La direction du « Canard enchaîné » en appelle à Dussopt pour virer un journaliste syndiqué et lanceur d’alerte

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  • La direction du « Canard enchaîné » en appelle à Dussopt pour virer un journaliste syndiqué et lanceur d’alerte

    https://www.mediapart.fr/journal/france/091023/la-direction-du-canard-enchaine-en-appelle-dussopt-pour-virer-un-journalis

    Ce n’est pas un canular. Le Canard enchaîné, jadis anticonformiste et chantre de l’indépendance de la presse, en appelle désormais au gouvernement pour la gestion de ses affaires internes.

    L’hebdomadaire satirique a saisi officiellement l’actuel ministre du travail, Olivier Dussopt, pour faire valider le licenciement de l’un de ses journalistes d’investigation, Christophe Nobili, délégué syndical, à qui l’on doit, notamment, la révélation de l’affaire Fillon. La direction lui reproche d’avoir lancé l’alerte en interne, et auprès de la justice, sur l’existence d’un possible emploi fictif dans l’entreprise.

    Le 29 septembre dernier, la direction des éditions Maréchal, éditrice du Canard, a écrit formellement au ministre après que l’inspection du travail a, par deux fois, refusé ces derniers mois d’approuver le licenciement de Christophe Nobili. Étant salarié protégé du fait de ses fonctions de délégué syndical (SNJ-CGT) et d’élu au comité social et économique (CSE), il ne peut être évincé d’un simple trait de plume, selon le droit du travail.

    #canard_enchaîné

    • Des salariés du « Canard » réagissent : « Apparemment, le ridicule ne tue pas »

      La première ligne du texte donne le ton : « Maurice et Jeanne Maréchal, qui ont fondé Le Canard enchaîné en 1915, doivent s’en retourner dans leur tombe. » Dans un communiqué envoyé le 9 octobre, les vingt-cinq membres de la section syndicale SNJ-CGT de l’hebdomadaire s’émeuvent de la procédure engagée auprès du ministre du travail pour obtenir le licenciement du journaliste Christophe Nobili.

      « Faire ainsi appel à un ministre pour trancher un conflit interne au journal peut surprendre venant d’un journal précisément satirique, dont la vocation, depuis un siècle, est de se gausser des travers et faux pas des gouvernants. En temps normal, ce genre d’exercice acrobatique, à rebours de valeurs et de l’indépendance proclamées, vaudrait un entrefilet saignant dans les colonnes du Canard… Apparemment, le ridicule ne tue pas », peut-on lire dans le communiqué.

      « La direction du Canard enchaîné s’expose à nouveau à une humiliation publique, et risque de ressortir encore un peu plus déplumée, si ce n’est goudronnée, de ce bras de fer. Surtout au moment où certains dirigeants sont eux-mêmes sous le coup d’une enquête approfondie de la brigade financière », s’inquiète encore le texte.