Quand l’Office de lutte contre la cybercriminalité exige le retrait d’un photomontage visant Macron
►https://www.nextinpact.com/news/107547-quand-office-lutte-contre-cybercriminalite-exige-retrait-dun-phot
L’office central de la lutte contre la criminalité informatique a réclamé le retrait sur Google+ d’un photomontage visant le président de la République à la place de Pinochet avec, derrière lui, Édouard Philippe, Premier ministre et Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur. Contacté, l’organisme s’est refusé à nous livrer la moindre explication.
Et je te dis pas la difficulté pour récupérer l’URL de l’image...
Comme on en discutait l’autre jour : on met en place des outils de répression-pouf-pouf et on durcit l’arsenal-pouet-pouet, toujours en hystérisant l’opinion publique à base de menaces réelles ou supposées, mais apparemment graves (pédo-nazis, islamo-cyber-terroristes), et au final on se retrouve avec l’« Office de lutte contre la cybercriminalité » qui fait retirer une caricature au motif que quelqu’un a appelé notre Peigne-Cul en chef « Manu » sur les internets.
Ce qui, par #effet_Streisand, confirme que ce détournement d’une image de Pinochet n’est pas une si mauvaise référence. :-)
Il paraît que cette image est interdite, il paraît.
@arno
en hystérisant l’opinion publique à base de menaces réelles ou supposées, mais apparemment graves (pédo-nazis, islamo-cyber-terroristes)
Tu peux rajouter la tempête de neige à la longue listes de ces dangers. Ce qui, quand on a vécu dans la région des grands lacs américains (ce qui est mon cas) me fait sourire chaque fois.
Quand on interdit les #caricatures, c’est que la #démocratie fait sérieusement la gueule.
Quand je pense que tous ces #faisans défendaient le droit d’insulter les autres à travers des caricatures comme le fondement de la #liberté_d'expression !
@biggrizzly : en mettant en ligne cette photo, on ne risque pas non plus la censure ? Genre, pour illustrer un article sur la liberté d’expression ?
L’image est hébergée chez Next Impact d’abord :-p
@monolecte C’est le sens de ma propre publication de l’image dans mon foutoir, si nous sommes nombreux et nombreuses à désobéir, à ne pas respecter l’interdiction, l’interdiction devient impossible.
@monolecte : c’est vrai que c’est pas très Charlie, cette affaire :-)))
Insulter Mahomet c’est la liberté d’expression. Insulter Jupiter c’est la cybercriminalité.
@numerobis21 sur l’oiseau bleu
Il parait que la Police veut faire retirer cette photo d’Emmanuel « Pinochet » Macron d’Internet (source en commentaire).
Je vous propose donc à tous de leur faire découvrir « #l'Effet_Streisand ». Allez les gens, faites tourner !
L’OCLCTIC se refuse à la moindre explication
Le post Google+ remonte au 14 décembre 2018, et la demande de retrait au 14 janvier 2019. Contacté, l’office s’est cependant refusé à tout commentaire sur ses motivations, notamment s’agissant des bases légales de son retrait. Outrage au chef de l’État ? Atteinte au droit à l’image ?
Faute d’explications, on ne sait pas davantage qui, en amont de l’office, est à l’origine de cette demande. De même, on comprend encore mal que cet organisme dédié à la lutte contre la cybercriminalité déploie ses compétences pour traquer une photo détournée, représentant son supérieur, le ministre de l’Intérieur, outre le Premier ministre et le président de la République.
La célèbre photo a en tout cas inspiré un internaute cette fois sur Twitter, avec une version un peu différente, agrémentée du slogan « LA DICTATURE EN MARCHE ». Sauf erreur, ce fichier n’a pas fait l’objet d’une procédure similaire.
En haut de la pile, le terrorisme et la lutte contre la pédopornographie
Ce n’est en tout cas pas la première fois que l’OCLCTIC émet des demandes de retrait, comme on peut le voir dans cet inventaire sur Lumen. Cependant, les procédures concernent habituellement des faits de « provocation à des actes de terrorisme ou apologie de tels actes ».
Elle a par exemple sollicité la suppression d’un site WordPress au motif qu’il diffusait la vidéo de la décapitation de James Foley, en contravention avec l’article 227-24 du Code pénal.
Le terrorisme est d’ailleurs l’une des justifications principales selon nos constatations, avec la lutte contre la pédopornographie. Les messages adressés aux hébergeurs sont parfois accompagnés de voyants rouges, en lettres capitales : « EMERGENCY - EMERGENCY - EMERGENCY - EMERGENCY - EMERGENCY - EMERGENCY - EMERGENCY »
En haut de la pile de ses compétences, on trouve justement la lutte contre le terrorisme et la pédopornographie. En témoigne, l’article 6-1 de la loi sur la confiance dans l’économie numérique, revu et corrigé en 2014, qui lui permet, sous le contrôle d’une autorité issue de la CNIL, d’adresser des demandes de suppression d’accès ou de déréférencement administratif de ces contenus, sans intervention préalable d’un juge.
Dans les étages en dessous, se trouvent la contrefaçon de carte bancaire, le piratage informatique, outre les messages discriminatoires dénoncés par les internautes via la plateforme Pharos, mais pas nécessairement les atteintes au droit à l’image présidentielle ou gouvernementale.
Lumen Database, un listing d’URL dénoncé par les ayants droit
Les ayants droit ont de longue date critiqué le site Lumen DataBase, et son ancêtre Chillings Effects. En 2013, la Fox avait été jusqu’à réclamer le déréférencement d’une demande de déréférencement répertoriée par cette base. En 2014, une représentante de la Copyright Alliance avait considéré que ce site représentait tout simplement la plus grande base de données de contenus contrefaisants.
La raison est simple : les demandes sont le plus souvent accompagnées des URL litigieuses. Lorsque Google opère un déréférencement, les liens sont certes retirés du moteur, mais les sites identifiés sur Lumen restent accessibles lorsque l’hébergeur est introuvable ou non coopérant.
Publiée le 29 janvier 2019 à 11:47 Par Marc Rees