• Recenser les morts en Ehpad : a minima 160 personnes, selon des articles de presse locales récoltés par Nassira El Moaddem sur le volatile bleu @NassiraELM
      https://twitter.com/NassiraELM/status/1244545214590726145

      Le gouvernement ne comptabilise pas, pour l’instant, les décès #Covid_19 dans les #EHPAD. Pourtant, la presse, notamment quotidienne régionale, les recense. J’ai démarré un recensement à partir de leurs articles. N’hésitez pas à me signaler en commentaire ce que je n’aurais pas vu

      Société d’abandon.
      Ce qui suit provient du compte @reventoline (blue bird)

      https://twitter.com/reventoline/status/1244979454813835270

      « Sur 80 résidents, 40 sont infectés » (ex. donné sur 1 Ehpad). Mais « Il faut agir vite » ne signifie pas ici tenter de sauver les pers. âgées infectées mais les aider à mourir ds la dignité, car non seulement elles sont abandonnées à une mort quasi certaine, ...mais les conditions de leur fin de vie sont indignes (pas d’Hypnovel ni de morphine, personne pr prescrire...). Même situation inhumaine ds les centres d’accueil de pers. lourdement handicapées.
      Les vieux, les handis lourds, les malades psy, les sans-abris 1ers à l’abandon...

      Ehpad : « Il faut agir vite, la situation est tendue et douloureuse »
      https://www.liberation.fr/amphtml/france/2020/03/29/ehpad-il-faut-agir-vite-la-situation-est-tendue-et-douloureuse_1783499

      « A l’hôpital, il y a dix jours nous avions de la place et on pouvait si besoin hospitaliser les plus fragiles. Maintenant, c’est difficile. On évalue, on arrive encore à prendre les patients qui s’aggravent dans notre service de gériatrie, et on n’a pas encore beaucoup de décès, mais cela arrive », raconte la gériatre. A Bicêtre, il y a 38 lits de gériatrie, bientôt 5 de plus. Ce week-end, 34 étaient occupés par des personnes âgées infectées.

      Cela va déborder. Et les digues sont à construire au plus vite. « Il faut trier les infos, il faut des médicaments, il faut surtout gérer les choses du quotidien, poursuit la Dr Ravier-Lebrun qui s’appuie sur ce qui s’est passé dans l’est de la France. L’expérience de nos collègues de Strasbourg nous a montré qu’ils n’ont pas pu hospitaliser les résidents, et que donc certains allaient mourir dans leur Ehpad. C’est ce qui se va se passer en Ile-de-France. Il faut de toutes urgences s’y préparer, trouver des volontaires pour aller, la nuit, dans ces établissements. Aider les gens à mourir. On doit bien ça à ces personnes seules, sans proches, ni famille. » Elle ajoute : « C’est très dur pour le personnel. Beaucoup d’entre eux sont angoissés, en arrêt de travail. Dans les 19 Ehpad, il manque de tout. Ou presque. Ainsi, dans l’un, c’est la directrice qui s’occupe de la lingerie, l’employée étant malade. Dans un autre, sur 80 résidents, 40 sont infectés. » Elle se souvient : « Et dire qu’il y a quinze jours, il n’y avait pas un cas. On va vers une #hécatombe. Tous ne vont pas mourir, il faut le dire aussi, ce n’est pas parce que vous êtes vieux, dans un Ehpad et infecté, que vous allez forcément mourir. »

      « Les familles sont à bout »

      Comme se sentent les résidents ? « Ils sont parfois très angoissés ou assez détachés, cela dépend, raconte la Dr Ravier-Lebrun. Mais les familles sont à bout, angoissées, elles sont à l’extérieur, elles ne peuvent pas venir le soir. On essaye de monter des Skype, là aussi on a besoin de bénévoles. »

      Le défi est immense. A cela vient s’ajouter une lourdeur typiquement française : l’Hypnovel (ou Midazolam, un médicament qui permet d’accompagner le plus doucement possible une agonie), n’est pas disponible pour les Ehpad, la réglementation tardant à évoluer en dépit d’affaires récentes (1). « Il y a d’autres protocoles certes, avec des produits comme le Rivotril et le Valium, et à présent on fait avec. Mais encore faut-il qu’il y ait des médecins qui puissent faire la prescription puis l’injection, puis accompagner. »

      Même les services hospitaliers de #soins_palliatifs risquent de subir une pénurie de #Midazolam et #Hypnovel ...

      #housses_mortuaires #morts_en_Ehpad #prise_en_en_charge_de_la_douleur

    • Julien, aide-soignant en intérim
      https://blogs.mediapart.fr/violencedutravailcom/blog/290320/julien-aide-soignant-en-interim
      Je suis aide-soignant en intérim. Tous les jours, je vais au front alors que j’aurai pu rester planqué chez moi. Je ne devais pas travailler le mois d’avril mais quand j’ai vu tout ce bordel j’ai appelé mon agence d’intérim et je leur ai dit que je culpabilisais de ne pas travailler.

      Alors j’ai repris pour aider les équipes face à la rupture.

      J’ai beaucoup de missions en Ephad. Et là, je peux vous dire, c’est la guerre. Le personnel ne subit pas le manque de moyens comme à l’hôpital. Il n’a carrément rien. Pas de masque. Parfois des masques chirurgicaux mais jamais de FFP2. Je sors d’un Ephad où 10 membres du personnel sont touchés par le covid. Quasiment tous les résidents sont atteints. Ils ont enfin reçu des protections mais c’est déjà trop tard.

      Et moi, en tant qu’intérim j’ai dû m’énerver pour que l’on me prête des tenues (je parle de la blouse) car oui, les intérimaires sont en général obligés d’amener leur tenue et les laver chez eux. Et ce, même en pleine épidémie. Je suis venu renforcer mais en vérité l’intérimaire aide-soignant c’est du personnel sacrifiable. Tant pis s’il refile le covid à ses proches. On parle de prime pour les soignants mais on oubliera les intérimaires qui eux ont choisi d’aller au front.

      Je veux également parler des infirmières libérales qui prennent tous les risques avec très peu de moyens. Les seuls masques qu’elles ont, ont été donnés par un carrossier. Pareil pour les quelques combinaisons. Une entreprise de BTP leur en a donné. Mais rien de l’État. Alors on les envoie au front. On les applaudi à 20h. Mais le pire s’est que notre président leur a doublé leur cotisation retraite à tel point qu’elles se demandent si c’est encore rentable de travailler en libérales. Et on compte sur elles pour gérer une épidémie de cette ampleur. Sans rien. On parle de vocation. Cela sert à justifier les bas salaires. Mais ça ne justifiera jamais les risques que nous prenons juste par le fait que l’on n’a rien.

      C’est fort d’avoir trouvé un homme pour représenté une profession féminisé à 90% mais il est vrai que lorsque les femmes s’expriment ca n’intéresse pas grand monde. Et puis une fois cette crise passé il ne restera peut être plus beaucoup de soignantes. Entre celles qui vont mourir du virus, celles qui vont se suicidé, celles qui vont être incapables de travailler pour cause de dépression, burn-out et celles qui vont changer de métier puisque « notre président leur a doublé leur cotisation retraite à tel point qu’elles se demandent si c’est encore rentable de travailler en libérales »...

    • Coronavirus : à Cannes, dans l’Isère ou dans le Puy-de-Dôme, de nouveaux résidents d’Ehpad succombent à l’épidémie
      Officiellement, 3 523 personnes sont mortes depuis le début de l’épidémie en France, mais ces chiffres, égrenés quotidiennement, ne représentent que ceux recensés en milieu hospitalier.
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/01/coronavirus-a-cannes-dans-l-isere-ou-dans-le-puy-de-dome-de-nouveaux-residen

      (...) Le gouvernement a dit sa volonté d’aller vers « un isolement » en chambre individuelle de chacun des pensionnaires des Ehpad et d’intégrer les décès survenus dans ces établissements dans les statistiques officielles. D’ici quelques jours, selon l’ARS PACA, l’organisation mise en place par ses soins pour la remontée des informations et le suivi des Ehpad devraient permettre d’avoir une vue exhaustive de la situation dans ces établissements, au moins pour cette région.

      Pour l’Ehpad parisien que je connais, le 18 mars les visites étaient devenues impossibles et l’isolement en chambre déjà en cours (pas toujours facile à tenir). Annonce gouvernementale de mesures déjà prises par les institutions concernées.

      Quant au dénombrement des décès déjà promis « pour le début de la semaine prochaine » la semaine dernière. On voit que c’est pas pour tout de suite.

  • La policière, l’attestation, et « les gens comme ça » - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/03/30/la-policiere-l-attestation-et-les-gens-comme-ca_1783580

    Par naïveté sans doute, et parce que je considérais la démarche légitime, je suis saisie par l’absence absolue de discussion possible, la condescendance méprisante envers les patients. Le verdict est évidemment sans appel, rien à faire, « Je fais mon travail ». Je suis tellement sidérée par cette phrase que j’ai un mouvement de recul, je demande par la même occasion à l’agent de bien vouloir respecter la distance de sécurité, et également de me parler correctement. J’aurais dû m’y attendre, elle me répond : « C’est à vous de me parler correctement. » Je me résigne, mais avant de partir, je lui demande son RIO, elle dit d’abord, « bien sûr vous pouvez l’avoir ! » puis se ravise « et puis non, vous me parlez tellement mal, je ne vous le donnerai pas ! »

    Elle ne m’a pas touchée, elle ne m’a pas insultée, mais il y a une telle violence dans son attitude, dans son refus, dans son autorité injuste, que je finis par m’adresser à l’un des deux agents qui l’accompagnent, et qui reste silencieux, « Comment pouvez-vous laisser faire cela ? » Il ignore ma question. Je repars avec mon patient.

  • Édifiant : on en a pour 6 mois #modélisation #Covid_19 « Pour limiter les risques de résurgence du virus, il va falloir changer durablement nos habitudes » « il ne faut pas espérer un retour à la normale dans les prochains mois »
    https://www.heidi.news/articles/covid-19-a-quoi-ressemblera-le-monde-dans-les-prochains-mois

    Changer nos habitudes culturelles . En attendant un vaccin à même d’immuniser les populations, le monde semble réduit à changer certaines de ses habitudes, pour longtemps.

    La distanciation, impliquant de limiter les rassemblements, d’éviter de se saluer par une bise ou une poignée de main, pourrait devenir une nouvelle norme sociale. La façon dont l’on consomme la culture, au cinéma ou au musée, risque aussi d’être durablement affectée. Enfin, l’exemple chinois siffle, au moins pour quelques mois, la fin de l’insouciance et des sauts en avion d’un week-end à l’autre bout de l’Europe.

    L’impact politico-économique . La pandémie a aussi provoqué un krach boursier, séisme dont les répliques n’ont pas fini de se faire sentir. Sur le plan politique, l’exemple de la Chine, avec un régime autoritaire ayant réussi à contenir l’épidémie grâce à des moyens technologiques confinant à la surveillance de masse, pourrait inspirer d’autres pays pour le contrôle des malades. Au risque que ces outils, une fois en place, soient utilisés à d’autres fins ?

    L’impact environnemental . Dans l’immédiat, l’arrêt brutal d’une bonne part des activités économiques non essentielles se manifeste par des effets inédits sur les niveaux de pollution atmosphérique. Mais la question de l’effet à plus long terme de la pandémie sur le climat est délicate – et encore ouverte.

    D’un côté, la chute historique du prix du baril de pétrole pourrait aussi achever de convaincre les investisseurs de décarboner leurs actifs. De l’autre, l’incertitude des marchés pourrait inciter acheteurs et investisseurs à privilégier le court terme, c’est-à-dire les énergies fossiles, dès la reprise. Ou encore détourner les pays des efforts à réaliser sur le climat. Alors ce ciel radieux, enfin gommé de particules fines et de dioxyde d’azote, risque de se recharger dès la reprise…

  • Coronavirus en Chine : le nombre de morts volontairement minimisé par les autorités ? 30/03/2020 - RTL
    https://www.rtl.fr/actu/international/coronavirus-en-chine-le-nombre-de-morts-volontairement-minimise-par-les-autorite

    La Chine ne fait état que de quelque 3.000 morts liés au nouveau coronavirus Covid-19. Mais à l’heure où les proches viennent récupérer les urnes funéraires de leurs proches, on se demande si le pays n’a pas minimisé le nombre de victimes.

    Une polémique enfle au sujet de la Chine : le pays aurait-il volontairement minimisé son nombre de morts du nouveau coronavirus Covid-19 ? Officiellement, quelques milliers de personnes sont décédées à Wuhan. Mais ces derniers jours, des photos sèment le trouble.

    Avec des files d’attente de plus de 200 mètres et des livraisons de milliers d’urnes funéraires, les photos de la réouverture des funérariums laissent planer un sérieux doute sur le bilan exact de l’épidémie en Chine. C’est à Wuhan, là où tout a commencé, que l’on s’étonne le plus : on ne recense que 3.186 décès dans la province de Wuhan et 3.304 dans toute la Chine.

    Mais selon une enquête de la presse, au moins 6.500 urnes funéraires ont été livrées à Wuhan pour que les familles puissent venir récupérer les cendres de leurs proches défunts. Ils ne sont certainement pas tous morts du Covid-19. Mais sur les réseaux sociaux, on se demande si la Chine n’aurait pas caché ses morts. En effet, le pays compte officiellement trois fois moins de victimes qu’en Italie alors que le pays est vingt fois plus peuplé.

    • Remarque : pendant la crise du Covid-19, les autres causes de décès ne se sont pas mises en pause…
      Remarque : Wuhan a (avait, avant l’exode…) 11 millions d’habitants.

      Il est ainsi tout à fait possible que l’impact du coronavirus ait abouti à doubler le nombre de décès pendant l’épisode épidémique.

    • Pour la Chine, il serait question de 40 000 morts au bas mot, selon Taiwan News
      https://seenthis.net/messages/835626

      Le mystère des chiffres chinois sur les victimes du coronavirus
      https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-30-mars-2020

      Les interrogations sur les chiffres chinois -3300 morts pour toute la Chine, dont un peu plus de 2500 pour la seule ville de Wuhan- ont commencé lorsque l’Italie, puis l’Espagne, ont vu leur nombre de victimes s’envoler et dépasser celui de la Chine. (...)

      En fin de semaine dernière, avec la levée progressive de deux mois de confinement, les habitants de Wuhan ont été autorisés à aller chercher les urnes funéraires de leurs disparus. Des urnes ont été livrées par milliers aux crématoriums de la ville, en nombre bien supérieur à celui des décès, et il fallait faire jusqu’à cinq heures de queue pour les récupérer. Certaines estimations vont ainsi jusqu’à un chiffre de 40 000 victimes de l’épidémie.

      Ce mystère des urnes ne constitue pas une preuve, mais sème le trouble. Surtout sur la manière de compter les victimes. Les autorités de Wuhan ont changé six fois leur méthode de comptage, et il y a de forts doutes sur le fait que des défunts porteurs d’autres pathologies n’aient pas été comptés comme coronavirus. C’est ce qu’avait révélé le Dr Ai Fen, médecin qui a fait partie du groupe des lanceurs d’alerte réduits au silence. Elle a donné une interview explosive à un magazine ; depuis, elle a « disparu ».

      Par ailleurs, si le « modèle chinois » en matière de réponse à l’épidémie suscite de nouvelles questions, selon François Rannou, chef de service à l’hôpital Cochin, pas un seul des patient chinois qui a été en #réanimation n’a pu rentrer chez lui
      https://actu.orange.fr/societe/videos/selon-francois-rannou-chef-de-service-a-l-hopital-cochin-pas-un-seul-des

      Le chef du service de médecine physique et de réadaptation à l’hôpital Cochin met en garde sur la longueur de la phase de rétablissement des patients intubés.

      #Chine #Covid_19 #mortalité #ALD

    • Chine, Une activité 4 à 5 fois supérieure à la normale dans les crématoriums, 12 février 2020
      https://www.medisite.fr/pneumonie-bronchite-coronavirus-la-chine-ment-elle-sur-les-chiffres-officie

      Selon des chiffres relayés sur le blog Mish Talk, l’activité des #crématoriums à Wuhan serait 4 à 5 fois supérieure à la normale. En se basant sur ces informations, Guo Wengui, milliardaire chinois exilé aux États-Unis, estime que 50 000 décès serait imputable au coronavirus rien que dans cette ville, et le nombre de cas dans le pays s’élèverait à 1,5 million.

      Ce qui passe pour une info inédite circulait donc déjà il y a plus de six semaines, avec là peu près les mêmes éléments, et selon source trop intéressée pour être prise au mot sans vérification.
      J’ai entendu ce matin une autre version sur France inter dont je ne trouve pas trace, selon laquelle ce serait un lanceur d’alerte local qui aurait menée une enquête sur place et diffusé l’info sous un nom qui m’a bien plus dont je n’ai pas gardé un souvenir exact (...), du style « enquête sur les ravages du libéralisme » (de quoi lever le nez de ma tasse de café, interloqué).

    • Coronavirus : doutes sur l’estimation du nombre de décès en Chine, Frédéric Lemaître
      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/30/coronavirus-doutes-sur-l-estimation-du-nombre-de-deces-en-chine_6034871_3210

      Des dizaines de milliers de Chinois, à Wuhan, tentent de récupérer les urnes funéraires de leurs proches, alors que 2 535 personnes seulement seraient officiellement mortes du virus.

      Combien de personnes sont-elles mortes du Covid-19 à Wuhan, principale ville du Hubei et point de départ de l’épidémie ? 2 535 comme l’affirment les statistiques officielles du gouvernement chinois… ou davantage ?

      Le magazine économique Caixin qui, depuis le début de la crise, fait un remarquable travail d’investigation, a semé le doute en indiquant que, mercredi 25 et jeudi 26 mars, des camions avaient livré environ 2 500 urnes chaque jour dans l’un des sept crématoriums de cette ville de 11 millions d’habitants. Par ailleurs, alors que les familles peuvent récupérer les cendres de leurs proches depuis le lundi 23, des photos montrent d’immenses files, silencieuses, devant les crématoriums. Certains témoignages font état de six heures d’attente. La Fête des morts chinoise tombant le 5 avril, les crématoriums se sont engagés à restituer les cendres avant cette date, même si, jeudi 26 mars, les autorités ont interdit les rassemblements dans les cimetières avant la fin du mois d’avril.

      Sur les réseaux sociaux, certains ont fait leurs calculs. L’ensemble des sept crématoriums pouvant restituer 3 500 urnes par jour, cela fait 42 000 urnes en douze jours. Un habitant de Wuhan a fait remarquer au site américain Radio Free Asia (RFA) que les sept crématoriums peuvent procéder chaque jour à environ 2 000 crémations, et que le chiffre officiel de victimes du Covid-19 n’est pas crédible. De nombreux habitants de Wuhan seraient convaincus que plus de 40 000 personnes seraient mortes dans la ville depuis le début de la quarantaine instaurée le 23 janvier, affirme RFA. En partie levée mardi 24 mars, dans le Hubei, elle ne devrait l’être à Wuhan que le 8 avril.

      Examens simplifiés

      Or, selon l’agence Bloomberg, il y a eu 56 007 crémations à Wuhan, au dernier trimestre 2019 – donc, avant l’épidémie –, 1 583 de plus qu’au dernier trimestre de 2018. Alors que les familles n’ont pas été autorisées à se rendre aux crématoriums durant la quarantaine, il n’est pas forcément anormal qu’il y ait plusieurs dizaines de milliers d’urnes à récupérer. Attribuer la cause d’un décès n’est pas toujours facile.
      La Chine a changé à plusieurs reprises, pendant l’épidémie, ses modes de calcul. Débordées, les autorités du Wuhan avaient, durant quelques jours, accepté de déclarer des personnes malades, à l’issue d’une simple radiographie et non d’un test à l’acide nucléique.

      En vingt-quatre heures, le 12 février, le nombre de personnes atteintes du Covid-19 avait bondi de 14 000 cas dans le Hubei. Une méthode abandonnée la semaine suivante. Caixin cite une femme, Mme Liu, dont le père était hospitalisé en janvier en raison d’un cancer du cerveau. Comme il fallait libérer les lits pour les malades contaminés par le SARS-CoV-2, il a dû rentrer chez lui, en janvier. Réadmis à l’hôpital début mars, il est décédé quelques jours plus tard. Pour sa fille « le Covid-19 l’a tué indirectement ».
      La Chine a changé ses modes de calcul à plusieurs reprises, pendant l’épidémie
      A ces difficultés pratiques, que l’on retrouve un peu partout dans le monde, s’ajoutent, dans le cas de la Chine, des doutes provoqués par la nature du régime. Peu après sa nomination, en février, comme nouveau secrétaire du Parti communiste à Wuhan, Wang Zhonglin avait donné l’ordre à des équipes médicales d’aller visiter chaque foyer de la ville et de placer en quarantaine toute personne présentant des symptômes. « Si un seul cas est trouvé après [ces tournées d’inspection], les responsables de district seront tenus pour responsables », avait-il ajouté. Des décès à domicile ont donc pu ne pas être attribués au coronavirus, alors que les personnes présentaient certains symptômes de la maladie.

      Selon le témoignage – anonyme – d’un médecin hospitalier de Wuhan, au site japonais Kyodo News, de nombreux patients ont été renvoyés chez eux, avant le 10 mars, jour de la visite de Xi Jinping à Wuhan, à la suite d’examens simplifiés. Selon la chaîne de télévision hongkongaise RTHK, depuis qu’une dizaine d’hôpitaux provisoires ont été fermés à Wuhan et que les autorités déclarent tout au plus un nouveau cas quotidien, des personnes présentant divers symptômes se voient renvoyées chez elles sans être testées. « C’est un traitement politique et non médical », dit un anonyme.

      Selon la presse britannique, des scientifiques auraient informé Boris Johnson que la Chine pourrait avoir minimisé le nombre de cas confirmés « dans un facteur de quinze à quarante ». Le premier ministre britannique, lui-même positif et accusé d’avoir pris très tardivement les mesures de confinement de son pays, aurait déclaré que la Chine allait devoir rendre des comptes et pourrait devenir un « Etat paria ». Le premier ministre pourrait même revenir sur sa décision d’autoriser l’équipementier de télécommunications Huawei à contribuer au développement du réseau 5G au Royaume-Uni.

  • Cet article de janvier (alors que l’épidémie de COVID-19 n’en était qu’à ses débuts) pointe un risque potentiel de cybersécurité en relation avec la santé publique : la collecte et la distribution des données ne sont pas sécurisées, et pourraient être manipulées par un attaquant, pour qu’on sous-estime la menace ou, au contraire, pour aggraver l’inquiétude :

    https://www.belfercenter.org/publication/weaponizing-digital-health-intelligence

    #COVID_19

  • « Article édifiant sur la chronologie des informations scientifiques disponibles depuis fin décembre. Il serait bon que les chiens de garde et autre charlatans aient la décence de se taire à jamais. »
    #Cymes #goupil #Alexandre #Kouchner #Sibeth

    https://laviedesidees.fr/Savoir-et-prevoir.html

    Savoir et prévoir - Première chronologie de l’émergence du Covid-19

    Que pouvait-on savoir et prévoir de l’actuelle pandémie et de son arrivée sur le territoire français ? Premiers éléments de réponse à partir d’un corpus bien défini : le très réputé magazine « Science », et les déclarations de l’OMS depuis fin décembre 2019.

    Depuis l’interview d’Agnès Buzyn au Monde mardi 17 mars, les critiques pleuvent de toutes parts sur le gouvernement français. La déclaration de l’ex-ministre de la santé, selon laquelle dès janvier elle aurait prévenu le Premier ministre de la gravité potentielle de l’épidémie de nouveau coronavirus – le mettant même en garde sur le fait qu’il faudrait peut-être reporter les élections municipales – a été interprétée comme un aveu terrible : la ministre de la Santé et le reste du gouvernement savaient ce qui risquait d’arriver, et pourtant ils n’auraient pas agi à la hauteur du risque. Depuis, chaque jour qui passe, avec son cortège d’informations sur la pénurie de tests de dépistage et de masque pour les personnels soignants, ne fait que renforcer le discrédit d’un pouvoir politique dont la cote de confiance était déjà largement entamée par la crise des gilets jaunes et la réforme des retraites.

    • Ce thread est formidable. Ils sont tous là à raconter n’importe quoi. Et les voir maintenant continuer de se justifier pour leur gestion catastrophique est un rare supplice. #OnOublieraPas
      https://twitter.com/AiphanMarcel/status/1238399977128370182

      Les Français n’ont pas pris la mesure du #Covid_19 parce que le gouvernement et les chaînes d’info ont relayé un discours irresponsable pour rassurer au mépris de la santé publique et des avis des spécialistes.

      Ces gens sont des criminels !

    • Nous payons leur nullité !

      Leur rhétorique guerrière n’est là que pour cacher cette évidence : leur nullité. Comme l’a dit Macron à ses ministres : « On n’oubliera pas. » Non, nous n’oublierons pas. Aujourd’hui, nous payons leur nullité. Demain, nous la leur ferons payer.

      « Confiner l’ensemble de la population sans dépister et sans traiter, c’est digne du traitement des épidémies des siècles passés. La seule stratégie qui fasse sens est de dépister massivement, puis confiner les positifs. » C’est un expert en santé publique, anthropologue de la santé, Jean-Dominique Michel, qui résume ainsi notre présent.

      Si nous sommes enfermés, aujourd’hui, si mes enfants sont privés de printemps, interdits de parc et de gazon, ce n’est pas à cause du virus : c’est à cause de leur nullité. Parce que la France est dépourvue de tests, malgré les semaines, les mois qu’avaient nos dirigeants pour observer la Chine, l’Italie, et nous préparer.

      Si des soignants décèdent, aujourd’hui, ce n’est pas à cause du virus : c’est à cause de leur nullité. Parce que, dans les hôpitaux français, on se croirait dans un pays du tiers-monde, économisant sur les masques, en appelant aux dons, recevant des stocks moisis, les fabriquant à la maison.

      Si des patients meurent, demain, sans respirateur, sans réanimation, avec des médecins qui trient entre les malades, ce ne sera pas à cause du virus : ce sera à cause de leur nullité. Parce que, depuis un an que les soignants protestent, font grève, voire démissionnent, eux n’entendent rien, ne voient rien, ferment des lits, en obsédés du porte-monnaie, en experts-comptables de la politique.

      Leur surenchère, leur rhétorique guerrière n’est là que pour cacher cette évidence : leur nullité.

      Comme l’a dit Macron à ses ministres : « On n’oubliera pas. »

      Non, nous n’oublierons pas.

      Aujourd’hui, nous payons leur nullité.

      Demain, nous la leur ferons payer.

      https://francoisruffin.fr/nous-payons-leur-nullite

    • Applaudissements pour les soignants à 20h : la fausse bonne idée ?
      https://blogs.mediapart.fr/theo-portais/blog/230320/applaudissements-pour-les-soignants-20h-la-fausse-bonne-idee

      Une société qui a besoin de héros pour rester debout est une société malade – c’est le cas de le dire. L’exemple actuel est particulièrement frappant : l’Etat se saisit du personnel hospitalier qu’il a méprisé et humilié pendant des années pour soudainement l’idolâtrer et opérer à travers lui une forme de narcissisation dont l’unique but est de masquer ses propres inconséquences. Au risque de faire de la psychologie de comptoir, essayez donc de remplacer dans cette dernière phrase « Etat » par « individu A » et « personnel hospitalier » par « individu B » ; le cas me semble assez sérieux. Adhérer à un élan d’unité nationale dont le fondement me semble avant tout relever du domaine du pathologique, très peu pour moi. Surtout que la conséquence de ce grand moment patriotique, dans lequel aucune voix discordante ne saurait être tolérée, risque d’être, les expériences passées nous le prouvent, une absence totale de remise en question de notre fonctionnement en tant que société et des soi-disant valeurs qui sont les nôtres. Evidemment, pourquoi se remettre en question alors qu’on a des héros pour nous rappeler quel est le véritable esprit de la nation ? Si l’on avait le courage de regarder les choses en face, on se rendrait compte que les personnels hospitaliers ne sont pas les héros de cette crise : ils en sont des victimes. Et leurs héros à eux, Superbudget, Spiderembauche et Captain Salaire, restent désespérément des personnages de fiction.

      Alors soit, je veux bien sortir sur mon balcon tous les soirs à 20h pour les applaudir, parce que c’est vrai qu’ils font un travail remarquable. Mais seulement si à 20h15, tout le monde se remet à sa fenêtre pour conspuer le gouvernement et dénoncer les conditions de travail qui sont les leurs depuis des années. Il est louable, et pas injustifié, de prendre ces femmes et ces hommes pour des héros ; mais il faut être vigilants à ce que, d’un même mouvement, ils ne soient pas aussi pris pour des imbéciles.

    • « Covid-19 : nous ferons tout pour qu’il y ait un après », par le docteur Christophe Prudhomme

      Le quinquennat Macron a lui aussi fortement fragilisé l’hôpital public. Une augmentation du budget hospitalier de 5%, soit 4 milliards d’euros, aurait permis de faire face avec efficacité à la crise du Coronavirus et de sauver de nombreuses vies. Mais depuis des années les alertes ne sont pas entendues. Interview du porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France

      https://qg.media/2020/03/28/covid-19-nous-ferons-tout-pour-quil-y-ait-un-apres-par-le-docteur-christophe-p

    • Mr le président,

      Nous sommes le 28 mars 2020, je vous écris depuis l’appartement de Mme T. qui devrait fêter, si le coronavirus ne la fauche pas avant, ses 104 printemps le mois prochain.
      Elle vit dans une résidence pour personnes âgées, dans laquelle moi et mes collègues infirmières libérales, intervenons depuis plusieurs années.
      Permettez moi de vous montrer à quoi nous en sommes réduites en ce beau jour de mars. Regardez bien la photo s’il vous plaît. J’ai 2 patients potentiellement atteints par ce virus et je viens de faire la toilette d’une dame de 104 ans, équipée d’une charlotte, d’un simple masque chirurgical (dont vous connaissez parfaitement l’inutilité puisque lors de votre dernier discours à Mulhouse vous aviez la chance de porter un masque FFP2 depuis longtemps introuvable en pharmacie y compris pour les professionnels de santé, alors que je doute fort que vous ayez été en contact direct avec les malades), de surchaussures et d’un SAC POUBELLE gracieusement fourni par l’établissement parce que les stocks de blouses sont en rupture.
      Alors moi, aujourd’hui, j’ai envie de pleurer, parce que comme beaucoup de mes collègues j’ai du me résigner à laisser mes enfants à mon ex-mari pour ne pas les contaminer, je ne les ai pas vus depuis 15 jours maintenant. Parce que j’ai transformé ma buanderie en sas de décontamination et que malgré ça je vis dans l’angoisse de contaminer mon conjoint. Parce que chaque jour je vais voir mes patients avec la crainte de contaminer les plus fragiles d’entre eux.
      Monsieur le Président, arrêtez vos discours de remerciements, c’est indécent. Quelle haute estime devez-vous avoir de vous-même pour imaginer une seule seconde qu’un simple merci de votre part suffira à nous faire oublier vos carences, ainsi que les gaz lacrymogènes dont vous nous aspergiez il n’y a pas si longtemps encore.
      Arrêtez de nous promettre du matériel qu’on ne voit pas arriver.
      Arrêtez de nous qualifier de héros. Un héros se sacrifie pour une cause. Je ne veux pas me sacrifier : en tout état de cause, c’est VOUS qui me sacrifiez.
      Arrêtez de parler des soignants comme de bons petits soldats.
      Les soldats ont des armes. Nous, on a des sacs poubelles.

      https://www.facebook.com/melany.ceretta/posts/10219559322965226

  • La détresse des personnels des Ehpad : « Nous avons l’impression que nos anciens vont être sacrifiés »
    https://www.bastamag.net/Covid19-deces-en-Ehpad-maisons-de-retraite-coronavirus-crise-sanitaire-soi

    Comme à l’hôpital, les soignants des maisons de retraites demandent depuis plusieurs années des moyens suffisants pour faire correctement leur travail. Aujourd’hui, le coronavirus menace la #Santé_des personnels, souvent laissés sans équipements adéquats. Plusieurs dizaines de résidents sont déjà décédés. « Je suis soulagée, je suis négative. » Marie-Christine, infirmière et cadre de santé dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Normandie, craignait d’être contaminée au (...) #Résister

    / A la une, Santé , #Services_publics, Quel avenir pour nos protections sociales ?, #Conditions_de_travail, Ma vie au (...)

    #Quel_avenir_pour_nos_protections_sociales_ ? #Ma_vie_au_travail

  • Didier Raoult, homme de réseaux et enfant terrible de la recherche - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270320/didier-raoult-homme-de-reseaux-et-enfant-terrible-de-la-recherche?page_art

    Depuis plusieurs semaines, Didier Raoult est au cœur d’une polémique aux dimensions planétaires sur les meilleures stratégies pour combattre la pandémie. Loin d’être un chercheur qui fait soudain irruption sur la scène médiatique, le Marseillais a construit patiemment son ascension en jouant de ses réseaux d’amitiés et des travers de la science moderne. Une enquête de notre partenaire Marsactu.

    Allez hop, je brise le paywall pour que vous profitiez du portrait complet du personnage #raoult

    #coronavirus

    Depuis la longue file de patients qui mène à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, on entend de temps à autre quelques salves d’applaudissements. Les gens venus se faire dépister ont reconnu la silhouette désormais mondialement célèbre du professeur Didier Raoult. L’homme salue brièvement, ne s’arrête pas, tête baissée et mèches au vent. Il a de quoi faire avec des centaines de malades à dépister, d’autres à traiter, sans compter la controverse internationale qui met soudainement son travail au-devant de la scène et son visage à la une de tous les journaux.

    La polémique, Raoult adore. Faire trembler l’establishment. Même ses cheveux longs, sa barbe éparse et ses chemises colorées sont un pied de nez permanent aux apôtres de la norme, fussent-ils du bon goût. Son look improbable est devenu un mème sur les réseaux sociaux où tout le monde s’écharpe entre pro et anti. Lui, se place ailleurs, au-dessus forcément. « Il a un comportement de chef de meute, c’est vrai. Pour lui, la science est un sport de haut niveau. Elle ne supporte pas la médiocrité », explique un journaliste qui l’a longuement côtoyé.

    Les 144 pages de son curriculum vitae parlent pour lui. Didier Raoult est un géant de la recherche en infectiologie. Lui et ses équipes cumulent les records du monde. Forcément, le colosse fait de l’ombre. Il charrie une cohorte de polémiques et n’en a cure. Sabre au clair, il fait de la science comme Louis Pasteur ou Marie Curie en leur temps. Dépasser Darwin ne lui fait pas peur, assure-t-il. Il est le mâle alpha qui mène sa troupe de médecins. Il en fait même son dogme pour dynamiser la recherche en France.

    En revanche, il n’est pas ce savant, génial ou fou, qui fait irruption sur la scène politique et médiatique à l’occasion d’une crise majeure. Chroniqueur au Point, adepte des vidéos d’auto-promo, il cultive depuis longtemps les réseaux politiques et sait jouer à plein des travers de la science pour tenir la ligne qu’il pense juste.

    L’équipe qu’il a constituée autour de lui est d’une fidélité sans faille, parfois depuis des décennies. Ce sont eux ces professeurs, médecins, chercheurs qui signaient ce dimanche un communiqué défiant les préconisations du ministère de la santé en précisant qu’il n’était pour eux « pas moral que cette association [de molécules, utilisée par l’IHU – ndlr] ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection par le Covid-19 ».
    Bras de fer au ministère

    Le ministre de la santé prend un arrêté pour limiter la prescription de l’hydroxychloroquine ? Qu’importe, il claque la porte du comité scientifique qui conseille le gouvernement depuis le début de l’épidémie et poursuit ses prescriptions. Au point d’obtenir du ministre qu’il maintienne celle-ci pour les médecins en première ligne face à l’épidémie.

    Une position qui lui revient forcément, et confortée par la vue des centaines de personnes qui, malades, inquiètes ou simplement fébriles, patientent à la porte de son institut. Elles espèrent savoir si elles sont atteintes et peuvent avoir accès au traitement censé faire chuter la charge virale, sans preuve scientifique de cette efficience (lire l’article à ce sujet).
    L’ami des politiques

    Parmi les thuriféraires parfois béats, il y a aussi les élus majoritairement LR qui sont venus se faire dépister et soigner par les équipes du professeur Raoult avant et surtout après le premier tour des municipales. La députée LR Valérie Boyer multiplie les plateaux TV pour soutenir la thèse du professeur Raoult, faisant fi des méthodes scientifiques et de la rigueur nécessaire à la mise en œuvre d’un traitement médicamenteux, non sans effets secondaires.

    Ces élus, Didier Raoult les connaît bien. Il les fréquente depuis de longues années. Médecin, ancien ministre et président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier fait partie du conseil d’administration de l’institut hospitalo-universitaire que Didier Raoult porte à bout de bras depuis plusieurs dizaines d’années. L’homme politique ne tarit pas d’éloges pour « son ami » et a marqué son soutien dès le début de l’épidémie. Le maire de Nice, Christian Estrosi, monte lui aussi au créneau sur les réseaux sociaux. Lui est un intime du professeur depuis leurs années communes au lycée à Nice.

    L’ancien journaliste de La Provence Hervé Vaudoit décrit ce réseau de relations dans l’ouvrage qu’il a consacré à l’homme et son institut, L’IHU Méditerranée Infection - Le défi de la recherche et de la médecine intégrées (Robert Lafon). Outre son indéniable talent, Didier Raoult doit son ascension éclair au sein de la faculté de médecine à un baron du gaullisme local, Maurice Toga, que Renaud Muselier considère comme son « père politique », raconte dans son bouquin le journaliste.

    Ce député (1986-1988) lui met le premier le pied à l’étrier et lui permet de devenir professeur de médecine puis chef de service dès 1988. Mais l’idée de l’IHU naît vraiment avec la peur du bio-terrorisme et les attentats à l’anthrax qui ont effrayé le monde après ceux du 11-Septembre. « Les politiques avaient une trouille bleue, se souvient Didier Raoult dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit. Pour leur faire péter les plombs, il suffisait de prononcer un mot : bioterrorisme. »
    Plus de 100 millions pour bâtir l’IHU

    Il profite de l’arrivée au gouvernement Chirac du Marseillais Jean-François Mattéi pour pousser le pion d’un infectiopôle destiné à lutter contre ce risque médical et militaire. En 2003, il écrit un rapport sur ce thème qui finit par convaincre les hauts fonctionnaires et les politiques de la nécessité d’un soutien à ses recherches. Car loin de l’image véhiculée du Marseillais mal-aimé contre le reste du monde, Didier Raoult a des réseaux bien implantés.

    À l’orée des années 2010, son projet de pôle d’infectiologie rencontre les programmes d’investissement d’avenir portés par le président Sarkozy. Son entregent lui permet d’obtenir des soutiens dans les ministères. Pour défendre son IHU devant le jury chargé de faire le tri parmi les projets présentés, Didier Raoult est accompagné par Yvon Berland, qui deviendra quelques années plus tard président de l’université unique, et Jean-Paul Segade, le directeur général de l’AP-HM d’alors. L’infectiopôle du professeur Raoult emporte la mise et le précieux financement d’État.

    Son IHU est le plus gros investissement public dans la recherche des vingt dernières années avec plus de 48 millions de l’Agence nationale de la recherche uniquement pour le bâtiment high tech qui borde le Jarret. Il a aussi pris soin de réunir autour de table la plupart des collectivités locales pour un investissement colossal. Dans la mise de départ, 1,5 million pour la Région, quatre pour le département, un million de la Ville de Marseille et autant de la communauté urbaine d’alors.

    Même chose pour les équipements où les collectivités remettent gentiment au pot au nom du rayonnement international de ce chercheur et de ses équipes. Récemment, Renaud Muselier a annoncé que la participation de la Région était de 16 millions alors qu’elle était de 11 millions en 2018.
    Changement de gouvernance

    Avec le débarquement de Jean-Paul Segade, en 2012, étrillé par un rapport de la Chambre régionale des comptes, Raoult perd un soutien. Cela correspond aussi au changement politique à la tête de l’État où Didier Raoult doit refaire ses contacts.

    En 2014, avec le changement de gouvernance à l’AP-HM, l’enthousiasme connaît des hauts et des bas. Le successeur de Segade à la tête de l’AP-HM, Jean-Jacques Romatet, est beaucoup moins partant. Il voit dans ce projet un formidable outil qui s’installe au sein de l’assistance publique comme un virus qui prospère à son détriment. Les deux hommes ne s’entendent pas, s’accrochent dur tant sur la question du loyer que l’AP-HM devra payer à l’IHU en fonction des lits d’hospitalisation qu’il abrite, mais aussi sur celui de l’autorisation d’occupation temporaire qui lie la fondation de droit privé qui pilote l’IHU au propriétaire du terrain.

    Même chose pour le permis de construire, délivré sans aucun aller et retour avec le service d’urbanisme. L’élue chargée de l’urbanisme, Danielle Servant, découvre un projet juché sur un haut escalier, au lieu d’être de plain-pied. Maître d’ouvrage du chantier, Raoult n’est pas ouvert à la discussion. Il appelle directement le maire qui somme son élue de donner un avis positif au permis.
    Défections

    Aujourd’hui, Jean-Jacques Romatet refuse de s’exprimer publiquement sur ces années de tension autour du projet d’IHU. Mais, à certains, il confie volontiers que son départ anticipé de la direction de l’AP-HM en 2015 est aussi dû aux capacités de nuisance et à l’entregent politique de Didier Raoult. Lequel ne le nie pas. Lorsque les négociations piétinent avec l’AP-HM, c’est la ministre socialiste de la recherche Geneviève Fioraso qui vole à son secours. Comme son prédécesseur Philippe Douste-Blazy avant elle, elle en est remerciée en siégeant au conseil d’administration de l’IHU.

    Ce que regrette Romatet, c’est la violence dont Didier Raoult fait preuve dans sa volonté de voir aboutir son projet. Car, en cumulant la recherche et les soins en infectiologie, l’IHU aspire les services qui, éparpillés dans les différents sites de l’AP-HM, traitent de bactériologie, de virologie ou de parasitologie. Ainsi les médecins qui, depuis des décennies, travaillent auprès des malades du sida à l’hôpital Nord sont contraints de rejoindre le bâtiment de la Timone. Avec le risque de perdre le lien avec des patients des quartiers Nord. Il faudra qu’ils bataillent en interne pour conserver une consultation à l’hôpital Nord.

    D’autres ne se sont pas contentés de faire le dos rond. Chef du service parasitologie à la Timone, le spécialiste du choléra Renaud Piarroux a fini par claquer la porte des hôpitaux marseillais pour rejoindre la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « J’ai du mal à obéir lorsque je ne suis pas d’accord avec la façon dont les choses sont gérées », dit-il au Monde en 2016. Son service en pointe sur les questions de parasitologie et mycologie a tout simplement été aspiré par l’IHU, quittant ainsi le seul giron de l’AP-HM pour se retrouver sous la tutelle de Didier Raoult et de ses équipes. Effrayés par la réputation du bonhomme, la moitié des techniciens de laboratoire n’ont pas rejoint l’IHU, préférant parfois quitter le CHU.
    « De la science comme on mène une bataille »

    « Didier Raoult est un guerrier, explique ainsi un de ses adversaires à l’AP-HM. Il fait de la science comme on mène une bataille. Ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui. Il fout une trouille terrible parce qu’il peut vous détruire professionnellement. » Nombreux sont ceux qui contestent ces méthodes, toujours à mots couverts. Co-découvreurs des virus géants en 2003 avec Didier Raoult, Jean-Michel Claverie et sa femme, Chantal Abergel, ont construit une association scientifique fructueuse avant de rompre brutalement. Contacté par Marsactu en 2018, il refusait de commenter les causes de cette rupture. « On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort », confie-t-il au Monde le 25 mars tout en saluant le brio scientifique du professeur Raoult.

    Comme Hervé Vaudoit le décrit dans son ouvrage, Didier Raoult est un des premiers à Marseille à comprendre comment l’indexation scientifique des publications permet de rationaliser la compétition entre les savants. Soudain la réputation ne relève plus de la subjectivité mais de données statistiques, objectives. Le mandarinat vole en éclats, remplacé par des algorithmes qui évaluent les chercheurs en fonction du nombre de publications, de leur impact scientifique mais aussi du nombre de fois où le chercheur est cité par d’autres.
    3 000 articles scientifiques en huit ans

    Depuis le début des années 1990, Didier Raoult a fait du séquençage génomique l’une des bases de ses recherches pour dénombrer et identifier de nouvelles bactéries parmi la multitude qu’abrite le corps humain. Ouvert sur le monde, ses unités de recherche comme son institut accueillent de nombreux doctorants venus d’Afrique ou d’Asie qui sont les petites mains de son système.

    Même s’il publie dans des revues prestigieuses, parmi les plus reconnues au monde, la grande partie des milliers de publications qu’il co-signe ont un « faible impact scientifique ». Une recherche récente sur le portail PubMed qui dépend de la Bibliothèque nationale de médecine américaine évalue à plus de 3 000 les articles scientifiques signés par lui. Le double de la même recherche effectuée en 2012 par une journaliste de la revue Science dans un article critique sur Didier Raoult.

    « Son fonctionnement est très simple, explique un de ses adversaires. Un chercheur apparaît comme auteur d’un article à partir du moment où il y a contribué. Dans un cycle normal de travail, on peut cosigner 10 à 20 articles par an de 3 500 mots chacun. Lui, il génère de la matière première en faisant travailler ses doctorants notamment sur du séquençage de gènes de bactéries et il co-signe tout. Il arrive ainsi à un nombre de publications annuel absolument dément. Il est impossible qu’il puisse toutes les vérifier. »
    « Je rapporte 11 millions par an »

    Or, ce nombre de publications pléthoriques compte aussi financièrement. Ainsi la dotation annuelle attribuée à chaque CHU repose-t-elle sur les publications de ses chercheurs et praticiens, les fameux Sigaps, pour Système d’interrogation de gestion, d’analyse des publications scientifiques. Mis en place par le CHU de Lille, il a été étendu à l’ensemble des centres hospitaliers en 2006. Or, Didier Raoult et ses équipes pèsent lourd. « Je rapporte au moins onze millions d’euros par an à l’AP-HM », lançait-il à Marsactu en 2018, lors de l’inauguration de son IHU. La même année, Hervé Vaudoit évalue ce poids relatif à 25 % des crédits de recherche attribués à l’AP-HM.

    « Je pense que sans Raoult et ses équipes, Aix-Marseille Université serait placée moins haut dans le classement de Shanghai », affirme le journaliste. Pour le coup, Didier Raoult étend son influence sur l’AP-HM et l’université, l’une des tutelles de l’IHU dont les personnels et étudiants dépendent.

    Compagnon de route scientifique, professeur d’université, médecin et président d’université comme lui, Yvon Berland a suivi de très près l’ascension de son collègue. Quand les histoires de mal-être au travail et de harcèlement finissent par éclabousser l’université, il n’hésite pas à appeler Didier Raoult en déplacement à Dakar pour que ce dernier réponde aux journalistes qui souhaitent recueillir son point de vue.
    Retrait de labels

    Si Didier Raoult a mal vécu cet épisode que Marsactu a longuement détaillé en son temps (lire notre article sur la visite des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail des quatre tutelles), c’est qu’il venait éclairer son navire amiral au moment où son unité de recherche historique, l’Urmite, devait se transformer en deux unités sœurs.

    Or, après des avis négatifs des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS, les deux principales institutions de la recherche française dans le champ bio-médical ont retiré leur label à Vitrome et Mephi, les deux unités « filles » de l’Urmite. Les personnels CNRS ont été maintenus dans une structure provisoire, FRE, avant d’acter la séparation. « C’est embêtant. Je ne peux pas bien l’accueillir », reconnaissait Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université en 2018. Les deux unités continueront d’avoir le label AMU, et donc le personnel et les financements universitaires.

    L’affaire des risques psychosociaux et le contrôle des CHSCT ne sont qu’un élément périphérique dans les décisions des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS. Dans celle du CNRS que nous avons pu consulter, l’accent est mis sur les aspects scientifiques qui ne convainquent pas suffisamment les pairs réunis à titre consultatif. « Je crois savoir qu’ils reprochent une approche de la recherche, pas assez fondamentale », commente encore Yvon Berland.
    Conflits d’intérêts à la tête

    Pour Didier Raoult qui s’en explique longuement dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit, cette crise est un règlement de comptes venu de tout en haut : le PDG de l’Inserm, par ailleurs époux de l’ancienne ministre de la santé, Agnès Buzyn, ne croit pas au modèle des IHU et aurait tout fait pour qu’une nouvelle génération d’instituts ne voie pas le jour. « Nous allons perdre 400 000 euros de dotations que nous versaient l’Inserm et le CNRS, précise-t-il à Hervé Vaudoit en 2018. C’est un mauvais coup mais nous ne sommes pas inquiets : des solutions de financement existent ailleurs. Et, à la fin, ce seront peut-être eux les grands perdants de l’histoire. »

    Pour assurer sa survie, Didier Raoult croit en son modèle. Il s’appuie aussi sur des amitiés indéfectibles comme celle de l’ancien président de l’IRD Jean-Paul Moatti. Époux de la présidente de la fondation de l’IHU, Yolande Obadia, il a renouvelé son soutien financier à l’IHU en dépit du conflit d’intérêts patent de signer une convention financière avec sa propre épouse (lire notre article sur ce conflit d’intérêts).

    Selon nos informations, cette question figurait dans la liste des sujets soumis à l’inspection des magistrats de l’agence française anticorruption lors de son contrôle de l’IRD en 2018. Ce rapport n’a pas vocation à être rendu public. Tout comme celui de l’inspection générale de l’éducation nationale et de la recherche sur les cas de harcèlement moral et sexuel au sein des unités de recherche abritées par l’IHU. En 2018, Didier Raoult balayait tout ça d’un « ça se dégonfle ». Depuis, le Covid-19 achève de gonfler sa renommée.

    • Coup sur coup, trois détracteurs publics de Raoult sur les plateaux télé
      – Karine Lacombe
      – Xavier Lescure
      – Gilbert Deray
      --TOUS LES TROIS en lien d’intérêt patent avec Gilead science, le labo qui vendait son médicament contre l’Hépatite C à 40 000 $ le traitement.

      Un premier article donc :
      https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/26/cette-professeur-critique-des-methodes-de-didier-raoult-est-elle-en-confl

      Et bien sûr Gilbert Deray, comme l’a dit un twittos « c’est un panneau publicitaire en blouse blanche »

      Enfin vous vous demandez pourquoi BFMTV tabasse Raoult matin et soir ? Peut-être est-ce en partie parce qu’Altice (BFM) et Gilead, le labo qui a tout à perdre si le protocole Raoult est efficace, ont une grande part d’actionnaires en commun...

      https://twitter.com/idrissaberkane/status/1243839715054362625

    • Le monde d’hier s’accroche à ses royalties. GILEAD sur les starting block pour vous soigner (ou pas) et faire un gros paquet de pognon à l’occasion.
      https://theintercept.com/2020/03/25/gilead-sciences-coronavirus-drug

      In 2017, a group of academics at Yale Law School made the case for the government’s use of Section 1498 to procure a lifesaving treatment for hepatitis C called Sofosbuvir, also manufactured by Gilead, which is too expensive for many people who need it. Sofosbuvir costs $48,000 for a 24-week course, or about $1,000 a pill. Because of the exorbitant price, insurers have refused to cover it for all of the roughly 5 million people infected with hepatitis C, instead making the drug available to only the sickest patients.

      Gilead, which is valued at more than $100 billion, has repeatedly come under fire for its pricing. Although its preventative HIV drug Truvada costs only $6 to manufacture, it costs almost $2,000 a month in the U.S — out of reach for many people who could use it to avoid infection.

      “Gilead is notorious for price gouging,” said Rizvi. “Gilead holds the key to bringing down and ending both HIV and hep C epidemics, and in both cases, prices have played a real factor in our inability to stop both epidemics. And that’s terrifying.”

      Joseph Grogan, who has led the Trump administration’s efforts on drug pricing in addition to serving on the White House coronavirus task force, served as head of federal affairs for Gilead from 2011 to 2017, while it was setting prices for both drugs.

      When asked about price gouging, Gilead provided The Intercept with the following statement :

      Gilead is acutely aware of the urgent medical needs of people and communities around the world in the face of the Covid-19 pandemic. We are working around the clock to study the safety and efficacy of remdesivir as a potential Covid-19 treatment and to responsibly provide emergency access to remdesivir while these studies are ongoing, to respond to this public health crisis. If remdesivir is proven to be safe and effective to treat Covid-19, we are committed to making remdesivir both accessible and affordable to governments and patients around the world.

      The penchant for putting profits over public health and individuals’ lives is particularly terrifying as Covid-19 infections soar. When private companies have exclusive rights to these drugs, they not only have complete discretion over the price, but they also have a monopoly over supply.

      “It makes no sense for one company to have the power to dictate who gets what, when, where,” said Rizvi. “There’s going to be unprecedented global demand if it proves to be effective.”

    • Entretien | La recherche se focalise sur les traitements et les vaccins, analyse le professeur Didier Sicard, mais elle néglige l’origine animale de l’épidémie. Spécialiste des maladies infectieuses, il affirme qu’il faut retourner sur le terrain, étudier de plus près la chaîne de transmission des coronavirus.

      https://www.franceculture.fr/amp/sciences/didier-sicard-il-est-urgent-denqueter-sur-lorigine-animale-de-lepidemi

    • « Bien la transparence de ce conseil scientifique. La page wikipedia de Karine Lacombe a été supprimée hier. »

      C’était vraiment un très bon choix de prendre cette médecin militante pleine de conflits d’intérêts pour se livrer à un « exercice de vérité » et rassurer les Français !
      On vous croit...

      Pr Karine Lacombe, infectiologue sur les masques :

      Il n’y a pas de problèmes d’accès aux masques pour les soignants en hôpitaux

      #Covid_19 #ilyaeuduretard #IlsSavaient #KarineLacombe

      https://twitter.com/AiphanMarcel/status/1244376369137618945

    • « Pendant que les chiens de garde cacochymes et vulgaires comme Cohn Bendit s’acharnent sur Raoult, l’Italie utilise maintenant massivement la chloroquine en phase 1 » :

      Dépassée par l’ampleur de l’épidémie, l’Italie compte sur la chloroquine... Le point de vue du Pr Christian Perronne, chef du service d’infectiologie à l’hôpital universitaire de Garches

      En Italie, qui nous précède de seulement huit jours et ou la situation devient presque incontrôlable, une course de vitesse contre le Covid-19, vient d’être enclenchée avec pour arme clé l’hydroxychloroquine (Plaquenil®, forme la mieux tolérée de la chloroquine). Tout particulièrement dans le Lazio, région très touchée, où elle est désormais largement prescrite aux patients ayant des signes débutants, avec d’ores et déjà des résultats très encourageants en termes de protection des sujets traités. Dans le journal « Corriere della Sera » le Dr Pierluigi Bartoletti, vice président de la Fédération Italienne des médecins généralistes, explique que toute personne isolée, Covid-19 positive avec des signes débutants (toux, fièvre par exemple), est aujourd’hui traitée par l’antipaludique. Le produit est remboursé par l’assurance maladie italienne. Il peut être obtenu facilement sur prescription d’un médecin (généraliste notamment), dans les pharmacies hospitalières, qui transmettent toutes les données relatives au patient à l’Agence italienne du médicament (AIFA).

      "Nous venons de comprendre, ajoute le Dr Bartoletti, que le virus a une évolution en deux phases et que c’est au cours de la seconde, après quelques jours (une semaine environ), que la situation peut brutalement, en 24 ou 48h, s’aggraver et conduire à une insuffisance respiratoire réclamant des soins intensifs. Les résultats que nous commençons à accumuler suggèrent que l’hydroxychloroquine administrée tôt, donne la possibilité d’éviter cette évolution à une majorité de patients et de désencombrer les salles de réanimation"

      Le point de vue du Pr Christian Perronne, chef du service d’infectiologie à l’hôpital universitaire de Garches, interrogé par le Dr Philippe Gorny :

      Participez-vous à l’Etude Européenne Discovery qui évalue des traitements antiviraux ?
      Pr Christian Perronne. J’ai refusé d’y participer car cette étude prévoit un groupe de patients sévèrement atteints qui ne seront traités que symptomatiquement et serviront de témoins-contrôles face à quatre autres groupes qui recevront des antiviraux. Ce n’est pas éthiquement acceptable à mes yeux. On pouvait parfaitement, dans la situation où nous sommes, évaluer ces traitements en appliquant un protocole différent. De surcroît, le groupe hydroxychloroquine (qui a été ajouté à cette étude à la dernière minute), devrait être remplacé par un groupe hydroxychloroquine plus azithromycine, traitement de référence actuel selon les données les plus récentes. Enfin, le modèle de protocole choisi ne fournira pas de résultats avant plusieurs semaines. Pendant ce temps là, l’épidémie galope. Nous sommes pressés, nous sommes en guerre, il faut des évaluations rapides.

      Etes-vous pour où contre une prescription plus large de l’hydroxychloroquine que celle actuellement autorisée en France ?
      Même si les preuves irréfutables que donnent les études randomisées à grande échelle manquent encore, je suis en faveur d’une prescription large pour les raisons suivantes :
      1. Nous disposons d’un nombre important de preuves montrant qu’in vitro l’hydroxychloroquine bloque le virus. Nous disposons également de plusieurs résultats cliniques indiquant que ce produit est bénéfique s’il est administré précocement et nous n’avons aucune mention qu’il nuit ou est dangereux dans cette infection (une seule étude, mal détaillée, chinoise, sur 30 patients avec groupe contrôle, n’a pas observé de bénéfices mais pas non plus d’effets délétères). Que risque-t-on en administrant la chloroquine d’emblée : rien !
      2. Ce médicament est très peu coûteux
      3. Il est bien toléré en traitement longue durée (recul de plusieurs décennies sur des milliards de sujets). Personnellement, je l’utilise en clinique dans la forme chronique de la maladie de Lyme, avec succès depuis 30 ans à la dose de 200 mg voire 400 mg/jour. J’ai pu juger et des centaines d’autres médecins avec moi, de son excellente tolérance chez l’homme. Les principales contre-indications sont les maladies sévères de la rétine et cardiaques non équilibrées. Les évènements cardiovasculaires restent exceptionnels si on prend soin : de proscrire l’automédication - de vérifier chez les personnes âgées prenant beaucoup de médicaments qu’il n’existe pas d’interactions médicamenteuses (avec des diurétiques au long cours notamment) et que le taux de potassium sanguin est dans les normes. Hors ces précautions, les effets indésirables sont mineurs. Ils le sont d’autant plus que le traitement est court, ce qui est le cas contre Covid-19. Il serait donc sage de produire sans plus tarder de l’hydroxychloroquine en très grande quantité, pour la rendre facilement accessible aux personnes infectées, dès lors que son efficacité sera définitivement prouvée. A défaut il suffira d’arrêter la production. Je signale que l’Italie vient d’autoriser la large diffusion de l’hydroxychloroquine sur prescription médicale dès le début de l’infection et que d’autres pays s’apprêtent à faire de même. Qu’attendons-nous ? D’avoir davantage de morts ?

      Etes-vous au courant d’études en cours, avec ce produit en France ou ailleurs ?
      Les résultats d’une 2e étude ouverte du Pr Didier Raoult, chez 80 patients Covid-positifs en PCR, ayant des signes pulmonaires cliniques et radiologiques, viennent de paraître. Ils confirment les effets spectaculaires de sa première étude (avec le traitement combinant l’hydroxychloroquine et l’azithromycine), ainsi que ceux de la première étude chinoise sur 100 patients. Son équipe a constaté qu’au 5e jour, 97.5 % des patients ne sont plus porteurs du virus ! Un seul décès concernant un patient âgé de 86 ans est survenu ; un autre sujet âgé de 74 ans est en soins intensifs.

      Aux USA le Dr Zev Zelenko qui travaille dans deux centres hospitaliers des communautés juives orthodoxes de la région de New-York (au sein desquelles le taux d’infection est élevé), a administré depuis le 19 mars, à 500 personnes, sans test PCR préalable (pour ne pas perdre de temps), la combinaison du Pr Raoult à laquelle il a ajouté du zinc qui freine la réplication virale. Les patients traités furent : les adultes de tous âges ayant des signes débutants (toux, fièvre, courbatures..) avec une comorbidité associée (diabète, obésité, maladie pulmonaire, cardiovasculaire, cancer, immunodépression) - les adultes de tous âges ayant des signes débutants, sans comorbidité - tous ceux, quelque soit l’âge, ayant des signes pulmonaires (essoufflement ou davantage). Seuls les sujets jeunes avec signes débutants mais aucune comorbidité, ne furent pas traités. Au 26 mars aucune des personnes ayant reçu cette thérapie n’a été hospitalisée, aucune n’a évoluée vers une forme grave nécessitant une réanimation, aucune n’est décédée. Ce n’est pas une étude certes, mais ces résultats ont une valeur indicative notable. En marge de cette initiative communautaire, des essais institutionnels préventifs (protection des gens exposés avant même l’apparition de signes débutants) avec l’hydroxychloroquine, vont débuter aux USA !

      Dans quels délais pouvons-nous espérer avoir les premiers résultats de l’étude Discovery ?
      Dans plusieurs semaines selon moi. Mais il n’y aura rien à espérer de cette étude concernant l’hydroxychloroquine qui est administrée trop tard. Le protocole indique que le produit peut être donné seulement si la saturation en oxygène des patients est inférieure à 95% , c’est à dire à des malades justiciables d’un apport massif en oxygène ou qui doivent être mis sous ventilation artificielle. Ce n’est pas la bonne indication.

      Quel est votre avis sur les traitements qui pourraient s’avérer les plus efficaces dans les formes sévères et graves ?
      Des médicaments autres que les antiviraux et que l’hydroxychloroquine et qui peuvent lutter contre l’inflammation broncho-pulmonaire , c’est à dire des anti-inflammatoires (non stéroïdiens exclus car délétères) tels que : des anticorps monoclonaux contre les interleukines (IL6, IL1) substances qui stimulent l’inflammation, ou contre des facteurs de croissance vasculaire (VGEF) – peut-être aussi des corticoïdes comme par exemple la methylprednisolone ( nette réduction de la mortalité pour les formes très graves dans une étude chinoise). Toutes ces options sont en cours d’évaluation. Ce qu’il faut éviter, c’est d’arriver à ce stade !

      Que pensez-vous de la pénurie des masques en France… et de son inimaginable persistance ?
      J’ai présidé pendant 15 ans la Commission des maladies transmissibles des instances officielles de conseil, dont le Haut Conseil de la Santé Publique. Nos groupes de travail ont recommandé des mesures concernant la production de masques notamment lors des épidémies dues au SARS. Cette pénurie est absolument navrante et incompréhensible. A Hong-Kong, une des villes les plus denses du monde, où le port des masques en épidémie est traditionnel pour ne pas dire culturel, on a compté, à la date du 17 mars, au total que quatre décès dus à Covid-19 ! Là-bas, contrairement à la France où la pénurie a contraint le Ministère de la Santé précédent à ne le recommander que pour les sujets malades, le port des masques concerne aussi les gens sains ! On mesure là toute l’importance de cette protection et l’impréparation choquante des autorités françaises en ce domaine…

      https://twitter.com/Poulin2012/status/1244524900599070722

    • @marielle Le fait que l’Italie essaye ce produit ne prouve pas que ca soit une bonne idée ni que ca soit plus ou moins efficace qu’un placébo. Le fait que Cohn Bendit soit pour ou contre ne prouve rien non plus. Il y a des cacochymes dans les deux camps. Cette seconde étude ne sert toujours à rien à part qu’elle a permis de probables contaminations au pied des locaux de Raoult et qu’elle fait perdre de l’énergie et du temps pour des guerres d’égo cacochymes. Pendant qu’on s’écharpe sur ce vieux politicien en blouse blanche on ne s’occupe pas de ce que fait ce gouvernement.

      Je comprend que l’Italie se raccroche à des solutions désespérés. J’espère en tout cas que ça ne sera pas un nocébo.

  • Coronavirus : trois maires de Seine-Saint-Denis hospitalisés, deux élus décédés - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/coronavirus-trois-maires-de-seine-saint-denis-hospitalises-deux-elus-dece

    Les maires de Tremblay, Sevran et Epinay sont à l’hôpital, atteints du Covid-19. Deux conseillers municipaux de Drancy sont morts. Alors que le pic de l’épidémie n’est pas atteint, les politiques exercent « dans l’angoisse ».

    • La nouvelle a été officialisée mardi 24 mars. Selon les syndicats, la directrice, craignant la #contagion, n’aurait pas voulu augmenter le nombre d’#intérimaires, comme le groupe le lui demandait.
      Le #coronavirus a des effets inattendus. Deux cadres d’Amazon ont démissionné en fin de semaine dernière ou début de celle-ci : le directeur Europe, Roy Perticucci, et la directrice du site de Saran, Ana Fernandes, arrivée voilà environ un an. Celle-ci qui, selon la direction, est partie pour des « raisons personnelles et familiales », sera remplacée par Raphael Delrue, qui était auparavant au centre de distribution d’Amazon à Montélimar.

      Selon Jean-François Bérot, de Solidaires Loiret, Ana Fernandes aurait refusé d’intégrer les intérimaires supplémentaires, contrairement à ce que souhaitait le groupe américain, confronté à un afflux de commandes, conséquence du confinement.

      Un refus qui aurait été motivé par la peur de voir les risques de propagation du virus s’accroître et la crainte, peut-être, de voir sa responsabilité pénale engagée en cas de maladie. Les intérimaires supplémentaires n’auraient d’ailleurs pas encore été intégrés, à la date du 24 mars au matin. « Elle est partie s’occuper de sa famille au Portugal », croit savoir le syndicaliste.

      Les #syndicats avaient appelé à un #débrayage, mercredi 17 mars, contre, notamment, l’augmentation des effectifs. Ils ont déposé un dossier de danger grave et imminent, demandant la fermeture du site. Et, selon Jean-François Bérot, près de la moitié des salariés seraient absents, ce 24 mars, pour une raison ou une autre.

      Des mesures de sécurité « encore insuffisantes »
      Les salariés mécontents dénoncent la promiscuité importante des salariés (1.700 CDI et plusieurs centaines d’intérimaires), le fait que beaucoup soient obligés d’emprunter les transports en commun, le manque de gants et de gel...

      Selon Jean-François Bérot, des mesures se mettent petit à petit en place : marquage au sol pour respecter des écarts de deux mètres, distribution de gants dans certains services et de gel dans les escaliers, échelonnement des arrivées... « Ce n’est pas si mal à Saran, par rapport à d’autres sites, mais ce qui m’ennuie, ce sont les transports en commun. On attend aussi le contrôle de température et l’aménagement des vestiaires ».

      Amazon a, de plus, recentré ses activités sur les commandes de produits de première nécessité (produits d’entretien, d’hygiène, petite épicerie de produits secs, mais aussi bureautique, jeux...). « Une opération de communication », selon Julien Vincent, délégué central CFDT. « L’alimentaire représente une part infime du stock. En fait, rien n’a changé... »

      Source syndicale.

      Cas de #Covid_19 confirmé sur le site d’Amazon à Saran. La personne contrôlée positive faisait partie de l’équipe qui accueillait les camions et aurait été en contact avec 32 autres personnes selon les comptes de la direction du site.

      #travail #logistique #Amazon

  • Savoir et prévoir
    http://www.laviedesidees.fr/Savoir-et-prevoir.html

    Que pouvait-on savoir et prévoir de l’actuelle pandémie et de son arrivée sur le territoire français ? Premiers éléments de réponse à partir d’un corpus bien défini : le très réputé magazine « Science », et les déclarations de l’OMS depuis fin décembre 2019.

    #Politique #médecine #recherche #information #prévision #épidémie #Sciences
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200325_science.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200325_science.pdf

    • Le 28 février est publié le rapport crucial de l’OMS sur ce qui a été fait en Chine. Il montre que seule une mobilisation de « tout le gouvernement » (all-of-government) et « toute la société » (all-of-society) permet de vaincre l’épidémie. On se souviendra sans doute longtemps du fait que le lendemain, le samedi 29 février d’une année bissextile, le premier ministre Édouard Philippe a décidé de détourner un conseil des ministres « exceptionnel dédié au Covid-19 » pour annoncer l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Alors que l’OMS démontrait l’urgence de l’action collective et solidaire face à une pandémie bientôt incontrôlable, le gouvernement s’est dit que le plus urgent était de profiter de la dernière fenêtre de tir pour faire passer son projet de loi tant décrié.

      C’est symptomatique de cette crise sanitaire (scandale sanitaire serait plus approprié) les décisions sanitaires ont été reléguées au second plan au profit de l’économique et du politique.

  • [Avertissement : je ne suis pas médecin et pas épidémiologiste, donc je ne peux pas juger moi-même de la validité de cette opinion. Mais ça m’a été transmis par un biologiste et ça semble sérieux.]

    « Je l’ai dit et je le répète : le même traitement politique ou journalistique appliqué à n’importe quel épisode de grippe saisonnière nous terrifierait tout autant que l’épidémie actuelle. Comme la mise en scène (avec décompte en live des victimes) de n’importe quel problème sanitaire d’envergure, qu’il s’agisse des maladies cardiovasculaires, des cancers ou aux effets de la pollution atmosphérique nous ferait frissonner d’effroi tout autant et même infiniment plus ! »

    http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/18/covid-19-fin-de-partie-305096.html

    #COVID_19

    • Vu tous les débats sur le sujet dans Seenthis et sur les listes de diffusion, je suis plus sceptique que toi sur le sérieux de l’affaire. Cf. les remarques de @Arno*
      Pour le fun, sur le même sujet voir :
      https://www.nytimes.com/video/us/politics/100000007046134/trump-fauci.html
      Quand le responsable des maladies épidémiques dit que cette étude est « anecdotique », qu’il faut aller plus loin avant de crier victoire, et que Trump répond :"Je suis 100% d’accord, [...] mais je le sens bien ce truc là"...

    • Naomi Klein : Comment l’élite mondiale va tenter d’exploiter la pandémie ? Interview par Marie Solis - Traduction : ZIN TV https://zintv.org/naomi-klein-comment-lelite-mondiale-va-tenter-dexploiter-la-pandemie
      _ Naomi Klein a notamment écrit « La stratégie du choc » . _

      Commençons par l’es­sen­tiel. Qu’est-ce que le #capi­ta­lisme de #catas­trophe ? Quel est son rap­port avec la “doc­trine de choc” ?
      La façon dont je défi­nis le “capi­ta­lisme catas­trophe” est très simple : il décrit la façon dont les indus­tries pri­vées émergent pour béné­fi­cier direc­te­ment des crises à grande échelle. La spé­cu­la­tion sur les catas­trophes et la guerre n’est pas un concept nou­veau, mais elle s’est vrai­ment appro­fon­die sous l’ad­mi­nis­tra­tion Bush après le 11 sep­tembre, lorsque l’ad­mi­nis­tra­tion a décla­ré ce type de crise sécu­ri­taire sans fin, et l’a simul­ta­né­ment pri­va­ti­sée et exter­na­li­sée — cela a inclus l’É­tat de sécu­ri­té natio­nale et pri­va­ti­sé, ain­si que l’in­va­sion et l’oc­cu­pa­tion [pri­va­ti­sée] de l’I­rak et de l’Af­gha­nis­tan.

      La “doc­trine de choc” est la stra­té­gie poli­tique consis­tant à uti­li­ser les crises à grande échelle pour faire avan­cer des poli­tiques qui appro­fon­dissent sys­té­ma­ti­que­ment les inéga­li­tés, enri­chissent les élites et affai­blissent les autres. En temps de crise, les gens ont ten­dance à se concen­trer sur les urgences quo­ti­diennes pour sur­vivre à cette crise, quelle qu’elle soit, et ont ten­dance à trop comp­ter sur ceux qui sont au pou­voir. En temps de crise, nous détour­nons un peu les yeux, loin du jeu réel.

      D’où vient cette stra­té­gie poli­tique ? Com­ment retra­cer son his­toire dans la poli­tique amé­ri­caine ?
      La stra­té­gie de la doc­trine de choc était une réponse au pro­gramme du New Deal de Mil­ton Fried­man. Cet éco­no­miste néo­li­bé­ral pen­sait que tout avait mal tour­né aux États-Unis sous le New Deal : en réponse à la Grande Dépres­sion et au Dust Bowl, un gou­ver­ne­ment beau­coup plus actif a émer­gé dans le pays, qui s’est don­né pour mis­sion de résoudre direc­te­ment la crise éco­no­mique de l’é­poque en créant des emplois gou­ver­ne­men­taux et en offrant une aide directe.

      Si vous êtes un éco­no­miste du libre mar­ché, vous com­pre­nez que lorsque les mar­chés échouent, vous vous prê­tez à un chan­ge­ment pro­gres­sif qui est beau­coup plus orga­nique que le type de poli­tiques de déré­gle­men­ta­tion qui favo­risent les grandes entre­prises. La doc­trine de choc a donc été déve­lop­pée comme un moyen d’é­vi­ter que les crises ne cèdent la place à des moments orga­niques où des poli­tiques pro­gres­sistes émergent. Les élites poli­tiques et éco­no­miques com­prennent que les moments de crise sont l’oc­ca­sion de faire avan­cer leur liste de sou­haits de poli­tiques impo­pu­laires qui pola­risent encore plus la richesse dans ce pays et dans le monde entier.

      Nous sommes actuel­le­ment confron­tés à de mul­tiples #crises : une #pan­dé­mie, le manque d’in­fra­struc­tures pour la gérer et l’ef­fon­dre­ment de la bourse. Pou­vez-vous nous expli­quer com­ment cha­cun de ces élé­ments s’ins­crit dans le sché­ma que vous avez décrit dans la Doc­trine du choc ?
      Le choc est en réa­li­té le virus lui-même. Et il a été trai­tée de manière à maxi­mi­ser la #confu­sion et à mini­mi­ser la pro­tec­tion. Je ne pense pas que ce soit une conspi­ra­tion, c’est juste la façon dont le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain et Trump ont géré — com­plè­te­ment mal — cette crise. Jus­qu’à pré­sent, M. Trump a trai­té cette situa­tion non pas comme une crise de san­té publique mais comme une crise de per­cep­tion et un pro­blème poten­tiel pour sa réélec­tion.

      C’est le pire des scé­na­rios, sur­tout si l’on tient compte du fait que les États-Unis ne dis­posent pas d’un pro­gramme natio­nal de soins de san­té et que les pro­tec­tions dont béné­fi­cient les tra­vailleurs sont très mau­vaises (par exemple, la loi n’ins­ti­tue pas d’in­dem­ni­tés de mala­die). Cette com­bi­nai­son de forces a pro­vo­qué un choc maxi­mal. Il va être exploi­té pour sau­ver les indus­tries qui sont au cœur des crises les plus extrêmes aux­quelles nous sommes confron­tés, comme la crise cli­ma­tique : l’in­dus­trie aérienne, l’in­dus­trie pétro­lière et gazière, l’in­dus­trie des bateaux de croi­sière, ils veulent conso­li­der tout cela.

      Com­ment avons-nous vu cela aupa­ra­vant ?
      Dans La Doc­trine du choc, je parle de ce qui s’est pas­sé après l’oura­gan Katri­na. Des groupes d’ex­perts de Washing­ton comme la Heri­tage Foun­da­tion se sont réunis et ont créé une liste de solu­tions “pro-libre mar­ché” pour Katri­na. Nous pou­vons être sûrs que le même type de réunions se tien­dront main­te­nant. En fait, la per­sonne qui a pré­si­dé le groupe Katri­na était Mike Pence (N.T : la per­sonne qui pré­side main­te­nant le dos­sier Coro­na­vi­rus). En 2008, ce mou­ve­ment s’est tra­duit par le sau­ve­tage des banques, où les pays leur ont remis des chèques en blanc, qui se sont fina­le­ment éle­vés à plu­sieurs mil­liards de dol­lars. Mais le coût réel de cette situa­tion a fina­le­ment pris la forme de vastes pro­grammes d’aus­té­ri­té éco­no­mique [réduc­tions ulté­rieures des ser­vices sociaux]. Il ne s’a­git donc pas seule­ment de ce qui se passe main­te­nant, mais aus­si de la façon dont ils vont payer à l’a­ve­nir, lorsque la fac­ture de tout cela sera due.

      Y a‑t-il quelque chose que les gens peuvent faire pour atté­nuer les dégâts du capi­ta­lisme de catas­trophe que nous voyons déjà dans la réponse au coro­na­vi­rus ? Sommes-nous mieux ou moins bien lotis que nous l’é­tions pen­dant l’ou­ra­gan Katri­na ou la der­nière réces­sion mon­diale ?
      Lorsque nous sommes mis à l’é­preuve par la crise, soit nous nous replions et nous nous effon­drons, soit nous gran­dis­sons, et nous trou­vons des réserves de force et de com­pas­sion dont nous ne savions pas que nous étions capables. Ce sera l’un de ces tests. La rai­son pour laquelle j’ai un cer­tain espoir que nous puis­sions choi­sir d’é­vo­luer est que — contrai­re­ment à 2008 — nous avons une alter­na­tive poli­tique si réelle qu’elle pro­pose un type dif­fé­rent de réponse à la crise qui s’at­taque aux causes pro­fondes de notre vul­né­ra­bi­li­té, et un mou­ve­ment poli­tique plus large qui la sou­tient.

      C’est ce sur quoi ont por­té tous les tra­vaux sur le Green New Deal : se pré­pa­rer à un moment comme celui-ci. Nous ne pou­vons pas nous décou­ra­ger ; nous devons plus que jamais nous battre pour l’u­ni­ver­sa­li­té des soins de san­té, des gardes d’en­fants, des congés de mala­die payés, tout cela est étroi­te­ment lié.

      Si nos gou­ver­ne­ments et l’é­lite mon­diale vont exploi­ter cette crise à leurs propres fins, que peuvent faire les gens pour s’en­trai­der ?
      “Je vais prendre soin de moi et des miens, nous pou­vons obte­nir la meilleure assu­rance mala­die pri­vée qui soit, et si vous ne l’a­vez pas, c’est pro­ba­ble­ment votre faute, ce n’est pas mon pro­blème” : voi­là ce que ce genre d’é­co­no­mie de win­ner met dans nos cer­veaux. Ce qu’un moment de crise comme celui-ci révèle, c’est notre inter­re­la­tion les uns avec les autres. Nous consta­tons en temps réel que nous sommes beau­coup plus inter­con­nec­tés les uns avec les autres que notre sys­tème éco­no­mique bru­tal ne le laisse croire.

      Nous pou­vons pen­ser que nous serons en sécu­ri­té si nous béné­fi­cions de bons soins médi­caux, mais si la per­sonne qui pré­pare ou livre notre nour­ri­ture, ou qui emballe nos boîtes n’a pas de soins médi­caux et ne peut pas se per­mettre d’être exa­mi­née, et encore moins res­ter à la mai­son parce qu’elle n’a pas de congé de mala­die, nous ne serons pas en sécu­ri­té. Si nous ne pre­nons pas soin les uns des autres, aucun d’entre nous ne sera en sécu­ri­té. Nous sommes coin­cés.

      Les dif­fé­rentes manières d’or­ga­ni­ser la socié­té favo­risent ou ren­forcent dif­fé­rentes par­ties de nous-mêmes. Si vous êtes dans un sys­tème qui, vous le savez, ne prend pas soin des gens et ne dis­tri­bue pas les res­sources de manière équi­table, alors notre pul­sion d’ac­cu­mu­la­tion sera en alerte. Gar­dez donc cela à l’es­prit et réflé­chis­sez à la manière dont, au lieu de vous entas­ser et de pen­ser à la façon dont vous pou­vez prendre soin de vous-même et de votre famille, vous pou­vez chan­ger et réflé­chir à la façon dont vous pou­vez par­ta­ger avec vos voi­sins et aider les per­sonnes les plus vul­né­rables.

    • @stephane Je n’aime pas ce texte car des formulations à l’emporte-pièce (comme « mise en scène ») permettent aux lecteurs rapides de glisser vers le négationnisme. Tu sais comment ça fonctionne.

      Je serais d’accord s’il s’agissait de déplorer qu’on ne fait pas grand cas en général des morts dites « habituelles » par cause de pollutions diverses, de grippes dites « saisonnières », ou dans d’autres pays de tuberculose ou de choléra — ça aussi il va falloir que ça change, on ne peut pas s’"habituer" à voir des enfants mourir du palu ou souffrir de dracunculose. L’indifférence occidentale à la situation de la santé localement et dans le monde reste choquante.

      Il faut oser le dire : ce n’est pas le virus qui tue (il est bénin pour les personnes en bonne santé), ce sont les pathologies chroniques qu’on a laissé se développer depuis des décennies.

      Il faut oser le dire ce n’est pas le feu qui brûle la forêt, c’est les dix années de sécheresse qu’il y a eu avant.

      Soit—mais maintenant il y a le feu partout. Ce n’est pas une « mise en scène ».

      Il y a des « personnes en bonne santé » qui meurent du covid (et parmi elles beaucoup de personnels soignants). Et puis même si le virus ne tuait que les « personnes en mauvaise santé », serait-il plus « acceptable » ?

      Pour mémoire, il y a aussi des médias, des associations, des partis politiques, des syndicats (certes pas nombreux) qui tentaient d’alerter sur la sécheresse.

      PS : Dr @arno propose sa lecture ici https://seenthis.net/messages/832700

  • Bon, je n’ai pas pu m’empêcher de les compiler, #recension #coronavirus et #musique #chansons (au départ ils étaient là : https://seenthis.net/messages/828630 ) :

    Repris ici :
    ELO#402 - Compilation Coronavirus
    Dror, Entre Les Oreilles, le 1er avril 2020
    https://entrelesoreilles.blogspot.com/2020/04/elo402-compilation-coronavirus.html

    Les précurseurs :

    ARISTIDE BRUANT - V’la l’cholera qu’arrive (France, 19ème siècle)
    https://www.youtube.com/watch?v=vIuXYI6oOzQ

    Bo Carter - Corrina, Corrina (USA, 1928)
    https://www.youtube.com/watch?v=_PJ33ht4r2w

    Serge Gainsbourg - Ce mortel ennui (France, 1958)
    https://www.youtube.com/watch?v=TyMqgv5Djf0

    Bob Dylan - Corrina, Corrina (USA, 1963)
    https://www.youtube.com/watch?v=66A5lrrl39E

    Jacques Dutronc - On Nous Cache Tout, On Nous Dit Rien (France, 1966)
    https://www.youtube.com/watch?v=VW188SVN5UU

    The Members - Solitary Confinement (UK, 1979)
    https://www.youtube.com/watch?v=pCMZFsyhuUk

    The Jesus Lizard - Mouth Breather (USA, 1991)
    https://www.youtube.com/watch?v=QpLxcYYfq9s

    Siouxsie And The Banshees - Happy House (UK, 2005)
    https://www.youtube.com/watch?v=amR6-neQBPE

    Humza Arshad - Fill Up The Lota (Pakistan, 2011)
    https://www.youtube.com/watch?v=IhQ1q0UcydY

    KIlling Joke - I Am The Virus (UK, 2015)
    https://www.youtube.com/watch?v=A4wdbibV3IM

    Tav Falco & Panther Burns - Drop Your Mask (USA, 2015)
    https://www.youtube.com/watch?v=lfMAn1zlqWE

    Muere Bacteria Muere (Mexique, 2016)
    https://www.youtube.com/watch?v=G-rurKG3fJw

    Mikey Bustos - I Use Tabo (Philippines, 2017, parodie de Swalla, par Jason Derulo)
    https://www.youtube.com/watch?v=Vzb98tQp53I

    LE VILLEJUIF UNDERGROUND - WUHAN GIRL (France, 2017)
    https://www.youtube.com/watch?v=BLsXXthjnk8

    HK - Assigné-e-s à résistance (France, 2017)
    https://www.youtube.com/watch?v=bV8fqN-ZNdM

    Neil Young - Shut It Down (USA, 2019)
    https://www.youtube.com/watch?v=NeLdjvH57z4

    ===================

    L’année 2020 :

    La Rimbamband - Virus Corona (Italie, parodie de My Sharona par The Knack)
    https://www.youtube.com/watch?v=MVqLWAUMhnY

    ZDoggMD - My Corona (USA, encore une parodie de My Sharona par The Knack)
    https://www.youtube.com/watch?v=uo7HB-slsm4

    Alvi Ananta - Corona (Indonésie)
    https://www.youtube.com/watch?v=Mt51X2cc_H0

    Comunitas Rondo Merana - Lagu Corona (Indonésie)
    https://www.youtube.com/watch?v=p5BDUVljWEc

    Danial Kheirikhah - Sans Paroles (Iran)
    https://www.youtube.com/watch?v=cgaL-XV_7BM

    Los Juanelos - Se viene el Coronavirus (Pérou)
    https://www.youtube.com/watch?v=4UancWnIDLs

    Coronavirus llegó al Perú (Pérou)
    https://www.youtube.com/watch?v=T1cPsYVKwMs

    Jealous Coronavirus (Vietnam)
    https://www.youtube.com/watch?v=V9YirNgAzXI

    Gloria Gaynor - I Will Survive Challenge (Etats-Unis)
    https://www.youtube.com/watch?v=uvqP5NRXf8g

    Covid 19 (UK, parodie de Come on Eileen des Dexys Midnight Runners)
    https://www.youtube.com/watch?v=N80JfwO_F8M

    Corona virus song (Pakistan)
    https://www.youtube.com/watch?v=OlHjTUYQ7fc

    Maurizio Marchini - Nessun Dorma (Italie)
    https://www.youtube.com/watch?v=rH2t5uhddaE

    Des Siciliens d’Agrigente - Ciuri Ciuri (Italie)
    https://www.youtube.com/watch?v=bRaU-6s4xFc

    Astarius Miraculii - Virus Cancellation Chant (Etats-Unis)
    https://www.youtube.com/watch?v=UwUbEE0Y3Iw

    The Juice Media - Coronavirus : Flatten The Curve (Australie)
    https://www.youtube.com/watch?v=Hks6Nq7g6P4

    Psychs - Spreadin’ (Etats-Unis)
    https://www.youtube.com/watch?v=Zg2dmvvew_o

    Mat Cyr & Jérémy Demay - Le CoronaVirus (Québec)
    https://www.youtube.com/watch?v=6QhZqoA0DdU

    Naveen Richard - My Name Is Corona (Inde)
    https://www.youtube.com/watch?v=juugAWnBRKY

    Bono - Let Your Love Be Known (Irlande)
    https://www.youtube.com/watch?v=OwvnQ7Em-y0

    Michael Bruening - I Will Survive, Coronavirus version for teachers (Etats-Unis)
    https://www.youtube.com/watch?v=CCe5PaeAeew

    Monkeyloid - 17 March 2020 (Australie, parodie de I Was Only Nineteen de Redgum)
    https://www.youtube.com/watch?v=0KVvK9dRZic

    Pierre Rodriguez - Merci aux soignant·e·s (France)
    https://www.youtube.com/watch?v=AZfPjO7fUQY

    #Musique_et_politique

  • Coronavirus : "On doit se préparer à l’ouragan !"

    Le #coronavirus, trop ou trop peu, trop tôt, trop tard ? Les politiques de lutte contre la #pandémie sont-elles proportionnées à l’événement, notamment en #France, et comment les médias en France éclairent-ils ou pas cette question ? Au lendemain de l’intervention d’Emmanuel Macron, question posée à nos deux invités : #François_Salachas, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et membre du collectif Inter-Hôpitaux ; et #Philippe_Devos, intensiviste au CHC de Liège, président de l’Association belge de syndicats de médecins (ASBYM).

    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/coronavirus-on-doit-se-preparer-a-louragan

    #parole_d'experts #covid-19 #covid_19 #épidémie #hôpitaux #système_de_santé #santé_publique #parole_de_médecins

    Une #vidéo très instructive en présence de François Salachas que vous vous rappelez probablement pour ce dialogue avec #Macron :
    Macron chahuté à l’hôpital : « Vous pouvez compter sur nous… l’inverse reste à prouver »


    http://www.leparisien.fr/video/video-macron-interpelle-a-l-hopital-ah-oui-vous-pouvez-compter-sur-nous-l

  • Lettre d’Italie au temps du #Coronavirus

    La propagation du coronavirus est un scénario jamais vu auparavant. Bien que certains gouvernements continuent de sous-estimer la gravité de la menace (les États-Unis en particulier), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a maintenant officiellement déclaré la COVID-19 comme une pandémie, et de plus en plus de gouvernements commencent à prendre conscience de l’ampleur de la menace.

    L’Italie est aujourd’hui le deuxième pays le plus touché après la Chine, avec plus de 17 000 cas confirmés et plus de 1 200 décès, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. L’Italie peut donc être considérée comme un scénario de test pour déterminer comment le virus pourrait affecter d’autres États du Nord. La situation évolue très rapidement, créant beaucoup de confusion, mais nous avons pensé qu’il serait utile de partager quelques brèves réflexions sur certains aspects de cette crise : l’attitude de l’État face à la propagation du virus ; les mesures gouvernementales ; les luttes sociales qui en découlent ; la manière dont nous nous organisons dans ces circonstances.

    Le COVID-19 est un nouveau virus et les experts ont mis du temps à se mettre d’accord sur la manière de l’affronter. Cette confusion, associée à la rapidité et à la facilité avec lesquelles des informations non vérifiées peuvent être diffusées dans le monde d’aujourd’hui, a fait que les conseils et analyses variés et souvent contradictoires ont abondé. Jusqu’à il y a une semaine, certaines personnalités, y compris des politiciens, la définissaient comme une mauvaise grippe ne touchant que les personnes âgées ayant des problèmes médicaux préexistants. Cependant, la gravité du COVID-19 est maintenant devenue évidente pour tout le monde en Italie. Et il a mis à genoux le système national de santé italien. Cela s’explique par trois raisons principales : le virus se propage efficacement et rapidement ; lorsque les gens tombent gravement malades, ils ont besoin de semaines de soins intensifs ; les coupes et les mesures d’austérité des gouvernements successifs ont érodé l’efficacité d’un système de santé publique qui sinon aurait pu bien mieux s’en sortir. Bien que les soins de santé dans certaines régions du Nord soient, à bien des égards, parmi les meilleurs selon les normes européennes, le fait que le système soit géré au niveau régional signifie qu’il existe d’énormes disparités internes. Jusqu’à présent, il a été reconnu que le seul outil efficace pour contenir la contagion est de limiter les contacts entre les personnes. C’est pourquoi les pays touchés ont décidé de verrouiller certaines zones ou, dans le cas de l’Italie, l’ensemble du pays.

    Les différentes réactions au virus dans les différents États du monde reflèteront l’équilibre des forces sociales dans ce pays. Dans le cas de l’Italie, le gouvernement a pris des mesures drastiques, bien qu’il aurait pu faire beaucoup plus et plus tôt, et bien qu’il faille faire encore davantage. Il a notamment cherché à équilibrer la contradiction entre la menace croissante pour la santé publique et les intérêts du capital, ce qui a donné lieu à une réponse confuse, donnant trop souvent la priorité à la seconde et mettant les personnes en danger.

    L’approche de l’Italie face à la crise

    Le 4 mars, l’Italie a déclaré une fermeture dans les zones du nord les plus touchées, interdisant tout déplacement inutile. Les détails du décret ont été divulgués à la presse avant que le gouvernement n’ait pu faire l’annonce officielle, ce qui a provoqué l’afflux de centaines de personnes dans les gares, qui espéraient prendre un train pour se rendre en dehors des zones rouges. De nombreuses personnes ont voyagé à travers le pays cette nuit-là, atténuant l’effet des mesures de sécurité puisqu’ils emmenaient potentiellement le virus dans de nouvelles régions.

    Le 9 mars, ce décret a ensuite été étendu à l’ensemble du pays. Tous les rassemblements publics ont été interdits, les bars sont obligés de fermer à 18 heures, tous les voyages non essentiels sont interdits et toute personne voyageant doit avoir avec elle un formulaire détaillant les raisons de son déplacement. La fermeture des écoles et des universités a été prolongée jusqu’au 3 avril.

    Dans la soirée du 11 mars, le gouvernement a annoncé la fermeture de tous les commerces non essentiels. Les magasins d’alimentation, les pharmacies, les bureaux de poste, les marchands de journaux, les stations d’essence restent ouverts. Cependant, en réponse à la pression de la Confindustria (l’union des employeurs italiens), de nombreuses activités productives ne sont pas incluses dans ce nouveau décret. Cela signifie que les ouvrier.e.s d’usines, les travailleurs.ses des centres d’appel, les travailleurs.ses du secteur de la logistique sont toujours obligé.e.s de se rendre au travail.

    Ce dernier décret a créé une situation où les gens sont interdits de se rassembler ou de se promener dans les espaces publics (sauf en cas de nécessité) et sont obligé.e.s de rester chez eux.elles, alors qu’une partie importante des travailleuses.eurs est encore entassée dans des usines produisant des biens non essentiels ou offrant des services non essentiels.

    De nombreux rapports ont fait état de conditions de travail dangereuses dans les entrepôts et les usines. Le 9 mars, les travailleurs.euses de l’usine FIAT de Pomigliano, dans le sud de l’Italie, ont fait une grève sauvage pour protester contre le manque de mesures de sécurité. Les travailleurs.euses de la logistique d’un hub de Bartolini à Caorso dans le Nord, et d’un entrepôt de TNT à Caserta ont fait de même. Au moment de la rédaction du présent rapport, des rapports de grève arrivent toutes les heures, touchant les principaux sites de production du pays (pour plus de détails, voir en italien : https://poterealpopolo.org/coronavirus-sciopero-ovunque). Le plus grand syndicat de base USB a appelé à une grève de 32 heures de tous les secteurs non essentiels, et les principales centrales syndicales doivent rencontrer le premier ministre.

    Les prisons italiennes sont un autre point de mire. Le système pénitentiaire italien est depuis longtemps en crise. Des installations obsolètes et un grave surpeuplement font que les prisons italiennes sont en violation perpétuelle des réglementations en vigueur. Dans ces conditions, les restrictions imposées par le gouvernement (interdiction de visites, limitation des appels aux familles et des permis de travail jusqu’au 31 mai, entre autres) ont déclenché des révoltes dans les prisons de tout le pays. Treize personnes sont mortes au cours de ces révoltes dans des circonstances qui ne sont toujours pas claires. Il semblerait qu’un gardien ait été testé positif à Vicence, et les familles témoignent de la crainte des détenu.e.s qui ont un accès limité à l’information et aux conseils. S’il est vrai qu’« On peut juger du degré de civilisation d’une société en entrant dans ses prisons » (Dostoïevski), l’Italie ne se porte pas bien.

    Le gouvernement doit maintenant annoncer un ensemble de mesures économiques. Il paraitrait que ces mesures pourraient inclure des interruptions de remboursement de prêts ou des factures des services de première nécessité ainsi et des extensions des indemnités de chômage, mais il reste à voir si une aide sera apportée aux travailleurs.ses indépendant.e.s, aux travailleuses.rs ayant un contrat « zéro heures » ou qui travaillent au noir. Le gouvernement a débloqué 25 milliards d’euros pour des mesures extraordinaires en réponse au coronavirus, mais avec l’économie italienne au bord de l’effondrement, il est difficile d’imaginer qu’une telle somme puisse faire une vraie différence. L’UE avait montré quelques signes de flexibilité dans son approche, mais le 12 mars, la BCE a renoncé à apporter davantage de soutien, faisant s’envoler les taux d’intérêts et le « spread ». L’économie mondiale se dirige vers une récession majeure, et l’Italie sera plus durement touchée que la plupart des autres pays.

    Coronavirus et entre-aide, que pouvons-nous faire pour nous soutenir mutuellement ?

    Lorsque la crise frappe une société inégalitaire, ce sont toujours les personnes vulnérables qui souffrent le plus : les personnes âgées, les travailleuses.rs, les migrant.e.s, les femmes, les personnes souffrant de maladies préexistantes. En tant qu’activistes de Potere al Popolo, nous essayons de trouver des moyens de briser l’isolement et d’établir des relations de soutien mutuel et de solidarité entre les communautés.

    Dans de nombreuses villes, nous avons mis en place un système d’aide mutuelle pour les personnes ayant besoin de soutien pour les tâches quotidiennes, comme faire les courses pour les produits de première nécessité (dans le respect stricte des conditions de sécurité).

    Nous avons également créé une ligne téléphonique nationale pour fournir des conseils juridiques aux travailleurs.ses touché.e.s par la crise. Cette ligne a été mise en service il y a quelques jours seulement, mais nous avons déjà reçu plus de 70 appels de travailleuses.rs qui sont contraint.e.s de travailler dans des conditions dangereuses, qui ont été licencié.e.s ou qui travaillent au noir et qui, à ce titre, risquent d’être exclu.e.s des plans de soutien du gouvernement en cas de crise. Avec les informations recueillies lors de ces appels, nous sommes en mesure, en tant qu’organisation, de planifier les mesures à prendre et de formuler des demandes aux employeurs.ses et au gouvernement. Tous les appels à la ligne d’assistance sont d’abord pris par un petit groupe de professionnel.le.s juridiques bénévoles, puis les coordonnées des appelants sont transmises aux bénévoles dans leur localité pour un soutien suivi.

    Jusqu’à présent, nous avons identifié trois domaines clés d’intervention. Le premier est le secteur de la logistique. Nous avons été en contact avec des magasiniers d’Amazon qui nous ont dit qu’ils.elles travaillent plus que d’habitude en raison de l’augmentation de la demande (les gens commandent à domicile plutôt que d’aller dans les magasins) et dans des conditions qui ne respectent pas les mesures de sécurité prescrites. Le second est celui des centres d’appel. Les entreprises qui gèrent des centres d’appel ont été réticentes à autoriser les travailleurs.ses à travailler à domicile en raison de l’augmentation des coûts liés à l’acquisition de la technologie nécessaire, de sorte que les travailleuses.rs continuent à travailler dans des bureaux exigus. Dans les deux cas, nous avons demandé à des avocats d’envoyer un avertissement formel aux employeurs en question pour exiger que des mesures de sécurité soient mises en œuvre et que tous les travailleurs.ses soient exempté.e.s d’heures supplémentaires.

    Le troisième est celui des garanties pour les travailleurs.ses saisonniers. Ces travailleuses.rs sont très nombreux.ses en Italie, notamment dans l’agriculture et le tourisme, mais aussi dans les usines. Le travail saisonnier est une forme de travail précaire car l’employeur.se n’est pas obligé.e d’embaucher les mêmes travailleurs.ses chaque année. Toutefois, les travailleuses.rs saisonniers ont accès aux allocations de chômage (les allocations de chômage ne sont pas universellement accessibles en Italie). Nous avons écrit au gouvernement et au département de la sécurité sociale pour demander que les travailleurs.ses saisonniers qui ne seront pas réemployés cette année en raison de la crise se voient accorder des indemnités pour toute cette période de chômage prolongée.

    Au-delà de ces cas spécifiques, qui sont des exemples d’actions concrètes qui peuvent être prises, nous demandons au gouvernement de garantir les salaires de toutes les personnes concernées, y compris les indépendant.e.s, les personnes travaillant sans contrat légal, les travailleurs.ses du spectacle. Nous demandons que toute personne qui a perdu son emploi puisse bénéficier d’allocations de chômage, que toute personne incapable de payer ses factures, son loyer ou son hypothèque puisse bénéficier d’une amnistie.

    Nous demandons également que toutes les activités de production non nécessaires soient arrêtées (avec des travailleurs.es en congé payé).

    Enfin, nous exigeons que l’État investisse massivement dans les services de santé, recrute davantage de travailleuses.rs de la santé sur des contrats à durée indéterminée et place la production de médicaments et d’équipements de santé sous contrôle public. Nous demandons au gouvernement de renoncer à l’austérité et de lever le pacte fiscal de l’UE. L’Italie est actuellement confrontée à une grave crise économique. Seul un changement complet de paradigme, avec des investissements publics énormes dans l’économie, les services publics et la création d’emplois, nous sauvera des pires effets de cette catastrophe.

    Notre réponse à la crise a donc été triple : s’organiser au sein de nos communautés pour répondre aux besoins immédiats ; soutenir les luttes des travailleurs.ses sur le terrain (y compris par des conseils juridiques) ; formuler des demandes politiques plus larges à l’égard de l’État. Nous pensons que la seule façon de sortir de cette catastrophe est de renforcer notre capacité d’action collective et de coordination. Par conséquent, aux organisations progressistes qui observent de loin les événements en Italie, nous conseillons de commencer à s’organiser, d’élever des revendications pour protéger la santé et la sécurité de vos communautés.

    https://poterealpopolo.org/lettre-ditalie-au-temps-du-coronavirus
    #covid-19 #covid_19 #Italie #gravité #système_de_santé #santé_publique #austérité #distanciation_sociale #santé_publique #usines #entrepôts #conditions_de_travail #prisons #grève #économie #soutien_mutuel #solidarité #logistique #centres_d'appel #travailleurs_saisonniers #saisonniers #travail_saisonnier #salaires #compensation #chômage

  • Ils jouent avec nos vies : ne les laissons pas faire !

    Le néolibéralisme autoritaire n’a pas changé de visage le 12 mars au soir, avec le discours de Macron. Vendredi 13 a été un vendredi noir pour l’Université. On nous annonçait que tout allait fermer, on était un peu rassurés. Mais rien ne fermera. C’est ça la dure loi de leur marché : l’économie et les intérêts politiciens avant nos vies.

    Je ne crois pas avoir contracté le Covid-19, mais je suis malade. Malade de constater un peu plus chaque jour cette évidence : même en période de crise sanitaire majeure, la santé et la vie des personnes passent bien après les intérêts politiques et économiques, après les petites stratégies politiciennes, après la notoriété des institutions ou les caprices égoïstes de quelques Assis et puissants. Au maintien ubuesque des élections municipales qui fait encourir un danger à des millions de personnes et qu’il convenait évidemment de reporter – quelle indécence que de projeter de tenir un second tour à un moment de crise sanitaire aigüe avec des centaines de morts ! – à ce maintien qui fait honte à toute la classe politique, s’ajoute une tartufferie magistrale qui promet de devenir un drame. Il convient de la dénoncer avec force et d’y mettre un terme : on nous annonce que toutes les universités seront fermées lundi 16 mars alors que la très grande majorité seront ouvertes aux dizaines de milliers de personnels qui y travaillent et qui vont continuer à se contaminer allègrement et ainsi augmenter la charge sur des hôpitaux débordés qui sont déjà contraints de faire des choix cornéliens entre les patients qu’il faut ou que l’on peut sauver. D’autres pays européens ont su prendre les mesures qui s’imposaient. Macron qui en appelait à une action au niveau de l’Europe, n’a pas même su mettre notre pays au niveau de précaution et de sécurité que nos voisins les plus proches ont eu la sagesse d’adopter.

    Je résume la situation dans les universités :

    1. Macron annonce la fermeture de toutes les universités le 12 au soir. A Strasbourg nous sommes enfin rassurés. Toute la semaine avait été rythmée par des messages d’alerte sur des cas de personnels et d’étudiants qui sont confinés et ne bénéficient pas de tests. Les mesures élémentaires n’était pas prises, la contamination circulait librement entre Mulhouse et Strasbourg et au moins un syndicat du supérieur s’inquiétait d’une situation devenue irrationnelle en raison d’un manque criant de coordination entre l’ARS, le Rectorat et les Préfectures. Quant au président de l’Université de Strasbourg, il restait désespérément silencieux. Une semaine de retard dans l’expression, une semaine de retard dans les prises de décision. Aussi mal conseillé que Macron.

    2. Le vendredi 13, espoir et patatras ! Tout ferme, mais on reste ouvert. Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, interprète « fermeture » dans un sens très limité : certes, il faudra "cesser de recevoir des usagers dans le cadre des activités de formation », mais « les autres activités administratives ainsi que les laboratoires de recherche ont vocation à être maintenues afin de permettre la continuité pédagogique et le maintien de la recherche. » Voir le détail ICI.

    3. Toujours ce 13 mars, avant même que les recommandations de la ministre ne soient officielles, de nombreux CHSCT d’établissement se réunissent. Il s’agit des Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail que Macron a supprimés en 2017 avec sa Réforme du code du travail, mais qui survivent encore pour quelque temps dans la Fonction publique d’Etat. Ce vendredi 13 les représentants des personnels qui siègent dans les CHSCT sont confrontés à une situation inédite : alors qu’ils émettent des avis de fermeture des établissements, ils font face à des positions pré-définies des équipes présidentielles et de leur administration qui anticipent les recommandations de Vidal et font pression sur eux pour qu’ils valident la poursuite de toutes les activités dans les universités, y compris en présentiel pour les tâches administratives et de recherche, et ceci conformément aux recommandations à venir de la ministre : « les personnels sont invités à venir travailler en respectant les mesures barrières ».

    Résultat des votes, en de multiples endroits : les CHSCT qui ont pu, comme à Strasbourg, obtenir le constat d’un premier désaccord avec l’administration, vont devoir travailler à obtenir au plus vite un second désaccord pour que le constat d’un « désaccord sérieux et persistant » avec l’employeur ouvre la possibilité de saisir l’inspection et le CHSCT ministériel – lequel, entre parenthèse, n’a pas encore été réuni par la Ministre alors que la situation l’impose en urgence extrême. Pendant ce temps, les personnels administratifs, les chercheurs et les enseignants, tout comme les doctorants et même certains étudiants de master seront autorisés à venir travailler en respectant les mesures de protection usuelles.

    Quand on connaît un peu les difficultés organisationnelles et matérielles des universités, appauvries par des décennies de cure austéritaire, quand une administration n’est pas en mesure de vérifier qu’un sous-traitant procède au bon nettoyage et à la désinfection des locaux, quand on va autoriser la présence de chercheurs et doctorants dans des bâtiments alors que des personnels chargés de la sécurité sont confinés, quand des représentants des personnels reçoivent en ce moment même des demandes d’exercice de droit de retrait pour lundi matin, on ne se pose plus de questions : on ferme et c’est tout ! Et si les présidences ne veulent pas prendre ces mesures élémentaires, il faudra considérer que la décision de maintien des activités en présentiel qu’ils imposent constitue en elle-même une mise en danger des personnels et, dans les présentes circonstances d’épidémie incontrôlée, il conviendra d’appeler chacune et chacun à exercer son droit de retrait.

    Soulignons que la responsabilité pénale de l’employeur, et donc des présidents d’université, est totalement engagée : ils ont une obligation légale de sécurité à l’endroit de tous les personnels de l’université. Les tribunaux pourront être saisis si, par malheur, on devait constater des décès provoqués par des contaminations qui ont eu lieu après le 16 mars. Toute équipe présidentielle qui aura refusé d’appliquer les avis des CHSCT portera une responsabilité pénale de mise en danger de ses personnels et une responsabilité morale d’avoir aggravé l’encombrement des hôpitaux et d’avoir ainsi possiblement causé la mort de dizaines de personnes. C’est pourquoi tous les représentants, élus et militants, syndicaux ou non, ont aujourd’hui un rôle majeur à jouer. Un rôle d’alerte, d’information, de conseil, mais aussi une responsabilité dans les positions qu’ils adoptent dans les CHSCT, dans toutes les autres instances, à tous les niveaux du dialogue social avec l’administration et même dans le cadre des luttes en cours contre les réformes qu’ils combattent.

    Enfin la situation dans le primaire et le secondaire est aussi grave qu’à l’université. On protège les élèves et non les personnels. Et si on ne protège pas les personnels on met en danger des élèves. Car les personnels des écoles et des universités ont des enfants. Dans le secondaire on multiplie les réunions et formations en présentiel. C’est irresponsable. Les décisions prises par Blanquer puis par Vidal, qui est en plein accord avec les passages en force des présidents dans les CHSCT, le non respect de leur rôle et des avis qu’ils formulent, tout ceci doit être connu et vigoureusement dénoncé. Alors que les mesures de distanciation sociale sont préconisées par tous les scientifiques, le contexte actuel de montée exponentielle des cas de contamination, bien décrit ICI, exige des mesures fortes, au moins pour les trois semaines qui viennent.

    Ils jouent avec nos vies : ne les laissons pas faire ! Demain je n’irai pas voter. Lundi je n’irai pas à l’université.

    Pascal Maillard

    PS 1 : Ce billet a été écrit et publié avant les annonces du Premier ministre. Je fais le choix de ne pas le réécrire, ni de le modifier. Il me semble conserver une part de sa pertinence et de son actualité. Je le prolonge un peu.

    Bien sûr le passage en stade 3 devrait contraindre les labos à fermer vraiment et les présidents devraient revoir leur position. Mais ce n’est pas gagné. J’ai vu hier, avant le CHSCT strasbourgeois, des chercheurs, directeurs de labos et divers médaillés s’activer pour obtenir le maintien de leur activité. Ces demandes sont légitimes pour tous les labos et projets ayant des objets de recherche en lien direct ou indirect avec le Covid-19.

    Mais la question n’est pas celle-ci. Elle est bien plutôt celle des raisons pour lesquelles des chercheurs n’imaginent pas possible un arrêt de leur structure. Plusieurs raisons permettent d’expliquer une telle attitude. Tout d’abord le contexte de concurrence et de compétition permanentes qui fait craindre aux chercheurs de perdre du temps, de l’argent, des contrats, des brevets, des appels à projet. Il faut rester compétitif dans la jungle de la recherche rentable. Ensuite le souci de ne pas mettre en difficulté stagiaires, étudiants et doctorants. Ça, c’est louable et on le comprend. Enfin l’incapacité à concevoir que l’université puisse s’arrêter pour quelques semaines, la sensation d’un vertige et l’angoisse métaphysique que peut susciter le vide à celles et ceux qui sont en permanence le nez dans le guidon. Pour les Biatss il y a encore une autre raison, que j’ai entendue hier de la bouche de l’un d’entre eux : je ne pourrai jamais rattraper le retard que je vais accumuler avec le télétravail. Le New management public semble avoir créé des instances surmoïques démesurées et développé des mécanismes de servitude volontaire tels que la cessation du travail est devenue tout simplement inconcevable. Il n’est pas étonnant qu’on peine tant à convaincre les collègues de se mettre en grève. Elle serait pourtant bien utile pour les rendre conscients de leur aliénation. Il y a une ironie terrible dans la présente situation, du moins pour celles et ceux qui ont oeuvré ces dernières semaines à mettre l’Université à l’arrêt : au moment où l’université va vraiment s’arrêter, pour des raisons de crise sanitaire, certains universitaires se battent pour que l’usine-école ou l’université-entreprise continue à tourner. Mais une chose risque fort de changer leur attitude et de les sortir brusquement de leur cécité ou de leur aliénation : la possibilité de la mort, celle d’un proche, d’un collègue, d’un ami... Le Covid-19 apporte avec lui une leçon de finitude, à défaut d’une expérience de la solidarité vraie.

    PS 2 : Mise à jour du 15 mars à 12h :

    Un arrêté vient d’être publié au JO : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2020/3/14/SSAZ2007749A/jo/texte

    Il est important et les décisions à prendre doivent s’y référer. L’alinea 3 de l’article 4 concerne les universités :

    "I. - Sont suspendus du 16 au 29 mars 2020 :
    1° L’accueil des usagers des structures mentionnées aux articles L. 214-1, L.227-4 et L. 424-1 du code de l’action sociale et des familles, à l’exception des structures attachées à des établissements de santé et de celles mentionnées au 4° de l’article R. 2324-17 du code de la santé publique ;
    2° L’accueil des usagers des établissements d’enseignement scolaire relevant du livre IV du code de l’éducation, à l’exception de ceux de son titre V, ainsi que l’accueil des usagers des services d’hébergement, d’accueil et d’activités périscolaires qui y sont associés ;
    3° L’accueil des usagers des activités de formation des établissements d’enseignement supérieur mentionnés aux livres IV et VII du même code.
    II. - Toutefois, un accueil est assuré par les établissements et services mentionnés aux 1° et 2° du I, dans des conditions de nature à prévenir le risque de propagation du virus, pour les enfants de moins de seize ans des personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire. Les prestations d’hébergement mentionnées au 2° du I sont en outre maintenues pour les usagers qui sont dans l’incapacité de rejoindre leur domicile.

    III. - Le présent article est applicable au territoire métropolitain de la République."

    Je fais la lecture suivante : le gouvernement laisse toute latitude aux présidents de définir le niveau d’activité, d’ouverture ou de fermeture des établissements. Il refuse de prendre ses responsabilités et leur refile une patate chaude. Une seule chose est cadrée : l’accueil des usagers des activités de formation. Les usagers des activités de recherche (doctorants et pourquoi pas stagiaire et master) peuvent être autorisés à travailler dans les locaux.

    En l’absence de texte réglementaire sur TOUTES les autres questions (activité d’enseignement et de recherche, réunions, ouverture et fermeture des bâtiments), il appartient aux présidents de prendre les décisions qui s’appliquent à leur établissement, en tenant compte de l’avis des CHSCT.

    Des labos ont déjà pris des mesures de fermeture totale. Des universités aussi, en France comme à l’étranger. Harvard ordonne l’arrêt de toutes ses activités de recherche à compter de mercredi et pour une durée de 6 à 8 semaines. Vidal et notre gouvernement de dangereux incompétents et « amateurs » en tous genres prennent un décret qui protège uniquement une majorité des étudiants pour une durée de deux semaines (lire l’arrêté : du 16 au 29 mars) alors que toutes les autres dispositions sont prises jusqu’au 15 avril.

    En outre ils laissent ouverte la possibilité, voire l’obligation, pour les personnels de l’éducation et du supérieur, de se rendre sur leur lieu de travail.

    Je ne commente pas. Je constate la fronde énorme qui est en train de se lever partout, sur les réseaux sociaux et les listes de diffusion. Les droits de retrait vont tomber par milliers si des mesures de fermeture ne sont pas prises au moins pour trois semaines.

    https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/140320/ils-jouent-avec-nos-vies-ne-les-laissons-pas-faire
    #fermeture #ouverture #facs #universités #coronavirus #covid_19 #covid-19 #responsabilité #droit_de_retrait #droit_du_travail

  • Municipales 2020 : appelé à un report du premier tour, l’exécutif tient sa ligne
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/14/des-voix-s-elevent-pour-demander-le-report-du-premier-tour-des-municipales_6

    Le président a pris sa décision jeudi après avoir consulté l’ensemble des responsables politiques et après avoir eu l’assurance, par le comité scientifique, que ce scrutin pouvait se dérouler sans risques pour les Français.

    (...)

    poignées de porte, tables, isoloirs… tout doit être nettoyé avant le vote

    #aberration #culte_républicain

  • Olivier Berruyer : « Gestion du #Coronavirus : la France est le pire élève de la Planète »
    https://www.les-crises.fr/olivier-berruyer-gestion-du-coronavirus-la-france-est-le-pire-eleve-de-la

    Voici mon passage télé pour alerter sur la gravité du #Covid_19 La moitié de ses 300 victimes en réanimation ont moins de 54 ans (LCI). Importantes analyses demain sur la mortalité du virus Voici la cartes des malades testés positifs à jour au 14 mars. Les chiffres ont doublé en 3 jours. Comme on ne […]

    #Santé #Covid-19 #Santé,_Coronavirus,_Covid-19

  • Face à la crise du #coronavirus, où sont les #mesures_concrètes face aux enjeux de #justice_sociale ?

    Ce 12 mars, Emmanuel #Macron a cherché a gagner du temps et obtenir un moment de répit politique face à l’aggravation de la #crise_sanitaire liée au #Covid-19. Il n’a pourtant mis sur la table aucune #mesure précise et chiffrée, notamment pour résoudre la crise de l’#hôpital_public et satisfaire les revendications des personnels hospitaliers mobilisés depuis des mois. Face à la gravité de la crise sanitaire, doublée désormais d’une déstabilisation boursière de grande ampleur, les annonces en matière sociale et économique sont tout aussi floues alors qu’Emmanuel Macron aurait du annoncer des mesures d’ampleur, précises et chiffrées.


    C’est un président largement déconsidéré qui a appelé l’#unité_nationale et à la #solidarité. Lorsque l’#urgence est la crise sanitaire, il faut effectivement se protéger et protéger la collectivité. Les risques liés à la diffusion du Covid-19 ne doivent pas être minimisés au prétexte d’une vulnérabilité qui se réduirait aux plus âgé.es ou aux personnes fragiles : ce sont nos ami.es, nos parents ou grand parents. La réduction des risques est une responsabilité de tou·tes.

    Ce même esprit de #responsabilité devrait animer Emmanuel Macron et son gouvernement. Eux qui ont cru bon en début d’épidémie de convoquer un conseil des ministres déclenchant le 49.3 en urgence sur le projet de loi sur les retraites, doivent immédiatement, au nom même de cet esprit de responsabilité, suspendre le processus législatif sur la réforme des retraites, comme les organisations syndicales l’ont réclamé.

    Les personnels hospitaliers, en première ligne face à la crise sanitaire, n’attendent pas du chef de l’État une reconnaissance dans les mots, mais de voir leurs revendications satisfaites dans les plus brefs délais. Or, Emmanuel Macron n’a fait aucune proposition concrète en la matière : aucun chiffre, aucune mesure précise pour débloquer de nouveaux financements ou de nouvelles places ou services, alors que notre #système_de_santé, notamment hospitalier a été mis à mal par des années de casse, aucune prime exceptionnelle alors que les personnels sont totalement mobilisé·es pour faire face à l’épidémie. Emmanuel Macron a évoqué la nécessité de « libérer des #lits », mais il est urgent d’ouvrir de nouveaux lits. Au delà des moyens propres aux #hôpitaux, il faut distribuer à la population des #masques et #gel_anti-bactérien.

    Emmanuel Macron annonce enfin la fermeture de tous les établissements scolaires (crèches, écoles, collèges, lycées et universités) dès lundi « jusqu’à nouvel ordre » mais n’est pas en mesure de garantir que les frais de #garde_d’enfants seront couverts, ni l’intégralité des #salaires des parents garantis, en renvoyant leur mise en œuvre concrète à plus tard.

    La gravité de la crise sanitaire et l’approfondissement de la crise financière exigent une série de #mesures_sociales d’urgence, qui n’ont pas été annoncées ce soir. La mise en oeuvre de la réforme de l’#assurance_chômage, et notamment son volet qui doit entrer en application le 1er avril, vont générer une double réduction, terrible, des droits et des indemnités pour des centaines de milliers de chômeur.ses. Elle doit immédiatement être annulée. De même, le #chômage_technique va être généralisé : il aurait fallu que le Président de la République annonce un maintien intégral des #salaires. Les salarié·es potentiellement exposé.es au risque doivent se voir garantir un #droit_de_retrait.

    Les #mal_logés et sans logis sont en première ligne, susceptibles d’être durement affectés si l’épidémie gagne du terrain. Des mesures d’urgence doivent être appliquées, au-delà du prolongement de la trêve hivernale : réquisition des logements vacants, moratoire sur la baisse des aides au logement, sur les coupures d’énergie et d’eau, etc.

    En matière économique, les mesures d’urgence doivent en priorité aller aux entreprises sous-traitantes et aux PME, qui sont en général les premières victimes des contractions subites de l’activité, afin d’assurer aux salariés de ces #entreprises le maintien de leurs #emplois et de leurs salaires.

    Alors que deux krachs boursiers viennent de se dérouler coup sur coup, le jeu de ping-pong entre la BCE et les États-membres, qui se renvoient la responsabilité d’une réponse économique appropriée en pointant leurs insuffisances réciproques, comme l’a fait Emmanuel Macron ce jeudi 12 mars, est proprement irresponsable. Il est urgent que les États de l’UE, plutôt que prendre des mesures unilatérales, proposent un front uni, une solidarité entre pays - comme ça aurait du être le cas avec l’Italie - et des mesures sanitaires, économiques et financières qui soient à la hauteur des enjeux.

    Dans cette optique, face à Donald Trump qui prend des mesures unilatérales discutables, la Commission européenne doit immédiatement cesser de négocier un accord commercial annoncé pour la semaine prochaine (le 18 mars) : l’urgence est de résoudre la crise sanitaire et de limiter autant que faire se peut les conséquences sociales, pas d’approfondir la mondialisation néolibérale en accédant aux exigences de l’hôte de la Maison-Blanche.

    Enfin, puisque Emmanuel Macron a renvoyé au gouvernement la mise en œuvre de nombre de ses déclarations restées générales, Attac France appelle à faire preuve de la plus grande vigilance vis-à-vis de la façon dont ces engagements seront mis en œuvre.

    https://france.attac.org/actus-et-medias/le-flux/article/face-a-la-crise-du-coronavirus-ou-sont-les-mesures-concretes-face-aux-
    #coronavirus #covid_19

  • Coronavirus : #épidémie et #mensonges

    Cet enregistrement m’est arrivé hier dans ma boite mail.

    C’est un confrère, le photographe italien Lillo Rizzo, qui me l’a envoyé.

    Lillo photographie le conflit social depuis des années et continue depuis la mise en place de l’état d’urgence. Récemment son travail s’est concentré sur les manifestations contre les réformes du gouvernement Macron. Alors cet enregistrement l’a intéressé. Le document audio a été enregistré dans un hôpital parisien, on ne dira pas ici lequel pour éviter de mettre en difficulté le médecin qui s’exprime. Le monsieur franco-italien qui s’adresse au médecin, est malade, il a de la fièvre et une toux depuis plusieurs jours, il est inquiet car il vit avec sa femme qui avait subi une opération aux poumons il y a quelques années. Il voudrait être dépisté. Voici ce que le médecin lui a répondu, en le renvoyant chez lui, sans test.

    https://www.youtube.com/watch?v=GsPsL74Mzyg&feature=emb_logo

    Hier soir :

    « Français, françaises,

    Grace à nos efforts et aux mesures mises en place on a réussi a contenir le coronavirus en France… »

    Pardon ?

    Je ne voudrais pas sembler irrespectueuse Monsieur Le Président, mais de quelles #mesures parlez-vous ? Qu’est-ce qui a été mis en place en France jusqu’à votre allocution d’hier soir pour contenir ce fléau ?

    Je crois avoir une réponse Monsieur Le Président : rien.

    Ah oui, on a dit de ne pas se faire la bise et de ses laver les mains en chantant deux fois « happy birthday ».

    La réalité de ce qui se déroule en France est toute autre, Monsieur le Président, la réalité vous l’écoutez ici, des mots d’un médecin d’un hôpital parisien, un médecin excédé par vos non-dits.

    Si on dépistait, on saurait que des nombreux Parisiens sont atteints par le #Covid_19, on devrait imposer une #quarantaine jusqu’à nouvel ordre, « ça couterait cher » comme dit le médecin, ça chamboulerait vos programmes, donc on ne dépiste plus. Et par conséquent en France « il y a pas beaucoup de cas ».

    Vous êtes malades ? Appelez le 15, si vous arrivez à les avoir, qui vous dira de rester chez vous, de prendre du Doliprane et de vous reposer.

    Sauf si vous travaillez à l’Assemblée Nationale ou à l’Elysée, si vous êtes un sportif de haut niveau ou un personnage puissant et célèbre avec les réseaux qui vont avec, alors là vous serez dépisté même en présentant peu ou pas de symptômes et vous aurez droit à un suivi.

    Si vous êtes un père de famille de la catégorie des communs de mortels, avec 39° de fièvre, de la toux et des courbatures, vous pouvez avoir le Covid mais on s’en fiche. Débrouillez-vous. Peu importe si vous allez contaminer votre femme et vos enfants dans votre appartement de 60 mètres carrés qui ne vous permet pas de faire chambre à part. Peu importe qu’après, vos enfants aillent à l’école et répandent le virus autour d’eux, en infectant le personnel enseignant, les petits camarades et leurs familles. Parce que ce cas précis est déjà arrivé, Monsieur Le President, ce n’est pas une supposition, c’est un autre médecin qui me l’a raconté.

    Les médecins d’ailleurs, parlons-en…ceux qui ne savent pas quoi faire, qui sont dans le flou le plus total, qui ne sont pas du tout équipés pour faire face à cette urgence sanitaire. Pas de masque, pas de protections suffisantes, pas d’indications précises à suivre.

    D’ailleurs, pas de masques non plus dans les pharmacies, pour ceux qui voudraient bien protéger leur entourage.

    Sibeth Ndiaye, de son coté -tandis que l’OMS félicitait l’Italie pour ses efforts extraordinaires – lève le petit doigt pour dire que les Italiens « n’ont pas SU contenir l’épidémie ».

    Elle, en revanche est très contente de communiquer sur le fait que dans les aéroports français aucune précaution ait été prise…

    Je confirme, en effet.

    On rentre à Roissy comme dans un moulin, personne parmi le personnel qui vous accueille ne porte un masque ou des gants alors qu’il est en contact permanent avec des centaines de passagers venues des quatre coins du monde.

    Mais Ndiaye et le Président en personne sont « très fiers » du fait que le virus n’ait pas encore atteint la France en de grandes proportions, ils se réjouissent d’un état des choses qui tient juste du hasard ou du miracle.

    « Grâce à nos efforts » ? L’autre soir, 3000 supporters se retrouvaient au Parc des Princes pour fêter la victoire du PSG avec grandes accolades, tandis qu’il y a moins d’une semaine, en pleine alerte sanitaire, 3500 personnes déguisées en Schtroumpfs, battaient le record des participants à Landerneau, en Bretagne. Pas un policier, ou que sais-je, un CRS pour disperser ces gens. Les CRS sont plus prompts à disperser et à matraquer les médecins et les infirmiers qui descendent dans la rue pour dénoncer leur condition de travail et le démantèlement progressif de l’hôpital publique. Ces mêmes médecins et infirmiers hier écoutaient, abasourdis, vos louanges.

    Vous regardez l’Italie de haut, comme si les mille morts à ce jour seraient dus à la « désorganisation », comme si cette tragédie aurait son origine dans les failles d’une nation sous-développée, aux institutions brouillonnes, à un système défaillant.

    Détrompez vous, Monsieur le Président. Le nombre de lit disponibles en réanimation est à peu près le même que pour la France : 5000 sur tout le territoire national, et la Lombardie, foyer de l’infection, est une région à la pointe médicalement, avec des établissements réputés, des chercheurs d’excellence ; malgré cela, les victimes augmentent chaque jour, y compris parmi le personnel médical. Une anesthésiste de 50 ans a perdu la vie il y a une semaine.

    Dans les villages de la province de Bergame, Cremona, Pavia, les seuls sons qu’on entend sont ceux des cloches des funérailles (auxquelles personne ne participe) et ceux des sirènes des ambulances. Les annonces mortuaires ont remplacé les annonces publicitaires sur les murs de la ville. Des famille ont perdu plusieurs membres, chacun a perdu un ami. Les infirmières demandent qu’on leur prête des iPad, histoire que les condamnés, lucides, puissent regarder encore une fois par Skype le visage de leur fils, de leur neveu, de leur petite fille. Les morts du coronavirus meurent seuls, Monsieur le Président. Et les malades graves sont de plus en plus jeunes, cette semaine à l’hôpital de Bergame ont été accueilli une cinquantaine d’hommes et de femmes de 40-45 ans, en grave détresse respiratoire. Quelques jours plus tôt, ils étaient en parfaite santé.

    C’est une tragédie immense Monsieur le Président, et vous, à quelques kilomètres de ce qui devrait vous effrayer et vous servir de leçon, vous vous limitez à dire, après mille hésitations, qu’il faut fermer les écoles (enfin) et qu’il faut que les gens âgées restent chez eux. Sans consigne véritable. Les activités, les magasins, les lieux de loisir et de culture restent ouvertes. Les personnes continuent à aller travailler (avec la contrainte en plus des enfants à la maison). Ces remèdes vagues n’ont rien d’une quarantaine, n’ont rien d’un programme clair pour contenir la pandémie.

    Aujourd’hui seulement, quelques 16 heures après votre discours, Édouard Philippe annonce la fin des rassemblements de plus de 100 personnes. Pourquoi ne l’avez-vous pas annoncé hier ? Peur d’être impopulaire ?

    Si la Chine, au bout de deux mois, arrive maintenant à s‘en sortir c’est peut-être seulement grâce à une quarantaine stricte et à des mesures draconiennes. Celles que toute l’Europe, plus que jamais menacée, devrait prendre au même moment, tous ensemble, en regardant peut être au modèle italien.

    Vous vous définissez européen et vous l’êtes assurément, Monsieur le Président, alors montrez le, montrez nous que l’Europe n’est pas seulement pour vous celle des grandes entreprises à choyer. Soyez transparents avec les Français sur la réalité du coronavirus en France comme les autorités italiennes ont su l’être vis-à vis de leurs citoyens. Apprenez à ne pas regarder les autres état membres de haut, cette prétention, cette fois, pourrait couter un lourd tribut à vos concitoyens.

    https://www.lemondemoderne.media/covid-19

    #coronavirus #dépistage #France #responsabilité #test #Macron