Peut-on être de gauche et porter des fringues Adidas ?

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  • Peut-on être de gauche et porter des fringues Adidas ?
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    Depuis la publication en ligne de l’échange entre François Bégaudeau et notre rédacteur en chef Nicolas Framont, le sujet qui, à notre grande surprise, a fait le plus polémique, ce n’est pas la définition de la bourgeoisie, ni l’éloge de Britney Spears ou le démontage du film La Haine. Ce qui a le plus fait […]

    • Pour notre part, nous avons d’autres priorités en matière de dérives à combattre. Car voilà ce qui est vraiment contradictoire au fait de défendre publiquement des idées de gauche :

      · Gagner sa vie en exploitant le travail des autres ;

      · Être responsable de la souffrance des autres, notamment : harcèlement moral et sexuel, violence en particulier contre les femmes et les enfants, violence contre les animaux, utilisation de toute position de pouvoir pour humilier les autres et obtenir satisfaction de ses propres besoins et désirs.

      Ce dernier point est fondamental et souvent oublié. Il est admis qu’il est compliqué de se prétendre de gauche en exploitant des gens dans une entreprise capitaliste. Par contre, être de gauche et se comporter mal avec ses subalternes dans une association, un parti politique ou à l’Assemblée est très courant et souvent accepté au nom de la cause qui est défendue. Plus généralement, se comporter mal avec ses amis, avec ses enfants, avec ses conjoints est monnaie courante chez les gens de gauche comme ailleurs, alors que ce type de comportement devrait être banni.

      C’est là-dessus qu’on doit être vigilant entre camarades : se comporter bien, être sympa, accueillant, à l’écoute, ne pas faire la leçon, prendre les autres comme ils sont et essayer d’avancer ensemble plutôt que de chercher le moindre prétexte pour se critiquer. Oui, ça fait sans doute gnangnan et cucul de le dire, mais la gentillesse c’est une qualité fondamentale, dans la sphère privée comme en politique, et c’est mille fois plus important que la manière de s’habiller.

      Alors oui, à Frustration on porte parfois des habits « de marque », parfois pas, on est loin d’être parfait. Il nous arrive même de manger chez MacDo. Si pour certains, cela décrédibilise notre propos, c’est qu’au fond, nous ne partageons peut-être pas tout à fait le même combat. Bien sûr, il est utile de faire attention, dans la mesure du possible, à certains choix de vie, notamment en termes d’impact sur l’environnement, mais en vrai chacun fait comme il peut et la culpabilisation individuelle n’aide jamais. L’émancipation n’avancera que par la lutte collective contre les intérêts des capitalistes, pas par la police du vêtement.

      Guillaume Etiévant