Anne Steiner : « Ce qui m’intéresse, ce sont les vies minuscules »

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  • BALLAST | Anne Steiner : « Ce qui m’intéresse, ce sont les #vies_minuscules »

    Le titre ...

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    Lorsque l’on songe à la Belle Époque, quelques images sur­gissent sans tar­der : des cor­sages per­lés, des cannes à pom­meau sculp­té et des cha­peaux à plumes. Mais, depuis plus de 10 ans, l’his­to­rienne et maî­tresse de confé­rence Anne Steiner se sai­sit de cette période pour en exhu­mer les luttes sociales : sa Belle Époque, ce sont les débuts de la CGT, l’âge d’or de la presse écrite liber­taire et des milieux dits « libres » — natu­ristes, amou­reux, végé­ta­riens. Surtout, c’est le moment où militent, écrivent et se ren­contrent de sin­gu­liers repré­sen­tants de l’un des cou­rants de la tra­di­tion anar­chiste : les « indi­vi­dua­listes ». Dans Les En-dehors, Steiner brosse ain­si le por­trait de ces hommes et de ces femmes à tra­vers celui de Rirette Maîtrejean, mili­tante et typo­graphe un temps incar­cé­rée ; avec Le Goût de l’é­meute et Le Temps des révoltes, elle res­sus­cite les com­bats d’un temps poli­tique que la Grande Guerre a clos. Nous la ren­con­trons chez elle, à Paris.

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    Oui, le terme « indi­vi­dua­lisme » est aujourd’hui mal consi­dé­ré. Il a été assi­mi­lé à tort au capi­ta­lisme, au « cha­cun pour soi » : c’est tout le contraire ! Ce que défend ce cou­rant de l’#a­nar­chisme, c’est la réa­li­sa­tion, au maxi­mum, par cha­cun de son indi­vi­dua­li­té. Au début du XXe siècle, ce mou­ve­ment est por­té par des gar­çons et des filles qui sont tous issus de familles ouvrières ou pay­sannes, et qui sont pro­mis au tra­vail dès l’âge de 12 ans. Ils sont voués à être broyés par ce qu’ils appellent « la machine sociale », et ce sans pou­voir réa­li­ser leur pleine huma­ni­té. Être indi­vi­dua­liste, alors, c’est se don­ner les moyens d’é­chap­per à ce broyage pour réa­li­ser toutes ses capa­ci­tés sur les plans intel­lec­tuels, artis­tiques, char­nels, sen­suels, ce qui est pour eux le devoir de tout être humain sur terre. Mais pour y par­ve­nir, il leur faut s’as­so­cier, ce qu’ils font en vivant en com­mu­nau­té pour mini­mi­ser les coûts et tra­vailler autre­ment, afin d’é­chap­per au #sala­riat. C’est donc à mille lieues du cha­cun pour soi, car la coopé­ra­tion est non seule­ment pos­sible mais sou­hai­table, sans jamais être for­cée. Les #indi­vi­dua­listes ne sont pas rési­gnés : ils ont des rêves, des aspi­ra­tions et se révoltent contre le fait de ne pas pou­voir s’ac­com­plir. L’école publique obli­ga­toire, dont ils sont la pre­mière géné­ra­tion à avoir béné­fi­cié, leur a ouvert une petite fenêtre sur le savoir et la culture ; elle a vite été refer­mée par le tra­vail sala­rié — et eux de s’efforcer d’élargir cette brèche.