• Réforme de la formation des enseignants : « La crainte d’une caporalisation »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/080424/reforme-de-la-formation-des-enseignants-la-crainte-d-une-caporalisation

    -- Entretien

    Retour du concours à bac +3 [contre bac+5 actuellement], formation en silo selon que l’on se destine au primaire, au collège ou au lycée, et un salaire en master... contre plus de temps passé devant élèves. Le chercheur Richard Étienne décrypte les annonces présidentielles sur la formation initiale des enseignants.
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    Richard Étienne, professeur émérite à l’université Paul-Valéry de Montpellier, chercheur en sciences de l’éducation et auteur de nombreux ouvrages sur la formation initiale des enseignant·es, revient sur les contours de cette réforme, qu’il juge « brouillonne et prédatrice ».

    C’est pas déjà le cas, la caporalisation ?

    • Vendredi 5 avril 2024, à l’occasion d’un déplacement dans une école primaire parisienne, Emmanuel Macron a annoncé vouloir bâtir les « écoles normales du XXIe siècle ». Il fait même de ce « changement de paradigme » la « clé de voûte » de son ambition pour l’école, a décrypté dans la foulée son entourage.

      L’objectif élyséen ? « Élever le niveau qualitatif de la formation des enseignants », « mieux les préparer à l’exercice de leur métier », « renforcer l’attractivité du métier » et « répondre à la crise du recrutement ». Des annonces faites en solo, la ministre de l’éducation, Nicole Belloubet, assurant depuis le service après-vente et affrontant les multiples questions pendantes.
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      Les universités, mises devant le fait accompli, n’ont même pas intégré ces formations à Parcoursup pour la rentrée 2024. La réforme se fera donc « en marchant », assument les conseillers d’Emmanuel Macron.

      #mdr

    • Tous ces étudiants et étudiantes, une fois leur concours en poche, intégreront les « écoles normales du XXIe siècle » chères au président de la République, au lieu des Inspé (instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation) actuels, qui disparaissent après cinq petites années d’existence seulement.

      Grande nouveauté : ils y seront payés comme des « élèves fonctionnaires » (900 euros la première année, 1 800 la seconde) pendant leur master, avec une forte « présence en responsabilité » devant les élèves la deuxième année.

      En retour, le président de la République assume une formation plus directive, pensée pour donner des outils et une méthode commune aux futur·es enseignant·es, articulée également autour du « réarmement civique », du rétablissement de « l’autorité » du maître et nourrie des innovations pédagogiques déployées dans le cadre du CNR « éducation » (Conseil national de la refondation, ayant consisté en un appel à projets lancé en 2022 par Emmanuel Macron, depuis Marseille).

  • Le micro-travail (plateformes) : un immense chantier social | Mediapart | 08.04.24

    https://www.mediapart.fr/journal/france/080424/le-microtravail-un-immense-chantier-social

    Beaucoup de ces travailleurs et travailleuses de plateformes d’un type particulier œuvrent depuis le Kenya, le Mexique, les Philippines, Madagascar, etc. Des pays où le coût du travail est faible pour les entreprises du numérique. Très difficile à évaluer avec précision, cette « multitude », cette « foule » – les Anglo-Saxons parlent de crowdwork – compterait aujourd’hui, selon un rapport publié par la Banque mondiale en septembre 2023, entre 154 et 435 millions de personnes dans le monde, en incluant les personnes œuvrant pour des plateformes de transport ou de livraison.

    « Il s’agit d’une fourchette très large mais si l’on s’attarde sur le seuil haut, 430 millions de microtravailleurs, c’est 12 % de la force de travail mondiale, c’est considérable »
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    Isabelle Desbarats, professeure de droit à l’université Toulouse-Capitole et coorganisatrice du colloque, pointe « l’hétérogénéité et la faiblesse des droits sociaux des microtravailleurs ». Une situation face à laquelle Isabelle Vacarie, professeure émerite de droit privé, invite à se tourner vers le socle européen des droits sociaux qui veut « éviter la pauvreté au travail ».

    Ce colloque toulousain a montré combien, sur cette question, on part de loin. Le bon moment pour revenir aux fondamentaux ? Une avocate a pris la parole pour rappeler que « la question que l’on doit travailler, c’est celle de la décision, du choix de l’individu vis-à-vis de la machine », et plaider pour « un renouveau du droit du travail » face à « l’horizontalisation de la surveillance ».