• (3) Vieillir enfermés | ARTE - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=fw7mh7QbPp4

    Le quotidien poignant des équipes dévouées et des résidents esseulés d’un Ehpad frappé par la Covid-19. Un documentaire en immersion dans lequel la pandémie crée un effet de loupe sur les conditions de vie indignes de nos aînés.

    Mars 2020, à l’Ehpad Furtado-Heine, dans le 14e arrondissement de Paris. « Madame Benichou, on a eu le résultat de votre test. Vous portez le virus du Covid. Il ne faut pas rester dans le couloir, sinon vous allez contaminer les autres résidents », explique Anita Rossi, la directrice, protégée de la tête aux pieds. Son interlocutrice, une vieille dame postée dans le couloir, le dos courbé mais la parole vive, panique à l’idée de rester cloîtrée dans sa chambre. Sur les 120 résidents, 35 sont malades du virus et 8 en sont déjà décédés. Une partie du personnel est en arrêt maladie et l’autre tente tant bien que mal de faire face.

    Infinie bienveillance

    Pendant trois mois, le réalisateur Éric Guéret et son équipe ont partagé le quotidien de cet Ehpad, de ses employés et de ses résidents. Ce documentaire en immersion raconte l’engagement sans faille de ces héros en blouse blanche, les états que chacun traverse et verbalise tout au long du film, du sentiment de tristesse à celui, plus vertigineux encore, « d’être coupé de ses émotions », sans oublier la peur, le courage, la solidarité et le dévouement. Au milieu de ce chaos infernal, alors que tous les résidents sont enfermés dans leur chambre et privés de visites, les équipes continuent, dans le peu de temps dont elles disposent, de s’occuper des anciens avec une infinie bienveillance. Ce document poignant, où l’épidémie agit comme un révélateur, incite à regarder en face les conditions de vie dans les Ehpad, des lieux où, par manque de moyens, on meurt du virus mais aussi de ce qu’il amplifie : la solitude et l’ennui.

    Documentaire d’Eric Guéret (France, 2020, 1h)

    Disponible jusqu’au 23/05/2023

    #ehpad #infirmières #santé #soin #covid

  • 🛑 ✊ #Retraites #RéformedesRetraites #NonALaReformeDesRetraites #grèves #GrèveGénérale #GreveGeneraleIllimitee #Grève7mars... #8mars #GrèveFéministe > #Anticapitalisme

    🛑 Avec la réforme, #infirmières et aides-soignantes au travail jusqu’à 64 ans : « Ça me rend malade » - Basta !

    L’âge de départ en retraite des infirmières du public est passé de 55 à 62 ans en 2010. Avec la réforme, ce sera 64 ans. Soit neuf ans de travail en plus en 13 ans, sans prise en compte de la pénibilité du métier (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://basta.media/Avec-la-reforme-infirmieres-et-aides-soignantes-au-travail-jusqu-a-64-ans-C

  • Une fédération internationale d’#infirmières alerte sur les recrutements massifs dans les pays #pauvres
    https://www.rfi.fr/fr/monde/20230125-une-f%C3%A9d%C3%A9ration-internationale-d-infirmi%C3%A8res-alerte-sur-l

    Il faut stopper le recrutement massif et à bas prix d’infirmières dans les pays pauvres, déjà démunis en matière de #santé, par les pays #riches, et investir pour réduire leur déficit dans ce secteur.

    C’est en substance le message adressé lundi par le Conseil international des infirmières, une fédération de plus de 130 associations nationales.

    Selon le Conseil international des infirmières (CII, ICN en anglais), sept ou huit pays riches, parmi lesquels la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Canada, sont à l’origine d’environ 80% des migrations internationales d’infirmières, pour tenter de combler leurs pénuries nationales.

    « Il y a eu dans le monde une baisse de 20% du nombre d’infirmières travaillant à l’hôpital à cause de la pandémie. Elles ont changé de métier, ont quitté l’hôpital, explique Pamela Cipriano, présidente du Conseil international des infirmières. Pour les remplacer, des pays se sont tournés vers le recrutement à l’étranger.

    • Catastrophe dans l’hôpital du ministre de la santé. Les urgences du site de Thionville confrontées a de multiples arrêts de maladie envoient les malades sur Metz où des tentes ont été montées pour accueillir les malades !


      https://twitter.com/PrudhommeChri10/status/1609153909117026304
      Prudhomme Christophe @PrudhommeChri10

      Des soignants « à bout », les urgences de Thionville sont en crise
      https://www.lessentiel.lu/fr/story/des-soignants-a-bout-les-urgences-de-thionville-sont-en-crise-80075969796

      Les urgences de l’hôpital de Thionville (Moselle) fonctionnent de manière très dégradée samedi, la quasi-totalité des soignants, « épuisés », ont été placés en arrêt maladie.

      Selon des sources syndicales, 55 infirmiers et aide-soignants sur 59 ont été placés en arrêt maladie, souvent sur décision des médecins des urgences eux-mêmes.
      « On en arrive là parce que malgré leur engagement, les équipes sont à bout, épuisées, et incapables d’assurer une prise en charge de qualité, ce qui est insupportable pour eux », indique à l’AFP Clarisse Mattel, infirmière et secrétaire générale du syndicat MICT-CGT. « C’est une problématique qui dépasse la situation d’un hôpital, c’est tout l’hôpital public qui est en crise : on ne peut plus prendre correctement en charge les patients. »
      .... Plusieurs soignants font état d’un patient de 90 ans resté « plus de 90 heures » sur un #brancard, et qui n’a « été changé qu’une seule fois » au cours de cette période. « C’est devenu extrêmement compliqué d’assurer les besoins élémentaires tels que l’hygiène, les repas, en plus dans un contexte de promiscuité », indique Patricia Schneider, représentante du syndicat Sud-Santé au CHR. Le pôle des urgences du CHR était dirigé par #François_Braun jusqu’à sa nomination en juillet comme ministre de la Santé. « Les problématiques, il les connaît depuis longtemps », souligne une infirmière. « J’espère qu’on pourra bientôt échanger avec lui sur l’évolution de la situation ».

      #infirmières #aide_soignantes

    • Crise des urgences : 31 personnes sont mortes de manière « inattendue » au mois de décembre Jeanne Sénéchal - Le Figaro
      https://www.lefigaro.fr/actualite-france/crise-des-urgences-31-personnes-sont-mortes-de-maniere-inattendue-au-mois-d

      Certains patients sont décédés seuls sur un brancard dans les couloirs, d’autres à la suite d’un manque de moyens disponibles... Pour SAMU-Urgence France, le système de santé n’est plus « sécuritaire », il devient même « dangereux ».

      Aujourd’hui en France, « il y a des personnes qui décèdent dans des conditions qui ne devraient pas exister » . Marc Noizet, président de SAMU-Urgence France, a établi ce constat fin décembre après que son syndicat a comptabilisé le nombre des personnes mortes de manière « inattendue » aux urgences. Et le chiffre est alarmant : du 1er au 31 décembre 2022, 31 personnes seraient mortes seules sur des brancards dans les couloirs des urgences, ou parce qu’un SMUR n’a pas pu être engagé assez rapidement, apprend le successeur de François Braun au Figaro. « Si on était exhaustif, on pourrait envisager qu’il y en ait beaucoup plus », assure-t-il.

      Face à la dégradation du service des urgences, ce décompte inédit était nécessaire, explique Marc Noizet : « On avait déjà connu des morts dans les couloirs, mais jamais comme cela. La situation est devenue insécuritaire pour les soignants et les patients » . Le syndicat a donc mis à disposition dès novembre un formulaire en ligne, qui prend la forme d’un questionnaire : le soignant fait part de la situation, raconte ce qu’il s’est passé, laisse son nom et son mail, et peut demander à être rappelé.

      Toutefois, ces morts ne sont pas « inattendues » parce que ces personnes n’allaient pas mourir, mais parce qu’elles n’auraient pas dû mourir dans de telles circonstances, précise le médecin : « L’objectif n’est pas de rechercher la cause de la mort. Nous alertons sur ces morts brutales dans des couloirs d’urgence alors que rien ne laissait présager. Pour nous, c’est un dysfonctionnement grave. C’est une mise en danger ».

      Des profils assez âgés
      Sur les 31 situations rapportées, le profil des personnes décédées est assez âgé : « Il tourne autour de 75 ans ». « On a des personnes de 92 ans, 81 ans, 76 ans, 61 ans, 74 ans.. » , détaille Marc Noizet en consultant son fichier. Il prend alors l’exemple d’une personne âgée, qui est arrivée dans un CHU après une mauvaise chute. « Elle n’avait pas de lésion apparente, il n’y avait pas d’inquiétude à son sujet. » Quatre heures plus tard, elle allait bien. Huit heures plus tard, l’équipe l’a retrouvée morte sur son brancard, dans un couloir.

      Pour qu’un décès puisse être comptabilisé dans cette liste, il faut qu’il corresponde à l’une de ces deux catégories :
      • Le patient est décédé sur un brancard aux urgences alors qu’il était en période d’attente de soins, et son décès n’était pas attendu.
      • Le patient est décédé en pré-hospitalier, les moyens adaptés n’ayant pas pu être engagés assez rapidement : « Par exemple, on n’est pas en capacité de déclencher un SMUR suffisamment vite et la victime décède ».

      La femme décédée à Saint-Cyr d’une crise cardiaque après avoir été refusée aux urgences, n’entre pas forcément dans cette catégorie. « On ne connaît pas encore les circonstances. Beaucoup de questions sont en suspens, une enquête doit y répondre. Pour moi, en l’état, elle ne répond pas à notre définition » , affirme l’urgentiste.

      Deux à trois jours sur un brancard
      Son syndicat a décidé de lancer ce décompte dans l’objectif d’alerter l’opinion publique et les politiques « de la dangerosité actuelle » de la situation et « montrer que le système est à bout de souffle ». Des patients peuvent attendre plusieurs heures, voire plusieurs jours sur un brancard avant d’être hospitalisés. Il a été possible de l’observer récemment dans un reportage de l’AFP au CHU de Strasbourg, le 29 décembre. À cause des conditions de travail, du manque de moyens et de la triple épidémie (Covid-19, bronchiolite et grippe), certains patients n’ont pas d’autre choix que d’attendre deux ou trois jours sur des brancards, fait savoir un des infirmiers sur place.

      Il y a un tabou derrière ces morts.
      Marc Noizet, président de SAMU-Urgence France

      Si quelques morts sont médiatisées dans la presse, la plupart d’entre elles restent dissimulées. Cela peut s’expliquer par deux raisons, selon Marc Noizet. D’abord, parce que les soignants se sentent coupables. « Nous faisons face à la mort tous les jours. Nous sommes soignants. Mais quand un décès inattendu se passe dans un service, nos équipes portent forcément une forme de culpabilité » , explique l’urgentiste. Ensuite, parce qu’ils ne veulent pas endosser « la responsabilité d’un dysfonctionnement global de santé ». La responsabilité est une « responsabilité du système, elle doit être collective et non individuelle , avance le Dr Noizet. Mais il y a un tabou derrière ces morts ».

      Un dernier point est important : « La responsabilité médico-légale du soignant » , poursuit Marc Noizet. Si la famille d’une de ces victimes venait à se retourner contre l’hôpital, « la responsabilité reviendrait au médecin qui était présent ce jour-là » , ce qui pourrait ouvrir une « procédure judiciaire à son encontre ». Et de déplorer : « Personne ne dira que c’est un dysfonctionnement général du système de santé. Il devrait expliquer qu’il a un service avec 100 patients qui ne peut en accueillir que 50. Mais je ne suis pas sûr que cela soit pris en considération. »

      Aujourd’hui, le président du syndicat demande un « système plus sécurisé ». « Les conditions dans lesquelles on travaille actuellement sont exécrables pour les soignants mais surtout pour les patients. » Pour lui, « l’équation est simple : combien vous avez de lits dans un hôpital, combien de personnel pour vos lits, comment vous gérez vos lits. C’est uniquement de la gestion de flux. Il faut recentrer la disponibilité de l’offre de soin qui existe aujourd’hui autour des besoins urgents de la population. » Contacté par Le Figaro , le ministère de la Santé n’a pas donné suite à nos sollicitations.

      #Hôpital #Santé #Sante #décès #morts #EnMarche #réforme #macron de la #santé_publique

  • Le Royaume en grève - Marc Lenormand, le 11 octobre
    https://laviedesidees.fr/Le-Royaume-en-greve.html

    L’été 2022 a été marqué par un mouvement de grève massif en Grande-Bretagne, qui s’impose comme le produit de la crise économique, mais aussi d’un renouveau du mouvement syndical après quatre décennies de répression et de tensions avec le Parti travailliste depuis Tony Blair.

    L’été 2022 a été marqué, au Royaume-Uni, par une vague de grèves portant sur des revendications salariales qui ont traversé de nombreux secteurs de l’économie. Par-delà les grèves les plus visibles dans les chemins de fer, la poste et les docks, qui ont mobilisé plusieurs dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses de ces secteurs et eu un effet notable sur l’activité économique, des dizaines de grèves moins visibles, concernant de petites entreprises et présentant un moindre impact économique, ont également mobilisé des milliers de travailleurs et de travailleuses dans des entreprises privées des transports, de l’industrie mécanique ou encore de l’aviation.

    Si le succès de nombreuses grèves est un fait social et politique majeur – des concessions salariales étant même parfois accordées à la suite d’un simple préavis –, cette vague gréviste elle-même a pu surprendre après plusieurs décennies de reflux de la conflictualité sociale au Royaume-Uni, d’affaiblissement des organisations syndicales et de disparition des syndicalistes de l’espace politique et de l’imaginaire culturel. Les organisations syndicales britanniques font par ailleurs face à un cadre institutionnel particulièrement hostile depuis que les Conservateurs au pouvoir entre 1979 et 1997 ont adopté un éventail de lois anti-syndicales qui rendent tout particulièrement difficile le recours à la grève. Comment peut-on expliquer ce regain tout à fait remarquable de l’action gréviste au Royaume-Uni ?

    Nous commencerons par souligner le long reflux de la conflictualité sociale que la vague de grèves en cours vient interrompre, avant d’exposer le cadre juridique extrêmement contraignant qui pèse sur l’action de grève au Royaume-Uni. Celle-ci n’a toutefois pas freiné la combativité des organisations syndicales britanniques après une longue période de subordination aux intérêts du Parti travailliste, ce qui illustre également les faiblesses structurelles du mouvement syndical britannique que la présente séquence révèle.

    Une vague de grèves inédite depuis cinquante ans

    Dans l’histoire de la conflictualité sociale au Royaume-Uni, la décennie 2010 se présente comme la décennie de tous les records : celui du plus faible nombre de journées de grèves perdues en une année en raison des grèves en 2015 (170000), mais aussi celui du plus faible nombre de grèves enregistrées sur une même année en 2017 (79), ou encore du plus faible nombre de travailleurs et de travailleuses en grève sur une même année en 2018 (33000). Le mouvement syndical britannique, qui a connu un apogée numérique à la fin des années 1970 lorsque les 13,2 millions d’adhérent-e-s des syndicats affiliés au Trade Unions Congrès (TUC) représentaient plus de la moitié des salarié-e-s, a ainsi connu un reflux numérique continu pour ne comptabiliser depuis le milieu des années 2010 qu’un peu plus de 6,5 millions d’adhérent-e-s. Avant même que l’épidémie de Covid-19 ne réduise brutalement à la fois l’activité économique, l’emploi et l’action collective des travailleurs et des travailleuses, la situation sociale au Royaume-Uni se caractérisait donc par une atonie dans le domaine de la conflictualité sociale.

    Le dernier cycle de grèves et de contestations au Royaume-Uni remonte en effet au début des années 2010 : entre 2010 et 2012, face aux politiques d’austérité budgétaire et salariale mises en place dans les services publics par le nouveau gouvernement de coalition dirigé par le Conservateur David Cameron, les syndicats des services publics ont initié de nombreuses journées de #grève et des manifestations rejointes par les divers collectifs, groupes et partis mobilisant également contre les politiques d’austérité et pour la justice sociale, à l’instar du mouvement Occupy London. Alors que l’augmentation drastique des droits d’inscription à l’université, de 3000 à 9000 livres sterling par an, a suscité un large mouvement de contestation chez les étudiant-e-s à l’automne 2010, l’hiver 2010-2011 a vu la convergence des contestations étudiantes, syndicales et anticapitalistes dans un mouvement social inédit dans l’histoire du Royaume-Uni.

  • 1 lit sur 6 fermé dans les hôpitaux parisiens, soit deux fois plus qu’en 2019, selon le directeur de l’AP-HP Charles Plantade - Le figaro

    La situation reste critique dans les hôpitaux parisiens, selon Nicolas Revel, le nouveau patron de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui a accordé une interview à nos confrères du Parisien . En pleine période épidémique hivernale, « 16 % de nos lits sont fermés, soit deux fois plus qu’en 2019, alors que nous avons toujours autant de malades, voire plus de très âgés cette année ! » alerte-t-il. « En plus de la bronchiolite et du Covid, nous anticipons l’arrivée de la grippe, qui d’évidence sera plus forte cette année. L’hôpital risque à nouveau d’être en très forte tension dans les prochaines semaines » . Comme si cette situation ne suffisait pas, le manque de personnels hospitalier se fait de plus en plus criant. « En 2022, nous avons embauché 2200 infirmières, mais 2800 sont parties » , précise-t-il.


    Sur les 12.000 lits que compte l’AP-HP, 1973 sont fermés actuellement expose Nicolas Revel. LUDOVIC MARIN / AFP

    Face à cette situation, le directeur de l’AP-HP présente aujourd’hui un plan de 150 millions d’euros de relance pour « casser la spirale négative et repartir de l’avant. » Il mise surtout sur un recrutement massif de soignants, avec un objectif de 2700 infirmières, plus en 2023 pour compenser les départs. Pour rendre l’hôpital public parisien plus attractif, Nicolas Revel prévoit d’« augmenter nos dispositifs de bourses pour les élèves infirmiers, doubler (de 600 à 1 200) le nombre de logements attribués à nos personnels, créer une prime de « tutorat » de 172 euros pour un meilleur accompagnement la première année d’exercice. » À cela s’ajoute la mise en place de titres-restaurants, le remboursement à 100 % des transports, l’adaptation des cycles horaires et le renforcement des outils informatiques. En revanche, la question des salaires étant « du ressort de l’État » , aucune augmentation n’est prévue. . . . . .

    Source et suite payante : https://www.lefigaro.fr/conjoncture/16-des-lits-sont-fermes-dans-les-hopitaux-parisiens-soit-deux-fois-plus-qu-

    #hôpital #lits #soignantes #soignants #travail #santé #santé_publique #infirmières #infirmiers #hôpital_public #déglingue #enMarche #AP-HP

  • « Les personnels soignants quittent l’hôpital parce qu’ils ne veulent pas devenir des monstres », Pascale Molinier

    Le Conseil national de la refondation (CNR), dont l’un des grands sujets de réflexion est la santé, s’ouvre dans un contexte de crise hospitalière profonde. On assiste à une hémorragie de personnel, des services d’urgence ont dû être réduits ou fermés… La pandémie a aggravé une situation déjà très détériorée.

    Dans tout débat sur la santé, ce qu’il s’agit d’abord d’éclairer sont les raisons de cette crise. Ceux et celles qui quittent l’hôpital public ou souhaitent le faire à brève échéance ne veulent pas, pour la plupart, changer de métier. S’ils se réorientent plutôt vers le libéral, le secteur privé, voire l’éducation, c’est parce que la crise hospitalière est avant tout morale. Elle provient d’une souffrance éthique liée à ce que soigner veut dire.

    Le soin ne peut pas se tayloriser et pourtant il tend à le faire. On ne peut pas soigner des gens en se contentant de changer leurs boulons. Bien sûr, la France s’enorgueillit du haut niveau de technicité de ses médecins et chirurgiens et nous ne voudrions pas les voir fuir vers l’étranger ou les secteurs privés. Mais exceller dans les domaines de pointe ne suffit pas. Les patients ont affaire à des secrétaires médicales, des brancardiers, des aides-soignantes, des agents de nettoyage, des infirmières, des manipulatrices en radiologie… Chaque métier a ses compétences propres, qui ne se confondent pas, mais toutes ces personnes soignent.

    Travail discret

    Elles ont pour mission d’humaniser l’hôpital. Accueil, attention, anticipation des besoins (de se reposer, d’être rassuré…), ces dimensions essentielles du soin ne recouvrent pas celles de la médecine scientifique ou de ce qui s’évalue en termes d’actes quantifiés. Il s’agit de la part inestimable du soin, au sens où elle ne se mesure pas avec les outils de la gestion, mais demeure ce qui compte le plus dans le vécu de la maladie ou de l’hospitalisation.

    Ce travail souvent discret, voire invisible, a connu un développement conceptuel sans précédent grâce aux recherches sur le care, un mot anglais qui désigne les dimensions non curatives du soin et prend pour perspective la vulnérabilité et l’interdépendance de tout un chacun. Mais, surtout, ce domaine d’études s’intéresse à celles qui s’occupent des autres, surmontant ainsi la dévalorisation sociale qui affecte des activités féminisées, de faible visibilité, en relation directe avec les tabous du corps et de la mort ; des activités dont beaucoup croient encore qu’elles ne demanderaient pas de compétences particulières et dépendraient avant tout d’un tempérament plus ou moins chaleureux.
    Or, tout au contraire, pour se déployer, ce travail, s’il est inestimable, nécessite des conditions matérielles qui peuvent être analysées. D’un côté, avant, pendant, après la pandémie, les soignants se sont exprimés sur leur sentiment de maltraiter les gens, de se robotiser, ou au contraire de s’épuiser physiquement et moralement à vouloir réaliser, dans des contextes d’intensification du travail, leur tâche d’une façon qui respecte la dignité et la fragilité des personnes. D’un autre côté, la recherche académique a des outils théoriques qui permettent non seulement de rendre visible l’ensemble des compétences requises pour prendre soin d’autrui, en les distinguant de qualités naturelles, mais aussi de mieux comprendre comment le care associe un travail discret avec une éthique qui lui est consubstantielle. Faire une toilette, par exemple, est un acte non technique, pourtant éminemment difficile à bien réaliser, notamment en respectant la pudeur de la personne, en surmontant son propre dégoût ou son appréhension du contact avec le corps de l’autre.

    Ecouter les infirmières

    Mais à quoi nous servent tous ces savoirs, s’il nous manque la volonté politique de faire appel à cette double expertise ? S’il s’agit de démocratiser l’approche de la santé, de prendre de la distance avec la technocratie, pourquoi tirer au sort des quidams – ce qui est l’une des propositions du CNR – et ne pas plutôt transformer les critères de l’expertise en acceptant enfin d’écouter les infirmières, d’apprendre des aides-soignantes ?

    Bien sûr, ce qu’elles ont à dire est angoissant. On peut faire l’hypothèse que le succès des approches gestionnaires repose en grande partie sur le fait qu’elles permettent au contraire de ne pas penser qu’elles sont sur l’indifférence, le défaut d’empathie qu’elles favorisent en éliminant de la réalité tout ce qui révèle la complexité de nos attachements et de nos souffrances. Une telle conception de l’efficacité ne mesure, par ailleurs, que le déjà connu et reste à la surface des soins. L’insondable des relations et de la psyché, ce qui participe d’un environnement favorable au rétablissement, lui échappe pour toujours.

    Crise de civilisation

    Pour changer de modèle, il importe collectivement de rompre avec le déni gestionnaire. Acceptons de ne pas refouler l’angoisse. Les personnels soignants quittent l’hôpital parce qu’ils ne veulent pas devenir des monstres sans affects, ou laisser leur peau au travail. Il conviendrait de s’interroger sur la rationalité économique d’une gestion qui prendrait mieux en compte toutes les dimensions du soin. Cela impliquerait de calculer aussi – pour l’intégrer dans les coûts de santé – le prix des départs d’un personnel médical et paramédical formé à l’hôpital, donc aux frais des contribuables. Et combien coûte l’absentéisme des personnels chroniquement exténués ?

    Tout n’est d’ailleurs pas qu’une question d’argent. Qui va consoler les proches des jeunes internes qui se sont suicidés ? Ceux des vieillards morts seuls en Ehpad durant le confinement ? La crise hospitalière est une crise de civilisation. Le résultat de maintes rebellions – grève des urgences, des services psychiatriques, des Ehpad, d’hôpitaux entiers – dont le message éthique n’a jamais été entendu.

    Il est temps de remettre le soin au cœur de notre système de santé, en tirant la leçon de cette crise qui signe l’échec de plus de vingt ans de gestion hospitalière aveugle au travail et à ses contraintes, et sourde à celles et ceux qui en sont les rouages.

    Pascale Molinier est professeure de psychologie sociale à l’université Sorbonne-Paris Nord. Elle a écrit Le Travail du care (La Dispute, 2020).

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/09/08/les-personnels-soignants-quittent-l-hopital-parce-qu-ils-ne-veulent-pas-deve

    #soin #soignants #infirmières #aides-soignantes #care #gestion #santé #hôpital_public #éthique

  • Soignantes, le grand épuisement
    https://disclose.ngo/fr/article/soignantes-le-grand-epuisement

    A l’hôpital, les infirmières et les aides-soignantes sont les plus touchées par les accidents du travail, et les plus exposées aux risques cancérogènes. Des soignantes doivent encore se battre pour faire reconnaître leurs maladies professionnelles. Lire l’article

  • Révélations sur la souffrance des femmes au travail - Actualités - Disclose.ngo
    https://disclose.ngo/fr/article/revelations-souffrance-femmes-travail

    #Disclose a enquêté sur les #conditions_de_travail des plus de 2 millions de #travailleuses dites « essentielles » : #infirmières, #aides-soignantes, #caissières, #aides_à_domicile. Nous sommes allés à leur rencontre dans le Jura, en Bretagne mais aussi en Auvergne ou encore à Lyon. Elles travaillent pour Lidl, Casino, le groupe Colisée, l’ADMR et dans nos hôpitaux. Certaines témoignent à visage découvert des souffrances physiques et psychologiques subies au cours de leur carrière. D’autres se sont confiées anonymement, de peur d’être sanctionnées par leurs employeurs. Toutes ont un point commun : leurs conditions de travail détruisent leur santé.

  • Révélations sur la souffrance des femmes au travail
    https://disclose.ngo/fr/article/revelations-souffrance-femmes-travail

    En l’espace de vingt ans, la santé des femmes au travail s’est lourdement dégradée. Premières victimes de ce fléau invisibilisé par les pouvoirs publics : les travailleuses essentielles. Lire l’article

  • Des travailleurs de la santé contraints de payer leur quarantaine Jean-Louis Bordeleau
    https://www.ledevoir.com/societe/sante/667371/des-travailleurs-contraints-de-payer-leur-quarantaine

    Les employés du réseau de la santé infectés par la COVID-19 doivent bien souvent payer eux-mêmes leur quarantaine, faute de pouvoir prouver qu’ils ont contracté la maladie sur leur lieu de travail. Cette directive instaurée pour la cinquième vague n’a rien pour aider la rétention de personnel dans un système déjà affaibli de 12 000 travailleurs.


    Photo : Jacques Nadeau archives Le Devoir Cette histoire, le « Devoir » l’a entendue de plusieurs travailleurs de la santé de régions différentes.

    « Chaque personne que je connais qui a eu la COVID-19 dans le dernier mois est dans la même situation », confie au Devoir Benoît, un travailleur social de Longueuil qui souhaite taire son vrai nom pour ne pas attirer l’attention sur lui. Ayant reçu récemment un résultat positif à un test COVID-19, il a dû lui-même s’isoler. Quelques jours plus tard, il a reçu par la poste une mauvaise nouvelle. Il ne recevra aucun salaire pour toute la durée de sa quarantaine. Ou sinon, il doit utiliser sa banque de congés personnels pour compenser — des congés qu’il a déjà dépensés après des mois de travail intense.

    « Ils nous envoient une litanie de papier pour dire qu’il faut rester chez soi pendant dix jours et tout, mais ne nous disent pas que votre paie va être amputée de 4-5 quarts de travail après, se désole ce travailleur. Si on tombe malade, on tombe dans une bureaucratie ridicule. On n’est pas payé. Ce n’est rien pour nous aider. Si je tombe malade, vous me laissez tomber ? Ça fragilise le lien d’emploi. »

    Cette histoire, le Devoir l’a entendue de plusieurs travailleurs de la santé de régions différentes. Ce problème nouveau a émergé des énormes quantités d’infections, conséquences de la cinquième vague. Les CISSS et les CIUSSS remboursaient auparavant les salaires de leurs employés en quarantaine en transférant automatiquement leur dossier à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Un seul test PCR positif équivalait à un diagnostic médical, puis une « présomption » établissait que l’employé avait contracté la maladie au travail.

    Désormais, le nombre de contaminés est tel que l’on demande aux gestionnaires d’analyser au cas par cas la source de l’infection des travailleurs. Si l’on juge que le contact s’est produit en dehors des murs d’un centre de santé, la COVID-19 est traitée comme n’importe quelle autre maladie.

    Ces enquêtes minent la confiance de beaucoup d’employés, avance Benoît, étant donné la difficulté de prouver que la contagion vient du travail. « On nous demande de remplir un papier au début de notre isolement, où on inscrit nos contacts, nos déplacements et tout. On se dit que c’est pour retracer les contacts. Dans le fond, c’est pour se donner des preuves que j’aurais pu contracter la maladie à l’épicerie ou ailleurs. On le remplit honnêtement. Mais si je l’avais su, j’aurais dit que j’étais chez nous, isolé. Tu veux être honnête, mais l’employeur est malhonnête. C’est désolant. »

    « J’ai un loyer à payer »
    Marie, qui préfère aussi taire son vrai nom par crainte de représailles, travaillait comme infirmière à temps partiel dans un hôpital de Montréal avant l’arrêté ministériel 2020-007 décrété il y a quelques semaines. Depuis lors, elle travaille obligatoirement à temps plein sans les congés payés qui viennent avec ce surcroît de tâches. Ce changement a pris un autre poids lorsqu’elle a appris qu’elle était un « cas contact ».

    « Ils nous ont demandé de nous rehausser à temps plein, mais on n’a pas les avantages du temps plein, explique-t-elle. C’est-à-dire qu’on me demande d’être en isolement, mais je ne suis pas payée pendant 7 jours. »

    Elle pourrait se tourner vers la CNESST pour être remboursée, alors que son unité de travail classée « zone froide » a été frappée par une éclosion de COVID-19. « L’employeur disait : “vous travaillez en zone froide, vous n’avez pas pu attraper la COVID-19 sur votre lieu de travail” », s’indigne Marie.

    Asymptomatique, elle a bien tenté de se porter volontaire pour travailler en « zone chaude », mais sans succès. Elle songe à celles qui pourraient être tentées de cacher leur maladie après avoir contracté la COVID-19 hors des murs d’un établissement de santé par crainte de manquer un chèque de paie. « J’ai un loyer à payer, j’ai deux enfants à charge. J’ai besoin d’avoir une rentrée d’argent. Je veux travailler. »

    Prouver la contamination
    « La plupart des CISSS et des CIUSSS fonctionnent comme ça, confirme Judith Huot, vice-présidente de la FSSS-CSN, qui représente des milliers de travailleurs de la santé. Il s’agit d’employeurs voyous. Le ministre [du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale] Boulet devrait intervenir à cet effet-là. On a demandé au ministère. Ça ne suit pas. »

    Elle enjoint les employés à réclamer un dédommagement auprès de la CNESST, bien consciente « des tracas » que cela peut causer. En date de juin dernier, pour 45 000 travailleurs infectés de la COVID-19, seulement 25 000 dossiers avaient été ouverts à la CNESST, selon la FSSS-CSN.

    « Pourtant, les employeurs, ça ne leur coûte rien de plus. En général, plus il y a des accidents de travail, plus ta cotisation coûte cher, mais durant une pandémie, c’est mis sur la glace », argumente Mme Huot.

    Elle note que cet isolement aux frais des employés concerne également le réseau des CPE. « Ils sont tous dans cette situation, voire pire. »

    #confinement #Femmes #Hommes #Soignantes #Soignants #Hôpitaux #Cliniques #infirmières #infirmiers #crise_sanitaire #sante #santé #coronavirus #sars-cov-2 #variant #covid #pandémie #santé #canada

  • Se tenir debout avec les infirmières est un projet féministe, Silvia Federici
    http://www.revue-ouvrage.org/debout-infirmieres

    Les syndicats d’#infirmières de vingt-huit pays s’attaquent aux gouvernements et à Big Pharma avec une demande simple : renoncer aux #brevets sur les #vaccins contre la #Covid-19 et mettre fin à la pandémie dès maintenant. Dans son texte, Silvia Federici appelle les #féministes à se rallier aux luttes des travailleuses de la santé.

    Quelle est l’image marquante de la pandémie de la Covid-19 ? À mon avis, c’est celle de l’infirmière au chevet du malade, en première ligne de cette urgence mondiale, surmontant sa propre peur de la maladie pour soigner les patientes et patients et leur apporter du réconfort face à une mort probable. Pour des millions d’infirmières vivant dans des pays où les vaccins contre la Covid-19 demeurent rares, c’est une image de la vie quotidienne. Même dans les pays où le pire de la maladie s’est dissipé, on commence seulement à comprendre le poids de ce travail — jour après jour — sur les épaules des infirmières.

    Nous leurs sommes redevables, et c’est pourquoi nous devons suivre leur exemple. À l’heure actuelle, les syndicats d’infirmières de vingt-huit pays se lèvent pour défendre les vies de celles-ci et protéger celles de leurs patientes et patients en attaquant en justice certains des gouvernements les plus puissants du monde avec une demande simple : renoncer aux brevets sur les vaccins contre la Covid-19 afin de mettre fin à la pandémie dès maintenant. Je crois qu’il est essentiel pour les mouvements féministes non seulement de soutenir ces syndicats dans leur bataille juridique, mais aussi de faire de cette lutte l’élément central de notre organisation dans les mois à venir.
    En avril 2021, le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, lors de ses interventions publiques largement diffusées après une semaine passée à l’hôpital pour se remettre de la Covid-19, a rendu hommage aux « deux infirmières qui se sont tenues à son chevet » durant son rétablissement. Environ un mois plus tard, l’une des infirmières, Jenny McGee, démissionnait de son poste, lassée du traitement réservé aux travailleuses de la santé par son gouvernement. « Le National Health Service m’a sauvé la vie, sans aucun doute », a-t-il déclaré. Un an plus tard, les travailleuses du NHS sont confrontées à l’érosion de leurs salaires et de leurs pensions.

    Aux États-Unis, on entend les infirmières raconter des histoires d’épuisement physique, de manque d’équipement adéquat et de douleur émotionnelle liée à la perte de patientes et patients dont elles s’occupaient. Des vies d’infirmières ont également été perdues. Selon l’Organisation mondiale de la santé, au moins 115 000 infirmières dans le monde sont mortes des suites d’une infection de la Covid-19, et beaucoup de ces vies auraient pu être épargnées si les vaccins avaient été produits et distribués de manière équitable.
    Malgré ces difficultés, les infirmières se mobilisent sans relâche. Elles dénoncent l’échec des hôpitaux, des systèmes sanitaires et des autorités locales et nationales. Et elles ont incité un mouvement mondial à les rejoindre : devant les fenêtres et debout sur les balcons, nous avons applaudi les infirmières en tant que « travailleuses essentielles », reconnaissant — pour la première fois, de mémoire — le rôle qu’elles jouent dans nos économies, nos sociétés et nos vies quotidiennes.

    #Silvia_Federici

  • Vague de grèves de salariés frustrés et épuisés aux États-Unis Radio Canada -
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1832259/economie-entreprises-travail-syndicats-striketober

    Ouvriers, infirmiers... Des dizaines de milliers de salariés américains, fatigués par de longues heures de travail pendant la pandémie et frustrés face aux profits de leurs employeurs, ont engagé des mouvements de grève cet automne.

    Quelque 31 000 employés du groupe de santé Kaiser Permanente dans l’ouest des États-Unis menacent aussi de cesser, sous peu, le travail.


    Depuis jeudi dernier, 10 000 salariés du constructeur américain de tracteurs John Deere sont en grève. Plusieurs milliers de travailleurs ont engagé des mouvements de grève cet automne aux États-Unis. Photo : Getty Images / Scott Olson

    Depuis jeudi, 10 000 salariés du constructeur de tracteurs John Deere sont, eux, déjà en grève ; 1400 chez le fabricant de céréales Kellogg’s depuis le 5 octobre, et plus de 2000 employés de l’hôpital Mercy à Buffalo depuis le 1er octobre.

    À Hollywood, une grève des équipes de tournage qui menaçait de paralyser à partir de lundi l’industrie du cinéma américain a été évitée de justesse ce week-end, avec la conclusion d’un accord sur les conditions de travail de ces employés techniques.

    Le mot Striketober, contraction de “strike” (grève) et “october” (octobre), est apparu sur les réseaux sociaux. La vedette de l’aile gauche du Parti démocrate, Alexandria Ocasio-Cortez, l’a même mis en avant jeudi sur Twitter.

    Pendant la pandémie, pour compenser les nombreux absents, “on a sacrifié du temps avec nos familles, on a manqué les matchs des enfants, des dîners, pour s’assurer que les boîtes de céréales soient dans les magasins”, raconte Dan Osborn, mécanicien chez Kellogg’s depuis 18 ans.

    Et c’est comme ça qu’on nous récompense ? En nous demandant de faire des concessions, alors même que le PDG et les grands chefs s’accordent des augmentations ?
    Une citation de :Dan Osborn, mécanicien chez Kellogg’s

    Ce président de la section locale du syndicat BCTGM se sent floué. “On ne demande pas d’augmentations de salaire”, remarque-t-il.

    Et les employés ne rechignent pas aux longues heures. Mais ils s’opposent à la généralisation d’une catégorie d’employés n’ayant pas accès aux mêmes avantages et à la suppression de l’ajustement automatique des salaires au coût de la vie, un point important au moment où l’inflation est forte.

    La grève “durera le temps qu’il faudra, il suffit de tenir un jour de plus que l’entreprise”, dit-il.


    Environ 1400 employés du fabricant de céréales Kellogg’s sont en grève depuis le 5 octobre. Photo : Associated Press / Alyssa Keown

    Les grévistes “revendiquent en majorité une amélioration des conditions de travail”, remarque Kate Bronfenbrenner, spécialiste des mouvements syndicaux à l’Université Cornell.

    Les organisations font plus de profits que jamais et demandent aux salariés de travailler plus que jamais, parfois en risquant leur vie avec la COVID-19.
    Une citation de :Kate Bronfenbrenner, spécialiste des mouvements syndicaux à l’Université Cornell _

    Mais face à des employeurs refusant les compromis, les salariés “sont moins enclins à accepter des conventions collectives ne répondant pas à leurs besoins”, remarque-t-elle.

    Un mouvement de grèves en hausse
    Il est difficile de connaître le nombre exact de grèves, le gouvernement américain ne recensant que celles impliquant plus de 1000 salariés. Mais la tendance est clairement à la hausse depuis le mouvement des enseignants en Virginie-Occidentale en 2018, affirme Josh Murray, professeur de sociologie à l’Université Vanderbilt.

    Déçus par la convention négociée par leur syndicat, les enseignants avaient décidé de se mettre en grève, obtenant satisfaction. Il y a eu ensuite un phénomène de contagion.

    Plus il y a de grèves qui parviennent à leurs fins, plus il y en a qui démarrent, car les gens commencent à vraiment croire qu’ils peuvent gagner et sont prêts à risquer leur salaire ou leur emploi.
    Une citation de :Josh Murray, professeur de sociologie à l’Université Vanderbilt

    La grève chez Kellogg’s succède ainsi à celle en juillet de 600 salariés dans le Kansas d’une usine de gâteaux apéritifs Frito-Lay, filiale de PepsiCo. Ils avaient cessé le travail pendant 19 jours pour obtenir, entre autres, la garantie d’un jour de congé par semaine et des augmentations.

    Le millier de grévistes des grignotines Nabisco (filiale du géant Mondelez) ont, eux, obtenu des concessions en septembre après cinq semaines de conflit.

    Autre source de motivation, “pendant la pandémie, ces travailleurs ont pris conscience qu’ils étaient essentiels, que l’économie ne pouvait pas fonctionner sans eux”, remarque M. Murray.

    Les syndicats ont aussi profité ces dernières années de la montée de divers mouvements sociaux avec qui ils ont su s’associer, comme le syndicat des métiers de l’hôtellerie en Arizona, Unite Here, avec les organisations de migrants.
    Il y aura forcément un effet de balancier, les entreprises ne vont pas laisser les coûts salariaux augmenter trop.
    Une citation de :Josh Murray, professeur de sociologie à l’Université Vanderbilt

    Mais, en attendant, “les économistes et les sociologues ont démontré que plus le marché du travail est tendu [comme c’est le cas actuellement aux États-Unis, NDLR], plus les travailleurs ont du pouvoir, plus la probabilité de grèves est élevée”.

    #USA #grèves #salariés #salariées #pandémie #profits #Ouvriers #Ouvrières #infirmières #infirmiers #john_deere #kellogg's #hollywood #strike #pepsico #pepsi #Mondelez

  • Refus de faire des heures supplémentaires : des infirmières devant le tribunal
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1809692/temps-supplementaires-infirmieres-urgence-mont-laurier

    Dans une cause liée aux heures supplémentaires des infirmières, le Tribunal administratif du travail vient d’ordonner à des infirmières de l’urgence de l’Hôpital de Mont-Laurier de cesser de refuser de façon concertée de faire leur prestation normale de travail.


    Le CISSS des Laurentides avait demandé l’intervention du Tribunal administratif du travail, après le sit-in de sept infirmières de l’urgence de l’Hôpital de Mont-Laurier. Photo : getty images/istockphoto

    C’est le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides qui avait demandé l’intervention du Tribunal, après le sit-in de sept infirmières de l’urgence de cet hôpital, qui avaient refusé d’entamer leur quart de travail. Il alléguait aussi qu’elles avaient refusé, de façon concertée, de donner leurs disponibilités pour effectuer du travail en heures supplémentaires.

    Le CISSS n’a eu gain de cause qu’en partie.

    Le Tribunal administratif du travail a jugé que le refus de faire sa prestation normale de travail constituait un “moyen de pression illégal”.

    Il a donc ordonné aux infirmières de l’urgence de l’Hôpital de Mont-Laurier de “cesser immédiatement de refuser de façon concertée de fournir leur prestation usuelle de travail”.

    Le Tribunal n’a toutefois pas donné gain de cause au CISSS concernant le refus de faire des heures supplémentaires.

    Il a estimé qu’à ce sujet la preuve était insuffisante, puisqu’elle reposait sur du ouï-dire. Il s’agissait d’un témoin qui disait avoir entendu une conversation qui lui avait permis de conclure qu’un refus de faire des heures supplémentaires volontaires se préparait le 13 juillet.

    La décision du Tribunal administratif du travail a été déposée devant la Cour supérieure, ce qui lui donne le même poids. Ainsi, “elles sont conséquemment susceptibles d’outrage au tribunal en cas de contravention” à l’ordonnance.

    “Tout le monde est épuisé”
    En entrevue avec La Presse canadienne, Julie Daignault, présidente du Syndicat des professionnelles en soins des Laurentides, de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), a dénoncé la situation. “Tout le monde est épuisé. Tout le monde a travaillé longuement pendant la pandémie.”

    “On est présentement devant une situation qui est très critique. L’employeur continue de gérer les horaires avec des temps supplémentaires et des temps supplémentaires obligatoires. Il force nos membres à rentrer travailler malgré leur épuisement”, a-t-elle critiqué.

    Mme Daignault concède qu’il y a pénurie d’infirmières, mais elle affirme qu’il y a là aussi un problème de gestion des horaires, d’affichage de postes qui soient intéressants et de recours trop fréquents aux heures supplémentaires.

    “Je sais que je ne le vis pas seulement à Mont-Laurier, qu’on le vit partout dans les Laurentides et au Québec”, ajoute la dirigeante régionale de la FIQ.

    “Si on continue comme ça, à obliger des professionnelles en soins à faire du temps supplémentaire obligatoire, on s’en va vers des gens qui vont tomber en maladie, qui vont démissionner et vouloir faire autre chose”, prévient Mme Daignault.

    La version du CISSS
    Le CISSS des Laurentides, de son côté, a soutenu qu’il n’avait guère le choix d’agir comme il l’a fait, parce qu’il doit veiller à la continuité des soins pour le public.

    “Il est vrai que la situation actuelle peut être difficile pour nos équipes de soins. Cependant, il est essentiel pour nous que les usagers demeurent au coeur des décisions. Nous avons tous la responsabilité de collaborer dans la mise en place de solutions au bénéfice de nos usagers et de notre personnel”, a-t-il fait savoir, par courriel.

    Le CISSS des Laurentides fait valoir que “le sit-in à l’Hôpital de Mont-Laurier survient après celui ayant eu lieu à l’Hôpital régional de Saint-Jérôme”.

    Il ajoute que “tout arrêt de travail concerté, comme le cas du sit-in à l’Hôpital de Mont-Laurier, est une grève illégale. Le personnel du quart de soir, anticipant qu’une ressource manquerait pour le quart de nuit et que du temps supplémentaire obligatoire pourrait être requis, a tenu un sit-in. Les employés ont donc réagi avant même que l’employeur puisse agir et trouver une solution à cette situation précise qui aurait pu survenir 8 heures plus tard”.

    Le CISSS se dit disposé à chercher des solutions aux problèmes soulevés par le syndicat de la FIQ. “Nous souhaitons envoyer un signal clair : il y a d’autres voies pour améliorer la situation, soit celle de la communication et collaboration.”

    “En aucun temps nous n’avons été passifs face à la situation à l’Hôpital de Mont-Laurier. Depuis le 10 mai dernier, une cellule de crise est active et déjà un grand nombre d’actions ont été déployées. La révision des corridors de services, la modulation des lits disponibles en fonction des ressources, la couverture de quarts de travail par d’autres équipes au CISSS des Laurentides qui libèrent du personnel pour donner un coup demain ne sont que quelques exemples de ce qui est déjà en place”, conclut le CISSS.

    #Quebec #Gréve #Syndicats #Femmes #urgences #travail #capitalisme #exploitation #santé #hôpital #femmes #infirmières #soin #conditions_de_travail #soins #soignantes

  • Le système de santé suisse risque de tomber malade

    La population de la Suisse vieillit, le nombre de cas de maladies complexes augmente. C’est un #défi énorme pour le #système_de_santé du pays, réputé pour sa qualité. Un défi rendu plus sérieux encore par le manque de #professionnels qualifiés : le #personnel_soignant est souvent sous #pression, parfois jusqu’à l’explosion.

    Les coûts augmentent, les plans de réforme échouent et le #personnel_qualifié fait défaut : le système de santé suisse n’est pas au mieux de sa forme. Le personnel soignant avait déjà tiré la sonnette d’alarme avant le coronavirus. Il se plaint de mauvaises conditions de travail et d’un manque de reconnaissance. Après un an et demi de pandémie, il est physiquement et psychiquement à bout de forces (cf. « Revue Suisse » 4/2021). La pression sur les soins continue cependant de croître, car les évolutions démographiques et sociétales ne cessent d’aggraver la situation. D’après les pronostics, le pays manquera d’environ 65 000 infirmières et infirmiers d’ici 2030. Les associations du personnel et les experts mettent en garde contre une pénurie. L’initiative populaire « Pour des soins infirmiers forts » est censée éviter que cela ne se produise. Le peuple votera le 28 novembre 2021.

    Beaucoup jettent l’éponge

    En Suisse, près de 214 200 personnes travaillent dans le secteur des soins, la plupart en hôpitaux (45 %) et en EMS (41 %). 14 % sont employées par des organisations extrahospitalières. Et bon nombre d’entre elles travaillent à temps partiel : un 100 % serait trop lourd, disent-elles. L’état des lieux est le suivant : le travail par équipes se concilie mal avec les intérêts privés et les obligations familiales, le travail est dur physiquement et psychiquement et la pression des économies dans le système de santé fait que les services emploient un minimum de personnel et sont contraints à l’efficacité. Infirmières et infirmiers ont souvent peu de temps pour répondre aux besoins individuels des patients et discuter de choses et d’autres avec eux. Ils souffrent de ne pas pouvoir exercer leur métier comme ils le souhaiteraient. Un grand nombre d’entre eux le quittent avant l’heure. Un tiers de celles et ceux qui jettent l’éponge n’ont même pas 35 ans.
    Les travailleurs étrangers à la rescousse

    Les postes mis au concours sont plus nombreux que jamais dans le secteur des soins en Suisse. Les responsables du personnel ont de la peine à les pourvoir. Ils embauchent donc souvent du personnel étranger. À l’Ostschweizer Kinderspital à Saint-Gall, par exemple, 42 % des médecins sont suisses, 36 % allemands et 8 % autrichiens. Le personnel infirmier diplômé compte quant à lui 86 % de Suisses. Les hôpitaux universitaires de Zurich et de Lausanne emploient en revanche bien davantage de travailleurs étrangers dans le secteur des soins, soit respectivement environ 60 % et 50 %. Les ménages privés engagent eux aussi de plus en plus de soignantes d’Allemagne et d’Europe de l’Est. Ces femmes sont en service presque 24 h/24, ont des salaires inférieurs et rentrent dans leur pays après quelques mois.

    Le fait de compenser les #sous-effectifs par de la #main-d’œuvre_étrangère est problématique pour des raisons éthiques : la Suisse compte sur des personnes qui ont été formées à l’étranger et dont l’étranger a besoin. À l’avenir, il pourrait être plus difficile de recruter hors de nos frontières, car les pays d’origine de ces travailleurs font davantage d’efforts pour les retenir. En même temps, les besoins en personnel continueront d’augmenter fortement en Suisse, notamment en raison du vieillissement de la population.

    Grand savoir-faire, peu d’autonomie

    Si l’on observe le nombre d’#infirmières et d’#infirmiers pour 1000 habitants, la Suisse s’en sort bien par rapport à d’autres pays. Mais il serait faux d’en conclure que la situation du métier est plus confortable qu’ailleurs, souligne Rebecca Spirig, professeure à l’Institut des sciences infirmières de l’université de Bâle : « Il faut considérer toutes les personnes qui sont prises en compte dans ce chiffre et comment elles sont employées. » En Allemagne, par exemple, le traitement des plaies ne fait partie du secteur des soins que depuis quelques années. En Suisse, la pratique des injections et la pose de perfusions sont comprises dans la formation de base. Aux États-Unis, ce sont des nurse practitioners qui prodiguent les premiers soins à la population. Et la Hollande a mis en place le modèle buurtzorg (aide à domicile) avec des équipes de soins à l’organisation très autonome, qui consultent, décident, traitent, coordonnent et font appel, si nécessaire, à d’autres professionnels.

    Les médecins ont un rôle prépondérant

    « La Suisse n’est pas une pionnière », relève Rebecca Spirig. Son #système_de_soins repose largement sur l’#expertise_médicale : « Les infirmières et infirmiers ont un grand savoir-faire, mais prennent peu de décisions. » En effet, même des mesures élémentaires comme le port de bas de contention requièrent une ordonnance médicale. À cela s’ajoute un certain flou : les personnes ayant besoin de soins et vivant chez elles ont souvent affaire à plusieurs prestataires de soins. Le personnel d’aide et soins à domicile fournit de l’aide pour l’hygiène corporelle quotidienne, change les pansements et soigne les plaies ; les médecins posent des diagnostics, traitent et prescrivent des thérapies ; les physiothérapeutes et les ergothérapeutes les conduisent. « Les soins ambulatoires manquent de structures et de processus homogènes », note Ursula Meider, de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW). La concertation est souvent insuffisante, ce qui peut entraîner des doublons, des lacunes et des traitements inadéquats.

    De grands écarts de #qualité

    Comme de nombreux autres domaines du quotidien, le système de santé suisse possède une organisation fédéraliste. La Confédération fixe les grands axes et les cantons les mettent en œuvre, délégant à leur tour certaine tâches aux communes. Celles-ci sont responsables d’une partie des soins de longue durée et des soins ambulatoires prodigués aux personnes âgées. Ainsi, les services médicaux et sociaux et la manière dont ils collaborent diffèrent fortement d’un endroit à l’autre.

    On note des efforts visant à améliorer le réseau des soins de base et à le rendre plus efficace. Des cabinets communs apparaissent, surtout dans les campagnes, regroupant plusieurs groupes de métiers. Il existe aussi des modèles avec des structures extrahospitalières fortes et des transferts fluides vers les soins stationnaires, qui sont partiellement soutenus par les pouvoirs publics. « Nous avons évalué de bons exemples », souligne l’experte en soins infirmiers Rebecca Spirig. Mais il n’y a pas de volonté politique de les promouvoir et de les mettre en place à l’échelle suisse. La chercheuse de la ZHAW, Ursula Meidert, a la même impression : « De nombreuses autorités n’agissent que quand il n’est plus possible de faire autrement. »

    Certains acteurs défendent leurs propres intérêts

    La complexité du système fait qu’il est difficile d’établir des connexions et d’initier des réformes profondes à long terme. La politique nationale rechigne à prendre des décisions : elle se perd souvent dans des débats de principe et s’avère peu apte à trouver des compromis. Des idées d’amélioration ont déjà échoué plusieurs fois au seuil des Chambres fédérales, où des acteurs de poids – notamment le corps médical, les caisses-maladie et l’industrie pharmaceutique – ont une influence considérable. Mais le peuple aussi est souvent critique vis-à-vis des plans de réforme. En 2012, par exemple, il a rejeté un projet tendant à améliorer la coordination et la qualité des soins de base.

    Les adversaires de l’innovation agitent toujours la menace d’une hausse des coûts et se font ainsi l’écho d’une préoccupation largement répandue. Des études montrent toutefois que des structures homogènes et des processus efficaces aident à couvrir les coûts. Quand la collaboration entre les différents groupes de métiers s’améliore, les employés sont en outre plus satisfaits et restent plus longtemps dans le système de santé. Rebecca Spirig, qui fait partie du comité d’initiative, espère que celle-ci stimulera aussi une coopération accrue : « Un oui permettrait de lancer des réformes non seulement dans les soins, mais aussi dans tout le système de santé ».

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/le-systeme-de-sante-suisse-risque-de-tomber-malade
    #pénurie #santé #travail #Suisse

  • Raoul Cauvin, « stakhanoviste du gag » en bande dessinée, est mort
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/08/20/raoul-cauvin-stakhanoviste-du-gag-en-bande-dessinee-est-mort_6091911_3246.ht


    Raoul Cauvin (à gauche) et Willy Lambil devant « Les Tuniques bleues »
    « CAUVIN LA MONOGRAPHIE », PAR PATRICK GAUMER (DUPUIS)

    Créateur, entre autres, des « Tuniques bleues », de « L’Agent 212 », « Pierre Tombal »…, le scénariste prolifique Raoul Cauvin est mort, jeudi 19 août, à l’âge de 82 ans.

  • Covid-19 : en Provence-Alpes-Côte d’Azur, les infirmiers libéraux en première ligne face aux variants
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/16/covid-19-en-provence-alpes-cote-d-azur-les-infirmiers-liberaux-en-premiere-l


    Lors de sa visite à une patiente, Daniel Darque, infirmier libéral, rencontre son mari et son fils, confinés dans la deuxième pièce de l’appartement, à Marseille, le 11 février 2021.
    FRANCE KEYSER / MYOP POUR « LE MONDE »

    Missionnés par l’Assurance-maladie, les infirmiers de ville mettent en place les mesures d’isolement renforcé chez les patients.
    Par Gilles Rof(Marseille, correspondant)

    C’est par un simple message sur l’application spéciale de l’Union régionale des professions de santé (URPS)-Infirmière PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) que Daniel Darque a été alerté. « En moyenne, je reçois six ou sept propositions de visites domiciliaires de patients Covid comme celle-là par semaine. J’en prends trois environ, en fonction des adresses », explique cet infirmier libéral de 49 ans, qui pratique dans le 8e arrondissement de Marseille.


    Daniel Darque, infirmier libéral, arrive chez une patiente atteinte par le Covid-19, à Marseille, le 11 février 2021.
    FRANCE KEYSER / MYOP POUR « LE MONDE »

    La mission de ce jeudi 11 février se situe hors de sa tournée habituelle, mais Daniel Darque, qui circule en deux-roues dans l’impossible trafic marseillais, a quand même répondu présent. « Ce sont des visites longues, une demi-heure minimum, mais qu’on peut caler à tout moment dans la journée », explique l’infirmier en sonnant à la porte d’un immeuble du 5e arrondissement, à quelques centaines de mètres de l’hôpital de la Timone. Ici habite une famille de trois personnes dont la mère a été testée positive au variant brésilien. Dans la fiche de mission qu’il a reçue, la description n’est pas aussi précise. « Je sais juste qu’il s’agit d’un variant », glisse Daniel Darque.

    Son programme est chargé. Il doit vérifier l’état de santé de la patiente zéro, expliquer les procédures d’isolement, tester, s’il y a lieu, les personnes vivant au domicile, et s’assurer que la cellule territoriale d’appui à l’isolement (CTAI) de la préfecture doit ou pas être alertée pour apporter son soutien logistique. Le tout après s’être caparaçonné derrière son équipement de protection : visière, blouse, chaussons, gants, charlotte, masque…

    Le matériel de protection est aux frais de l’infirmier

    La veille, l’URPS-infirmiers libéraux, qui gère pour l’agence régionale de santé (ARS) et l’Assurance-maladie, les visites domiciliaires dans toute la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a reçu de nouvelles consignes, spécifiques aux variants. « On a eu beaucoup de doctrines différentes depuis le début de la crise, souffle Lucienne Claustres-Bonnet, présidente de l’URPS-Infirmière PACA. Celles-là, au moins, sont assez cohérentes. »

    Ces « consignes renforcées de surveillance et de freinage des variants », comme les appelle le directeur adjoint de l’ARS, Stéphane Debeaumont, impliquent une collaboration accrue des patients et des infirmiers qui les visitent. Repérage renforcé, avec un test de criblage RT-PCR dans les 36 heures pour tout test positif. Isolement allongé à dix jours si le criblage détecte un variant britannique, sud-africain ou brésilien… Et nécessité de réaliser un nouveau test RT-PCR qui doit être négatif, au bout de cette période, pour en sortir. « Si le test est encore positif, on repart pour sept jours d’isolement », détaille Lucienne Claustres-Bonnet, qui a préparé une fiche mémoire pour tous ses adhérents.

    Daniel Darque s’équipe avant de pénétrer dans le petit appartement de deux chambres et une cuisine. Le nouveau protocole voudrait qu’il porte un masque FFP2. Mais le matériel de protection est à ses frais. « J’essaie de ne payer aucun élément plus de 1 euro, explique-t-il. Les prix se sont envolés. » Si l’acte infirmier de base, comme une injection intramusculaire, est rémunéré 4,50 euros, la visite domiciliaire Covid-19 est fixée, depuis le 20 janvier, à 22,64 euros. Un rattrapage, aux yeux de bon nombre d’infirmiers.

    300 demandes quotidiennes de visites domiciliaires

    Maria, la mère, attend dans la chambre de son fils. Epoux et enfant, eux, sont assis sur le lit parental dans l’autre pièce. Première surprise pour Daniel Darque, la contamination date déjà d’une semaine. La famille assure avoir suivi, depuis, les règles d’isolement. Ruben, 11 ans, n’est pas allé au collège. Son père a arrêté son travail de façadier. Tous deux ont été testés négatifs.

    Le dialogue est difficile. La famille est originaire du Cap-Vert et seul l’adolescent maîtrise le français. L’infirmier prend la saturation et la tension de la patiente, qui se plaint d’une oppression au niveau de la poitrine, et préconise une nouvelle visite chez le médecin traitant. Il répète une dernière fois les règles à suivre et laisse le formulaire édité par le ministère de la santé sur une table. « Aujourd’hui, il est rare de trouver des gens qui ne sont pas informés des mesures à prendre… Il y a un tel matraquage », se rassure-t-il.

    La famille n’a pas voyagé récemment mais Maria pense avoir été contaminée par son beau-frère, à qui le virus a été transmis par des collègues, au travail. A Marseille, les liens avec certaines zones du globe comme l’océan Indien, le Maghreb ou le Portugal sont scrutés avec attention. « Dans le contact tracing, on a renforcé certains faisceaux d’indices : voyages, contacts familiaux avec notion d’extraterritorialité… », insiste Stéphane Debeaumont. A l’aéroport de Marseille, les passagers arrivant sur des vols d’Ethiopie, escale au retour des Comores, et de Tunisie sont désormais testés systématiquement.

    Selon l’ARS, aujourd’hui, seules 54 % des près de 300 demandes quotidiennes de visites domiciliaires sont assurées en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour tenter d’améliorer ce chiffre, l’URPS-Infirmière a embauché quatre personnes depuis le 20 janvier. « Pour chaque mission, une vingtaine d’infirmiers libéraux, géolocalisés par rapport à l’adresse du patient, reçoivent le message », détaille Clara Castel, la chef de projet à l’URPS. Si aucun ne réagit dans les cinq heures, des téléopératrices prennent le relais. Avec, depuis cette semaine, priorité donnée aux cas de variants. « On passe au maximum six appels. Si aucun infirmier n’accepte la mission, on passe au patient suivant pour ne pas perdre trop de temps », détaille Carole Lamarre, téléopératrice enrôlée pour l’occasion.

    Principales causes de refus : la peur du Covid-19 ou des agendas trop chargés. « Avec les campagnes de tests, les centres de vaccination, les remplacements dans les Ehpad, le suivi à domicile, on sent les infirmiers libéraux fatigués. C’est normal, ils sont en première ligne depuis le début de l’épidémie. Et tout ça, sans un merci », justifie Lucienne Claustres-Bonnet.

    Première fois que je vois mentionné une "cellule territoriale d’appui à l’#isolement"...

    #covid-19 #infirmières

    • Anniversaire : ces cellules territoriales d’appui à l’isolement ont été créées le 20 janvier 2021

      Covid-19 : la stratégie « tester-tracer-isoler » à l’épreuve des variants
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/16/covid-19-la-strategie-tester-tracer-isoler-a-l-epreuve-des-variants_6070082_

      Pour freiner la propagation des mutants plus contagieux, en particulier sud-africain et brésilien, le dispositif de traçage des contacts et le suivi de l’isolement ont été renforcés.
      Par Elisabeth Pineau

      Depuis le premier déconfinement au printemps 2020, s’était déjà engagée une course contre la montre pour remonter et casser les chaînes de contamination du SARS-CoV-2, et ainsi reprendre le contrôle de l’épidémie de Covid-19. Avec les nouveaux variants du virus circulant sur le territoire national, plus transmissibles, c’est désormais un sprint.

      Pour freiner leur propagation, les autorités ont décidé un renforcement spécifique de la stratégie « tester-alerter-protéger », en particulier sur les mutations ayant émergé en Afrique du Sud (baptisée B.1.351) et au Brésil (B1.1.248). Si ces variants circulent moins sur le territoire métropolitain que le variant britannique (VoC 202012/01) – sur 17 000 tests positifs réalisés la semaine du 8 au 14 février, 4 % à 5 % présenteraient des mutations évocatrices de ces deux souches, a précisé le ministre de la santé, Olivier Véran, jeudi 11 février –, ils inquiètent davantage dans la mesure où ils « présentent un risque d’échappement immunitaire et vaccinal », selon la direction générale de la santé (DGS). Autrement dit, ils peuvent engendrer des réinfections chez des personnes ayant déjà contracté le Covid-19 et seraient moins sensibles à certains vaccins disponibles.

      L’objectif, pour le variant britannique, est de réduire drastiquement sa circulation, alors que sa proportion parmi les cas positifs augmente de 50 % toutes les semaines. « Pour les variants sud-africain et brésilien, il faut profiter du fait qu’ils circulent encore à bas bruit pour les éradiquer, estime Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Cela passe par un séquençage rapide, un renforcement énorme du “contact tracing”, et cela exige de remonter aux sources des contaminations avec des moyens très importants. »

      Cafouillages

      L’enjeu est crucial : en cas de traçage et d’isolement défaillants, le risque est d’entraîner une flambée épidémique. Et potentiellement, de mettre en péril la campagne de vaccination, en particulier celle d’AstraZeneca, proposée à la totalité des soignants depuis le 6 février, alors qu’une étude, réalisée par l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, affirme que le vaccin britannique est efficace à seulement 22 % contre les formes modérées du variant sud-africain.

      « Nous n’avons rien à envier à nos voisins en matière de “tester-alerter-protéger”, pilier incontournable de notre stratégie contre l’épidémie. La France est l’un des pays qui réalisent aujourd’hui le plus de tests de dépistage : près de quatre tests sont réalisés chaque seconde », se targuait Olivier Véran le 4 février. Les scientifiques convergent pour dire que le traçage trouverait son efficacité optimale avec un nombre de contaminations modéré, de l’ordre de 5 000 par jour. Avec une moyenne actuelle de 20 000 nouveaux cas par jour et entre 40 000 et 50 000 cas contacts recensés par jour par l’Assurance-maladie, cela relève davantage de la gageure.

      « Le “contact tracing” est évidemment sous pression, mais le nombre de personnes contactées dans les vingt-quatre heures reste aujourd’hui satisfaisant (96 %), et dans le même temps, notre dispositif s’appuie sur des tests rendus plus vite », souligne Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l’assurance-maladie, précisant que 9 000 équivalents temps plein sont actuellement mobilisés pour effectuer ce traçage. Après des cafouillages dans la prise de rendez-vous et des délais parfois très longs jusqu’au début de l’automne, désormais, « dans 92 % des cas », les résultats des tests PCR sont rendus dans les vingt-quatre heures, selon le ministre de la santé.

      Afin d’identifier l’intégralité des patients porteurs d’un variant, toutes les personnes testées positives, qu’elles aient été dépistées par un test RT-PCR ou par un test antigénique, font systématiquement l’objet d’une RT-PCR « de criblage » réalisée jusqu’ici en laboratoire spécialisé dans un délai de trente-six heures maximum. Sans attendre ce verdict, les opérations de traçage et d’isolement sont déclenchées dès la réception du résultat positif du test initial. « Il convient de sensibiliser le patient porteur [d’un variant] au risque de contagiosité accrue et à l’importance d’un respect particulièrement strict de l’isolement et des gestes barrières », écrit la DGS.

      Lire aussi Covid-19 : la France envisage le « traçage rétrospectif », à la recherche des sources de contamination [en date du 20 novembre 2020...]

      Dans le cas des trois variants britannique, sud-africain et brésilien, la recherche de chaînes de transmission est également intensifiée : aussi bien pour identifier celles et ceux que la personne positive aurait pu infecter que ceux qui sont susceptibles de l’avoir contaminée. « Il faudrait que le traçage soit de plus en plus rétrospectif [pour remonter à la source de la transmission], ce qui est difficile lorsqu’il y a 20 000 cas par jour. Or, c’est un enjeu crucial car c’est une des manières de reprendre la main sur l’épidémie », estime Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale (ISG) à l’université de Genève (Suisse).

      « Offre spécifique d’hébergement »

      Les personnes « contacts à risque » d’un porteur du variant sud-africain ou brésilien sont incitées à réaliser un test PCR dès le jour de leur identification afin de démarrer le traçage des contacts complémentaires sans délai. Si le résultat est positif, il donne lieu à une PCR de criblage. En cas de test négatif, la personne se voit rappeler l’importance de respecter un isolement de sept jours depuis le dernier contact à risque et est tenue de réaliser un autre test PCR à J+7, à l’issue de cette période. Parallèlement, tous les cas contacts d’un porteur de variant sont encouragés à prévenir eux-mêmes leurs propres contacts afin que ces derniers puissent renforcer l’application des mesures barrières.

      « Pour les deux variants sud-africain et brésilien, on n’attend pas qu’il y ait une suspicion de cluster, on informe systématiquement les agences régionales de santé. Cela permet de consolider les retours, et de déclencher le cas échéant des tests plus larges autour de potentiels clusters », explique Thomas Fatôme.

      Enfin, le respect de l’isolement des personnes positives est désormais mieux suivi qu’à l’automne. Depuis le 20 janvier, la visite d’un infirmier libéral à domicile leur est proposée pour tester si besoin les personnes partageant leur foyer, et s’assurer que les conditions d’isolement peuvent être respectées. Au 5 février, l’Assurance-maladie dénombrait ainsi entre 15 000 et 20 000 visites effectuées.

      Pour les personnes contaminées par l’un des trois variants, si la visite d’un infirmier n’a pas été programmée lors de la première prise de contact par l’Assurance-maladie, celle-ci le leur repropose à l’occasion d’un deuxième appel. « L’objectif est vraiment que cette visite soit systématique », insiste Thomas Fatôme. En outre, « les personnes concernées dont la situation personnelle laisse présager un fort risque de propagation (personnes vivant en famille, notamment avec des proches à risque, etc.) se voient systématiquement proposer une offre spécifique d’hébergement par les cellules territoriales d’appui à l’isolement », précise la direction générale de la santé.
      Dans le cas des deux variants sud-africain et brésilien, la durée d’isolement a été allongée à dix jours et non plus sept. Sa levée est désormais conditionnée pour les cas confirmés à l’obtention d’un résultat de test (PCR ou antigénique) négatif, et en l’absence de fièvre depuis plus de quarante-huit heures pour les « patients zéro » symptomatiques. En revanche, si le test revient positif, l’isolement est prolongé de sept jours après ce résultat.

  • Covid-19 : le prolétariat dévoilé
    http://www.regards.fr/politique/article/covid-19-le-proletariat-devoile

    En valorisant subitement les travailleurs les plus précarisés, en les exposant plus que les autres au risque sanitaire, la pandémie a provoqué l’implacable retour du réel social et dévoilé la structure de classe de notre société.

    Comme pour toutes les perturbations durables du fonctionnement de l’activité économique et sociale (catastrophes naturelles, crises, guerres, etc.), la pandémie s’est traduite par la visibilisation de l’invisibilisé. Ce que l’idéologie dominante parvient habituellement à masquer s’impose par le simple spectacle du réel. Ce que les médias dominants parviennent classiquement à voiler surgit au premier plan. Le mécanisme de crédibilisation par des « débats écrans » (sur le « communautarisme », le « danger islamisme », les « assistés sociaux parasites », etc.) perd son efficace. Bref, la pandémie fait fonction de révélateur du réel social.


    L’ampleur de la polarisation sociale
    Un premier dévoilement, déjà enclenché avec le mouvement des « Gilets jaunes », a été celui de l’ampleur de la polarisation sociale, que deux images résument : celle des départs vers les résidences secondaires à l’annonce du confinement et celle des travailleurs restés au « front » (caissières, personnels hospitaliers, éboueurs, etc.). Le retour de la faim dans les quartiers populaires a été une autre illustration de cette polarisation qui s’est installée dans la société française du fait des politiques néolibérales de ces quatre dernières décennies.

    Loin du roman d’une société subissant de manière identique un fléau, ce qui est apparu de manière évidente pour une partie majoritaire de notre société est l’inégalité devant le risque de contamination, la vulnérabilité à géométrie variable selon l’appartenance sociale, l’existence de deux pôles sociaux vivant des quotidiennetés matérielles aux antipodes les unes des autres. Le bilan humain de la pandémie sera à cet égard parlant, à la condition qu’il soit établi en prenant en compte les critères du niveau de revenu et du territoire d’habitation. L’exigence d’un tel bilan doit, pour cette raison, être intégrée dans les luttes sociales à venir.

    Sans jamais avoir lu Marx, chacun a pu se rendre compte que l’ « accumulation des richesses à un pôle (…), c’est égale accumulation de pauvreté (…) au pôle opposé » (Le Capital, livre premier). Tous ceux qui ne sont pas entièrement déconnectés des quartiers populaires peuvent constater l’ampleur de la colère sociale qui s’exprime – non pas du fait de la misère et de la précarité (qui étaient antérieures à la pandémie), mais en raison de la conscientisation de la polarisation sociale. Le spectacle médiatique de ceux qui trouvaient des vertus au confinement (par réinvestissement de la sphère familiale, retour sur soi, pratique du sport, de la cuisine ou du jardinage, etc.) et les tentatives idéologiques des grands médias visant à l’« esthétiser » ont encore plus accentué cette conscience d’une société polarisée. Les habitants des HLM surpeuplés et plus largement des logements populaires urbains, pour qui le confinement était invivable, se sont trouvés devant l’image indéniable d’une profonde dualité sociale.

    L’utilité sociale des emplois négligés
    Le second dévoilement, inédit cette fois depuis plusieurs décennies, fut l’inversion de l’ordre de valorisation des différents types d’emploi dans notre société. Contrainte de répondre à l’urgence sur le plan sanitaire et soucieuse de faire fonctionner l’économie pour préserver le plus possible ses profits, la classe dominante ne pouvait pas ne pas modifier son discours de légitimation. Infirmières, éboueurs ou travailleurs de l’industrie furent ainsi pragmatiquement mis à l’honneur. Alors que, depuis le tournant néolibéral de la décennie 80, le sommet de l’échelle de la valorisation sociale s’exprimait par les termes de « gagnant », de « start-uppeur », de « premier de cordée », d’« entrepreneurs », etc., ce furent les emplois habituellement négligés qui démontrèrent par les faits leur utilité sociale, leur caractère économiquement incontournable et vital pour l’ensemble du fonctionnement social. Ce qui se dévoile ainsi, c’est la base matérielle de la structure sociale. Ce qui devient indéniable, c’est l’existence contemporaine d’un « prolétariat » que des décennies de luttes idéologiques ont tenté d’occulter au prétexte des mutations réelles des différentes classes sociales.

    Sans jamais avoir lu Karl Marx, chacun a pu constater l’existence d’un prolétariat, c’est-à-dire d’une « classe des travailleurs salariés modernes qui, ne possédant pas en propre leurs moyens de production, sont réduits à vendre leur force de travail pour vivre » (Friedrich Engels, note du Manifeste du parti communiste, 1888). Les salariés qui ont été contraints de continuer à travailler et à prendre les transports en commun – y compris ceux des secteurs « non vitaux » ou sans que les conditions de protection ne soient réunies – n’avaient pas moins peur que les autres. Ceux qui étaient confinés et espéraient, du fait de la dégradation brusque de leur revenu, une reprise rapide du travail – même avec des protections insuffisantes – n’étaient pas des inconscients et des irresponsables. Ils étaient simplement contraints de « vendre leur force de travail pour vivre ». Seule la réduction idéologique de la notion de « prolétariat » aux travailleurs de l’industrie ou aux travailleurs surexploités avait pu banaliser l’idée d’une disparition du « prolétariat ». L’expérience de la pandémie contribue à déchirer ce voile déformant.

    La visibilisation soudaine de ce prolétariat fait apparaître au grand jour son statut social, c’est-à-dire ses niveaux de revenu et ses conditions de travail. C’est ainsi la dégradation ininterrompue de ce statut depuis le tournant néolibéral – en d’autres termes, l’accélération des processus de précarisation, de paupérisation et de flexibilisation de la condition salariale subalterne – qui surgit sur le devant de la scène. La centration sur les personnels de santé liée à l’urgence sanitaire a mis en exergue qu’aucun secteur n’était épargné par cette dégradation continue. Non seulement le prolétariat s’est imposé comme réalité incontestable, mais la tendance à sa transformation en précariat généralisé également. La réapparition de la faim dans les quartiers populaires situe le pôle extrême de ce précariat constitué par tous ceux contraints au travail informel (celui couramment mal nommé « travail au noir »), à l’intérim ou aux CDD à répétition. Pour eux, la baisse de revenu fut immédiate et sans filet. Pour eux, la pandémie fut synonyme de restrictions alimentaires.

    Les travailleurs pour ce qu’ils sont
    Le troisième dévoilement réalisé par l’épreuve de la pandémie et du confinement fut la mise en évidence du caractère coloré et sexué de ce prolétariat en voie de précarisation généralisée. Tout en étant peu mis en exergue par les commentaires journalistiques, la féminisation des emplois les plus précaires a ainsi été exposée quotidiennement. #Caissières, #aides-soignantes, #infirmières, etc. : ces emplois avaient tendance à être idéologiquement construits comme naturellement « féminins », alors qu’ils ne le sont que par assignation discriminante.

    Le même dévoilement s’est opéré à propos de la « race » visibilisant l’assignation des immigrés et de leurs héritiers français dans ces secteurs brusquement considérés comme absolument vitaux et qui sont, comme pour les « emplois féminins », caractérisés par la précarité, les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail. Alors que ces salariés étaient absents des écrans et des discours, les reportages sur les éboueurs, les chauffeurs ou les ouvriers du bâtiment les ont fait apparaître pour ce qu’ils sont : des travailleurs assignés aux segments les plus surexploités du marché du travail.

    Ceux qui n’apparaissaient médiatiquement que sous des figures stigmatisantes (à l’occasion de reportages sur « la crise des banlieues », sur le « communautarisme », sur « l’islamisme », etc.) ont pour une fois eu un autre visage. Même les sans-papiers ont vu – certes de manière marginale et peu relayée médiatiquement – leur image se transformer par les demandes émanant de grosses exploitations agricoles en faveur d’une autorisation exceptionnelle pour les employer. Ce que rend ainsi visible la pandémie est l’ampleur de la segmentation sexiste et raciste du marché du travail. Le sexe et la « race » apparaissent comme des modes de gestion du rapport de classes.

    Une conscience plus aiguë
    Le quatrième dévoilement porte sur l’autre extrémité de la polarisation sociale, celle de la classe dominante. Les premières mesures économiques du gouvernement ont été prises en sa faveur. Alors que se succédaient les plans d’aide sectoriels, aucune mesure significative d’allégement n’a été prise pour les salariés. Le gel des loyers et des charges n’a jamais été envisagé, alors même que le confinement faisait baisser drastiquement les revenus des plus précaires. Le « plan d’urgence économique » voté le 23 avril prévoit 900 millions d’euros pour les ménages touchant le RSA, 4 milliards pour les primes des personnels soignants et 20 milliards pour la recapitalisation des grandes entreprises publiques. Aucune contrepartie à ces nouvelles aides aux entreprises n’est prévue : ni le gel de la distribution des dividendes, ni la fixation de conditions de maintien de l’emploi. En somme, la logique qui s’exprime reste la logique néolibérale résumée dans la formule « socialisation des pertes et privatisation des bénéfices ». L’État assure bien une fonction de redistribution, mais du bas vers le haut. Un ruissellement à l’envers, en quelque sorte.

    Les quatre dévoilements rapidement décrits ci-dessus dessinent le visage de la société française contemporaine : une société fortement polarisée socialement ; segmentée selon, entre autres, des critères sexistes et racistes ; comprenant un pôle marqué par le précariat absolu ; inscrite dans une tendance au déclassement généralisé ; et gérant les impacts économiques de la pandémie par une redistribution vers le haut. Les classes populaires, tous segments confondus, sortent également de cette expérience douloureuse avec une conscience plus aiguë de ces réalités habituellement déformées par l’idéologie dominante. Plus que jamais, la lutte des classes – dans les formes multiples qu’elle peut prendre – est une réalité prégnante. L’issue de l’étape actuelle de cette lutte, c’est-à-dire celle de la question « Qui paiera l’impact économique de la pandémie ? », sera fonction de notre capacité collective à forger un « nous » incluant les différents segments des classes populaires et prenant comme centralité les plus paupérisés, les plus précaires, les plus discriminés.

    Saïd Bouamama

     #saïd_bouamama à propos des #déplorables #Social #pauvreté #précarisation #médias #ruissellement #Gilets_jaunes #travail #pandémie #invisibles

  • Covid-19 : chez les infirmières, réquisition et découragement - Christian Lehmann
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/09/covid-19-chez-les-infirmieres-requisition-et-decouragement_1801796

    Elle était assise sur la chaise, au milieu du cabinet, tassée sur elle-même. Au-dessus du masque, je voyais à peine ses yeux. La porte du cabinet était ouverte, l’air circulait autour de nous depuis la salle d’attente, et le bruit du train avait un temps couvert ses paroles. Nous étions début juillet, à la sortie de la première vague, et cette infirmière de 27 ans que je connaissais de longue date avait pris rendez-vous une seconde fois après que j’ai décidé de l’arrêter pour un burn-out lié au surmenage pendant la crise du Covid. Elle allait légèrement mieux sous traitement, mais son état ne permettait pas la reprise.

    Elle m’avait raconté son quotidien, ses difficultés, le sentiment de culpabilité persistante : ne pas avoir le temps de s’occuper des patients de son unité de soins intensifs comme elle le désirait, ne pas avoir le temps de s’occuper de son fils, ne pas même oser certains soirs l’embrasser dans son berceau de peur de le contaminer. Elle m’avait parlé des horaires démentiels, des vacances annulées d’office, de la prime qu’on lui avait fait miroiter pour finalement la lui retirer pour quelque obscure raison administrative. Elle m’avait dit l’amour qu’elle avait pour son boulot. J’avais bien perçu son dévouement, et ce que ce dévouement lui avait coûté pendant ces derniers mois. Mais à ma question sur la manière dont elle envisageait l’avenir, sa réponse, en partie couverte par le bruit du train, m’avait pris de court. Je l’ai fait répéter, pour être certain d’avoir compris : « Je vais me renseigner pour passer un CAP fleuriste. » Elle était infirmière depuis quatre ans.

    [...]

    « Et puis le 29 septembre, brutalement, une nouvelle réquisition nous a été annoncée. Alors évidemment, le terme n’a pas été employé aussi clairement par la direction du Centre de formation et de développement des compétences (CFDC) : nous sommes "mo-bi-li-sées". En effet, cette fois-ci, je vais être notée et évaluée sur mes compétences infirmières. J’ai comme un doute, et je ne suis pas la seule, sur les compétences que je vais pouvoir acquérir en passant cinq semaines sur la plateforme Covidom/Covisan à tracer des patients contacts, et à réaliser des tests PCR dans les aéroports. Le ministère a lâché un peu de lest sur nos revendications salariales : 200 euros supplémentaires par semaine (sur une base de 1,08 euro/heure). Mais cela ne règle en rien le problème principal : la qualité de notre formation. On nous utilise comme bouche-trou, parce qu’il manque de bras pour prendre en charge les patients.

    [...]

    L’espérance de vie professionnelle d’une infirmière à l’hôpital était déjà tombée à sept ans. Sept ans seulement avant d’abandonner la blouse. Dans le monde d’après, nous avons réussi cette gageure : décourager les infirmières avant même la fin de leur formation.

    #santé_publique #soignantes #infirmières

  • Le bilan journalier dérisoire de la pandémie en France, qui ne justifie en rien la VIOLENCE de ce gouvernement #EnMarche
    23 Juillet 2020 : Coronavirus : 7 nouveaux décès, près de 1000 nouveaux cas confirmés en 24 heures en France
    https://www.lefigaro.fr/sciences/coronavirus-7-nouveaux-deces-pres-de-1000-nouveaux-cas-confirmes-en-24-heur
    . . . . . . .
    Au cours des dernières 24h, 7 personnes hospitalisées ont perdu la vie des suites d’une infection au coronavirus.

    Selon les chiffres de la Direction générale de la santé (DGS) publiés ce mercredi 22 juillet, 6366 patients sont toujours pris en charge par les services hospitaliers, 455 d’entre eux sont en réanimation.

    « Le virus circule sur l’ensemble du territoire national », indique la DGS, en soulignant le nombre croissant de clusters. Sur les 561 détectés depuis le 9 mai, 212 sont encore en activité et 14 ont été découverts dans la journée.
    . . . . . . .
    #macro_lepenisme #maintien_de_l'ordre macronien #violence #épidémie #pandémie pas #en_vedette #imposture #confinement
    C’est pas à la une des #médias de #france #propagande #journulliste #journullistes #medias #politique #médiacrates #mass_merdias

    • Amputations, défigurations, fracas maxillo-facial ou dentaire, dilacération oculaire ou énucléation, fracas crânien, hémorragies cérébrales…

      Couvrez ces plaies que je ne saurais voir…
      Le 24 janvier 2019, le professeur Laurent Thines, neurochirurgien au CHU de Besançon, après avoir constaté les dégâts occasionnés par les #LBD, informe les pouvoirs publics et lance une pétition.
      https://www.legrandsoir.info/couvrez-ces-plaies-que-je-ne-saurais-voir.html
      Il écrit : « J’ai été particulièrement choqué par les photos prises et les lésions observées chez les personnes blessées lors des mouvements de manifestation. Beaucoup, très jeunes (potentiellement nos enfants), ont été mutilés alors qu’ils ne représentaient aucune menace spécifique ». Et d’ajouter : « amputation de membre, défiguration à vie, fracas maxillo-facial ou dentaire, dilacération oculaire ou énucléation, fracas crânien, hémorragies cérébrales engageant le pronostic vital et entrainant des séquelles neurologiques, autant de mutilations qui produisent de nouveaux cortèges de « Gueules cassées »…Tant de vies ont été ainsi sacrifiées (…)…Pour toutes ces raisons nous, soignants (médecins, chirurgiens, urgentistes, réanimateurs, infirmiers, aides-soignants…) apolitiques et attachés à l’idéal de notre pays, la France, au travers de la déclaration des Droits de l’Homme, de la Femme et du Citoyen, demandons qu’un moratoire soit appliqué sur l’usage des armes sublétales de maintien de l’ordre en vue de bannir leur utilisation lors des manifestations »(1) .

      Première parenthèse : on dit « létal » pour éviter « mortel », « bâton souple de défense » pour ne pas dire « matraque », « lanceur de balles de défense » pour cacher que le lanceur est une arme d’attaque, « forces de l’ordre » pour indiquer que la violence n’est pas imputable aux policiers, « blessures oculaires » pour que le vilain mot « éborgnement » ne soit pas prononcé.

      Seconde parenthèse : la revendication de l’ « apolitisme » des signataires nous ferait tousser comme un contaminé au Covid-19 si l’on ne comprenait pas qu’il signifie « de diverses opinions politiques ».

      Avec Cathy JURADO, Laurent THINES publie à présent un recueil de textes dont ils disent : « né au cœur des ronds-points et des manifestations de Gilets Jaunes, il témoigne de ce combat historique, par le biais d’une évocation poétique sans concession de la répression contre ce mouvement mais aussi de la ferveur et du courage des militants. Les droits d’auteur seront reversés intégralement au Collectif des Mutilés pour l’Exemple ».

      C’est publié par « Le temps des Cerises » , excellent éditeur qui a publié.

      Maxime VIVAS Pour participer à ce geste de solidarité, contactez : poemesjaunes@gmail.com
      Pour en savoir plus, lisez l’article ci-contre https://www.legrandsoir.info/feu-poemes-jaunes.html

      Note (1) La réponse au cours de l’année a été la violence policière répétée contre le personnel soignant, matraqué et gazé. En mars 2020, des policiers se sont rendus, à la nuit tombée, avec des véhicules de service aux gyrophares allumés, devant des hôpitaux pour y applaudir (à distance) le personnel soignant qui est aux premières lignes dans la lutte contre le Coronavirus. Dérisoire initiative d’un corps de métier qui bénéficie, pour « maintenir l’ordre » de masques de protection qui font défaut dans les hôpitaux et qui usa de la matraque si les soignants manifestaient pour en réclamer. Puis, les manifestations ont repris et les brutalités contre le personnel soignant aussi.

      #violence #violences_policières #police #répression #violences #violence_policière #emmanuel_macron #giletsjaunes #resistances #social #mutilations #mutilés #maintien_de_l'ordre #gilets_jaunes #justice #répression #violence #armes_non_létales #flashball #blessures #langage

    • Le Ségur de la honte ! Jean-Michel Toulouse, ancien directeur d’hôpital public - 22 juillet 2020
      https://pardem.org/actualite/1057-le-segur-de-la-honte

      Certes il était illusoire d’espérer que des décisions à la mesure des besoins de l’hôpital, du personnel et des patients seraient prises au Ségur de la Santé. Sauf à croire au miracle ! 


      Mais la réalité dépasse la fiction : trois syndicats se sont déshonorés en signant les « accords » séguro-macroniens. Non seulement les revendications répétées des personnels hospitaliers depuis de très longs mois ont été piétinées mais il ne subsiste aucun espoir que les problèmes de fond qui minent la santé publique soient réglés.


      Mais l’honneur et la lutte n’ont pas disparu. Ils étaient incarnés le 14 juillet entre République et Bastille à Paris et dans de nombreuses villes par les soignants qui manifestaient et par les 15 organisations médicales et non médicales, qui ont refusé d’être complices du Ségur de la honte.

      Ils ont signé : la #CFDT, #FO et l’ #UNSA - les syndicats les moins représentatifs dans de nombreux hôpitaux et chez les médecins. Après 6 semaines de négociation bâclées, voici ce qu’ont accepté ces organisations : 


      – Un « socle » de 7,6 milliards d’euros pour les personnels para-médicaux (infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeutes, etc.) et non médicaux (administratifs, agents des services hos-pitaliers, techniciens divers, etc.) est attribué à 1,5 million d’hospitaliers : une augmentation de salaire versée en deux temps, soit 90 euros au 1er septembre prochain et 93 euros au 1er mars 2021. Au total 183 euros nets mensuels sont octroyés aux agents des hôpitaux et des #EHPAD. Ce qui ne rattrape même pas le blocage du point indiciaire depuis 10 ans ! En effet pour ce rattrapage il aurait fallu 280 euros nets mensuels. Il s’agit donc d’une obole qui montre le mépris du pouvoir pour les salariés, qualifiés de « héros » par Macron ! Il est vrai que la notion de héros est commode : elle dépolitise le problème et, en outre, un héros n’a pas de besoin ! 


      – Une « révision des grilles salariales » - sans autre précision - en avril 2021, et cela ne représentera que 35 euros nets mensuels en moyenne ! Voilà la reconnaissance macronnienne pour celles et ceux qui ont tenu le pays à bout de bras pendant 3 mois et ont limité les dégâts de l’incompétence de ce pouvoir.


      – La « revalorisation » des heures supplémentaires, des primes pour travail de nuit, mais « plus tard » et sans autre précision, ce qui signifie que ce sera indolore pour ce pouvoir !


      – La création de 15 000 postes - sans précision non plus - alors qu’il en faudrait 100 000. De plus, ces postes seront à discuter avec les directions d’établissement, ce qui n’est pas acquis !


      – S’agissant des médecins, le Ségur leur octroie 450 millions d’euros (au lieu de 1 milliard), et 16 « autres mesures » à venir… La principale étant la « revalorisation » de la prime de service exclusif qui passera de 490 euros à 700 euros nets mensuels pour les PHPT (Praticiens hospitaliers plein temps), puis à 1 010 euros en 2021, à condition que ces #PHPT aient 15 ans d’ancienneté...


      – Toujours pour les médecins, révision des grilles salariales mais au rabais (100 millions d’euros), et en 2021, avec la fusion des trois premiers échelons déjà prévue par le plan Buzyn, et en créant 3 échelons supplémentaires en fin de carrière, c’est-à-dire aux calendes grecques !


      – Enfin pour les jeunes médecins et les internes, 124 millions d’euros pour les indemnités aux jeunes praticiens, qui seront portées au niveau du SMIC horaire ! Mais sans revalorisation de leurs grilles indiciaires ! Et cela alors que 30 % des postes sont vacants. Pas de mesure sur les gardes et la permanence des soins. Ce n’est pas avec cela que l’hôpital public sera plus attractif ! On risque même assister à une fuite générale des compétences vers le privé.

      Volet 2 (organisation et investissement) : du pareil au même !
      Monsieur Véran, ministre de la Santé, déclare que ce plan n’est pas fait « pour solde de tout compte ». En effet ! Nous apprenons que ce ne sera pas 15 000 postes qui seront créés mais seulement 7 500 car les 7 500 autres sont déjà inscrits dans le collectif budgétaire prévu dans le plan Buzyn « Ma santé 2022 » ! 


      Ce plan Ségur, animé par Nicole Notat, annoncé par Macron et Castex, proclame que 20 milliards de plus sont alloués aux hôpitaux. Mais en réalité il y en a déjà 13 qui sont sensés contribuer à éponger les dettes des hôpitaux (sur une dette de 30 milliards), ce qui réduit à 6/7 milliards l’ensemble des autres mesures ! 
Notat, qui a remis son rapport sur le volet 2 le 21 juillet, poursuit donc son travail d’enfumage macronien. Ce volet n°2 se limite, en effet, à injecter, sur 4 à 5 ans, 6 à 7 milliards d’euros pour financer les bâtiments, les équipements et le numérique. 6 milliards en 4-5 ans pour l’ensemble de ces mesures alors que l’hôpital est rongé par l’austérité et la réduction de moyens depuis 30 ans ! Sans compter qu’il faudra partager avec le secteur privé « assurant des missions de service public » !

      Considérant l’état des hôpitaux publics, on voit le fossé abyssal qui sépare les besoins réels et cette aumône méprisante ! En guise « d’investissement massif » - comme le promettait Macron - ce ne seront que 2,5 milliards pour les établissements de santé (projets territoriaux de santé, Ville-Hôpital, pour « casser les silos » !), 2,1 milliards pour le médico-social et les EHPAD (rénovation d’un quart des places, équipement en rails de transfert, capteurs de détection de chute, équipements numériques) et 1,5 milliard pour l’investissement dans le numérique et « les nouvelles technologies » . Il est donc évident que ce plan est loin de permettre de « changer de braquet ». Alors que ce sont des milliers de lits qui ont été supprimés depuis 30 ans (quelque 12 000 ces 5 dernières années), le plan Véran-Notat prévoit 4 000 créations mais seulement « à la demande » et « en fonction des besoins » (évalués par qui ?), et pour des motifs de « grippe saisonnière ou d’autres pics d’activité exceptionnels ». En réalité pas un lit ne sera créé pour compenser la destruction systématique de nos hôpitaux. Le COPERMO (Comité interministériel pour la performance et la modernisation de l’offre de soins hospitaliers), véritable instrument de verrouillage de l’investissement dans les hôpitaux publics, sera supprimé et remplacé par un « Conseil national de l’investissement » qui « accompagnera les projets, établira les priorités, répartira les enveloppes uniquement pour ceux qui seront financés sur fonds publics (on ne voit pas comment l’hôpital public serait financé autrement…), ou qui seront supérieurs à 100 millions d’euros » ! Autant dire que seul change le nom du COPERMO mais qu’est conservé l’instrument de verrouillage des investissements hospitaliers ; même si l’intention de le faire cautionner par quelques élus est annoncée comme une mesure formidable !
Ce volet 2 traite de « déconcentration de la gestion des investissements » et envisage de donner plus de pouvoirs aux Délégations départementales des ARS et « aux territoires ». Mais l’on sait que ces Délégations doivent respecter les « plans régionaux de santé » décidés par les ARS... Cette association des élus est donc un leurre !

      Véran annonce que les tarifs de la T2A « vont continuer d’augmenter » les années prochaines, alors que cela fait 10 ans qu’ils baissent… Par ailleurs le ministre propose « de mettre en place une enveloppe qui permettra aux hôpitaux de sortir plus rapidement de ce système » et « d’accélérer la réduction de la part de la T2A... » . Face au caractère fumeux de ces propos il est raisonnable d’être circonspect !

      Parmi « les 33 mesures » annoncées, citons aussi la volonté d’ « encourager les téléconsultations » , de décloisonner l’hôpital, la médecine de ville et le médico-social mais sans mesure concrète, « libérer les établissements des contraintes chronophages » et autres baragouinage sans mesure concrète.


      Le gouvernement veut « une gouvernance plus locale » et une revitalisation des services. Les candidats chefs de service devront présenter un projet : mais c’est déjà le cas ! On ne voit pas très bien le changement… Les pôles sont maintenus, même si les hôpitaux seront libres d’en décider.


      S’agissant des Instituts de formation en soins infirmiers (#IFSI), le gouvernement propose de doubler les formations d’aides-soignantes d’ici 2025 et d’augmenter de 10% celles des #IDE (Infirmières diplômées d’Etat). Ces mesures s’imposaient car l’on sait que la « durée de vie professionnelle » d’une IDE est de 6 ans... Mais au lieu d’augmenter massivement les postes d’IDE et de renforcer les IFSI, le gouvernement « lance une réflexion sur une nouvelle profession intermédiaire entre les IDE et les médecins » … ce qui lui permettra de gagner du temps et ne résoudra pas les manques d’effectifs dans les services !


      S’estimant satisfait d’avoir « remis de l’humain, des moyens et du sens dans notre système de santé » le Ministre conclut en annonçant un autre « Ségur de la santé publique » pour la rentrée et un « comité de suivi » des volets 1 et 2 du Plan Ségur.

      Qui peut se faire encore des illusions après cet enfumage cynique ?
      L’aumône concédée aux soignants, loin de leurs revendications qui préexistaient au Covid-19, ne suffit même pas à corriger le blocage du point d’indice depuis 10 ans alors que des centaines de milliards d’euros sont offerts aux multinationales et au #MEDEF.


      Rien n’est dit sur les ordonnances Juppé de 1995, sur la loi #HPST (hôpital, patients, santé, territoire) de la ministre de la Santé de Sarkozy, Roselyne Bachelot, qui vient de faire un grand retour en qualité de ministre de la culture ! Rien sur les lois Touraine et Buzyn qui ont continué à fermer des lits et détruire des postes !

      Rien sur le matériel, les respirateurs, les médicaments, les postes à créer, les hôpitaux à moderniser ! Rien sur les lits de réanimation dont on a vu la pénurie pendant ces 6 derniers mois ! Rien sur les 30 000 morts dont le pouvoir est responsable, faute de production locale de masques, de gel hydro-alcoolique, de gants, de tenues de protection, de médicaments, alors qu’une autre vague de la Covid-19 menace ! Où est le plan de relocalisation des industries de santé ?

      La signature de cet « accord » par la CFDT, FO et l’UNSA est une infamie ! Et cela alors que ces syndicats savent que Macron-Castex vont remettre sur la table la contre-réforme des retraites ! 


      Ils prétendaient après le volet 1 que les « autres volets » Ségur arrivaient : investissement et financement des hôpitaux, réforme de la #T2A, organisation territoriale, et « gouvernance » de l’hôpital. Pipeau !


      Qui peut se faire encore des illusions après cet enfumage cynique ? 


      Qui peut encore gober les déclarations officielles faisant des soignants des héros alors qu’ils ont été maltraités, le sont et le seront encore après ce Ségur de la honte ?


      Comment l’hôpital public va-t-il s’en sortir alors que la France est en voie de paupérisation et qu’il y aura un million de chômeurs de plus à la fin de l’année ?

      Ce qu’il faut retenir, c’est que 15 organisations n’ont pas signé cet « accord » déshonorant ! Parmi lesquelles la CGT, Sud, l’AMUF, la Confédération des praticiens des Hôpitaux, le Syndicat Jeunes Médecins, l’Union syndicale Action Praticiens des Hôpitaux, le Syndicat des professionnels IDE, etc. Leur manifestation du 14 juillet contre ce « plan » Macron-Castex-Véran-Notat est le début de la réplique contre l’indécent « hommage » de ce pouvoir aux soignants ! Il faut espérer que le mouvement social n’en restera pas là ! Que les citoyens s’en mêleront !

      Un seul objectif s’impose à nous : virer ce pouvoir inféodé aux multinationales, à la finance et à l’Union européenne !

      #Santé #santé_publique #soin #soins #enfumage #baragouinage #ségur #capitalisme #économie #budget #politique #olivier_véran #nicole_notat #agnès_buzyn #jean castex #alain_juppé #roselyne_bachelot #marisol_touraine #paupérisation #médecine #hôpital #inégalités #médecins #médecine #services_publics #conditions_de_travail #infirmières #infirmiers #soignants #soignantes #docteurs #budget #argent #fric #ue #union_européenne

  • #Covid-19 : près de 450.000 #infirmiers contaminés à travers le monde
    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/covid-19-pres-de-450-000-infirmiers-contamines-a-travers-le-monde-20200603

    La #pandémie de Covid-19 a tué plus de 600 infirmiers à travers le monde et près de 450.000 d’entre eux ont été contaminés par le nouveau coronavirus, selon une nouvelle estimation livrée mercredi 3 juin par le Conseil international des #infirmières (CII).

    • What does the COVID-19 crisis mean for #aspiring_migrants who are planning to leave home?

      In late April 2020, I decided to document the experiences of aspiring nurse migrants from the Philippines, where the government had imposed a one-month quarantine in many parts of the country. With two colleagues based in Manila, we recruited interviewees through Facebook, and then spoke to Filipino nurses “stranded” in different provinces within the Philippines – all with pending contracts in the UK, Singapore, Germany, and Saudi Arabia.

      Initially, we thought that our project would help paint a broader picture of how #COVID-19 creates an “unprecedented” form of immobility for health workers (to borrow the language of so many news reports and pundits in the media). True enough, our interviewees’ stories were marked with the loss of time, money, and opportunity.

      Lost time, money, opportunity

      Most striking was the case of Mabel in Cebu City. Mabel began to worry about her impending deployment to the UK when the Philippine government cancelled all domestic trips to Manila, where her international flight was scheduled to depart. Her Manila-based agency tried to rebook her flight to leave from Cebu to the UK. Unfortunately, the agency had taken Mabel’s passport when processing her papers, which is a common practice among migration agencies, and there was no courier service that could deliver it to her in time. Eventually, Mabel’s British employers put her contract on hold because the UK had gone on lockdown as well.

      As nurses grapple with disrupted plans, recruitment agencies offer limited support. Joshua, a nurse from IloIlo, flew to Manila with all his belongings, only to find out that his next flight to Singapore was postponed indefinitely. His agent refunded his placement fee but provided no advice on what to do next. “All they said was, ‘Umuwi ka nalang’ (Just go home),” Joshua recalled. “I told them that I’m already here. I resigned from my job…Don’t tell me to go home.” With 10 other nurses, Joshua asked the agency to appeal for financial assistance from their employer in Singapore. “We signed a contract. Aren’t we their employees already?” They received no response from either party.

      Mabel and Joshua’s futile efforts to get through the closing of both internal and international borders reflects the unique circumstances of the pandemic. However, as we spoke to more interviewees about their interrupted migration journeys, I couldn’t help but wonder: how different is pandemic-related immobility from the other forms of immobility that aspiring nurse migrants have faced in the past?

      Pandemic as just another form of immobility?

      Again, Mabel’s story is illuminating. Even before she applied to the UK, Mabel was no stranger to cancelled opportunities. In 2015, she applied to work as a nurse in Manitoba, Canada. Yet, after passing the necessary exams, Mabel was told that Manitoba’s policies had changed and her work experiences were no longer regarded to be good enough for immigration. Still hoping for a chance to leave, Mabel applied to an employer in Quebec instead, devoting two years to learn French and prepare for the language exam. However, once again, her application was withdrawn because recruiters decided to prioritize nurses with “more experience.”

      One might argue that the barriers to mobility caused by the pandemic is incomparable to the setbacks created by shifting immigration policies. However, in thinking through Mabel’s story and that of our other interviewees, it seems that the emotional distress experienced in both cases are not all that different.

      As migration scholars now reflect more deeply on questions of immobility, it might be useful to consider how the experiences of immobility are differentiated. Immobility is not a single thing. How does a virus alter aspiring migrants’ perception about their inability to leave the country? As noted in a previous blog post from Xiao Ma, the COVID-19 pandemic may bring about new regimes of immobility, different from the immigration regimes that have blocked nurses’ plans in the past. It might also lead to more intense moral judgments on those who do eventually leave.

      April, a nurse bound for Saudi Arabia, recounted a conversation with a neighbor who found out that she was a “stranded” nurse. Instead of commiserating, the neighbor told April, “Dito ka nalang muna. Kailangan ka ng Pilipinas” (Well you should stay here first. Your country needs you). April said she felt a mixture of annoyance and pity. “I feel sorry for Filipino patients. I do want to serve…But I also need to provide for my family.”

      Now, my collaborators and I realized that our ongoing research must also work to differentiate pandemic-related immobility from the barriers that nurse migrants have faced in the past. For our interviewees, the pandemic seems more unpredictable and limits the options they can take. For now, all of our interviewees have been resigned to waiting at home, in the hope of borders opening up once again.

      Immobility among migration scholars

      More broadly, perhaps this is also a time to reflect on our own immobility as scholars whose travels for field work and conferences have been put on hold. Having the university shut down and international activity frozen is truly unprecedented. However, in some ways, many scholars have long experienced other forms of immobility as well.

      While the COVID-19 crisis had forced me to cancel two conferences in the last two months, one of my Manila-based collaborators has never attended an academic event beyond Asia because his applications for tourist visas have always been rejected (twice by the Canadian embassy, once by the US embassy). Another friend, a Filipino PhD student, had to wait two months for approval to conduct research in Lebanon, prompting her to write a “back-up proposal” for her dissertation in case her visa application was declined.

      Browsing through social media, it is interesting for me to observe an increasing number of American and British scholars ruminating on their current “immobility.” Living in this moment of pandemic, I can understand that it is tempting to think of our current constraints as exceptional. However, we also need to pause and consider how immobility is not a new experience for many others.

      #immobilité #Philippines #infirmières #migrations #fermeture_des_frontières #travailleurs_étrangers #futurs_migrants

      @sinehebdo —> nouveau mot

      #aspiring_migrants (qui peut ressembler un peu à #candidats_à_l'émigration qu’on a déjà, mais c’est pas tout à fait cela quand même... #futurs_migrants ?)
      #vocabulaire #mots #terminologie #agences #contrat #travail #coronavirus #stranded #blocage

    • Les chercheurs distinguent les personnes qui asiprent à migrer, c’est-à-dire qui déclare la volonté de partir, des personnes qui ont entamé des démarches effectives pour partir au cours des dernières semaines (demande de visa, envoi de CV, demande d’un crédit bancaire, etc.). Les enquêtes montrent que la différence entre les deux groupes est quantitativement très importante.