer ensuite que ce sont ces opposants qui ont déserté (comme on peut le lire dans le Bistro du 6 mars).

    À ce stade de l’écriture, je fais une pause pour boire un verre d’eau et me calmer un peu afin de finir sur une note un peu plus maîtrisée. Pas simple car en lisant des pages de discussion Wikipédia, on attrape vite un syndrôme d’exaspération par procuration.

    #Information

    Suite au sondage, la controverse a fait tache d’huile et atteint désormais de nombreuses pages de discussion, comme celle d’Elliot Page, Chelsea Manning ou encore Laverne Cox. Certaines personnes questionnent le choix des informations données, leur forme, leur place. D’autres résistent, avec plus ou moins de… bonne foi.

    Le désaccord porte sur la tension entre la volonté d’informer et celle de « ne pas nuire », cette dernière faisant partie des recommandations de Wikipédia concernant les Biographies de personnes vivantes. J’ai dit que Wikipédia est une encyclopédie et une organisation, il manquait donc un troisème élément : le lectorat. C’est essentiel car la controverse porte sur l’acte d’informer, qui est la fonction de l’encyclopédie. La neutralité de point de vue, par exemple, est pensée non pas pour elle-même mais pour le bénéfice des lecteurs.

    Or, et c’est une autre difficulté intrinsèque à l’usage du mot « neutralité », certains sur Wikipédia croient qu’il est possible d’informer de manière neutre. Il y aurait une équivalence entre respecter la pluralité des points de vue et informer le lectorat de façon neutre. Voilà qui sonne à mes oreilles comme une résurgence du modèle de la communication chez Shannon : un tuyau qu’on optimise jusqu’à ce que le bruit disparaisse. C’est impossible : informer/s’informer, c’est un processus communicationnel qui implique réception et feedback. C’est toujours situé, toujours soumis à diverses subjectivités, toujours parasité – jamais neutre.

    Si je devais le dire avec d’autres concepts d’info-com, je dirais qu’il y a une poussée ces jours-ci sur Wikipédia pour tenir compte de l’expérience informationnelle des personnes documentées dans l’encyclopédie. C’est un rejet de la tyrannie de la majorité, version encyclopédique. Et je dirais aussi que cela relève d’une chose plus générale : la volonté de tenir compte des valeurs portées par les processus/systèmes d’organisation des connaissances et des effets qu’ils produisent – ce que Birger Hjørland appelle une épistémologie « pragmatique » de l’organisation des connaissances. C’est ce courant de pensée qui produit aujourd’hui des recherches sur l’invisibilisation de certains groupes sociaux dans les archives et les encyclopédies, par exemple.

    #Universalisme

    Dans le fonctionnement de Wikipédia, les dilemmes sociaux qui ne peuvent être tranchés débouchent sur des compromis. Il n’y a pas d’autre issue au dissensus que le consensus. Pourquoi  ? Parce que Wikipédia est conçu pour afficher toujours le même contenu pour chaque lecteur.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire deux sections qui présentent des idées contradictoires. Mais on ne peut pas lire deux articles différents sur le même sujet, qui développent chacun leur lecture de ces contradictions. C’est le principal grief envers Wikipédia de mon co-directeur de thèse, l’historien Bertrand Müller, qui travaille sur le développement d’encyclopédies documentaires numériques capables de représenter le dissensus d’une autre manière. C’est en discutant de ce genre de chose que je me suis mis à faire des fiches de la forme « Concept (Auteur) » pour documenter des variantes de concepts par auteurs, et qu’à la fin on s’est retrouvés avec Cosma.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne stylise son nom d’une certaine manière, tout en minuscules par exemple. Mais on ne peut pas cocher une option qui permette d’afficher l’article dans cette convention de style. Il en résulte des bizarreries : on a un article « bell hooks » mais un article « Danah Boyd ».

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne souffre de voir certaines informations divulguées, comme un nom de naissance. Mais on ne peut pas lire une version de cet article où ce nom est caché par défaut. Cela ne concerne pas que des personnes ayant fait une transition mais aussi des artistes dont le nom d’origine fuite et se retrouve relayé par Wikipédia (j’ai un exemple en tête mais par politesse je ne le citerai pas).

    Bref, Wikipédia est à la fois très innovante et pas innovante du tout. En tant qu’organisation éditoriale, c’est une nouveauté (et une réussite) indéniable. Le modèle encyclopédique, lui, est beaucoup plus classique, surtout au regard de ce qu’on pourrait faire avec le Web, les ontologies, le balisage sémantique… À quand Wikipédia multiformats  ?

    –-

    Pour clore ce billet bien trop long, je tiens à exprimer un petit message de soutien (sans les nommer) aux collègues qui s’investissent dans Wikipédia. Ils et elles se reconnaîtront. J’admire leur courage et leur patience. Si j’ai qualifié Wikipédia de démocratie rhétorique, disserté sur l’illusion de la présomption de bonne foi et les confusions autour de la neutralité, imaginé des rebonds parmi les concepts de ma discipline, eh bien c’est d’abord parce qu’il y a des collègues qui travaillent dur en première ligne et qui font connaître leurs efforts. Alors on s’y intéresse, on découvre de nouvelles choses, on élabore ses propres idées. Mais surtout l’enjeu c’est de propager l’idée centrale des communs : l’auto-organisation des personnes concernées. Au-delà des éléments précis abordés dans ce billet, c’est surtout cette idée-là qui me semble importante et intéressante.
    Bibliographie
    Bruce, Davis, Hughes, Partridge et Stoodley (dir.). Information experience : approaches to theory and practice. Emerald, 2014. 978-1-78350-815-0.
    Buckland, Michael. « Information as thing ». Journal of the American Society for Information Science. 1991, Vol. 42, n° 5, p. 351‑360. https://doi.org/10.1002/(SICI)1097-4571(199106)42:5<351::AID-ASI5>3.0.CO;2-3.
    Cardon, Dominique. Culture numérique. Presses de Sciences Po, 2019. Les petites humanités. 978-2-7246-2365-9.
    Gorichanaz, Tim. « Information and experience, a dialogue ». Journal of Documentation. 2017, Vol. 73, n° 3, p. 500‑508. https://doi.org/10.1108/JD-09-2016-0114.
    Hess et Ostrom (dir.). Understanding knowledge as a commons : from theory to practice. MIT Press, 2007. 978-0-262-08357-7.
    Hjørland, Birger. « Classification ». Knowledge Organization. 2017, Vol. 44, n° 2, p. 97‑128. https://doi.org/10.5771/0943-7444-2017-2-97.
    Lévy, Pierre. L’intelligence collective : pour une anthropologie du cyberspace. La Découverte, 1997. 978-2-7071-2693-1.
    Merzeau, Louise. « De la communication aux communs ». InterCDI. 2016, n° 261, p. 29‑30. http://www.intercdi.org/de-la-communication-aux-communs.
    Shannon, Claude E. « A Mathematical Theory of Communication ». Bell System Technical Journal. 1948, Vol. 27, n° 3, p. 379‑423. https://doi.org/10.1002/j.1538-7305.1948.tb01338.x.
    Wiener, Norbert. Cybernétique et société : l’usage humain des êtres humains. Trad. par Ronan Le Roux et Pierre Yves Mistoulon. Seuil, 2014 [1954]. 978-2-7578-4278-2.
    Wiener, Norbert. La cybernétique : information et régulation dans le vivant et la machine. Trad. par Ronan Le Roux, Robert Vallée et Nicole Vallée-Levi. Éditions du Seuil, 2014 [1948]. 978-2-02-109420-6.

    https://www.arthurperret.fr/blog/2024-03-08-wikipedia-democratie-rhetorique.html

    • #Sana_Boussetat, La Formule Wikipédia

      À l’heure où Wikipédia est entrée dans sa deuxième décennie et où les générations nées après les années 2000 n’auront pas connu d’avant Wikipédia, cet ouvrage propose de revenir sur l’œuvre qui est parvenue à dépoussiérer la norme et les usages bien pensés d’une tradition séculaire. Désormais, il est indéniable que l’avènement de Wikipédia a permis de franchir un cap vers une ère nouvelle où la connaissance et l’information ne s’écrivent plus exclusivement entre experts mais par le concours de rédacteurs bénévoles. Bouleversante, Wikipédia a osé modifier notre façon de rechercher la connaissance et, plus généralement, notre rapport au savoir. Mais sait-on vraiment ce qui se cache derrière un principe en apparence simple, celui d’une encyclopédie publiée sous licence libre et gratuite ? D’où nous vient ce concept hors norme ? Quels sont les fondements qui le régissent ? Comment s’organisent ses activités ? À quels rôles et quels moyens peut-on prétendre en rejoignant la communauté des wikipédiens ?

      Pensé comme un guide, cet ouvrage propose de revenir sur cette formule pionnière pour en offrir une description détaillée et un décryptage précis. Une entreprise indépendante dont l’unique but est d’aider le lecteur à appréhender un outil déjà bien installé dans les habitudes d’un grand nombre d’entre nous et qui façonne au quotidien notre information et notre connaissance du monde.

      https://www.fabula.org/actualites/119359/sana-boussetat-la-formule-wikipedia.html
      #livre

  • Luttes féministes à travers le monde. Revendiquer l’égalité de genre depuis 1995

    Les #femmes, les filles, les minorités et diversités de genre du monde entier continuent à subir en 2021 des violations de leurs #droits_humains, et ce tout au long de leur vie. En dépit d’objectifs ambitieux que se sont fixés les États pour parvenir à l’#égalité_de_genre, leur réalisation n’a à ce jour jamais été réellement prioritaire.

    Les progrès réalisés au cours des dernières décennies l’ont essentiellement été grâce aux #mouvements_féministes, aux militant.es et aux penseur.ses. Aujourd’hui, la nouvelle génération de féministes innove et donne l’espoir de faire bouger les lignes par son inclusivité et la convergence des luttes qu’elle prône.

    Cet ouvrage intergénérationnel propose un aperçu pédagogique à la thématique de l’égalité de genre, des #luttes_féministes et des #droits_des_femmes, dans une perspective historique, pluridisciplinaire et transnationale. Ses objectifs sont multiples : informer et sensibiliser, puisque l’#égalité n’est pas acquise et que les retours en arrière sont possibles, et mobiliser en faisant comprendre que l’égalité est l’affaire de tous et de toutes.

    https://www.uga-editions.com/menu-principal/nos-collections-et-revues/nos-collections/carrefours-des-idees-/luttes-feministes-a-travers-le-monde-1161285.kjsp

    Quatrième conférence mondiale sur les femmes


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Quatri%C3%A8me_conf%C3%A9rence_mondiale_sur_les_femmes

    #féminisme #féminismes #livre #résistance #luttes #Pékin #Quatrième_conférence_mondiale_sur_les_femmes (#1995) #ONU #diplomatie_féministe #monde #socialisation_genrée #normes #stéréotypes_de_genre #économie #pouvoir #prise_de_décision #intersectionnalité #backlash #fondamentalisme #anti-genre #Génération_égalité #queer #LGBTI #féminisme_décolonial #écoféminisme #masculinité #PMA #GPA #travail_du_sexe #prostitution #trafic_d'êtres_humains #religion #transidentité #non-mixité #espace_public #rue #corps #écriture_inclusive #viols #culture_du_viol

    • Il y aurais des « bébés trans » et on devrait les repéré en prénatal... Et aider les prises d’hormones pour des mineurs et accéléré les interventions chirurgicales. Tu peu pas voter ni te faire tatoué mais te faire détruir le corps à coup d’hormones et sous le bistouri de chirugiens vereux tout est ok
      #terf #sexisme

    • Yop, je ne suis pas sûr qu’on ait compris la même chose, il me semble bien que quand elle dit ça, elle parle de gens qui se sont découverts et qui commencent leur parcours de trans : c’est ça qu’elle appelle les bébés trans !

      Pour le reste ya plusieurs choses qui me questionnent ou avec lequel je ne suis pas d’accord, mais peu importe, c’est parce que majoritairement l’argumentation tranche complètement avec d’autres et qu’elle critique l’identité intérieur comme concept politique, et qu’elle pense qu’il faut bien se baser sur comment la société, les autres gens, nous traitent et/ou nous maltraitent, càd bien binairement en tant qu’hommes ou femmes.

    • La formule est pas terrible, d’autant plus qu’elle l’utilise après avoir affirmé qu’elle aurais du etre écouté plus jeune, prendre des bloqueurs de puberté (donc avant ou pendant la puberté) et acceleré sa transition chirurgicale. Pour les nuances que tu fait effectivement c’est un peu plus construit que le discours transactiviste mais j’ai pas pu écouté en entier, son adresse aux « terfs » a eu raison de moi.

    • Le coup des TERF d’entrée de jeu, évidemment…

      – J’ai tendance à trouver cette histoire de « matérialisme trans » assez artificielle (ici, en l’introduisant comme une réponse aux critiques venues des TERFs, ça aurait même le don de la rendre encore plus artificielle). C’est pas inintéressant, parce que pourquoi pas, classe sociale des hommes et des femmes, donc la transition comme changement de classe sociale, mais je ne trouve pas ça concluant pour autant. Par analogie : personne racisée, on peut aussi considérer qu’il s’agit de classe sociale, et dans ce cas, Michael Jackson qui se blanchissait, certes c’est sa liberté, mais est-ce la façon de dépasser le racisme que la lutte contre la négrophobie a envie de promouvoir ? Et à l’inverse, je pourrais décider d’avoir l’apparence d’une personne noire, et revendiquer ainsi que j’ai changé de classe sociale, et prétendre qu’ainsi je lutte contre les stéréotypes racistes et ce cis-patriarcho-raço-capitalisme qui ne reconnaît qu’une seule façon d’être noir ou blanc. Ce que je veux dire par là c’est qu’en introduisant la question de la classe sociale, certes on se donne un vocabulaire différent, mais je n’ai pas vraiment l’impression qu’on réponde à grand chose non plus avec ça.

      – J’ai l’impression qu’on reste encore à la question de l’identité tout en prétendant la dépasser : il s’agit toujours d’expliquer pourquoi elle est « une femme comme les autres » (c-à-d. autant qu’une femme cis). Ici non pas parce qu’elle se ressentirait de l’identité femme, mais parce qu’elle appartiendrait désormais objectivement à la classe sociale des femmes. Encore une fois, ça semble toujours largement déterminé par le fait qu’elle veut répondre à une critique des TERFs, à savoir si elle est complètement une femme, donc au final une question d’identité.

      – Il y a deux passages où j’ai trouvé qu’elle allait particulièrement vite et de manière pas du coup convaincante, sur des questions qu’elle introduit elle-même et alors que je ne suis même pas certain qu’il était indispensable d’aller par là. (1) Elle pose la question de savoir pourquoi, si ce n’est pas une question d’identité personnelle, une personne deviendrait trans : c’est il me semble là qu’elle utilise l’expression « bébé trans », et de mémoire c’est expédié en deux phrases et je n’ai pas trouvé ça bien intéressant. (2) Et l’autre passage franchement flottant qu’elle expédie vite fait, c’est qu’elle serait physiquement femme après la transition, et il n’y aurait que les chromosomes qui ne seraient pas modifiables, mais que de toute façon les chromosomes ne sont si importants que ça ; là c’est super-super léger (euphémisme). Ne serait-ce que parce qu’elle dit elle-même qu’on choisit soi-même son niveau de transition, donc là elle n’est pas loin de décrire qu’une « vraie » trans serait une personne opérée, alors qu’elle soutenait le contraire juste avant (le méchant médecin qui ne veut pas « fabriquer des brésiliennes »). Et surtout parce que ça fait l’impasse sur les caractères sexuels primaires, c’est-à-dire liés à la reproduction, et justement c’est ce qui pour les féministes est largement considéré comme le fondement du patriarcat : les hommes contrôlent le système reproductif des femmes.

      – Et surtout puisqu’elle annonce qu’elle se positionne comme répondant aux TERFs, il me semble qu’elle évite totalement les critiques habituelles. La question de l’identité et la critique de la théorie du genre sont évidemment importantes (déjà discuté ici). Mais ce qu’on entend largement, ce sont des problèmes « pratiques », sur l’impact que les revendications trans posent. La question de l’identité sexuelle ou de troubles psys qui risquent d’être détournés en « solution » trans (filles qui refusent les stéréotypes de genre, adolescent·es homosexuel·es, prévalence de troubles autistiques, hypothèse de la contagion sociale…), alors que la dysphorie de genre était un phénomène ultra-minoritaire. Lié à cette question de « simplifier » en transidentité ce qui pourrait relever d’autre chose, la question des bloqueurs de puberté, voire des opérations chirurgicales, avant l’âge adulte. Ensuite les risques que la simple « autodéclaration » fait peser sur les espaces féminins (toilettes, vestiaires, prisons). Puis la question du sport féminin, et le problème de l’inégalité de force physique entre mâles et femelles humaines. Mais aussi les conséquences sur l’exploitation des femmes qu’impliquent la prostitution et la GPA (autres revendications habituelles).

      – C’est d’ailleurs un intérêt de son intervention : en évacuant la question de l’identité personnelle, elle évacue aussi le fait que les TERFs, en critiquant la théorie du genre, seraient en train de nier l’identité même des gens, et de ce fait ça ouvrirait la porte à se comporter de manière un peu moins insultante. Par contre, elle introduit l’idée de matérialisme, mais ce faisant, elle se limite à la question de son identité de classe, mais elle occulte en quoi « matériellement », justement, certaines revendications du transactivisme impactent la classe sociale des femmes (perturbation du suivi statistique des inégalités liées au sexe, espaces protégés des femmes, protection contre les prédateurs, survie du sport féminin de haut niveau, exploitation et violence de la prostitution, marchandisation par la GPA). Et évidemment on dénonce d’entrée de jeu les médecins réactionnaires, mais on évacue les risques de la médicalisation (hormonale voire chirurgicale) précoce des adolescents. Donc « maintenant j’appartiens à la classe sociale des femmes », mais j’évacue les risques que certaines de des revendications trans impliquent pour cette « classe sociale » des femmes, des lesbiennes et des adolescent·es. (Et bien sûr je commence mon discours en insultant des femmes féministes, sinon je ne serais pas féministe.)

    • Je suis globalement d’accord, j’ai noté les mêmes points de désaccord, mais pour moi ce qui est important reste d’évincer au max (même si pas entièrement) la question de l’identité intérieure (comme une sorte de spiritualité), et se rebaser sur comment les autres dans la rue nous perçoivent, càd la vie en société à tel instant donné.

      Si déjà uniquement ce point c’était un peu plus partagé, alors on pourrait avoir des débats moins insultants, voire des débats tout court, quand bien même on serait pas d’accord sur plein d’autres points. Ça serait la base de départ d’être d’accord là-dessus.

    • Merci pour ton résumé critique @arno
      @rastapopoulos le soucis c’est que le ressenti de la personne est opposé comme un absolu et après cela on ne peu pas discuté du ressenti puisque c’est interieur à chacune. A mon avis c’est du domaine des psy (ou des religieux mais bof), et c’est avec un psy qu’on peu chercher ce qui fait qu’on se ressent d’être d’un certain genre ou autre.

      Pour la perception que les autres ont de notre genre choisi, c’est simplement jouer sur les apparences : changer sa garde-robe, se maquiller, épilé, modifié hormonalement, chirugicalement et civilement. Tout cela concerne des domaines economiques très juteux et le marché capitaliste adore le ressenti trans. Car les trans consomment énormément de tous ces produits dont l’offre s’élargit et ils représente potentiellement un marché captif à vie, ils sont très prosélyte.

      Au passage à un moment la conférencière dit qu’il faut arrêter de faire des hystérectomie aux hommes trans. Elle dit cela comme si les hystérectomies étaient faites par sadisme transphobe de la part des medecins, mais la prise de testostérone sur une période prolongée de quelques années pour une femelle de l’espèce humaine provoque l’apparition de fibromes, atrophie des tissus, ovaires polykystiques et risques de tumeurs à l’utérus et aux ovaires (entre autre pbl). Si les hommes trans sont stérilisés ce n’est pas par transphobie, mais c’est pour des raisons de santé liée à la dangerosité des hormones de transition et aussi de confort car ces atrophies et polykystes sont douloureux même si ils ne sont pas tous cancérigènes.
      source : https://entousgenresblog.wordpress.com/2020/02/21/666

      ici un article qui alarme sur la forte prévalence des cancer du col de l’uterus des hommes trans par manque de suivi gynecologique
      https://www.gyneco-online.com/colposcopie/prevention-du-cancer-du-col-uterin-chez-les-transgenres-hommes

  • Luttes LGBTI, luttes des classes ?
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Luttes-LGBTI-luttes-des-classes

    Au contraire, si le militantisme LGBT est depuis une dizaine d’années bien vivant et actif, c’est parfois sur des bases politiques peu solides, voire franchement libérales… à l’image d’ailleurs du reste de la société, centrée sur l’individu, qui sous-estime les déterminations sociales, l’interdépendance entre les personnes, les phénomènes de captivité et qui surestime la liberté de chacun·e, son indépendance et son mérite personnel. Nous avons perdu l’habitude de nous envisager en tant que classe, nous nous voyons comme faisant partie d’une improbable classe moyenne dont se croient membres à la fois des gens qui luttent pour finir le mois et des gens aisés qui pour d’obscures raisons refusent de se penser riches. Nous ne sommes plus capables de nous placer correctement dans un décile de revenu, nous ne savons plus ce qu’est le revenu médian. « Des politiques sociales trop généreuses vont spolier les smicard·es », « les baisses d’impôt vont alléger nos budgets », etc. On peine à mesurer ses intérêts de classe !

    Et puis il y a une certaine fierté à se croire dégagé·e des logiques sociales, c’est ce que j’appelle l’anti-sociologisme ou le refus d’admettre qu’on puisse avoir un mode de vie déterminé par son appartenance de classe. Autant on se reconnaît facilement dans son signe astrologique, autant on a du mal à accepter son classement dans une catégorie sociologique. Ce que je veux dire par là, c’est que ce rapport au collectif est parfois assez incohérent, on le récuse mais on a toujours besoin d’appartenance. Conséquence de tout cela, nous peinons à penser des stratégies favorables aux classes auxquelles nous appartenons et préférons l’empowerment individuel (c’est tout le féminisme libéral avec son accent sur les choix individuels des femmes, sur leur attitude individuelle face aux inégalités, etc.). Et le genre, malgré toutes ses définitions comme un rapport social, est souvent perçu comme une caractéristique propre aux individus et une réalité intime.

    Des conflits très durs ont lieu entre des camps qui ont deux visions contradictoires de ce qu’est l’appartenance à un genre ou à l’autre.

    #Aude_Vidal #genre #LGBT #libéralisme #individualisme #politique #sociologie #matérialisme_trans #transidentité #Pauline_Clochec #transitude (attitude trans sociale) #classes_sociales #psychologisme

  • Travail trans, salaire trans
    https://www.trounoir.org/?Travail-trans-salaire-trans

    Harry Josephine Giles est écrivaine, performeuse et militante, elle a vécu sur quatre îles, chacune plus grande que la dernière. Aujourd’hui elle habite à Leith, un quartier portuaire d’Édimbourg. Son travail est principalement reconnu pour sa production de poésie et de textes de science-fiction. En 2019, suite à une invitation à participer à une exposition autour du roman de science-fiction féministe d’Ursula Le Guin, La Main gauche de la nuit, elle décide de se saisir de ses honoraires pour financer la production d’un texte politique qu’elle intitule Wages for transition. Sa proposition s’inscrit dans une perspective matérialiste et s’appuie sur deux références principales : le mouvement Wages for Housework, campagne féministe marxiste des années 70 pour la reconnaissance du travail reproductif (tâches ménagères, travail affectif, gestation, etc). Et le manifeste du collectif socialiste des patients (SPK, Sozialistiches Patientenkollektiv), Faire de la maladie une arme, qui soutient que la maladie est un fait politique, produit par le capitalisme en tant que contradiction interne au capitalisme lui-même.

    Harry Josephine Giles part du postulat que le système capitaliste dans lequel nous vivons produit le genre tel que nous le connaissons : une catégorie sociale permettant l’exploitation et l’extraction de la valeur. Par conséquent, les divisions genrées dont le capital a besoin pour se développer produisent les personnes trans, en tant qu’ « externalité de genre non chiffrée ». Pour l’autrice, exister en tant que personne trans dans ce contexte s’apparente à un travail, un travail de survie en milieu capitaliste. Le manifeste repose donc sur la nécessité immédiate de revendiquer un salaire pour ce travail, une compensation économique qui permet de récupérer une partie de la valeur produite par ce même travail. « Nous exigeons notre part ».

    #transidentité #travail #théorie #capitalisme #Harry_Josephine_Giles #Trou_noir

  • « Limite du crime contre l’humanité » : Poutine s’oppose à ce qu’un enfant puisse choisir son sexe

    "Le président de la Russie a critiqué de façon virulente le fait que des enfants puissent choisir, dès le plus jeune âge, leur sexe. « Ceci est déjà à la limite du crime contre l’humanité », a-t-il estimé. Vladimir Poutine a vertement fustigé le 21 octobre le fait de laisser aux enfants la possibilité de choisir leur sexe dès leur plus jeune âge. Ceci est déjà à la limite du crime contre l’humanité et tout ça au nom et sous la bannière du progrès (...)"

    https://francais.rt.com/international/91875-limite-crime-contre-humanite-poutine-soppose-a-ce-un-enfant-puiss

    #politique #société #genre #transidentité #transgenrisme #humanité #sexe #eugénisme #vangauguin

    • J’ai l’impression de lire un blanc qui explique aux noirs ce qu’est le racisme depuis qu’il a découvert cela en se faisant des black faces. En tant que convertis il explique aux noirs qu’il souffre plus de racisme qu’eux et il en profite surtout pour redéfinir le racisme à son avantage en expulsant les cis-noirs des mouvements anti-racistes.

      #colonialisme_sexuel #mansplanning #appropriation_sexuelle

      Sur ce blog il y a une tentative de réponse à ce parallèle

      Alors, la race comme le genre constituent bien deux construits sociaux, mais la comparaison est de fait complètement foireuse. Il y a dans la notion de race un principe d’hérédité, de descendance, c’est à dire une généalogie qui implique une histoire ethnique communautaire bien définie et documentée. Il y a aussi dans la race l’enjeu de la culture, familiale et environnante, de la sociabilisation, du langage, maternel ou parallèle, du lieu de naissance, du prénom, du nom de famille, sans compter celui du racisme subi, depuis l’enfance bien souvent. Cela fait des décennies que nous essayons de sortir du prisme fasciste de la « race biologique », raciste et essentialisant, merci de ne pas y retomber en réduisant la notion de race à une couleur de peau et des phénotypes (faf 3000 : on ne devient pas racisé·e en allant faire des UV deux fois par semaine au Body Minute de Saint-Germain-des-Prés).

      https://lesguerilleres.wordpress.com/2021/07/04/transracialisme
      Cette explication fait comme si les filles ne subissaient pas une culture, une famille, un environnement, une socialisation, un langage, un prénom et surtout du sexisme depuis la naissance. Le sexe est une réalité biologique contrairement à la race qui est une notion sans fondement biologique concret. Je ne comprend pas la fin sur les UV, est-ce que ca indique qu’on peu changé de sexe en se faisant une simple manicure tandis que la transition raciale implique une transformation plus profonde ?

    • Je ne sais pas si ça vaut le coup de répondre à quelqu’une qui compare transsexualité et blackface.
      Juste : Je ne vois quelles sont les passages/propos que tu pointe : où dit-elle qu’elle souffre plus que les femmes-cis ? Qu’est ce qui te fait dire qu’elle expulse les femmes-cis du mouvement anti-sexiste ?
      Ca me parait douteux que tu ais lu le texte en question, mais peut-etre comprendrais-je mieux la critique si elle était etayé (et pas ouvertement violente et dénigrante)...

      Personnellement, l’approche féministe matérialiste a propos des questions de transidentité que l’on trouve sur le site lesguerrilleres (et notamment la critique d’un certain essentialisme des approches queer que l’on retrouve dans ce texte), me parait justement peu preter le flanc a ce genre d’attaques transphobes.

  • Envers les enfants transgenres, l’école tâtonne (LeMonde.fr)
    https://www.lemonde.fr/education/article/2021/02/03/face-aux-enfants-transgenres-l-institution-scolaire-tatonne_6068566_1473685.

    Confronté aux interrogations des équipes éducatives, le ministère de l’éducation nationale a lancé un groupe de travail pour tenter de définir des lignes directrices sur les questions relevant de la transidentité.

    #éducation #transidentité

  • Petite fille - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/083141-000-A/petite-fille
    https://api-cdn.arte.tv/api/mami/v1/program/fr/083141-000-A/940x530

    Née dans un corps de garçon, Sasha, 7 ans, se sent petite fille depuis plusieurs années. Le cinéaste Sébastien Lifshitz ("Les invisibles") suit sa vie au quotidien et le combat incessant de sa famille pour faire comprendre sa différence. Un film documentaire bouleversant remarqué à la Berlinale 2020.

    • « Quand je serai grande, je serai une fille », répète Sasha depuis qu’elle a 3 ans. « Sasha est une petite fille, née dans un corps de garçon. Elle déteste son zizi et regrette de ne pas pouvoir un jour porter un bébé dans son ventre », confie sa mère, Karine, au médecin de famille. Celui-ci s’avoue incompétent concernant les enfants présentant une dysphorie de genre, c’est-à-dire ceux qui ne se reconnaissent pas dans leur sexe de naissance. Il l’oriente vers Paris où Karine trouve, à l’hôpital Robert-Debré, une pédopsychiatre spécialiste de la question, qui la reçoit avec Sasha et leur prête enfin une oreille attentive : une éclaircie dans l’incessant combat que doivent mener Karine, son mari et l’aimante fratrie autour de Sasha pour que l’enfant soit enfin reconnue et acceptée comme une fille, notamment à l’école et au cours de danse. C’est aussi pour la jeune mère la fin d’une lourde culpabilité. Non, ce n’est pas parce qu’elle a désiré une fille lors de sa grossesse que Sasha se trouve aujourd’hui dans un tel bouleversement. Les causes de la dysphorie de genre demeurent inconnues. Oui, elle a bien fait de laisser Sasha s’habiller en fille. Armée d’un certificat médical attestant la dysphorie de genre de l’enfant, Karine poursuit son combat auprès du directeur de l’école qui refuse obstinément que Sasha soit considérée comme une petite fille. Le début d’une longue course d’obstacles…

    • je viens de le parcourir, ça m’a choqué, le ton, la condescendance, beaucoup de mal à entendre les questions qu’elle pose du coup, même si elles semblent pertinente, notamment ces histoires de congélation. Ces problèmes (de transidentité) me sont presque parfaitement étranger, jamais vécu, et les gens que je connais qui ont eut à traverser ces épreuves, on en parle à peine. Bref, il s’agit bien d’une expérience que je n’ai pas, et ce film me semble tout de même bénéfique pour ça, pour se rendre, un peu, compte, de la souffrance que ces « questions » engendrent. ça crée de la solidarité, j’aime bien ça.

    • L’important, en effet, c’est l’attestation du médecin qui permettra à Sasha de ne plus être mégenré à l’école, qui lui permettra de porter des robes, des chaussures à talon, des nœuds roses, des colliers, du rouge à lèvres, etc. Les émotions priment ici sur la raison

      Euh je viens de passer un an à me battre avec ma fille, pour lui faire accepter de mettre un pantalon de temps en temps, notamment pour, éventuellement, un peu moins se râper les genoux à l’école. Pareil avec le rose et tout le bazar.

      Ce papier semble écrit par quelqu’un qui n’a jamais eut à prendre en compte l’importance émotionnelle que ces « trucs » (la jupe, le rose, les colliers, le rouge à lèvre) peuvent avoir pour les gamins-gamines.

      Après, tout perché qu’il est (le papier), oui il y a des questions sur l’utilisation de la science qui sont pertinentes, mais quelle #condescendance, quel #mépris...

    • ça, ça me semble juste par contre...

      la binarité des sexes en vue de la reproduction n’est pas une naturalisation ou un essentialisme des comportements, mais simplement une réalité indépendante de l’asymétrie des genres qui, elle, est imposée par la domination masculine. C’est contre cela que nous devons nous battre, non contre nos corps.

      et vrai que la gamine part dans un truc très inquiétant pour ce qui est des hormones.

  • Septante Minutes Avec Florence Hainaut & Marie Peltier – La Cancel Culture
    #audio : https://www.jaimebienquandtuparles.com/septante-minutes-avec-florence-hainaut-marie-peltier-la-canc


    La Cancel Culture existe-t-elle vraiment ? Qui empêche-t-on vraiment de s’exprimer ? Quel rôle le conspirationnisme joue-t-il vis-à-vis des systèmes d’oppressions ?
    Au final l’émission tourne surtout autour du #harcèlement et du #féminisme, de manière assez logique pour qui a creusé ces questions.
    Je ne peux que conseiller l’écoute de cette émission. J’apporterai une nuance : amha #twitter n’est pas prévu pour être un réseau social mais est devenu un outil indispensable pour les professionnel-le-s de l’info. Et, comme partout, les femmes s’effacent face aux grandes gueules.
    Je suis très inquiète de voir la plupart des gens minorer la percée du #complotisme actuellement en France. Je trouve beaucoup moins méprisant de tirer la sonnette d’alarme sur les groupes (Gilets Jaunes, anti-masques...) que de croire que ça épargnera plus la France que les Etats-Unis. Je parle bien des groupes, pas de toi, là, qui doute à juste titre vu le confusionnisme à tous les étages.
    Comme le dit très justement Marie Peltier, face au harcèlement et aux thèses complotistes, on n’a pas besoin de « petit cœurs » et de « câlin virtuel » mais d’une PO-LI-TI-SA-TION de ces sujets, bordel ! Ces groupes ne se forment pas par hasard : ils rassemblent et fédèrent des angoisses de #mascus, de #racistes et autres flippé-e-s qui ont besoin de e rassurer... coûte que coûte.

    #mythe #construction #cancel_culture #réseaux-sociaux

  • Renverser le féminisme – les transféministes | Radio renversée
    https://www.intempestive.net/Radio-renversee-no8-renverser-le-feminisme-les-transfeministes

    Troisième émission de notre série « Renverser le féminisme ». La première accueillait des féministes handi, la deuxième des afroféministes. Aujourd’hui, entretiens avec deux générations de militantes transféministes. Les chercheuses Karine Espineira et Maud Yeuse Thomas reviennent sur l’histoire du militantisme trans, du questionnement du genre, des alliances entre trans et féministes et de la transphobie de la part de femmes se disant féministes. Agathe et Constance du collectif #Toutesdefemmes démontent quant à elles les attaques transphobes de ces derniers mois. Durée : 2h04. Source : Pi-node et l’Eko des (...)

    https://www.intempestive.net/IMG/mp3/radiorenversee08_renverserfeminisme_transfeminisme_21juill20.mp3

    • Je corrige cet oubli de @rezo :

      Agathe et Constance du collectif #Toutesdefemmes, qui a publié la tribune « Féminisme : le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être » en février dernier, démontent quant à elles les attaques transphobes de ces derniers mois.

      Ça sent bon dès l’attaque : « renverser le féminisme », dont chacun·e sait que c’est une idéologie qui gouverne le monde. Renouveler, bousculer c’était trop sympa, il faut renverser ?

      #féminisme #transféminisme #transidentité #TERF #guerre_de_tranchée_féministe

    • Et pourquoi est-ce le nom général de l’émission ? Parce que quoi de plus tendance que de « renverser » des enjeux qui mobilisent naïves et naïfs : les enfants, le travail bénévole, le handicap, les migrant-e-s et, bien sûr, le féminisme où la gauche autoproclamée peut s’ébattre à jouer les unes contre les autres sous un titre « provoc » (air connu), avec un beau glaviot au sujet de « la transphobie de la part de femmes se disant féministes ». Beurk...

    • Je vois ça, merci @rastapopoulos. Mais renverser l’état d’urgence sanitaire, la société validiste, ou renverser l’enfance et le féminisme, ça ne sonne pas pareil !

      Pourquoi Radio renversée ? Parce que les renversements, c’est bien, il serait temps. Parce que ce qui nous intéresse le plus c’est pas de faire de la radio pour causer mais faire de la radio pour écouter. Parce que forcément ça va être bancal, bidouillé, casse-gueule, mais c’est la condition pour que l’émission soit ouverte à la fragilité, aux hésitations, aux doutes. Parce que ça va sans cesse basculer d’entretiens très politiques à des créations très poétiques, de reportages à l’arrache à des musiques déters. Bref, parce que le renversement c’est ambitieux et amusant.

      Ça ne me motive pas spécialement, d’écouter une émission qui entend pas « attaques transphobes de ces derniers mois » des débats entre féministes, aussi mal menés soient-ils, sans viser en aucune façon les violences subies par les personnes trans (insultes, exclusion familiale, discrimination sociale, violences physiques, etc.).

    • @antonin1 Ah bah c’est pas une émission de débat c’est sûr, c’est uniquement de l’historique et point de vue du transactivisme, et prend assez clairement parti des deux intervenantes de « toutes des femmes », qui affirment depuis des mois littéralement (c’est le titre même de leur tribune) : « le débat n’a pas lieu d’être ». Soit tu penses pareil, soit tu penses pareil. :)

    • #OKLM

      Pour résumer la situation, deux comptes à pseudos masculins ont décidé de tirer à vue sur une émission féministe qu’ils revendiquent de ne pas écouter, prenant prétexte d’un mot ("renverser") auquel il faudrait préférer « bousculer » (sic !).

      L’un est chef de proue d’un site largement décrié comme transphobe. Fin lettré, il choisit ses mots avec délicatesse (glaviot, beurk…). L’autre prend bien soin de dédouaner de toute transphobie, mais comme il analyse qu’il s’agit d’une « guerre de tranchées », il peut s’autoriser à poser comme hypothèse de départ la bêtise de ses « ennemies », car de toutes façons il sait mieux qu’elle comment il faudrait en parler et ne pas en parler.

      Victoire, triomphe !! Qu’ils se réjouissent, l’autrice visée par leur vindicte vient de quitter seenthis.

  • Un rebondissement inquiétant sur la question du changement d’état civil des personnes trans. Le défenseur des droits s’engage :

    10 recommandations pour faire valoir les droits des personnes transgenres | Défenseur des Droits
    https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/actualites/2020/06/10-recommandations-pour-faire-valoir-les-droits-des-personnes-tra

    Le Défenseur des droits considère que le fait d’imposer des justifications médicales et/ou sociales, laissées à l’appréciation des autorités judiciaires et administratives en charge de statuer sur les situations individuelles des personnes transgenres, peut constituer une violation du droit au respect de la vie privée au sens de la Convention européenne des droits de l’Homme.

    Il recommande ainsi au ministère de la Justice de mettre en place des procédures de changement de prénom et de mention du sexe qui soient déclaratoires accessibles et rapides, grâce à la production, auprès des officiers d’état civil, d’une attestation sur l’honneur circonstanciée et caractérisant un intérêt légitime, afin de garantir les droits fondamentaux et la dignité des personnes transgenres.

    En cas de doute sur le consentement libre et éclairé des personnes demandeuses, l’officier d’état civil pourrait saisir le procureur de la République conformément à d’autres procédures en la matière.

    Alors... des justifications médicales, il n’y en a pas dans la loi, on peut inviter le #défenseur_des_droits à mieux s’informer.

    LOI n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle - Article 56 | Legifrance
    https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=JORFARTI000033418904&cidTexte=JORFTE

    Art. 61-5.-Toute personne majeure ou mineure émancipée qui démontre par une réunion suffisante de faits que la mention relative à son sexe dans les actes de l’état civil ne correspond pas à celui dans lequel elle se présente et dans lequel elle est connue peut en obtenir la modification.
    « Les principaux de ces faits, dont la preuve peut être rapportée par tous moyens, peuvent être :
    « 1° Qu’elle se présente publiquement comme appartenant au sexe revendiqué ;
    « 2° Qu’elle est connue sous le sexe revendiqué de son entourage familial, amical ou professionnel ;
    « 3° Qu’elle a obtenu le changement de son prénom afin qu’il corresponde au sexe revendiqué ;

    Cette procédure de changement de sexe social psychiatrisait les personnes transgenre, était hyper normative (il fallait être une « vraie » femme féminine hétéro ou un « vrai » homme masculin hétéro). Elle était violente et intrusive, les militant·es trans la refusaient à juste titre. Elle a été remplacée par une procédure 100 % juridique qui demande seulement que les personnes qui veulent que la société reconnaisse leur changement de sexe... lui fassent connaître leur changement de sexe. Pas seulement à un officier avec déclaration sur l’honneur mais aussi à leur entourage. Et ce serait irrespectueux ?

    Ce qui est très inquiétant, c’est que le défenseur des droits soit si mal informé... ou peut-être informé par des groupes de pression qui n’ont pas envie que la France soit le seul pays occidental qui refuse l’autodéfinition du sexe social ?

    On part de très loin sur les droits des personnes trans mais depuis 2017 en France on a la possibilité de faire des parcours trans respectueux des personnes : on a une identité de genre (on se sent homme ou femme), on l’exprime (c’est l’expression de genre), on se présente aux autres comme un homme ou une femme, ils et elles en témoignent (@sandburg a fait une telle démarche pour une amie trans) et hop, le juge le reconnaît. Aucun psy normatif, aucune sexualité examinée, aucun slip baissé : il s’agit seulement, puisque que le genre est une catégorie sociale qui détermine une part du statut social, qu’elle soit reconnue socialement.

    Il faut avoir vu des gens se prétendre femmes avec un corps d’homme sans ambiguïté, une expression de genre masculine sans ambiguïté, qui donc sont traités comme des hommes et jouissent de ce statut social plutôt... favorable pour la seule raison qu’ils « se sentent femmes » pour s’inquiéter qu’on puisse ainsi se dire femme et intégrer des espaces (privés, publics) qui ont vocation de les protéger (accueil de femmes battues, toilettes et lieux où elles se déshabillent) ou de les aider (parité en politique, associations féministes, associations diverses et programmes dédiés aux femmes parce qu’elles ont un statut social subalterne).

    Le respect de la personne est une chose, la complaisance envers les individus en est une autre. Aujourd’hui dans le monde, la plupart des pays occidentaux acceptent le changement de sexe social sur simple autodétermination, faisant ainsi du genre un « sentiment » alors que c’est une réalité sociale. Ce mouvement-là, dont on sait peu de choses mais qui visiblement marche bien, a réussi à se mettre Jacques Toubon dans la poche... Inquiétant.

    Cela nous réserve de belles luttes au cours desquelles des féministes vont être insultées, exclues des réseaux sociaux, frappées, réduites au silence.
    @monolecte @biggrizzly @tintin @gata pour celles et ceux que j’ai repéré·es qui s’intéressent à ces questions de #transidentité.

    • "Il faut avoir vu des gens se prétendre femmes avec un corps d’homme sans ambiguïté, une expression de genre masculine sans ambiguïté, qui donc sont traités comme des hommes et jouissent de ce statut social plutôt... favorable pour la seule raison qu’ils « se sentent femmes » pour s’inquiéter qu’on puisse ainsi se dire femme et intégrer des espaces (privés, publics) qui ont vocation de les protéger (accueil de femmes battues, toilettes et lieux où elles se déshabillent) ou de les aider (parité en politique, associations féministes, associations diverses et programmes dédiés aux femmes parce qu’elles ont un statut social subalterne).

      Le respect de la personne est une chose, la complaisance envers les individus en est une autre. Aujourd’hui dans le monde, la plupart des pays occidentaux acceptent le changement de sexe social sur simple autodétermination, faisant ainsi du genre un « sentiment » alors que c’est une réalité sociale. Ce mouvement-là, dont on sait peu de choses mais qui visiblement marche bien, a réussi à se mettre Jacques Toubon dans la poche... Inquiétant.

      Cela nous réserve de belles luttes au cours desquelles des féministes vont être insultées, exclues des réseaux sociaux, frappées, réduites au silence.¨
      ____________________________________
      Bien vu.
      L’"attestation sur l’honneur" est un test singulièrement naïf (ou complaisant, voire complice), compte tenu des circonstances dans lesquelles certains criminels, sportifs médiocres et misogynes avérés prétendent avoir « changé de sexe » et trépignent de rencontrer la moindre résistance.

    • Je précise que j’ai demandé à des personnes qui se réjouissait de ça sur Twitter quelles critiques elles faisaient au dispositif français ? Parce que toutes les critiques que j’entends sont celles d’un système qui a bien été aboli depuis trois ans. Personne ne m’a répondu. Je crois que beaucoup de monde ignore comme on change de sexe social dans ce pays, y compris des personnes qui se prétendent alliées des trans ! Moi qui ai à peine quelques camarades trans et aucun·e en France, je veux bien qu’on m’explique ce qui ne va pas mais j’ai l’impression qu’il y a peu de monde pour éclairer ma lanterne !

    • En fait, c’est la position de J. K. Rowling  : le fait qu’utilisant le transgenrisme, il y a des mascus qui en profitent pour avoir open bar dans les espaces non-mixtes où les femmes se protégeaient de leurs agressions.

      Mon problème avec cette question de libre auto-détermination provient d’un récit (chez @tradfem, je crois) où au moins un homme prédateur avait réussi à se faire reconnaitre comme femme et donc être enfermé avec de nouvelles victimes dans un espace clos dont elles ne pouvaient s’échapper.

      Un tel niveau de saloperie était pour moi inimaginable et pourtant, les mascus ne nous ont pas habituées au meilleur côté de l’humanité.

      Je suis fondamentalement pour l’autodétermination des personnes sur tout les plans de leur existence, mais cela va de paire avec le nécessaire respect des autres.

      Les mouvements trans ne peuvent faire l’abstraction de leur évident noyautage par leurs pires ennemis (car les mascuc et autres suprémacistes ne seront jamais des alliés des trans  : ils utilisent là un point faible pour démolir les femmes, mais à aucun moment, il ne vont renoncer à «  casser du PD ou du freak   », jamais…).

    • « au moins un homme prédateur avait réussi à se faire reconnaitre comme femme et donc être enfermé avec de nouvelles victimes dans un espace clos dont elles ne pouvaient s’échapper. »

      L’incarcération avec des femmes d’hommes se disant femmes n’a rien d’obligé. Des administrations s’y refusent de plus en plus, informés par le personnel pénitentiaire de la mauvaise foi de beaucoup de ces hommes dont le soi-disant changement de sexe survient au moment d’adoucir leurs conditions de détention et/ou de maintenir leur accès à des femmes. indique que 60 des 125 prisonniers britanniques se qualifiant de transgenres sont en prison pour des crimes sexuels.

      If these 60 sex offenders all transferred into women’s prisons this would increase the total sex offender population by a further 50%, meaning that this would result in 1 in 3 sex offenders in the women’s prison having been born male. This is a problem that cannot be ignored.

      (https://fairplayforwomen.com/transgender-prisoners)

      Des femmes ont amorcé des recours juridiques contre les politiques gouvernementales leur imposant systématiquement des co-détenus.
      #droits des femmes #viol #transgenrisme #non-mixité

    • La Nouvelle Zélande a eu aussi des cas de détenue trans ayant violé des codétenues à Christchurch et a une politique qui consiste à ne pas mettre des détenu·es trans avec le genre de leur choix s’il s’agit du genre de personnes qu’ils et elles ont agressées.

      Je crois que pas mal de monde est à côté de la plaque sur cette question parce que les meufs trans dans les milieux queer et féministes sont des meufs comme les autres, qui partagent l’expérience du sexisme et des analyses (et les propos de Tradmen et Martin à leur sujet sont irrespectueuses, bêtes et haineuses). Les meufs trans qui constituent la moitié des détenues trans en prison me semblent avoir des motivations et une personnalité bien différentes, elles ont une fascination morbide pour les femmes, parfois appelée autogynophilie (fascination pour soi en femme) ou autre fonctionnement psy aberrant (j’ai une amie qui note que ce sont des hommes violés... et comme être pénétré·e est un truc de meuf, c’est leur fonction sociale principale, ils réagissent en se disant femmes : c’est le profil du pauvre mec qui arrive barbu, dit être une femme puis parle de soi au masculin, triggere tout le monde en racontant son viol à qui ne le demande pas, explique aux copines que sa bobonne à la maison fait tout le boulot, finit par draguer une femme dans un accueil pour femmes victimes de violences, ben oui, et finit là sa carrière d’autodétermination).

      Je crois qu’on a là un projet très différent du féminisme : non plus la liberté de sa sexualité, de son expression de genre, de l’ambiguïté ou pas, ce qui est l’autodétermination que tu as peut-être en tête @monolecte, mais la liberté de passer d’une catégorie étriquée à l’autre en se torchant avec la reconnaissance des autres et comment elle détermine le statut social (et plus encore).

      Une copine me raconte le mec qui vient au festival lesbien non-mixte, on le repère à 100 m avec son menton bien rasé, ses fringues de gars, sa copine. Mon amie à la porte n’a pas su lui dire que non, il n’était pas reconnu par les autres comme une femme à partir du moment où il le disait. Lors de ce festival il y avait une expo jouant avec toutes les insultes que se prennent les femmes dans leur vie. Je pense que si toutes les femmes du festival ne partageaient pas avec lui le « sentiment d’être femme », en revanche toutes avaient subi ces insultes... et lui pas. Et c’est ça, être une femme.

      Les masculinités subalternes ne vivent pas la même chose, même s’il y a des parallèles... quant aux masculinités triomphantes (les vieux mecs blancs bourgeois qui après une carrière dans l’armée ou le business transitionnent et deviennent des « super féministes » sans s’intéresser au sort des femmes dans leur pays), c’est le carnage quand elles se heurtent aux intérêt des femmes.

  • L’ENNEMI DES TRANSGENRES EST À LA MAISON BLANCHE, PAS CHEZ LES FÉMINISTES...

    BREAKING NEWS - The New York Times, Friday, June 12, 2020 5:44 PM EST
    WASHINGTON — The Trump administration on Friday finalized a regulation that will erase protections for transgender patients against discrimination by doctors, hospitals and health insurance companies, a move announced on the four-year anniversary of the massacre at a gay nightclub in Orlando and in the middle of Pride Month.

    The rule, which does not differ much from a proposed version released last year, is part of a broad Trump administration effort across multiple areas of policy — including education, housing, and employment, as well as health care — to narrow the legal definition of sex discrimination so that it does not include explicit protections for transgender people.

    The Affordable Care Act, the 2010 law often known as Obamacare, established broad civil rights protections in health care, barring discrimination on race, color, national origin, sex, age or disability in “any health program or activity” that receives federal financial assistance.

    The Obama administration interpreted the provision about sex discrimination to include discrimination on the basis of “gender identity.” Under the original 2016 rule, health care providers and insurers would have been required to provide and cover medically appropriate treatment for transgender patients. The Trump administration announced the move on the four-year anniversary of the massacre at a gay nightclub in Orlando and in the middle of Pride Month. (...)"(...)

    Il est à espérer que cette décision réellement discriminatoire va ouvrir les yeux à celles et ceux qui se laissent convaincre que les ennemis des transgenres sont plutôt les femmes qui tentent de défendre leurs droits à des ressources non détournées et à des espaces non mixtes, alors que les coups viennent en fait du pouvoir traditionnel (la présidence des USA) et des intérêts capitalistes privés qui cherchent à éviter des poursuites et des dépenses de santé.

    Le problème - un des problèmes - c’est qu’une telle analyse est habituellement occultée par les masculinistes et la misogynie qui prolifèrent chez les transactivistes anglo-saxons et tentent de jouer les trans contre les femmes.

    https://www.nytimes.com/2020/06/12/us/politics/trump-transgender-rights.html?campaign_id=60&emc=edit_na_20200612&instance_

    • BREAKING NEWS - The New York Times, Friday, June 12, 2020 5:44 PM EST
      WASHINGTON — The Trump administration on Friday finalized a regulation that will erase protections for transgender patients against discrimination by doctors, hospitals and health insurance companies, a move announced on the four-year anniversary of the massacre at a gay nightclub in Orlando and in the middle of Pride Month.

      The rule, which does not differ much from a proposed version released last year, is part of a broad Trump administration effort across multiple areas of policy — including education, housing, and employment, as well as health care — to narrow the legal definition of sex discrimination so that it does not include explicit protections for transgender people.

      The Affordable Care Act, the 2010 law often known as Obamacare, established broad civil rights protections in health care, barring discrimination on race, color, national origin, sex, age or disability in “any health program or activity” that receives federal financial assistance.

      The Obama administration interpreted the provision about sex discrimination to include discrimination on the basis of “gender identity.” Under the original 2016 rule, health care providers and insurers would have been required to provide and cover medically appropriate treatment for transgender patients. The Trump administration announced the move on the four-year anniversary of the massacre at a gay nightclub in Orlando and in the middle of Pride Month.

  • Un film sur #Larry_Kramer, récemment disparu, et qui s’est insurgé contre une réécriture de l’histoire par les militant·es trans qu’il accuse d’invisibiliser les gays et les lesbiennes (en prétendant qu’elles et ils seraient des trans hétéros).

    https://twitter.com/TwisterFilm/status/1267179585042595847

    Larry Kramer to ’Stonewall’ Filmmaker : ’Don’t Listen to the Crazies’
    https://www.advocate.com/arts-entertainment/2015/08/10/larry-kramer-stonewall-filmmaker-dont-listen-crazies

    “Don’t listen to the crazies. for some reason there is a group of ’activists’ that insists on maintaining their prime importance and participation during this riot. unfortunately there seems no one left alive to say ’it wasnt that way at all,’ or ’who are or where the fuck were you.’ as with so much history there is no way to ’prove’ a lot of stuff, which allows artists such as yourself (and me I might add) to take essences and attempt to find and convey meaning and truth. i sincerely hope this boycott your film shit peters out. we are not dealing with another ’Cruising’ here. keeping your film from being seen is only hurting ourselves. good luck and thank you for your passion.”

    Voici un exemple des critiques envers Stonewall le film, qui affirment qu’il invisibilise les trans women of color.

    Controversial casting for new ’Stonewall’ film sparks outrage
    https://www.stonewall.org.uk/node/21292

    Stormé Delavarie (sic), a butch bi-racial lesbian and drag king is noted to have thrown the first punch in an act of self-defense in the face of police brutality. Stormé doesn’t make the Stonewall film’s cut, though we do hear a woman being detailed by police shouting a version of her famous line ‘Why don’t you guys do something?’.

    Miss Major and Sylvia Rivera are TWOC, campaigners and activists that were incredibly present in the Stonewall riots. They are nowhere to be seen as far as we’re led to believe; erased from their own history and undermined by the work that goes into ‘preserving’ it. These four trailblazers, Marsha P Johnson, Storme Delarvie (sic), Miss Major and Sylvia Rivera, deserve our attention.

    Voici comment ça s’écrit en vrai. #Stormé_DeLarverie
    https://en.wikipedia.org/wiki/Storm%C3%A9_DeLarverie

    Et on a déjà vu ici qu’elle faisait l’objet d’une lutte de mémoire, entre des personnes qui ne la connaissent pas qui la disent trans et ses proches qui la disent butch et drag king.

    https://seenthis.net/messages/814564

    Larry Kramer again, contre l’historicisation de l’homosexualité. (Je crois qu’il n’a pas bien compris le propos de ces savant·es qui expliquent que la sexualité et l’amour sont aussi des faits sociaux qui s’expriment différemment d’une société à l’autre, homo ou hétéro.)

    Queer Theory’s Heist of Our History - The Gay & Lesbian Review
    https://glreview.org/article/queer-theorys-heist-of-our-history

    Gay people are victims of an enormous con job, a tragic heist, and it has been going on for too many years. It is time to call its bluff. This means recognizing that we have been here since the beginning of the history of people. It means accepting that men loving men, men having sex with men, has been here since the beginning of history.

    https://www.advocate.com/society/activism/2009/04/29/larry-kramers-case-against-queer

    Larry Kramer s’est insurgé contre l’activisme trans et son effet délétère sur les gays et les lesbiennes (et ci-dessous les femmes).

    Anger over women’s business honour for cross-dressing banker | The Times
    https://www.thetimes.co.uk/article/anger-over-women-s-business-honour-for-cross-dressing-banker-h0gv3l7nw

    A male Credit Suisse director who sometimes goes to work in a wig and dress has prompted outrage by accepting a place on a list of the Top 100 Women in Business.

    Philip Bunce, who is married with two grow-up children, typically spends half his time as Philip and half as his female alter ego, Pippa. He says he is “gender fluid” and “non-binary.”

    In previous interviews, Mr Bunce described climbing the career ladder as a man and waiting until he was “very established” and “quite senior” at the investment bank before starting to cross-dress at work four years ago.

    Ici une artiste lesbienne butch a été « transed », on affirme après coup qu’elle était trans. Des histoires comme ça se multiplient, au grand dam parfois des proches qui rappellent que la meuf était butch et que c’est aussi une identité. (Perso je pense que c’est probablement la même identité qui s’exprime différemment selon les propositions sociales que reçoivent les personnes et en ce moment la proposition c’est chest binding, mamectomie, hormones, des solutions très médicalisées et qui ré-essentialisent d’une certaine manière les identités de genre. Bof.)

    Marlow Moss : forgotten art maverick | Culture | The Guardian
    https://www.theguardian.com/artanddesign/2014/aug/25/marlow-moss-cornwalls-forgotten-art-maverick-tate-britain#maincontent
    https://i.guim.co.uk/img/static/sys-images/Arts/Arts_/Pictures/2014/8/25/1408982985920/A-detail-from-White-Black-010.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=fo

    Marlow, née Marjorie, Moss was born in London in 1889 and died in Cornwall in 1958. In the intervening 69 years, she changed herself utterly. The child of prosperous Jewish parents, she took herself off to the Slade, disappearing to Cornwall after a nervous breakdown. When she returned, it was as the crop-haired, jockey-clad, Marlow-not-Marjorie lesbian Canney saw in Newlyn 40 years later. In the meantime, she had moved to Paris and found the work of Piet Mondrian.

    The effect was electrifying. One of the things that makes Moss stand out historically as an English artist is her untypical passion for European modernism. In 1927, the year she moved to Paris, the hottest group in London was the Seven and Five Society, its members still doggedly struggling to marry an outdated post-impressionist style to an outmoded local romanticism. Moss, by contrast, apprenticed herself to Fernand Léger, then experimenting with the mechanical mode of painting he had dubbed purism. Even this would not be radical enough for Léger’s English student. In or about 1928, Moss saw her first Mondrian, and the die was cast.

    Zut, le truc suivant s’affiche pas chez moi mais le titre suffit peut-être. Ça, ça énervait un peu Larry Kramer.

    Trans author : ‘A lot of gay men are gay men as a consolation prize because they couldn’t be women’
    https://www.gaystarnews.com/article/juno-dawson-gay-men-consolation-prize

    Et le reste du fil :

    17./ That homophobia permeates much of the gender identity industry who in their hearts believe most little fem boys are really girls and butch girls are really boys. Here’s a therapist in a video for @GIRESUK
    salivating at the prospect of putting a boy on puberty blockers.

    18./ And it’s not just boys. There’s an even more profound attack underway on the mental health of girls who aren’t “gender conforming” with social media full of celebrations, for example, of the wearing of chest binders in preparation for eventual breast removal by surgery.

    Malcolm Clark
    @TwisterFilm
    19./ The gender identity lobby has embarked on a wholesale erasure of gay history, is steeped in homophobic contempt for gays (and transsexuals for that matter) and wants to medicalise young lesbians and gays. How will we overcome it? In part by following Larry Kramer’s example.

    21./ We also need his pride. He didn’t think ’gay’ was part of a narcissistic spectrum of navel-gazing “identities” worn as lightly as some Pippa Bunce dress. He thought we were special and believed our history and our stories should be cherished. He was right.

    22./ Above all we’ll need his conviction. At first he and his supporters were a tiny band hated by the gay establishment. Today our LGBT establishment are as blind to the danger the gender identity plague poses as their predecessors were to AIDS. It’s time to open their eyes.

    Voilà. Ça pue.
    #LGBT #transidentité #gay #transactivisme

  • Les mauvais genres : trans et féministes | Un podcast à soi
    https://www.arteradio.com/son/61663807/les_mauvais_genres_trans_et_feministes_25

    Il y a quelques mois éclatait au sein du mouvement féministe un conflit lancé par certaines militantes qui remettaient en question la place des femmes trans dans les milieux féministes. Cet épisode de « Un podcast à soi » aborde cette question et tente de comprendre ce qui se joue dans ces prises de position. Mais plutôt que d’insister sur les divisions, il interroge avant tout les alliances possibles, en donnant la parole à des personnes trans et féministes. Durée : 1h13. Source : Arte Radio

    https://download.www.arte.tv/permanent/arteradio/sites/default/files/sons/16upaslesmauvaisgenres_hq_fr.mp3

    • Émouvants témoignages, vraiment, qui montrent d’importantes difficultés de leur vie et des choix à faire.

      Au delà des témoignages, on ne peut s’en tenir là puisque le docu indique clairement parler d’un point de vue politique. Donc on peut alors le commenter d’un point de vue politique (et non pas juste « c’est du témoignage et on n’a rien à dire là dessus »).

      Les deux témoignages concernent une femme trans, Héloise, et un homme trans (ou pas, cf le détail), Dal.

      Moi j’ai trouvé que dans les deux cas, ces témoignages montraient que leur choix de changer de genre était entièrement social, et à peu près uniquement dû à la société patriarcale, homophobe et viriliste.

      Clairement Héloise a eu une enfance très dure avec des exemples de mâles paroxystiques (encore pire que ce qui est déjà pas cool dans la norme), et son choix de changer n’est pas tant pour « devenir une femme » que pour échapper à la masculinité toxique. Elle le dit aussi bien pour ce qui est du comportement, que pour l’opération physique : ce sexe qui lui rappelait tant tout ce qu’elle détestait. Et pourtant au niveau du discours, de la théorisation, ça parle de « devenir ce qu’on est », vraiment comme de l’essentialisation, ce que je ne trouve pas super, mais surtout qui est à priori faux et en contradiction avec toute l’explication de sa vie, de son parcours. Sans même parler d’un autre monde, d’une utopie non-patriarcale, si déjà juste elle était née dans une famille entièrement aimante (pas que les femmes), sans aucun exemple de masculinité toxique, sans violence, il n’est pas dit du tout qu’elle aurait eu envie de changer de genre.

      Quant a Dal, ille aime (aimait ?) son corps, ses seins, aussi bien pour soi-même que dans la sexualité. Et il a fait le choix d’aller jusqu’au bout pour le passing, pour au final ne pas être une lesbienne butch car socialement c’était plus difficile que d’être reconnu comme mec (mais du coup ça en devient socialement difficile dans le milieu lesbien, qui ne l’accepte pas partout comme mec trans… :/ ). Là encore, sans homophobie, ou tout du moins avec une forte baisse d’homophobie, pas sûr du tout qu’il y ait eu ce besoin de changement de genre, et donc là encore c’est pas « devenir qui on est », elle (car je parle à l’époque femme) aurait apparemment très bien pu rester lesbienne butch d’après ce qui est raconté.

      J’en ressors avec une impression encore plus que tout ça est social, et que dans le même temps, il y a toute une frange qui théorise un discours essentialiste ou qui s’en rapproche, même quand leurs propres parcours de vie démontrent le contraire.

      Le fait est qu’on vit pas dans une société utopique, et que ces personnes là on dû changer de genre pour être mieux dans leur vie, et c’est très bien si elles ont pu réussir et qu’elles vont mieux ! Mais qu’on ne vienne pas enrober ça avec des arguments essentialistes, et comme quoi c’est logique voire limite « naturel » (huhu) car c’est « ce qu’elles sont ».

  • Etre une femme trans ou devenir soi - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/02/18/etre-une-femme-trans-ou-devenir-soi_1778784

    En prétendant que les choix de présentation d’elles-mêmes que font les femmes trans renforcent les stéréotypes de genre, Stern les assimile à des travesties, témoignant d’une méconnaissance totale de l’expérience vécue de la transition. A n’en pas parler, on reste avec des mots, on esquive la question du sens. Sans prétendre parler à la place des femmes trans, mais parce que j’ai réfléchi le sujet et y travaille, je propose pour ma part de la saisir en déployant une perspective phénoménologique qui prend au sérieux « la réalité matérielle de l’imaginaire » (Jay Prosser) et qui pose l’articulation intime de la chair et du soi.

    Les modalités esthétiques par lesquelles une femme trans modèle son apparence renvoient à une dynamique proprement existentielle par laquelle elle cherche à se reconnaître. Il ne s’agit pas pour elle de se maquiller ou de s’habiller comme une femme mais de le faire en tant que femme afin d’atteindre une forme d’adéquation entre ce qu’elle est et ce qu’elle paraît. Car nous n’accédons à nous-mêmes qu’en nous représentant, le paraître est un « accroissement d’être » qui révèle la dignité de ce qui était déjà là et qui le confirme (Jacques Dewitte). Ce que certaines féministes considèrent comme de l’outrance stéréotypée renvoie en réalité à une démarche de coïncidence à soi par laquelle la femme trans devient ce qu’elle est, une femme.

    Par Camille #Froideveaux-Metterie

    Je poste à part parce que cette tribune est passée inaperçue ici et parce qu’elle est à un endroit où je n’ai pas le droit de poster. Ce qui par ailleurs commence à me gonfler et à me donner envie de n’utiliser Seenthis que comme un agrégateur de contenu et pas un réseau social.
    #transidentité

    • Je disais que je trouvais que ça me semblait contenir plein de trucs faux. Notamment parce qu’elle fait porter le chapeau de l’essentialisme au « camp d’en face », alors qu’elle même profère des idées essentialistes, à commencer par le passage que tu cites justement.

      celles qui estiment que les femmes trans ne sont pas des femmes et n’ont de ce fait aucune légitimité à prendre part aux luttes féministes

      C’est faux, je n’ai à peu près jamais lu ça. Ce qui est dit, c’est que les femmes trans peuvent participer en tant que trans-femmes, avec leur réalité propre, pas en tant que femmes cis, étant nées avec ce qui a permis à la société de les voir comme femmes depuis leur naissance, et qui continue de les faire reconnaitre comme femmes et vivre cette réalité sociale. Les trans-femmes ont certains problèmes en commun, d’autres pas. Et que donc quand les femmes veulent se regrouper uniquement entre femmes, elles doivent pouvoir le faire, et c’est à elles, en tant que groupe social (et non en tant qu’individus) de reconnaitre si elles intègrent telle ou telle personne trans-femmes dans leur groupe parce qu’elle lui reconnaisse une vie similaire et un non-danger pour le groupe, mais pas parce que ces personnes s’auto-déclarent femmes. C’est un choix social du groupe.

      L’argument est récurrent qui se réfère aux organes génitaux féminins comme à un socle exclusif et indéboulonnable.

      Les matérialistes non-essentialistes (ce qui constitue la plupart), depuis des décennies n’ont jamais dit ça non plus, elle confond là volontairement le fait de dire « les femmes ont des vulves, ou tel chromosome » avec le fait de dire « les femmes sont traités par la société en tant que femmes suivant le corps qu’elle leur reconnait, et alors la société leur assigne des caractéristiques sociales qui seraient propre aux femmes (alors que non) ». Ce n’est pas essentialiste, c’est socialiste.

      soit le fait que la question trans « colonise le débat féministe ». Je ne m’attarderai pas sur cette affirmation aberrante tant elle contredit la position ultra-minoritaire des combats transidentitaires et la place tout aussi ténue réservée aux femmes trans dans le féminisme.

      C’est une blague ? Il y a encore un peu débat et des groupes différents, mais que ce soit sur internet ET dans la vie physique, les positions trans sont partout, et dans bien des cas sont majoritaires ! Y compris désormais dans des organisations anciennes datant des féministes précédentes, comme le Planning familial. De nombreux groupes mainstream rejettent immédiatement la moindre personne émettant des critiques sur les politiques de l’identité, annulent des confs, publient des textes de désavoument… c’est une « place ténue » ça ?

      Et quant à la société complète, ce n’est pas « ultra-minoritaire » non plus puisque des pays entiers adoptent des lois de choix individuel de l’identité.

      Cette affirmation est complètement fausse, ne correspond pas du tout à la réalité ni online ni offline, et même tellement grossièrement l’inverse que ça fait vraiment stratégie pour l’utiliser rhétoriquement en se disant « les petits qui sont tous faibles ». Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas plein de problèmes, de violence, etc, mais « ultra-minoritaire » wtf…

      Il s’agit de rejeter la division hiérarchiquement sexuée de la société qui érige en « distinction socialement pertinente une différence anatomique en elle-même dépourvue d’implications sociales ». En prenant position auprès de celles qui rejettent les femmes trans, Delphy semble avoir oublié cette affirmation dont elle est l’autrice.

      Mais justement, il n’y a rien de contradictoire. Le fait de dire que les femmes, au sens femelles humaines, ne devraient pas avoir à vivre une réalité sociale si différente des mâles, car leur vulve, leurs seins, leur utérus, ne devraient pas changer à ce point leur vie quotidienne, et bien ça ne veut pas du tout dire que la définition de femmes deviendrait autre chose.

      À l’inverse, plein de trans considèrent que pour être une femme, il faut alors avoir les caractéristiques assignés par la société patriarcale aux femmes uniquement (dans l’époque actuelle, avoir des seins, des robes, du maquillage, parler de telle manière, etc).

      Alors que les féministes matérialistes disent justement que c’est le genre (le féminin, le masculin) qui est social, et qu’on peut parfaitement être une femme baraqué en jean non-attirée par les hommes, et on peut être un homme et vouloir du maquillage, prendre soin des autres, aimer se faire sodomiser (par qui que ce soit), et ça n’en fait pas des premières des hommes, ni des seconds des femmes.

      C’est précisément en partant du constat d’une possible non-coïncidence entre sexe biologique de naissance et identité de genre que celles-ci ont entrepris de déconstruire les assignations sexuées et les stéréotypes genrés.

      C’est un des points les plus importants : la complète identification entre « identité de genre » et « stéréotypes genrés ».

      Personne n’est pile le stéréotype d’un des deux genre, personne n’est 100% ce que la société considère comme féminin ou masculin. Et donc on peut parfaitement avoir des comportements associés à un stéréotype du genre opposé et ne PAS être considéré par la société comme étant pour autant du genre opposé. Le genre est social, alors que les choix de comportements sont individuels. En tant qu’homme barbu, si je me maquille, que je m’occupe d’enfants, la société continuera de me reconnaitre en tant qu’homme. Et je ferai alors face à des discriminations ou des violences non pas en tant que nouvelle femme (parce que je me sentirais femme), mais en tant que reconnu comme homme par la société mais ne correspondant pas assez aux canons de la masculinité.

      Les féministes matérialistes se sont battues et se battent pour abolir le genre, pour qu’aucun comportement ne soient plus assignés, et non pas pour les conforter (si t’as N% des stéréotypes du féminin alors t’es une femme, c’est valider ces assignations !)

      Les modalités esthétiques par lesquelles une femme trans modèle son apparence renvoient à une dynamique proprement existentielle par laquelle elle cherche à se reconnaître. Il ne s’agit pas pour elle de se maquiller ou de s’habiller comme une femme mais de le faire en tant que femme afin d’atteindre une forme d’adéquation entre ce qu’elle est et ce qu’elle paraît.

      Onanisme intellectuel ! C’est bien ça qui est reproché, ça signifie que ces gens considère que « paraitre une femme » c’est avoir tous les stéréotypes associés, alors que les matérialistes disent qu’on peut être une femme et ne jamais se maquiller, ne jamais porter des « habits de femmes »…

      Ya vraiment vraiment une lecture des stéréotypes de genre à la fois hyper proche mais qui aboutit à des conclusions diamétralement opposés, entre l’activisme trans et les féministes matérialistes. J’ai l’impression qu’elles partent de constats super proches voire exactement les mêmes sur ce que le patriarcat impose comme assignations sociales, et qu’elles en déduisent des philosophie de vie totalement différentes et même parfois opposées.

    • Merci @rastapopoulos de venir causer avec moi ! Je ne suis pas trop d’accord, je vois des féministes matérialistes nickel (Delphy, Meghan Murphy) adopter le sexe, la physiologie, comme ce qui sépare l’humanité en deux et la hiérarchise. Alors que je m’attendais plutôt à les voir adopter une identité de genre perçue comme très sociale, avec inclusion possible de femmes trans dans la mesure où elles sont perçues comme des femmes et dans la mesure où ça a du sens (pas dans une non-mixité consacrée au corps : auto-examen gynéco par exemple). Je me dis que leur position est stratégique, parce que contrairement à l’idée de poser un regard social sur l’identité (difficile à mettre en pratique), le corps règle les choses et les femmes canadiennes ne sont plus en mesure de restreindre l’accès de lieux de non-mixité politique ou de défense à quiconque, y compris des hommes de mauvaise foi ou des personnes que j’identifie à des hommes qui ont une fascination morbide pour les femmes qui suppose de les violer et de vivre dans un corps de femmes (auto-gynophilie). Mais ça m’étonne de les voir revenir aussi fort au corps sexué après avoir montré ce que fait le genre (ce qui concerne aussi des trans avec une expression de genre claire, on en a plein de témoignages). Ça ne change rien au fait qu’elles ont le droit à leur non-mixité, qu’on l’aime ou pas on n’a pas à la remettre en cause sauf à expliquer qu’elles ont un privilège acquis sur le dos des femmes trans (lequel ? dites-moi ! parce que militer et y consacrer temps libre, énergie et souvent pognon n’est pas un privilège).

      Je pense aussi que Froideveau sous-estime l’activisme trans et la volonté de beaucoup de femmes cis de s’effacer derrière elles (comme les femmes savent si bien s’effacer dans les luttes). Nous n’en sommes qu’au début et l’activisme institutionnel n’a pas beaucoup avancé en France mais dans les collectifs les femmes trans ne s’oublient pas trop. Il y a même des événements un peu queer, et pas des groupes de parole ou de soutien de personnes trans mais des trucs adressés à tout le monde, qui excluent les TERF à l’entrée (en tout cas en ajoutant la mention aux descriptions de leurs événements). Froideveau loupe un peu le coche...

      Mais son propos sur l’expression de genre des femmes trans me semble pas mal. D’abord je rencontre plein de femmes trans pas plus ni moins « sapées avec féminité » que des femmes cis. Des meufs trans ultra genrées, limite drag, corps et fringues, j’en connais peu... et j’en croise de moins en moins. Ensuite il y a la nécessité du passing qui nécessite d’en faire un peu plus quand le corps est un peu moins féminin. C’est un peu le propos de cette autrice trans.

      Anti-guide du questionnement de genre – Raymond, reviens, t’as oublié tes chiens !
      https://raymondreviens.wordpress.com/2017/01/17/anti-guide-du-questionnement-de-genre

      Sans ces modifications, si on veut éviter les humiliations et les violences liées au fait d’être vue comme un mec en robe, il faut avoir un corps pas trop marqué par la testostérone (donc disons moins de 25 ans, et encore pas pour tout le monde), se restreindre à des codes féminins hétérosexuels et savoir se démerder avec un pinceau à maquillage. Les modifications physiques sont pour la plupart des femmes trans un moyen d’être lue comme femme de manière permanente, sans contrainte particulière.

      J’ai cet exemple du mec qui vient à un événement lesbien avec une expression de genre masculine. Il n’est pas le seul dans la salle, plein de butches sont sapées comme lui. Mais corps de femme + fringues « masculines » n’est pas corps de femme + fringues « masculines » : il reste une personne qu’on ne va pas manquer d’identifier à un homme alors que les meufs en question sont identifiées comme butches, camionneuses, etc. Donc son genre, son identité sociale, dépend d’une expression plus marquée « féminine » que les femmes qui réclament la liberté de s’habiller comme elles veulent. Je trouve que Froideveau l’écrit bien, au milieu de ces propos dont tu as bien noté l’injustice.

    • Merci pour vos interventions.
      Je partage un bout d’entretien de #Francis_Dupuis_Déri qui apporte un autre éclairage sur la question. Toute la réponse serait à lire mais je laisse seulement l’extrait qui peut apporter sa pierre au débat pour certains d’entre nous. (Ca date de fin 2018.)

      J’ai lu avec très grand intérêt le numéro spécial de la revue Transgender Studies Quarterly , qui proposait un dossier complet sur le « transféminisme », soit l’alliance et la fusion entre féminisme et mouvement trans. On y présente les histoires très intéressantes de ces alliances au Brésil, en Italie, aux États-Unis et ailleurs, parfois dès les années 1960. J’y ai appris, enfin, qu’une féministe radicale dont je respecte beaucoup le travail, Andrea Dworkin, se déclarait solidaire des trans dès le début des années 1970, aux États-Unis. Elle proposait que l’État offre des services de santé gratuits pour les femmes trans, ou que la communauté militante offre les moyens à toute personne transexuelle d’obtenir une opération de changement de sexe. Selon Dworkin, la présence des trans nous révèle surtout la fluidité des identités de sexe et met à mal la logique de la binarité sexuelle. Même si elle rêvait d’un monde sans genre ou sexe, elle considérait dès 1974 que c’est seulement dans un nouveau monde constitué d’une « identité androgyne » que la transexualité n’aura plus le même sens, puisqu’il y aura une plus grande pluralité de choix. À la même époque, aux États-Unis, le groupe de musique Olivia Record, composé de féministes radicales lesbiennes séparatistes, se déclarait « trans inclusive ». Une des membres a aussi été militante du collectif de lesbiennes radicales Furies et a payé pour les frais médicaux de trans. L’amie et l’alliée de Dworkin, la féministe Catharine MacKinnon, dont la pensée sur la domination sexuelle m’a également beaucoup inspiré, s’est aussi déclarée solidaire des trans.

      (...)

      Plus concrètement, les trans ont obtenu plusieurs gains législatifs depuis quelques années au Canada et au Québec. Depuis 2015 au Québec, l’école est obligée d’accepter un changement de prénom, et les élèves de 14 ans et plus peuvent même exprimer cette demande sans l’autorisation de leurs parents. Mon université autorise enfin les étudiantes et les étudiants à changer leur nom, sur les listes de classe. Quant au mouvement des femmes au Québec, par exemple les réseaux de centres et de maisons d’hébergement pour femmes, je crois comprendre que la réponse est le plus souvent pragmatique face à la demande d’inclusion des trans (qui est souvent une demande d’aide). Il ne s’agit pas d’une prise de position de principe sur ce qu’est la non-mixité ou ce qu’est une femme, mais d’un travail d’écoute, d’échange, de réflexion collective, de consultation et d’arrangement pragmatique, chaque situation étant différente selon le contexte, les autres femmes présentes, les expériences passées, etc..

      Voilà… Je ne pense pas avoir répondu à vos questions, mais je vous ai présenté l’état de mes réflexions, en ce moment. Mais considérant que votre site publie des textes très critiques des trans et considérant l’état des débats et des rapports de force où je me situe, à Montréal, je pensais saisir l’occasion pour partager quelques réflexions, sans prétendre connaître la « vérité » sur ces sujets complexes, ni parler au nom des féministes radicales ou des militantes et théoriciennes trans.

      https://www.partage-le.com/2018/12/31/chronique-la-violence-masculiniste-suivie-dun-entretien-avec-francis-dup

      La revue en question :
      Transgender Studies Quarterly , vol. 3, no. 1–2, 2016,
      https://read.dukeupress.edu/tsq/issue/3/1-2
      (articles en libre accès ou via https://sci-hub.si / https://lovescihub.wordpress.com )

      Je pense que tradfem a fait beaucoup de mal en choisissant de traduire des textes, même essentialistes, sur cette question ce qui a contribué à cliver encore plus les féministes. Notre place de gars n’est pas là, je pense, dans ce combat. Mais pourquoi ne pas traduire des articles cette revue, pour rester fidèle à l’esprit de Dworkin, à la base de l’entreprise ?
      Je suis triste de l’état de ce débat et même si j’y pense aussi, je me dis que j’aimerais mettre de l’énergie ailleurs afin de soutenir le mouvement féministe.
      (antonin, je ne participe pas beaucoup ici, mais je te suis toujours avec grand intérêt.)

    • Super intéressant, le propos de FDD : d’abord sur son vécu de mec qui veut déboulonner le genre et qui pense qu’il suffit de le faire au niveau perso, et qui se rend compte qu’il outrepasse les limites de personnes pour qui ce n’est pas un jeu. Et puis ça me fait plaisir de voir Dworkin transinclusive.

    • Quand je disais :

      Ya vraiment vraiment une lecture des stéréotypes de genre à la fois hyper proche mais qui aboutit à des conclusions diamétralement opposés, entre l’activisme trans et les féministes matérialistes. J’ai l’impression qu’elles partent de constats super proches voire exactement les mêmes sur ce que le patriarcat impose comme assignations sociales, et qu’elles en déduisent des philosophie de vie totalement différentes et même parfois opposées.

      Bah du coup ya très exactement un article sur ça d’il y a plus de 10 ans, mettant un peu à plat ces différences dans un langage pas ampoulé, paru en français en 2013 dans Sisyphe et en 2014 dans Nouvelles Questions Féministes. Ça dit vraiment la même chose que ma phrase à la va-vite d’il y a un an, en plus long.
      https://seenthis.net/messages/898694

  • Chimamanda Ngozi Adichie on transgender row: ’I have nothing to apologise for’ | Books | The Guardian
    https://www.theguardian.com/books/2017/mar/21/chimamanda-ngozi-adichie-nothing-to-apologise-for-transgender-women
    https://i.guim.co.uk/img/media/7901f11d746a700dfe161a94880a73ab67254f31/0_169_5054_3032/master/5054.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Chimamanda Ngozi Adichie, the Nigerian novelist and feminist, has condemned a “language orthodoxy” on the political left after she endured a vitriolic backlash over comments about transgender women.

    The author of Half of a Yellow Sun plunged into a row about identity politics when she suggested in an interview last week that the experiences of transgender women, who she said are born with the privileges the world accords to men, are distinct from those of women born female. She was criticised for implying that trans women are not “real women”.

    But Adichie defended her comments during a public appearance in Washington on Monday night. “This is fundamentally about language orthodoxy,” she told a sellout event organised by the bookshop Politics & Prose. “There’s a part of me that resists this sort of thing because I don’t think it’s helpful to insist that unless you want to use the exact language I want you to use, I will not listen to what you’re saying.

    “From the very beginning, I think it’s been quite clear that there’s no way I could possibly say that trans women are not women. It’s the sort of thing to me that’s obvious, so I start from that obvious premise. Of course they are women but in talking about feminism and gender and all of that, it’s important for us to acknowledge the differences in experence of gender. That’s really what my point is.”

    #transidentité #féminisme #intersectionnalité
    Il était perdu dans un fil...

  • Portrait interne de l’industrie de « l’identité de genre | « TRADFEM
    https://tradfem.wordpress.com/2020/02/14/portrait-interne-de-lindustrie-de-lidentite-de-genre

    Jon Stryker, héritier d’une fortune médicale et fondateur de la Fondation Arcus, une ONG LGBT générée par la richesse de Stryker, était en train de construire une puissante infrastructure pour impulser la normalisation et l’institutionnalisation du transgenrisme, la première identité à caractère médical.

    En 2014, Time Magazine a publié une photo de couverture et un reportage sur l’acteur Laverne Cox, un homme se faisant passer pour une femme. Cox était présenté comme inaugurant un « point de basculement de l’identité transgenre ». Il avait manifestement subi de multiples opérations pour changer l’apparence de ses caractéristiques sexuelles secondaires et affichait une tenue culturellement attribuée aux femmes : cheveux longs, maquillage, une robe et des talons hauts. Bien que Cox était présenté comme la pièce à conviction d’un point de basculement transgenriste, avant cette date, le transgenrisme n’était pas au premier plan dans l’esprit de la plupart des gens. Il n’y avait donc rien d’évident qui précédait ce moment où un « point de bascule » aurait été atteint.

    Et pourtant, le transgenrisme fit soudainement son apparition partout – comme si quelque chose s’était produit en coulisses (c’était bien le cas). Six ans plus tard, nous avons des célébrités transgenres, des athlètes transgenres, des PDG transgenres, une couverture santé transgenre, des étudiants transgenres, un langage qui a émergé spécifiquement pour ces personnes, des lois réorganisant la réalité pour le reste du monde afin de les accommoder, de nouveaux programmes scolaires pour les enfants et adultes, de nouveaux protocoles médicaux, la disponibilité d’hormones, des bandages de poitrine, des prothèses péniennes, des camps de « genre » pour les jeunes, des agences de modeling et des produits de beauté, tout cela pour une fraction minuscule de la population dont la condition n’a aucune cause médicale connue.

    Le transgenrisme est la première « condition médicale » dont on dit qu’elle provoque une dysphorie corporelle intense chez beaucoup de gens (surtout par son impact sur des enfants), et qui est à la fois promu en tant qu’identité et célébré dans l’ensemble des cultures occidentales.

    C’est la première fois dans l’histoire qu’une dysphorie corporelle, quelle qu’elle soit, est présentée comme normale, positive et comme une identité médicale à célébrer, dans ce qui s’annonce comme une industrie prolifique de l’identité de genre. Les personnes qui s’identifient comme transgenres, les jeunes femmes qui ont subi volontairement une double mastectomie de seins en parfaite santé, sont utilisées dans des publicités d’entreprise, pour vendre de tout, des sous-vêtements à la crème à raser. Le cabinet Behemoth Law et des conglomérats médiatiques créent des mémoires d’amicus curiae et des guides de soutien juridique pour faciliter le processus de normalisation. Des avocats sont formés dans le monde entier et des organisations mondiales sont créées pour la tâche spécifique de normalisation de cette identité médicale.

    Kof kof, la description d’une femme trans qui a bien une vie sociale de femme puisqu’elle ne peut pas être identifiée, sauf dans ce genre d’écrits dont les informations sont sûrement très utiles mais qui sont indéfendables politiquement... Enfin, le meilleur moyen de discuter sereinement de tout ça, de dévoiler des éléments matérialistes sur ce changement social problématique, c’est bien de ne pas insulter des personnes...

    • Je la trouve pas mal mais avec un très petit angle. Et je regrette son refus d’entendre que ces meufs transexclusives puissent se sentir l’objet de réappropriation de leurs luttes, menacées en leur sein même.
      @monolecte, tu en penses quoi ? Elle est passée inaperçue ici, hélas...
      #transidentité Camille #Froideveaux-Metterie

      En prétendant que les choix de présentation d’elles-mêmes que font les femmes trans renforcent les stéréotypes de genre, Stern les assimile à des travesties, témoignant d’une méconnaissance totale de l’expérience vécue de la transition. A n’en pas parler, on reste avec des mots, on esquive la question du sens. Sans prétendre parler à la place des femmes trans, mais parce que j’ai réfléchi le sujet et y travaille, je propose pour ma part de la saisir en déployant une perspective phénoménologique qui prend au sérieux « la réalité matérielle de l’imaginaire » (Jay Prosser) et qui pose l’articulation intime de la chair et du soi.

      Les modalités esthétiques par lesquelles une femme trans modèle son apparence renvoient à une dynamique proprement existentielle par laquelle elle cherche à se reconnaître. Il ne s’agit pas pour elle de se maquiller ou de s’habiller comme une femme mais de le faire en tant que femme afin d’atteindre une forme d’adéquation entre ce qu’elle est et ce qu’elle paraît. Car nous n’accédons à nous-mêmes qu’en nous représentant, le paraître est un « accroissement d’être » qui révèle la dignité de ce qui était déjà là et qui le confirme (Jacques Dewitte). Ce que certaines féministes considèrent comme de l’outrance stéréotypée renvoie en réalité à une démarche de coïncidence à soi par laquelle la femme trans devient ce qu’elle est, une femme.

  • #Kristina_Harrison : Dossier trans : L’auto-déclaration de genre met en danger les femmes

    Kristina Harrison, salariée du National Health Service, est une personne transsexuelle qui a subi des opérations chirurgicales et subit toujours un traitement hormonal afin d’être considérée comme une personne du sexe opposé à son sexe de naissance. Elle est également militante et défend l’idée que le passage d’un système de reconnaissance légale fondée sur un diagnostic médical à un système fondé sur une simple déclaration de la personne concernée aurait des conséquences désastreuses sur des jeunes gens vulnérables, sur les mesures spécifiques aux femmes et par ailleurs nuirait également aux personnes trans.

    Le gouvernement conservateur au pouvoir au Royaume-Uni, malgré des tergiversations de façade, a démontré une intention ferme quant à la refonte du Gender Recognition Act (GRA) de 2004. Il bénéficie du soutien du parti travailliste et d’un mouvement transgenriste qui a désormais pignon sur rue. Ce mouvement est imprégné de ce qui est largement vu comme une idéologie de genre intolérante et même extrémiste. Ce n’est pas sans raison que femmes et personnes transsexuelles en nombre croissant ont exprimé leurs inquiétudes. Si la nouvelle mouture du GRA est adoptée, le terme « transgenre », ainsi que les termes « homme trans » et « femme trans » seront désormais des termes vagues désignant toute personne biologiquement femelle qui s’identifie comme étant un homme, ou l’inverse.

    Les personnes trans peuvent être des hommes qui s’identifient comme femmes mais veulent conserver un corps d’homme, des personnes « gender fluid » (qui s’identifient comme femmes certains jours et hommes d’autres jours), ou encore ceux que nous appelions auparavant des travestis, en particulier des hommes qui ont un fétiche sexuel dirigé vers les vêtements et les attributs physiques féminins.

    (Un slogan placardé dans le XIe arrondissement, à Paris. Les « TERFS », c’est quiconque met en doute qu’un homme est une femme s’il prétend en être une.)

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.economist.com/open-future/2018/07/03/a-system-of-gender-self-identification-would-put-women-at-risk
    #transactivisme #agresseurs_sexuels #intimidation_des_féministes #chasse_aux_sorcières #antiféminisme #violences_masculines

    • Nous sommes nombreuses à insister sur le fait que les femmes sont avant tout un groupe défini par un sexe biologique et une socialisation spécifique. Le sexe est une réalité, c’est même ce qui est au fondement de l’espèce humaine.

      Lien vers

      Fleur Furieuse - Féminisme radical et abolitionniste : Tribune : les « femmes trans » sont-elles des femmes ?
      https://fleurfurieuse.blogspot.com/2020/02/tribune-les-femmes-trans-sont-elles-des.html

      Selon les féministes radicales et matérialistes, les femmes sont tout d’abord des êtres humains femelles. Elles ont un double chromosome X et, sauf malformation ou anomalie, elles ont un appareil génital qui permet la gestation et l’accouchement d’un enfant.

      Les caractéristiques physiques liés à la procréation correspondent au sexe biologique, notion distincte de celle de « genre », qui désigne une construction sociale, et plus exactement un système d’oppression qui organise l’humanité en deux groupes, l’un dominant et exploitant l’autre.

      Cette exploitation des femmes est intrinsèquement liée à leur biologie. Dans nos sociétés, les petites filles sont éduquées différemment des petits garçons ; en raison de leur sexe de fille.

      Être une femme n’est pas un ressenti. Cela correspond à une réalité physiologique très spécifique et à un vécu social tout aussi spécifique. Tout cela est réel.

      Moui... Il y a une certaine confusion dans les deux textes (surtout le deuxième) entre corps sexué et socialisation genrée. Les deux sont mis ensemble alors que l’expérience des femmes et des hommes trans montrent qu’on peut bien avoir une socialisation genrée sans le sexe qui va avec, lequel est d’ailleurs assez complexe à définir : utérus, certes, chromosome (il y a d’ailleurs des hommes cis XX), sexe hormonal, caractères physiologiques secondaires, etc. Pas non plus parce qu’on dit qu’on est un homme ou une femme. Mais parce qu’on est perçu·e comme homme ou femme et qu’on subit les injonctions qui vont avec. En ce sens, l’auto-identification est une disposition complètement individualiste qui récuse l’option j’ai une identité de genre > je l’exprime > elle est reconnue par les autres et passe direct à j’ai une identité de genre > je m’en fous du regard des autres mais je veux qu’elle soit reconnue et que la société s’organise autour de mon auto-identification, quand bien même elle constituerait un fait social bien moins consistant que les violences subies par les femmes et toutes les dispositions prises pour les mettre vaguement à l’abri.

      Je pense que c’est l’auto-identification le problème, pas la #transidentité et voilà pourquoi je vous remercie, @tradfem, de publier ce texte (alors que par ailleurs vous avez tendance à genrer au masculin toutes les femmes trans, post-op ou jamais-op, féministes ou violeurs se prétendant femmes, ce qui me semble une grave erreur au regard de ce qu’est le genre et de la capacité à faire des alliances aussi précieuses que celles à faire avec les personnes trans elles-mêmes).

      Pour revenir sur le deuxième texte, le féminisme matérialiste se focalise sur le caractère social de cette identité et « Fleur furieuse » tire un peu facilement la couverture à elle, d’une manière très confuse. En tant que rédac chef, j’aurais refusé un tel article parce qu’il est incohérent. Mais si j’ai bien compris c’est un billet de blog et elle a été censurée pour « transphobie ». Pas d’accord avec son propos mais la censure dont elle fait l’objet est inacceptable et exprime bien ce que Harrison raconte de ce débat : accusations de folie haineuse envoyées à la volée, intimidation et censure. Et ça commence juste en France !

    • Je converse pas mal avec des jeunes femmes qui bloquent toute discussion dès qu’elles ont posé l’étiquette TERF sur ma personne, et non pas sur mes propos, c’est assez déprimant.
      Du coup, par souci de diplomatie et parce que je les aime bien, je fais marche arrière en disant que je suis ignorante de ce qui s’annonce, et je leur demande de m’expliquer ce qu’elles souhaitent défendre, et si c’est vraiment le rapport politique des femmes dans le monde qui les intéresse.

    • @touti, et ça marche ? Elles arrivent à l’expliquer ?

      Je vois moi aussi pas mal de jeunes femmes à fond, qui prennent toute divergence d’avec leur violence ou leurs arguments pour une position trans-exclusive (non, pas forcément), qui réduisent le débat à une lutte générationnelle, façon une vague chasse l’autre alors qu’il y a aussi des quadras et des quinquas qui connaissent bien leurs classiques queer (quel âge ont les mecs trans Preciado, Bourcier et #Jack_Halberstam, hum ?) qu’il y a aussi plein de jeunes femmes féministes matérialistes qui ne sont pas dans leurs trips queer, un peu écartelées entre la volonté de ne pas exclure et un peu de bon sens et qui doivent être très intimidées par cette nouvelle doxa (voir l’expression qui fleurit, y compris pour des événements culturels, de « TERF pas bienvenues »).

      J’ai envie de dire à ces meufs queer (ou hétérotes complexées) que c’est trop la classe féministe, d’en remettre une couche sur les hiérarchies patriarcales en gerbant sur des femmes qui sont considérées comme périmées. Et ce que me disent mes copines quinquas qui essaient de militer dans un cadre ouvert et bienveillant avec ces jeunes meufs, c’est que le niveau frôle les pâquerettes.

      Bref !

  • Fighting the New Misogyny: A Feminist Critique of Gender Identity - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=voaYjKMw5rI

    On February 1, 2020, Meghan Murphy, Saba Malik, and Kara Dansky gave a critical analysis of gender identity and made powerful arguments for sex-based women’s rights. The event took place at the beautiful Seattle Central Library in downtown Seattle, Washington, despite protesters inside and outside the building.

    Writer Meghan Murphy spoke on the philosophical and political problems in the claims made by proponents of gender identity. Feminist and environmentalist Saba Malik addressed the way gender identity advocates compare transphobia with racism and why this is both inaccurate and offensive. Saba also read a speech by indigenous feminist Cherry Smiley who could not be there in person. Lawyer Kara Dansky explained the significance of female erasure in the law and how feminists are fighting back. An engaging Q and A session moderated by writer and activist Lierre Keith followed.

    Learn more about WoLF:
    womensliberationfront.org

    #féminisme #transidentité

  • Vikken – Portrait d’un homme trans – Binge Audio
    https://www.binge.audio/vikken-portrait-dun-homme-trans

    Vikken est un homme, assigné femme à la naissance, aujourd’hui perçu comme homme par la société. Sur le chemin de cette transition, il nous raconte ce qu’il a appris des normes viriles, des autres hommes, et de lui-même. Qu’est-ce que le biologique a finalement à voir avec la masculinité ? Qu’est-ce que son expérience nous raconte des masculinités cisgenre ?

    Animé par Victoire Tuaillon.

    Intéressant. L’interview commence sur l’enfance de Vikken, qui raconte que petit il n’aimait jouer qu’avec des camions, pas des poupées. Et à un moment il raconte que quand il est question de #transidentité, la première question qu’on lui pose, c’est s’il jouait avec des camions et c’est vraiment lourd, ces préjugés et cette supposition qu’il jouait avec des camions. Alors que c’est le premier truc qu’il vient de dire sur lui.

    Il se trouve qu’une étude récente a été reprise partout (dépêche Reuters) selon laquelle :

    Transgender children sense true gender at young age, study finds | CBC News
    https://www.cbc.ca/news/health/transgender-children-true-gender-identity-study-1.5408732

    Transgender children may start to identify with toys and clothes typical of their gender identity from a very young age, a recent study suggests.

    Gülgöz, S., Glazier, J. J., Enright, E. A., Alonso, D. J., Durwood, L. J., Fast, A. A., Lowe, R., Ji, C., Heer, J., Martin, C. L., & Olson, K. R. (2019). Similarity in transgender and cisgender children’s gender development. Proceedings of the National Academy of Sciences. doi : 10.1073/pnas.1909367116
    https://www.pnas.org/content/116/49/24480

    Ce qui en ressort d’après les médias et les activistes, c’est que le genre est une réalité qui s’exprime dès le plus jeune âge même à contre-courant du sexe (la réalité du corps). Mais on reste dans cette idée que les jouets ne sont pas genrés par convention mais parce que c’est le désir intime et pas du tout influencé par la société des enfants de jouer avec des camions ou des poupées.

    Autre son de cloche, cette fois plutôt chez les réacs.

    Study finds robust sex differences in children’s toy preferences across a range of ages and countries
    https://www.psypost.org/2017/12/study-finds-robust-sex-differences-childrens-toy-preferences-across-range-a

    New research has found robust sex differences in boys’ and girls’ toy preferences across a range of ages, time periods, countries, and settings.

    Boys play with trucks, girls play with dolls : new study finds gender is biological | News | LifeSite
    https://www.lifesitenews.com/news/new-study-shows-gender-is-biological-unchangeable

    According to a new study, differences between boys and girls are biological and not fluid, as transgender theory claims.

    L’étude en question :
    http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/icd.2064/abstract

    Bon, pour être sûr·es, il faudrait avoir étudié en parallèle les enfants cis et trans... ce que fait la première étude.
    Et comme on a vu, ce ne sont pas les activistes trans qui disent, voir #Odile_Fillod,
    https://allodoxia.odilefillod.fr/2014/07/23/camion-poupee-jeux-singes
    que les jouets sont arbitrairement genrés, ce sont les féministes... qui doivent se sentir un peu seules, entre ces deux camps (trans et réacs) qui s’engueulent tout en renaturalisant à mort le genre.

    #sexisme #jouets_sexistes #éducation #genre #enfants

  • The document that reveals the remarkable tactics of trans lobbyists | Coffee House
    https://blogs.spectator.co.uk/2019/12/the-document-that-reveals-the-remarkable-tactics-of-trans-lobbyis

    People and organisations that at the start of this decade had no clear policy on or even knowledge of trans issues are now enthusiastically embracing non-binary gender identities and transition, offering gender-neutral toilets and other changes required to accommodate trans people and their interests. These changes have, among other things, surprised many people. They wonder how this happened, and why no one seems to have asked them what they think about it, or considered how those changes might affect them.

    Some of the bodies that have embraced these changes with the greatest zeal are surprising: the police are not famous social liberals but many forces are now at the vanguard here, even to the point of checking our pronouns and harassing elderly ladies who say the wrong thing on Twitter.

    How did we get here?

    So the question again: how did organisations with small budgets and limited resources achieve such stunning success, not just in the UK but elsewhere?

    Well, thanks to the legal website Roll On Friday, I have now seen a document that helps answer that question.

    The document is the work of Dentons, which says it is the world’s biggest law firm; the Thomson Reuters Foundation, an arm of the old media giant that appears dedicated to identity politics of various sorts; and the International Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender, Queer and Intersex Youth & Student Organisation (IGLYO). Both Dentons and the Thomson Reuters Foundation note that the document does not necessarily reflect their views.

    The report is called ‘Only adults? Good practices in legal gender recognition for youth’. Its purpose is to help trans groups in several countries bring about changes in the law to allow children to legally change their gender, without adult approval and without needing the approval of any authorities.

    In short, this is a handbook for lobbying groups that want to remove parental consent over significant aspects of children’s lives. A handbook written by an international law firm and backed by one of the world’s biggest charitable foundations.

    And how do the authors suggest that legal change be accomplished?

    I think the advice is worth quoting at length, because this is the first time I’ve actually seen this put down in writing in a public forum. And because I think anyone with any interest in how policy is made and how politics works should pay attention.

    Another recommendation is even more revealing: ‘Avoid excessive press coverage and exposure.’

    According to the report, the countries that have moved most quickly to advance trans rights and remove parental consent have been those where the groups lobbying for those changes have succeeded in stopping the wider public learning about their proposals. Conversely, in places like Britain, the more ‘exposure’ this agenda has had, the less successful the lobbying has been:

    La question d’actualité, c’est si les parents ont leur mot à dire sur la décision de leurs enfants de transitionner avant la puberté : d’un côté ça permet de ne pas développer des caractères sexuels secondaires qui seront encombrants pour la suite et de transitionner plus facilement, de l’autre... ce sont des enfants qui n’ont peut-être pas les moyens de peser leur décision et les cas de #détransition se multiplient, de jeunes adultes qui regrettent que cette option leur ait été proposée comme ça.

    https://www.rollonfriday.com/news-content/dentons-campaigns-kids-switch-gender-without-parental-approval

    #lobby #transidentité #transgenre

    • Gender dysphoria in children: puberty blockers study draws further criticism | The BMJ
      https://www.bmj.com/content/366/bmj.l5647

      The NHS Gender Identity Development Service (GIDS), based at London’s Tavistock and Portman NHS Foundation Trust, is England’s only provider of NHS specialist treatment for young people with gender dysphoria.

      In 2010 GIDS and University College London’s Institute of Child Health applied for ethical approval to conduct a cohort study offering puberty blockers to a “carefully selected group of adolescents” with gender dysphoria in early puberty.

      But questions continue to emerge about the researchers’ conduct of this early intervention study.

      We reported in July that potentially crucial information may have been missing from the study’s protocol and patient information sheets, casting doubt as to whether participants gave informed consent.1 Critics had said that the researchers had downplayed interim findings that might suggest increased suicidality. And the researchers had not submitted the annual progress reports required by the NHS Health Research Authority (HRA), which promotes patients’ interests in health research. Also, despite the full study findings remaining unpublished, the NHS changed its policy to allow GIDS to prescribe these drugs to children under 12 in established puberty.

      Here we present new allegations that the researchers might have broken rules when seeking ethical approval. They might also have misinterpreted another study’s findings about potentially worrying effects of the drugs on changing bone density.

  • DOSSIER : Où va le féminisme ? (suite de la Troisième partie) - OCL - Organisation Communiste Libertaire
    http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article2336

    Naguère, les féministes radicales étaient craintes pour leur verbe virulent et leurs opérations commandos contre leurs ennemi-e-s. Par un étrange retournement de situation, elles se voient à leur tour interdire de tenir des conférences, et traiter de réacs ou de transphobes par des queers ou autres militant-e-s de l’« identité » (comme d’habitude, c’est sur internet que se déversent en priorité les tombereaux d’insultes). Dans les milieux militants, le caractère insaisissable du « queer » fait sa force : capable de tout contenir, il fonctionne comme marqueur de marginalité intellectuelle et signe de reconnaissance entre des « subversifs authentiques » qui se posent facilement en donneurs de leçons.
Et les pratiques de ces nouvelles avant-gardes autoproclamées ne visent pas que les féministes radicales – comme le montre la situation dans les cercles anarchistes au Royaume-Uni encore (voir l’encadré).
    En France, où les « politiques de l’identité » sont à l’œuvre depuis moins longtemps, on remarque qu’une partie de l’extrême gauche et des libertaires les a déjà adoptées – les militant-e-s étant perméables à ce discours très codifié de par leur accès assez fréquent à l’Université. Pareil choix, dans des milieux déjà restreints, a malheureusement souvent pour double conséquence d’y faire passer l’exploitation économique au second plan et d’accentuer leur éloignement des classes populaires.

    L’anarchisme vise à faire s’élever toutes les voix, pas seulement celles des minorités, rappelle Woke Anarchists. L’idée selon laquelle l’oppression ne toucherait que ces minorités, et non les masses, est le produit des idéologies bourgeoises, qui ne défendent évidemment pas un changement révolutionnaire. Enfin, du fait des « politiques de l’identité », les positions « radicales » actuelles donnent à la grande majorité de la population anglaise l’image d’un nombrilisme sans pertinence qui incite des personnes « cis blanches » déjà marginalisées à graviter de plus en plus autour de l’extrême droite. Dans une période où les mouvements fascistes se multiplient, poursuivre les querelles que déclenchent les Identity politics dans les cercles militants n’a donc rien d’un jeu. C’est pourquoi les espaces anarchistes ne devraient pas laisser des personnes y semer la zizanie sur leur base, et, plutôt que de se quereller, les anarchistes devraient développer la solidarité permettant de mener le combat contre les véritables centres du pouvoir.

    [Brochure] Contre l’anarcho-libéralisme et la malédiction des Identity politics – Les Fleurs Arctiques
    https://lesfleursarctiques.noblogs.org/?p=1157

    Ce texte a été publié sous forme de brochure sur un site qui lui est consacré (wokeanarchists.wordpress.com) le 25 novembre 2018 par des compagnons du Royaume-Uni se présentant comme «  anarchistes auto-déterminés résistant à la cooptation de notre mouvement par le libéralisme, l’université et le capitalisme  ». Nous ne traduisons pas ce texte par communion politique fondamentale (par exemple l’égalitarisme politique et la fondation de sociétés futures ne sont pas des préoccupations pour nous), mais afin d’apporter de l’eau au moulin des débats actuels sur les questions identitaires au sein des milieux radicaux d’extrême gauche. En effet, il nous semble que cette question, qui est ici abordée sous l’angle de la manière dont les Identity politics vident l’anarchisme de son sens, concerne bien plus largement tous ceux qui s’intéressent aux perspectives révolutionnaires. Ce texte nous a aussi intéressé parce qu’il évoque courageusement, à partir d’expériences concrètes, les conséquences délétères pour l’élaboration théorique et pratique de la diffusion de ces «  idéologies de l’identité  », et la manière dont cette question fait l’objet d’une sorte de tabou discursif pendant que s’installent des pratiques d’exclusions brutales, d’accusations sans appel et de judiciarisation sans place pour la défense. Le processus décrit dans ce texte envahit depuis quelques années la plupart des aires subversives et on voit s’y développer, en même temps qu’une obsession affichée pour le «  safe  » vu comme un ensemble de principes abstraits, une indifférence à la réalité parfois terrible des relations telles qu’elles existent et circulent dans les milieux «  déconstruits  ». [Extrait de l’Avant-propos des traducteurs]

    #identité #identity_politics #queer #transidentité #transgenre #féminisme #anarchisme
    cc @rastapopoulos et @tranbert

    • DOSSIER Où va le féminisme ? (Première partie) - OCL - Organisation Communiste Libertaire
      http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article2307

      La catégorie « femmes » devint dépendante de toutes les différences d’ordre matériel et culturel existant entre les femmes (« race », classe, ethnie, orientation sexuelle, contexte socioculturel…).
      Des militantes de la « deuxième vague » critiquèrent cette démarche comme étant source de divisions néfastes pour le mouvement féministe ; mais celles de la « troisième vague », souvent plus jeunes, pensaient que c’était la seule manière valable d’appréhender la réalité des femmes – et elles l’ont emporté. Aujourd’hui, aucune polémique n’est menée contre les intellectuelles féministes de ce courant, que ce soit pour ne pas se disputer publiquement entre féministes, par désintérêt pour leurs productions ou par crainte d’être traité-e d’antiféministe ; de ce fait, les analyses féministes ne paraissent provenir que de ce courant.
      Les « troisième vague » ont de multiples centres d’intérêt : l’accès des femmes à l’éducation, l’accentuation de la pauvreté au féminin, les violences domestiques, les effets du racisme, les troubles alimentaires, l’accès inéquitable à Internet selon les sexes, l’environnement, l’altermondialisme, le sida, la santé sexuelle des femmes, les problèmes soulevés par l’avènement des techniques de reproduction médicalement assistée… mais ces questions sont en général abordées sur le plan personnel. Même quand elles se préoccupent d’injustices sociales, ces féministes investissent peu dans les formes collectives d’action (plutôt que de descendre dans la rue contre les publicités sexistes, par exemple, elles utilisent l’espace médiatique ou Internet). Et, qu’elles militent autour des enjeux de la sexualité ou de l’esthétique corporelle, il s’agit de valoriser sa différence (en se livrant par exemple dans des autobiographies) et d’acquérir un statut à soi sans en référer à une quelconque catégorie. On est ainsi arrivé à une dissémination du concept d’identité politique, voire du concept d’identité en général puisque celle-ci est toujours avancée à un niveau individuel.

      Mouais, c’est pas non plus que des trucs bien, comme cette histoire ultra-rapide du féminisme.