• Je peine à trouver des trouver des textes basés sur l’hypothèse que les inégalités sont une (ou la) cause de la crise économique qui accompagne la pandémie. Évidemment, on a énormément de considérations sur le fait que la pandémie accentue les inégalités, mais je ne vois pas passer en ce moment de textes suggérant la causalité inverse, à savoir : (1) les inégalités accentueraient la pandémie, (2) les inégalités seraient la cause principale de la crise économique déclenchée par la pandémie.

    Pourtant, depuis 10 ans, toute une littérature économique souligne que les inégalités, notamment aux États-Unis, atteignent les niveaux de 1929, et que ce niveau d’inégalité n’est pas soutenable. La thèse que le niveau d’inégalité est la cause de la crise n’est pas qu’une idée de gentils gauchistes, mais une thèse du FMI lui-même : Inequality, Leverage and Crises, Michael Kumhof et Romain Rancière, 2010 :
    https://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2010/wp10268.pdf
    Il a même été écrit que ces inégalités, historiquement, ne parviennent à se résoudre que dans des formes d’extrême violence : guerre, effondrement d’un État, révolution sanglante ou… pandémie : The Great Leveler. Violence and the history of inequality from the Stone Age to the twenty-first century, Walter Scheidel, 2017
    https://www.scienceshumaines.com/the-great-leveler_fr_38968.html

    Du coup, je suis un peu étonné qu’on n’aborde plus les inégalités que comme conséquence de l’épidémie, alors qu’il serait certainement intéressant de travailler sur l’idée des inégalités comme causes de la crise qui accompagne l’épidémie, et pas seulement l’inverse (l’épidémie comme cause, révélateur ou accélérateur des inégalités).

    Il me semble facile d’admettre que nos sociétés ont été lourdement fragilisées par les politiques économiques et sociales imposées par la montée de ces inégalités. La France macroniste en serait même une parodie. Mais peut-on aller plus loin ?

    Et de fait, s’autoriser l’hypothèse un peu simpliste : on a les niveaux d’inégalités qui ont précédé la crise de 1929, on hérite donc d’une crise économique du niveau de celle de 1929. La virus, alors, comme simple déclencheur d’une crise qui était déjà inévitable et en gestation.

    • Je n’écoute pas souvent à cette heure mais l’émission Entendez-vous l’écho aborde régulièrement la question des inégalités. Cette semaine, le capitaliste sur le banc des accusés
      Épisode 2 (aujourd’hui) : Les dérives de l’accumulation.
      Peut-être qu’en recherchant dans l’historique tu trouverais les analyses que tu attends.
      https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/le-capitalisme-sur-le-banc-des-accuses-24-les-derives-de-laccumulation

    • Comme la situation actuelle de crise sanitaire mondiale, cette manière de voir me laisse profondément perplexe ... Sans arriver à ordonner le propos, et sans éviter l’appel à des grosses catégories (capitalisme !), des remarques.
      En matière de santé publique le rôle de ces « inégalités » est sans cesse pointé (avec une espérance de vie très hiérarchisée socialement et géographiquement). Dans le cas du Covid_19 on voit bien que c’est la jet class qui a été le vecteur majeur de la pandémie, de sa vitesse, alors que ce sont les moins bien dotés qui meurent le mieux (migrants, enfermés divers, travailleurs confinés dans l’emploi, pauvres). D’autres ont pointé en quoi cela se fait au risque dune pénurie de man d’oeuvre.
      https://seenthis.net/messages/842806
      Mais depuis quand croit-on que la capitalisme doive être régulé. Et de quelle régulation parle-t-on ? La crise est le mode d’être d’un capitalisme qui fonctionne aux « inégalités », c’est devenu manifeste depuis 50 ans (avec des moments inédits : 2008, 2020), d’un capitalisme qui marche au déséquilibre permanent, aux contradictions.
      La montée du thème des inégalités dans les sciences sociales et l’expertise relève il me semble de l’expansion des savoirs d’une gestion biopolitique des populations, avec d’innombrables aspects « éthiques » (#théorie_de_la_justice) ou plus économiques (#néokeynésianisme), autant d’hypothèses de gestion à renouveler sans cesse (avec tous les « retours » possibles à des visions antérieures remaniées : cf le « colbertisme chinois », par exemple).
      Les militants de l’économie n’ont et n’auront pas de vision unifiée de ce qu’exige leur credo (le profit, la concurrence comme fondement de la société), gardant la possibilité d’infléchir les politiques menées (un réservoir, un stock de conceptions et de mesures pour durer, autant que faire se peut).
      Mais ils n’ont plus rien à promettre. Il n’y a pas de bonne nouvelle à laquelle faire adhérer. La survie et le bonheur s’équivalent (cf. la collapsologie, totalement indifférente aux rapports sociaux qui produisent les inégalités), saisissez votre chance !
      Et là, il semble que faute de toute alternative pour une relance de la croissance économique, ou une nouvelle croissance, la tentation d’une bonne grosse « destruction créatrice » à l’échelle de la population mondiale soit forte parmi eux (l’immunité de troupeau est une guerre aux pauvres du monde). Une prolongation radicalisée de la troisième guerre mondiale, morcelée et permanente depuis la fin de la seconde.
      Lorsqu’à l’abandon depuis 20 ans des politiques légitimées par les théories du « capitalisme cognitif », d’un entretien et d’une valorisation du « capital humain » par la formation de masse s’ajoute un opportun délestage du capital humain obsolète (exemplairement les vieux, ici), faut peut-être constater que la manière de faire jouer à l’inégalité (et pas aux inégalités...) son rôle de moteur du développement est en train de se muer. D’aucuns en viennent à parler de #nécrocapitalisme, c’est partiel mais pas absurde.

      #biopolitique

  • Félix Tréguer : « Des technologies de surveillance se normalisent à l’aune de cette crise » - Le Temps
    https://www.letemps.ch/societe/felix-treguer-technologies-surveillance-se-normalisent-laune-cette-crise

    Internet devient une arme dans la lutte contre le Covid-19, avec des risques de dérive. L’auteur de « L’Utopie déchue : une contre histoire d’internet XVe-XXIe siècle » redoute un affaiblissement des libertés Les outils technologiques rejoignent l’arsenal de plusieurs Etats pour freiner la propagation du coronavirus. Des applications de suivi des personnes infectées voient ainsi le jour partout dans le monde. Une tendance qui nourrit la crainte d’une surveillance de masse. A l’inverse, ces temps (...)

    #LaQuadratureduNet #surveillance #santé #COVID-19 #BigData #métadonnées #technologisme #géolocalisation #biopolitique #StopCovid #smartphone #SmartCity #Bluetooth #contactTracing #algorithme (...)

    ##santé ##Palantir

  • Le « contact tracking » ou la généralisation du bracelet électronique pour les citoyens - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/04/10/le-contact-tracking-ou-la-generalisation-du-bracelet-electronique-pour-le

    L’application StopCovid n’est pas une réponse au virus mais une démarche idéologique destinée à limiter les libertés des personnes. Il faut s’opposer à ce projet qui ne sera ni efficace, ni sans danger. Tribune. L’outil de tracking proposé par le gouvernement n’est ni efficace, ni sans danger. Et surtout, loin de se contenter de menacer la vie privée, ce n’est ni plus ni moins qu’une forme de bracelet électronique généralisée et donc la mise en détention globale de tous les Français qui est aujourd’hui (...)

    #surveillance #santé #COVID-19 #BigData #métadonnées #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #technologisme #géolocalisation #biopolitique #StopCovid #smartphone (...)

    ##santé ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##bracelet ##contactTracing ##algorithme

  • Covid-19 : le traçage numérique en question
    https://www.franceculture.fr/numerique/covid19-le-tracage-numerique-en-question

    Quel rôle peuvent jouer les dispositifs numériques dans la lutte contre la pandémie et la stratégie de déconfinement ? Faut-il s’en inquiéter ? Le traçage numérique des cas de Covid-19 peut-il jouer un rôle dans la lutte contre la pandémie ? Voilà qui fait débat depuis quelques semaines, alors que le gouvernement souhaite inscrire dans sa stratégie des dispositifs numériques. Ces derniers pourraient jouer un rôle, peut-être au moment de la sortie de confinement, et sûrement au-delà, si l’on croit les (...)

    #santé #COVID-19 #consentement #technologisme #géolocalisation #biopolitique #anonymat #GPS #StopCovid #smartphone #Bluetooth (...)

    ##santé ##algorithme

  • Privacy Versus Health Is a False Trade-Off
    https://jacobinmag.com/2020/4/privacy-health-surveillance-coronavirus-pandemic-technology

    As tech firms team up with governments to fight the coronavirus pandemic, we’re being asked to accept a trade-off between our digital privacy and our health. It’s a false choice : we can achieve the public health benefits of data without accepting abusive and illicit surveillance. As the world scrambles to stop the coronavirus pandemic, governments and technology companies have begun exploring new partnerships to track the spread of COVID-19 and target preventative interventions. Emerging (...)

    #TraceTogether #contactTracing #santé #COVID-19 #BigData #technologisme #géolocalisation #biopolitique #GPS #smartphone #Bluetooth #Zoom #WhatsApp #Facebook #Palantir #NYPD #Google #DeepMind #Clearview #Apple (...)

    ##santé ##Alphabet

  • Appli Stop Covid : une question de confiance | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/appli-stop-covid-une-question-de-confiance/00092461

    Pour respecter les libertés individuelles, les applications mobiles permettant d’identifier les personnes infectées doivent répondre à plusieurs conditions. Le Covid-19 nous questionne tous sur notre capacité de réponse face aux pandémies, il semble que le numérique se présente comme un moyen d’accompagner le (dé)confinement. Certains pays asiatiques ont adopté massivement les technologies les plus avancées et ont a priori de bons résultats. Si leur sensibilité aux libertés individuelles et aux données (...)

    #technologisme #surveillance #géolocalisation #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #StopCovid #COVID-19 #santé #BigData #métadonnées #anonymat #Tencent #Apple (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##santé ##Alibaba ##smartphone ##Google ##CNIL ##PEPP-PT ##algorithme ##biopolitique

  • Biosurveillance : sortir de la prison molle de nos intérieurs - Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/120420/biosurveillance-sortir-de-la-prison-molle-de-nos-interieurs

    La gestion politique du Covid-19 augmente la tolérance des citoyens au contrôle cybernétique de l’État. Si nous voulons résister à la soumission, nous devons muter, comme le virus. Deuxième volet de la réflexion du philosophe Paul B. Preciado sur les leçons du Sras-CoV-2. Le premier est là. Les épidémies, par leur appel à un état d’exception, par l’imposition sans concessions des mesures extrêmes, sont de grands laboratoires d’innovation sociale, l’occasion d’une reconfiguration à grande échelle des (...)

    #biopolitique #surveillance #santé #COVID-19 #BigData #métadonnées #géolocalisation #smartphone (...)

    ##santé ##algorithme

  • Opinion | Surveillance Won’t Stop the Coronavirus - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/04/15/opinion/coronavirus-surveillance-privacy-rights.html

    Access to adequate health care, including protective equipment and sufficient testing, will do more good than another hackathon. In the Moria refugee camp in Greece, one tap is shared among 1,300 people. Social distancing is difficult to do. Refugee communities from Kenya to Bangladesh, Lebanon and Syria are vulnerable to the spread of the coronavirus. The answer to stopping the virus is not increased surveillance through new technology or preventing access into the camps for medical (...)

    #santé #surveillance #COVID-19 #migration #biopolitique

    ##santé

  • ’Netanyahu’s actions more dangerous than coronavirus’
    https://jewishbusinessnews.com/2020/04/15/netanyahus-actions-more-dangerous-than-coronavirus

    In an exclusive interview, Edward Snowden, the man who bared the secrets of American intelligence, says he is surprised that Israelis are not furious over the use of Shin Bet anti-terrorism measures to track people infected with the virus, which he calls ’intolerable’ Edward Snowden can’t understand why the Israelis are not furious, about the use of the Shin Bet’s mass surveillance database to track people infected by the coronavirus. The man who sparked an international tempest by exposing (...)

    #COVID-19 #surveillance #smartphone #géolocalisation #anti-terrorisme #santé #Mossad #algorithme #CIA #NSA #PRISM #ShinBet #BigData #métadonnées (...)

    ##santé ##biopolitique

  • ’Netanyahu’s actions more dangerous than coronavirus’
    https://www.ynetnews.com/magazine/article/HyBAsXfuI

    In an exclusive interview, Edward Snowden, the man who bared the secrets of American intelligence, says he is surprised that Israelis are not furious over the use of Shin Bet anti-terrorism measures to track people infected with the virus, which he calls ’intolerable’ Edward Snowden can’t understand why the Israelis are not furious, about the use of the Shin Bet’s mass surveillance database to track people infected by the coronavirus. The man who sparked an international tempest by exposing (...)

    #COVID-19 #surveillance #smartphone #géolocalisation #anti-terrorisme #santé #Mossad #algorithme #CIA #NSA #PRISM #ShinBet #BigData #métadonnées (...)

    ##santé ##biopolitique

  • Bezos Gains $24 Billion in 2020 While World Battles Pandemic - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-04-14/bezos-gains-24-billion-while-world-s-rich-reap-bailout-rewards

    The world’s richest person is getting richer, even in a pandemic, and perhaps because of it. With consumers stuck at home, they’re relying on Jeff Bezos’s Amazon.com Inc. more than ever. The retailer’s stock climbed 5.3% to a record Tuesday, lifting the founder’s net worth to $138.5 billion.

    #santé #Amazon #profiling #COVID-19 #bénéfices #biopolitique

    ##santé

  • Coronavirus : la justice impose à Amazon de réduire drastiquement son activité | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/coronavirus-la-justice-impose-a-amazon-de-reduire-drastiquement-son-activit

    Saisi par le syndicat Solidaires, le tribunal judiciaire de Nanterre statuant en référé a imposé au géant de l’e-commerce de ne plus livrer que les produits alimentaires, médicaux et d’hygiène sous astreinte de 1 million d’euros par jour et par infraction constatée. Ces restrictions dureront tant qu’il n’aura pas été procédé à une nouvelle évaluation des risques professionnels inhérents à l’épidémie de Covid-19 et des mesures en découlant. C’est un jugement en forme de coup de tonnerre et qui pourrait (...)

    #travail #COVID-19 #procès #Amazon #santé #biopolitique

    ##santé

  • Les leçons du virus - Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110420/les-lecons-du-virus

    Face aux épidémies, quelles sont les vies que nous voulons sauver ? Covid-19, sida, syphilis : chaque société peut se définir par les pathologies virales qui la menacent et la façon dont elle s’organise face à elles. Premier volet d’un texte du philosophe Paul B. Preciado, dans notre série consacrée au monde d’après la pandémie. Si Michel Foucault avait survécu au sida en 1984 et était resté en vie jusqu’à l’invention de la trithérapie, il aurait peut-être aujourd’hui 93 ans : aurait-il accepté de (...)

    #biopolitique #COVID-19 #surveillance #santé #profiling #LGBT #discrimination #violence #sexisme #domination #racisme (...)

    ##santé ##migration

  • Bruno Latour : « La crise sanitaire incite à se préparer à la mutation climatique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/25/la-crise-sanitaire-incite-a-se-preparer-a-la-mutation-climatique_6034312_323

    Ce qui autorise l’enchaînement des deux crises, c’est la réalisation soudaine et douloureuse que la définition classique de la société – les humains entre eux – n’a aucun sens. L’état du social dépend à chaque instant des associations entre beaucoup d’acteurs dont la plupart n’ont pas forme humaine. Cela est vrai des microbes – on le sait depuis Pasteur –, mais aussi d’Internet, du droit, de l’organisation des hôpitaux, des capacités de l’Etat, aussi bien que du climat. Et bien sûr, malgré le barouf autour d’un « état de guerre » contre le virus, celui-ci n’est que l’un des maillons d’une chaîne où la gestion des stocks de masques ou de tests, la réglementation du droit de propriété, les habitudes civiques, les gestes de solidarité, comptent exactement autant pour définir le degré de virulence de l’agent infectieux.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Bruno Latour : « L’apocalypse, c’est enthousiasmant »

    Une fois pris en compte tout le réseau dont il n’est qu’un maillon, le même virus n’agit pas de la même façon à Taïwan, Singapour, New York ou Paris. La pandémie n’est pas plus un phénomène « naturel » que les famines d’autrefois ou la crise climatique actuelle. Il y a bien longtemps que la société ne tient plus dans les étroites limites du social.

    Faites l’expérience de pensée : imaginez que le président Macron soit venu vous annoncer, avec le même ton churchillien, un train de mesures pour laisser les réserves de gaz et du pétrole dans le sol, pour stopper la commercialisation des pesticides, supprimer les labours profonds, et, audace suprême, interdire de chauffer les fumeurs à la terrasse des bars… Si la taxe sur l’essence a déclenché le mouvement des « gilets jaunes », là, on frémit à la pensée des émeutes qui embraseraient le pays. Et pourtant, l’exigence de protéger les Français pour leur propre bien contre la mort est infiniment plus justifiée dans le cas de la crise écologique que dans le cas de la crise sanitaire, car il s’agit là littéralement de tout le monde, et pas de quelques milliers d’humains – et pas pour un temps, mais pour toujours.

    La situation est tragiquement inverse dans la mutation écologique : cette fois-ci, l’agent pathogène dont la virulence terrible a modifié les conditions d’existence de tous les habitants de la planète, ce n’est pas du tout le virus, ce sont les humains ! Et pas tous les humains, mais certains, qui nous font la guerre sans nous la déclarer. Pour cette guerre-là, l’Etat national est aussi mal préparé, aussi mal calibré, aussi mal dessiné que possible car les fronts sont multiples et traversent chacun d’entre nous. C’est en ce sens que la « mobilisation générale » contre le virus ne prouve en rien que nous serons prêts pour la suivante. Il n’y a pas que les militaires pour être toujours en retard d’une guerre.

    #Coronavirus #Biopolitique #Non_humains #Climat

  • Against Agamben : Is a Democratic Biopolitics Possible ?

    Giorgio Agamben’s recent intervention (http://www.journal-psychoanalysis.eu/coronavirus-and-philosophers) which characterizes the measures implemented in response to the Covid-19 pandemic as an exercise in the biopolitics of the ‘state of exception’ has sparked an important debate on how to think of biopolitics.

    The very notion of biopolitics, as it was formulated by Michel Foucault, has been a very important contribution to our understanding the changes associated with the passage to capitalist modernity, especially in regards to the ways that power and coercion are exercised. From power as a right of life and death that the sovereign holds, we pass to power as an attempt to guarantee the health (and productivity) of populations. This led to an expansion without precedent of all forms of state intervention and coercion. From compulsory vaccinations, to bans on smoking in public spaces, the notion of biopolitics has been used in many instances as the key to understand the political and ideological dimensions of heath policies.

    At the same time it has allowed us to analyse various phenomena, often repressed in the public sphere, from the ways that racism attempted to find a ‘scientific’ grounding to the dangers of trends such as eugenics. And indeed Agamben has used it in a constructive way, in this attempt to theorise the modern forms of a ‘state of exception’, namely spaces where extreme forms of coercion are put in practice, with the concentration camp the main example.

    The questions regarding the handling of the Covid-19 pandemic obviously raise issues associated with biopolitics. Many commentators have suggested that China made steps towards containing or slowing the pandemic, because it could implement an authoritarian version of biopolitics, which included the use of extended quarantines and bans on social activities, which was helped by the vast arsenal of coercion, surveillance and monitoring measures and technologies that the Chinese state has at its disposal.

    Some commentators even suggested that because liberal democracies lack the same capacity for coercion or invest more on voluntary individual behaviour change, they cannot take the same measures and this could inhibit the attempt to deal with the pandemic.

    However, I think that it would be a simplification to pose the dilemma as one between authoritarian biopolitics and a liberal reliance on persons making rational individual choices.

    Moreover, it is obvious that simply treating measures of public health, such as quarantines or ‘social distancing’, as biopolitics somehow misses their potential usefulness. In the absence of a vaccine or successful anti-viral treatments, these measures, coming from the repertoire of 19th century public health manuals, can reduce the burden, especially for vulnerable groups.

    This is especially true if we think that even in advanced capitalist economies public health infrastructure has deteriorated and cannot actually stand the peak of the pandemic, unless measures to reduce the rate of its expansion are taken.

    One might say that contra Agamben, ‘naked life’ would be closer to the pensioner on a waiting list for a respirator or an ICU bed, because of a collapsed health system, than the intellectual having to do with the practicalities of quarantine measures.

    In light of the above I would like to suggest a different return to Foucault. I think that sometimes we forget that Foucault had a highly relational conception of power practices. In this sense, it is legitimate to pose a question whether a democratic or even communist biopolitics is possible.

    To put this question in a different way: Is it possible to have collective practices that actually help the health of populations, including large-scale behaviour modifications, without a parallel expansion of forms of coercion and surveillance?

    Foucault himself, in his late work, points towards such a direction, around the notions of truth, parrhesia and care of the self. In this highly original dialogue with ancient philosophy, he suggested an alternative politics of bios that combines individual and collective care in non coercive ways.

    In such a perspective, the decisions for the reduction of movement and for social distancing in times of epidemics, or for not smoking in closed public spaces, or for avoiding individual and collective practices that harm the environment would be the result of democratically discussed collective decisions. This means that from simple discipline we move to responsibility, in regards to others and then ourselves, and from suspending sociality to consciously transforming it. In such a condition, instead of a permanent individualized fear, which can break down any sense of social cohesion, we move to the idea of collective effort, coordination and solidarity within a common struggle, elements that in such health emergencies can be equally important to medical interventions.

    This offers the possibility of a democratic biopolitics. This can also be based on the democratization of knowledge. The increased access to knowledge, along with the need for popularization campaigns makes possible collective decision processes that are based on knowledge and understanding and not just the authority of experts.
    Biopolitics from below

    The battle against HIV, the fight of stigma, the attempt to make people understand that it is not the disease of ‘high risk groups’, the demand for education on safe sex practices, the funding of the development of therapeutic measures and the access to public health services, would not have been possible without the struggle of movements such as ACT UP. One might say that this was indeed an example of a biopolitics from below.

    And in the current conjuncture, social movements have a lot of room to act. They can ask of immediate measures to help public health systems withstand the extra burden caused by the pandemic. They can point to the need for solidarity and collective self-organization during such a crisis, in contrast to individualized “survivalist” panics. They can insist on state power (and coercion) being used to channel resources from the private sector to socially necessary directions. And they can demand social change as a life-saving exigency.

    https://criticallegalthinking.com/2020/03/14/against-agamben-is-a-democratic-biopolitics-possible
    #Agamben #Giorgio_Agamben #biopolitique #biopolitique_démocratique #démocratie #contre_Agamben #coronavirus #covid-19

    • Why We Are Not Bare Life: What’s wrong with Agamben’s Thoughts on Coronavirus

      In a follow-up to a controversial piece in which he argued (in late February) that the social distancing and quarantining in Italy presented the temptation to universalize the state of exception, Agamben says this:

      “Fear is a bad counsellor, but it makes us see many things we pretended not to see. The first thing the wave of panic that’s paralysed the country has clearly shown is that our society no longer believes in anything but naked life. It is evident that Italians are prepared to sacrifice practically everything – normal living conditions, social relations, work, even friendships and religious or political beliefs – to avoid the danger of falling ill. The naked life, and the fear of losing it, is not something that brings men and women together, but something that blinds and separates them. Other human beings, like those in the plague described by Manzoni, are now seen only as potential contaminators to be avoided at all costs or at least to keep at a distance of at least one metre. The dead – our dead – have no right to a funeral and it’s not clear what happens to the corpses of our loved ones. Our fellow humans have been erased and it’s odd that the Churches remain silent on this point. What will human relations become in a country that will be accustomed to living in this way for who knows how long? And what is a society with no other value other than survival?”

      To be sure, there are and will be bad actors. William Barr’s DOJ has apparently seen the epidemic as a good time for a power grab (notably, one that has been sharply critiqued from both the right and the left). Ohio seems to be using it as a pretext to stop abortions. So – and this will be my point – we must always be vigilant about the expansion of emergency powers.

      But when you have a leitmotif, you stick with it, and so Agamben reiterates his basic thesis about the combination of state of exception and bare life:

      “There have been more serious epidemics in the past, but no one ever thought of declaring a state of emergency like today, one that forbids us even to move. Men have become so used to living in conditions of permanent crisis and emergency that they don’t seem to notice that their lives have been reduced to a purely biological condition, one that has lost not only any social and political dimension, but even any compassionate and emotional one.”

      This is obviously not literally true; Foucault’s example of a town in lockdown during the plague is on point. But certainly this is new at a global scale. Various responses in the thread point out the obvious: that many more people will die of COVID-19 than the annual flu; that “overreaction” makes perfect sense when you cannot make the sorts of risk-based, prudential calculations to which we have become accustomed. In the process of making the latter argument, I even suggested that the current social distancing measures are unsustainable because our society is based on movement and circulation. They indeed put our bios into suspension.

      But what we learn from Agamben is mainly that the bios/zoe distinction (where bios refers to way of life, and zoe refers to the biological process of living) he is invoking here makes no more sense now than it did in Homo Sacer. In what way is life reduced to a “purely biological condition?” How is that even coherent? Agamben in Homo Sacer says that bare life is so thoroughly debased that it loses even the “sweetness” that comes originally with the act of living. He quotes Aristotle, who says that “there is probably some kind of good in the mere fact of living. If there is no great difficulty as to the way of life [kata ton bion], clearly most men will tolerate much suffering and hold on to life [zoe] as if it were a kind of serenity [euemeria, beautiful day] and a natural sweetness” (1278b, 23-31; qt HS 2, interpolations Agamben’s). We have all seen the touching videos of Italians singing together from their apartment balconies, and now there are Germans and Chinese singing in solidarity with them. These songs reject Agamben’s interpretation, even on his own terms!

      Moreover, the idea that there is such a thing as purely biological life devoid of bios is rubbish. As William Connolly put it in response to Homo Sacer, “what a joke. Every way of life involves the infusion of norms, judgments, and standards into the affective life of participants at both private and public levels. Every way of life is biocultural and biopolitical” (in Giorgio Agamben: Sovereignty and Life, 29). Consider even eating: what parts of how we eat are not cultural? That is, both there must be a bios to being quarantined, and the decision to prioritize avoiding illness must be a biopolitical one. The discordance between Trump and the more responsible members of the federal government shows that the reverse decision to prioritize what passes for the index of bios in Trump’s mind – the stock markets – is a cynically political one. When it is replicated by spring breakers in Florida or crowds in packed bars, they enact another political decision: their bios matters more than the zoe of society’s most vulnerable. When elevated to a principle, either of these comes carelessly close to saying that those vulnerable lives don’t matter, or are expendable. As Latour pointed out somewhere, we do this all the time: the decision to keep speed limits where they are is a decision that those who could be saved by lowering them are expendable. It is true that Italy has banned funerals for now and this should give us pause – but how is it better to imply that the lives of the most vulnerable are less important than large, non-funereal social gatherings of strangers during a pandemic? No doubt, balancing matters, and the right level of social distancing from an epidemiological point of view is probably somewhere between life-as-normal and being utterly confined to one’s own house with no exceptions, just as the right speed limit is somewhere between forcing everyone to walk and removing speed limits altogether. But how is this not a biopolitical discussion, one where the details matter? From an epidemiological perspective, at least, the spring breakers make it worse for everyone else: by refusing to socially isolate at all, they bring more isolation down on the rest of us. So too, as feminist theory has forcefully and for a long time underlined with regards to privacy, social distancing will be borne differently by different people. It’s one thing for an office worker to telecommute, and something totally different to confine someone indefinitely in a house with their abuser. We are differentially vulnerable and resilient, and recognizing those differences matters.

      In other words, Agamben’s argument above replicates the problems of Homo Sacer because it obscures too many details that matter in figuring out how to navigate an impossible situation under conditions of radical uncertainty. It precisely obscures politics in the broader sense. Let me focus on the level of consequences. Agamben wrote that the apotheosis of bare life was found in Auschwitz, and in particular in the figure of the so-called Muselmann, “the most extreme figure of the camp inhabitant … a being from whom humiliation, horror, and fear had so taken away all consciousness and all personality as to make him absolutely apathetic” (Homo Sacer, 184-85). Antonio Negri calls this description dangerous:

      “I believe that the concept of naked life is not an impossible, unfeasible one. I believe it is possible to push the image of power to the point at which a defenseless human being is crushed, to conceive of that extreme point at which Power tries to eliminate that ultimate resistance which is the sheer attempt to keep oneself alive. From a logical standpoint, it is possible to think all this: the naked bodies of the people in the camps, for example, can lead one precisely in this direction. But this is also the point at which this concept turns into ideology …. Isn’t this the story about Power that Power itself would like us to believe in and reiterate? Isn’t it far more politically useful to conceive of this limit from the standpoint of those who are not yet or not completely crushed by Power, from the standpoint of those still struggling to overcome such a limit, from the standpoint of the process of constitution” (In Praise of the Common, 155, my emphasis)?

      Negri accordingly proposes that “the conclusions” Agamben “draws in Homo Sacer lead to dangerous political outcomes” (ibid.).

      Here, Agamben’s procrustean bios/zoe distinction here doesn’t just ignore the evidence of bios in all forms of life. It ignores the efforts to find meaning and solidarity in life, in spite of and even because of quarantine. It ignores meaning and solidarity that challenges the conditions that led to quarantine. Citing Baudrillard’s controversial proclamation that 9/11 represented the West waging war on itself, Andrew O’Hehir proposes:

      “We didn’t want this to happen; I’m not saying that. But we wanted something to happen. We all understood, consciously or otherwise, that the life we have all been living, the global economy we have created, was not sustainable. Many of us knew it would take a crisis of global proportions before we could consider that seriously, on the level of the human collective. Well, here we are. If the dolphins of Venice are not real, we invented them for a reason. We need them to show us the way.”

      In treating life today as mere zoe, Agamben occludes the very voices and imaginings that might change the biopolitical status quo he so detests. And in doing that, he gives power to the Donald Trumps and William Barrs of the world. This is not a trivial point, because we should indeed fear the entrenchment of surveillance culture and the permanent replacement of human contact by the very screens that we now need to get through our day just as we should fear the accretion and normalizing of emergency powers. In a thoughtful essay on Slate (you really should read it), Steven W. Thrasher looks at his own research on the effects of HIV/AIDS (which has killed 38 million so far) and the resistance movements that emerged from it. He warns that social isolation is damaging in itself. He underlines that social distancing becomes bearable only if it is accompanied by data that allows it to be accurately targeted (one should remember here that Foucault’s plague-infested town was a place of data collection, not just frozen movement). He talks about how both epidemics have laid bare the necropolitics of Republican administrations that assume that only those they don’t care about will get sick and die. Thrasher recounts to politics of ACT UP and other groups, a politics based on putting bodies in the way and on the line. Thrasher concludes:

      “There’s power in how, for the first time in history, any human on the planet can instantly communicate with any other and talk about facing the same challenge. This new crisis will change everything. Everything. Everything about how we work and socialize, everything about how we make love and make politics. It might very well be a less haptic world, a more screen-centered and surveilled world. The world will be rebuilt, and we have a chance to make it better—but this will only happen if we can figure out mutual care and mass mobilization with tactics that have never been used on such a scale before. We’d do well to listen to leadership from disabled activists who have a lot of experience with political action without needing physical presence. But we have to keep thinking critically. There are no easy answers, and the status quo won’t do.”

      I don’t know if the current pandemic will change everything, or more to the point, what it will change. The 1918 flu pandemic likely brought us public health, starting with the Soviet Union and spreading to Europe and then, in diluted form, to the U.S. Thrasher documents the many changes HIV/AIDS have brought.

      Being a part of these changes, pushing for the ones that are worth having and resisting those that are bad, will be vital. But if you see everybody in quarantine as Agamben sees Muselmänner, you also won’t see the politics that can move us forward. Donald Trump is a declining tinpot dictator who depends on a vast network of sycophants to constantly recreate the hall of mirrors in which he lives. He wants nothing more than for us to see social isolation as bare life, because then we can go back to making him richer, the body count be damned.

      https://www.newappsblog.com/2020/03/why-we-are-not-bare-life-whats-wrong-with-agambens-thoughts-on-coronavi
      #vie_nue #vies_nues

    • Biopolitics in the Time of Coronavirus

      In a recent blog post (https://critinq.wordpress.com/2020/03/29/the-rise-and-fall-of-biopolitics-a-response-to-bruno-latour), #Joshua_Clover rightly notices the swift emergence of a new panoply of “genres of the quarantine.” It should not come as a surprise that one of them centers on Michel Foucault’s notion of biopolitics, asking whether or not it is still appropriate to describe the situation that we are currently experiencing. Neither should it come as a surprise that, in virtually all of the contributions that make use of the concept of biopolitics to address the current coronavirus pandemic, the same bunch of rather vague ideas are mentioned over and over again, while other—no doubt more interesting—Foucauldian insights tend to be ignored. In what follows, I discuss two of these insights, and I conclude with some methodological remarks on the issue of what it may mean to “respond” to the current “crisis.”

      The “Blackmail” of Biopolitics

      The first point that I would like to make is that Foucault’s notion of biopolitics, as he developed it in 1976,[1] was not meant to show us just how evil this “modern” form of power is. Of course, it was not meant to praise it either. It seems to me that, in coining the notion of biopolitics, Foucault wants first and foremost to make us aware of the historical crossing of a threshold and more specifically of what he calls a society’s “seuil de modernité biologique” (“threshold of biological modernity”).[2] Our society crossed such a threshold when the biological processes characterizing the life of human beings as a species became a crucial issue for political decision-making, a new “problem” to be addressed by governments—and this, not only in “exceptional” circumstances (such that of an epidemic), but in “normal” circumstances as well.[3] A permanent concern which defines what Foucault also calls the “étatisation du biologique” (the “nationalization of the biological”).[4] To remain faithful to Foucault’s idea that power is not good or bad in itself, but that it is always dangerous (if accepted blindly, that is, without ever questioning it), one could say that this “paradigm shift” in the way in which we are governed, with both its positive and its horrible outcomes, no doubt corresponds to a dangerous extension of the domain of intervention of power mechanisms. We are no longer governed only, nor even primarily, as political subjects of law, but also as living beings who, collectively, form a global mass—a “population”—with a natality rate, a mortality rate, a morbidity rate, an average life expectancy, etc.

      In “What is Enlightenment?” Foucault claims that he wants to refuse the “‘blackmail’ of Enlightenment”—that is, the idea that we have to be either “for” or “against” it—and address it instead as a historical event that still characterizes, at least to a certain extent, what we are today.[5] I would like to suggest, in an analogous way, that it would be wise for us to refuse the “blackmail” of biopolitics: we do not have to be “for” or “against” it (what would that even mean?), but address it as a historical event that still defines, at least in part, the way in which we are governed, the way in which we think about politics and about ourselves. When, on the newspapers or the social media, I see people complaining about others not respecting the quarantine rules, I always think about how astonishing it is for me, on the contrary, that so many of us are, even when the risk of sanctions, in most situations, is quite low. I also noticed the panoply of quotes from Discipline and Punish, in particular from the beginning of the chapter “Panopticism,”[6] which of course perfectly resonates with our current experience of the quarantine, as it describes the disciplinarization of a city and its inhabitants during a plague epidemic. However, if we just insist on coercive measures, on being confined, controlled, and “trapped” at home during these extraordinary times, we risk overlooking the fact that disciplinary and biopolitical power mainly functions in an automatic, invisible, and perfectly ordinary way—and that it is most dangerous precisely when we do not notice it.

      Instead of worrying about the increase of surveillance mechanisms and indiscriminate control under a new “state of exception,” I therefore tend to worry about the fact that we already are docile, obedient biopolitical subjects. Biopolitical power is not (only) exercised on our lives from the “outside,” as it were, but has been a part of what we are, of our historical form of subjectivity, for at least the past two centuries. This is why I doubt that any effective strategy of resistance to its most dangerous aspects should take the form of a global refusal, following the logic of the “blackmail” of biopolitics. Foucault’s remarks about a “critical ontology of ourselves”[7] may turn out to be surprisingly helpful here, since it is the very fabric of our being that we should be ready to question.

      The (Bio)Politics of Differential Vulnerability

      The second point that I would like to discuss—a crucial one, but alas one that I rarely find mentioned in the contributions mobilizing the notion of biopolitics to address the current coronavirus pandemic—is the inextricable link that Foucault establishes between biopower and racism. In a recent piece, Judith Butler rightly remarks “the rapidity with which radical inequality, nationalism, and capitalist exploitation find ways to reproduce and strengthen themselves within the pandemic zones.” This comes as a much-needed reminder in a moment in which other thinkers, such as Jean-Luc Nancy, argue on the contrary that the coronavirus “puts us on a basis of equality, bringing us together in the need to make a common stand.” Of course, the equality Nancy is talking about is just the equality of the wealthy and the privileged—those who are lucky enough to have a house or an apartment to spend their quarantine in, and who do not need to work or can work from home, as Bruno Latour already observed. What about those who are still forced to go to work every day because they cannot work from home nor afford to lose their paycheck? What about those who do not have a roof over their head?

      In the last lecture of “Society Must Be Defended,” Foucault argues that racism is “a way of introducing a break into the domain of life taken over by power: the break between what must live and what must die.”[8] In other words, with the emergence of biopolitics, racism becomes a way of fragmenting the biological continuum—we all are living beings with more or less the same biological needs—in order to create hierarchies between different human groups, and thus (radical) differences in the way in which the latter are exposed to the risk of death. The differential exposure of human beings to health and social risks is, according to Foucault, a salient feature of biopolitical governmentality. Racism, in all of its forms, is the “condition of acceptability” of such a differential exposure of lives in a society in which power is mainly exercised to protect the biological life of the population and enhance its productive capacity.[9] We should therefore carefully avoid reducing biopolitics to the famous Foucauldian formula “making live and letting die.”[10] Biopolitics does not really consist in a clear-cut opposition of life and death, but is better understood as an effort to differentially organize the gray area between them. The current government of migration is an excellent example of this, as Martina Tazzioli convincingly shows when talking of “biopolitics through mobility.”[11] Indeed, as we are constantly, sometimes painfully reminded these days, biopolitics is also, and crucially, a matter of governing mobility—and immobility. Maybe this experience, which is new for most of us, will help us realize that the ordinary way in which “borders” are more or less porous for people of different colors, nationalities, and social extractions deserves to be considered as one of the main forms in which power is exercised in our contemporary world.

      In short, biopolitics is always a politics of differential vulnerability. Far from being a politics that erases social and racial inequalities by reminding us of our common belonging to the same biological species, it is a politics that structurally relies on the establishment of hierarchies in the value of lives, producing and multiplying vulnerability as a means of governing people. We might want to think about this next time that we collectively applaud the “medical heroes” and “care workers” who are “fighting the coronavirus.” They deserve it, for sure. But are they really the only ones who are “taking care” of us? What about the delivery people who make sure that I receive what I buy while safely remaining in my quarantined apartment? What about the supermarket and pharmacy cashiers, the public-transportation drivers, the factory workers, the police officers, and all of the other people working (mostly low-income) jobs that are deemed necessary for the functioning of society? Don’t they also deserve—and not exclusively under these “exceptional” circumstances—to be considered “care workers”? The virus does not put us on a basis of equality. On the contrary, it blatantly reveals that our society structurally relies on the incessant production of differential vulnerability and social inequalities.

      The Political Grammar of the Crisis

      Foucault’s work on biopolitics is more complex, rich, and compelling for us today than what it appears to be under the pen of those who too quickly reduce it to a series of anathemas against disciplinary confinement and mass surveillance or who misleadingly utilize it to talk about the state of exception and bare life.[12] I do not want to suggest, however, that the notion of biopolitics should be taken as the ultimate explanatory principle capable of telling us what is happening and what the “solution” to all of our problems is—and this, not only because of the “historically differentiated character of biopolitical phenomena” correctly emphasized by Roberto Esposito, but also for a deeper methodological reason. Our political thought is a prisoner to the “grammar of the crisis” and its constrained temporality, to the extent that critical responses to the current situation (or, for that matters, to virtually all of the recent economic, social, and humanitarian “crises”) do not seem able to look beyond the most immediate future.[13] Thus, if I agree with Latour that the current “health crisis” should “incite us to prepare for climate change,” I am far less optimistic than he is: this will not happen unless we replace the crisis-narrative with a long-term critical and creative effort to find multiple, evolving responses to the structural causes of our “crises.” To elaborate responses, instead of looking for solutions, would mean to avoid short-term problem-solving strategies aiming at changing as little as possible of our current way of living, producing, traveling, eating, etc. It would mean to explore alternative social and political paths in the hope that these experiments will last longer than the time between the present “crisis” and the next one, while acknowledging that these transformations are necessarily slow, since we cannot just get rid of our historical form of being in the blink of an eye. In a word, it would mean having faith in our capacity to build a future, not only for ourselves, but for countless generations yet to come. And to actually start doing it.

      https://critinq.wordpress.com/2020/04/02/biopolitics-in-the-time-of-coronavirus

  • Il n’y aura pas de retour à la normale
    https://www.terrestres.org/2020/03/24/il-ny-aura-pas-de-retour-a-la-normale

    Nos vies reprendront-elles leur cours habituel après le confinement ? Rien n’est moins sûr. Le vote précipité à l’Assemblée nationale, le 21 mars, d’une « loi d’urgence » donnant au gouvernement le droit de légiférer par ordonnances pour restreindre les libertés publiques et pour modifier le droit du travail en imposant aux salariés une semaine de congé et la prise de RTT pendant la durée du confinement pose question. Le souvenir de l’état urgence terroriste ne doit pas être perdu. Décrété après les attentats de 2015 et présenté comme provisoire, il n’a en fait jamais été aboli. L’essentiel de ses dispositions, passées dans le droit commun en novembre 2017, sont devenues notre nouvelle normalité. En ira-t-il de même pour les expériences qu’autorise l’état d’urgence sanitaire ?

    Dans cet article, Gideon Lichfield s’appuie sur les modélisations de l’évolution de la pandémie réalisées par l’équipe des épidémiologistes de l’Imperial College de Londres, paru le 16 mars, et reprises par le Comité scientifique qui conseille Macron. Le pronostic qu’en tire l’auteur est clair : l’épidémie ne disparaîtra pas au bout de 2 ou de 6 mois. Nos vies confinées et contrôlées non plus. Nous entrons dans le temps du délitement : il faut nous préparer à un cycle long alternant périodes de privation de libertés, lors des résurgences du virus, et moments d’assouplissement de ces restrictions en périodes de décrue. Lichfield pronostique que le nouvel impératif de sécurité sanitaire va doucement envahir nos vies et les conduire vers plus de surveillance, de contrôle social et surtout d’inégalités.

    Sans adhérer à toutes les conclusions de cette analyse prospective, il a semblé intéressant et important à la rédaction de Terrestres de verser cette pièce au débat sur le bouleversement en cours.

    Traduction de Gideon Lichfield, « We’re not going back to normal », MIT Technological Review, 17 mars 2020.
    https://www.technologyreview.com/s/615370/coronavirus-pandemic-social-distancing-18-months/?truid=09628e5751032d94e96002088cb0f3cd

    #Coronavirus #Biopolitique

  • #Denis_Salas : « La #justice se trouve confrontée à un phénomène totalement inédit »

    Pour le magistrat et président de l’association française pour l’histoire de la justice, "l’#état_d'urgence_sanitaire" instauré pour deux mois doit nous inciter à réfléchir aux #libertés_individuelles et au maintien du #débat_démocratique.

    La France est officiellement en "état d’urgence sanitaire" pour une durée de deux mois. La loi publiée ce mardi au Journal Officiel encadre notamment le #confinement décidé par le gouvernement mais également un certain nombre de mesures de #restriction_des_libertés. Denis Salas, magistrat, essayiste et président de l’association française pour l’histoire de la justice se penche sur le rôle dévolu à l’institution judiciaire, son rapport au pouvoir politique et s’interroge également sur cette remise en question des libertés individuelles dictée par la nécessité sanitaire.

    Denis Salas, quel rôle particulier incombe à l’institution judiciaire dans ce contexte de pandémie ?

    L’institution judiciaire tourne actuellement au ralenti. Les tribunaux sont pratiquement à l’arrêt, même si subsistent des audiences en urgence, comme les comparutions immédiates ou certaines audiences en matière civile. En matière de politique pénale, on voit apparaître ce que l’on pourrait appeler une #justice_prophylactique qui cherche à prévenir les risques à travers des notions juridiques nouvelles comme la #mise_en_danger_de_la_vie_d’autrui, #infraction utilisée pour tous ceux qui sortent sans autorisation ou encore des sanctions relatives au marché noir, par exemple pour ceux qui revendent des masques ou des caducées. De nouveaux #délits apparaissent pour violation des règles de confinement avec des peines d’#amende aggravées, voire des peines d’#emprisonnement de six mois en cas de réitération des infractions.

    D’un point de vue philosophique, je dirais que c’est un usage de la #fonction_dissuasive_de_la_peine qui consiste à afficher une volonté répressive mais l’application avec des tribunaux à l’arrêt se situe au second plan.

    Autrement dit, des mesures difficiles à mettre en œuvre ?

    Oui. Les tribunaux étant à l’arrêt, même si certaines urgences sont maintenues, je ne vois pas comment obtenir une application réaliste de ces infractions. Je pense donc que la fonction d’annonce de ces nouvelles infractions est en soi un but recherché par le législateur. On espère que cet affichage va dissuader des personnes de se comporter de manière illicite face au confinement : un moyen pénal d’obtenir la docilité de la population. La dissuasion reste une fonction classique de la peine mais en l’occurrence elle est pleinement utilisée pour obtenir la docilité de la population.

    J’ignore ce que diront les historiens plus tard mais je pense que c’est une forme de criminalité nouvelle en période de pandémie qui apparaît sur fond d’urgence sanitaire.

    La justice a-t-elle déjà été confrontée dans le passé à une situation similaire ?

    Concernant une pandémie, il faut remonter au XIXe siècle, à la grippe espagnole durant la Première Guerre mondiale, mais en France, à des périodes beaucoup plus anciennes, voire au Moyen Âge. La justice se trouve confrontée à un phénomène totalement inédit, ce qui explique les hésitations, les types de réponses qui sont apportées et son fonctionnement même qui peut en être affecté.

    Une justice confrontée néanmoins à un certain nombre de situations d’urgence : comparutions immédiates ou encore situations de violences conjugales ou familiales pour lesquelles les associations ont tiré la sonnette d’alarme.

    Nous verrons quel contentieux va nourrir les comparutions immédiates, sans doute un contentieux lié aux infractions au confinement : attroupements, déplacements abusifs, usage du marché noir pour revendre des masques ou d’autres produits de ce type. C’est un contentieux qui rappelle celui de l’Occupation. En travaillant sur la justice des "années sombres", nous y avions trouvé nombre d’affaires issues de la répression de la Résistance mais beaucoup d’autres de la répression du marché noir, une analogie que l’on retrouve aujourd’hui.

    Concernant les violences conjugales et familiales, les procès en cours d’assises, que ce soient viols ou « féminicides », sont reportés. Ce qui constitue une non-réponse à la situation de fait. Mais certains tribunaux maintiennent des permanences au civil où des Juges aux Affaires familiales (JAF) peuvent décider d’éloigner par exemple un mari violent. Il appartient aux magistrats d’apprécier l’urgence des situations.

    Sur la question de la détention, vous avez co-signé une tribune publiée par le journal Le Monde la semaine dernière.

    Il s’agit d’une question très préoccupante. Des révoltes ont eu lieu dans plusieurs prisons françaises, des mutineries en Italie, notamment à Naples. Dans ce texte commun, nous demandons la réduction des courtes peines par le biais de circulaires de politique pénale prises par la Chancellerie, le juge restant libre de prendre la décision, ou encore l’examen de la sortie en libération conditionnelle des détenus malades ou âgés, afin de réduire la surpopulation carcérale. D’autant que nous avons été condamnés récemment par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. La situation s’avère surtout préoccupante dans les maisons d’arrêt, avec le problème de la détention provisoire dont l’on pourrait dépasser exceptionnellement les délais légaux vu l’état d’urgence. Mais n’y a-t-il pas une violation des droits constitutionnels liés aux libertés individuelles si l’on prolonge les détentions provisoires au-delà du délai fixé par la loi ? L’état d’urgence autorise-t-il de telles dérogations qui pourraient porter atteinte gravement aux libertés individuelles ?

    Les dispositions prévues dans le texte sur l’état d’urgence sanitaire publié au Journal Officiel peuvent faire l’objet d’un recours devant le juge administratif.

    On se demandait s’il n’y allait pas y avoir des recours « liberté » pour protester contre le confinement. Or, c’est l’inverse qui s’est produit avec ce recours devant le Conseil d’Etat, formulé par un syndicat de jeunes médecins qui réclamait un durcissement des mesures actuelles et un confinement total. Le juge n’est donc pas sollicité comme un défenseur des libertés mais comme un agent de durcissement des atteintes aux libertés. Et en l’occurrence, le Conseil d’Etat décide de ne pas aller jusqu’à un confinement total mais enjoint le gouvernement à durcir certaines dispositions, relatives à la pratique des activités sportives ou les marchés ouverts. Le Conseil d’Etat considère que c’est l’atteinte à la vie qui est en jeu, atteinte grave et manifeste à la sécurité et à la vie des personnes, article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme.

    En fait, le juge ne se positionne pas par rapport aux libertés classiques d’aller et venir, actuellement très restreintes mais par rapport à une autre liberté fondamentale qui est l’atteinte à la vie. En cette période exceptionnelle, il se positionne non pas comme un agent de contrôle d’activités gouvernementales au nom des libertés en général mais comme un agent de défense de la société.

    La justice avait eu à traiter récemment d’un autre état d’urgence, celui lié à la menace terroriste en novembre 2015.

    Oui et on peut se poser cette question : allons-nous vers un état d’exception permanent ? Car les principales mesures de l’état d’urgence promulgué en 2015 sont depuis inscrites dans le droit commun. Questionnement soulevé par le philosophe italien Giorgio Agamben qui théorise l’état d’exception. Pour lui, nous vivons dans des sociétés confrontées au risque en permanence et la tentation des gouvernements peut être de s’installer dans un régime d’exception permanent afin de neutraliser ces risques. Le principe de précaution devient alors déterminant.

    Dans la vision d’un état d’exception permanent, il n’existe plus d’infractions, seulement des menaces, plus de délinquants mais des groupes-cibles, les personnes infectées par exemple et des territoires concernés. Il y a là quelque chose d’extrêmement périlleux pour les libertés.

    Il s’agit donc d’un risque important selon vous ?

    Le risque de pérenniser l’exception dans le droit existe parce que l’état d’exception s’étend considérablement pour des raisons légitimes évidemment. Il est limité par le fait que les institutions de contrôle subsistent et par la notion de proportionnalité. Toutes les mesures doivent être proportionnelles par rapport aux exigences sanitaires et des contre feux, des contre-pouvoirs peuvent être soulevés.

    Je voudrais citer l’exemple de la Corée du Sud qui ne pratique pas le confinement mais le dépistage massif et le traçage de la population dépistée, en repérant les cercles de proximité où la personne a pu contaminer ses proches. Le contrôle sanitaire ne porte que sur cette population à risque avec une géolocalisation, une traçabilité, une visibilité de tous ses déplacements, via une plateforme numérique. Cela a représenté un travail très long car il y a 51 millions d’habitants en Corée du Sud. La population vit dans la sécurité, l’activité économique globale continue. Le suivi des personnes confinées est extrêmement pointu et offre en même temps une visibilité à l’ensemble de la population. Quand on va travailler, on sait qui est contaminé, qui ne l’est pas, à proximité. On a donc un modèle alternatif de gestion de l’épidémie, opposé au confinement mais au prix d’une atteinte grave aux libertés individuelles pour une durée indéterminée.

    La lecture de Michel Foucault vous inspire également une réflexion particulière.

    Je suis en train de relire les Anormaux, un cours au Collège de France de 1975. Dans sa première leçon, il oppose deux grands modèles de leçon à l’épidémie : celui de la lèpre, dès le Moyen Âge, où l’on exclut les personnes infectées aux marches de la cité, et celui de la peste, à la fin du Moyen Âge, qui est à l’inverse un modèle d’inclusion. On n’exclut pas les malades des villes, on les garde avec nous, afin d’accumuler un savoir biomédical sur cette population ciblée afin de lutter contre l’épidémie. Cette fresque de Foucault est lumineuse pour expliquer dans quelle mesure nous sommes aujourd’hui dans le modèle de la peste, un modèle presque mondialisé. "La peste, écrit Foucault, c’est le moment où le quadrillage d’une population se fait jusqu’à son point extrême. Où rien des communications dangereuses, des communautés confuses, des contacts interdits, ne peut se produire. Le moment de la peste est celui du quadrillage exhaustif d’une population par un pouvoir politique dont les ramifications atteignent sans arrêt le grain des individus eux-mêmes, leur temps, leur habitat, leur localisation, leur corps. La peste porte aussi le rêve politique d’un pouvoir exhaustif, d’un pouvoir sans obstacle, d’un pouvoir entièrement transparent à son objet, d’un pouvoir qui s’exerce à plein."

    Cette citation explique ce que Foucault appelle la biopolitique. Actuellement, nous assistons à une médicalisation du pouvoir politique et judiciaire, y compris pour la politique pénale avec des savoirs médicaux, statistiques, juridiques, des mesures qui sont prises au nom d’une logique prophylactique afin d’éliminer le danger. Et ce que craint Foucault, c’est que cette biopolitique, cette gestion massive d’une population, au nom de sa santé, crée un pouvoir exorbitant des politiques où le savoir scientifique et le pouvoir politique s’additionnent. Au nom du bien public, bien sûr, mais c’est un pouvoir énorme qui se crée, un pouvoir disciplinaire qui s’étend à l’ensemble de la population.

    La lecture de Foucault, en cette période de pandémie, nous invite à nous interroger, à rester vigilants du point de vue des libertés car ce pouvoir démesuré accordé aux politiques et aux scientifiques sur notre vie quotidienne peut susciter des inquiétudes, même si sur le moment il est nécessaire. Tenons compte des avertissements de Michel Foucault et de son analyse. Il faut absolument que cet état d’urgence sanitaire soit limité dans le temps, contrôlé par le Parlement et le juge et qu’au lieu d’une seule liberté fondamentale, l’atteinte à la vie, l’ensemble des libertés soit considéré comme devant être protégé, que l’on recherche davantage l’adhésion de la population que sa soumission passive. Dans ce contexte d’atteinte massive aux libertés, au nom de l’état de nécessité sanitaire, il faut que le débat démocratique reste vivant.

    https://www.franceculture.fr/droit-justice/denis-salas-la-justice-se-trouve-confrontee-a-un-phenomene-totalement-
    #coronavirus #état_d'urgence #urgence #répression #dissuasion #docilité #criminalité #pandémie #histoire #comparutions_immédiates #marché_noir #tribunaux #prisons #détention #maisons_d’arrêt #détention_provisoire #confinement_total #atteinte_à_la_vie #état_d’exception_permanent #état_d’exception #Agamben #Giorgio_Agamben #principe_de_précaution #menaces #exception #proportionnalité #Corée_du_Sud #traçage #dépistage_massif #cercles_de_proximité #géolocalisation #contrôle_sanitaire #Michel_Foucault #Foucault #lèpre #peste #quadrillage #biopolitique #médicalisation #santé #savoir_scientifique #pouvoir_politique #bien_public #pouvoir_disciplinaire #débat_démocratique

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    Citation pour @etraces :

    Je voudrais citer l’exemple de la Corée du Sud qui ne pratique pas le confinement mais le dépistage massif et le traçage de la population dépistée, en repérant les cercles de proximité où la personne a pu contaminer ses proches. Le contrôle sanitaire ne porte que sur cette population à risque avec une géolocalisation, une traçabilité, une visibilité de tous ses déplacements, via une plateforme numérique. Cela a représenté un travail très long car il y a 51 millions d’habitants en Corée du Sud. La population vit dans la sécurité, l’activité économique globale continue. Le suivi des personnes confinées est extrêmement pointu et offre en même temps une visibilité à l’ensemble de la population. Quand on va travailler, on sait qui est contaminé, qui ne l’est pas, à proximité. On a donc un modèle alternatif de gestion de l’épidémie, opposé au confinement mais au prix d’une atteinte grave aux libertés individuelles pour une durée indéterminée.

    • Dans le miroir obscur de la pandémie. L’état d’exception de la pandémie semble avoir accompli, au moins en partie, le rêve du capitalisme

      Je parlais avec un ami qui habite à Bergame, ville au Nord de l’Italie où j’ai vécu et étudié et qui est aujourd’hui l’une des plus affectées par l’épidémie du Coronavirus. Celui-là m’a décrit la situation comme « un épisode infini de Black Mirror ». Effectivement, il est difficile d’écarter la sensation que nous vivons une dystopie, comme celles qui sont représentées dans tant de séries du genre. Ce n’est pas un hasard si Black Mirror, peut-être la plus célèbre parmi ces séries, comporte le mot « miroir » dans son titre. Ses épisodes ne représentent pas un monde lointain – une époque distante, des galaxies éloignées, des univers parallèles – mais un futur proche de datation incertaine. À la fois étranges et familières, ses intrigues nous laissent imaginer à quoi mènerait le renforcement de tendances déjà présentes dans notre quotidien. Ce que nous vivons en ce moment peut être appréhendé de la même manière, la modification de nos habitudes semblant annoncer un futur déjà là. Que peut-on comprendre du monde où nous vivons à partir de cet « épisode infini » ? Les moments exceptionnels ou de crise peuvent aider à porter un regard critique sur ce que chacun considère comme « normal ». J’ai proposé ailleurs qu’on se regarde dans le « miroir de la terreur » pour mieux comprendre la société du capitalisme tardif qui avait engendré les formes nouvelles de terrorisme[1]. De façon analogue, je crois pertinent de réfléchir aux temps présents à partir de l’image en train de se former sur le miroir obscur de la pandémie.

      La situation nous invite à penser sur plusieurs plans : l’organisation politique, la reproduction économique, le rapport à la nature ou les usages de la science. Je veux problématiser ici seulement l’idée de « distanciation sociale », rapidement acceptée en tant que norme autour du globe, entraînant la progressive interdiction des rencontres et la normalisation d’une vie quotidienne menée en confinement. La situation pandémique repose sur une contradiction qu’il faut souligner. La rapide expansion de la maladie résulte des flux globaux qui ont unifié les populations à l’échelle planétaire. De la pandémie naît le paradoxe d’une population globale unifiée en un statut égal de confinement. Il y a, en somme, un isolement concret des individus dans un monde entièrement connecté. Ce paradoxe n’est pas un paradoxe exclusif de la pandémie, mais un paradoxe que la pandémie a mené à l’extrême, le rendant par là visible. En réalité, la dialectique entre séparation et unification (de ce qui est séparé) est à la base du développement du capitalisme occidental ayant unifié le globe.

      Guy Debord avait déjà remarqué cette contradiction structurante lorsqu’il a essayé de comprendre la phase « spectaculaire » du capitalisme, qui s’annonçait au siècle dernier. Ce qu’il a appelé la « Société du Spectacle » était une forme sociale basée sur le principe de la séparation. Ce qui a été souvent décrit comme une société de communication des masses pouvait être compris à l’inverse comme une société où la faculté de communiquer était massivement perdue. La communication au sens fort était l’apanage de la vie en communauté, un langage commun engendré par une existence en commun. Ce qui arrivait aux sociétés du capitalisme avancé était précisément le contraire. L’expansion dans l’espace – grandes villes, banlieues écartées, circulation économique globale – et la rationalisation du travail, à partir de l’hyperspécialisation des tâches individuelles, ont signifié l’éloignement concret entre les personnes et la perte de l’entendement commun, facteur amplifié par le monopole de l’Etat sur l’organisation de la vie collective. La disparition progressive de la communauté et de ses formes de communication était la condition préalable au surgissement des médias de masse – lesquels étaient le contraire des moyens de communication, puisqu’ils étaient fondés sur l’isolement réel croissant. Les millions de spectateurs prostrés devant des appareils télé, en consommant les mêmes images sans pouvoir s’en parler, restaient une figuration assez claire du fait que le spectacle, comme l’a écrit Debord, « réunit le séparé, mais il le réunit en tant que séparé » (§29). Certains croient que cette critique serait devenue désuète grâce à l’avènement de l’internet et des technologies qui en découlent. Au lieu de spectateurs prostrés devant les appareils télé d’hier, on aurait aujourd’hui des spectateurs « actifs », qui s’échangent des messages, produisent et diffusent leurs propres contenus. Mais la vérité est que rien dans le dernier demi-siècle n’a mis en question la séparation fondamentale sous-jacente au développement même des technologies de communication. La scène très habituelle d’amis autour d’une table de restaurant, qui au lieu de se parler regardent les écrans de ses propres portables, devrait suffire pour démontrer cette vérité. De nos jours, le séparé est réuni comme séparé là même où il occupe le même espace physique.

      Ce qui nous a été dérobé en ce moment de pandémie a été la possibilité de cohabiter l’espace physique. Dans les conditions présentes, l’interdiction des rencontres et l’obligation du confinement semblent plus aisément acceptables pour la population mondiale que ne l’auraient été l’interdiction ou une panne de l’internet ou des réseaux sociaux. Ironiquement, la « distanciation sociale » est maintenant revendiquée pour le sauvetage d’une société qui a toujours été fondée sur la distanciation. Le seul endroit de rencontre existant dans une société productrice de marchandise est, en vérité, le marché – c’est là que les marchandises entraînent par la main ses producteurs et consommateurs et c’est pour son compte que les hommes se rencontrent. C’est l’absence de ces rencontres, maintenant interdites, qui étonne tout le monde – la fermeture des espaces de travail et de consommation. Mais le capitalisme, qui était un rapport social médiatisé par des choses, s’est dédoublé dans un rapport social médiatisé par des images. Et il est désormais possible d’être dans un lieu sans y être. Il est possible de travailler (jusqu’à un certain degré) et consommer (sans limite) sans qu’on ait besoin de sortir de chez soi. Tout peut être à la portée de la main (ou plutôt du doigt qui touche l’écran), on peut tout avoir sans sortir de chez nous – la promesse du bonheur offert par le marché et réitéré par chaque publicité n’était-elle déjà la promesse d’une vie en confinement ?

      L’état d’exception de la pandémie semble alors avoir réalisé, au moins en partie, le rêve du capitalisme. Dans le cas où l’épisode dystopique que nous vivons en ce moment se révèle un « épisode infini », il serait aisé d’imaginer une population totalement habituée aux rapports virtuels, au confinement nourri par Netflix et les services de livraison. Les voyages seraient interdits, restreints aux flux des marchandises, fruit d’un secteur productif majoritairement automatisé. Le spectacle, qui depuis longtemps s’efforçait de détruire la rue, d’abolir la rencontre et de faire disparaître tous les espaces de dialogue – pour anéantir les alternatives à la pseudo-communication spectaculaire – aurait finalement atteint son but. L’espace réel, délaissé par les êtres humains confinés et obligés de s’enfuir dans la virtualité, n’appartiendrait plus qu’aux marchandises. La circulation humaine, « sous-produit de la circulation des marchandises », serait finalement devenue superflue, et le monde en entier livré aux « marchandises et leurs passions » (Debord, §168 et §66).

      Ceci n’est qu’un exercice d’imagination – un scénario improbable pour l’instant. Il est aisé d’anticiper pourtant que dans l’avenir nous assisterons à une augmentation du contrôle des flux globaux et de la circulation de personnes sous des prétextes sanitaires, avec une progressive normalisation des procédés d’exception actuels (de façon analogue à ce que nous avons connu pour le terrorisme après le 11 septembre 2001). De toute façon, faire des pronostics dans un contexte tellement incertain est toujours hasardeux. Mais le moment demande de la réflexion et penser à ce qu’on connaît est ce qu’on peut faire de mieux. Ce que nous ressentons comme le moins problématique en ce moment est sans doute ce qui exige précisément d’être problématisé. Reste à espérer que la distanciation sociale se convertisse en distanciation ou « effet de distanciation » (Verfremdungseffekt) dans le sens attribué par Brecht – celui de rupture avec la représentation autonomisée de la société du spectacle et ses illusions (dont la plus grande de toutes : celle de l’économie capitaliste, reproduction insensée et incessante de valeur abstraite en dépit de la vie). Une distanciation par rapport à cette forme de société : une occasion nécessaire pour repenser de manière critique les séparations qui la fondent, et les limites imposées par le capitalisme à la vie quotidienne.

      Mars 2020.

      #Gabriel_Zacarias est MCF à l’Université de Campinas au Brésil.

      http://www.palim-psao.fr/2020/04/dans-le-miroir-obscur-de-la-pandemie.l-etat-d-exception-de-la-pandemie-se

  • #Coronavirus : moins d’#humanitaire, plus de #politique !

    Nous devons sortir de la pensée humanitaire qui apporte avant tout des réponses techniques et repenser en des termes politiques le #bien_public, la #solidarité et la #justice_sociale, écrit Julie Billaud, professeure adjointe d’anthropologie à l’Institut de hautes études internationales et du développement.

    Ce qui est frappant dans la manière dont les réponses à la « crise du coronavirus » sont abordées par nos gouvernements, c’est l’insistance exclusive sur les mesures biomédicales. Tout se passe comme si l’#état_d’urgence qui nous est imposé était la réponse la plus évidente dans des circonstances exceptionnelles. Autrement dit, la gestion de la « #crise » relèverait d’enjeux purement techniques. D’un côté, il s’agit de promouvoir au sein de la population le #civisme_sanitaire : se laver les mains, porter un masque, rester confinés, maintenir les distances physiques. De l’autre, la réponse médicale s’articule en termes d’#urgences : réquisitionner des lits de réanimation supplémentaires, construire des hôpitaux de campagne, appeler en renfort le personnel médical retraité et les étudiants en médecine.

    Gouvernance #biopolitique

    Ce que nous voyons à l’œuvre, c’est le passage à un mode de gouvernance humanitaire et biopolitique de la #santé dont l’objectif est d’administrer les collectivités humaines par le biais de statistiques, d’indicateurs et autres instruments de mesure. Le temps presse, nous dit-on, et la fin justifie les moyens. Il faut reprendre le contrôle sur la vie dans le sens collectif du terme et non pas sur la vie humaine individuelle. Voyons, par exemple, comment le gouvernement britannique a pour un moment soulevé la possibilité de « l’immunisation de groupe » acceptant ainsi de sacrifier la vie des personnes les plus vulnérables, notamment celle des personnes âgées, pour le bien du plus grand nombre. Voyons encore comment les migrants vivant dans les camps des îles grecques sont perçus comme un danger biomédical à contenir. Réduits à des matières polluantes, ils ont perdu leur statut d’êtres humains. Leur #isolement ne vise pas à les protéger mais plutôt à protéger la population locale, et la population européenne en général, contre ce virus « venu de l’étranger ». L’#exclusion des « autres » (c’est-à-dire des #étrangers) est justifiée comme étant le seul moyen efficace de sauver « nos vies ».

    Il faut reprendre le contrôle sur la vie dans le sens collectif du terme et non pas sur la vie humaine individuelle

    Mais au-delà des justifications humanitaires du #triage entre les vies à sauver et celles à sacrifier, la #raison_humanitaire tend à neutraliser la politique et à passer sous silence les raisons profondes pour lesquelles nous nous retrouvons dans une telle situation. L’importance croissante des arguments moraux dans les discours politiques obscurcit les conséquences disciplinaires à l’œuvre dans la manière dont les règles sont imposées au nom de la #préservation_de_la_vie. En faisant de l’#expertise la seule forme valable d’engagement démocratique, des activités qui étaient auparavant considérées comme relevant de la politique et donc soumises au débat public se sont vues réduites à des questions techniques. Essayons d’imaginer à quoi ressemblerait notre situation si la santé était encore considérée comme un bien public. Sans le cadre discursif de l’#urgence, il serait peut-être possible d’examiner de manière critique les raisons pour lesquelles une organisation comme Médecins sans frontières a décidé de lancer une mission #Covid-19 en France, un pays qui était considéré il y a encore peu comme doté d’un des meilleurs systèmes de santé du monde.

    Sortir de la pensée humanitaire

    La crise du coronavirus met en évidence comment quatre décennies de #politiques_néolibérales ont détruit nos #systèmes_de_santé et, plus largement, ont diminué nos capacités de #résilience. Les scientifiques ces derniers jours ont rappelé que la recherche sur le coronavirus nécessite du temps et des moyens et ne peut pas se faire dans l’urgence, comme le modèle néolibéral de financement de la recherche le souhaiterait. Les services de santé, déjà surchargés avant la crise, ont besoin de moyens décents pour ne pas avoir à faire le #tri cruel entre les vies. Finalement, l’#environnement (non pas le profit) doit être notre priorité absolue à l’heure de l’effondrement des écosystèmes essentiels à la vie sur terre.

    En d’autres termes, nous devons sortir de la pensée humanitaire qui apporte avant tout des réponses techniques et repenser en des termes politiques le bien public, la solidarité et la justice sociale.

    https://www.letemps.ch/opinions/coronavirus-dhumanitaire-plus-politique
    #immunité_de_groupe #néolibéralisme

  • Contre l’#exception, faire problème commun
    de #Sarah_Mekdjian

    #Biopolitiques_différentielles
    Alors que le #confinement, désormais sous #surveillance_policière depuis le 16 mars 2020 en France, doit protéger de la propagation de la #maladie, l’#enfermement continue de tuer, et de creuser les lignes d’une #biopolitique_différentielle, fondée sur la pénalisation des vies. Dans les #prisons italiennes, les parloirs ont été supprimés, les mutineries flambent. Sept détenus seraient morts dans ces insurrections.

    En France, des détenus qui ont eu des parloirs avec des personnes venues de zones dites dangereuses ont été placés en #isolement. #Punition et #protection se conjuguent. A #Fresnes, une des prisons les plus surpeuplées de France, les premiers cas de #contamination apparaissent, avec une première mort d’un prisonnier évacué. Les #masques sont progressivement distribués aux #personnels_pénitentiaires, même chose pour la #police qui surveille dans les centres de #rétention_administrative. Ce qui n’est pas le cas pour les détenus, ni les retenus.
    La lettre écrite par les retenus du centre de rétention administrative (#CRA) de #Lesquin à proximité de Lille est un cri d’alerte : suite au cas d’une personne contaminée à l’intérieur du CRA le vendredi 13 mars 2020, et à son évacuation, les policiers de la #police_aux_frontières (#PAF) portent des masques et des gants, les retenus non. Elles et ils ont décidé de ne plus fréquenter les lieux collectifs, notamment le #réfectoire. « Nous ne mangeons donc plus depuis trois jours pour beaucoup d’entre nous ». Les auteurs de la lettre, reproduite ici, poursuivent en montrant combien la suppression des visites des proches et soutiens, l’absence de l’association qui enregistre les demandes d’asile, informe, apporte des soutiens, isole encore davantage. « De nombreuses audiences du juge des libertés et de la détention sont reportées, or c’est à l’occasion de ces audiences que nous pouvons être libérés ». « Pour notre survie et le respect de nos droits, nous exigeons la liberté immédiate de toutes les personnes enfermées au CRA de Lesquin et dans tous les centres de rétention ! ».

    Exacerbation du gradient différentiel d’exposition aux risques

    L’#enfermement, par la détention et la rétention, devient, en temps de confinement, #isolement_des_foules : l’isolement ne protège pas, mais expose à la #mort, à une #gouvernementalité qui précisément crée un #différentiel_normatif, depuis celles et ceux qui peuvent se confiner pour se protéger de l’exposition aux risques, et celles et ceux qui sont isolés contre leur gré, en tant que population surpeuplée. Il ne s’agit pas d’une situation d’exception, mais de l’exacerbation de situations structurelles d’#isolement - #surpeuplement qui s’intègrent à une biopolitique différentielle.
    L’image de policiers de la PAF masqués et gantés dans les CRA, en cette période de coronavirus, qui surveillent des personnes isolées et exposées au risque, rappelle celle des policiers masqués et gantés de #FRONTEX qui, dans les avions, hors période de pandémie, expulsent des personnes menottées. Les politiques logistiques immunitaires au service d’un contrôle et d’une hyperexploitation de la force de travail sont désormais renforcées.
    Sur les îles grecques, machines internes de l’externalisation frontalière européenne (d’autant plus depuis que la Turquie a en partie refusé cette externalisation), les camps dits de réfugiés isolent des foules, exposées aux risques, réels, du coronavirus et de nombreuses autres maladies, tout comme d’une très grande pauvreté, chacun de ces éléments se renforçant mutuellement. Médecins sans frontières, partie prenante des dispositifs humanitaires de l’#encampement, appelle, à une évacuation urgente de ces #camps, sans demander une transformation radicale de la biopolitique qui crée la possibilité même de ces camps. Une coordinatrice médicale de Médecins sans frontières en #Grèce, précise : « Dans certaines parties du camp de #Moria, il n’y a qu’un seul point d’eau pour 1 300 personnes et pas de savon. Des familles de cinq ou six personnes doivent dormir dans des espaces ne dépassant pas 3m². Cela signifie que les mesures recommandées comme le lavage fréquent des mains et la distanciation sociale pour prévenir la propagation du virus sont tout simplement impossibles ». Il n’y a pas de distanciation sociale possible parmi les foules concentrées et isolées. On pourrait même dire que l’encampement des personnes étrangères permet, en partie, une meilleure acceptation du confinement. Autrement dit, puisqu’il y a des situations « pires », notamment dans les camps, dans les prisons, dans les CRA, pourquoi se plaindre du confinement sous surveillance policière décidé au nom de la « protection » et de la « sécurité » de celles et ceux, par ailleurs, qui peuvent se confiner ?
    A #Grenoble, alors que l’Université est fermée « au public », mais très ouverte aux grands vents néolibéraux de l’enseignement numérique, le #Patio_solidaire, squat occupé depuis deux ans par des personnes la plupart en situation de demande d’asile, dans les locaux désaffectés d’anciens laboratoires de droit, est un oublié de la fermeture : les jours passent tous comme des dimanches, personne ne circule plus sur le campus. Il manque du savon, des denrées alimentaires, le manque est structurel, il est encore renforcé désormais. Le confinement de celles et ceux qui sont autorisé.e.s à l’être renforce nécessairement l’isolement de celles et ceux qui étaient déjà la cible des politiques immunitaires logistiques. L’idée ici n’est pas d’opposer des situations, ni de relativiser la nécessité du confinement. Il s’agit de relever combien les biopolitiques différentielles sont encore exacerbées par ces temps de #pandémie. Il n’y a pas l’#extérieur d’un côté, l’#intérieur de l’autre, mais un gradient, plus ou moins létal, allant du confinement à l’isolement, avec des modalités graduelles d’exposition aux risques, de contrôle, et des boucles de renforcement.

    Pas de mesures d’exception, mais faire problème commun

    Plusieurs textes insistent sur le fait que le confinement permettrait peut-être de faire #problème_commun, et précisément de faire insister qu’il n’y a pas d’un côté les uns, de l’autre, les autres : comprendre, prendre avec soi, ce que signifie être enfermé, détenu, retenu, ciblé par les politiques immunitaires structurelles, depuis précisément la situation présentée comme exceptionnelle du confinement.
    La pandémie de coronavirus permettra-t-elle effectivement que les luttes contre la pénalisation des vies et contre les biopolitiques différentielles soient entendues ? Il est très probable qu’elles ne le soient pas. Ou qu’elles le soient, en partie précisément au nom de l’exception de la situation de la pandémie du coronavirus, ce qui renforcerait, dans le même temps, le gradient différentiel de normes préexistants à la pandémie. Pour illustrer les risques de l’exception, les appels et décisions de libération de retenu.e.s en CRA sont exemplaires.
    Ainsi, depuis le 17 mars 2020, plusieurs décisions de cours d’appel ont ordonné la libération de personnes retenues, en invoquant les conditions sanitaires actuelles exceptionnelles, qui impliquent notamment la suppression des vols qui permettraient les expulsions. Voici par exemple l’extrait de décision de la cour d’appel de Lille, en date du 17 mars 2020, qui acte la non-prolongation de la retenue administrative d’une personne :

    Cette décision va dans le sens de l’argumentaire d’une pétition ayant circulé largement sur les réseaux sociaux dès le 16 mars et demandant la libération des personnes étrangères retenues en centre de rétention :
    « Avec la pandémie en cours de plus en plus de pays adoptent des mesures de protection. Les frontières se ferment et il n’existe plus de perspective de renvoi. Dans ce contexte, la rétention ne se justifie plus ».

    S’il l’on peut se réjouir des décisions de justice amenant à la libération de retenu.e.s, par ailleurs décisions, aux cas par cas et à la demande des avocat.e.s, il semble également important de préciser qu’avoir recours à l’argument d’exception tend à renforcer l’idée de normes, et notamment sous-jacente, la norme de personnes étrangères privées de liberté et expulsables en raison de l’absence de titres de séjour, de refus de leurs demandes d’asile.
    Quand les vols seront rétablis, la rétention pourrait-elle donc « normalement » reprendre ? On peut imaginer que pour beaucoup l’appel à l’argument d’exception soit d’abord stratégique, mais il est aussi particulièrement problématique, dans un contexte où la crise sanitaire renforce les replis nationalistes, qui vont de la recherche d’origines nationales, mais aussi ethniques, voire raciales au coronavirus, avec de nombreux discours et actes racistes prononcés à l’égard de la Chine et des ressortissant.e.s chinois.e.s ou assimilés comme tels, jusqu’au traitement différentiel des personnes étrangères en relation à l’exposition aux risques.

    Ainsi, faire problème commun ne peut pas simplement tenir dans le fait de vivre le confinement, et d’appeler à des mesures exceptionnelles, en temps d’exception.

    Précisément il n’y pas d’exception, il y a une accentuation, accélération, exacerbation de tout ce qui est déjà là, déjà présent. En appeler à l’exception, c’est renforcer encore le gradient normatif différentiel qui neutralise toutes transformations radicales. Le renforcement des #luttes face à l’exacerbation généralisée de ce qui existait avant la pandémie est aussi en cours.

    https://lundi.am/Contre-l-exception-faire-probleme-commun
    #biopolitique #De_Frontex_à_Frontex

  • #Didier_Fassin au chevet des « vies inégales »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100118/didier-fassin-au-chevet-des-vies-inegales

    Médecin devenu anthropologue, Didier Fassin se fait philosophe pour expliquer en quoi les inégalités sociales révèlent des « hiérarchies morales » donnant plus de valeur à certaines vies qu’à d’autres. Dans son ouvrage La #vie. Mode d’emploi critique, il montre que les formes de vies imposées à ceux qui ne comptent pour rien reflètent les « impasses » des démocraties contemporaines, « incapables de se hisser à la hauteur des principes qui fondent leur existence même ».

    #Culture-Idées #anthropologie #biopolitique #éthiques_de_la_vie #formes_de_vie #migrants #politiques_de_la_vie

  • La fin de la biopolitique ? Les transformations contemporaines de la santé publique – HistoireEngagée.ca
    http://histoireengagee.ca/?p=7786

    La santé est une préoccupation centrale de nos sociétés contemporaines. Nous souhaitons tous maintenir, voire même améliorer notre santé. Nous y œuvrons d’ailleurs activement au quotidien, en mangeant sainement, en pratiquant de l’exercice, et en évitant soigneusement tous les comportements décrits ou démontrés comme pathogènes. Les industriels l’ont d’ailleurs bien compris, et attribuent à leurs produits – que ce soit des yogourts, des shampoings ou des aspirateurs – des vertus sanitaires plus ou moins effectives. Mais, la santé est aussi au cœur de notre organisation sociale et de notre vie politique. La gestion des épidémies, l’encadrement des campagnes de vaccination, les difficultés d’accès aux soins ou – et c’est de plus en plus fréquent – la problématique du coût de la santé sont des sujets qui défraient régulièrement la chronique. Des lois sont également souvent votées, que ce soit pour tenter de mieux répartir l’offre de soins (projet de loi 20), pour réorganiser le réseau de santé (projet de loi 10), pour renforcer la lutte contre le tabagisme (projet de loi 44) ou pour encadrer la légalisation du cannabis (projet de loi C-45). La santé est, depuis près de trois siècles au moins[1], un objet politique à part entière. Pourtant, il semble que son statut ait changé au cours des dernières décennies. Elle n’est plus au cœur de la stratégie de nos gouvernements. Elle n’apparait plus comme cet outil de gouvernance puissant et efficient qu’elle a longtemps été. La santé semble être devenue un poids, principalement économique, à gérer, voire même un obstacle à surmonter. C’est sur l’histoire de cette mutation des rapports entre santé, économie et politique que je souhaiterais revenir ici.

    #santé #biopolitique #économie

  • Mouvements de chômeurs et de précaires en France, la revendication d’un revenu garanti (1989)
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5814

    Nous présentons ici une analyse des mouvements de chômeurs et de précaires qui sont nés dans la France des années 1980. La réunion de ces trois notions indique d’entrée que ce texte prend à contre-pied les banalités aujourd’hui unanimement admises quant à la disparition de toute conflictualité sociale centrée sur le travail productif.

    Il importe donc, tout d’abord, de rappeler que le rôle des chercheurs est de formuler des hypothèses sur l’évolution du rapport social qui, en principe, se distinguent un tant soit peu des « évidences » répandues quotidiennement dans les discours ministériels et dans la presse. Ainsi, cette étude n’a-t-elle rien de misérabiliste. Non point que nous n’ayons pas rencontré de chômeurs dénués de tout, et même de droits ! Leur existence en cette fin de XXe siècle au sein de la quatrième puissance économique mondiale réputée démocratique — et socialiste de surcroît — restera même sans doute la caractéristique sociologique majeure que l’histoire retiendra de cette décennie. Mais, précisément, cette violence incroyable suggère un enjeu, une mutation du rapport social qui ne se résume pas dans les simples descriptions des « nouvelles pauvretés » et autres « galères » dont se contente aujourd’hui la littérature sociologique. Cette conception purement phénoménologique s’identifie en fait parfaitement à la banale vision dominante du chômage-précarité en termes d’exclusion et de marginalité qui renvoie implicitement à l’intangibilité du paradigme fordien.

    L’hypothèse centrale de ce texte vise, au contraire, à considérer ce chômage-précarité non comme une dysfonction, mais bien en tant que moment du développement des forces productives. D’où la nécessité de saisir le rapport social-historique qui le provoque. En d’autres termes, l’irruption de ce qu’on appelle la précarité nous semble devoir interroger plus essentiellement les mutations des formes d’emploi et du rapport salarial dont l’institutionnalisation fordienne des Trente Glorieuses n’a jamais constitué un horizon indépassable [1]. Dès lors, c’est la précarité en tant que rapport social qu’il importe de saisir, et non les seuls effets des mesures étatiques visant à réduire un phénomène « marginal » comme les chercheurs se conforment aujourd’hui à le faire en réponse aux nombreux appels d’offres sur le sujet. Les auteurs de ce rapport travaillent, quant à eux, sur l’évolution des formes d’emploi depuis plus de dix ans et livrent ici le résultat d’une observation des pratiques sociales de l’acteur précaire à travers l’analyse des mouvements dans lesquels il s’exprime.

    C’est ce point de vue de l’acteur qui permet de dépasser l’idéologie misérabiliste dominante.

    Il convient de rappeler que la remise en cause radicale actuelle du fordisme a d’abord été le fait des luttes ouvrières des années 1960-1970. La crise qui s’en est suivie, avec l’instauration de nouvelles formes de régulation extériorisant de l’entreprise une notable partie des travailleurs, instaure le précaire comme une force centrale du nouvel ordre productif (deux tiers des contrats de travail passés annuellement par les entreprises françaises). Mais on verra aussi que cette extériorisation concerne également le capital, à mesure que se développe l’immatérialité, tant de certaines formes de production (informatique...) que de marchandises (les divers services de communication, de santé, d’éducation et l’ensemble de ce qu’Alain Touraine dénomme les industries culturelles).

    C’est cette dilatation progressive de l’ordre productif dans l’ensemble de l’espace social que révèlent essentiellement les mouvements étudiés ici. D’une part, la revendication d’un revenu garanti — à laquelle répond, à sa manière, le récent RMI gouvernemental — traduit ce débordement des anciennes frontières entre production et reproduction et du lien entre travail et salaire. Non réductible à son ancienne fonctionnalité interne à l’entreprise, c’est surtout le travail qui devient, d’autre part, un nouvel enjeu à mesure que les nouvelles technologies sont l’objet d’une réappropriation présidant aux réseaux alternatifs, aux pratiques des hackers informatiques et autres mouvements où évoluent les précaires.

    Le précaire révèle donc non seulement les mutations actuelles de l’ordre productif, mais aussi l’esquisse d’une recomposition d’un mouvement social totalement écrasé dans ses formes ouvrières traditionnelles depuis dix ans.

    #archives #luttes #chômeurs #précaires #revenu_garanti #travail #RMI #PS

  • Contrôle du corps des femmes ou biopolitique | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/lectures/contr%C3%B4le-corps-femmes-biopolitique

    Il est à noter que le #livre, ainsi que l’intéressante conférence qui fut à son origine, passent en revue les #empires_coloniaux, c’est-à-dire des histoires en relation avec la #modernité occidentale, rapports qui, aux yeux de ce type de travail, concernent au premier lieu l’#esclavage moderne et le #genre. C’est bien sûr justement dans les #colonies ainsi qu’à propos des #femmes que la #biopolitique a été inventée, s’appliquant aux #corps « dociles » ou supposés sans défense, en tout cas aux corps contrôlés : contrôlés au moyen d’une nouvelle technologie du pouvoir – la biopolitique. La modernité y est introduite par les méthodes les plus brutales et fait elle-même partie de la #colonisation.

  • Food and biopolitics : some literature

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    Bobrow-Strain, Aaron White bread bio-politics: purity, health, and the triumph of industrial baking Cultural Geographies January 2008 vol. 15 no. 1 19-40

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    #alimentation #biopolitique #articles_scientifiques #nourriture #agriculture

    Liste reçue via mailing-list critical geoforum :
    https://www.jiscmail.ac.uk/cgi-bin/webadmin?A2=CRIT-GEOG-FORUM;ccb62d05.1603