La nouvelle revue des sciences sociales

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  • Le printemps arabe et le mythe de la nécessaire sécularisation
    http://journals.openedition.org/socio/360

    Contrairement aux espaces qui ont connu des révolutions démocratiques dans les trente dernières années, dans le monde arabe, le champ politique est marqué par la prégnance du religieux ; les principaux partis d’opposition aux régimes autoritaires sont des partis islamistes. Le paradoxe du printemps arabe est qu’un mouvement démocratique s’est produit après une trentaine d’années d’islamisation de la société et a, dans un premier temps, porté au pouvoir des partis islamistes. Comment penser ensemble islamisation et démocratisation ? En fait, l’islamisation s’est traduite par une diversification du champ religieux, en parallèle à la diversification du champ politique. Les Frères musulmans croyaient avoir le monopole du religieux dans le champ politique, ce qui les a fait peu à peu apparaître comme sectaires et a érodé leur base électorale. De nouveaux acteurs religieux, comme les salafistes, sont entrés dans le champ politique en acceptant les mécanismes de la démocratie (élections et constitution), ce qui les a amenés à accepter de fait l’autonomie du politique. La sécularisation politique, au sens où le politique et le religieux s’autonomisent l’un par rapport à l’autre, est donc possible en dehors de toute sécularisation sociétale ou culturelle. La sécularisation ne dépend pas d’une réforme religieuse.