• Crimes sexuels de guerre : une histoire de la #violence

    Israël a récemment annoncé l’ouverture d’une enquête sur de possibles #crimes_sexuels commis par le #Hamas. Le viol comme arme de guerre est aussi mis en avant dans le cadre de la guerre en Ukraine. L’invasion russe peut-elle servir de modèle pour comprendre les mécanismes de ces #violences ?

    Avec

    - #Sofi_Oksanen Écrivaine
    - #Céline_Bardet Juriste et enquêtrice criminelle internationale, fondatrice et directrice de l’ONG « We are Not Weapons of War »

    Israël a récemment ouvert une enquête sur d’éventuels crimes sexuels perpétrés par le Hamas. Parallèlement, l’utilisation du viol comme arme de guerre a été évoquée dans le contexte du conflit en Ukraine. Peut-on utiliser l’invasion russe comme un modèle pour comprendre les mécanismes de ces violences ?
    Le viol, arme de guerre traditionnelle des Russes ?

    Par son histoire familiale et ses origines estoniennes, l’écrivaine finlandaise Sofi Oksanen a vécu entre l’URSS et la Finlande et a grandi avec des récits de guerre lors de l’occupation soviétique des États baltes. Ces thèmes sont aujourd’hui centraux dans ses écrits. Selon elle, « dans la stratégie de guerre russe, il y a toujours eu des violences sexuelles. L’invasion en Ukraine est une sinistre répétition de la guerre telle que l’ont toujours menée des Russes. Et pourquoi n’ont-ils jamais cessé ? Car on ne leur a jamais demandé de le faire. »

    Les crimes sexuels font partie intégrante de la manière dont les Russes font la guerre. Elle déclare même dans son dernier ouvrage La guerre de Poutine contre les femmes que des soldats russes demandent la permission à leur famille pour commettre des viols : « ils sont adoubés et encouragés à commettre des crimes sexuels et des pillages. » Céline Bardet, juriste et enquêtrice internationale, insiste-t-elle sur la nécessité de documenter et de punir ces féminicides pour ce qu’ils sont. Elle dresse un parallèle avec la guerre en Syrie : « les femmes se déplaçaient par peur d’être violées. Quand on viole des hommes, on veut aussi les féminiser et les réduire à néant. »

    Comment mener une enquête sur les violences sexuelles en temps de guerre ?

    « J’ai créé depuis longtemps un site qui publie des rapports sur la situation. J’ai voulu écrire ces livres, car je voulais rendre accessible, faire comme une sorte de guide pour permettre de comprendre les crimes de guerre et comment les documenter. Sur les sites, il est difficile de relier les point entre eux pour comprendre la manière dont la Russie mène ses guerres. Elle conquiert et s’étend de la même manière. Il faut reconnaître ce schéma pour mieux le combattre. », explique Sofi Oksanen.

    Une opération hybride se déroule actuellement à la frontière entre la Finlande et la Russie : « la Russie nous envoie des réfugiés à la frontière. Cela s’était déjà produit en 2015, en Biélorussie également. Loukachenko a beaucoup recouru à ce moyen de pression. La Finlande a alors fermé sa frontière ». La Russie est également accusée de déportation d’enfants en Ukraine : « ces violences sont documentées. Concernant l’acte d’accusation émis par la CPI, beaucoup de gens en Ukraine y travaillent, mais avec des zones occupées, le travail de la justice prend plus de temps », déclare Céline Bardet.

    Concernant les violences effectuées contre des femmes par le Hamas le 7 octobre, Céline Bardet émet néanmoins des réserves sur la potentielle qualification de « féminicide de masse » : « les éléments ne sont pas suffisants pour parler de féminicide de masse. Pour le considérer ainsi, il faut prouver une intention particulière de commettre des violences contre des femmes, car elles sont des femmes. Pour le moment, le féminicide n’est d’ailleurs pas une définition pour le droit international ».

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/crimes-sexuels-de-guerre-une-histoire-de-la-violence-3840815
    #crimes_sexuels #viols_comme_arme_de_guerre #viols #guerre #viol_de_guerre #Bosnie #Bosnie-Herzégovine #Rwanda #génocide #outil_génocidaire #Libye #hommes #Ukraine #humiliation #pouvoir #armée_russe #torture #impunité #patriarcat #déshumanisation #nettoyage_ethnique #violence_de_masse #violences_sexuelles_dans_la_guerre #systématisation #féminicide #féminicides_de_masse #intentionnalité

    #podcast #audio

    Citations :
    Sofi Oksanen (min 30’54) : « Ce qui m’a poussée à écrire ce livre c’est que, vous savez, les #procès, ça coûte très cher, et ce qui m’inquiète c’est que certains crimes sexuels vont être marginalisés et ne sont pas jugés comme ils le devraient. Ils ne vont pas être jugés comme étant des crimes assez importants pour faire l’objet de poursuites particulières. Or, si on ne les juge pas, ces crimes, l’avenir des femmes et des enfants ne sera qu’assombri ».
    Céline Bardet (min 32’08) : « La justice c’est quoi ? C’est la poursuite au pénal, mais c’est aussi de parler de ces crimes, c’est aussi de donner la parole à ces survivantes et ces survivants si ils et elles veulent la prendre. C’est documenter ça et c’est mémoriser tout cela. Il faut qu’on sache ce qui se passe, il faut qu’on parle pour qu’en tant que société on comprenne l’origine de ces violences et qu’on essaie de mieux les prévenir. Tout ça se sont des éléments qui font partie de la justice. La justice ce n’est pas que un tribunal pénal qui poursuit quelqu’un. C’est énormément d’autres choses. »
    Sofi Oksanen (min 33’00) : « Je suis complètement d’accord avec Céline, il faut élargir la vision qu’on a de la justice. C’est bien d’en parler à la radio, d’en parler partout. Il faudrait peut-être organiser des journées de commémoration ou ériger un #monument même si certaines personnes trouveraient bizarre d’avoir un monument de #commémoration pour les victimes des violences sexuelles. »

    ping @_kg_

    • Deux fois dans le même fleuve. La guerre de Poutine contre les femmes
      de #Sofi_Oksanen

      Le 22 mars 2023, l’Académie suédoise a organisé une conférence sur les facteurs menaçant la liberté d’expression et la démocratie. Les intervenants étaient entre autres Arundhati Roy, Timothy Snyder et Sofi Oksanen, dont le discours s’intitulait La guerre de Poutine contre les femmes.
      Ce discours a suscité un si grand intérêt dans le public que Sofi Oksanen a décidé de publier un essai sur ce sujet, pour approfondir son analyse tout en abordant d’autres thèmes.
      L’idée dévelopée par Sofi Oksanen est la suivante : la Russie ressort sa vieille feuille de route en Ukraine – comme l’impératrice Catherine la Grande en Crimée en 1783, et comme l’URSS et Staline par la suite, à plus grand échelle et en versant encore plus de sang. La Russie n’a jamais tourné le dos à son passé impérialiste. Au contraire, le Kremlin s’est efforcé de diaboliser ses adversaires, s’appuyant ensuite sur cette propagande pour utiliser la violence sexuelle dans le cadre de la guerre et pour déshumaniser les victimes de crimes contre les droits de l’homme. Dans la Russie de Poutine, l’égalité est en déclin. La Russie réduit les femmes au silence, utilise le viol comme une arme et humilie ses victimes dans les médias en les menaçant publiquement de représailles.
      Un essai coup de poing par l’une des grandes autrices européennes contemporaines.

      https://www.editions-stock.fr/livre/deux-fois-dans-le-meme-fleuve-9782234096455
      #livre #Russie #femmes

    • #We_are_NOT_Weapons_of_War

      We are NOT Weapons of War (#WWoW) est une organisation non-gouvernementale française, enregistrée sous le statut Loi 1901. Basée à Paris, elle se consacre à la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits au niveau mondial. Fondée en 2014 par la juriste internationale Céline Bardet, WWoW propose une réponse globale, holistique et efficace à l’usage endémique du viol dans les environnements fragiles via des approches juridiques innovantes et créatives. WWoW travaille depuis plus de 5 ans à un plaidoyer mondial autour des violences sexuelles liées aux conflits et des crimes internationaux.

      L’ONG française We are NOT Weapons of War développe depuis plusieurs années la web-application BackUp, à vocation mondiale. BackUp est un outil de signalement et d’identification des victimes et de collecte, sauvegarde et analyse d’informations concernant les violences sexuelles perpétrées dans le cadre des conflits armés. Il donne une voix aux victimes, et contribue au recueil d’informations pouvant constituer des éléments de preuves légales.

      https://www.notaweaponofwar.org

      #justice #justice_pénale

  • Viol : arme de coercition massive
    https://www.franceculture.fr/emissions/culturesmonde/vivre-en-temps-de-guerre-24-viol-arme-de-coercition-massive

    C’est tout à l’heure

    A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, nous évoquons ce phénomène tristement répandu : de l’Etat Islamique et le régime de Bachar en #Syrie, mais aussi en #Libye, ou en #RDC. Comment le viol a-t-il pu s’institutionnaliser à ce point ?

    #viol #viol_de_guerre

  • TW violences sexuelles, culture du viol, viol correctif, viol de guerre

    J’ai plusieurs fois lu et entendu qu’il fallait prendre en compte l’intention de l’agresseur pour déterminer si il s’agit de viol ou agressions sexuelles pour disqualifier les victimes et survivant-e-s
    Autant dans certains cas, l’intention de viol notamment dans le cadre de viols correctifs ou viols de guerre est assez explicite, autant dans d’autres cas, la volonté de viol n’est pas forcément
    La culture du viol n’ est pas étrangère : combien pensent par exemple que le sexe dans une relation amoureuse est un dû alors qu’en réalité , si l’autre n’est pas consentant-e, c’est un viol conjugal par exemple ?
    Une seule règle simple : si la personne n’exprime pas un consentement libre et éclairé, c’est un viol ou une agression sexuelle.
    La solution ne serait elle pas de ne plus en parler ?
    Je ne pense pas que ce ne soit la solution non plus d’autant plus que ça peut aider à la reconstruction certain-e-s survivant-e-s et victimes de viol qui ont besoin de rationaliser.
    C’est comme tout outil, ça peut être très bénéfique dans de bonnes mains et pour un bon usage comme très mauvais si c’est utilisé à des fins malveillantes pour décrédibiliser la parole des concerné-e-s.http://viedelamia.canalblog.com/archives/2016/01/31/33295979.html
    #agression_sexuelle, #culture_du_viol, #intention, #féminisme, #viol_correctif, #viol_de_guerre, violence oppressions, # violences_sexistes, #violences_sexuelles

    • Une seule règle simple : si la personne n’exprime pas un consentement libre et éclairé, c’est un viol ou une agression sexuelle.

      Si ça pouvait être aussi simple … ok, oui, si on parle d’éduquer les hommes mieux vaut être limpide, mais de l’autre côté, non, c’est franchement pas si simple un trauma.
      Quid des situations d’agression sexuelle où le consentement a été donné au départ, ou posé à priori, ou la victime n’a pas su/pu dire non ensuite, ou quand elle est enfant, ou même adulte mais pas tant, quand il faut parfois 30 ans pour poser enfin le mot viol qui met face à la vérité de ce qui s’est passé. Et s’entendre devoir choisir entre c’est ou ce n’est pas, es-tu d’accord ou pas, quand les suspicions deviennent justes abjectes, j’ai envie de dire qu’il en va de ce que l’on souffre ou pas, peu importe les années pour s’en rendre compte, peu importe le consentement qu’on a donné, ce n’était pas pour être maltraité. Et alors juste combien de temps pour pouvoir à nouveau se faire confiance, réhabiliter son corps, le réconforter, lui redonner foi et le raccorder à nouveau à l’esprit sans trembler.

      Parce que je pense à toutes les femmes qui consentent à un rapport sexuel et endurent ensuite dans une grande solitude les pires tourments parce qu’il aurait été décrété on ne sait où une échelle des souffrances morales dues au sexe dans laquelle serait inscrit que ce qu’elles ressentent comme un viol, ce n’est pas un viol. #fuck

    • Je viens de lire votre commentaire que maintenant, donc désolé-e de la réponse tardive.
      Je ne sais vous avez lu d’autres posts que celui là de mon blog mais je parle très souvent quand j’aborde le sujet des violences du trauma des victimes, de mon propre trauma d’ailleurs parfois(un peu trop selon certains à qui je suggère d’aller voir ailleurs si ça les emmerde) et donc je sais que de leur côté ce n’est pas si simple.
      Je suis parfaitement d’accord avec ce que vous dîtes et l’article que vos avez cité cependant là, je suis dans l’optique d’éduquer les violeur-se-s pour qu’il n’y ait plus de victimes

    • @viedelamia oui je suis allée lire les articles courageux de ton blog (mais après mon post) et j’espère que tu ne prends pas mon post énervé pour toi ou tes écrits.
      Cela m’a permis de comprendre qu’effectivement ce message récurrent de consentement ou non consentement s’adresse essentiellement aux hommes et à leur justice.
      Je vais essayer (par la suite) d’affiner les choses pour modifier cette notion d’accaparement sexualo-mental (c’est ronflant mais comment le dire) qui est difficile à cerner et agit en déni destructeur de l’autre.
      Je crois qu’il est indispensable que s’élabore un discours de femmes vers les femmes, tant mieux si les hommes y sont sensibles mais ce n’est pas le but. Ne serait-ce que pour l’aide aux victimes d’abus sexuels qui se sentent bannies ou culpabilisent parce qu’elles auraient consenti. Parce que ce discours n’est même pas étouffé, il est silence et souffrance englué dans le patriarcat dont nous sommes aussi.

      A ce propos
      http://seenthis.net/messages/460623#message460982

      #salope

  • « Camps du viol » au Soudan du sud
    http://blogs.afp.com/makingof/?post/camps-du-viol-au-soudan-du-sud

    J’étais venu au Soudan du Sud à la recherche de crimes de guerre. Et je les ai trouvés. Emmenée de force dans un camp militaire, une femme a été attachée et violée durant deux mois. Une autre a été kidnappée par des soldats et violée cinq nuits d’affilée. L’enlèvement systématique de femmes et de filles, transformées en esclaves sexuelles, est une nouvelle facette terrifiante de la guerre civile qui fait rage dans ce pays. Source : Making-of