La guerre véritable

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  • Avariances | Premières démarques révolutionnaires
    https://avariances.wordpress.com

    Aux amis des amis qui lui restent,

    à propos de sa Guerre véritable

    Remarques au sujet d’un texte trouvé sur le site de propagande #lundi_matin.
     

    Je vous en conjure, mes frères, restez fidèles à la terre et ne croyez pas ceux qui vous parlent d’espoirs supraterrestres ! Ce sont des empoisonneurs, qu’ils le sachent ou non. Ce sont des contempteurs de la vie, des moribonds et des empoisonnés eux-mêmes, de ceux dont la terre est fatiguée : qu’ils s’en aillent donc !
    Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

    En un mot le #moi a deux qualités. Il est injuste en soi en ce qu’il se fait centre de tout. Il est incommode aux autres en ce qu’il les veut asservir, car chaque moi est l’ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres. Vous en ôtez l’incommodité, mais non pas l’injustice. Et ainsi vous ne le rendez pas aimable à ceux qui en haïssent l’injustice.Vous ne le rendez aimable qu’aux injustes qui n’y trouvent plus leur ennemi. Et ainsi vous demeurez injuste, et ne pouvez plaire qu’aux injustes.
    Pascal, Les Pensées

    Mais, direz-vous, quel objet a-t-il en tout cela ? Celui de se vanter demain entre ses amis de ce qu’il a mieux joué qu’un autre. Ainsi les autres suent dans leur cabinet pour montrer aux savants qu’ils ont résolu une question d’algèbre qu’on n’aurait pu trouver jusqu’ici. Et tant d’autres s’exposent aux derniers périls pour se vanter ensuite d’une place qu’ils auront prise, aussi sottement à mon gré. Et enfin les autres se tuent pour remarquer toutes ces choses, non pas pour en devenir plus sages, mais seulement pour montrer qu’ils les savent, et ceux-là sont les plus sots de la bande, puisqu’ils le sont avec connaissance, au lieu qu’on peut penser des autres qu’ils ne le seraient plus s’ils avaient cette connaissance.
    Pascal, Les Pensées

     

    Nous avons voulu lire La guerre véritable, et dix fois au moins nous avons verdi. Il aura fallu du temps, plusieurs mois, pour que la nausée passe un peu, que les mots trouvent leur chemin et que se formule quelque chose qui puisse saisir cette abjection, et donne corps au refus nécessaire de cette prose avariée. Puissent les relents qu’elle exhale écarter de ce mauvais chemin ceux qui s’y seraient perdus, depuis longtemps même. Il est grand temps. L’ignominie de ce texte, qui ne fait qu’exacerber une manière détestable de penser, de voir le monde, de le comprendre, de s’adresser aux autres qu’ON déploie depuis plusieurs années maintenant, aura, nous l’espérons, le mérite d’ouvrir les yeux à la progéniture des entichés du dévoilement. Avariance donc, un concept qui consonne avec un de ceux de l’ultra-gauche officielle vieille version, et se trouve mis ici à disposition de ceux qui fréquentent encore les marchands de communauté humaine, — avant l’heure d’ailleurs, puisqu’en bonne secte alternative, quel bonheur, on pratique déjà le communisme comme d’autres la philatélie —, pour qu’ils puissent nommer ce qu’ils quittent.

    Après des événements comme les #massacres du 13 novembre dernier, ON ne peut quand même pas dire n’importe quoi, et ce qu’en d’autres circonstances ON a pu faire passer pour une tournure d’esprit subtile et nouvelle, aux accents provocateurs, promettant d’ouvrir des possibles subversifs, fait l’effet d’un mauvais spot publicitaire exhibant avec cynisme des postures aussi obscènes qu’attendues. Pascal, utilisé comme une cerise pourrie sur ce gâteau faisandé, vient ici servir de caution snobinarde, un glaçage dissocié sur un appareil raté, à ce raisonnement aussi profondément philosophique qu’un clip de #Daesh. Pour ce mauvais coup-là, ON a dû puiser dans les méandres des raisonnements les plus jésuitiques conservés certainement, malgré le chemin parcouru depuis, de ce qu’on appelle une bonne éducation. Tout le monde le savait, mais là, c’en est trop.

    • Pascal se retrouve promu général en chef de Daesh, [or] les Pensées pourraient se lire comme un manifeste anachroniquement anti-appelliste.

      " si on doit déglinguer tous ceux qui se divertissent, c’est plus qu’un génocide qu’il faut programmer. "

      "ON nous propose d’ailleurs l’éloge de ces terroristes qui n’ont pas peur de la mort. Viva la Muerte, encore."

      "est-ON donc si impuissant à commettre le moindre crime qu’il faille ainsi justifier ceux des autres ? "

      " Ce qui est formidable avec le Parti Imaginaire, c’est qu’il peut être dégueulasse sans avoir rien fait. "

      « Et maintenant il faut des armes » .... pour fusiller « hipsters, athées,chrétiens, libertins, alcooliques, baiseurs et baisés ».

      ON va même jusqu’à dénoncer ce « vice chrétien » qui consisterait à « défendre quelqu’un parce qu’il est attaqué »

      http://seenthis.net/messages/428725

      #destitution_de_la-sensibilité

    • Foin des esprits forts ! Cette avariance qui s’enorgueillit de ne point croire a tout du spectre faible...

      Que de moyens déployés, et quelle sépulcrale grandiloquence pour parvenir à réduire à un véritable autisme ce qui relève tout de même, la phraséologie en moins, d’un exercice de #Soliloque_blanc des plus communs et des plus accessibles à ce qu’il reste aujourd’hui en France d’indécrottables nostalgiques de la Vraie Révolution Occidentale, qu’il s’agisse du modèle 71 modifié 68 , du modèle Makhno modifié Durutti, - ou de leurs concurrentes autoritaires. Depuis le caveau sourd et aveugle d’où nous est parvenu ce codicille, à qui donc ces derniers sous-sous-pro-situs s’imaginent-ils parler - et dans quel monde s’imaginent-ils le faire ?

      Leurs invocations à jouir sans entraves en toute innocence, soigneusement rédigées dans les formes - lardées des italiques de rigueur et illustrées d’une gravure so XVIIème sentent tout de même leur formol à plein nez - et l’adhésion rassurante à plus d’un fétiche moderne désormais mal en point. Quelle misère de s’enivrer aux exhalaisons de semblables amours nécrophiles !
      L’histoire, elle, n’est pourtant pas morte, mais ces gens sont plus que vieux, qui peuvent bien continuer de dormir un rêve d’émancipation passé, dans sa glorieuse poussière, et trouver à s’en étourdir à leur guise. Voire, sans risquer autre chose que de susciter un vague ennui ou une franche hilarité devant une telle pétrification de la pensée, se laisser aller lorsque l’envie leur en prend, au cynique baroque, joignant le burlesque à l’incongru, d’une telle masturbation publique...

      De tels cadavres n’ont assurément plus rien à craindre de personne. J’aurai pour ma part passé quinze minutes plaisamment morbides en leur compagnie. Je leur réserve volontiers une pensée dans mes cimetières !

    • Pour la typo, ils ont plutôt pastiché Tiqqun (ON, les itals ), et pas causé de jouir sans entraves, plus personne peut faire ça depuis que la jouissance est devenue impérative...

      2016, depuis les faubourgs de la capitale de la perversion
      Blaise, Arnold, Nico, la crémière et les autres
      PS : C’est pénible, non, toutes ces petites manières typographiques, italiques et majuscules intempestives ? Raison de plus pour prendre la tangente…


      c’est un détail de
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Melencolia_de_Dürer

      mais peut-être n’avez vous pas lu « La guerre véritable », @martin5 ? là l’hilarité n’est ni franche ni légère.

    • J’ai parcouru rapidement « la guerre véritable » tout à l’heure, avant de revenir aux avariants... Je ne doute pas que ce texte (qui ne m’a pas intéressé plus que ça, plusieurs mois après les faits) puisse mériter une critique - mais certainement pas celle proposée par ces « avariant ». Mon propos vise bien les présupposés, clichés et autres fétiches embaumés qui encombrent leur prose comme leur pose.
      Pour le « pastiche », on a tout de même ici une esthétique convenue depuis au moins les premiers fascicules de l’EdN, il y a plus de trente ans, détournée contre l’EdN, reprise par des anti-industriels, reprise par Tiqqun, par d’autres pro situ sur le net... tout ça relève tout de même d’un exercice de style des plus nombriliste. (Et je reconnais volontiers être d’autant plus sensible à ce genre de complaisance que j’ai moi-même un goût immodéré pour la pointe de Dürer et de ses confrères. De là à figer mon propos dans une telle caricature formelle il y a tout de même un gouffre)

      ON nous assène ici que les attentats de novembre sont de bonne guerre. C’est parce que la France fait la guerre que des passants se sont fait tirer dessus, normal, rien à redire, fair play, puisqu’ON assimile ici tout un chacun à l’état qui nous gouverne

      Ce passage est tout de même gênant de nombrilisme et transpire le #déni. A qui nos avariants espèrent-ils faire croire ici que les occidentaux seraient les seuls à avoir des civils tués lors d’opérations militaires ou armées visant prétendument des gouvernants ? Le niveau de connivence dans le mépris raciste et de nez dans sa crasse attendu ici du lecteur, est tout de même assez insupportable.

      En effet, on n’écrit plus « jouir sans entraves » aujourd’hui.

      On exprimera plutôt son adhésion à ce cliché platement hédoniste par une périphrase (qui permettra de donner plus longuement à lire l’étendue tout aussi convenue et résolument blanche de l’idée qu’on parvient à se faire du beau rôle qu’on se réserve) :

      on s’enivrera, on baisera et on lira Nietzsche, Pascal et Apollinaire bien autant qu’on voudra, en dégustant un porc royal et en rêvant d’autres perspectives communistes et révolutionnaires, dans lesquelles la sensiblerie ne cohabiterait pas avec la justification de tels massacres, et tout ça sans doute même sans croire en Dieu.

      Onfray n’aurait pas dit mieux !

      Et on aura pris garde de déformer beyond recognition la défiance que mérite cette défunte prétention à une forme résolument idéaliste d’ #innocence_sociale , de spontanéisme 2.0 mêlé de volontarisme crassement libéral, auquel s’accrochent nos momies révolutionnaires bien qu’il soit démasquée depuis quelques temps déjà : on chausse donc doctement ses #lunettes_blanches pour être certain de ne rien écrire d’inconfortable :

      ON construit au fil du texte une figure de la détestation dont les traits sont les suivants : ceux qui ne croient en rien (les athées dit-ON aussi, si ON avait voulu être un peu plus léger on aurait pu se contenter de lever bannière contre les laïcards pour mieux épouser les moqueries d’un Médine qui raille Nietzsche et ses descendants dans sa vidéo-propagande Don’t Laïk, quand, sur les mêmes ressorts et pour arriver au même endroit, ON se l’accapare), ceux qui baisent (les libertins, dont ON sait aussi qu’en plus d’aimer baiser, ils ont cru en rien avant même la mort de dieu puisqu’ON a des lettres et qu’ON joue sur les mots), ceux qui boivent, ceux qui chantent

      quand on professe que personne n’est innocent, on entend alors, en somme, que tout le monde doit payer et surtout être puni, en l’occurrence pour les méfaits de l’État.

      On reconnaît ici l’air bien connu d’un lamento sur la culpabilisation de l’homme blanc, qui prétend situer sur le terrain clérical du reproche et de la punition ce qui ressort d’ une approche matérialiste des rapports sociaux qui, reconnue pour telle, serait alors autrement moins aisée à balayer d’un revers de manche.

      Bref, le texte initial (la guerre véritable) est peut-être très mauvais.
      Mais je tiens que le propos « avariant » n’a rien de « révolutionnaire ». Qu’il ne l’est qu’au sens où il s’agit d’une révolution pétrifiée, confite dans une nostalgie blanche assurément malheureuse - et cela en soit ne serait pas grand chose, si cela ne conduisait ses auteurs à venir prétendre asseoir leur radicalité en faisant platement chorus avec l’offensive de négation sociale que l’on peut lire et entendre partout ou presque, de l’extrême droite à l’extrême gauche, contre les tentatives de formulation de critiques et d’auto-organisations en termes actuels .

      @Koldobika

      Merci pour le lien !

    • https://lundi.am/La-guerre-veritable
      http://www.non-fides.fr/?Remarques-au-sujet-d-un-texte-trouve-sur-le-site-de-propagande-lundi-mati
      http://www.non-fides.fr/local/cache-vignettes/L250xH202/arton4886-f30e2.jpg?1475820173

      Alors, pourquoi en arrive-t-ON là ? Le chemin pris est risqué, — mais sans doute imagine-t-ON n’avoir peur de rien (trop croire au discours c’est aussi ça) —, et dans une époque attentive et intelligente, ce texte suffirait à discréditer l’ensemble d’une entreprise dans laquelle ON a beaucoup investi. Peut-être qu’il est insupportable de ne plus être l’ennemi dont on parle dans les conférences de rédaction et les ministères, insupportable que les fiches S ne soient pas pour soi seul, insupportable de voir ce qu’ON s’échinait à bâtir comme le monopole de la radicalité disputé par beaucoup plus gros que soi, par ceux qui ont encore beaucoup moins peur et se donnent beaucoup plus de moyen pour enrôler. ON constate que les attentats ont suscité « des crises d’hypocrisie », peut-être une manière de confesser une autre crise qui serait à l’origine de ce texte, une crise de jalousie sinistre, qui conduit, ON a du savoir faire et de la réthorique, à ce devenir flagorneur et courtisan. A vouloir toujours être le méchant, ON se voit déjà calife à la place du calife, mais is it a so good idea ? Certes, les désertions ne sont pas aussi nombreuses pour le plateau des Mille Vaches que pour la Syrie, les communes sont moins populeuses que les faubourgs de Raqqa, et c’est peut-être rageant. Alors qu’ON s’est mis en situation de faire commerce auprès de quelques générations d’étudiants en mal de sensations, d’un millénarisme en quête de radicalité comme placebo d’expériences de luttes réelles et pour combler les besoins de premiers émois, ON ne tient sans doute plus trop en place quand ressurgit un autre fanatisme plus conséquemment nihiliste. Peut-être aussi qu’en bon épicier, on a besoin de temps en temps, pour redonner de l’attrait à la marchandise et de la hauteur à la courbe des ventes, de dynamiser radicalement la com’, comme tous les dealers de came surcoupée qui, alors que le produit ne fait plus tellement recette, le coupent encore, en guise de dernières cartouches, avec des composants de substitutions plus forts. Espérant mieux satisfaire une clientèle en passe de se lasser.

    • http://www.lesinrocks.com/2016/10/04/actualite/medias-actualite/net-linsurrection-cest-site-lundi-matin-11869020

      Depuis le printemps, le site Lundi matin est le fer de lance de la contestation contre la loi Travail “et son monde”. Avec une rhétorique proche de celle du Comité invisible, il annonce tambour battant que “la présidentielle n’aura pas lieu”. Enquête sur un objet médiatique non identifié.

      https://seenthis.net/messages/428725 via lundimatin

    • Des attaques simultanées, une prise d’otages, menées par plusieurs tireurs et au moins un kamikaze : c’est le scénario-cauchemar, que craignaient depuis des mois les services antiterroristes, qui s’est déclenché vendredi soir à Paris. ... leur but est de tenir dans le temps, pour que les médias puissent s’accrocher à l’événement, le diffuser en direct pour un maximum de publicité",...

    • @thibnton, sans doute ais-je je tort de prendre ta remarque au premier degré mais... Un Mac do (un peu trop vide) à Saint Denis, un resto rue de charonne avec des plats du jour à 9,5€, c’est pas hipster at all . Pour ce qui est de la rue de charonne, je connais le coin, ils n’ont pas visé les lieux coûteux, voire carrément luxueux (l’embourgeoisement galope ici depuis la construction de l’Opéra Bastille) qui s’y trouvent. Ils ont assassiné en visant un mode de vie qui est, de façon différenciée certes, celui du #loisir après la semaine de boulot, celui des retrouvailles conviviales, de la conso culturelle (souvent horripilante mais) banale, même si c’était dans une salle appartenant à Lagardère, ce dont ils avaient probablement pas plus à foutre que le #public présent.
      Paris n’est d’ailleurs pas seulement un fief des élites françaises mais aussi une ville très polarisée socialement (80 000 RSAstes, 250 000 titulaires de la CMU, etc.).

    • Tu as raison @colporteur, merci pour les précisions, je faisais plutôt référence à la rue Bichat et au resto « Le petit Cambodge », mais tellement de lieux ont été touchés en même temps… Dans tous les cas, comme on dit, "RT are not endorsement" et je note également cette phrase dans l’article de Fusion :

      This is not the side of Paris seen by tourists or business travelers; rather, it’s an area where actual Parisians and people from the banlieues hang out and mix together. They might have gentrified, yet these neighborhoods have retained their proletarian and ethnically-mixed flavor. That whiff of authenticity is part of the neighborhood’s attraction for Parisian Bobos, as they call themselves. The banlieues are the cities and housing projects surrounding Paris, where most of the French youth of immigrant descent live (contrary to popular imagination, the banlieues are far from desolate ghettos, “no-go zones” or breeding grounds for jihadists: they are difficult yet vibrant and dynamic places).

    • Poster ici tempérerait l’inévitable sidération ? Pas regardé les suites. Répondu à quelques demandes de nouvelles.
      On verra quand et comment les autorités nous annonceront les avancées de l’enquête, les perquises et arrestations (les G-à-V seront tenues secrètes ou claironnées ?). Le traitement médiatique d’hier a été fort policé par rapport à celui de janvier.
      Sinon, la rue Bichât c’est au moins deux mondes, celui de la branchitude de jeunes et moins jeunes, salariés et free lance du quaternaire d’un côté, venus s’installer aux abords de République, le long du canal Saint Martin (nos docklands à nous, façon Amélie Poulain revisité dans la béatitude du fun obligatoire) avec leurs lieux de loisirs, comprenant même une certaine gratuité (les bords de canal où s’installent ces gens, munis de leurs propres victuailles et boissons) et d’autre part (vers la rue du fbg du temple), un reste d’habitat prolo et immigré, dont des taudis.
      Certes, je pige pas bien les moeurs de ces « nouveaux parisiens » dont certains sont pas si thunés, parfois stagiaires, souvent précaires même si lorsqu’ils sont employés ou prestent, ils peuvent être « bien payés », et qui raquent des loyers exorbitants et paraissent claquer un blé monstre en fringues, troquet, restos et autres sorties. Ce pouvoir d’achat ostentatoire excite l’envie, et un chouïa de haine de classe. Mais ça reste très surprenant, comment font-ils ? Voulais voir le différentiel du revenu médian parisien avec d’autres revenus médians locaux (étant bien en dessous quoi qu’il en soit) pour me figurer une peu mieux la chose, et puis n’ai pas cherché.

      Quant au petit Cambodge, j’ai regardé où ça en est sur le net, ce n’est pas si cher que ça, vu ce qui se pratique à Paris. Une success story porté par la dynamique du quartier. Je me souviens y avoir mangé une fois il y a fort longtemps avant qu’ils s’installent là où ils se sont fait mitrailler hier.

      Avec la militarisation de Paris, la manif prévue demain avec les migrants évacués hier matin par la police de République sera probablement interdite. Aujourd’hui on es déjà privé de piscines, bibliothèques, cours... vais voir si le marché a bien lieu, histoire de goûter peut-être une autre salade que celle de l’état d’urgence.

    • Face au « terrorisme », nous - occidentaux en général, et, ces jours-ci, français en particulier - avons surtout un vrai problème de #nombrilisme.

      « notre mode de vie » (dans les commentaires ci dessus), « nos libertés », « nos valeurs » (plus généralement ailleurs dans les média).

      Ben voyons.

      Comme si ces mêmes modes de vie, valeurs, liberté, valaient et avaient jamais valu aussi pour les non européens. Comme si les non-occidentaux avaient pu jouir de similaires - ou seulement de pouvoir vivre en paix là où ils se trouvaient sans être envahis, colonisés, expropriés, exploités, exterminés ou réduits en esclavage - tandis que les occidentaux élaboraient glorieusement ces valeurs sur le dos du reste du monde, pour leur usage exclusif.

      Ce ne sont pas ses « valeurs », son « vivre ensemble » (entre nous, hein), sa « démocratie » et j’en passe et de plus éculées qui sont attaquées : ce sont plus sûrement quelques bribes des pratiques habituelles de l’occident qui lui reviennent désormais à la figure chez lui, à la maison.

      Le temps de l’innocence coloniale est terminé. La brutalité des attaques, leur irruption dans nos petites vies est assurément sidérante, et dramatique. Mais jouer les innocents, les non-concernés, les surpris n’est plus de mise.

    • Le Monde a décidé de publier le nom [des morts] quand leur disparition a été confirmée par un membre de la famille ou leur employeur. Cette liste a vocation à évoluer.

      http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/15/guillaume-quentin-marie-les-victimes-des-attentats-du-13-novembre_4810428_48

      Cela donne une idée, vague, des appartenances sociales, déformée par les coutumes en vigueur, personne ne sera désigné par un employeur ou une famille comme chômeur ou chômeuse, on dira plutôt une qualification que la fonction réellement exercée qui dirait quelque chose du revenu disponible, par exemple. Sans compter que ce sont ici les familles qui ont de l’estime pour ce journal et ce qu’il représente qui donneront leur accord à ces mentions.

      Pour @lundimatin
      http://seenthis.net/messages/428725

      Il n’y a pas à défendre « la France » – c’est quoi déjà, « la France » ? -, Paris, les branchés, le foot ou le rock parce qu’ils ont été frappés. La Une de Libé sur les attentats n’efface en rien celle qui était annoncée initialement, et qui portait curieusement sur le chancre social et humain que sont les hipsters dans le cœur des métropoles, et plus particulièrement de Paris. La sorte de coup d’État émotionnel qui a voulu, en janvier dernier, faire de Charlie Hebdo « la France » ne parviendra pas, cette fois, à imposer l’identification à une certaine forme de vie métropolitaine. La petite-bourgeoisie cognitivo-communicationnelle, l’éclate, la drague, le salariat branché, l’hédonisme du trentenaire cool, n’arriveront pas à se faire passer pour « notre mode de vie », « nos valeurs », ni même pour « la culture ». C’est une certaine forme de vie, comme il y en a tant d’autres dans cette époque, dans ce pays, et qui ne suscite pas que de la tendresse. L’instrumentalisation des attentats par certains propagandistes afin d’assurer l’hégémonie morale de cette forme de vie-là ne peut que contribuer à la rendre haïssable.

      Etat d’urgence
      http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-etat-d-urgence-2015-11-16

      Samedi, dans l’urgence, quatre reporters des Pieds sur Terre sont descendus en bas de chez eux, à Lyon, Saint-Denis, et Paris Xe. Ils racontent.