• Via des dons défiscalisés, de l’argent public français finance l’armée israélienne
    Justine Brabant | 19 janvier 2024 à 18h37 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190124/des-dons-defiscalises-de-l-argent-public-francais-finance-l-armee-israelie

    (...) Depuis octobre 2023 et la guerre déclenchée par Israël en représailles des massacres commis par le Hamas, des associations proposent de faire défiscaliser des dons pour « soutenir » les soldats israéliens. Elles ne leur procurent pas de matériel militaire, assurent-elles, mais des équipements de confort, tels que des « repas » ou des « couvertures ». Est-ce légal ? Non, a indiqué le ministère de l’économie et des finances le 14 novembre à nos confrères et consœurs de CheckNews (Libération), qui ont consacré deux articles à ce sujet.

    Le ministère le confirme à Mediapart : « Un don à une association française dont l’objet serait de venir en aide aux soldats d’une armée étrangère ne respecterait pas les critères permettant de bénéficier de la RI don » – soit, dans le jargon de Bercy, la réduction d’impôts (RI) sur les dons aux associations.

    Malgré cette mise en garde du ministère, formulée dès le mois de novembre et confirmée depuis, plusieurs associations de soutien aux militaires israéliens ont continué de proposer avec insistance des « déductions fiscales » et de délivrer les formulaires Cerfa permettant de procéder à ces déductions.

    Leurs activités sont diverses : la livraison de « repas chauds » à des militaires, la distribution à ces derniers de « packs » contenant « couverture, serviette, savon, gel douche, chips et chewing-gums », ou encore l’organisation de séances de kinésithérapie pour les soldats « au plus près des zones de combat ». Mais la promesse de ristourne fiscale reste la même : « dons déductibles des impôts », « Cerfa instantané » ou « Recevez votre Cerfa immédiatement », proclament toutes ces organisations, au mépris de la loi française. (...)

  • Sur Instagram et Facebook, les voix propalestiniennes censurées | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190124/sur-instagram-et-facebook-les-voix-propalestiniennes-censurees

    Face à cet état de fait, Rima Hassan interpelle Instagram mardi 16 janvier. M le magazine du Monde vient de publier sur le réseau social un portrait photo d’elle, posant devant la peinture murale d’un drapeau palestinien. Dans un commentaire, la juriste écrit « beau drapeau », qu’elle accompagne d’une émoticône représentant le drapeau palestinien, et remarque peu après qu’il a été effacé. « Je suis si en colère », exprime-t-elle dans une story.

    Plusieurs autres personnes commentent à sa suite avec la même émoticône et voient à leur tour leurs commentaires disparaître rapidement. En octobre 2023, Andy Stone, porte-parole de Meta, a confirmé auprès du site états-unien The Intercept que l’entreprise cachait les commentaires contenant cette émoticône dans certains contextes jugés « offensants ». Il cite le même cadre de restriction touchant les « individus et organisations dangereuses ».

    L’entreprise refuse cependant de donner des précisions, et de dire exactement qui elle catégorise comme « individus et organisations dangereuses ». Mais une liste de 4 000 personnes identifiées comme telles par Meta et publiée par The Intercept en 2021 montre « qu’elle cible de manière disproportionnée les communautés musulmanes du Moyen-Orient et d’Asie du Sud », selon Marwa Fatafta. Un deux poids et deux mesures inacceptable pour Jalal Abukhater, qui pointe que « la liste de Meta n’inclut en revanche aucun groupe de colons israéliens violents organisé en Cisjordanie ».
    Des demandes israéliennes exaucées

    La modération algorithmique de Meta ne suffit pas à expliquer les suppressions massives de contenus propalestiniens. Le rapport de Human Rights Watch dénonce aussi « la complaisance apparente de Meta à l’égard des demandes de suppression de contenus formulées par la cyber-unité israélienne », organe qui dépend du ministère de la justice israélien. 7amleh précise que depuis le 7 octobre 2023, la cyber-unité israélienne a déposé 21 000 demandes de suppression de contenus auprès de Meta. L’entreprise aurait, selon un représentant de la cyber-unité cité par 7amleh, accepté 92 % de ces demandes.

    La cyber-unité reste opaque sur le fond des publications qu’elle souhaite supprimer. Mais un an après sa création en 2015, la ministre de la justice israélienne de l’époque avait déclaré que 95 % des demandes de suppression avaient été satisfaites. Elle se félicitait du fait que les plateformes coopéraient dans l’écrasante majorité des cas et s’engageait à « continuer d’exercer cette pression » sur les réseaux sociaux.

    Pour l’organisation palestinienne de défense des droits humains Adalah, interrogée par le média états-unien The American Prospect à ce sujet, « les enjeux de sécurité sont facilement mobilisés par Israël pour faire taire l’opposition politique et les revendications de droits des Palestiniens ».

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    Au vu des différents éléments avancés par HRW et les autres ONG de défense des droits numériques, Meta semble agir délibérément au détriment des voix palestiniennes. « Il est raisonnable de supposer que Meta n’est pas neutre dans ce conflit, ce qui est problématique car ça fait de la plateforme un outil politique de poids », selon le chercheur Olivier Ertzscheid, spécialiste des politiques des plateformes numériques. Selon lui, « on retrouve sur les réseaux sociaux la même asymétrie de pouvoir entre l’État d’Israël et les Palestiniens qu’on connaît au niveau diplomatique ou militaire ».

    « Tous les jours, j’ai peur que mon compte saute, confirme Rima Hassan. C’est le plus angoissant, car c’est mon seul moyen d’expression. » En raison de l’impossibilité pour les médias internationaux de se rendre à Gaza, et au vu des plus de 80 journalistes palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le début de l’offensive, les Palestinien·nes comptent amplement sur les réseaux sociaux pour visibiliser leur vécu. Excédé·es face aux importantes entraves à leur expression en ligne, Rima Hassan et plusieurs autres activistes « appellent à créer un réseau alternatif à Instagram ».

    #Facebook #Censure #Politique #Editorialisation

  • Sur Instagram et Facebook, les voix propalestiniennes censurées | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190124/sur-instagram-et-facebook-les-voix-propalestiniennes-censurees

    La modération algorithmique de Meta ne suffit pas à expliquer les suppressions massives de contenus propalestiniens. Le rapport de Human Rights Watch dénonce aussi « la complaisance apparente de Meta à l’égard des demandes de suppression de contenus formulées par la cyber-unité israélienne », organe qui dépend du ministère de la justice israélien. 7amleh précise que depuis le 7 octobre 2023, la cyber-unité israélienne a déposé 21 000 demandes de suppression de contenus auprès de Meta. L’entreprise aurait, selon un représentant de la cyber-unité cité par 7amleh, accepté 92 % de ces demandes.

    #Instagram (ce réseau si pratique d’après certain·es journalistes)