Jacques Krynen, L’État de justice. France, XIIIe-XXe siècles. I. L’idéologie de la magistrature ancienne

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  • Jacques Krynen, L’État de justice. France, XIIIe-XXe siècles. I. L’idéologie de la magistrature ancienne
    http://journals.openedition.org/chs/1583

    Mettant en évidence un permanent et croissant rejet de la justice dite retenue, car exercée par le roi ou ses proches agents, Jacques Krynen souligne d’abord l’ambition des magistrats parlementaires à juger souverainement, au nom d’une double prétention. Parce que le roi n’est pas juriste, qu’ils considèrent faire corps avec le monarque et rappellent la dimension sacrée de la fonction de juger, les magistrats ont d’abord développé l’idée qu’ils « représentent » le monarque ; un examen précis des textes et des références fait apparaître que la représentation évoquée n’a rien d’une délégation d’autorité, à laquelle pourrait laisser penser la notion de « justice déléguée », mais ressemble à une substitution, à un véritable « transfert de souveraineté » (p. 61), le parlement se considérant comme « l’image présente de la personne absente » (p. 70). Parallèlement, les magistrats se considèrent comme les « prêtres de la justice », rappelant ainsi non seulement l’origine divine de la puissance de juger mais aussi la nature sacrée de leur fonction. Dans les mots et les discours, des arguments temporels et spirituels conduisent ainsi à défendre l’idée d’une dépossession du roi de son droit de justice