Borne sur la LDH : si tu veux tuer ton chien, accuse le d’avoir la rage | Mediapart | 12.04.23
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Au Sénat, la première ministre a dénoncé les « ambiguïtés face à l’islamisme radical » de la Ligue des droits de l’homme et le fait qu’elle a « attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline ». Même son ministre de l’intérieur n’avait pas été si loin.
Quand on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage. Quand on veut tuer une association, on l’accuse d’« ambiguïtés face à l’islamisme radical ». Interrogée mercredi 12 avril lors des questions au gouvernement, au Sénat, la première ministre Élisabeth Borne est revenue sur les propos du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, la semaine dernière.
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« J’ai beaucoup de respect pour ce que la LDH a incarné, a déclaré Élisabeth Borne, insistant sur le fait qu’elle avait bien lu la tribune parue le jour même dans L’Humanité en soutien à l’association. Je ne comprends plus certaines de ses prises de position. Cette incompréhension n’est pas nouvelle. Elle s’est fait jour dans ses ambiguïtés face à l’islamisme radical et elle s’est confortée depuis quelques mois. Et je rappelle que cette association a attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline. »
Que reproche exactement la ministre à la LDH quand elle parle de ses « ambiguïtés face à l’islamisme radical » ?
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« Cette incompréhension est partagée par de nombreux acteurs associatifs et dans une lettre adressée hier au président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, le président de la Licra a dénoncé les dérives et la défaillance de la Ligue des droits de l’homme », a-t-elle estimé.
Dans son courrier, la Licra dénonce les prises de position de la LDH, reprises par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), dans les suites des violences de Sainte-Soline. La CNCDH avait en effet fait part de ses interrogations face au « caractère structurel des violences policières illégitimes » qu’elle a « déjà largement documenté ». Elle avait également parlé de la « quasi-impunité dans laquelle opèrent les forces de l’ordre lorsqu’elles commettent des exactions » et dénoncé « la rhétorique du ministre de l’intérieur » visant « à dénigrer les défenseurs des droits humains et les organisations de la société civile, et à menacer de toucher à leurs subventions ».