• La droite européenne prête à tuer la biodiversité | Mediapart
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    Avant d’être soumis au vote du Parlement européen en juillet, ce règlement a été examiné au sein de trois commissions parlementaires, celles de l’agriculture, de la pêche et de l’environnement. Les deux premières ont rejeté en bloc le principe même du texte et n’ont pas voulu négocié. « C’est du quasi-jamais-vu, décrit Caroline Roose, eurodéputée Europe Écologie-Les Verts (EELV), rapporteure de l’avis de la commission pêche. C’est-à-dire qu’il n’y avait aucun accord, aucun compromis possible. Même un texte peu ambitieux, détricoté par les pressions des uns et des autres, n’était pas possible. C’est l’idée même de faire quelque chose qui n’est pas passée. »

    La dernière commission environnement, réputée plus progressiste sur les questions écologiques, n’a pas rejeté l’idée mais elle ne l’a pas validée non plus, avec 44 voix pour le rejet et 44 voix contre le rejet, lors du vote jeudi 15 juin. Une égalité qui devrait permettre, selon les règles législatives européennes, un « sauvetage » d’extrême justesse du texte. Le tout au prix de négociations affolées de dernière minute qui ont largement affaibli les ambitions de base.

    Une interminable série d’amendements de compromis ont en effet été soumis aux parlementaires de la commission. Après trois heures de vote à un rythme effréné, ils n’ont pas pu en venir à bout et la séance doit se poursuivre le 27 juin. Ce qui est également inhabituel au sein de l’hémicycle bruxellois.
    80 % de la nature européenne va mal

    Aujourd’hui, 80 % de la nature européenne est pourtant en mauvais état, selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE). On parle de forêts et de rivières qui se meurent, d’abeilles qui disparaissent. « La majorité des habitats et des espèces protégées ont un état médiocre ou mauvais », souligne l’AEE.

    En France, 17 % des espèces de faune et de flore sont menacées ou éteintes, et leur risque d’extinction a augmenté de 14 % en dix ans, selon les chiffres d’un récent rapport de l’Office français de la biodiversité (OFB). Derrière, il y a des conséquences directes pour nos sociétés. Avec l’effondrement des pollinisateurs, une grande partie des cultures est en danger. Le rétrécissement continu des forêts exacerbe les dérèglements climatiques. La pollution des cours d’eau impacte déjà la disponibilité de l’eau potable partout en Europe.
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    Cet effondrement, largement documenté par la science, est le résultat des activités humaines : les gaz à effet de serre qui réchauffent la planète et déstabilisent la nature mais aussi l’usage massif des pesticides, la surexploitation des mers et des terres ou encore la bétonisation rampante des sols naturels. « En France, ces pressions n’ont pas été réduites significativement et se sont, pour certaines, intensifiées pendant la dernière décennie », souligne l’OFB.