• Dans les territoires palestiniens, chronique d’une semaine d’occupation : une litanie de violences
    Gwenaelle Lenoir

    29 juillet 2023 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/290723/dans-les-territoires-palestiniens-chronique-d-une-semaine-d-occupation-une

    Alors que les yeux sont tournés vers les manifestations pro-démocratie en Israël, Mediapart raconte sept jours d’occupation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Les Palestiniens sont ceux qui souffrent le plus de la politique du gouvernement Nétanyahou.

    (...) Remontons au vendredi 21 juillet : Fawzi Hani Makhalfa, 18 ans, est en voiture avec l’un de ses amis. Ils habitent Sebastia, une petite ville au nord-ouest de Naplouse, la grande cité du nord de la Cisjordanie. Des soldats israéliens tirent sur leur véhicule, « l’arrosant » littéralement, selon des témoins. Fawzi est tué, son copain, blessé, est arrêté.

    Le même jour, un autre adolescent, de quelques mois plus jeune, Mohamed Fouad Atta al-Bayyed, succombe lui aussi au tir d’un militaire israélien à Umm Safa, un village proche de Ramallah, la capitale économique et administrative palestinienne. Comme chaque vendredi depuis plusieurs semaines, les habitant·es d’Umm Safa descendent dans la rue pour protester contre les agressions des colons d’une implantation voisine. Comme à chaque fois, l’armée israélienne intervient contre les Palestiniens : gaz lacrymogènes, grenades à son, tirs de balles en acier entouré d’une fine pellicule de caoutchouc – appelées à tort balles en caoutchouc – et tirs de balles réelles.
    Attaques, destructions : les colons ont les mains libres

    La veille, les forces israéliennes avaient mené des incursions dans la plupart des grandes cités palestiniennes, Hébron, Bethléem, Naplouse, Ramallah, Salfit, Jénine.

    « C’est toujours la même chose, l’armée israélienne rentre dans les villages, les camps de réfugiés et les villes en prétendant vouloir éradiquer le terrorisme, elle finit par tuer des gens innocents et détruire des infrastructures, explique Abdelfattah Abou Srour, fondateur du centre culturel Alrowwad à Bethléem. Avec le gouvernement Nétanyahou actuel, les soldats ont comme une carte blanche pour tuer. Tuer directement, sans chercher une autre issue, est devenu complètement légitime. »

    Les Palestiniens jugent que le gouvernement Nétanyahou, où siègent des extrémistes juifs, a ouvertement donné un permis de tuer aux soldats comme aux colons. Finies les précautions langagières, définitivement enterré le mythe de la « solution à deux États ». Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, suprémaciste juif, a donné le ton. Voici l’une de ses déclarations, parmi d’autres, du 23 juin dernier : « La Terre d’Israël doit être colonisée et en même temps que la colonisation de la Terre doit être lancée une opération militaire. [Nous devons] démolir des bâtiments, éliminer des terroristes, non pas un ou deux, mais des dizaines et des centaines, et si nécessaire même des milliers, parce qu’en fin de compte, c’est le seul moyen pour nous de tenir ici, de renforcer le contrôle et de rétablir la sécurité des habitants, et surtout nous remplirons notre grande mission. » (...)