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  • Daniel Oppenheim, Le désir de détruire. Comprendre la destructivité pour réduire le terrorisme, Paris, C&F éditions, coll. « Interventions », 2021. | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-journal-de-la-psychanalyse-de-l-enfant-2022-1-page-257.htm

    Comprendre… Projet impensable pour la destructivité qui s’acharne contre le sens dans la pensée.
    Daniel Oppenheim, psychiatre et psychanalyste, a travaillé dans les quartiers et lieux institutionnels, le mettant en résonance avec des enfants et des adolescents face au chaos… Il a été confronté à la mort et la destruction de la pensée avec les enfants souffrant de tumeurs cancéreuses à Villejuif ; et plus récemment à l’infirmité des amblyopes sévères.
    Il souligne dans cet ouvrage les racines personnelles, identitaires et historiques intergénérationnelles, et culturelles qui conduisent au choix de la jouissance de la toute-puissance destructrice.
    Après avoir dans un premier temps abordé en psychanalyste la question de la pulsion de mort avec Freud, les angoisses précoces de morcellement avec Winnicott, voire de vide et de perte des limites du corps et du temps, il s’interroge sur les conséquences de leur réactualisation à l’adolescence. Tout le monde, avec un tel processus d’organisation de son développement, ne devient pas terroriste, écrit-il. Dans certains cas, tuer combat la phobie de la mort !
    Le mérite de ce livre est de s’inscrire dans un processus qui donne sa place à différents auteurs littéraires et à des situations cliniques. Il privilégie le contexte historique, géographique, socioculturel du développement de l’adolescent et de sa famille, etc…

    #Daniel_Oppenheim #Destructivité #Psychanalyse

  • I.6. Alexandre Douguine, un heideggerisme à la fois assumé et dissimulé | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2017-2-page-115.htm

    En bonne logique heideggerienne, l’arsenal antijuif et anti-occidental explicitement mobilisé par Douguine l’est au prix d’une dissimulation de l’ampleur de cet antisémitisme et de sa radicalité, et notamment de sa portée antichrétienne, de ses incompatibilités avec la Tradition, et de son mépris pour le réel historique concret des civilisations slaves. C’est Heidegger lui-même qui, dans ses Cahiers noirs, a théorisé la nécessité de la trahison des proches dans le combat contre l’ennemi. Le penseur, selon lui, ne va pas en effet sans un ennemi contre lequel il se dresse, mais il s’agit aussi pour lui de reconnaître et combattre l’ennemi au cœur du proche :

    Voué à la philosophie, le penseur fait front face à un ennemi – l’anti-Être de l’étant (Unwesen des Seienden), qui nie sa présence en étantifiant – qui, sans jamais cesser d’être hostile, se révèle appartenir à ce qui doit être de fond en comble l’ami du penseur – l’essence de l’Être (Wesen des Seyns). Et parce qu’il n’est pas possible de se défiler devant l’ennemi, et parce que la fiabilité envers l’ami est tout, le penseur a une ambivalence insoutenable, mais qui lui est fondamentale, envers l’unique patrie.

  • #Patriarcat, #capitalisme et appropriation de la nature | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2021-2-page-6.htm

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    Quand James Brown, le fameux bluesman guère connu pour ses engagements féministes, chante ce « monde d’hommes », nous, féministes, ne pouvons qu’être d’accord – mais à notre manière. Les hommes ont produit en masse les voitures – et le CO2 qu’elles émettent –, dessiné les trains et les bateaux qui sillonnent la planète – et transportent des biens de consommation à bas prix économique, mais à haut coût environnemental –, apporté la lumière électrique – et son cortège de déchets nucléaires. Mais ce monde dans lequel nous vivons n’aurait pas de sens sans ce supplément d’âme – et de travail gratuit – que représente « une femme ou une fille ». Pour sûr, rapports de production, rapports d’appropriation et rapports de sexe sont intimement liés, c’est l’objet de ce Grand angle sur l’Androcène.

  • Effondrement sociologique ou la panique morale d’un sociologue, Jean-Michel Hupé, Jérôme Lamy, Arnaud Saint-Martin, Politix 2021/2, n° 134.
    https://www.cairn.info/revue-politix-2021-2-page-169.htm

    Apocalypse cognitive (Paris, Presses universitaires de France), treizième ouvrage du sociologue Gérald Bronner, a été célébré à sa sortie début 2021 par la presse généraliste du Figaro à La Croix et couronné par plusieurs prix dont le prix Aujourd’hui, lequel récompense un « document politique ou historique de haute qualité littéraire  ». Dans une chronique-portrait dithyrambique pour Le Monde parue le 24 janvier 2021, le philosophe prescripteur Roger Pol-Droit souligne par exemple que ce professeur de l’Université de Paris est « couvert de titres et de fonctions académiques et que la liste de ses contributions savantes dans les revues de recherche occupe des pages ». Le lecteur ou la lectrice pourrait donc s’attendre à lire un ouvrage sérieux de sociologie, empiriquement documenté et nourri de neurosciences, comme c’est l’ambition affichée. Hélas, il n’y a guère de sociologie ni même de science dans cet essai qui rassemble de façon peu cohérente des affirmations répétées mais jamais fondées, des anecdotes et des opinions politiques tranchées, des citations d’études de neurosciences et de psychologie le plus souvent inexactes ou surinterprétées, tout en usant de notions qui ne sont jamais définies. On ne pourra pas relever ici toutes les erreurs et faiblesses de cette Apocalypse cognitive, car, comme l’écrit l’auteur lui-même à propos de ce qu’il appelle le « principe d’asymétrie du bullshit », « la quantité d’énergie nécessaire à réfuter des idioties est supérieure à celle qu’il faut pour les produire » (pp. 220-221).

    La thèse principale du livre est l’inadaptation du fonctionnement cérébral humain aux moyens modernes de communication et d’échanges. La liberté débridée de trouver et de produire du contenu sur Internet révélerait (sens premier de « l’apocalypse » du titre) une « nature humaine » dangereuse qu’il s’agirait de canaliser : « L’heure de la confrontation avec notre propre nature va sonner » (p. 22), avertit G. Bronner. Cette thèse s’articule sur trois affirmations. La première, développée dans la première partie de l’ouvrage, est une augmentation récente et très importante d’un temps libre permettant de se consacrer à des activités intellectuelles. Une grande partie de ce temps libre serait affectée aux usages d’Internet. La deuxième affirmation reprend la thèse déjà avancée dans les essais précédents  selon laquelle Internet serait un marché libre ou dérégulé, marché dont les marchandises sont cognitives. Le mécanisme intrinsèque de ce marché libre ne pourrait que révéler de la façon la plus transparente et directe les préférences humaines, mesurées par le nombre de visites des sites Web. Le tableau que dessine l’usage d’Internet révélerait selon l’auteur des humains rarement rationnels, attirés par la violence, peureux, narcissiques ou encore obsédés par la sexualité. La troisième affirmation est que ces comportements ne sont pas contingents à notre époque mais correspondent à une véritable nature humaine, telle qu’on peut la décrire grâce aux résultats des neurosciences. Cette vraie nature (le sociologue parle de « cerveau ancestral ») aurait donc été canalisée par les structures sociales de la civilisation, ou n’aurait pas eu le temps ni l’opportunité de s’exprimer jusqu’à aujourd’hui et la « libération cognitive » permise par le temps disponible et Internet.

    Aucune des trois affirmations, répétées tout au long de l’ouvrage (nous avons recensé une trentaine de reformulations de la thèse), ne s’appuie sur des raisonnements scientifiquement valides. Nous allons montrer dans la suite de cette note que le premier élément, présenté par G. Bronner comme une « augmentation du temps de cerveau disponible », est en réalité une métaphore douteuse que le sociologue utilise comme un concept scientifique, sans jamais, pourtant, asseoir cet emploi sur une définition ou une méthode rigoureuse. L’analogie du marché libre, utilisée pour décrire le fonctionnement d’Internet, manque également de définition et d’approche critique. Nous constaterons que l’auteur ne fait en fait qu’affirmer qu’il s’agit d’un marché libre pour éviter de s’engager dans un travail de sociologie et d’analyser les structures d’organisation d’Internet et les stratégies de pouvoir qui s’y jouent. Le troisième élément de l’argumentation est celui qui mobilise la majorité des références scientifiques et du contenu de l’ouvrage, empruntant essentiellement aux neurosciences et à la psychologie expérimentale. Malheureusement, comme nous l’attesterons, ces emprunts manquent presque toujours de pertinence pour au moins trois raisons, dont nous donnerons plus loin des exemples précis. Dans le meilleur des cas, les expériences décrites par G. Bronner ne sont pas inintéressantes mais sont en fait sans rapport avec l’argument qu’il essaie de mettre en avant ; elles font alors office d’argument d’autorité (illégitime). Dans de nombreux cas, l’auteur déforme les résultats ou conclusions des études. Enfin, certaines des études convoquées sont elles-mêmes contestables, mais il semble manquer à G. Bronner l’expertise (ou la volonté ?) pour s’en rendre compte.

    #Gérald_Bronner #sociologie #neurosciences

  • Alain de Benoist, du néofascisme à l’extrême droite « respectable » | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-du-crieur-2017-1-page-128.htm

    Renoncer à unir les « comploteurs » et les « nostalgiques » est le fondement de la stratégie culturelle d’A. de Benoist. Tout comme la Nouvelle Gauche des années 1960 cherche à s’affranchir du poids mort que constituent à ses yeux les traditions communistes et sociale-démocrates, la Nouvelle Droite ne veut plus avoir à répondre de l’impuissance politique des extrêmes droites de l’époque. Cette stratégie, A. de Benoist lui donne un nom : « métapolitique », un terme aujourd’hui en vogue dans les milieux dits de la « Dissidence », organisés autour d’Alain Soral et Dieudonné. L’idée est simple : toute politique reposant sur une culture, quiconque est hégémonique dans la culture définit le spectre des politiques possibles. D’où l’idée qu’il faut agir sur ce qui se trouve en deçà (meta) de la politique, à savoir le langage et les catégories de la pensée. La métapolitique est une stratégie mise en œuvre par le plus faible contre le plus fort. Plutôt que de la combattre frontalement, le faible cherche à introduire patiemment ses catégories de pensée dans la culture dominante. Le résultat, nous l’avons sous les yeux aujourd’hui.La Nouvelle Droite se forme dans un contexte historique, les années 1960 et 1970, où les idées de gauche saturent l’espace public. D’où l’omniprésence des références à des penseurs révolutionnaires dans les écrits d’A. de Benoist, par l’entremise desquelles il cherche à convaincre son camp de l’importance de la reconquête intellectuelle. L’un des mythes savamment entretenus le concernant, énoncé par exemple dans ses Mémoires [10]
    [10]A. de Benoist, Mémoire vive, entretiens avec François Bousquet,…
    , est qu’il posséderait la plus grande bibliothèque privée de France. « Deux cent mille livres, ils sont dans une maison de campagne », m’assure-t-il lorsque je lui demande comment tous ces livres tiennent dans l’appartement dans lequel il me reçoit. La métapolitique absorbe l’air du temps. Elle se branche sur les débats dominants de l’époque de sorte à accéder au mainstream, et y faire passer en contrebande ses idées. Dans les années 1960, le mainstream intellectuel, c’est la gauche. L’appétence d’A. de Benoist pour la pensée de gauche persiste à ce jour « Je trouve qu’à la fois il y a un déclin de la gauche absolument terrible et, en même temps, c’est quand même la gauche qui a depuis quinze ou vingt ans écrit les choses les plus intéressantes. » Pendant notre entretien, il cite, pêle-mêle, Ernesto Laclau, Karl Marx, Toni Negri, Moishe Postone, ou encore Cornelius Castoriadis.L’ethno-différentialisme affirme que chaque peuple a un « droit à la différence », c’est-à-dire le droit de vivre comme il l’entend. Ce droit, il l’exerce chez lui, raison pour laquelle ce droit s’accompagne d’une hostilité de principe aux migrations. L’ethno-différentialisme est la version de droite du « multiculturalisme ». Le racisme biologique étant devenu intenable avec l’émergence de la « norme antiraciste » déjà évoquée, il s’est transformé en différentialisme culturel. Les « Européens » ont bien sûr eux aussi leur « droit à la différence ». Dans un texte paru en 1974 dans Éléments, intitulé Contre tous les racismes, A. de Benoist déclare : « Si l’on est contre la colonisation, alors il faut être pour la décolonisation réciproque, c’est-à-dire contre toutes les formes de colonisation : stratégique, économique, culturelle, artistique, etc. On a le droit d’être pour le Black Power, mais à la condition d’être, en même temps, pour le White Power, le Yellow Power et le Red Power [16]

    . » L’ethno-différentialisme, c’est la « décolonisation réciproque », autrement dit chacun chez soi. L’idée que les Blancs sont victimes de racisme, et doivent à ce titre être défendus, a fait son chemin depuis. En témoigne l’usage fait par la droite et l’extrême droite du thème du « racisme antiblanc » au cours de la dernière décennie.

  • La découverte impardonnable de Ferenczi | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-le-coq-heron-2003-3-page-57.htm

    On raconte que lors de la visite de Ferenczi à Freud au 19 de la Berggasse, le 30 août 1932, pour lui lire ce qui s’est avéré être son dernier article, « Confusion de langue », qu’il s’apprêtait à prononcer au congrès de Wiesbaden, Freud en a été si bouleversé qu’il refusa ensuite de lui serrer la main (Bonomi, 1999, p. 512). Quelques jours plus tard, Freud écrivit à sa fille Anna : « Je l’écoutais, choqué. Le processus de régression où il est engagé le porte à entretenir les vues d’une étiologie à laquelle j’ai cru, mais que j’ai abandonnée il y a trente-cinq ans : à savoir que les névroses sont couramment causées par des traumatismes sexuels subis dans l’enfance » (Gay, 1988, p. 336)

    #freud_wars #théorie_de_la_séduction #Ferenczi #psychanalyse

    • Le concept ferenczien d’identification à l’agresseur signifiait quelque chose de tout à fait différent que la façon plus familière d’Anna Freud d’utiliser ce terme. Selon Ferenczi, il s’agissait de l’élimination par la victime de sa propre subjectivité pour devenir précisément ce que l’agresseur avait besoin qu’elle soit, afin d’assurer sa survie. Ce concept fait partie d’une théorie du trauma remarquablement contemporaine et subtile. Pour saisir pleinement ce concept et ses implications pour la technique analytique, il est nécessaire d’esquisser l’arrière-plan de certains aspects de sa façon ultérieure de penser le trauma.

  • Curés violeurs en série suicidés à moitié pardonnés : « L’Eglise catholique s’interroge sur l’opportunité de l’assistance au suicide », Marie-Jo Thiel, médecin, professeure d’éthique à la faculté de théologie catholique de l’université de Strasbourg, directrice du Centre européen d’enseignement et de recherche en éthique a publié « L’Eglise catholique face aux abus sexuels sur mineurs » (Bayard, 2019).
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/31/l-eglise-catholique-s-interroge-sur-l-opportunite-de-l-assistance-au-suicide

    Tribune. Le magistère de l’Eglise catholique pourrait-il appuyer une loi favorisant l’assistance au suicide assisté ? Etrange question quand on sait qu’il soutient « la vie, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ». Et pourtant, c’est bien ce qui anime le débat transalpin depuis quelques jours.

    Tout a débuté avec la dernière livraison de la Civiltà cattolica, une revue jésuite qui ne peut pas paraître sans l’aval de la secrétairerie d’Etat du Saint-Siège. Or, on y trouve une tribune de Carlo Casalone appelant à soutenir un projet de loi actuellement discuté en Italie et qui vise à donner un cadre restreint à l’assistance au suicide dans le but d’éviter un mal pire, à savoir l’élargissement général du suicide assisté ou de l’euthanasie comme mort provoquée sur demande.
    Carlo Casalone est médecin de formation, ancien provincial de la Compagnie de Jésus en Italie, membre de l’Académie pontificale pour la vie et professeur de théologie morale à l’Université pontificale grégorienne. Son propos situe le débat non seulement dans le contexte italien, mais également dans la perspective plus large des pays européens qui ont déjà intégré l’euthanasie ou le suicide assisté dans leur législation ou qui sont en train de le faire, comme l’Allemagne.

    En Italie, il s’agit de revenir sur la loi n° 219/2017 dont le titre est Consenso informato e disposizioni anticipate di trattamento (« consentement éclairé et dispositions préalables de soins »). Ce texte interdit le suicide assisté et l’euthanasie tout en intégrant les questions éthiques d’obstination déraisonnable, des directives anticipées, des personnes de confiance, des soins palliatifs (toujours peu développés, comme en France), des traitements de la douleur…

    Mais le cas de Fabiano Antoniani (DJ Fabo) a bouleversé le pays. Devenu tétraplégique et aveugle après un grave accident de voiture [en 2014], souffrant de douleurs physiques difficiles à traiter, Fabo avait exprimé la volonté de mettre fin à ses jours. N’ayant pas eu gain de cause malgré ses nombreuses requêtes, y compris auprès du président de la République, Sergio Mattarella [en janvier 2017], il avait fini par s’adresser à [l’ancien eurodéputé] Marco Cappato, de l’association Luca-Coscioni, pour l’aider à y parvenir. Celui-ci l’avait alors accompagné à Zurich, en Suisse, pour bénéficier des services de l’association d’assistance au suicide Exit, le 27 février 2017.
    Cette démarche avait déclenché en Italie un processus judiciaire à l’encontre de Marco Cappato [accusé d’« aide au suicide »]. En 2019, la Cour constitutionnelle a finalement rendu un arrêt, dans lequel elle maintient la nécessité de protéger juridiquement la vie, mais exclut que l’on puisse punir quiconque pour avoir « facilité l’exécution d’une intention de se suicider formée de manière autonome et libre » pour autant que certaines conditions, comme l’autonomie décisionnelle du requérant, aient été respectées. Elle exhorte aussi le Parlement italien à combler le vide législatif ; ce dont s’est saisie l’association Luca-Coscioni, qui a lancé en 2021 une pétition demandant un référendum sur la légalisation de l’euthanasie. Le texte recueille plus de 750 000 signatures, largement au-delà du seuil des 500 000 signatures nécessaires pour organiser une consultation populaire. Celle-ci pourrait avoir lieu dans les premiers mois de l’année, si aucune loi n’est adoptée entre-temps. C’est la raison pour laquelle le Parlement a entamé, le 13 décembre 2021, l’examen d’un projet de loi sur la dépénalisation du suicide assisté.

    Pour l’Eglise catholique, qui s’est toujours opposée au « faire mourir » en fin de vie et qui considère, selon une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi publiée en 2002, que l’on touche là à des « principes éthiques qui, en raison de leur rôle de fondement de la vie sociale, ne sont pas “négociables” », la question est cruciale ! D’ailleurs, l’article de Carlo Casalone n’en fait pas un « bien ». Il s’appuie sur un message du pape François aux participants à la réunion européenne de l’Association médicale mondiale sur les questions de fin de vie en 2017. Le pape y invitait à trouver des « solutions – notamment réglementaires – aussi partagées que possible » en tenant « compte de la diversité des visions du monde, des convictions éthiques et des appartenances religieuses, dans un climat d’écoute et d’accueil réciproque ».

    D’où la conclusion du jésuite : faut-il « évaluer négativement l’ensemble du projet de loi, avec le risque d’encourager la libéralisation » de l’euthanasie, ou peut-on tolérer – tout en l’encadrant – la « possibilité » du suicide assisté pour celles et ceux qui en décident afin d’éviter des maux plus dommageables ? En d’autres termes, le magistère de l’Eglise peut-il accepter de s’engager dans ce qu’il appelle lui-même, à propos de l’avortement provoqué, une « loi imparfaite » ? Car ne rien faire, ne serait-ce pas pire ? Et, relève Carlo Casalone, « l’inaction du législateur ou le naufrage du projet de loi serait un nouveau coup porté à la crédibilité des institutions à un moment déjà critique. Malgré la concomitance de valeurs difficilement conciliables, il nous semble qu’il n’est pas souhaitable d’échapper au poids de la décision en noyant la loi ». L’enjeu est « une recherche responsable du bien commun possible ».
    Evidemment, depuis la publication de l’article de la Civiltà cattolica, les partisans de la sacralisation absolue de la vie s’en donnent à cœur joie pour critiquer et condamner… Il sera intéressant d’observer les suites données à cette réflexion, qui ne manque pas de souligner la complexité des questions bioéthiques. S’il s’agit certes de proposer des repères et des valeurs, et parfois de tracer des lignes rouges, il ne faudrait pas oublier le mot de Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête. »

    Prévenir la pédophilie, Marie-Jo Thiel, Études 2017/6 (Juin), pages 73 à 86https://www.cairn.info/revue-etudes-2017-6-page-73.htm

    #suicide #église

  • Génération Y et monade leibnizienne
    https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2014-1-page-158.htm

    Par Dans Hermès - 1Il n’est pas rare de voir dans les transports en commun ou dans la rue des jeunes avec des écouteurs dont la forme a inspiré l’étiquette « génération Y », qui désigne tout adolescent né à l’ère du numérique et ayant grandi dans cet environnement. Semblable à une épidémie virale, cette pratique a fini, en très peu de temps, par contaminer aussi les quadragénaires. S’il ne s’agissait que d’une mode ou d’une pratique ludique, nous ne serions pas si inquiets, mais cette pratique de technique communicationnelle, où l’on se ferme par les oreilles au monde et à autrui, qui prend de l’ampleur, affecte l’être humain en profondeur et modifie insensiblement son identité personnelle et sociale. Quelle est la nature de cette pratique qui renforce la fermeture sur soi tout en insérant chacun dans des interconnexions croissantes ? Quelle ontologie de l’individu présuppose-t-elle ?

    2L’analyse ne veut pas se limiter aux pratiques consistant à écouter de la musique ou à lire un livre pendant les déplacements pour le seul plaisir, ou à se divertir en regardant un film sur sa tablette lorsque le TGV nous transporte à toute vitesse vers une autre destination. Il s’agit de comprendre pourquoi personne ne regarde plus le paysage qu’il traverse ou pourquoi on n’entame plus une conversation, même anodine, avec les autres lors de ces déplacements. Sommes-nous enfermés dans notre petite bulle autarcique et défensive, qui fonctionne comme un havre de paix, en nous infligeant nous-mêmes un isolement nécessaire pour nous ressourcer ? L’autre existe-t-il encore ? Trouve-t-il encore place dans notre monde personnel, suscite-t-il encore un intérêt, qui puisse attirer notre attention ?

    3Tout en ne nous attardant pas à regretter l’extension de ces pratiques diffuses dans les lieux publics ou les amphithéâtres, où s’ajoute souvent le cache-cache avec les écrans, nous voulons en effet comprendre si, dans l’histoire des idées philosophiques, nous rencontrons un schéma de pensée, une théorie, qui puisse nous aider à comprendre notre époque et les individus qui la vivent. Une telle compréhension devrait également nous aider à penser comment l’altérité est comprise à l’ère du numérique et des réseaux sociaux. Sommes-nous identiques ? Égaux ? Fonctionnons-nous tous de la même manière ?

    4Il nous semble que la philosophie de Gottfried Wilhelm Leibniz nous offre l’image la plus adéquate pour représenter l’ontologie de l’individu à l’ère numérique : celle de la monade. C’est bien à partir de cette image – développée non sans paradoxes par Leibniz – de la monade renfermée sur elle-même que l’on pourrait saisir l’individu appartenant à la génération Y afin de comprendre aussi les contradictions éventuelles qui lui sont propres.

    5Le terme monade vient du grec monos, qui signifie : un, unique dans sa totalité, singulier. Leibniz reprend ce terme dans son court et dense traité intitulé Monadologie, rédigé en français en 1714 et en latin en 1715 (un an avant sa mort), où il décrit la monade de la façon suivante :

    6

    La Monade […] n’est autre chose qu’une substance simple, qui entre dans les composés ; simple, c’est-à-dire sans parties.

    7À défaut d’une définition plus précise, Leibniz emploie une tournure négative pour délimiter le vaste champ de la substance individuelle, en ramenant la monade à la substance la plus simple. La simplicité est donc le trait fondamental de la définition de ce qu’ailleurs (« Lettre à Rémond, juillet 1714, non envoyée », in Leibniz, 1996), il appelle « esprit » chez l’être humain et « âme » chez les animaux. Il ne s’agit pas donc d’un simple principe qui constituerait la matière, mais d’une unité individuelle dont le monde est composé. Cette précision cerne alors le champ d’investigation du philosophe allemand qui entend parler des substances vivantes, et par extension, de l’homme, doté de sentiment et d’entendement (en effet, Leibniz se pose, comme par ailleurs ses contemporains, le problème de la communication entre l’âme et le corps).

    8Ce principe d’individualité substantielle indécomposable qu’est la monade est ensuite caractérisé par le fait d’avoir en même temps deux propriétés contradictoires qui découlent de sa propre ontologie, donc de sa nature spécifique : d’une part, l’identité différentielle des indiscernables et, d’autre part, l’interconnexion des monades.

    9Tout d’abord, lorsque Leibniz définit la monade, il affirme que, outre la simplicité de sa constitution, elle doit avoir aussi des qualités spécifiques, sous peine de ne pas pouvoir être qualifiée en tant qu’être. Ces qualités spécifiques sont – et doivent être – différentes en chaque monade mais en réalité, nous dit Leibniz, les monades sont toutes identiques ! Autrement dit, toutes les monades participent d’une même nature – celle justement propre à la monade en tant que substance simple – mais elles diffèrent entre elles par des différences (même infinitésimales) de qualité qui leur permettent donc d’être des singularités particulières irréductibles. Identiques, donc, mais différentes.

    10Ce paradoxe est fort intéressant lorsqu’on tente un parallélisme avec le statut des individus, surtout de notre époque. Car d’un côté la loi et les valeurs politiques affirment une égalité de droits entre individus semblables, mais de l’autre côté chaque individu revendique plus que jamais sa différence, exige de voir prise en compte sa propre singularité – qui pourrait effectivement le faire sortir d’un cadre normatif typique, et cela pas seulement en termes d’exception à la règle – en vue d’une réalisation concrète de cette égalité proclamée. Pour Leibniz, à travers le principe des indiscernables, les monades se doivent d’être différentes par rapport à leurs qualités, mais aussi d’être tout de même toutes identiques dans leur substantialité.

    11Par ailleurs, chaque monade est aussi sujette à un changement permanent mais dont le principe est interne : elle évolue selon un principe de changement graduel et constant qui n’altère ni n’affecte l’identité totale de la monade. Elle change donc selon son bon gré, en toute autonomie d’individuation.

    12De plus, la monade a une perception, qui lui permet de saisir les différences de ses propres changements intérieurs, et une appétition qui est le principe interne « qui fait le changement ou le passage d’une perception à une autre » (Leibniz, 1996), en gardant (en mémoire) « une pluralité d’affections et de rapports » (Ibid.).

    13Mais, précise Leibniz, la perception ne vient pas de l’interaction mécanique de plusieurs monades assemblées, comme si elle était le résultat d’une activité complexe exercée par le tout composé – comme ce serait par exemple le cas des rouages d’une machine. La perception, en effet, appartient exclusivement à la monade à l’intérieur de laquelle elle se développe, avec d’autres perceptions (mémorisées) et leurs changements. Dans leur autonomie évolutive, alors, les monades ont en elles-mêmes une certaine perfection, car comme le dit Leibniz : « il y a suffisance (autarcie) qui les rend sources de leurs actions internes et pour ainsi dire des automates incorporels » (Ibid.). Automate, car la monade se meut par soi-même, sans qu’une force extérieure puisse la mettre en mouvement ou l’influencer de l’extérieur. De même, si elle ne peut pas être influencée par une autre monade, elle ne peut pas non plus exercer une influence sur les autres monades, toutes étant autonomes et autarciques.

    14C’est pourquoi, selon une célèbre citation, le philosophe allemand précise que :

    15

    Les Monades n’ont point de fenêtres, par lesquelles quelque chose y puisse entrer ou sortir.

    16Ainsi la monade, constituant une totalité autosuffisante par essence, est fermée sur elle-même, inaltérable : puisque sans fenêtres, rien ne peut y pénétrer ni altérer ou changer son intérieur, ni lui imprimer un mouvement quelconque venant de l’extérieur. Enfermée sur elle-même, elle ne sera pas affectée par quoi que ce soit. Ce caractère autarcique, voire autistique, renforce le principe d’individuation autonome chez la monade.

    17Comment se fait-il alors qu’il y ait interconnexion entre monades ? Si elles sont enfermées et sans fenêtres, comment peuvent-elles communiquer ? Les difficultés n’empêchent pas Leibniz de résoudre la question. Car si la monade non seulement n’a pas d’ouverture vers l’extérieur, mais empêche toute intrusion du dehors, elle est aussi liée à toute autre monade, de par le partage d’une même nature identique. Les monades perçoivent de façon imprécise tout ce qui existe autour d’elles sans en avoir une perception nette (comme on entend le bruit de fond diffus de la mer, composé d’une myriade de petites interactions et perceptions), car dans l’univers tous les êtres sont liés les uns aux autres. C’est pour cette raison que la monade peut être miroir d’une autre monade : elle participe de la même nature que les autres monades, donc elle peut les représenter, les présenter à nouveau, en avoir une image. Et l’exemple que Leibniz nous propose est ce que les mathématiques appellent les fractales, à savoir une structure qui se reproduit exactement à des échelles différentes pour composer un seul objet, comme par exemple le flocon de neige :

    18

    Chaque portion de la matière peut être conçue comme un jardin plein de plantes, et comme un étang plein de poissons. Mais chaque rameau de la plante, chaque membre de l’animal, chaque goutte de ses humeurs est encore un tel jardin ou un tel étang.

    19Ainsi en partageant la même nature, les monades reflètent les autres monades et se situent en relation d’interconnexion (que Leibniz nomme « harmonie préétablie »), par le biais d’un réseau, invisible et participatif. En effet, Leibniz affirme :

    20

    Or cette liaison ou cet accommodement de toutes les choses créées à chacune et de chacune à toutes les autres, fait que chaque substance simple a des rapports qui expriment toutes les autres, et qu’elle est par conséquent un miroir vivant perpétuel de l’univers.

    21Cela ne doit pas nous surprendre si l’on pense que Leibniz était aussi un mathématicien, spécialiste – en compétition avec Isaac Newton – du calcul infinitésimal (comme les différences qualitatives entre monades) mais aussi de la théorie des graphes, l’instrument le plus adéquat pour représenter les réseaux, et donc aujourd’hui applicable à la formalisation des propriétés des réseaux sociaux.

    22Avec cette pensée complexe de la monade leibnizienne, à la fois identique et différente, à la fois déjà pré-informée du dedans et en évolution, à la fois isolée et en réseau, ne nous retrouvons-nous pas devant les mêmes contradictions qui semblent caractériser l’individu de notre époque : enfermé et connecté ; égal et différent ; passif et actif ? Des binômes tout aussi contradictoires qu’efficaces pour tenter de le saisir. En effet, lorsqu’on pense l’individu comme une chose simple qui entre dans un composé (pour reprendre la définition de Leibniz), nous pouvons avancer quelques éléments d’analyse de la condition humaine, et tout particulièrement juvénile, de notre société.

    23Tout d’abord, l’émergence et l’utilisation de plus en plus diffuse des réseaux sociaux numériques, qui ont remplacé les vétustes réseaux sociaux familiaux. La génération Y, née et baignée dans l’ère digitale, se confie – et parfois s’immole – à ces amis virtuels que l’on retrouve sur Internet. Cette dématérialisation de la relation sociale a sans doute contribué à la définition d’un nouveau type de lien social, qui repose sur une communication constante et ubiquitaire, tout en en appauvrissant la riche dimension humaine, faite de communication non verbale, de regards et de contact. Les jeunes, tout particulièrement, communiquent tout (ou presque) avec tous à tout moment de la journée. Ils dévorent les informations qu’ils recherchent selon leurs envies et désirs. Si les recherches se font rapidement, il n’en résulte pas généralement de temps d’une réflexion, ni d’une analyse de la textualité précise des messages. Il semblerait que les jeunes Y recherchent un contact plus qu’un sens, en extrayant des informations selon les besoins immédiats qu’ils ressentent, car en ligne, tout est disponible et accessible en même temps. Cette voracité va de pair avec l’envie de tout partager sur le Net, que ce soit un appartement, les frais de voyage grâce aux sites de covoiturage ou les achats groupés.

    24Selon Olivier Rollot (2012), la génération Y partage avant tout une culture commune qui se base sur une vingtaine de mots-clés. Nous en retiendrons seulement quelques-uns, qui servent à la comparaison entre monade et jeunes issus de cette génération.

    25Tout d’abord l’individu. Selon l’auteur, il existe un véritable culte de l’individu, une « égologie » : « un Y ne veut ressembler à aucun autre, ou plutôt si, à tous » (Ibid.). Le principe d’individuation semble fonctionner de telle sorte que l’interconnexion dont bénéficient les membres de cette génération leur fournit une panoplie de modèles de comportements, d’existence à l’intérieur desquels ils peuvent choisir. C’est un processus d’individuation psychique et collective qui se met en place selon le même principe dirigeant les phénomènes de mode, analysés par Georg Simmel (2013) : l’imitation et la différenciation entre classes sociales. Dans un premier temps, l’individu ressent le besoin d’appartenir à un groupe et d’en partager les valeurs et les codes comportementaux ou vestimentaires. Ensuite – et parfois simultanément – les autres classes sociales commencent à imiter à leur tour ces codes pour s’approprier l’identité de ce groupe. C’est à ce moment-là qu’entre en jeu le mécanisme de différenciation mis en place par le groupe qui ne souhaite pas être imité et qui craint que son identité ne soit usurpée par des groupes extérieurs.

    26Avec Internet, la verticalité du processus d’imitation et de distinction a laissé place à l’horizontalité de la diffusion des codes symboliques parmi lesquels les individus, grandis dans et avec la génération Y, peuvent choisir en toute liberté et sans aucun conditionnement extérieur autre que leur bon plaisir. Les modèles parentaux ou des générations précédentes sont perçus comme ringards et obsolètes. Les jeunes Y ont envie, selon l’analyse d’Olivier Rollot, de créer la société et d’abandonner tout ce qui pourrait leur donner l’impression d’une contrainte, la même contrainte que leurs parents ont subie au travail ou dans le milieu familial. De là, les jeunes Y seraient très attentifs à ne pas tomber dans le même schéma identitaire parental et à se montrer fortement critiques, voire rebelles, vis-à-vis de toute institution traditionnelle.

    27Un deuxième trait de la génération Y qui s’apparente à la théorie de la monade est, par conséquent, l’interconnexion entre individus. Si cette boulimie de liberté de choix et de consommation renforce sans doute une pratique individualiste qui amène à des egos hypertrophiés, il est aussi vrai que les autres sont perçus tout simplement comme un miroir. Un jeune Y ayant un compte Facebook liste ses amis, virtuels ou pas, comme un signe de respectabilité et de succès : l’autre n’est pas saisi dans sa transcendance infinie – dirait Levinas (2006) –, laquelle nous oblige à sortir de notre propre immanence pour découvrir à la fois notre propre finitude et l’Infini transcendant. L’autre est le reflet de l’image que le jeune Y veut donner de lui-même, avec la multitude de contacts et d’amitiés collatérales qu’il peut amener en dot.

    28L’amitié comme porte d’accès aux réseaux sociaux numériques se dispense de ce mystère qu’est le visage de l’autre comme porte d’entrée à la transcendance infinie de toute altérité. Ainsi la visibilité des jeunes Y est directement et proportionnellement dépendante du nombre de contacts obtenus : faut-il rappeler que certains ont préféré le suicide au refus numérique d’une amitié tout aussi virtuelle ? (cf. « Inde : une adolescente interdite de Facebook se suicide », Le Parisien, 27 oct. 2013)

    29Un autre trait caractéristique de cette génération nous permet une dernière comparaison avec la pensée de Leibniz. Lorsqu’on collecte les amis des réseaux sociaux, on fait preuve d’une grande ouverture, en donnant une chance équitable à tous, ou presque. On se veut démocratique et ouvert d’esprit ; on reconnaît une égalité tout aussi formelle que substantielle. De ce fait, peu importe la différence qualitative entre les amis : comme pour la monade leibnizienne, tous les membres du réseau sont identiques, à quelques exceptions près. Les différences de goût, d’intérêt, de personnalité, ont une incidence semblable à celle infinitésimale entre monades : peu importe le détail individuel, les membres ont une nature identique que nous pouvons réduire – trivialement – au fait d’être en réseau. Et comme les monades participent de la même matière, reflétant ainsi l’ordre universel, ainsi les membres des réseaux sociaux numériques reflètent l’intelligence collective (Lévy, 1994) qui anime la totalité d’Internet, cette espèce d’intelligence supérieure qui n’est pas concentrée en une seule personne, mais qui est diffuse et grandit de jour en jour, grâce à l’apport personnel de milliers d’individus éparpillés sur la planète.

    30Dans la Monadologie, c’est l’intervention d’un tiers qui permet aux monades d’être l’une à l’écoute de l’autre, en raison du partage d’une nature ontologique commune. Si pour Leibniz, selon l’esprit des temps, ce tiers est Dieu, pour notre époque digitale, ce tiers est sans doute Internet. Ainsi les individus écoutent les autres altérités se reflétant en un jeu de miroir qui donne le vertige. La perte d’un principe divin a été comblée par une entité tout aussi immatérielle et puissante.

    31De même, la pratique religieuse a été remplacée par une autre pratique sociale. Internet, et les réseaux sociaux numériques en particulier, utilisent en effet une notion des plus concrètes, telle l’amitié, pour faire adhérer de nouveaux membres. Et pourtant ce sentiment puissant de sociabilité lui-même n’est pas à l’abri d’une révolution radicale. Si pour Aristote, l’amitié était essentiellement associée à la construction identitaire personnelle (non sans des visées utilitaristes sur fond éthique d’une amélioration personnelle), aujourd’hui elle reste essentiellement valorisée comme un moyen d’exister virtuellement ! Autrement dit, pour être admis dans un réseau social numérique, il faut faire une demande préalable d’amitié, pour ensuite être accepté par une autre monade-miroir qui saura refléter notre propre image. Comme le remarque Bernard Stiegler (2012), les nouvelles technologies relationnelles des réseaux sociaux obligent à une « constitution déclarative, formalisée et publique de l’amitié » qui s’impose avant même la relation d’amitié. Pour exagérer, c’est comme si dans un train, avant d’entamer une conversation anodine et futile, on demandait au malchanceux passager s’il souhaitait bien devenir notre ami pour la vie ! Ce qui donne un éclairage au fait que, dans le train, chacun se limite à passer ses propres appels téléphoniques ou à regarder un film, au lieu de faire une véritable expérience humaine, tout aussi riche et fructueuse que décevante.

    32En partant d’un parallélisme entre les monades leibniziennes et les jeunes Y, nous avons insisté sur l’individualisme et l’interconnexion qui les caractérisent tous deux. À distance de plus de deux siècles, la philosophie nous montre un paradigme anthropologique qui, s’il a pris des formes absolument impensables autrefois, n’a pas nécessairement changé dans la substance des choses. Monade enfermée et Y connecté et isolé ont sans doute encore bien de points en commun. Sans doute aussi la théorie de la monade ne peut-elle pas épuiser la richesse contradictoire de l’ontologie générationnelle Y. Néanmoins, elle représente, de manière suggestive, la formalisation contradictoire d’une nature humaine juvénile schizophrène, cherchant ses repères et avide de partage.

    • J’ai pas tout lu mais je tiens à signaler que la pratique décrite semble avoir été largement remplacée par j’écoute sur haut-parleur et je beugle vers le téléphone tenu comme un talisman devant mon visage.

  • Non-vaccinés : « Le profil-type, c’est la personne âgée isolée » - Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/non-vaccines-le-profil-type-cest-la-personne-agee-isolee

    Emmanuel Macron a "très envie de les emmerder". Depuis la rentrée, les non-vaccinés sont au cœur des débats dans la lutte sanitaire contre le Covid-19 et son variant Omicron. Ils étaient ainsi, en décembre dernier, plus de cinq millions à ne pas avoir entamé leur parcours de vaccination. Les non-vaccinés sont pointés du doigt par le gouvernement, et le corps médical observe qu’ils occupent au moins la moitié, et parfois plus, des lits dans les services de réanimation, retardant certaines interventions chirurgicales nécessitant un accès à la réa. Le Monde et Libération ont décortiqué les différents chiffres à ce sujet ("[...] les non-vaccinés, bien qu’aujourd’hui neuf fois moins nombreux dans la population adulte que les [vaccinés], représentent une part équivalente ou plus importante, en valeur absolue, dans les admissions (ou dans les lits occupés) en réanimation, ou en soins critiques au sens large, écrit Libération). Ils sont par ailleurs souvent confondus, notamment par Emmanuel Macron dans son interview pour le Parisien, avec les « antivax », critiqués pour leur adhésion aux thèses complotistes ou les violences commises contre des élus. 

    Mais qui sont les non-vaccinés ? Quels sont leurs arguments ? Sont-ils les bouc-émissaires médiatiques de la crise du Covid ? nous allons en discuter aujourd’hui avec nos invités : Bruno Andreotti, physicien, professeur à l’université de Paris, qui a travaillé sur la physique des aérosols, au cœur des questionnements sur la circulation du Covid et signataire d’une tribune parue le 12 janvier dans Libération, qui appelle à la mise en place d’un arsenal sanitaire complet, dont la vaccination universelle, pour sortir de la crise https://rogueesr.fr/en_finir_et_prevenir ; Barbara Stiegler, professeur de philosophie à l’université Bordeaux Montaigne, vice-présidente du comité d’éthique du CHU de Bordeaux et membre du conseil de surveillance de l’agence régionale de santé de la région Nouvelle-Aquitaine ; et enfin François Alla, médecin, professeur de santé publique, et chef du service prévention du CHU de Bordeaux, qui a notamment travaillé avec Barbara Stiegler pour la rédaction de son tract paru chez Gallimard, De la démocratie en pandémie.

    #Bruno_Andreotti #non-vaccinés #Covid-19 #Omicron #vaccination_universelle #pharmaco-vigilance

    • Stiegler : il y a des effets secondaires, cardiaques, neurologiques, c’est documenté, et même les laboratoires le reconnaissent, hormonaux et plus généralement d’inflammation

      Andreotti : Epiphare montre que le tiers des hospitalisés n’ont pas de commorbidité ; le covid long aux dommages non pulmonaires doit être pris en compte et pas seulement les décès, les réas, et les hospitalisations.

      Stiegler : le vaccin dégrade les endométrioses (...) à la télé on voit des malades du covid mais pas les malades des effets secondaires du vaccin. il y a une sous déclaration, c’est infaisable de déclarer ces effets secondaires, je peux faire témoigner des soignants qui ont du y renoncer.
      je me réjouis de pouvoir parler sur une chose qui soit pas le mark-web [youtube ? ndc]

      Alla : on cache les effets secondaires réels ou supposés. c’est une stratégie.

      Stiegler se dit d’accord pour les masques la ventilation et la purification de l’air et passe à... l’oxygénation précoce, les traitements dont certains (?) vont bien, mais de tout ça ils n’en parlent pas car ils veulent de l’innovation, du solutionnisme technologique.

      Andreotti ne relève pas, à nouveau, et évoque des groupes d’arpenteurs de santé, mais évoqués nulle part. remettre de l’humain à la place des call center qui ne marchent pas.

    • Andreotti est l’un des initiateurs de l’appel « rogue » et il a une bonne maîtrise des connaissances sur la pandémie, pas seulement sur l’aérosolisation. mais effectivement le plateau est déséquilibré en faveur d’un Geta Barrington aux dehors humanistes (hallucinant la magouille de Stiegler qui dit que cela sera possible de signer un apple à Andreotti, alors qu’elle a signé avec Fouché ailleurs), et du fait d’un journaliste qui touche pas trop sa bille, en plus de rarement donner la parole à Andreotti, trop poli pour la prendre (comme dans le talk show lundi soir, les minoritaires qui sont là pour attester du pluralisme du dispositif s’autocensurent).

      Stiegler éthique, déontologie and so on. c’est pas à cause du covid que l’hôpital s’effondre, regardez, on peut même pas affronter une épidémie de bronchiolite.

      edit Contre l’imposture et le pseudo-rationalisme
      Renouer avec l’éthique de la disputatio et le savoir comme horizon commun, Bruno Andreotti, Camille Noûs
      https://www.cairn.info/revue-zilsel-2020-2-page-15.htm

      Dans cet entretien, il me semble qu’assistée de son collaborateur, Stiegler, cherche un accord avec Andreotti sur l’essentiel : le vaccin n’est pas la panacée, le non pharmaceutique compte, le « social » compte pas pour des prunes (aller vers ≠ visio, doctolib, relation de soin sans relation), ce qui permet de glisser des trucs pas clairs, qui ne sont pas mis en cause. On dira que je suis parano, mais selon moi, ça sent la magouille.

      #Barbara_Stiegler

    • Alla : on cache les effets secondaires réels ou supposés. c’est une stratégie.

      « La suppression du site (blog) du CTIAP entraîne, de façon mécanique, l’arrêt de l’étude sur les effets indésirables (concernant les vaccins c/ la Covid-19) lancée dans la région des Pays-de-la Loire à la demande de professionnels de santé, juristes, citoyens, etc.
      Avec regret. »
      https://twitter.com/ctiap_cholet/status/1484875424526123011?cxt=HHwWhoCy6ZqVq5spAAAA
      Quelques rappels de cette étude sur les effets indésirables (concernant les vaccins c/ la Covid-19) qui est mécaniquement arrêtée suite à la suppression du site (blog) du CTIAP.
      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/cholet-49300/cholet-covid-19-une-initiative-pour-renforcer-la-surveillance-des-effet

      Des professionnels de santé veulent encourager les personnes confrontées à des effets indésirables survenus après le vaccin contre la Covid-19, à les signaler. La démarche est coordonnée par le responsable de la pharmacovigilance de l’hôpital de Cholet. Sans le soutien de l’établissement.

      Les effets indésirables des vaccins contre la Covid-19 sont-ils sous-évalués ? Alors que se multiplient les recommandations en faveur du rappel et de l’élargissement de la vaccination face à la reprise épidémique, certains continuent de le penser.

      Problèmes hépathiques, cardiaques, urinaires, immunitaires, respiratoires, vasculaires... Au 25 novembre, dernier relevé officiel public en date de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), 116397 cas d’effets indésirables dont 24% qualifiés de graves avaient été enregistrés pour un total de 104 009 500 injections. ( tous vaccins confondus ) soit un taux de 0.11%.

      Un chiffre qui interroge certains médecins je n’ai pas la suite...

    • des interprétations centrifuges qui rejettent non seulement les (demi-)mesures du gouvernement, mais aussi la pandémie elle-même. A leurs yeux, si les Etats se servent de la pandémie comme prétexte pour renforcer leur emprise autoritaire sur la société, cela prouve que la pandémie n’existe pas[14]. Ou bien, si cette pandémie existe bel et bien, elle n’est dangereuse que pour un faible pourcentage de la population déjà vulnérable. Le plus souvent, cette catégorie désignait systématiquement (et à tort) un groupe d’âge spécifique[15]. De ce point de vue, il n’y avait apparemment d’autre raison que l’autoritarisme pour imposer quelque mesure horizontale que ce soit. La forte contagiosité du nouveau virus, ses risques et sa considérable létalité se sont ainsi transformés sur le plan conceptuel en un problème simple, gérable et facile à résoudre pourvu qu’on « protège » les personnes âgées vulnérables (déjà structurellement délaissées), c’est-à-dire qu’on les retire de notre champ de vision. Toute autre mesure, selon les négationnistes, ne saurait avoir d’autre but que d’élargir le périmètre de contrôle et de discipline de l’Etat.

      https://antithesi.gr/?page_id=977

  • Mélenchon s’est fait vacciner, mais le virus du covidiotisme touche LFI de la tête au pied.

    Pour le pied, je le sais d’avoir passé un temps incroyable à désenvouter une personne prise sur les réseaux Fessebouc d’une mouvance FI locale, avant qu’elle se vaccine (d’habitude ça va plus vite). Encore n’était- elle pas de celles qui vont se réchauffer aux manif "anti pass".

    Pour le sommet, à propos des ressources internes de LFI sur ces questions, B. Stiegler est devenue au printemps dernier la référence intellectuelle à la tête de l’organisation (voir une flopée d’url avec Ruffin et d’autres). Elle figure dans le premier cercle du leader, amenée là par Ruffin. Sous couvert de débat démocratique sur les mesures effectivement liberticides, elle truffe ses propos d’insanités.
    Et ce un peu partout (Ration, il y a peu), mais aussi pas n’importe où :
    Le « pass » viole les principes fondamentaux de notre République
    https://www.legrandsoir.info/le-pass-viole-les-principes-fondamentaux-de-notre-republique.html

    Une gestion sanitaire de cette crise est pourtant possible. Elle implique de redonner le pouvoir de prescription aux professionnels de santé eux-mêmes et de faire confiance à leur sens clinique, qui passe par la relation directe entre soignants et patients, dans le respect de l’éthique et de la santé publique. Puisque le vaccin n’est pas la panacée, cette gestion sanitaire suppose aussi de déployer un arsenal de mesures complémentaires et variées : une vaccination orientée vers les publics à risque de forme grave combinée avec les traitements, la prise en charge précoce des symptômes ,...

    donc plusieurs pincées de relation de confiance (oui, c’est un aspect fondamental du soin, totalement piétiné par le gvt), de FFP2, d’aération, de santé publique, histoire d’être crédible depuis des nécessités effectives, entrelardées de décalcomanies de la Great Barrington Déclaration, d’une tranche d’ivermectine et d’hydoxychloroquine (rappel : il n’y a toujours pas de traitement "précoce", malgré les diverses recherches en cours dont certaines jouissent de très gros financements).

    Alexander Samuel, @AlexSamTG a le 13 janvier écrit
    https://twitter.com/AlexSamTG/status/1481753622799126528

    Merci @legrandsoir !!!

    en relayant cet article dans Le grand Soir

    ce soir un minuscule aperçu permet d’entrevoir qui apprécie ces choses

    RedTheBot @RedTheBot_ En réponse à @AlexSamTG

    Top 10 des personnalités suivies (31 last likes) :
    @Poulin2012 -> 74% (natio émergé durant les GJ)
    @raoult_didier -> 61%
    @Francois_Ruffin-> 58%
    @anatolium-> 58% (le confus Banco)
    @DIVIZIO1 -> 54% (c’est aussi l’avocat de Filippot)

    @edwyplenel -> 51%
    #fabricearfi -> 48%
    #davduf -> 48%
    #DidierMaisto -> 48% (...)
    #GuiraudInd -> 45%

    Oui, LFI navigue en eaux troubles.

    Mais cette Stiegler n’est pas la seule philosophe qui s’est embarquée dans la défense de la "liberté de prescrire" (si possible n’importe quoi). Bien que ce ne soit pas le meilleur côté de la tradition sophistique que de défendre la vente de prestations spécialisées quant à la bonne vie.

    D’autres ont simplement un moins bon sens du placement.
    À ce propos si ici quelqu’un.e est en mesure de "libérer" "Malaise dans la biopolitique" de l’anciennement estimable Valérie Marange, et le Pignarre dans le même n° de Chimères
    https://www.cairn.info/revue-chimeres-2020-2.htm
    j’aimerais les lire.

    #LFI #covid-19 #Barbara_Stiegler

    • Alexander Samuel, @AlexSamTG, 10 janvier 2022, relève des passages de la tribune "Le « pass » viole les principes fondamentaux de notre République" lancée par Stiegler (Ration, 8 janvier)
      https://threadreaderapp.com/thread/1440239041685831684.html

      « les vaccins n’ont pas, au vu des données disponibles à ce jour, démontré une balance bénéfice / risque favorable en termes individuel chez les adolescents en bonne santé. »
      @DrSabrinaaurora et @Francois_Ruffin vous avez signé ça.

      « Des effets indésirables ont été déclarés dans plusieurs pays, notamment des myocardites, inflammation du muscle cardiaque, dont l’incidence et les effets à long terme restent à déterminer. Or, du point de vue de l’éthique, un bénéfice collectif, lui-même hypothétique... »

      « ne constitue pas à lui seul un motif suffisant. Rappelons de plus, que parce que les vaccins ne bénéficient pour l’heure que d’une autorisation de mise sur le marché temporaire, aucun gouvernement ne peut prendre le risque juridique de rendre ces nouveaux vaccins obligatoires. »

      quelle tristesse de voir Sabrina AliBenali dans cette mélasse

      Stiegler, février 2021

       : c’est pas la peste"... c’est une syndémie (...) le souci c’est les populations affaiblie, le virus va devenir maladie parce que le virus en lui-même, si il traverse des organismes sains, il va pas provoquer de maladie. le virus va révéler des populations (...) beaucoup de scientifiques ont décidés de se taire parce qu’ils avaient très très peur de parler [comme Dupont-Aignan, ndc] (...) « les tests ne servent à rien »

      Ruffin, le 19/7/2021 :

      « Les enfants sont pas touchés, on mène une expérience mondiale avec ces vaccins... » "ces expérimentations doivent être bordées par des principes"... « les jeunes ont plus de risques que de bénéfices avec ces vaccins »..

      Taubira se réfère aussi à Stiegler pour dire :

      une maladie qui fragilise les personnes déjà vulnérables, qui montrent comme un effet de loupe les vulnérabilités

      Stiegler a signé une tribune avec Fouché et Mucchieli

      Bref, "à gauche" bien des positions sont aussi crasses que celle du gouvernement

      Mais que faire, comme disait l’autre, quand le sujet sur lequel on se déchire, c’est les bases pour penser la politique, soit le fait que nous dépendons les un·es des autres ?

      Critiques de la gestion dite sanitaire et libéralisme militant
      https://seenthis.net/messages/944319

      edit : le 30 mars 2020, déjà, Ruffin twittait du Jean-Dominique Michel, anthroposophe chaman. Il avait dû avoir le temps d’enquêter, pour sûr, pas comme sur la mort aux mains de la police d’Adama Traoré.

      #vaccination #organismes_sains #eugénisme_éthique #gauche

    • Un jour il faudra enquêter pour tenter de comprendre comment autant de gens sans histoire ont pu à ce point se faire intoxiquer.

      Parce qu’il y avait un terreau fertile d’idées moisies à propos de la santé et de la science, de façon diffuse dans la société française et particulièrement du côté de la gauche « radicale ». Les mouvements « alter » ont toujours aimé promouvoir ce qui est « alternatif » (d’où leur nom je présume). Il faut quand même se rendre compte qu’on a un souci dans ce pays avec à la fois une consommation de médocs élevée (surtout des antibiotiques, d’ailleurs il y en a dans la potion du docteur Raoult) et aussi avec un appétit démesuré pour les « médecines » dites douces : homéopathie, aromathérapie, chiropractie, ostéopathie etc. dont absolument aucune n’a fait la moindre preuve d’efficacité. Il suffisait donc d’une pandémie pour qu’émerge des « solutions » magiques pour soigner le Covid auxquelles de nombreuses personnes prédisposées à y croire allaient à y adhérer. Par exemple en début de pandémie une amie m’a conseillé en cas de contamination de prendre des huiles essentielles et une autre de me rincer la bouche avec de l’eau salée (les 2 ont pourtant fait des études supérieures). Le reste, intellectualisation et politisation du sujet, n’est qu’une suite naturelle de tout cela.
      On peut donc voir une philosophe, Stiegler, pérorer partout (dernièrement vu à Arrêts sur image) qu’elle connaît « des gens » qui ont tels symptômes suite au vaccin et qu’il y a plein de « témoignages sur internet » qui vont dans son sens pour ensuite gloser de façon alambiquée (comme son père) sur ses idées préconçues de la vie en société, c’est à dire que sa méthodologie de travail ressemble fortement à celle de gens que je peux croiser au bistrot un samedi soir (tiens, c’est ce qui doit plaire à Ruffin ça).

    • Parce qu’il y avait un terreau fertile d’idées moisies à propos de la santé et de la science, de façon diffuse dans la société française et particulièrement du côté de la gauche « radicale ».

      Non, tous les partis sont concernés sauf peut-être l’extrême-centre proche du gouvernement. @alexcorp

      « Ceux qui n’avaient pas confiance dans le gouvernement, n’ont pas confiance dans les scientifiques. Plus vous vous rapprochez du pouvoir, du Roi soleil, plus le niveau de méfiance augmente. » Luc Rouban
      Les raisons de La défiance

      Démocratie et crise sanitaire

      « Toute la gestion de la crise sanitaire est conditionnée par ce malaise démocratie », poursuit Luc Rouban. « Ailleurs en Europe, le débat de la politique sanitaire est resté un débat de politique publique, partagé par la majorité et l’opposition. En France, la crise sanitaire s’est politisée, et c’est un prolongement de la crise politique sur les autres terrains. »

      https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-du-week-end/l-invite-du-week-end-du-dimanche-16-janvier-2022

    • Je suis d’accord que c’est un souci que des faits scientifiques soient politisés de cette façon, plus précisément qu’ils soient niés et instrumentalisés politiquement (car après tout la question politique peut s’immiscer en science, ce n’est pas un problème en soi). Le gouvernement Macron est coupable d’avoir politisé en bonne partie la question du vaccin, une partie de l’opposition (dont LFI) est tombée dans le panneau, ce qui est une erreur (sauf si on a des buts politiques inavoués). Il est devenu très difficile de dire du bien du vaccin ou du mal de « traitements précoces » sans passer pour un pro-gouvernement. C’est une autre sorte de socialisme des imbéciles, pour reprendre une vieille expression, qui s’applique assez bien d’ailleurs, vu les accointances de certains avec l’extrême droite (cf la député FI Sabine Rubin et ses liens plus que louches avec des néo-nazis).

    • Ils en ont fait un atout pour rester dans l’ambiguïté. Une position attrape-tout (sauf les abstentionnistes qui en sont allés voter pour se préserver d’une contamination éventuelle, et quelles autres) et ne défendre aucune position particulière (substantielle économie de travail politique interne et sur le terrain). Une critique de la gestion de la pandémie amputée a mis en avant levée des brevets et relance du sytème de santé, réponses évidentes, ce qui permettait de ne pas s’emmerder avec un détail concret : ce virus, cette pandémie.

      #union_populaire #santé_publique

  • La rééducation de la sociologie sous le régime de Vichy | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2004-3-page-65.htm
    https://www.cairn.info/vign_rev/ARSS/ARSS_153.jpg

    Outre l’épuration politique, syndicale et raciale, les réformes entreprises dès 1940 visent avant tout à mettre au pas l’enseignement primaire, à restaurer l’élitisme du secondaire et la primauté des humanités contre les sections modernes, le lycée devant demeurer « bourgeois, classique et traditionaliste [23] », et à renforcer l’influence de l’enseignement libre. Jérôme Carcopino, ministre de l’Éducation de février 1941 à avril 1942, maître d’œuvre des réformes dont les grandes lignes avaient été posées dès juillet 1940, voyait dans la gratuité du secondaire une conception « malsaine » de l’égalité, les classes se trouvant « encombrées d’éléments parasitaires inaptes aux études classiques, rejetés souvent vers les sections dites scientifiques [24] ».

  • Quelle #hospitalité est encore possible aujourd’hui ?

    À partir de quelques traits saillants de la définition de l’hospitalité, une analyse des pratiques d’hospitalité à l’épreuve du contexte politique actuel.

    Il existe plusieurs manières de définir l’hospitalité et l’une d’elles consiste à y voir un rapport positif à l’étranger. Autant dire un contre-courant radical des tendances du moment. L’action des gouvernements récents relèvent davantage d’une police des populations exilées, érigée en #politique mais qui précisément n’a rien de politique. Il s’agit d’une gestion, souvent violente et toujours anti-migratoire, des personnes, pour reprendre une idée empruntée à Étienne Tassin.

    Certes il existe une opposition à cette #gestion, mais elle ne forme pas un ensemble homogène. Elle est au contraire traversée de tensions et de conflits qui trouvent leurs racines dans des conceptions, moyens et temporalités différentes. Ce champ conflictuel met régulièrement en scène, pour les opposer, le milieu militant et les collectivités territoriales, pourtant rares à être volontaires pour entreprendre des #politiques_d’accueil*.

    L’#inconditionnalité de l’#accueil et la #réciprocité dans l’hospitalité sont deux piliers de ces pratiques. Elles nous aident à comprendre certaines tensions et certains écueils. Prenons-les pour guides dans une analyse des pratiques actuelles dites d’hospitalité, qu’elles soient privées ou institutionnelles.

    Inconditionnalité

    L’hospitalité se définit notamment par son inconditionnalité. Elle prévoit donc d’accueillir toute personne, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne et quelle que soit la raison de sa présence.

    Il est d’ailleurs intéressant de voir combien, dans la diversité des traditions d’hospitalité, cette question de l’origine de la personne accueillie est très différemment traitée. Certaines traditions interdisent simplement de questionner l’étranger·e accueilli·e sur qui ielle est et d’où ielle vient ; d’autres au contraire le prévoient, sans que cela conditionne ou détermine les modalités de l’hospitalité. Dans ce cas-là, il s’agit plutôt d’une pratique d’ordre protocolaire.

    Aujourd’hui, l’équivalent de cette question porte, outre le pays d’origine, sur le statut administratif de la personne accueillie, c’est-à-dire sur la légalité ou non de son séjour sur le territoire. Le pays d’origine nourrit un certain nombre de préjugés que peuvent refléter les offres d’hospitalité privée quand les volontaires à l’accueil expriment une préférence en matière de nationalité. Ces #préjugés sont très largement nourris par la médiatisation comme le révèlent les contextes de 2015 au plus fort de l’exil des Syrien·nes ou plus récemment à la fin de l’été 2021 après la prise de pouvoir par les Talibans à Kaboul. La médiatisation des crises façonne la perception des personnes en besoin d’hospitalité au point parfois de déterminer l’offre. Le #statut_administratif conditionne de façon plus significative l’accueil et il peut devenir un critère ; autant du côté des collectifs citoyens d’accueil que des institutions dont les moyens financiers sont généralement conditionnés par le profil du public bénéficiaire et la régularité du statut.

    Qui organise aujourd’hui un accueil inconditionnel ?

    Une enquête récente (dont quelques résultats sont publiés dans cet article : https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2021-3-page-65.htm) montre que les institutions et les collectivités territoriales rencontrent des contraintes qui entravent la mise en œuvre d’un accueil inconditionnel : la #catégorisation des publics destinataires distingués bien souvent par leur statut administratif et les territoires d’intervention en font partie. Les #collectifs_citoyens étudiés dans cette enquête réussissent à mettre ces contraintes à distance. Il faut préciser qu’à leur création, tous ne s’inscrivent pas dans un choix clair et conscient pour l’accueil inconditionnel mais c’est la pratique et ce qu’elle leur permet de comprendre du traitement administratif des populations exilées qui produit cet effet de mise à distance des contraintes. Le lien personnel créé par l’accueil explique également qu’il se poursuit au-delà des limites dans lesquelles le collectif s’est créé (statut administratif ; temporalité). Plusieurs collectifs montrent qu’un accueil inconditionnel a été effectivement mis en pratique, non sans débat, gestion de désaccords et disputes parfois, et grâce aux moyens à la disposition du collectif, à la capacité d’invention de ses membres et à l’indignation générée par le traitement administratif et politique des personnes et de la migration en général.

    Réciprocité

    « L’hospitalité, quoique asymétrique, rime avec réciprocité » (Anne Gotman)

    La réciprocité est un autre des éléments constitutifs fondamentaux de l’hospitalité. Comme le souligne #Anne_Gotman (Le sens de l’hospitalité), l’hospitalité pour s’exercer doit résoudre la contradiction entre la nécessaire réciprocité et l’#asymétrie évidente de la situation entre un besoin et une possibilité d’offre. Et c’est le décalage dans le temps qui permet cela : la réciprocité est mise en œuvre par la promesse d’accueil. On accueille inconditionnellement parce que tout le monde a besoin de savoir qu’ielle pourra être accueilli·e, sans faille, lorqu’ielle en aura besoin. Si l’on admet de considérer l’hospitalité comme une pratique de #don, la réciprocité est le #contre-don différé dans le temps.

    Cette interdépendance tient à un contexte où les circulations humaines et les voyages dépendaient de l’hospitalité sans laquelle il était impossible de trouver à se loger et se nourrir. Il s’agissait bien souvent d’un enjeu de survie dans des environnements hostiles. Si chacun·e a besoin de pouvoir compter sur l’hospitalité, chacun·e accueille. Aujourd’hui pourtant, la répartition des richesses et des pouvoirs au niveau global fait que ceux et celles qui voyagent n’ont plus besoin de l’hospitalité parce que cette fonction est devenue marchande et les voyageurs achètent l’« hospitalité » dont ielles ont besoin ; ce qui alors lui retire toute valeur d’hospitalité. Cette réalité crée une asymétrie, abyssale en réalité. Elle tire ses origines des fondations du capitalisme qui a construit l’Europe comme centre global et a posé les bases de la puissance et de la modernité occidentales.

    Aujourd’hui et dans le contexte français, cette asymétrie se retrouve dans une distribution de positions : celles et ceux qui sont les acteurs et actrices de l’hospitalité ne s’inscrivent plus dans ce système d’interdépendance dans lequel se situait l’hospitalité, ou se situe encore dans d’autres régions du monde. Ielles accueillent pour d’autres raisons. La #rencontre est souvent évoquée dans les enquêtes ethnographiques parmi les motivations principales des personnes engagées dans l’accueil des personnes venues chercher un refuge. Pourtant les personnes accueillies ne sont pas forcément dans cette démarche. Au contraire, parfois, elles se révèlent même fuyantes, renfermées par besoin de se protéger quand elles ont été abîmées par le voyage. Cette soif de rencontre qui anime les personnes offrant leur hospitalité n’est pas toujours partagée.

    Dans ce contexte, nous comprenons que l’hospitalité telle qu’elle est mise en œuvre aujourd’hui autour de nous, et du fait de l’asymétrie des positions, pose une relation d’#aide. Or celle-ci est elle-même fortement asymétrique car elle peut se révéler prolonger et reproduire, dans une autre modalité, la relation de #domination. La #relation_d’aide est dominante quand elle ne conscientise pas l’asymétrie justement des positions et des moyens des personnes qu’elle met en jeu. Elle sortira de cet écueil de prolonger la domination en trouvant une place pour la réciprocité. C’est #Paulo_Freire qui nous a appris que l’#aide_authentique est celle qui permet à toutes les personnes impliquées de s’aider mutuellement. Cela permet que l’acte d’aider ne se transforme pas en domination de celle ou celui qui aide sur celle ou celui aidé·e.

    Pour éviter de rejouer une relation de domination, l’hospitalité qu’elle soit privée ou institutionnelle doit trouver ou créer un espace pour l’#aide_mutuelle. Dans les pratiques actuelles de l’hospitalité, les situations d’asymétrie sont nombreuses.

    Les deux parties réunies autour la pratique de l’accueil ne disposent pas d’une répartition égale de l’information sur chacune. En effet, les personnes accueillies disposent généralement de très peu, voire pas du tout, d’information sur les personnes qui les accueillent. Alors que les hébergeur·ses connaissent les nom, prénom, date de naissance et pays d’origine, et parfois des détails du parcours de la personne qu’ielles accueillent. Cette asymétrie de connaissance organise bien différemment la rencontre, en fonction du côté duquel on se trouve. Sans information, ce sont les représentations déjà construites qui s’imposent et plusieurs personnes accueillies témoignent de la peur qu’elles ont à l’arrivée, à la première rencontre, une peur du mauvais traitement qui peu à peu cède la place à l’étonnement face à la générosité, parfois à l’abnégation, des personnes accueillantes. On comprend qu’il contraste fortement avec les représentations premières.

    Une autre asymétrie, créant une forte dépendance, repose sur le fait de posséder un #espace_intime, un #foyer. Les personnes accueillies n’en ont plus ; elles l’ont perdu. Et aucun autre ne leur est offert dans cette configuration. En étant accueilli·es, ielles ne peuvent se projeter à long terme dans un espace intime où ielles peuvent déposer leur bagage en sécurité, inviter des ami·es, offrir l’hospitalité. L’#hébergement est généralement, au moins au début, pensé comme #temporaire. Ielles n’ont pas la maîtrise de leur habitat d’une manière générale et plus particulièrement quand des heures d’entrée et de sortie de l’habitation sont fixées, quand ielles ne disposent pas des clés, quand ielles ne sont pas autorisé·es à rester seul·es.

    Enfin cette relation dissymétrique s’exprime également dans les #attentes perçues par les personnes accueillies et qui sont ressenties comme pesantes. Le récit de soi fait partie de ces attentes implicites. Les personnes accueillies parlent de peur de décevoir leurs hôtes. Ielles perçoivent l’accueil qui leur est fait comme très fragile et craignent de retourner à la rue à tout moment. Cette #précarité rend par ailleurs impossible d’évoquer des choses mal comprises ou qui ne se passent pas bien, et ainsi d’éluder des malentendus, de s’ajuster mutuellement.

    Cette asymétrie finalement dessine les contours d’une relation unilatérale de l’accueil [peut-on encore parler d’hospitalité ?]. Les personnes et les entités (les institutions qu’elles soient publiques – collectivités territoriales – ou privées – associations) qui organisent une offre d’hospitalité, ne laissant pas de place à la réciprocité. Cela signifie que cette offre produit de la #dépendance et une grande incertitude : on peut en bénéficier quand l’offre existe mais on est dépendant de son existence. Par exemple, certains dispositifs publics ont des saisonnalité ; ils ouvrent, ils ferment. De même que l’hospitalité privée peut prendre fin : les collectifs citoyens peuvent se trouver à bout de ressources et ne plus pouvoir accueillir. Ou de manière moins absolue : les règles de l’accueil, dans le cas de l’hébergement en famille, sont fixées unilatéralement par les personnes qui accueillent : les heures d’arrivée et de retour ; les conditions de la présence dans le foyer etc. Cette asymétrie nous semble renforcée dans le cas de l’hospitalité institutionnelle où l’apparition du lien personnel qui peut produire de la réciprocité par le fait de se rendre mutuellement des services par exemple, a plus de mal à trouver une place.

    On le voit, il est nécessaire d’imaginer la forme et les modalités que pourraient prendre la réciprocité dans le cadre de l’hospitalité institutionnelle où elle ne peut surgir naturellement, mais également s’assurer qu’elle trouve un espace dans les initiatives citoyennes.

    Michel Agier voit dans le #récit_de_soi, livré par les personnes accueillies, une pratique de la réciprocité. L’accueil trouvé auprès d’une famille ou d’un foyer par une personne venue chercher un refuge en Europe ce serait le don. L’histoire de son exil racontée à ses hôtes serait le contre-don. Pourtant une analyse différente peut être faite : dans ces circonstances, le récit entendu par les hôtes relève d’une injonction supplémentaire adressée aux personnes venues chercher un refuge. Qu’elle soit implicite ou ouvertement exprimée, cette injonction structure la relation de domination qu’ielles trouvent à leur arrivée. C’est pourquoi le #récit ne peut représenter cette réciprocité nécessaire à l’instauration de l’égalité.

    La place de la réciprocité et l’égalité dans les relations qui se nouent autour des actes d’hospitalité se jouent à n’en pas douter autour des représentations de personnes auxquelles ces pratiques s’adressent : les discours dominants, qu’ils soient médiatiques ou politiques, construisent les personnes venues chercher un refuge comme des #victimes. S’il serait injuste de ne pas les voir comme telles, en revanche, ce serait une #instrumentalisation de ne les voir que par ce prisme-là. Ce sont avant tout des personnes autonomes et non des victimes à assister. L’#autonomie respective des protagonistes de l’acte d’hospitalité ouvre l’espace pour la réciprocité.

    #Politisation

    Le 21 décembre 1996, au Théâtre des Amandiers de Nanterre où avait été organisée une soirée de soutien à la lutte des « sans papiers », #Jacques_Derrida s’émeut de l’invention de l’expression « #délit_d’hospitalité » et appelle à la #désobéissance_civile. Suite à l’adoption d’une loi qui prévoit un tel délit et des sanctions jusqu’à l’emprisonnement, le philosophe invite à défier le gouvernement en jugeant librement de l’hospitalité que nous voulons apporter aux personnes irrégularisées. Avec cet appel, il transforme une opposition binaire qui mettait face à face dans ce conflit l’État et des immigré·es, en un triangle avec l’intervention des citoyens. Il appelle à la politisation de l’hospitalité.

    De son côté, Anne Gotman reconnaît le sens politique de la sphère privée quand elle devient refuge. Cette politisation s’exprime également par la mutation du geste d’hospitalité initial qui est action #humanitaire et d’#urgence à la fin de l’été 2015, quand les citoyen·nes ouvrent leur maison, offrent un lit et un repas chaud. En réalité, ielles créent les conditions d’un accueil que l’État se refusent à endosser dans l’objectif de dégrader les conditions de vie des personnes venues chercher un refuge pour les décourager. L’action citoyenne est de ce point de vue une #opposition ou une #résistance. Cette #dimension_politique devient consciente quand les citoyen·nes côtoient le quotidien des personnes en recherche de refuge et découvrent le traitement administratif qu’ils et elles reçoivent. Cette découverte crée une réaction d’#indignation et pose les bases d’actes de résistance conscients, de l’ordre de la #désobéissance.

    –-

    * Ceci dit, l’association des villes et territoires accueillants, l’ANVITA, a vu récemment le nombre de ses adhérents considérablement augmenter : en novembre 2021, elle compte 52 membres-villes et 46 membres élu·es.

    –-> Intervention présentée à la semaine de l’Hospitalité, organisée entre le 13 et le 23 octobre par la métropole du Grand Lyon

    Références :

    – « Philosophie /et/ politique de la migration », Étienne Tassin, éditions Raison publique, 2017/1 n°21, p197-215

    – Le sens de l’hospitalité. Essai sur les fondements sociaux de l’accueil à l’autre, Anne Gotman, PUF 2001

    – Lettres à la Guinée-Bissau sur l’alphabétisation : une expérience en cours de réalisation, Paulo Freire, Maspero, 1978

    – Hospitalité en France : Mobilités intimes et politiques, Bibliothèque des frontières, Babels, Le passager clandestin, 2019, coordonné par Michel Agier, Marjorie Gerbier-Aublanc et Evangéline Masson Diaz

    – « Quand j’ai entendu l’expression “délit d’hospitalité”… », Jacques Derrida, Intervention retranscrite, 21/12/1996 au Théâtre des Amandiers ; http://www.gisti.org/spip.php?article3736

    https://blogs.mediapart.fr/modop/blog/221121/quelle-hospitalite-est-encore-possible-aujourd-hui

    ping @karine4 @isskein

  • Témoignages sur la #violence coloniale : la campagne internationale menée dans l’entre-deux-guerres contre le #Travail forcé | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2008-2-page-199.htm?contenu=article

    Annotations :

    En juin 1925, alors que la commission temporaire de l’esclavage procédait à une enquête sur la façon de mettre fin à l’esclavage dans le monde, un rapport troublant lui fut soumis. Contrairement à d’autres rapports reçus par la commission qui décrivaient l’existence de l’esclavage principalement dans des pays autonomes non européens comme la Chine et l’Abyssinie, celui-là faisait état de violences généralisées en Angola et au Mozambique, territoires portugais, c’est-à-dire placés directement sous contrôle européen. Soumis à la SDN par d’éminents éducateurs et philanthropes américains, ce rapport avait été rédigé par Edward A. Ross, professeur à l’université du Wisconsin, l’un des plus grands sociologues américains de son temps 2f[2][2]Archives de (...)

    #OIT #esclavage #Colonialisme #.articles_revues

  • Au nom du père - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=2zZRFJ1oXHA

    Sur la transmission du nom de famille

    #inertie #patronyme

    L’article du philosophe William MacAskill évoqué dans la vidéo : https://www.theatlantic.com/sexes/archive/2013/03/men-should-consider-changing-their-last-names-when-they-get-married/273718

    Un article de la sociologue Virginie Descoutures sur le nom des femmes et sa transmission : https://www.cairn.info/journal-mouvements-2015-2-page-43.htm

    Les statistiques de noms donnés aux enfants en France pour 2014 : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1379722

    Et la même chose pour 2017 : https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/double-noms

    Par curiosité, j’ai cherché des données sur la transmission du nom du père au Royaume-Uni et je n’ai pas réussi à en trouver. Si vous en trouvez (ou si vous trouvez pour d’autres pays ou pour d’autres années en France, ce sera toujours intéressant), envoyez-moi le lien et j’ajouterai ça ici.

    Sommaire

    0:00 - Intro. Un point aveugle moral
    2:59 - Une norme hégémonique
    4:27 - Que dit la loi ? Égalité formelle et non réelle
    6:58 - Le poids du statu quo
    9:05 - Quelle norme alternative ?
    11:05 - Le cas du Royaume-Uni et de Will MacAskill
    12:53 - La norme actuelle satisfait-elle le principe de tort ?
    14:49 - Conclusion. Quel avenir ?

    Ah et n’oublions pas la vidéo drôlatique sur les noms dans les RPG : https://youtu.be/gzBZFArR4mc

  • Participations à l’#ordre
    Dossier coordonné par Guillaume Gourgues et Julie Le Mazier

    Ce numéro, dont vous trouverez ci-dessous la table des matières, regroupe des articles portant sur la #mobilisation de #volontaires, non professionnel·les, pour des #missions_de_sécurité ou de défense, qu’elle soit ou non tolérée, approuvée voire initiée par l’État. En explorant des contextes et des dispositifs différenciés, aussi bien au nord qu’au sud, et selon des méthodes et des approches théoriques plurielles, les articles montrent que loin de remettre en cause les prérogatives de l’État, la « participation à l’ordre » (et ses déclinaisons) constitue une #technique_de_gouvernement. Conçue pour retisser des liens sociaux, moraux ou politiques supposément défaits, en façonnant l’engagement, la « #civilité » ou le « #civisme », ou encore les #sociabilités_locales, elle vise à produire de « #bons_citoyens » ou de « #bonnes_citoyennes ». Entre logique gouvernementale et réappropriation des dispositifs par des participant·e·s à la recherche de rétributions matérielles et symboliques, cette #participation_à_l'ordre se présente comme un point nodal d’une forme de « #gouvernementalité_participative » en pleine expansion.

    « Introduction. Participations à l’ordre et participations conservatrices »
    Guillaume Gourgues, Julie Le Mazier

    « La #sécurité est-elle vraiment "l’affaire de tous" ? Les limites de la #participation_citoyenne en France dans un domaine typiquement régalien »
    Virginie Malochet

    « Quand la #gendarmerie devient participative : l’engagement des voisin·es dans les réseaux officiels de #vigilance en #France »
    Eleonora Elguezabal

    « La #surveillance a-t-elle une couleur politique ? Cercles de vigilance, capital social et compétition municipale dans des espaces périurbains en France »
    Matthijs Gardenier

    « Démocratiser le fusil. L’imagination composite d’une #citoyenneté_coercitive en #Ouganda »
    Florence Brisset-Foucault

    « #Policiers_vigilants et #vigilants_policiers. #Community_policing et division du travail policier en milieu urbain au #Malawi »
    Paul Grassin

    « Hiérarchies sociales, réforme morale et précarité économique au sein de l’#Oodua_People’s_Congress : de l’expérience vigilante radicale au travail de sécurité à #Lagos (#Nigeria) »
    Lucie Revilla

    « La certification d’un #citoyen_secoureur en #Chine contemporaine. Établir et représenter a posteriori la vertu d’un acteur au sein d’une arène de droit »
    Chayma Boda

    « Lecture critique. Participer à la modération sur les #réseaux_sociaux : définir, appliquer et contester les règles »
    Romain Badouard

    https://www.cairn.info/revue-participations-2021-1.htm
    #revue #ordre_public

    ping @davduf

  • Les mondes logistiques, De l’analyse globale des flux à l’analyse située des pratiques de travail et d’emploi, Carlotta Benvegnù, David Gaborieau, Travail et emploi 2020/3 (N° 162), pages 5 à 22 | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-travail-et-emploi-2020-3-page-5.htm

    En France, le secteur de la logistique, hors transport, regroupe à lui seul près d’un million d’emplois . Il s’agit en grande majorité d’emplois ouvriers, disséminés dans des ports et des aéroports, dans des entrepôts de la grande distribution, de la messagerie, du e-commerce ou de l’industrie. Au sein du monde ouvrier, les logisticiens représentent désormais 13 % des emplois contre seulement 8 % dans les années 1980 , un basculement observable dans la plupart des pays occidentaux. Pourtant, jusqu’à une période très récente, la recherche française s’est peu penchée sur le versant ouvrier de ce secteur, privilégiant des approches organisationnelles ou managériales (Tixier et al., 1996). Ou du moins, elle n’a pas accordé une place centrale aux mécanismes de recrutement et de gestion de la main-d’œuvre, de circulation de celle-ci et aux formes de résistances et d’aménagements qui peuvent émerger, ce qui est l’ambition principale de ce dossier. Les dockers faisaient parfois office de parangons, alors qu’ils représentent moins de 1 % de l’emploi logistique. Les entrepôts, notamment, sont restés dans les coulisses des grandes entreprises et, plus largement, dans les coulisses d’un système économique qui s’appuie en partie sur eux.

    Cette invisibilisation a été favorisée par le développement de la sous-traitance, qui permet aux grands groupes, tels que Carrefour ou Amazon, de mettre en avant leur « cœur de métier » (le commerce pour Carrefour, la vente en ligne pour Amazon) afin de valoriser leur activité et leur image. Elle résulte également de la diffusion des théories managériales du flux tendu, qui décrivent, souvent de manière très abstraite, la circulation des biens et des matières comme un processus lisse et ininterrompu. Difficile de percevoir l’entrepôt, sa matérialité et sa centralité, dans un contexte où le modèle toyotiste prône le « zéro stock » comme mode de fonctionnement. Bien qu’une forme de reconnaissance institutionnelle du secteur ait progressivement émergé au cours des années 1980 sur le plan scientifique (dans le cadre des sciences de gestion notamment ; Tixier et al., 1983), administratif (au niveau des politiques publiques  et de la refonte des professions et catégories socioprofessionnelles [PCS]) et scolaire (avec l’apparition de formations et diplômes en logistique), elle s’est faite en grande partie au prix de l’effacement symbolique du travail concret de stockage et de manutention des marchandises. Plus largement, l’invisibilisation du travail logistique s’inscrit dans un contexte socioéconomique marqué depuis une quarantaine d’années par les phénomènes complexes et multiformes de désindustrialisation (Deshayes, Lomba, 2017) et par les débats publics qu’ils ont suscités, qui associent très souvent les dynamiques de tertiarisation de l’économie, les fermetures d’usines, les délocalisations et les restructurations productives à la disparition du monde ouvrier dans son ensemble. À rebours de ces discours, des travaux récents sur le travail et l’emploi dans différents segments du secteur tertiaire ont mis en lumière l’émergence de nouvelles contraintes et normes de type industriel dans des activités de service (Pinto et al., 2000 ; Buscatto, 2002 ; Monchatre, 2010 ; Bernard, 2012), en lien avec l’informatisation des tâches, la quête de « fluidité productive » (Vatin, 1987) et les théories du lean management (Dubet, 2019). De ces enquêtes, se dégagent une dynamique de recomposition interne au groupe ouvrier, ainsi que son prolongement dans de nouveaux segments du monde du travail, diversifiés du point de vue de l’activité exercée, mais également marqués par la précarité de l’emploi, les tâches répétitives et pénibles, les maigres possibilités de carrière et un contrôle accru sur l’activité. Des traits qui caractérisent d’ailleurs aussi les nouveaux emplois du « capitalisme de plateforme » (Srnicek, 2018 ; Abdelnour, Méda, 2019), où l’indépendance formelle est contredite par le contrôle à distance des prestations combinant évaluation par les clients, incitations économiques et surveillance numérique (Brugière, 2019). Si le monde ouvrier semble disparaître dans les pays du capitalisme avancé, c’est donc avant tout en raison d’un certain « ethnocentrisme de classe » (Mischi et al., 2013), qui se limite à constater le déclin des forteresses industrielles et empêche de regarder les lieux où le travail ouvrier s’est progressivement déplacé.

    #Logistique #travail #travail_concret #travail_ouvrier #précarité_ouvrière

  • Y a-t-il eu plus d’abus sexuels dans l’Église que dans le reste de la société ?
    https://fr.aleteia.org/2021/10/06/il-y-a-t-il-eu-plus-dabus-sexuels-dans-leglise-que-dans-le-reste-de-la-s

    Le rapport sur les abus sexuels commis au sein de l’Église depuis 1950, publié mardi 5 octobre met en évidence un taux de prévalence effarant. Cet indicateur permet de comparer le nombre de victimes mineures dans le milieu clérical à d’autres environnements sociaux …

    Nombre de victimes, nombre de prêtres prédateurs… Les chiffres du rapport sur les abus sexuels commis au sein de l’Église depuis 70 ans sont glaçants. Et il en est un tout particulièrement effarant : le taux de prévalence. Ce taux permet de comparer le nombre de victimes mineures dans le milieu clérical à d’autres environnements sociaux (l’école, la famille, les associations sportives…). L’Inserm a ainsi mené, dans le cadre du rapport de la commission indépendante chargée de faire la lumière sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) une enquête auprès de 28.000 personnes afin de situer la prévalence des abus sur mineurs dans l’Église catholique par rapport au reste de la population.

    Un taux de prévalence deux à trois fois supérieur
    Et il s’avère que l’Église catholique est davantage concernée par les violences sexuelles commises sur mineurs que d’autres institutions telles que les associations sportives ou encore les écoles…). Le taux de prévalence y est de 0,82%, soit deux à trois supérieur à celui d’autres milieux : 0,36% dans les centres et colonies de vacances, 0,34% dans l’école publique (hors internats) et 0,28% dans le sport. Il demeure néanmoins bien plus faible que le taux de prévalence dans les cercles familiaux et amicaux, principaux lieux des violences sexuelles sur les enfants.3,7% des personnes majeures vivant en France en ont été victimes.

    À noter que le taux de prévalence des abus sexuels commis sur mineurs au sein de l’Église a été calculée sur 70 ans, c’est-à-dire entre 1950 et 2020. Ce taux a progressivement baissé au fil des années jusqu’à approcher 0,30% depuis les années 1980.

    • On dirait un journal catholique
      Ca commence par l’euphémisme habituel : l’abus du mot abus. Si il y a des « abus sexuels sur mineurs » est-ce-que ca veut dire qu’il faut préféré une « modération sexuelle sur mineur » ? Ca me fait toujours pensé à ce slogan contre l’abus d’alcool, « l’abus sexuel sur mineur est dangereux pour la santé, consommez (le sexe sur mineurs) avec modération. »

      Sinon pour l’article qui conclue par cette phrase rassurante pour les catholiques ; « Ce taux a progressivement baissé au fil des années jusqu’à approcher 0,30% depuis les années 1980 » Mais le rapport dit que ce taux se remet à augmenté par la suite, les violences sexuels par les religieux sont très sous déclarées, les victimes priées de se taire et particularité de l’église les agresseurs sont soustraits à la justice et placés à nouveau auprès d’enfants et « condamnés » à faire un pèlerinage, autant dire des vacances gratuites. Le rapport souligne que dans l’éducation nationale par exemple les enfants sont plus écoutés et les agresseurs mieux écartés car il n’y a pas la même implication des fonctionnaires de l’éducation nationale vis à vis de l’institution que des clercs vis à vis de la « Sainte Eglise ».

      Enfin le titre est aussi biaisé car il fait dire ce qui n’a pas été dit aux personnes qui ont fait le rapport. Le rapport dit bien et à chaque fois que les violences sexuelles sur mineurs sont plus nombreuses que dans le reste de la société HORS FAMILLE et le rapport souligne les liens entre son objet et celui de la commission sur l’inceste.

      Je sais pas quel est ce journal mais je voit qu’il a un besoin pressant de décrédibilisé le rapport et d’atténué ce qu’il dit sur les catholiques, leurs religieux et leur institution.

    • Le site est effectivement catholique et s’en revendique clairement. Son nom aletheia signifie la vérité en grec.

      Qui sommes-nous ?
      https://fr.aleteia.org/qui-sommes-nous

      Notre histoire
      Depuis son lancement en 2013, le projet est soutenu par la Fondation pour l’Évangélisation par les Médias (FEM), créée à Rome en 2011, présidée aujourd’hui par S.A.S le Prince Nikolaus de Liechtenstein, et qui a pour but de promouvoir la présence de L’Église dans les médias.

      A partir de juillet 2015, le groupe français Média-Participations est devenu l’Opérateur industriel d’Aleteia. Media-Participations est un groupe multi-médias franco-belge, spécialisé dans l’édition (plus de 40 éditeurs), la presse (10 magazines), la production audiovisuelle et les sites internet. Depuis lors, Aleteia développe une nouvelle stratégie éditoriale, plus centrée sur l’information et le lifestyle.

      Aleteia a pour ambition de devenir un des dix plus grands sites internet au monde, pour le service du milliard et demi de catholiques qui peuplent notre Terre : pour leur offrir un média digne d’eux et de leur foi.

      Liens avec L’Église
      Aleteia est une initiative lancée par des laïcs catholiques indépendamment de la structure ecclésiale ; cependant, le lancement d’Aleteia a bénéficié de l’accompagnement du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales et du Conseil Pontifical pour la Nouvelle Évangélisation. Son activité éditoriale se développe en ligne avec le Magistère du Pape François, en collaboration avec le Secrétariat pour la Communication du Saint Siège. En outre, des conférences épiscopales, des ordres religieux et des communautés figurent parmi les membres du conseil d’administration de la FEM.

    • Médias-Participations, 4ème groupe éditorial en France (source WP) s’est constitué en regroupant un ensemble de petites éditions religieuses et est bien connu pour sa stratégie d’achats tous azimuts dans les années 80, à l’époque, on parlait du #Groupe_Ampère

      Média participations — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dia_participations

      Média-Participations Paris est un groupe d’édition, de presse et de production audiovisuelle franco-belge fondé en 1986 par l’avocat d’affaires et ancien ministre Rémy Montagne. Né initialement de la fusion des éditions Fleurus et des éditions Mame, le groupe est en 2019 le quatrième plus grand groupe éditorial en France en termes de chiffre d’affaires après le rachat du groupe La Martinière.

      Le « groupe Ampère », ou la tentative avortée de reconquête catholique des esprits dans les années 1980 | Cairn.info
      https://www.cairn.info/histoire-secrete-du-patronat-de-1945-a-nos-jours--9782707178930-page-425.htm

      (article à péage)

    • La maison de la bonne presse (sic). Le Groupe Bayard Premier groupe de presse catholique et 5e groupe de presse en France par la diffusion,créé en 1873 par la congrégation religieuse catholique des Augustins de l’Assomption. Cette congrégation est aujourd’hui encore la propriétaire exclusive du groupe et du journal La Croix par exemple.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_Bayard
      https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Croix
      https://seenthis.net/messages/506033