la grande inconnue pour les agents chargés d’appliquer la réforme des retraites – Libération

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  • « On ne sait pas quoi leur dire » : la grande inconnue pour les agents chargés d’appliquer la réforme des retraites | Libé | 21.04.23

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    Il y a ceux qui n’y « comprennent plus rien ». Ceux qui ont trop bien compris qu’ils devront – si la loi réformant le système de retraite, promulguée le week-end dernier, entre bien en vigueur au 1er septembre – faire du rab au turbin, alors qu’ils étaient à quelques mois du départ. Ou ceux encore qui avaient déjà quitté leur entreprise de manière anticipée grâce à des congés accumulés sur un compte épargne temps (CET) en attendant la « vraie » quille, et se demandent désormais s’ils vont devoir retrouver le bureau ou l’établi.

    Comme Pierre, employé de banque né en 1963, qui en attendant de liquider sa retraite au 1er janvier 2024 avait mis les voiles début 2022, pour notamment s’occuper de sa mère. Et qui aujourd’hui s’interroge : « Est-ce que je vais aussi devoir rendre mon cadeau de départ ? » Derrière la blague, ce Breton résume son inquiétude : « Mon entreprise m’a remplacé, elle ne veut plus de moi. Dans la banque ça va vite, je ne suis plus capable de monter un dossier de prêt. » Le quasi-retraité se demande bien comment il pourrait récupérer ses possibles nouveaux trimestres manquants. Faudra-t-il passer par la case Pôle Emploi ? « Tout ça, peste-t-il, parce que le gouvernement a fait le choix d’une application très rapide. Là, on vous sort une loi et ça change dans l’année. »

    Des gens paumés comme Pierre, combien y en a-t-il ? Beaucoup, à écouter les agents des caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) qui tentent tant bien que mal de les rassurer. En janvier, le flux d’appel a augmenté de 15 % – ce qui a conduit la direction de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) à recruter 200 CDD de « renfort » – avant de retrouver un niveau « plus normal ».
    [...]
    « On ne sait pas quoi leur dire », dit une élue CGT de la Carsat de Rhône-Alpes. Elle cite le cas d’un employé, lui aussi parti grâce à son CET : « On lui a fait une attestation comme quoi il aurait sa retraite en 2023, et maintenant on fait quoi ? Eh bien, on dit aux gens qu’on ne sait pas, que nous, on est en bas de l’échelle. Là-haut, ils ont le chic pour nous laisser nous débrouiller… »