De quoi parle-t-on ? L’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant de n’exclure personne pour des motifs de sexe, d’âge, d’origine, d’orientation sexuelle ou d’identité de genre. On l’emploie souvent pour évoquer l’égalité des représentations entre les femmes et les hommes : il s’agira par exemple d’accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres, ou d’user du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point médian, ou le recours aux termes épicènes.
Dès lors, comment les politiques publiques, qui doivent être l’expression du général, ont pu si longtemps se passer de cette attention particulière ? En réalité des habitudes inclusives sont prises et très ancrées aujourd’hui même par ceux qui entendent combattre l’écriture inclusive. Tous les élus confondus commenceront leurs discours par un « mesdames et messieurs », expression à présent très consacrée, signifiant bien une adresse à toutes et tous et non pas aux seuls hommes de l’assistance.
Quant à « l’expression française officielle » dont une vague conservatrice voudrait être pourfendeuse, elle n’existe tout simplement pas ! L’Académie française, par exemple, que d’aucuns peuvent qualifier d’autorité, n’est pas une « autorité normative ». Sa mission est seulement de « contribuer à titre non lucratif au perfectionnement et au rayonnement des lettres ». Mais nous le savons, face à tout changement, il y a toujours des réticences. Surtout quand il s’agit de rendre les femmes visibles.