Quand un druide rencontre un autre druide, qu’est-ce qu’ils s’racontent ?

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  • Quand un druide rencontre un autre druide, qu’est-ce qu’ils s’racontent ?
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    Loin d’être de simples officiants versés dans quelque sacrifice atroce, les druides, formés à une école philosophique pythagoricienne et prônant l’immortalité de l’âme, ont-ils voulu édifier une nouvelle société gauloise ?
    Avec

    Jean-Louis Brunaux Archéologue, protohistorien, directeur de recherche au CNRS.

    Qui furent les druides de la Gaule indépendante et quels furent leurs rôles au sein de cette société des derniers siècles avant notre ère ? Voici une question à laquelle les archéologues sont incapables de répondre, puisqu’aucune sépulture de druide n’a jamais été découverte, et ce, malgré la fameuse tombe à char exhumée sous le tarmac de l’aéroport de Roissy, souvent évoquée comme telle.
    Les druides, Posidonios, César…

    Dans ses Commentaires de la Guerre des Gaules, César est peu loquace à propos de ces prêtres gaulois, dont il fait « des officiants, pratiquant des sacrifices humains ». Celui-ci mentionne toutefois qu’« ils dissertent abondamment sur les astres et leurs mouvements, sur la longueur du monde et de la terre », confirmant ainsi que ceux-ci œuvrent à l’astronomie. Philosophe stoïcien, Posidonios d’Apamée (135-51 avant notre ère), qui sillonna la Gaule du IIe siècle avant notre ère, est sans conteste la meilleure source à propos des druides et des gaulois. Hélas, la majorité de son œuvre a disparu (voir le livre XXIII des Histoires, repris par Strabon et Diodore de Sicile).

    Les druides philosophes pythagoriciens

    Un unique druide, évoqué par César, est passé à la postérité : Diviciac, aristocrate éduen, mentionné de surcroît par Cicéron, celui-ci l’ayant accueilli dans sa villa du mont Palatin.

    Dans la Grèce du IIIe siècle avant notre ère, un traité de magie (attribué par erreur à Aristote) les compare aux mages d’Iran et aux maîtres de sagesse de l’Inde. Ainsi, les druides pourraient-ils être autre chose que des hommes de la prière, du sacrifice, de la conversation avec les dieux ? A l’image des Grecs, les druides sont des philosophes, d’ailleurs auraient-ils pu être les élèves de Pythagore, ou les maîtres de celui-ci ? Les deux versions existent durant l’Antiquité. Le plus important est probablement qu’ils aient formé une école philosophique prônant, à l’égal des pythagoriciens et des poètes orphiques, la croyance de l’immortalité de l’âme !

    Les druides en assemblée au cœur du locus consacratus, bâtisseurs de la Gaule

    Dès le IVe siècle avant notre ère, probablement avant, les druides constituent une communauté répartie sur l’ensemble de la Gaule, communauté qui se réunira annuellement, lors de sa fameuse assemblée dans la forêt des Carnutes (aujourd’hui près d’Orléans). Ils constituent ainsi, un corps fédéré très puissant, qui aura à sa tête « le premier des druides » nous dit César.

    Nous savons que les druides interdisent l’écriture pour le sacré, qu’il en est peut-être de même pour l’interdiction des représentations des dieux. Penseurs de l’action, les druides auraient aussi réinventé le panthéon gaulois, mettant en place un groupe de six déités, qui sont, nous dit César, les équivalents de Mercure, Apollon, Mars, Jupiter, Minerve, et Dis Pater, c’est-à-dire Pluton.

    Mais, pour Jean-Louis Brunaux, « le grand œuvre » des druides aurait été d’édifier une nouvelle société, comme d’unir les Gaules, pour mieux passer de la tribu à la cité, et, de la cité à… la Gaule !

    Comme l’écrit Camille Jullian, à propos des druides et de la rareté de leurs sources « si personne ne peut prétendre à trouver la vérité, tout érudit a le droit et le devoir de chercher de nouveaux problèmes » (Jullian 1924, Histoire de la Gaule). Aux philologues de reprendre leurs textes, aux archéologues de trouver des druides !
    Néo-druidisme en France (1999)