• L’appel des anti-écriture inclusive à Jean-Michel Blanquer (LeFigaro.fr)
    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/11/10/31003-20171110ARTFIG00339-l-appel-des-anti-ecriture-inclusive-a-jean-michel

    Professeur de lettres au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, à Paris, fréquenté il y a peu par Brigitte Macron, Emmanuelle Fontenit a créé vendredi 10 novembre une contre-pétition sur le site change.org destinée au ministre de l’Éducation. « J’espère qu’elle permettra de contrer les Trissotin des temps modernes », nous indique cette enseignante qui entend représenter la « majorité silencieuse ». Elle souhaite ainsi s’opposer à la pétition lancée par le professeur de lettres Eliane Viennot laquelle prône l’abandon de la règle qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin.

    L’appel : “Contre ces combats « féministes » qui abîment la langue française"
    https://www.change.org/p/emmanuelle-fontenit-contre-ces-combats-f%C3%A9ministes-qui-ab%C3%AEment-la-langue-fran%C3%A7aise/nftexp/ex21/v3/597007145

    Voir mon précédent post : https://seenthis.net/messages/643236

    #éducation #polémiques #langue_française #langage #masculin #féminin #sexisme #écriture_inclusive #eau_pure

  • « Nous n’enseignerons plus que "le masculin l’emporte sur le féminin" » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-f

    Nous, enseignantes et enseignants du primaire, du secondaire, du supérieur et du français langue étrangère, déclarons avoir cessé ou nous apprêter à cesser d’enseigner la règle de grammaire résumée par la formule « Le masculin l’emporte sur le féminin ».

    Trois raisons fondent notre décision :

    • La première est que cette règle est récente dans l’histoire de la langue française, et qu’elle n’est pas nécessaire. Elle a été mise au point au XVIIe siècle. Auparavant, les accords se faisaient au gré de chacun·e, comme c’était le cas en latin et comme c’est encore souvent le cas dans les autres langues romanes.

    Bien souvent, on pratiquait l’accord « de proximité », venu du latin, qui consiste à accorder le ou les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui leur est le plus proche. Par exemple : « afin que ta cause et la mienne soit connue de tous » (Ronsard, épître à la Response aux injures et calomnies…, 1563).

    La nouvelle règle a d’ailleurs dû attendre la généralisation de l’école primaire obligatoire pour être appliquée massivement : « On peut aller sur le lac [d’Évian], en bateaux à vapeur ou petits-bateaux, et visiter les coteaux et montagnes voisines, à pied ou en voiture » (Dr Linarix, Guide pratique de la Savoie et Haute-Savoie médicale et pittoresque, 1896).

    • La seconde raison est que l’objectif des promoteurs de la nouvelle règle n’était pas linguistique, mais politique : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif. » (Dupleix, Liberté de la langue françoise, 1651) ; « Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » (Beauzée, Grammaire générale… 1767).

    Si l’école de la République a préféré abandonner cette formule au profit de celle qu’on connaît, c’est en reconduisant l’ordre de valeur qui est à son fondement. Un ordre que les classes politiques maintenaient parallèlement, en refusant aux femmes les droits politiques jusqu’en 1944, et en refusant plus longtemps encore de leur ouvrir les grandes écoles ou d’abroger les dernières dispositions du « Code Napoléon ».

    • La troisième raison est que la répétition de cette formule aux enfants, dans les lieux mêmes qui dispensent le savoir et symbolisent l’émancipation par la connaissance, induit des représentations mentales qui conduisent femmes et hommes à accepter la domination d’un sexe sur l’autre, de même que toutes les formes de minorisation sociale et politique des femmes.

    #enseignement #langue #féminin #masculin #règle_de_proximité #accord_de_proximité

  • Ecriture inclusive : c’est la panique à l’Académie française - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20171027.OBS6605/ecriture-inclusive-c-est-la-panique-a-l-academie-francaise.html

    Tous les hommes un peu réveillés, ces jours-ci, sont en train de rembobiner le film de leur vie d’homme. De tenter de comprendre comment ils ont pu si longtemps prêter la main, être complices, et dans le meilleur des cas rester indifférents, trouver anecdotiques, tolérables, des comportements masculins qui provoquaient tant de souffrance.

    Comment ils ont pu rester prisonniers de phrases comme : "de toutes manières, les actrices ont toujours dû coucher pour décrocher les rôles". Ou bien : "quand elles disent non, ça veut dire oui".

    Ce genre de phrases, on est en train de réaliser qu’on nous les a mises dans la tête. On n’est pas né.e.s. avec. Combien sommes-nous, à réaliser en ce moment que nous avons été prisonniers de notre regard d’hommes, et d’une vaste narration collective exclusivement construite par les hommes ?

  • Péril mortel·le – Matti Schneider (FR) – Medium

    https://medium.com/@matti_sg_fr/p%C3%A9ril-mortel-le-eb66f21d7504

    Pour avoir une écriture épicène sans recourir à des déformations orthographiques, il suffit de changer ses habitudes grammaticales.

    Prenons l’exemple de la phrase « Les utilisateurs de l’écriture inclusive compliquent la tâche des lecteurs. » En version #PérilMortel, ça donne : « Les utilisateur·trice·s de l’écriture inclusive compliquent la tâche des lecteur·trice·s. ». Je ne vais pas ergoter, c’est vilain. Alors, quoi faire ?

    On peut écrire à l’actif en utilisant des termes génériques (épicènes) tels que « personne » ou « gens » : « Les personnes qui utilisent l’écriture inclusive compliquent la tâche des gens qui les lisent. »
    On peut énumérer les formulations féminines et masculines : « Les utilisatrices et utilisateurs de l’écriture inclusive compliquent la tâche des lectrices et des lecteurs. »
    On peut écrire à l’infinitif : « Écrire de manière inclusive complique la lecture. »
    Ou on peut écrire un billet mettant en garde le monde que les générations à venir ne pourront plus grandir en intimité avec notre patrimoine écrit. C’est selon.

  • Egalité homme-femme : Blanquer contre l’écriture inclusive qui crée des « polémiques inutiles » - La Parisienne
    http://www.leparisien.fr/laparisienne/egalite-homme-femme-blanquer-contre-l-ecriture-inclusive-qui-cree-des-pol

    « On doit revenir aux fondamentaux sur le vocabulaire et la grammaire, je trouve que ça ajoute une complexité qui n’est pas nécessaire », a plaidé Jean-Michel Blanquer. « Je me considère comme féministe », a-t-il ajouté, assurant qu’il y avait des combats qu’il était « prêt à mener en première ligne ». Mais selon lui, l’écriture inclusive crée des « polémiques inutiles », en abîmant une cause, l’égalité homme-femme, « qui est bonne ». Il y voit aussi « une façon d’abîmer notre langue ».

    Blanquier est proche de #sens_commun et de la #manif_pour_tous pour cet homme "le masculin l’emporte" et il pousse le cynisme à se prétendre féministe, tout en s’opposant à une modernisation de la langue qui exprime l’idée d’égalité. La grammaire de l’égalité et la visibilité des femmes est une dégradation pour lui, c’est « une façon d’abîmer notre langue ».

    #écriture_inclusive #faux_allié #masculiniste #misogynie

  • Ecriture inclusive : « La langue façonne-t-elle les mentalités ou les mentalités façonnent-elles la langue ? » (une heure filmée, not bad)
    http://lemonde.fr/societe/article/2017/10/12/en-direct-qu-est-ce-que-l-ecriture-inclusive_5200044_3224.html

    Ses fervents défenseurs y voient une manière de respecter l’égalité entre les sexes. Ses opposants, eux, lui reprochent d’appauvrir la langue, de la rendre illisible. Depuis mars dernier et la parution d’un manuel scolaire aux éditions Hatier, l’écriture inclusive est revenue au centre de discussions entre linguistes et politiques et divise l’opinion, notamment sur les réseaux sociaux. Pourtant, si le débat s’est souvent concentré sur le « point médian », lequel permet l’emploi du masculin et du féminin dans un même mot, l’écriture inclusive repose sur d’autres principes, qui ouvrent un débat plus large : notre langage façonne-t-il le monde ou le monde façonne-t-il notre langage ?
    Richard Herlin, correcteur au Monde et coanimateur du compte Twitter@LeMonde_correct, a fait le point sur ce type d’écriture (...).

    Prêt.e.s. pour l’écriture inclusive ?
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/13/pret-e-s-pour-l-ecriture-inclusive_5200180_3232.html

    Sophie Le Callennec, professeure d’histoire-géographie, ne s’y attendait pas. Son nouvel ouvrage Questionner le monde (Hatier, 160 pages, 13,90 euros), destiné au cours élémentaire (CE2), a été éreinté à la rentrée dans plusieurs journaux, émissions et sites qui lui reprochent de féminiser les métiers et la syntaxe, et de pratiquer « l’écriture ­inclusive » – c’est-à-dire incluant des ­signes graphiques permettant de ­visualiser la présence des femmes.

    Le Figaro du 6 octobre a dénoncé en « une » un « délire » et parlé de « charabia ». Le collectif La Manif pour tous Paris a publié, le 25 septembre, un tweet féroce : « Après avoir tout détruit, les pédagogos tentèrent des expériences sur nos enfants… »

    Le 26 septembre, sur Europe 1, le philosophe Raphaël Enthoven avait pour sa part pourfendu une « agression de la syntaxe par l’égalitarisme » et une « novlangue » ­digne du roman 1984 : « Partant du principe qu’on pense comme on parle, c’est le cerveau qu’on vous lave quand on vous purge la langue. »

    Quid de l’apprentissage du français ?
    Ouvrons Questionner le monde… ­Didactique, illustré, l’ouvrage explique avec clarté, à travers des définitions courtes, des questionnements et des exercices, les attendus du programme du CE2 : initiation à l’histoire, à la géographie et au monde du vivant.
    Sophie Le Callennec le reconnaît, elle a pris soin de « respecter l’égalité de traitement entre les genres » pour répondre à la volonté de l’éducation nationale de développer un « enseignement moral et civique » qui soit « non sexiste ». Elle a donc « équilibré le nombre d’hommes et de femmes », écarté les « clichés sur les métiers masculins et féminins » et utilisé l’écriture inclusive.
    On croise ainsi dans le manuel Jeanne d’Arc et Marie Curie ; on voit des filles faisant du judo ; on signale l’existence des suffragettes et des « député.e.s » ; on feuillette des pages titrées « Les artisan.e.s » ou « Les savant.e.s au fil du temps » pour rappeler que les femmes travaillaient aussi.
    Si cette approche égalitaire peut être louable dans son intention, on éprouve une gêne à la lecture de certains passages
    Pourtant, si cette approche égalitaire peut être louable dans son intention, on éprouve une gêne à la lecture de certains passages. On trouve, par exemple, dans une « boîte à mots » destinée à enrichir le vocabulaire des élèves cette définition : « Un.e paysan.ne : un.e agriculteur.rice qui vit simplement ». Comment prononcer une telle phrase ? Ne va-t-elle pas compliquer l’apprentissage du français pour des enfants de 8 ans ?
    Sophie Le Callennec se défend. Pour écrire son manuel, à la demande de l’éditeur, elle a tenu compte des recommandations du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes publiées, en novembre 2015, dans un Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe.
    Il préconise dix règles, parmi lesquelles la féminisation des métiers, des titres et des grades (« madame la présidente »…), l’usage du féminin et du masculin dans les messages publics (« les électeurs et les électrices » plutôt que « les électeurs »…), l’utilisation du neutre dès que possible (« on », « le corps professoral »…), et de pratiquer des inclusions pour rappeler la présence sous-jacente des femmes (« les avocat.e.s »…).

    L’Académie française inquiète
    « Agriculteur.rice » s’explique par cette raison. L’écriture inclusive autorise de nouvelles formes d’abréviation. « Au lieu de répéter à chaque fois “les agriculteurs et les agricultrices”, explique Sophie Le Callennec, nous abrégeons. »
    Certaines expressions peuvent dérouter, admet-elle, tout en ­estimant qu’elles deviendront un jour naturelles : « Des journaux comme Les Inrockuptibles, de nombreuses associations, les textes officiels, les utilisent de plus en plus. Nous allons nous habituer, la langue va évoluer. Aujourd’hui, dire “une magistrate” ne dérange plus grand monde, demain on acceptera “magistrat.e.s”. »
    Cela inquiète l’Académie française. Dans un texte d’octobre 2014 intitulé « La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres », elle rappelle qu’elle rejette tout « esprit de système » tendant à féminiser les professions, et qu’il existe en français un « genre marqué », le féminin, et un « genre non marqué », le masculin – à valeur générique.
    Voilà pourquoi, explique-t-elle dans ses « Questions de langue », où elle traite en ligne des litiges linguistiques, l’expression « groupe d’étudiants » – et non « d’étudiant.e.s » – peut désigner une réunion d’hommes et de femmes : elle n’est pas privative, comme l’est un « groupe d’étudiantes ». L’Académie ajoute qu’il est « redondant » d’écrire à chaque fois « les électeurs et les électrices », quand « les électeurs » suffit. Pour les mêmes raisons, l’écriture inclusive est inutile.

    Supériorité masculine
    L’Académie estime qu’une phrase comme « Les électeurs/électrices du boulevard Voltaire sont appelé(e)s à ­voter dans le bureau 14 » ne tient pas compte du genre marqué, alourdit la syntaxe et contrevient à « la règle traditionnelle de l’accord au pluriel » qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin.
    Elle avance qu’une telle pratique « pourrait aboutir à de nombreuses ­incohérences linguistiques » – c’est ce qu’entend montrer cette version ­moqueuse de la fable Le Corbeau et le ­Renard qui circule sur le Net : « Maître.sse Corbe.au.lle sur un arbre perché.e. Tenait en son bec un fromage. Maître.sse Renard.e par l’odeur alléché.e… »
    Professeure émérite de littérature de la Renaissance, Eliane Viennot a dirigé l’ouvrage L’Académie contre la langue française (iXe, 2016), cosigné par plusieurs linguistes et sémiologues. Leur thèse : l’Académie nous trompe, le ­français n’a pas toujours valorisé la prédominance du masculin.
    « Jusqu’au XVIIe siècle, les noms des métiers et des dignités exercées par des femmes étaient au féminin », rappelle Eliane Viennot. On disait alors « charpentière », « prévôte » ou « moissonneuse ». La règle d’accord de proximité voulant que le dernier mot l’emporte, et non le masculin, était courante. Mais elle a finalement été ­remise en cause puis abolie par l’Académie au nom de la supériorité masculine. En 1651, le grammairien Scipion Dupleix, « conseiller du Roy », édicte : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins. »

    Nombreux litiges
    « Depuis, alors que la société a changé, l’Académie résiste, et l’effacement du ­féminin continue. Elle voudrait qu’on dise “le juge est en congé maternité” ! », assure Eliane Viennot.
    Elle défend donc le retour à la féminisation des métiers, mais aussi un « usage restreint de l’écriture inclusive, au plus près de la langue. Je m’élève contre “agriculteur.rice” par exemple, le mot est trop compliqué. Il faut utiliser le point pour féminiser les terminaisons simples, et une seule fois. » Mais pour l’instant, plusieurs formes d’inclusion cohabitent, au risque d’y perdre son latin.
    Chez Act Up, par exemple, on utilise le E majuscule. On écrit : « SéropositifVEs et maladEs du sida, nous sommes de plus en plus nombreuxSES ». Jacques Pisarik, le cosecrétaire général de l’association, défend ce choix : « Nous avons utilisé le E majuscule pour prévenir que les femmes n’étaient pas à l’abri de l’épidémie. » Il reconnaît toutefois que cette féminisation ne va pas toujours de soi : « Nous nous sommes retrouvé.e.s avec des mots difficiles comme “sans-papièrEs” ! »
    De nombreux litiges subsistent sur les usages, comme le montre le docteur ès lettres de l’université de ­Genève Daniel Elmiger dans son article « Binarité du genre grammatical - binarité des écritures ? » (Mots. Ecrire le genre, 2017, n° 113). Faut-il utiliser le point, le point milieu, à mi-hauteur, ou le point médian, plus gras : c’est-à-dire écrire « les salarié.e.s », « les salarié·e·s » ou « les salarié.e.s » ? Certain.e.s utilisent la barre oblique (« / »), le trait d’union (« - ») ou la parenthèse au lieu du point, ce qui donne, au choix : ­élu/e/s, élu-e-s, élu-es, élu(e)s.
    Des linguistes soulignent une autre difficulté : « Au niveau textuel, les protocoles rédactionnels de féminisation sont plus retors encore : que faire des reprises pronominales (il/elle/s, ils/elles) ? des déterminants au singulier (le/la professeur) ? » La critique d’art Elisabeth Lebovici, qui a rédigé un essai ­entier en inclusif, Ce que le sida m’a fait (JRP Ringier, 320 pages, 19,50 euros), soulève la question des personnes qui ne se reconnaissent dans aucun genre : elle préconise d’utiliser alors les pronoms « iel » ou « ille » – au pluriel « iels » ou « illes ».

    Une « histoire de fous ! »
    Que pensent de l’écriture inclusive des écrivaines réputées pour leur style ? Nous avons posé la question à Catherine Millet et Cécile Guilbert.
    La première parle d’une « histoire de fous ! » : « Ils nous disent que le langage nous affecte inconsciemment, et qu’il faut le changer. Je dis : ne touchez pas à mon inconscient ! » A propos des inclusions dans les mots : « J’ai essayé d’en prononcer certains. C’est infernal ! La dictée devient impossible. Ce n’est pas un langage oral, or l’oralité vient avant l’écriture. » Sur les clichés et les mots ­féminins : « Allez savoir pourquoi certains mots sont ­féminins ou masculins ? Vous croyez qu’on dit “tablette” parce que c’est un petit ordinateur, donc elle est au féminin ? Et la loi, alors, pourquoi est-elle ­féminine ? »
    Pour Catherine Millet, quelques noms de métiers ­féminisés resteront peut-être, mais elle ne croit pas aux « directives linguistiques » : « Le langage se renouvelle à l’usage. Il tranchera. Cela ne se fait pas de manière autoritaire ! »
    Cécile Guilbert estime aussi que des règles imposées sont absurdes parce que la langue évolue d’elle-même, en liberté, mais aussi grâce aux écrivain.e.s. « Ce que perdent de vue les féministes à front de bœuf, les technocrates, les ­apprentis sorciers (sorry, je devrais écrire “sorcie.è.res”) du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est que si le langage est l’affaire de tous, en tant qu’instrument de communication, la langue est celle de quelques-uns. En l’occurrence des écrivains qui – comme l’a écrit magistralement Proust pour ­ définir la littérature – écrivent “dans une sorte de langue étrangère” : manière de dire qu’ils s’en emparent et peuvent lui faire tout ce qu’ils veulent du moment qu’ils la font jouir. »
    Que répond Eliane Viennot à ces critiques ? « Pas de faux procès, nous ne voulons rien imposer en littérature ! Nous parlons des sciences humaines, des textes officiels, scolaires ou journalistiques, qui cherchent l’exactitude. Pour éviter la cacophonie, il faut établir des conventions, elles sont en cours d’élaboration, nous sommes encore en phase d’expérimentation… » Jusqu’où celle-ci ira-t-elle ? Catherine Millet nous met en garde : « Attention aux nouvelles “Précieuses ridicules” ! »

    #Écriture_inclusive #point_médian

  • Les marqueurs grammaticaux sont des marqueurs de pouvoir : grammaire de l’interpellation – Période
    http://revueperiode.net/les-marqueurs-grammaticaux-sont-des-marqueurs-de-pouvoir-grammaire-de-

    Prolongeant ses études sur le langage d’un point de vue marxiste, Jean-Jacques Lecercle propose ici d’approfondir la théorie de l’interpellation. À partir d’Althusser et de son célèbre article sur les appareils idéologiques d’État, le concept d’interpellation popularisé par Judith Butler est censé décrire la façon dont l’idéologie fait de nous des sujets parlants, des sujets situés dans le social et positionnés dans le discours comme sujets d’énonciation. Pour Lecercle, l’interpellation, le fait d’être désigné par la langue parlée ou écrite, suppose une grammaire de l’oppression et de la résistance, une dialectique sémantique et syntaxique qui articule la soumission à l’ordre établi, les formes de reconnaissance sociale et les expressions d’une négation de l’ordre établi. Lecercle conclut cette exposition magistrale par une théorie du style comme jeu incessant d’interpellation et de contre-interpellation. « Le style, c’est la lutte des classes dans la grammaire. »

  • #Féminisme : l’#écriture_inclusive pourrait-elle favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/feminisme-lecriture-inclusive-pourrait-elle-favoriser-legalite-entre-l

    « La langue reflète la société et sa façon de penser le monde » précisait le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes en 2015, encourageant chacun et chacune à adopter l’écriture inclusive.

    https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=a44ad77f-c2a3-4230-b7a7-2e796558be12

  • Si seulement mes enfants pouvaient ne pas apprendre « le masculin l’emporte toujours sur le féminin » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/151880/masculin-emporte-toujours-feminin

    J’avais 9 ans, et cette image m’a révoltée. Le jour de cette leçon, toutes les filles de la classe ont hué et les garçons ont applaudi. On comprenait parfaitement ce qui était en jeu –et l’illustration du livre nous le jetait à la gueule. Les filles perdaient la partie. Guillaume et Quentin ont claironné : « Vous êtes moins fortes ! Vous êtes moins fortes ! » Mme Péron a tenté de tempérer les choses en expliquant que c’était de la grammaire, qu’il n’était pas question de justice, que c’était la règle. Il fallait apprendre la règle et respecter la règle.
    Mais nous, ce qu’on voyait, c’était que la règle nous disait que les garçons l’emportaient. Et les garçons comprenaient exactement la même chose.

    Il nous a donc fallu apprendre par cœur et réciter « le masculin l’emporte toujours sur le féminin ». Ce n’était pas seulement une règle écrite. C’était une phrase qu’on devait dire à haute voix, plusieurs fois, devant toute la classe. Je me sentais assez humiliée de devoir faire ça. Mais j’étais une bonne élève, et je voulais avoir de bonnes notes. On a fait tous les exercices pour bien se rentrer dans le crâne que le masculin l’emporte toujours sur le féminin et qu’il s’agissait d’une règle qu’on ne devait pas questionner.

    #domination_masculine #éducation #sexisme #écriture_inclusive #misogynie #langage

    • J’ai un souvenir comparable, sauf que c’est en CE2 que ca s’est passé pour moi. Le jour ou la maitresse a voulu nous inculqué cette règle j’ai protésté. Il y a eu une sorte de « débat » assez long. Dès que j’ai réagit, les garçons m’ont en coeur dit de fermer ma gueule, et les plus agressifs étaient les plus misogynes des garcons c’est pas par hasard à mon avis. Et ils m’ont dit que je devais me faire une raison et que j’était faible et inferieur. La preuve etait cette règle de grammaire qui était leur aubaine pour me faire taire définitivement. A cette occasion j’ai découvert à quel point mes petits camarades de classe me voulait du mal et me haïssaient. La maitresse était un peu hilarde. J’imagine qu’elle devait assisté à ce spectacle consternant chaque année mais trouvé ca très rigolo. En CE2 au moment ou cette règle nous était infligé (et pour une fois les autres filles de la classe était d’accord avec moi enfin au début) c’etait une période de soulevage de jupes à la récréation (je dit une car il y en a eu plusieurs vagues). La maitresse était aussi indifférentes aux humiliations sexuelles qu’on recevait des garçons en récré que des humiliations verbales que je recevait en classe devant elle pendant ce « débat » pour juger de mon infériorité atavique de femelle. Inferiorité prouvé donc par la grammaire française et que j’allais devoir utiliser à chaque phrase et si je le fait pas je serais sanctionnée dans ma scolarité (ce qui a été le cas). Comme je voulais pas apprendre cette règle, même les filles ont fini par me dire de me taire, car elles voulaient leurs bonnes notes et poursuivre le cours pour apprende que le masculin l’emporte.

      Les gens qui défendent cette règle, je les ai bien compris lors de cette discutions en CE2. Les garçons et les hommes s’en servent pour affirmer leur domination et plus ils sont virulents à défendre cette règle plus c’est des gros misogynes. Et pour les femmes qui défendent ce truc ce sont des « femmes de droite » comme dit Dworkin. C’est à dire qu’elles savent qu’elles sont soumises, mais préfère en tiré des bénéfices perso que lutter contre.

    • Magnifique ce texte de Michèle Lalonde et merci pour ces différents exemples @fil
      Par rapport au racisme, mes maitresses de primaire l’étaient aussi et le « speak white » je l’ai vu en action. En CM1 le seul élèves arabe de la classe était le seul qui avait droit à une fessé déculotté devant toute la classe si il avait fait une chose qui plaisait pas à la maitresse. Le seul. Et ceci ne nous échappait pas, nous avions toutes et tous bien conscience que c’est parcequ’il était arabe que ces humiliations lui étaient infligées. C’etait à l’école catho sous contrat de mon village, celle qui te dit aime ton prochain et te montre le racisme en action.
      #racisme #ségrégation

  • Egalité femmes-hommes : l’écriture dite « inclusive », sujet qui divise
    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2017/10/07/egalite-femmes-hommes-l-ecriture-dite-inclusive-un-sujet-qui-divise_

    Si l’expression « écriture inclusive » est assez récente, la réflexion a été amorcée il y a une vingtaine d’années autour de l’idée de neutralité dans l’écriture – on parlait alors de « langage épicène », comme le rappelle France Culture. Le terme « inclusif » a ensuite été jugé plus juste pour refléter la volonté d’une égalité des sexes.

    Parmi ses défenseuses de la première heure, Eliane Viennot, professeuse émérite de littérature et historienne, souvent citée sur le sujet. Selon elle, « la langue française n’est pas inégalitaire par nature », mais offre au contraire « tous les outils pour parler à égalité des deux sexes ». Ce que l’on a pu voir par exemple à la Renaissance, « où l’écriture était bien moins sexiste qu’elle ne l’est aujourd’hui », juge l’historienne.

    Impressionnant de voir dans la suite de l’article les mâles profondément réactionnaires qui s’opposent à l’écriture inclusive.
    On finira par trouver une forme qui soit courante (des mots comme auteure, écrivaine, professeure, députée,...) et des expressions qui représentent l’égalité en limitant quand même les lourdeurs. Mais surtout, l’écriture est la forme durable de l’oral... comment dit-on à l’oral va nous aider à trouver l’écrit.

    #Ecriture_inclusive

  • L’écriture inclusive, ça marchera jamais (et tant mieux) | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/152102/ecriture-inclusive-marchera-jamais

    Alors qu’on s’écarte, j’ai une confession à faire. Il s’avère que je suis féministe –je suis persuadée qu’il vaut mieux vivre dans une société où les femmes et les hommes ont des droits égaux et je suis disposée à me battre pour pouvoir vivre dans une telle société et offrir au maximum de monde cette possibilité–, mais aussi assez fermement opposée à l’écriture inclusive. Comment se fait-ce ? Parce que je suis par ailleurs pragmatique et sais que les ambitions de l’écriture inclusive –être « un premier pas dans la lutte contre les inégalités », un « levier puissant pour faire progresser les mentalités [et] faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes »– ont toutes les chances de ne jamais se réaliser, vu qu’elle inverse le lien généalogique entre langage et représentations socio-culturelles.

    Les secondes ne sont pas engendrées par le premier. Le langage n’est pas une baguette magique qui façonne le monde à sa guise –et à celle de provisoires « dominants »–, mais un outil d’encodage, de description et de retranscription d’un réel qui lui préexiste. Un travail qui s’effectue depuis plusieurs milliers voire millions d’années dans le cadre (alias les limites) de notre « nature humaine », avec ses structures mentales universelles désormais bien connues.

    La première erreur que commettent les partisans de l’écriture inclusive, c’est de croire à la performativité du langage, telle que l’ont théorisée des personnes comme Judith Butler sur la base d’une lecture fallacieuse de John Langshaw Austin. Un tour de passe-passe qui aura transformé les actes de langage que sont les énoncés performatifs –toutes les formules faisant fonction d’action dans des circonstances précises, comme le « je vous déclare mari et femme » du bureaucrate en charge de vos épousailles– en langage agissant et détenteur de facultés littéralement thaumaturgiques. Une théorie trop super cool, si elle pouvait compter sur un ou deux faits objectifs susceptibles de la soutenir.

    Malgré la fabuleuse diversité « structurelle » des langues de par le monde, toutes les cultures assignent en tendance et spontanément les mêmes caractéristiques psychologiques à leurs hommes et à leurs femmes –les fameux « stéréotypes genrés »

    L’autre marigot épistémique dans lequel patauge joyeusement l’écriture inclusive a pour nom le déterminisme linguistique. L’hypothèse de Sapir-Whorf en est le spécimen le plus célèbre et toujours le plus redoutablement nuisible, qu’importe que sa réfutation soit pliée depuis une bonne quarantaine d’années, comme a pu notamment le démontrer en long et en large le psycholinguiste Steven Pinker dans son ouvrage L’Instinct du langage, publié aux États-Unis en 1994 et traduit en français en 1999.
    Le langage façonne le monde ?

    Le nœud théorique du déterminisme linguistique est le suivant : nos pensées sont déterminées par des catégories façonnées par notre langue et, dès lors, les multiples spécificités langagières présentes sur notre chic planète accouchent de modes de penser spécifiques chez leurs différents locuteurs.

    Il y a plein de choses intéressantes sur le langage dans ce texte. Mais il s’attaque aux intégristes de l’écriture inclusive. C’est toujours plus facile que de rechercher les divers usages de ce type d’écriture. Pour ma part, j’en fait un usage pour appuyer certains éléments dans lesquels l’absence de marqueur de genre serait une priorité au genre masculin. Pour le reste, on s’en passe très bien. Dans mon usage (modéré et consensuel ;-) l’écriture inclusive a un rôle pour souligner quelque chose sans avoir à y mettre des parenthèses insistantes ou des notes de bas de page. À ce titre, elle m’apparaît semblable à l’usage des emoticones : une manière de souligner, de dire en passant quelque chose que la voix ou le comportement pourraient très bien faire passer en situation orale. Bien évidemment, je n’ose imaginer un roman entier en écriture inclusive.

    #Féminisme #Ecriture_inclusive #Langage #Austin #Ecrit

    • On est quand même en train de parler de #Peggy_Sastre là hein, une personne dont la pensée est démontrée anti-féministe depuis des années, tout en se revendiquant elle-même féministe en permanence. Suivre le lien du tag, plétore de critique de sa pensée ici sur Seenthis.

      Quant à l’argument principal sur la performativité :

      1) Il ne s’agit pas forcément de performativité sur les gens une fois adulte, il s’agit d’éducation : si depuis tout petit on t’apprend par divers moyen (dont la langue) que les femmes sont inférieures voire invisibles, bah oui, ça t’inculque une vision du monde.

      2) Et on peut aussi se dire qu’il ne s’agit pas du tout de performativité mais que c’est justement l’inverse : une part plus importante (bien que toujours trop faible) de notre population est éduquée à plus d’égalité DONC notre langue change petit à petit. Et là pour le coup son postulat peut être vrai, sauf qu’elle a faux. On serait bien dans un cas où la langue change parce que le réel change (un peu).

    • Merci @Rastapopoulos Je ne connaissais pas Peggy Sastre. Le débat sur la langue est toujours très intéressant, mais souvent un mélange d’idéologies (en fait on ne sait pas trop comment ça marche, donc chacun peut y fantasmer des pouvoirs, notamment la quesiton de la performativité, voir Marcuse, « L’homme unidimensionnel » pour une véritable réfutation des thèses de Austin et de la philosophie analytique) et de refus de considérer la langue comme l’expression de pouvoirs (masculins, blancs, éduqués,... cf. « Ce que parler veut dire » de Bourdieu).
      La phrase de Christine Angot contre Sandrine Rousseau est terrible à ce titre « Ecrivaine, je ne sais pas ce que ça veut dire. Ecrivain, on voit bien que mon métier c’est d’écrire » (citation pas exacte, de mémoire). Tout est là : le poids de l’habitude, l’incapacité à assumer l’égalité quand il y a deux mots, la référence masculine issue du passée (on voit bien quelle représentation y est associée...). L’incapacité à penser le nouveau dans une langue nouvelle, ou plutôt en l’occurence dans du vocabulaire nouveau, car la langue change assez peu. Le style... on verra ça avec le livre de Philippe de Jonckheere.

    • @hlc Je ne sais pas trop encore. Il me semble qu’on doit pouvoir s’en sortir sans abimer la lecture. Je te donne un exemple, une expression comme « les uns et les autres » devient « les unes et les autres ». Et on doit pouvoir faire aussi des trucs qui ne sont pas grammaticalement corrects mais qui se lisent et se comprennent bien, que tout un chacune et tout une chacun puvent comprendre. Mais c’est pas pour tout de suite. Je travaille sur tout à fait autre chose en ce moment et cela risque justement de prendre un bon moment.

    • @hlc @philippe_de_jonckheere je crois qu’on a tout à fait le droit (au sens humain du terme) d’être très inventif en ce qui concerne la langue et l’écriture (cf. en son temps le superbe « Saperlot » de Gildas Bourdais...) et personnellement, je crois que je m’en tape complètement des règles rétrogrades de l’académie française.

    • Pour l’idée d’un roman en écriture inclusive, neutre ou féministe, j’imagine facilement plusieurs circonstances dans lesquelles ca serait potentiellement interessant du point de vue littéraire :
      Des romans dont lea protagoniste est neutre-ou dont le genre n’est pas connu dela lecteurice.
      Des romans oulipo qui se jouent de cette contrainte.
      Des romans de sf qui se passent dans des univers dégenrés, neutres, asexués, féministes, trans ...
      Plein de romans que j’imagine pas encore mais ca fait deja pas mal.

    • Il y a plein de choses intéressantes sur le langage dans ce texte. Mais il s’attaque aux intégristes de l’écriture inclusive.

      Le débat sur la langue est toujours très intéressant, mais souvent un mélange d’idéologies (en fait on ne sait pas trop comment ça marche, donc chacun peut y fantasmer des pouvoirs, notamment la quesiton de la performativité, voir Marcuse, « L’homme unidimensionnel » pour une véritable réfutation des thèses de Austin et de la philosophie analytique) et de refus de considérer la langue comme l’expression de pouvoirs (masculins, blancs, éduqués,... cf. « Ce que parler veut dire » de Bourdieu).

      Pour avoir bien souffert de l’intégrisme orthographique français et de l’inculcation de la règle « le masculin l’emporte » je trouve que c’est un peu raide de parlé d’intégrisme pour les personnes qui cherchent une écriture inclusive.

      La langue est idéologique que ca sois pour les défenseureuses de la raideur traditionaliste du bon Français ou les chercheureuses qui veulent une langue vivante sorti des cadres de l’institution patriarcale (académie, école, médias...).

      Donner des noms aux choses, aux gens, aux groupes, aux idées ca leur donne une consistance particulière. Si tu n’avais pas de nom, tu existerait quant même physiquement mais collectivement socialement tu serais invisible, inopérant, exclue, diminué. Si je changeait ton nom pour un mot avec une connotation négative, ca te ferais probablement quelque chose. Si tout le monde se mettais à t’appeler avec des mots négatif ca aurais un impacte sur ta vie, ta psychologie, ta santé... En français les mots pour parlé des femmes ont une connotation négative, souvent sexuelle et il se trouve que ca fait des choses aux femmes, ca impacte sur leurs vies, leurs psychologie, leur santé. Le fait qu’en français l’usage du féminin servent à l’aggravation dans l’insulte, ou à la dévalorisation ne veux pas dire que les femmes françaises sont en soi des inférieurs, mais le langage aide à les rendre inférieur. Le langage ne fait pas tout. Rien ne fait tout, avoir une réponse unique à un pbl et croire que les pbl n’ont qu’une seule origine est très simpliste. Le langage fait sa part dans la société et dans sa hiérarchisation qui n’est pas négligeable.

      Perso je vais plus loin que la simple neutralisation grammatical, je pense que le vocabulaire doit être enrichie de mots qui renversent les normes. Cf : https://seenthis.net/messages/603843

      ps - par rapport à la notion d’intégrisme. C’est vrai que l’égalité est un notion intégrale. On peu pas être un peu pour l’égalité mais pas trop, ou égalitaire à 0,66%
      Si tu est pour l’égalité je voie pas comment tu t’accommode d’un langage qui affirme que le masculin l’emporte sur le féminin. Et là je parle que du genre, mais la langue française est aussi raciste, validiste, agiste, classiste...

      Le fait qu’il y ai tant de crispations conservatrices sur ce sujet montre qu’il est important. Si c’etait sans importance personne n’en parlerait et on en aurais rien à faire que ca sois neutre, féminin, ou pas la langue française. Or ce matin il y a un papier là dessus sur le monde et le sujet soulève beaucoup d’intérêt de la part des hommes qui ont en plus l’hypocrisie de dire que c’est un sujet sans importance...

  • Un manuel scolaire écrit à la sauce féministe <— c’est le titre original du Figaro !

    Une belle initiative rapportée par le figaro avec un titre bien dégueulasse (ça pue bien le mépris au Figaro, qui peut imaginer pire que l’expression « sauce féministe »).

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/09/22/01016-20170922ARTFIG00300-un-manuel-scolaire-ecrit-a-la-sauce-feministe.php

    Destiné aux écoliers, il promeut l’écriture « inclusive » ou « genrée » qui féminise tous les noms. On y lit que « grâce aux agriculteur.rice.s, aux artisan.e.s et aux commerçant.e.s, la Gaule était un pays riche ».

    • En plus, je ne cesserai de le répéter, cette écriture est vraiment nulle. On écrit agriculteur-rices, artisan-es, commerçant-es. On ne met des points que pour bloquer, là, ça veut dire qu’on met un mur entre les hommes et les femmes. De plus, reséparer le pluriel bloque la lecture.
      Mettre un trait d’union, comme son nom l’indique unit les deux, garder le s lié à la fin fluidifie la lecture.
      C’est bien la peine que des gens se soient cassés le cul à trouver une écriture correcte et acceptable pour que des ploucs d’éditeurs te collent une écriture de merde !

    • Et le point médian, c’est une alternative mieux que le point classique, non ? ---> point·médian

      Je sais qu’il y a des désaccords (parfois sensibles) sur les modes d’écritures épicènes, ça vaut la peine d’en discuter pour trouver des solutions intéressantes.

    • Aujourd’hui on utilise plutot le point médian que le tiret @perline : agriculteur·rices, artisan·es, commerçant·es.
      Le figaro fait du sabotage et n’est pas capable de faire les points médians d’ou le n’importe quoi de leur article. Sur seenthis on est assez nombeuseux à plouquer avec le point médian.

    • Pour info, voici les propositions d’écriture épicène du Gisti :

      Mixiser l’expression écrite

      Une méthode douce, dite « épicène »

      Le Gisti a décidé de faire en sorte que, dans ses écrits, le masculin ne soit plus systématiquement, comme il est d’usage, le mode d’expression du mixte. Ce qui revient, dans la plupart des cas, à « féminiser » les habitudes d’écriture.

      Il s’agit d’un choix politique cohérent avec les engagements fondamentaux de l’association. Si les principes d’égalité et de non-discrimination valent sur le terrain des origines et des nationalités, ils valent à l’évidence aussi sur celui des sexes et des genres.

      Dans la pratique, cet effort de cohérence politique nécessite de modifier d’abord nos habitudes de pensée (penser le plus égalitairement possible) et ensuite nos pratiques d’écriture. Notre pensée est, en effet, formatée. On prend facilement la mesure de ce formatage en faisant le petit effort d’y réfléchir. Après, l’écriture suit sans trop de difficultés.

      D’autant que la vaste réflexion menée par d’autres depuis plusieurs décennie a permis l’élaboration de certaines méthodes qu’il n’est pas très difficile d’adopter.

      Principes généraux

      1/ Priorité est donnée à la méthode « épicène » (d’origine plutôt québécoise), qui paraît pertinente politiquement, et judicieuse sur le plan rédactionnel. Elle préconise une pensée qui conduit à privilégier dans l’écriture des mots ou des expressions sans marque du féminin ou du masculin–, neutres du point de vue du genre grammatical. La « méthode épicène » a l’avantage de permettre une lecture aisée et fluide alors que l’utilisation systématique d’une typographie correctrice (les « / », « - », etc.) a l’inconvénient de casser certaines habitude de lecture et de rebuter les personnes attachées au formalisme de la langue.

      2/ L’explicitation du sexe social des personnes est cependant recommandée quand elle s’avère particulièrement signifiante (ex : « les étrangers et les étrangères »).

      3/ Enfin, quand cela s’avère nécessaire, il est préconisé d’utiliser le point spécial « · » (plus haut que le point habituel) [à rechercher dans « Caractères spéciaux »].

      Exemple :
      – Les étranger·e·s
      Quelques règles de base de la méthode épicène
      Cette méthode, radicale dans sa conception mais douce à la lecture, pourrait faire consensus et marquer une volonté collective de participer à ce mouvement de fond de visibilité du féminin à égalité, y compris dans le domaine symbolique de l’expression écrite.

      Chaque fois que possible, la méthode épicène privilégie des formes neutres. Au lieu d’écrire « les étrangers », quand il s’agit de l’ensemble des étrangers, on écrira « la population étrangère » (ou équivalent). Ce n’est que pour éviter des répétitions excessives de cette expression qu’on choisira, de temps à autre, d’écrire « les étrangères et les étrangers » (ou l’inverse), mais plus jamais le seul masculin pour parler des deux sexes.

      Pas tout à fait d’ailleurs parce que, quand on a des substantifs des deux genres qui commandent des adjectifs ou des participes passés, l’accord grammatical de ces derniers respecte la règle traditionnelle, celle du masculin pluriel. Il est préférable dans ce cas, pour des raisons d’euphonie, de placer le substantif masculin près de l’adjectif.

      Exemples :
      – Les étrangères et les étrangers sont nombreux.
      – Les nombreux étrangers et étrangères qui manifestaient.....

      Titres et professions
      Il va de soi que la féminisation s’applique systématiquement aux titres, fonctions et professions. On écrit la ministre de l’Agriculture, la juge X, la soldate américaine, la vice-rectrice, la consultante indépendante, la chercheuse, l’auteure et l’écrivaine, une professeure, la députée, une juge, cette agente de change, la fondée de pouvoir.
      On écrit la rectrice (ou Madame la Rectrice si l’on s’adresse à elle), la directrice (ou Madame la Directrice), la rédactrice en chef (ou Madame la Rédactrice en chef), l’ambassadrice de France (Madame l’Ambassadrice) (l’objection qui consiste à faire de l’« ambassadrice » l’épouse de l’ambassadeur ne tient qu’à un usage machiste qui évoluera si on y résiste), la conseillère d’Etat (ou Madame la Conseillère d’État)
      Des outils

      – Répertoire de noms masculins et de noms féminins
      http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=1&Th_id=359

      – Liste d’appellations au féminin
      http://www.termium.com/redac-chap?lang=fra&lettr=chapsect9&info0=9.2.8#zz9

      – Lexique de recherche de formes féminines
      http://atilf.atilf.fr/gsouvay/scripts/feminin.exe?3;OUVRIR_MENU=2
      Tapez un substantif au masculin dans une petite fenêtre. Cliquez sur la touche « féminin ». Vous l’obtenez aussitôt.

      – Autre recherche de formes féminines
      Là, c’est un alphabet sous forme de clavier. Tapez la lettre par laquelle commence le mot dont vous recherchez le féminin. Mettons le « B » parce que vous avez des doutes sur « bâtonnier ». Le mot y est parmi 114 autres. Cliquez sur la touche « Validez ». Le mot « bâtonnière » apparaît.
      http://atilf.atilf.fr/gsouvay/scripts/feminin.exe?1;OUVRIR_MENU=2

      Les deux derniers outils ont été conçus par le CNRS et le laboratoire ATILF

      *

      Ce qui est déterminant, c’est, en même temps que l’on écrit, de penser sur le mode mixte. En effet, les coutumes - et la grammaire - de la langue française, en raison notamment de l’inexistence du « neutre », tendent à exclure systématiquement le féminin et à rendre de ce fait les femmes invisibles, ce qui concourt à diffuser une image des rapports sociaux de sexe très inégalitaire. C’est cela qu’il faut s’efforcer de modifier.

    • Sinon pour la photo du bouquin je voie pas de neutre je voie écrit « les romains, les voisins... » en langue masculo-sexiste mais il est mentionné que « les femmes et les hommes inventèrent l’écriture » ce qui est inclusif sans points médians.

    • Merci @reka pour l’écriture épicène - je marque la page ! J’ai fini par comprendre et accepter la nécessité de féminiser les noms, mais j’étais encore rétif à la rugosité des surcharges postfixes mixtes - même celles avec un trait d’union. Je suis ravi de trouver un là un style que je trouve fluide pour aligner mon écriture sur l’évolution de ma pensée. Le #GISTI est plein de bonnes surprises !

    • hello @liotier et oui, il n’est jamais facile de faire des changements, de suivre les évolutions. L’écriture épicène exige un apprentissage, qui n’est pas facile, il faut changer nos réflexes, nos habitudes (et je me rends compte tous les jours que je n’y sis pas encore...), mais le plus important avant ça est de comprendre et de souscrire à l’idée que c’est nécessaire aujourd’hui de le faire.

      C’est d’autant moins facile qu’il y a des résistances qu’il faut aussi combattre ou dépasser. Et les résistances viennent parfois des femmes elles mêmes comme pour ce groupe d’étudiantes qui nous a contacté pour utiliser des cartes et des graphiques sur leur nouveau site consacrés aux « droits de l’Homme ». On a dit qu’on était d’accord, mais on leur a fait remarquer qu’on aimerait mieux que nos travaux soient présentés sur un site qui afficherait « droits humains » plutôt que « droits de l’Homme », mais elles nous on répondu que c’était hors de question parce que l’expression était « Historique », qu’elle faisait « référence aux Lumières » et que ça, c’était intouchable etc... Et le débat s’est arrêté là (hélas). Je pense qu’il est très important de poursuivre le débat et faire évoluer la langue, l’usage de la terminologie (les mots sont importants) et les modes d’écriture.

      Ce que je prépare avec des profs d’histoire géographie à Rouen en 2018

    • C’est bien ce que je dis, c’est pas « straight forward », il faut faire un (petit) effort : point médian, pour le moment c’est

      –> alt+shift+F simultanément, soit une seule action

      point·médian

      Mais je suis sur que parmi nos geeks ici, il y a a une ou un qui trouverait le moyen d’attribuer le point médian à une touche plus pratique sur le clavier qui sert peu ou pas :)

    • dans tout logiciel de traitement de texte, il est possible de programmer une correction automatique en cours de frappe. il suffit de lui programmer une correction automatique qui remplacera toute combinaison de votre choix par un point médian. Par exemple deux double-points consécutifs (ce qui n’arrive jamais en français) « : : » remplacé par « · »

    • C’est vrai qu’ici c’est peut etre pas mal geek @perline mais le point médian est à la porté de la presse et de l’édition. Si l’usage de ce signe se repend il y aura des claviers adaptés. De toute façon le tirets, points, compressions, usage de vieilles tournures ou de nouvelles, neutralisations par paraphrases, ou invention d’un neutre, toutes initiative est bienvenue. C’est bien de s’approprier la langue française et de la sortir des griffes des académiciens et des psychorigides.

    • Ah, et puis juste pour rire, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes lui même ne les fait pas ces points totalement ridicules. Parce que ce sont des points et des points ça sépare. C’est une invention d’une tête probablement fort intello, mais tout aussi probablement loin des gens et de leur quotidien cette idée. Le tiret a été adopté il y a des dizaines d’années, comme ménageant l’ensemble, théorique et pratique de la chose, et il faut que des intellos le compliquent juste pour se faire mousser. Et du coup contre la grammaire bi.
      Je ne comprends même pas comment on peut entrer dans ce jeu si on a un tout petit peu de sens commun et de regard du-de la voisin-e.

    • Non mais hu…
      – le point médian n’est pas nouveau,, il y a méga longtemps il était utilisé pour séparer les mots, mais il est utilisé depuis longtemps par plusieurs langues comme le catalan comme une forme particulière de trait d’union
      – il est plus discret qu’un trait d’union
      – les mots composés comme ça sont mieux lus par des outils comme les lecteurs d’écran qu’avec des traits d’union (hashtag accessibilité)
      – il n’est pas déjà utilisé dans la langue française pour d’autres sens, ce qui permet de l’utiliser pour CE sens là précisément sans conflit (hashtag typographie qui a du sens)
      – les « claviers » tous seuls ça n’existe pas : l’écriture se fait grace à un « clavier » (matériel) et une « disposition de touches » (logiciel) configurée sur le système qu’on utilise (Windows, Ubuntu, etc) : tous permettent de choisir une disposition de touches qui ont le point médian avec un raccourci clavier pas spécialement compliqué : chez moi le point « normal » c’est Maj+"point/point virgule" (comme chez à peu près tout le monde en France) => en ajoutant AltGr, ça me fait un point médian (trop duuuur)
      Bref… Et c’est encore moins argumentable pour des « pros » (journalistes, maison d’édition, etc).

    • Ecriture inclusive : le féminin pour que les femmes cessent d’être invisibles

      L’écriture inclusive visant à rétablir la parité dans l’écriture, est au cœur d’une vive polémique. Derrière se cache en réalité un débat sur la #parité et la place du #féminin dans la #langue française et son #invisibilisation progressive à partir du XVIIe siècle.

      Eliane Viennot, historienne et auteure de l’ouvrage Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin, explique que la langue française n’est pas inégalitaire par essence : ce sont les actions menées par des hommes contre l’égalité des sexes depuis le XVIIe siècle, qui ont mené progressivement à l’invisibilisation des femmes.

      https://www.franceculture.fr/societe/ecriture-inclusive-le-feminin-pour-que-les-femmes-cessent-detre-invisi

      #écriture_inclusive

    • Faites progresser l’égalité femmes · hommes par votre manière d’écrire

      L’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes.

      Pour faire véritablement changer les mentalités, il faut agir sur ce par quoi elles se construisent : le langage. L’agence Mots-Clés a formalisé trois conventions d’écriture inclusive au sein du Manuel d’écriture inclusive disponible au libre téléchargement et propose de vous accompagner pour conduire ce changement.

      http://www.ecriture-inclusive.fr
      #manuel

  • Tout comprendre à l’écriture inclusive, que les antiféministes adorent détester
    http://www.francetvinfo.fr/societe/tout-comprendre-a-l-ecriture-inclusive-que-les-antifeministes-adorent-d

    Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?

    L’écriture inclusive est une technique d’écriture qui englobe des règles de grammaire et de syntaxe permettant d’assurer une représentation plus égalitaire des femmes et des hommes dans la langue française. Cette méthode recouvre plusieurs grands principes. Elle encourage non seulement à féminiser les noms de métiers et les titres de fonctions pour désigner une femme ("la présidente", « une agricultrice » plutôt que « Mme le président » ou « une femme agriculteur »), mais également à combiner le masculin et le féminin pour désigner un groupe qui comprend des femmes et des hommes ("les électeurs et les électrices").

    Le Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe, édité en novembre 2015 par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, invite également à bannir les termes « homme » et « femme » lorsqu’ils sont employés pour désigner l’espèce humaine d’une part ("les droits de l’homme") ou l’ensemble des femmes de l’autre ("la journée de la femme"). Pour le Haut Conseil, parler de « la femme » évoque « le fantasme, le mythe, qui correspondent à des images stéréotypées et réductrices telles que la figure de ’l’Arabe’ ou ’du Juif’. »

    La règle grammaticale selon laquelle le masculin l’emporte sur le féminin est également dans le viseur des partisans de l’écriture inclusive. En 2011, trois associations publiaient une pétition intitulée « Que les hommes et les femmes soient belles ! » qui invitait à s’en débarrasser pour revenir la règle de la « proximité ». Celle-ci consiste à accorder le genre de l’adjectif avec celui du plus proche des noms qu’il qualifie, et le verbe avec le plus proche de ses sujets, comme le titre de la tribune l’indique.

    #Ecriture #Typographie #Féminisme