• « L’hospitalisation sous contrainte est trop souvent la porte d’entrée dans les soins psychiatriques », Martine Frager-Berlet, administratrice de l’association Les ailes déployées

    En tant que mère d’un fils soigné en #psychiatrie depuis plus de vingt ans et membre active d’associations de familles concernées, le débat suscité par l’accusation de « laxisme » dirigée contre la psychiatrie, faisant suite à des faits divers sanglants, me fait réagir vivement. « La France est le pays qui détient le record des hospitalisations sous contrainte », répondent des responsables, et cette affirmation est malheureusement vraie, ce que l’on devrait plutôt déplorer.
    Les personnes atteintes de maladies psychiques sévères – environ 3 millions en France – ne demandent pas spontanément des #soins, au moins pendant une première période de leur maladie chronique, parfois pendant plusieurs années. Le plus souvent, ce sont leurs proches qui contactent les services de psychiatrie, mais ceux-ci demandent que la personne malade vienne elle-même au centre médico-psychologique (CMP) de son quartier. La plupart du temps, quand elle va mal, elle ne veut pas y aller.

    Il faut donc attendre que la situation, dont les proches s’inquiètent, devienne intenable pour que des services interviennent – non pas les services de psychiatrie mais la #police ou les pompiers s’ils se reconnaissent compétents. Il faut pour cela une mise en danger ou une infraction. A ce moment-là, plusieurs semaines, plusieurs mois, ou même plusieurs années, peuvent s’être écoulés depuis la première alerte. La « crise » devient alors une « urgence », qui seule est considérée par les services de psychiatrie comme justifiant d’imposer au malade une hospitalisation.

    Des interrogations sur les missions de la psychiatrie

    Cette procédure est, de fait, la seule en vigueur en France pour apporter des soins à un malade psychique qui ne reconnaît pas sa maladie. L’hospitalisation sous contrainte est trop souvent la porte d’entrée dans les soins psychiatriques. Quand le patient sort de l’hôpital et retourne vivre dans son logement ou chez ses proches, il n’est pas seul, il a son ordonnance, sur laquelle sont inscrits les médicaments qu’il doit prendre.
    A-t-il compris qu’il est malade, accepte-t-il de se reconnaître comme tel et qu’il doit se soigner pour ne pas rechuter ? Là n’est pas la question selon l’hôpital : il faut libérer son lit et il a rendez-vous au CMP un mois plus tard. Va-t-il y aller ? Pendant combien de temps prendra-t-il son traitement ? Les rechutes sont fréquentes et elles se traduisent par une nouvelle hospitalisation sous contrainte, retour à la « case départ ». Il n’est donc pas étonnant que ce type d’hospitalisation soit très fréquent en France. Cela signifie-t-il que la psychiatrie a assuré ses missions ?

    Le code de la #santé_publique prévoit que les services de psychiatrie doivent assurer « un recours de proximité en soins psychiatriques (…) y compris sous forme d’intervention à domicile (…) Ils mettent à la disposition de la population (…) des services et des équipements de prévention, de diagnostic, de soins, de réadaptation et de réinsertion sociale ». Et « dans chaque territoire de santé, l’agence régionale de santé organise un dispositif de réponse aux urgences psychiatriques ». Or, on l’aura compris, ce n’est clairement pas le cas.

    Une maltraitance institutionnelle

    Les hospitalisations sous contrainte, intervenant lorsque la crise est devenue aiguë, donnent lieu souvent à une mise à l’#isolement et parfois sous #contention (le malade est attaché à son lit) dans des conditions qui sont peu respectueuses de la dignité, ni même des textes applicables.

    La loi du 26 janvier 2016 prévoit en effet que « l’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un #psychiatre, prise pour une durée limitée ». Ces « soins » psychiatriques sont très mal vécus par les patients et ils aggravent le désordre psychique et le rejet des soins : ils constituent, dans les établissements qui les pratiquent encore, une maltraitance institutionnelle.

    Que faire alors ? Intervenir dès que l’alerte est donnée, accompagner l’entourage qui a besoin de comprendre ce qu’il se passe, venir à domicile avant que la personne ne soit en crise aiguë sont des recommandations qui ont fait leur preuve. Après la crise, on le sait, le traitement chimique ne suffit pas, les patients ont aussi besoin dans la durée de #psychothérapies, d’#activités thérapeutiques (incluant le corps), de pédagogie sur leur maladie (#psychoéducation), de contacts avec des malades rétablis (#pair-aidance), de groupes de parole, de projets qui les tirent vers l’envie de se soigner.

    Favoriser l’inclusion dans la société

    Aujourd’hui, ici et là en France, des initiatives sont prises pour des soins psychiatriques de qualité, pourquoi sont-ils le fait de telle équipe motivée et volontaire au lieu d’être généralisés ? On l’oublie trop souvent : l’objectif de la psychiatrie ne se résume pas à empêcher la personne malade de nuire aux autres ou de se nuire à elle-même mais elle doit viser en priorité à favoriser le rétablissement, c’est-à-dire la capacité d’agir de cette personne, afin de favoriser son inclusion dans la société.
    Si des soins sont prodigués dès les premières alertes, un rétablissement durable se produira plus rapidement. Enfin, la « prévention des maladies psychiques » passe par l’information et la déstigmatisation de ces maladies du cerveau qui n’ont rien de plus honteux que les autres.

    Pour conclure, quelques lignes extraites d’un texte écrit par mon fils au sujet de sa première hospitalisation sous contrainte, que je cite avec son autorisation : « Mon droit à la dignité a directement été violé car j’ai été déshabillé de force par deux infirmiers, j’appelle ça une humiliation… Le monde nous laissait en plan, la vie à l’état statique. L’inexistence. Tout sauf du soin et de l’humanité. »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/18/l-hospitalisation-sous-contrainte-est-trop-souvent-la-porte-d-entree-dans-le

    #urgences_psychiatriques #hospitalisations_sous_contrainte

  • [Émissions spéciales] Radio Mouette -> 17h-20h
    https://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/radio-mouette-17h-20h

    Radio Mouette est de nouveau sur les ondes pour une journée spéciale de 13h à 20h !

    Radio Mouette, c’est une radio avec et pour les ainé·es, qui (re)donne une voix et brise la solitude de celles et ceux qui sont le plus isolé·es.

    Les émissions fabriquées avec différents groupes d’ainé·es à Bruxelles en 2023 dans ce grand laboratoire de fabrication médiatique tissent ensemble les prototypes d’une première journée Radio Mouette.

    Découvrez aujourd’hui les dernières émissions !

    17h : En roue libre, une émission consacrée à la mobilité en ville quand on est plus si mobile.

    18h10 : Le concert du soir, un moment suspendu de musique classique.

    18h30 : Recommandations de livres pour tous les goûts dans le Club de Lecture !

    19h20 : Temps de relaxation avec Et mon corps s’apaise.

    19h40 : Lecture du soir, avec un extrait (...)

    #isolement #ainés #isolement,ainés
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/radio-mouette-17h-20h_16964__1.mp3

  • L’accueil, une clinique d’hospitalité

    L’Utopie concrète du soin psychique

    A la suite de l’essai Emancipation de la psychiatrie qui remet en perspective les acquis institutionnels de la psychothérapie institutionnelle et du secteur de psychiatrie publique généraliste, L’accueil, une clinique d’hospitalité, utopie concrète du soin psychique, le reprend à partir de pratiques cliniques d’accueil du soin psychique émancipatrice de la « valeur humaine » en psychiatrie. L’humain, technique alternative en est l’enjeu politique majeur d’accès inconditionnel aux soins psychique dans la société, que ce soit pour les populations autochtones ou pour les réfugiés et exilés migrant de l’humanitaire.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/15/laccueil-une-clinique-dhospitalite

    #santé

  • Face à l’intensification du travail, les jeunes plongent dans un malaise profond : « Je m’enfonçais dans le travail, je n’avais plus de distance »


    PAUL BOUTEILLER

    Tâches absurdes, rythme intense, précarité de l’emploi, absence de seniors pour les guider… les transformations du monde professionnel génèrent de la souffrance chez les jeunes salariés. Le nombre d’arrêts-maladie explose chez les moins de 30 ans.

    Lorsque Robin (certains prénoms ont été modifiés) se rend chez son médecin, courant 2022, il ne pense pas en ressortir avec un #arrêt_de_travail. A seulement 27 ans, cette option ne semble même pas pouvoir traverser l’esprit de ce chef de projet dans une agence de création de sites Web. « J’avais poussé la porte de son cabinet pour avoir des somnifères, dans l’espoir de retrouver le sommeil et de continuer à fonctionner au boulot. » Mais le fait est qu’il ne peut plus continuer, l’alerte alors le professionnel de #santé. Robin a été essoré par le surcroît de travail dans la start-up où il est salarié, qui connaît alors une croissance fulgurante, au point d’avoir vu ses effectifs tripler en quelques mois et son portefeuille clients s’étoffer plus encore.

    Face à la pression mise sur son équipe, très jeune comme lui et peu accompagnée par des seniors, il a développé des symptômes d’anxiété professionnelle de plus en plus invalidants. Sans « les outils adéquats » et surtout « sans le temps nécessaire » pour répondre aux demandes grandissantes de #clients au profil nouveau, il passe ses nuits à se repasser les difficultés éprouvées dans la journée, et se rend le matin au travail la boule au ventre. Avant son arrêt, il se surprend à fondre en larmes à plusieurs reprises après des rendez-vous clients. « Dans le bureau du médecin, j’ai mesuré que la situation avait vraiment dérapé », souffle Robin, qui a dû être arrêté durant un mois.

    Etre contraints de se mettre sur pause dès le début de leur vie professionnelle : de nombreux jeunes diplômés y sont désormais confrontés. La santé au travail se dégrade ces dernières années, et en particulier pour les plus jeunes. Alors que le nombre d’arrêts-maladie atteignait un niveau record en 2022, comme le constataient deux études parues cet été, la progression la plus frappante concerne en effet les moins de 30 ans. Selon l’une d’elles, publiée par le cabinet de conseil WTW en août à propos du secteur privé, le taux d’absentéisme – un indicateur RH qui prend (notamment) en compte les #arrêts-maladie, les #accidents_de_travail, les #absences_injustifiées – dans cette tranche d’âge a augmenté de 32 % en quatre ans, avec un bond important chez les cadres.

    Si aucune de ces études ne détaille les motifs de ces absences, la Sécurité sociale note que les premières causes des arrêts longs prescrits en 2022 relevaient de troubles psychologiques, comme l’anxiété, la dépression ou l’épuisement. Et, en la matière, d’autres enquêtes concordent : les jeunes sont bien touchés de plein fouet par une dégradation. Chez les 18-34 ans, les arrêts liés à la souffrance au travail ont ainsi bondi de 9 %, en 2016, à 19 %, en 2022, selon un baromètre du groupe mutualiste Malakoff Humanis. La consommation de somnifères, d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs par les salariés de moins de 30 ans a également doublé entre 2019 et 2022, précise cette étude.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/10/30/face-a-l-intensification-du-travail-les-jeunes-plongent-dans-un-malaise-prof
    https://archive.ph/yNJPw

    #précaires #présentéisme #management #intensification_du_travail #sous-effectifs #télétravail #concurrence #isolement #travail #précarité_de_l’emploi #emploi #santé_au_travail #violence_économique

    • Soyons clair : grâce à la vaccination, les formes graves sont relativement plus rares, mais le Covid long, ses séquelles à moyen ou long terme, touchent un nombre grandissant de Français au fil des réinfections. Qui d’entre nous ne connaît pas, dans son entourage, au moins une personne dont la santé s’est dégradée après un Covid, et qui ne remonte pas la pente ? Or, même si la question du Covid long est d’autant plus négligée que sa prise en compte réelle nécessiterait de remettre en place des mesures de prévention basiques (tester, tracer, isoler, même a minima…), des études mettent en avant parmi les facteurs de risque… l’absence de repos à la phase aiguë.

      Dès 2021, des chercheurs britanniques étudiant les caractéristiques et l’impact du #Covid_long sur 2 550 patients expliquaient : « Le fait de ne pas se reposer suffisamment au cours des deux premières semaines de maladie, ainsi que d’autres facteurs tel qu’un revenu inférieur, un âge plus jeune et le fait d’être une femme, étaient associés à des symptômes longs de Covid plus graves. » Comme le note Megan Fitzgerald : « Je ne pense pas que ce soit une coïncidence, en particulier aux Etats-Unis, si les femmes en âge de procréer ont été les plus durement touchées par le Covid long. Nous travaillons à l’extérieur de la maison et nous effectuons également énormément de travail non rémunéré à la maison. »

      Trop occupés à glisser #Sars-Cov 2 sous le tapis et à pourchasser les généralistes mettant en péril les comptes de la nation en arrêtant les malades, les politiques qui avaient brillamment accompagné et couvert la destruction du stock de masques avant 2020 en traquant des dépenses injustifiées sont en train de récidiver, en mettant en danger la vie de ceux et celles qui ne sont rien, au nom de la bonne marche de l’#économie. L’histoire dira, trop tard, si c’était, une fois de plus, « une funeste connerie ».

      https://seenthis.net/messages/1016651

      #isolement #arrêt_maladie #repos #RDR #covid

  • Le “#navi_quarantena” sono costate più di 130 milioni di euro in due anni

    Tra l’aprile 2020 e il giugno 2022 almeno 56mila persone sono transitate dalle imbarcazioni messe a disposizione da operatori privati su volere del governo, per una spesa pro-capite di 220 euro al giorno. Dati inediti evidenziano un esborso pubblico molto più elevato di quanto avrebbe richiesto una più dignitosa accoglienza a terra

    Le “navi quarantena” utilizzate per oltre due anni dal governo italiano per l’isolamento preventivo dei richiedenti asilo arrivati sulle coste italiane durante l’emergenza sanitaria sono costate, in totale, quasi 132 milioni di euro: 220 euro a persona al giorno. “Una follia fuori da ogni logica, un simile costo è più di quattro volte quello che si sarebbe speso utilizzando soluzioni residenziali a terra. Un paradosso, considerando che oggi si grida all’emergenza ma si continua a spendere pochissimo per creare un sistema d’accoglienza dignitoso”, spiega Gianfranco Schiavone, presidente del Consorzio italiano solidarietà di Trieste (Ics) e membro dell’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione (Asgi).

    L’86% di quanto speso è andato a Grandi navi veloci Spa, la principale azienda che ha fornito le navi, ma il conto potrebbe essere parziale: dai documenti consultati da Altreconomia non è chiaro se la rendicontazione dei soggetti coinvolti sia già conclusa. Quel che è certo è che vanno aggiunti a questa cifra almeno 420mila euro per i costi sostenuti per la Raffaele Rubattino, proprietà della Compagnia italiana navigazione Spa, per l’accoglienza di 180 profughi tra il 17 aprile e il 5 maggio 2020.

    Ma andiamo con ordine. Nel pieno della pandemia da Covid-19, con il lockdown nazionale proclamato il 9 marzo 2020, un doppio decreto istituisce il sistema delle cosiddette “navi quarantena”: da un lato, il 7 aprile 2020 un decreto interministeriale emanato dai ministeri dell’Interno, della Salute e delle Infrastrutture stabilisce che, per tutta la durata dell’emergenza sanitaria, i porti italiani non potevano essere considerati “luoghi sicuri” per lo sbarco dei migranti; dall’altro cinque giorni dopo, il 12 aprile, la Protezione civile affida al Dipartimento per le libertà civili e l’immigrazione del Ministero dell’Interno la gestione dell’isolamento e della quarantena dei cittadini stranieri soccorsi o arrivati autonomamente via mare. È sulla base di questo decreto che il Viminale, insieme alla Croce rossa italiana, viene autorizzato a utilizzare navi per lo svolgimento della sorveglianza sanitaria “con riferimento alle persone soccorse in mare e per le quali non è possibile indicare il “Place of Safety” (luogo sicuro)”. Quelle, quindi, non sbarcate autonomamente. Comincia così la stagione delle navi quarantena: tra il 17 aprile e il 5 maggio 183 persone vengono “ospitate”, come detto, sulla nave Rubattino seguita dal traghetto Moby Zaza (attivo dal 12 maggio), che può ospitare fino a 250 persone appartenente anche esso alla Compagnia di navigazione italiana. Sarà poi Grandi navi veloci, successivamente, a fornire quasi tutti i servizi.

    Traghetti su cui, in totale, dal 17 aprile 2020 al 7 giugno 2022 secondo i dati forniti ad Altreconomia dall’ufficio del Garante nazionale delle persone private della libertà personale, sono salite in totale 56.007 persone, per una permanenza media nel 2021 e 2022 di 10,7 giorni. Considerando un costo totale di 132 milioni di euro significa quindi più di 2.300 euro a persona e 220 al giorno.

    “Ipotizziamo di aumentare da 30 a 50 euro il costo pro-capite pro-die per l’accoglienza di queste persone in strutture residenziali sul territorio -osserva Schiavone-. Aumentiamo la diaria perché consideriamo l’oggettiva situazione di emergenza sanitaria che alza i costi. Ebbene, anche così facendo e considerando che comunque la spesa totale potrebbe essere al ribasso significa un costo quattro volte più alto. È irragionevole”. Di questi soldi, ricavati da Altreconomia dai giustificativi di pagamento dei servizi effettuati dal Dipartimento per le libertà civili e l’immigrazione, in seno al ministero dell’Interno, come detto 113 milioni sono stati destinati a Grandi navi veloci (tra nave, carburante e personale), quasi sei milioni a Moby Zaza e poco più di 12 alla Croce rossa italiana (Cri) che assisteva le persone trattenute sulle navi. La stessa Croce rossa a gennaio 2022 aveva minacciato di non garantire più il servizio a seguito del ripetuto superamento del periodo massimo di permanenza sulla nave -10 giorni- per almeno mille persone e che, anche per questo motivo, aveva preoccupato tra gli altri l’Asgi che in un dettagliato report aveva pubblicato le sue perplessità sui rischi di un simile sistema.

    “L’accoglienza a terra avrebbe evitato note criticità logistiche, violazioni di alcune procedure e soprattutto, da un punto di vista strettamente economico avrebbe fatto risparmiare il ministero e aiutato, per esempio, albergatori in difficoltà che si sono trovati a dover chiudere le proprie attività. Chi non avrebbe accettato le accoglienze a 50 euro? Di certo, nessuno, ai 220 costati per le navi”. E forse si sarebbero anche evitate le morti di Bilal, ragazzo tunisino di 22 anni che si è suicidato dalla Moby Zaza a maggio 2020; Abou Diakite, 15 anni, nato in Costa d’Avorio e deceduto nell’ospedale di Palermo dopo essere stato trasportato d’urgenza dalla Gnv Allegra; Giorgio Carducci, psicologo volontario di 47 anni stroncato da un arresto cardiaco. E poi Abdallah Said deceduto a settembre 2020 all’ospedale di Catania dopo due settimane di permanenza sulla Gnv Azzurra.

    Abbiamo chiesto a Croce rossa italiana se era già terminata la rendicontazione delle spese effettuate ma non abbiamo ricevuto risposta nel merito. Il periodo di riferimento dei pagamenti effettuati va dall’ottobre 2020 al 24 febbraio 2023. Mancano però le informazioni del primo trimestre del 2021 che hanno una tabella “vuota”: non è chiaro se perché non sono state effettuati pagamenti o per un errore di caricamento.

    Un capitolo chiuso che ha ancora molto da “insegnare” anche per il presente. “Evidenzia come non ci sia nessun tipo di ragionata pianificazione che consenta di trovare delle soluzioni adeguate anche in contesti straordinari, come è indubbiamente stato il Covid-19, ma sulla base di criteri e paletti di ragionevolezza -conclude Schiavone-. Passiamo dalla spesa folle fatta con le navi quarantena al rifiuto attuale di adeguare e prevedere un corrispettivo pro die-pro capite dignitoso per l’accoglienza nei Centri di accoglienza straordinaria (Cas) con la conseguenza che le gare vanno deserte perché le condizioni sono economicamente insostenibili. La stessa amministrazione, certo con tempi diversi e governi, sembra non abbia nessun parametro logico su come operare in emergenza, su cosa e quanto sia ragionevole spendere per conseguire gli obiettivi pubblici. Tutto sembra invece avvenire in modo molto casuale in contrasto con il principio di efficienza che deve guidare l’operato della pubblica amministrazione”.

    https://altreconomia.it/le-navi-quarantena-sono-costate-piu-di-130-milioni-di-euro-in-due-anni
    #budget #coût #asile #migrations #réfugiés #Italie #privatisation #covid #Grandi_navi_veloci #navires #bateaux #Raffaele_Rubattino #Compagnia_italiana_navigazione #lockdown #confinement #isolement #quarantaine #Place_of_Safety #Rubattino #Moby_Zaza #ferry #Croce_rossa_italiana #croce_rossa #hébergement #accueil #GNV

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    voir aussi ce fil de discussion:
    Rights in route. The “#quarantine_ships” between risks and criticisms
    https://seenthis.net/messages/866072

  • Au centre de rétention administrative de Vincennes, des tensions croissantes
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/14/au-centre-de-retention-administrative-de-vincennes-des-tensions-croissantes_

    Au centre de rétention administrative de Vincennes, des tensions croissantes
    Par Julia Pascual
    Publié hier à 19h25, modifié à 08h17
    C’est un ensemble de bâtiments vétustes, bas de plafond, d’où se dégage une ambiance étouffante. A l’intérieur, quelque deux cents étrangers en voie d’expulsion et des policiers en uniforme qui se côtoient dans un huis clos parfois pernicieux. En 2022, près de 2 400 hommes ont été enfermés dans le centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes (Val-de-Marne), le plus important de France métropolitaine. Et depuis plusieurs semaines, l’Association service social familial migrants (Assfam), qui assure une permanence d’accès aux droits dans un bureau de l’établissement, observe une recrudescence des tensions.En 2022, une trentaine de plaintes pour des violences ou injures raciales commises par des policiers ont été transmises à la justice, et toutes classées sans suite, faute de preuves, selon l’Assfam. Depuis le début de l’année 2023, l’association en a déjà recueilli vingt. Sollicité, le parquet de Paris fait, lui, état de dix-sept plaintes.
    Le Monde s’est rendu sur place le 13 juillet, dans le cadre du droit de visite exercé par les députées La France insoumise Danielle Simonnet (Paris) et Ersilia Soudais (Seine-et-Marne). Interrogé, le chef de l’établissement, le commandant de police Jean-Michel Clamens, assure que les tensions tiennent notamment d’« une nouvelle population particulièrement difficile dans le CRA ».
    En cause, l’instruction aux préfets d’août 2022 du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui explique que « la rétention doit être prioritairement destinée aux étrangers en situation irrégulière auteurs de troubles à l’ordre public ». A Paris-Vincennes, environ 20 % des retenus sont ainsi des sortants de prison. « Les règles de vie sont moins strictes qu’en détention et cela favorise les troubles entre eux, croit M. Clamens. Il y a beaucoup de règlements de comptes. » Le commandant souligne également que la durée moyenne de rétention est passée d’une quinzaine de jours en 2019 à plus de 45 jours après août 2022, ce qui aurait des effets délétères.
    « Une très grande majorité des retenus ont des addictions au Tramadol [un antalgique opioïde], au Rivotril, au Lyrica [des antiépileptiques] ou au crack », ajoute une infirmière du CRA. Un « gros consommateur de médicaments », tel aurait notamment été, selon le chef de l’établissement, le profil du retenu égyptien mort dans son sommeil le 26 mai. Sollicité, le parquet de Paris affirme qu’une enquête est en cours pour déterminer si l’origine de la mort est naturelle ou toxique. Mais plusieurs retenus évoquent auprès du Monde des violences commises par des policiers à l’encontre du défunt. La Défenseure des droits s’est à ce titre « saisie d’office » de la situation, « qui ferait suite à des violences de la part de policiers du CRA de Vincennes ainsi qu’à des refus répétés de demandes de prise en charge médicale », précise le Défenseure des droits.
    Sami Hamza, un retenu marocain de 20 ans, présent dans le CRA depuis le 1er mai, a lui-même déposé plusieurs plaintes. Le Monde les a consultées, ainsi que ses auditions auprès de la police, dans lesquelles il évoque cinq épisodes de violences, principalement en chambre d’isolement. Le 2 mai, un policier lui aurait « cogné la tête sur le mur plusieurs fois » et il aurait reçu deux coups de poing avant de perdre connaissance. Un certificat médical du 4 mai atteste d’un hématome sur la joue et la tempe gauche. Le 27 mai, cinq fonctionnaires l’auraient passé à tabac. Un certificat médical fait état, ce jour-là, de « nombreuses ecchymoses » au niveau de la zone thoracique et cervicale. Dans une autre plainte du 12 juin, il rapporte que, le 1er juin, deux policiers l’auraient successivement tabassé, après une altercation verbale. Un autre retenu, Mohamed Zenar, âgé de 31 ans et de nationalité algérienne, présente lui aussi au Monde deux plaintes du 27 avril et du 29 juin. Présent au CRA depuis le 15 avril, il accuse notamment un policier de l’avoir « étranglé » et « plaqué » au mur alors qu’il essayait de ramener son repas depuis le réfectoire dans sa chambre. Amené en salle d’isolement, il dit avoir reçu de nombreux coups de pied sur les jambes, les cotes et le dos. Le policier lui aurait craché au visage et lui aurait dit « nique ta mère », « fils de pute », « je t’encule dans la cellule » et « j’aime pas les Arabes de merde ». Dans sa seconde plainte, il accuse un fonctionnaire de l’avoir traité de « sale Arabe » et de « trou du cul » alors qu’il venait de casser un verre de café. Il aurait en outre été empêché de se rendre au tribunal, où il avait une audience devant le juge des libertés et de la détention.
    Manque de personnel ou d’expérience Interrogé sous couvert de l’anonymat, un fonctionnaire du CRA reconnaît que « la violence, elle est dans les deux sens », insistant sur le manque de personnel pour gérer les retenus. Lui travaille dans la structure depuis plus de deux ans et n’a qu’une hâte : changer d’affectation. « Il y a des collègues qui pètent les plombs. Quand on est jeune, c’est difficile », corrobore un autre policier, anonyme, qui met les mauvais comportements sur le compte d’un manque d’expérience et de formation. « On nous demande de faire un travail de maton », insiste-t-il. Dans un rapport publié le 22 juin, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dénonçait dans les CRA une atmosphère de tension et une ambiance de plus en plus semblable à celle du milieu carcéral. « Il y a des embrouilles parce que les gens restent 90 jours [la durée maximale de rétention] sans être expulsés. Certains deviennent fous », confie un retenu kosovar de 46 ans, Bashkin Bardhi, au CRA depuis plus d’un mois et architecte de formation. « On manque de cigarettes, d’hygiène, de visites, de réponses, de médecins… énumère-t-il. On ne peut même pas fermer la porte des chambres pour mettre en sécurité nos affaires. » Lui dit avoir vu des policiers « prendre par la gorge » des retenus et avoir lui-même été menacé alors qu’il accusait le personnel de lui avoir sciemment remis trop tard une décision de maintien en détention, de sorte qu’il n’a pas pu faire appel. « Un policier m’a dit : “Si j’ai les moyens, je te tue” », assure-t-il.
    Mohamed Chlih, un retenu marocain de 42 ans, en France depuis quatre ans, où il travaille comme technicien de pompe à chaleur, décrit un désœuvrement total : « On se lève, café, cigarette, bagarre, un peu de télé et ça recommence. » Il a vu des policiers « lâcher » parfois. Et il l’explique : « Ils nous voient comme des délinquants, alors que notre faute, c’est qu’on n’a pas de papiers. Si tu veux changer quelque chose, il faut changer le système. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#CRA#sante#santementale#violence#racisme#droit#politiquemigratoire#postcovid#retention#isolement

  • Zahra, morte pour quelques #fraises espagnoles

    Le 1er mai, un bus s’est renversé dans la région de #Huelva, au sud de l’Espagne. À son bord, des ouvrières agricoles marocaines qui se rendaient au travail, dont l’une a perdu la vie. Mediapart est allé à la rencontre des rescapées, qui dénoncent des conditions de travail infernales.
    Aïcha* s’installe péniblement à la table, en jetant un œil derrière le rideau. « Si le patron apprend qu’on a rencontré une journaliste, on sera expulsées et interdites de travailler en Espagne. On a peur qu’un mouchard nous ait suivies, on est sous surveillance permanente. »

    Aïcha sait le risque qu’elle encourt en témoignant, même à visage couvert, sous un prénom d’emprunt. Mais elle y tient, pour honorer Zahra. Foulard assorti à sa djellaba, elle est venue clandestinement au point de rendez-vous avec Farida* et Hanane*, elles aussi décidées à parler de Zahra. « Elle était comme notre sœur. » Deux images les hantent.

    Sur la première, la plus ancienne, Zahra sourit, visage net, rond, plein de vie, lèvres maquillées de rouge, regard foncé au khôl. Sur la seconde, elle gît devant la tôle pliée dans la campagne andalouse, corps flou, cœur à l’arrêt. « Elle avait maigri à force de travailler, on ne la reconnaissait plus. Allah y rahmo [« Que Dieu lui accorde sa miséricorde » – ndlr] », souffle Aïcha en essuyant ses larmes avec son voile.

    Zahra est morte juste avant le lever du soleil, en allant au travail, le 1er mai 2023, le jour de la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs. Elle mangeait un yaourt en apprenant des mots d’espagnol, à côté de Malika* qui écoutait le Coran sur son smartphone, quand, à 6 h 25, le bus qui les transportait sans ceinture de sécurité s’est renversé.

    Elles étaient une trentaine d’ouvrières marocaines, en route pour la « finca », la ferme où elles cueillent sans relâche, à la main, les fraises du géant espagnol Surexport, l’un des premiers producteurs et exportateurs européens, détenu par le fonds d’investissement Alantra. Le chauffeur roulait vite, au-dessus de la limite autorisée, dans un épais brouillard. Il a été blessé légèrement.

    Zahra est morte sur le coup, dans son survêtement de saisonnière, avec son sac banane autour de la taille, au kilomètre 16 de l’autoroute A484, à une cinquantaine de kilomètres de Huelva, en Andalousie, à l’extrême sud de l’Espagne, près de la frontière portugaise. Au cœur d’une des parcelles les plus rentables du « potager de l’Europe » : celle qui produit 90 % de la récolte européenne de fraises, « l’or rouge » que l’on retrouve en hiver sur nos étals, même quand ce n’est pas la saison, au prix d’un désastre environnemental et social.

    Cet « or rouge », qui génère plusieurs centaines de millions d’euros par an, et emploie, d’après l’organisation patronale Freshuelva, 100 000 personnes, représente près de 8 % du PIB de l’Andalousie, l’une des régions les plus pauvres d’Espagne et d’Europe. Et il repose sur une variable d’ajustement : une main-d’œuvre étrangère saisonnière ultraflexible, prise dans un système où les abus et les violations de droits humains sont multiples.

    Corvéable à merci, cette main-d’œuvre « bon marché » n’a cessé de se féminiser au cours des deux dernières décennies, les travailleuses remplaçant les travailleurs sous les serres qui s’étendent à perte de vue, au milieu des bougainvilliers et des pins parasols. Un océan de plastique blanc arrosé de produits toxiques : des pesticides, des fongicides, des insecticides...

    À l’aube des années 2000, elles étaient polonaises, puis roumaines et bulgares. Elles sont aujourd’hui majoritairement marocaines, depuis le premier accord entre l’Espagne, l’ancien colonisateur, et le Maroc, l’ancien colonisé, lorsqu’en 2006 la ville espagnole de Cartaya a signé avec l’Anapec, l’agence pour l’emploi marocaine, une convention bilatérale de « gestion intégrale de l’immigration saisonnière » dans la province de Huelva.

    Une migration circulaire, dans les clous de la politique migratoire sécuritaire de Bruxelles, basée sur une obligation contractuelle, celle de retourner au pays, et sur le genre : l’import à moindre frais et temporairement (de trois à neuf mois) de femmes pour exporter des fraises.

    Le recrutement se fait directement au Maroc, par les organisations patronales espagnoles, avec l’aide des autorités marocaines, des gouverneurs locaux, dans des zones principalement rurales. Ce n’est pas sans rappeler Félix Mora, cet ancien militaire de l’armée française, surnommé « le négrier des Houillères », qui sillonnait dans les années 1960 et 1970 les villages du sud marocain en quête d’hommes réduits à leurs muscles pour trimer dans les mines de la France, l’autre ancienne puissance coloniale.

    Même état d’esprit soixante ans plus tard. L’Espagne recherche en Afrique du Nord une force de travail qui déploie des « mains délicates », des « doigts de fée », comme l’a montré dans ses travaux la géographe Chadia Arab, qui a visibilisé ces « Dames de fraises », clés de rentabilité d’une industrie agro-alimentaire climaticide, abreuvée de subventions européennes.

    Elle recherche des « doigts de fée » très précis. Ceux de femmes entre 25 et 45 ans, pauvres, précaires, analphabètes, mères d’au moins un enfant de moins de 18 ans, idéalement célibataires, divorcées, veuves. Des femmes parmi les plus vulnérables, en position de faiblesse face à d’éventuels abus et violences.

    Zahra avait le profil type. Elle est morte à 40 ans. Loin de ses cinq enfants, âgés de 6 à 21 ans, qu’elle appelait chaque jour. Loin de la maison de fortune, à Essaouira, sur la côte atlantique du Maroc, où après des mois d’absence, elle allait bientôt rentrer, la récolte et le « contratación en origen », le « contrat en origine », touchant à leur fin.

    C’est ce qui la maintenait debout lorsque ses mains saignaient, que le mal de dos la pliait de douleur, lorsque les cris des chefs la pressaient d’être encore plus productive, lorsque le malaise menaçait sous l’effet de la chaleur suffocante des serres.

    L’autocar jusqu’à Tarifa. Puis le ferry jusqu’à Tanger. Puis l’autocar jusqu’au bercail : Zahra allait revenir au pays la valise pleine de cadeaux et avec plusieurs centaines d’euros sur le compte bancaire, de quoi sauver le foyer d’une misère aggravée par l’inflation, nourrir les proches, le premier cercle et au-delà.

    Pour rempiler la saison suivante, être rappelée, ne pas être placée sur « la liste noire », la hantise de toutes, elle a été docile. Elle ne s’est jamais plainte des conditions de travail, des entorses au contrat, à la convention collective.

    Elle l’avait voulu, ce boulot, forte de son expérience dans les oliveraies et les plantations d’arganiers de sa région, même si le vertige et la peur de l’inconnu l’avaient saisie la toute première fois. Il avait fallu convaincre les hommes de la famille de la laisser voyager de l’autre côté de la Méditerranée, elle, une femme seule, mère de cinq enfants, ne sachant ni lire ni écrire, ne parlant pas un mot d’espagnol. Une nécessité économique mais aussi, sans en avoir conscience au départ, une émancipation, par le travail et le salaire, du joug patriarcal, de son mari, dont elle se disait séparée.

    Et un certain statut social : « On nous regarde différemment quand on revient. Moi, je ne suis plus la divorcée au ban de la société, associée à la prostituée. Je suis capable de ramener de l’argent comme les hommes, même beaucoup plus qu’eux », assure fièrement Aïcha.

    Elle est « répétitrice » depuis cinq ans, c’est-à-dire rappelée à chaque campagne agricole. Elle gagne de 1 000 à 3 000 euros selon la durée du contrat, une somme inespérée pour survivre, améliorer le quotidien, acheter une machine à laver, payer une opération médicale, économiser pour un jour, peut-être, accéder à l’impossible : la propriété.

    Cette saison ne sera pas la plus rémunératrice. « Il y a moins de fraises à ramasser », à cause de la sécheresse historique qui frappe l’Espagne, tout particulièrement cette région qui paie les conséquences de décennies d’extraction d’eau pour alimenter la culture intensive de la fraise et d’essor anarchique d’exploitations illégales ou irriguées au moyen de puits illégaux.

    Au point de plonger dans un état critique la réserve naturelle de Doñana, cernée par les serres, l’une des zones humides les plus importantes d’Europe, classée à l’Unesco. Le sujet, explosif, est devenu une polémique européenne et l’un des enjeux des élections locales qui se tiennent dimanche 28 mai en Espagne.

    « S’il n’y a plus d’eau, il n’y aura plus de fraises et on n’aura plus de travail », s’alarme Aïcha. Elle ne se relève pas de la perte de son amie Zahra, seule passagère du bus à avoir rencontré la mort, ce 1er mai si symbolique, jour férié et chômé en Espagne, où l’on a manifesté en appelant à « augmenter les salaires, baisser les prix, partager les bénéfices ». Les autres ouvrières ont été blessées à des degrés divers.

    Trois semaines plus tard, elles accusent le coup, isolées du monde, dans la promiscuité de leur logement à San Juan del Puerto, une ancienne auberge où elles sont hébergées, moyennant une retenue sur leur salaire, par l’entreprise Surexport, qui n’a pas répondu à nos sollicitations. Privées d’intimité, elles se partagent les chambres à plusieurs. La majorité des femmes accidentées est de retour, à l’exception des cas les plus graves, toujours hospitalisés.

    « Ils nous ont donné des béquilles et du paracétamol. Et maintenant, ils nous demandent de revenir travailler alors qu’on en est incapables, qu’on est encore sous le choc. Le médecin mandaté par l’entreprise a dit qu’on allait très bien, alors que certaines ont des fractures et qu’on met des couches à l’une d’entre nous qui n’arrive pas à se lever ! On a eu droit à un seul entretien avec une psychologue », raconte Aïcha en montrant la vidéo d’une camarade qui passe la serpillère appuyée sur une béquille.

    « On a perdu le sommeil », renchérit Hanane. Chaque nuit, elles revivent l’accident. Farida fait défiler « le chaos » sur son téléphone, les couvertures de survie, les cris, les douas (invocations à Allah), le sang. Elle somnolait quand le bus s’est couché. Quand elle a rouvert les yeux, elle était écrasée par plusieurs passagères. Elle s’est vue mourir, étouffée.

    Le trio montre ses blessures, des contusions, des entorses, un bassin luxé, un traumatisme cervical. Elles n’ont rien dit à la famille au Maroc, pour ne pas affoler leurs proches. Elles ne viennent pas du même coin. « Tu rencontres ici tout le pays. » Des filles des montagnes, des campagnes, des villes, de la capitale… Elles ont la trentaine, plusieurs enfants en bas âge restés avec la grand-mère ou les tantes, sont divorcées. Analphabètes, elles ne sont jamais allées à l’école.

    « Ici ou au bled, se désole Hanane en haussant les épaules, on est exploitées, mais il vaut mieux être esclave en Espagne. Au Maroc, je gagnais à l’usine moins de cinq euros par jour, ici, 40 euros par jour. » Elles affirment travailler, certaines journées, au-delà du cadre fixé par la convention collective de Huelva, qui prévoit environ 40 euros brut par jour pour 6 h 30 de travail, avec une journée de repos hebdomadaire. Sans être payées plus.

    Elles affirment aussi avoir droit à moins de trente minutes de pause quotidienne, « mal vivre, mal se nourrir, mal se soigner », du fait d’un système qui les contrôle dans tous les aspects de leur vie et les maintient « comme des prisonnières » à l’écart des centres urbains, distants de plusieurs kilomètres.

    Il faut traverser la région de Huelva en voiture pour mesurer l’ampleur de leur isolement. Le long des routes, des dizaines d’ouvrières marocaines, casquette sur leur voile coloré, seules ou à plusieurs, marchent des heures durant, en sandales ou en bottes de caoutchouc, faute de moyen de transport, pour atteindre une ville, un commerce. Certaines osent l’autostop. D’autres se retournent pour cacher leur visage à chaque passage de véhicule.

    Les hommes sont nombreux aussi. À pied mais surtout à vélo, plus rarement à trottinette. Originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, une grande partie d’entre eux est soumise à l’emploi illégal, qui cohabite avec « le contrat en origine », au rythme des récoltes de fruits et légumes. Dans les champs de fraises, ils sont affectés à l’épandage des pesticides, au démontage des serres, à l’arrachage des plastiques…

    « La liste des abus est interminable, surtout pendant les pics de production, quand il faut récolter, conditionner, encore plus vite », soupire Fatima Ezzohairy Eddriouch, présidente d’Amia, l’association des femmes migrantes en action. Elle vient de débarquer dans le local sombre, escortée de Jaira del Rosario Castillo, l’avocate qui représente la famille « très affectée » de Zahra au Maroc, une spécialiste du droit du travail.

    Aïcha, Hanane et Farida lui tombent dans les bras, heureuses de rencontrer en vrai « Fatima de TikTok », une épaule pour de nombreuses saisonnières qui se refilent son numéro de portable, tant elle ne vit que pour l’amélioration de leur sort, malgré « un climat d’omerta, de terreur ».

    Travail forcé ou non payé, y compris les jours fériés, les dimanches, heures supplémentaires non rémunérées, passeports confisqués par certains patrons, absence de repos, contrôles du rendement avec renvoi vers le Maroc si celui-ci est jugé insuffisant, absence de mesures de sécurité et de protection sur le lieu de travail, tromperie à l’embauche, harcèlement moral, violences sexuelles, racisme, xénophobie, logement indigne, accès aux soins de santé entravé… Fatima Ezzohairy Eddriouch est confrontée au « pire de l’humanité tous les jours ». Avant de nous rejoindre, elle aidait Rahma, qui s’est brisé le cou en cueillant les fraises : « Son employeur veut la licencier et refuse de prendre en charge les soins médicaux. »

    Elle-même a été saisonnière pendant plus de dix ans. Elle en avait 19 quand elle a quitté Moulay Bousselham, au Maroc, et rejoint Huelva. Elle doit sa « survie » à Manuel, un journalier andalou rencontré dans les champs devenu son époux. « Vingt-trois ans d’amour, ça aide à tenir », sourit-elle. Seule ombre au tableau : alors que sa famille a accueilli avec joie leur union, celle de son mari continue de la rejeter. « Le racisme est malheureusement très fort en Espagne. »

    Le 1er mai, Fatima Ezzohairy Eddriouch a été l’une des premières informées de la tragédie. Des travailleuses blessées l’ont sollicitée. Mais elle s’est heurtée aux murs de l’administration, de l’employeur : « Un accident mortel de bus qui transporte des ouvrières agricoles étrangères, le jour de la Fête des travailleurs, c’est une bombe à l’échelle locale et nationale. Heureusement pour le gouvernement et le patronat agricole, elles sont des immigrées légales, pas sans papiers. »

    Devant le logement de San Juan del Puerto, elle a découvert le portail cadenassé, une entrave à la liberté de circuler des ouvrières. Elle l’a dénoncée sur les réseaux sociaux. Et dans la presse, auprès du journaliste indépendant Perico Echevarria notamment, poil à gratter avec sa revue Mar de Onuba, seul média local à déranger un système agroalimentaire et migratoire qui broie des milliers de vies. Surexport a fini par faire sauter le verrou.

    « Elles ont été enfermées, interdites de parler à des associations, à la presse. Ce n’est pas tolérable », s’indigne encore la militante. Son regard s’arrête sur une des photos de Zahra. Celle où elle a basculé de vie à trépas. Elle n’était pas prête. Elle s’effondre. Cette fois, ce sont Aïcha, Hanane et Farida qui l’enlacent en claudiquant. Le corps de Zahra a été rapatrié, enterré dans un cimetière d’Essaouira.

    La presse, d’une rive à l’autre, spécule sur le montant des pensions et des indemnités que pourraient percevoir les proches de la défunte, selon le droit espagnol. « C’est indispensable de rendre justice à cette famille meurtrie à jamais, à défaut de pouvoir rendre la vie à Zahra », dit l’avocate. Aïcha, Hanane et Farida, elles, veulent qu’on retienne son visage souriant à travers l’Europe, en France, au Pays-Bas, en Belgique..., et qu’on l’associe à chaque barquette de fraises marquée « origine : Huelva (Espagne) ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/270523/zahra-morte-pour-quelques-fraises-espagnoles
    #décès #Espagne #agriculture #exploitation #esclavage_moderne #migrations #travail #Maroc #agricultrices #femmes #conditions_de_travail #ouvrières_agricoles #Surexport #industrie_agro-alimentaire #Alantra #saisonniers #saisonnières #Andalousie #or_rouge #abus #féminisation #féminisation_du_travail #convention_bilatérale #Anapec #migration_circulaire #genre #violence #contrat_en_origine #contratación_en_origen #émancipation #sécheresse #eau #isolement #travail_forcé

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    ajouté au fil de discussion sur la cueillette de fraises en Espagne :
    https://seenthis.net/messages/693859

  • "On nous a abandonnés dans le désert à 2h du matin" : le calvaire des migrants refoulés de l’Algérie vers le Niger

    Chaque année, l’Algérie expulse des milliers d’Africains subsahariens vers le Niger, abandonnant les migrants non-nigériens au lieu dit Point-Zéro, qui marque la frontière entre les deux pays en plein Sahara. Le village nigérien d’#Assamaka, à plusieurs heures de #marche au sud, est aujourd’hui débordé par ces vagues de refoulements successives. Reportage.

    Quinze kilomètres de marche dans le Sahara avec un pied cassé. Les efforts pour soulever les béquilles qui s’enfoncent trop profondément lors des franchissements de dune, tandis que les grains de sable s’infiltrent dans les pansements à chaque pas, pendant des heures et des heures. C’est ce qu’ont enduré Alpha Mohamed et Houssain Ba début novembre lorsque ces deux jeunes Guinéens ont été abandonnés au #Point-Zéro, qui marque la frontière entre l’Algérie et le Niger.

    Un lieu inhospitalier avec du sable à perte de vue, où les autorités algériennes ont refoulé des dizaines de milliers d’Africains subsahariens ces dernières années.

    « On nous a abandonnés à Point-Zéro à 2h du matin et nous avons dû marcher avec nos béquilles pendant des heures. Nous ne sommes arrivés à Assamaka qu’à 11h du matin », confie Alpha Mohamed à InfoMigrants.

    Les deux amis de 18 ans sont alors loin d’être seuls. Autour d’eux, plus de 600 Maliens, Guinéens, Ivoiriens, Soudanais, Nigérians et Sénégalais errent hagards, la peau du visage recouverte par la poussière ocre du Sahara, les yeux plissés vers les quelques lumières scintillant à 15 kilomètres un peu plus au sud.

     Une armée de l’ombre composée d’ouvriers, de serveurs, de boulangers - les petites mains qui contribuent à faire tourner l’économie algérienne. Certains ont encore les bottes de chantier qu’ils portaient lorsque les autorités les ont arrêtés sur leur lieu de travail. Tous ont été brutalement arrachés à leur quotidien, alors qu’ils étaient chez eux au réveil, dans un restaurant pendant un repas, lors d’une quelconque sortie en ville, ou au travail.

    C’est le cas de Alpha et Houssain, qui ont été arrêtés sur le chantier d’un immeuble à Oran, où ils travaillaient comme manoeuvres. « Les policiers sont arrivés à 9h du matin et tous les ouvriers noirs se sont aussitôt enfuis. Nous, on a essayé de partir en montant dans les étages mais un policier nous a rattrapés. Il nous a bousculés exprès et nous sommes tombés : c’est comme ça qu’on s’est cassé le pied », se remémore Alpha.

    Après un passage express dans un hôpital oranais, les deux jeunes Guinéens sont déportés vers le centre de refoulement de #Tamanrasset, à 1 900 kilomètres de route au sud d’Alger. Les migrants qui s’y trouvent ont été complètement dépouillés de leurs maigres biens : téléphones portables, argent liquide, passeports, bijoux... Entassés dans des bétaillères, les migrants sont ensuite abandonnés au Point-Zéro. Pour Alger, c’est la fin de l’opération appelée sobrement « #reconduite_à_la_frontière ».

    Pour Alpha et Houssain, c’est juste le début du calvaire. Après des heures de marche dans le sable, balayé sans répit par l’Harmattan - un vent du Sahara en provenance du Nord-Est qui vous glace les os pendant la nuit - les deux jeunes passent à proximité du lieu-dit La Dune. Situé à trois kilomètres au nord d’Assamaka, c’est le premier endroit où certains des migrants les plus fatigués décident de passer la nuit, dans un décor post-apocalyptique. Le soleil levant découpe les silhouettes des carcasses de voitures, des pneus à demi-enterrés, et des vieux bidons de gasoil utilisés pour délimiter les territoires des cabanes des mécaniciens et commerçants de carburants qui peuplent les lieux.

    Les Guinéens ont eux continué directement leur chemin jusqu’au centre d’enregistrement des autorités nigériennes, avant de se présenter au #centre_de_transit de l’Organisation internationale des migrations (#OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

    Des autorités débordées par l’afflux des expulsés

    L’arrivée à Assamaka marque pour les refoulés d’Algérie le début d’une longue attente. La multiplication des vagues d’expulsion conjuguée au ralentissement des #rapatriements a fait gonfler le nombre de migrants sur place à près de 3 000 individus - plus du double de la population initiale d’Assamaka. Alpha et Houssain ont pu s’installer à l’intérieur du camp de transit de l’OIM - dont la capacité maximale est de 1 000 personnes - mais la grande majorité des migrants dort à la belle étoile, s’abritant comme ils peuvent dans des hangars ouverts. Leur patience est mise à rude épreuve.

    « Cela fait deux mois qu’on nous dit qu’on va partir bientôt ! », s’exclame Seyni Diallo, un jeune Sénégalais expulsé après un séjour de six mois en Algérie. « On manque de nourriture et de couvertures, c’est vraiment dur de dormir dehors ici, les nuits sont très fraîches », renchérit Sagma Kaboré, originaire du Burkina Faso.

    La #promiscuité de 3 000 migrants dans ces conditions donne des sueurs froides à plusieurs ONG. « On craint une véritable crise humanitaire à Assamaka si cette situation se prolonge. Une épidémie d’ampleur peut se déclarer très rapidement si une personne a la rougeole, la méningite ou le covid, », affirme Diabry Talaré, coordinatrice de Médecins sans frontières (MSF) à Agadez. L’isolement géographique d’Assamaka renforce les difficultés, à la fois pour la logistique humanitaire et pour la vie quotidienne des migrants qui y sont bloqués.

    Assamaka, un îlot surpeuplé isolé dans le désert

    Assamaka est une bourgade si isolée qu’elle donne l’impression d’un îlot surpeuplé perdu au milieu d’une mer de sable. Les pistes défoncées qui mènent à Arlit puis Agadez pullulent de bandits coupeurs de route. De simples voyageurs sont régulièrement braqués par ces pirates des sables - un 4x4 utilisé comme ambulance a même été intercepté et volé sur la route menant d’Assamaka à Arlit.

     L’#isolement est également marquant sur le plan des télécommunications. La plupart des réseaux téléphoniques nigériens ne fonctionnent pas à Assamaka. Au centre du village, on remarque ainsi quelques échoppes avec de drôles d’antennes improvisées - de longues tiges de bois d’environ six mètres de haut, d’où pendouille une demi-bouteille en plastique contenant un téléphone avec une carte SIM algérienne. C’est le principal moyen de se connecter à Internet.

    Mais pour beaucoup de migrants expulsés d’Algérie sans argent ni téléphone, il est quasiment impossible de contacter leurs proches durant leurs longues semaines d’attente.

    « Certains migrants ont passé deux ou trois mois sans nouvelles de leur famille, c’est une inquiétude permanente qui a un impact sur la santé mentale », explique Mahamadou Toidou, chargé des consultations psychologiques pour MSF à Assamaka. « Il y a des cas comme ce jeune Guinéen, qui a été arrêté dans la rue par les policiers algériens, alors que sa femme enceinte de deux mois et demi était à la maison. Depuis son expulsion il n’a pas pu la contacter, il s’isole dans son coin et pense tout le temps à ça... Il souffre énormément dès qu’il voit une femme avec son enfant », ajoute le psychologue.

    Opérations de « #ratissage » dans le désert

    Le fait que les autorités algériennes procèdent à ces #refoulements sans aucune coordination avec les autorités nigériennes a parfois des conséquences dramatiques. Une trentaine de corps sans vie ont été retrouvés au nord d’Assamaka depuis 2020. Pour éviter que des migrants se perdent et s’épuisent dans le désert, des équipes de l’OIM et de MSF lancent des opérations de ratissage lorsqu’un « #convoi_piéton » est signalé. Des 4x4 s’élancent alors vers le Point-Zéro à la recherche de personnes perdues ou trop fatiguées pour avancer.

    Ils sont rejoints depuis juillet dernier par une équipe d’Alarme Phone Sahara (APS), une organisation humanitaire nigérienne qui dispose d’un tricycle tout-terrain pour aller porter secours aux migrants égarés.

    « Je ne pouvais plus supporter de voir ces pauvres gens dans cette situation », confie Ibrahim François, un membre de l’équipe d’APS qui participe régulièrement aux opérations de ratissage. « Maintenant que les nuits sont froides, les Algériens refoulent toujours les migrants vers 2 ou 3h du matin. C’est fait exprès pour qu’ils se mettent en route pour chercher un abri, et qu’ils ne restent pas sur place », affirme t-il.

    L’éprouvante marche forcée dans le désert vécue par les deux jeunes Guinéens blessés reste marquée au fer rouge dans leur esprit. « On nous a traités comme des animaux en Algérie, on ne veut plus jamais y retourner », affirme Houssain Ba. « Maintenant on veut enfin pouvoir quitter Assamaka et rentrer chez nous. »

    L’expression « convois piétons » au Niger fait référence aux personnes refoulées d’Algérie qui sont non-nigériennes et que les autorités algériennes abandonnent au Point-Zero, à 15 km d’Assamaka. Les migrants nigériens sont refoulés lors de « convois officiels » qui ont fait l’objet d’un accord entre l’Algérie et le Niger en 2014. Les camions des convois officiels sont opérés par le Croissant Rouge algérien, qui transportent directement les expulsés jusqu’à la ville d’Agadez. Pour donner un ordre de grandeur, le « convoi piéton » du 1er novembre comptait 634 individus tandis que le « convoi officiel » du 3 novembre comptait 840 personnes (dont quelques non-Nigériens). Les 3 000 migrants actuellement à Assamaka sont les reliquats des vagues successives de « convois piétons ».

    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Algérie #Niger #Sahara #désert_du_Sahara
    –---

    Ajouté à la métaliste des « #left-to-die in the Sahara desert »
    https://seenthis.net/messages/796051

    via @rhoumour

  • Covid-19 : les scènes d’insurrection se multiplient en Chine contre la politique sanitaire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/15/covid-19-les-scenes-d-insurrection-se-multiplient-en-chine-contre-la-politiq

    Covid-19 : les scènes d’insurrection se multiplient en Chine contre la politique sanitaire
    A Canton (Guangzhou), les autorités ont annoncé lundi une prolongation du confinement mis en place depuis un rebond épidémique en octobre.
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 12h29, mis à jour hier à 12h33
    En Chine, des voix continuent de s’élever contre la politique sanitaire stricte de Pékin. A Canton (Guangzhou), dans le sud du pays, des habitants exaspérés par la politique zéro Covid ont affronté les forces de l’ordre après le prolongement d’un confinement, selon des vidéos mises en ligne lundi 14 novembre et vérifiées par l’AFP.
    Depuis un rebond épidémique en octobre, une partie des 18 millions d’habitants de cette grande métropole font l’objet de restrictions de déplacements. Le district de Haizhu, où habitent environ 1,8 million de personnes, est celui qui concentre la plupart des cas positifs. Lundi, les autorités ont décidé de prolonger jusqu’à mercredi soir un confinement en vigueur dans la majeure partie du district. Des vidéos mises en ligne dans la soirée montrent des centaines d’habitants manifester dans la rue. Certains, en petits groupes, abattent les grandes barrières en plastique qui servent à confiner des immeubles ou des quartiers.
    Sur d’autres images tournées dans le district de Haizhu, des manifestants s’en prennent à des agents en combinaison intégrale de protection blanche. « On ne veut plus de tests ! », scandent-ils, tandis que certains lancent des objets sur les forces de l’ordre. Une autre vidéo montre un homme traverser à la nage la rivière qui sépare Haizhu du district voisin. Des passants laissent entendre que l’individu tente d’échapper au confinement.
    Les manifestations en Chine sont moins fréquentes qu’en Occident et surtout moins médiatisées. Mais les réseaux sociaux font régulièrement l’écho ces derniers mois de scènes d’exaspération de la population face à l’inflexible politique sanitaire des autorités. Cette dernière consiste notamment en des confinements dès l’apparition de quelques cas, des restrictions aux voyages et des tests PCR parfois presque quotidiens.
    Nombre de Chinois se plaignent de ces restrictions inopinées, qui provoquent dans certains cas des pénuries alimentaires et compliquent l’accès aux soins des personnes confinées. Au début du mois, les autorités chinoises ont ainsi présenté leurs excuses après la mort d’un enfant de 3 ans, intoxiqué au monoxyde de carbone. Dans un message publié sur Internet puis effacé, son père accusait les agents chargés de l’application du confinement d’avoir entravé son accès à l’hôpital. En avril, lors du confinement de Shanghaï, des habitants avaient affronté des policiers venus les obliger à céder leurs appartements pour y isoler des personnes positives au coronavirus.

    #Covid-19#migration#migrant#chine#Guangzhou#zerocovid#restrictionsanitaire#isolement#confinement#manifestation#politiquesanitaire#immobilite

  • Même à partir de Hongkong, les voyages d’affaires en Chine restent des parcours du combattant
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/11/14/meme-a-partir-de-hongkong-les-voyages-d-affaires-en-chine-restent-des-parcou

    Même à partir de Hongkong, les voyages d’affaires en Chine restent des parcours du combattant
    La Chine a beau annoncer que ses portes sont « grandes ouvertes », et avoir réduit de 2 jours la quarantaine d’entrée, vendredi 11 novembre, les conditions d’accès au pays restent compliquées voire ubuesques pour ceux, étrangers comme Chinois, qui tentent le voyage.
    « N’oublie pas de prendre draps, oreiller, serviettes de toilette, bouilloire électrique (très important), des réserves (chocolat, thé, snacks…), et du frais pour les premiers jours », avait-on conseillé à Paul H., un homme d’affaires occidental qui n’a pas souhaité être identifié, installé à Hongkong depuis vingt ans. Très familier des voyages en Chine, plutôt dans les meilleurs hôtels internationaux des principales grandes villes, il n’y était pas retourné depuis presque trois ans, et avait été ainsi conseillé par un ami qui en revenait.Car, depuis que « la Chine a rouvert », ceux qui y vont, pleins d’enthousiasme à l’idée de pouvoir « enfin revoir leurs équipes », reviennent un peu sous le choc des parcours d’obstacles que sont devenus les voyages en Chine continentale. L’époque pré-Covid-19 des « sauts de puce », où, à partir de Hongkong, on enchaînait en quarante-huit heures réunions, visites d’usines et soirées avec les clients dans plusieurs villes, est un lointain souvenir. Tout comme les allers-retours Hongkong-Shanghaï, qui pouvaient se faire sur la journée, ou les visites à Shenzhen, qu’un train rapide relie à Hongkong en dix-neuf minutes depuis 2018…
    Dix-neuf minutes de train, c’est rapide, sauf qu’il faut désormais ajouter à ce temps de transport plusieurs semaines d’attente pour gagner à la loterie qui donne le droit de traverser la frontière, et dix jours de quarantaine pour les visiteurs non-résidents… Alec L., qui travaille dans une grande entreprise d’électronique, s’était inscrit sur l’application en ligne prévue pour le tirage au sort des passages à Shenzhen, la ville frontière avec Hongkong. Il a enfin eu son jour de chance fin octobre. Mais, en arrivant à la frontière, il lui manquait le certificat écrit de l’un de ses tests anti-Covid.
    Retour à la case départ. « Je retente ma chance tous les jours. Ma valise est prête depuis deux mois maintenant, car les résultats tombent à 20 heures chaque jour, et l’autorisation peut être donnée pour le lendemain », raconte Alec. Aller en Chine en ce moment requiert donc patience, persévérance et même endurance. Si l’accès par avion, lui, ne requiert pas de loterie, les billets sont très rares. Et, pour Pékin, outre la fourniture des tests « habituels », il fallait aussi, jusqu’aux annonces d’assouplissement de vendredi 11 novembre, se tester dans les sept heures avant le décollage. Ce qui impliquait, pour les vols du matin, de passer la nuit à l’aéroport. Un seul test pré-voyage est désormais requis.
    Mais c’est à l’atterrissage que le périple se corse. Car toute arrivée en Chine – pour les étrangers, les Hongkongais ou les Chinois continentaux – commence par un minimum de sept jours en isolement complet, dans un lieu désigné par les autorités et attribué de manière aléatoire à la descente de l’avion. Au bout de sept jours, les personnes, Chinois ou résidents étrangers, qui ont un logement local attitré peuvent rentrer chez elles pour les trois jours supplémentaires d’isolement, sous réserve d’avoir obtenu l’accord préalable de la copropriété, ce qui est loin d’être automatique. Mais les autres, en voyage d’affaires, voient leur quarantaine prolongée de trois jours. Depuis vendredi, ce modèle 7+3 a été remplacé par « 5+3 », un allègement bienvenu qui ne lève pas pour autant nombre de risques et de désagréments.Après des formalités bien rodées, qui se font essentiellement de manière électronique, et une désinfection scrupuleuse des bagages, tous les passagers sont pris en charge. « On monte dans des bus sans savoir où l’on va, raconte une femme qui travaille dans la finance. On découvre à l’arrivée un immeuble neuf, à peine fini. On vous annonce alors trois tarifs, entre 35 et 60 euros par nuit. Mais les numéros de chambre sont ensuite distribués sans aucune prise en compte du prix payé par chacun. »
    Lors de son récent voyage à Pékin, elle s’est ainsi retrouvée dans un deux-pièces avec vue sur la grande muraille, un surclassement inattendu et bienvenu, deux mois après une première quarantaine à Shanghaï « nettement plus pénible ». Parmi les différents témoignages recueillis par Le Monde, un voyageur à Shanghaï mentionne des réveils répétés à 4 heures du matin par un tambourinage sur sa porte en vue du test quotidien, ainsi qu’une visite soudaine par des personnes en « combinaisons Hazmat intégrales, dont on ne croise même pas le regard », pour des prélèvements sur toutes les parois de la chambre, quelques jours avant la fin du séjour.
    « Maintenant, je conseille à ceux qui partent d’emporter des somnifères, des vitamines et des antidépresseurs », affirme un « revenant » de Chine. Depuis sa chambre de 10 m2, au 18e étage d’un immeuble neuf, également situé dans la grande banlieue de Pékin, Paul H. affirme pour sa part qu’il lui est impossible de faire le moindre exercice, faute d’espace pour bouger. Dans la petite salle d’eau, la douche est au-dessus des toilettes, et la seule serviette mise à disposition est de la taille d’un torchon de cuisine. Il faut débarrasser l’ordinateur de la minuscule table quand arrive le plateau-repas, ou manger sur ses genoux.
    Et cela, pendant dix jours, si tout va bien… Alors que toutes ses valises étaient prêtes, lundi 7 novembre, Paul a eu une mauvaise surprise : un cas potentiel avait été identifié dans une chambre située au-dessus ou en dessous de la sienne, partageant certaines tuyauteries d’eau ou d’air conditionné. Il était donc considéré « cas contact potentiel » et ne pouvait plus sortir. Son séjour n’a finalement été prolongé « que » de deux jours.
    Mais tout le monde n’est pas traité de la même façon, selon son « Guanxi », son réseau de relations. « A l’arrivée de l’avion, une berline est venue me chercher pour m’emmener directement au JW Marriott [un hôtel cinq étoiles] », raconte le patron d’une grande marque, qui reste vague sur la manière dont ce traitement de faveur a pu s’organiser. Les dirigeants dans les secteurs jugés stratégiques (électronique, alimentaire…) font normalement partie des nantis à qui les plus gros désagréments sont épargnés.
    Mais même une fois sur le terrain, le stress continue. « A tout moment, on peut être identifié cas contact, et là, on ne maîtrise plus », raconte un homme d’affaires. Lui-même a reçu un appel pendant une réunion, lui indiquant qu’il avait « sans doute croisé un cas contact dans le lobby de son hôtel ». « Par chance, je filais vers une autre province. Mais en arrivant à l’étape suivante, j’ai été contacté par les autorités locales, qui étaient déjà au courant… Quand on sent que l’étau se resserre, le mieux est de quitter la Chine au plus vite », conclut-il.

    #Covid-19#migrant#migration#hongkong#chine#sante#circulation#frontiere#zerocovid#depistage#cascontact#confinement#isolement#stress#santementale

  • La #peur de l’isolement de la #recherche_suisse

    Des chercheurs s’en vont, des professeurs hésitent à travailler dans les universités suisses, des étudiants suisses subissent des préjudices : le secteur suisse de la recherche vit une époque difficile. La raison ? Le flou qui règne dans les relations entre la Suisse et l’UE. Dans la recherche européenne, la Suisse est devenue un « #pays_tiers » sans privilèges.

    « Nous sommes un petit pays, qui s’est toujours appuyé sur le recrutement de chercheurs étrangers », indique Michael Hengartner, président du Conseil des EPF. C’est pourquoi, dit-il, toutes les hautes écoles suisses baignent dans une atmosphère internationale, qui est favorable à l’intégration des personnes venues de l’étranger.
    Un écosystème pour la recherche de pointe

    Le savoir et la formation font partie des principales ressources de la Suisse. Cela se reflète dans un système de formation performant, une infrastructure de premier ordre et des hautes écoles qui arrivent régulièrement en tête des classements internationaux. Michael Hengartner parle d’un véritable « écosystème », qui stimule la recherche de pointe et dispose d’un système de financement solide, flexible et concurrentiel à la fois. « Naturellement, nous sommes également en mesure d’offrir de très bonnes conditions de travail », complète Martin Vetterli, président de l’EPFL. Ainsi, la densité de scientifiques renommés en Suisse est bien supérieure à la moyenne, ce qui permet d’attirer des jeunes talents dans notre pays, note Martin Vetterli. Ou devrait-on plutôt dire « permettait » ?

    La Suisse perd l’accès à la « ligue des champions »

    L’abandon des négociations avec l’UE sur un accord-cadre est lourd de conséquences pour la recherche. Dans son programme-cadre de recherche, l’UE a dégradé la Suisse au rang de « pays tiers non associé ». Dans le cadre d’Horizon Europe, la Suisse perd ainsi la position qu’elle occupait et l’influence qu’elle avait jusqu’ici. Or, Horizon Europe est le plus grand programme au monde pour la recherche et l’innovation, avec un budget de près de 100 milliards d’euros pour une période de sept ans (2021-2027). Sa dotation financière a encore nettement augmenté par comparaison aux 79 milliards d’euros du programme précédent, Horizon 2020, au sein duquel la Suisse était encore partenaire associée.

    Certes, la Suisse n’est pas totalement exclue de la collaboration avec son principal partenaire de recherche. Toutefois, les chercheurs suisses ne peuvent plus diriger de grands projets de coopération et ne reçoivent plus de subventions du Conseil européen de la recherche (ERC). Michael Hengartner décrit ces bourses de l’ERC comme la « ligue des champions de la recherche ». Le président de l’EPFL, Martin Vetterli, les connaît bien : « Sans la subvention de l’ERC, qui s’élevait à près de deux millions d’euros sur cinq ans, je n’aurais pas pu mener aussi loin que je l’ai fait ma recherche sur le traitement numérique des signaux ». Yves Flückiger, président des universités suisses (swissuniversities), ajoute que les chercheurs suisses sont entièrement exclus de plusieurs domaines de recherche importants. Il mentionne l’initiative phare sur les technologies quantiques, qui a une importance stratégique pour le développement de la numérisation, la construction du réacteur à fusion nucléaire international ITER, un projet que la Suisse copilotait depuis 2007, et le programme pour une Europe numérique (Digital Europe), axé sur le calcul de haute performance, l’intelligence artificielle et la cybersécurité.

    L’érosion a déjà commencé

    D’après Martin Vetterli, la Suisse faisait jusqu’ici partie des pays associés les plus actifs de la recherche européenne, essentiellement dans les domaines de la santé, de l’environnement, du climat et de la technologie quantique. Depuis plus d’un an, elle est mise hors jeu malgré les efforts financiers de la Confédération, qui est intervenue par un financement transitoire s’élevant à 1,2 milliard de francs. Martin Vetterli relate l’histoire de start-up qui ont été créées sur le campus de l’EPFL et qui ouvrent à présent des bureaux en Europe pour s’assurer qu’elles pourront continuer d’attirer des talents et de profiter des fonds européens. Yves Flückiger connaît de premiers chercheurs qui ont quitté la Suisse pour la France, l’Autriche et la Belgique avec leurs bourses de l’ERC. Et Michael Hengartner constate que les candidats aux postes de professeurs dans les deux EPF posent désormais tous la même question : la Suisse a-t-elle des chances de se voir réassociée bientôt aux programmes de l’UE ?

    Il y va de la prospérité de la Suisse

    Travailler dans son coin ? Dans le monde de la recherche, c’est impensable. Tout comme dans celui de l’innovation : en réaction à la non association de la Suisse, la célèbre entreprise genevoise ID Quantique (voir en bas) a ouvert une filiale à Vienne pour conserver son accès à Horizon Europe. Yves Flückiger note que la centaine d’emplois qui auraient été créés en Suisse se trouvent à présent à Vienne. Pour la Suisse, l’enjeu d’Horizon Europe n’est pas seulement la recherche et les chercheurs, qui craignent pour leurs positions de pointe. C’est aussi les étudiants et les professeurs, qui hésitent désormais à venir en Suisse. Horizon Europe permet également le transfert de technologies, qui débouche sur la fondation de start-up et de PME et sur la création d’emplois dans la recherche et les entreprises. En dernier ressort – les représentants des hautes écoles sont unanimes à ce sujet –, Horizon Europe est crucial pour la place économique et la prospérité de la Suisse.

    Yves Flückiger juge que le Conseil fédéral ne devrait pas se concentrer maintenant sur de nouveaux partenariats de recherche hors de l’UE : la compétition, en matière de recherche, se joue entre l’UE, les États-Unis et la Chine. Par conséquent, la non-association de la Suisse reste selon lui le véritable problème.

    Interrogée sur cette question, la délégation européenne déclare que les chercheurs suisses ont toujours été des partenaires bienvenus et appréciés dans les programmes de recherche de l’UE. Et qu’ils le restent : « Les chercheurs suisses sont autorisés à participer aux projets d’Horizon Europe aux conditions qui s’appliquent aux États tiers non associés. Pour une association à part entière, incluant notamment le droit de bénéficier de fonds européens, le règlement de l’UE exige que les États tiers concluent un accord-cadre qui fixe les conditions et les modalités de l’association. Les prochaines évolutions concernant cette question doivent être considérées dans le contexte des relations globales entre l’UE et la Suisse. »

    L’UE presse donc la Suisse de clarifier ses relations avec ses voisins européens. Jusque-là, elle ne voit aucune raison d’accorder des privilèges à la recherche suisse. Et ni les efforts de la diplomatie, ni l’appel lancé par les chercheurs n’ont jusqu’ici rien changé à cela. Le président du Conseil des EPF, Michael Hengartner, souligne que cette situation n’est pas seulement défavorable pour les chercheurs suisses, mais aussi pour la recherche européenne elle-même : « Tout le monde est incontestablement perdant. »

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/la-peur-de-lisolement-de-la-recherche-suisse

    #recherche #suisse #isolement #université #EU #UE #Union_européenne

  • « En France, en 2022, des enfants et adolescents meurent de souffrance psychique par manque de soins et de prise en compte sociétale »

    Le délitement des structures de soins empêche les soignants d’exercer leur fonction de dernier rempart contre les tentations suicidaires des jeunes, dont la hausse massive est attestée, alertent les pédopsychiatres Marion Robin et Pablo Votadoro, dans une tribune au « Monde » cosignée par plus de 700 professionnels du soin aux enfants et adolescents.

    Face à l’expansion massive des gestes suicidaires chez les adolescents et préadolescents, entre 2019 et 2021, attestée par Santé publique France (Analyse des indicateurs surveillés en continu, 7 février 2022), les services de pédiatrie et de pédopsychiatrie sont débordés. En France, en 2022, des enfants et adolescents, particulièrement des très jeunes filles, meurent de souffrance psychique par manque de soins et de prise en compte sociétale.

    Le silence qui a suivi l’objectivation de ce problème sanitaire majeur en dit long sur l’indifférence mêlée d’impuissance d’une société consciente d’exposer sa jeunesse au désespoir. L’impact du Covid est une explication souvent avancée de manière un peu simpliste. Mais la psychiatrie, lieu d’accueil des souffrances psychiques, offre un point de vue plus étendu.

    Pour nous qui soignons des adolescents, des causes complexes et cumulées étaient déjà identifiables avant la pandémie. Les tentatives de suicide des jeunes augmentaient déjà en France, et le taux de suicide dans la population générale était au-dessus de la plupart des pays européens (Santé publique France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 05/02/19http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/3-4/index.html).

    Les conséquences du Covid-19

    Multifactorielles, ces causes de la souffrance psychologique des jeunes se révèlent au cours des soins, tant au niveau individuel que familial et sociétal. Les restrictions liées au Covid ont entravé le besoin impérieux d’exploration extra-familiale des adolescents. Les symptômes liés à la peur et au contrôle (phobies, anorexie, somatisations…) ont particulièrement augmenté au cours de cette période de repli sur soi.

    La gestion du Covid a renforcé ainsi une trajectoire sociétale déjà bien engagée dans le sens de la réduction des occasions de rencontre avec un être humain , sous l’effet des algorithmes et de l’informatisation de masse des services à la personne, qui s’étendent aujourd’hui jusqu’aux soins.

    Or la faiblesse du tissu social (soutien familial et intégration sociale) est un facteur pronostique majeur dans les problématiques suicidaires. Sa fragilité en France ainsi que le sentiment d’isolement des jeunes étaient déjà bien identifiés dans les analyses sociologiques du suicide, notamment en comparaison avec les pays du sud de l’Europe, comme le montre l’étude « Les solitudes en France 2020 » de la Fondation de France. https://www.fondationdefrance.org/images/pdf/credoc_edition_2020_du_barometre_des_solitudes_vf_004_compressed.

    Les besoins fondamentaux autres que matériels

    Depuis 2010, les relations virtuelles ont pris le pas sur les relations sociales incarnées physiquement. Depuis 2020, parallèlement au renforcement de ces distanciations, les adolescents ont montré une nette recrudescence de symptômes de « déréalisation », signes de débordement d’un moi submergé par le stress jusqu’à ne plus habiter son corps ni le réel.

    Ce sont des symptômes graves, mais qui peuvent cesser grâce à des paroles, des soins corporels, des relations en présence, des actions partagées : autant de réponses qui peuvent aussi être développées à l’extérieur du champ médical. La nature de la souffrance des adolescents et la rythmicité de leurs symptômes, liée au calendrier scolaire, révèlent une pression scolaire majeure, ajoutée à des cas fréquents de harcèlement dans ce cadre.

    Leur sentiment de ne pas être à la hauteur montre la difficulté à composer avec un système compétitif, où la rencontre et la coopération n’ont pas assez de place et où l’exigence à se conformer s’emballe aux dépens de l’épanouissement. Aussi, la plupart des jeunes hospitalisés font face à une difficulté réelle de l’environnement à prendre en compte leurs besoins fondamentaux autres que matériels : besoins de temps partagé, d’attention, de soins affectifs, de règles et de soutien.

    Insuffisance du tissu social et du soutien associatif

    Cela vient s’ajouter à des actes ou abus qui nuisent à leur santé, comme en témoigne l’importance des cas de violences sexuelles (viols ou attouchements), qui concernent environ un quart des 13-18 ans hospitalisés en psychiatrie (selon les données de l’Institut mutualiste Montsouris), et dont les moyens de prévention et de prise en charge manquent cruellement. A défaut, ces situations sont aujourd’hui très médicalisées.

    Au niveau familial, le déploiement de la parentalité est altéré par le stress professionnel et personnel, renforcé par l’insuffisance du tissu social et du soutien associatif. Cela empêche l’accomplissement collectif de l’éducation d’un enfant, qui repose dès lors sur des adultes isolés et insuffisamment étayés : or ne faut-il pas « tout un village pour élever un enfant » ?

    L’omniprésence de l’angoisse de mort en période de pandémie a révélé l’importance fondamentale d’un projet social collectif du côté du vivant et de la prise de risque qui lui est inhérente, au-delà de la survie physique. En période d’adversité, comme dans la vie en général, la souffrance psychique générée par une situation est bien plus liée à l’impossibilité de faire advenir un sens (des valeurs et des objectifs partagés) que par la situation elle-même, sans quoi n’importe quelle réalité difficile peut devenir traumatique.

    Le délitement des structures de soins

    Les jeunes sont très lucides sur les enjeux climatiques et la protection du vivant, et l’inaction collective les laisse seuls en première ligne face à un avenir inquiétant. L’immobilisme et le déni créent une dissociation entre la perception d’une menace importante et le défaut de protection des adultes. A cela vient s’ajouter le dénigrement des actions menées par certains jeunes.

    Or l’implication dans l’action citoyenne est l’un des meilleurs garants de l’intégration sociale, et de la lutte contre l’angoisse et l’impuissance. Pour la société, la jeunesse représente la richesse d’un œil neuf, l’impulsion dans l’action et la créativité, ce qui constitue la principale potentialité transformatrice, à condition qu’elle ait le champ nécessaire pour exercer son rôle.

    Le délitement des structures de soins empêche aujourd’hui les soignants d’exercer leur fonction de dernier rempart contre le suicide. Ce rempart nécessite d’être accueillant, rassurant et présent, dans la durée et la continuité du lien, de bénéficier de temps et de disponibilité. Ces actes désespérés ne concernent pas uniquement la psychiatrie mais la société entière. A elle d’entendre ce message et d’y répondre par une nécessaire remise en question, par l’engagement au service du lien humain et du respect du vivant.

    Les signataires de cette tribune sont Marion Robin, pédopsychiatre, Paris ; Pablo Votadoro, pédopsychiatre, Paris, ainsi que plus de 700 cosignataires, professionnels du soin aux enfants et adolescents, dont la liste complète est accessible en cliquant sur ce lien. https://tribuneprotectado.wixsite.com/monsite

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/08/en-france-en-2022-des-enfants-et-adolescents-meurent-de-souffrance-psychique

    #soin #isolement #pression_scolaire #psychiatrie #enfance #suicide #souffrance_psychique

  • Covid-19 : des milliers d’habitants de Pékin placés de force en quarantaine
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/21/covid-19-des-milliers-d-habitants-de-pekin-places-de-force-en-quarantaine_61

    Covid-19 : des milliers d’habitants de Pékin placés de force en quarantaine
    La capitale est confrontée à sa plus forte flambée de contaminations depuis le début de la pandémie. Le variant Omicron a infecté plus de 1 300 personnes depuis la fin d’avril, entraînant la fermeture indéfinie des restaurants, des écoles et des sites touristiques. Sur les réseaux sociaux chinois, certains évoquent des scènes d’évacuation rappelant la guerre. Des milliers d’habitants de Pékin – 21 millions d’habitants – ont été envoyés de force en quarantaine dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 mai, après la découverte de 26 cas de Covid-19 dans leur résidence, selon des images et un avis officiel largement partagés sur les réseaux sociaux. Plus de 13 000 habitants du complexe résidentiel Nanxinyuan, dans le sud-est de la capitale, bien que testés négatifs au virus, ont été transportés dans la nuit vers des hôtels d’isolement et menacés de représailles s’ils résistaient.
    « Les experts ont décidé que tous les résidents de Nanxinyuan seront soumis à une quarantaine à partir de minuit le 21 mai pour sept jours », peut-on lire dans une annonce des autorités sanitaires du district de Chaoyang. « Veuillez coopérer, sinon vous subirez les conséquences légales », ont-elles ajouté. Des photos sur les sociaux montrent des centaines de personnes faisant la queue avec leurs bagages dans l’obscurité pour monter dans des autocars devant la résidence. « Certains d’entre nous ont été enfermés pendant vingt-huit jours depuis le 23 avril, et nous avons tous été testés négatifs depuis », s’est plaint un résident sur Weibo. « Beaucoup de mes voisins sont âgés ou ont de jeunes enfants. » Les habitants ont été priés d’emballer leurs vêtements et leurs biens essentiels, et informés que leurs logements allaient être désinfectés, selon des discussions sur Weibo.
    Pékin est confrontée à sa plus forte flambée de contaminations depuis le début de la pandémie. Le variant Omicron a infecté plus de 1 300 personnes depuis la fin d’avril, entraînant la fermeture indéfinie des restaurants, des écoles et des sites touristiques. La Chine mène une politique draconienne de « zéro Covid » : fermeture des frontières, tests massifs, confinements de villes entières et quarantaines forcées pour les cas contact. Le mois dernier, des milliers de résidents de Shanghaï avaient été envoyés dans des centres de quarantaine improvisés à des centaines de kilomètres de là, alors que la métropole de 25 millions d’habitants combattait une flambée épidémique. Sur Weibo, des internautes exprimaient samedi leur inquiétude de voir Pékin adopter une approche similaire à celle de Shanghaï, où les habitants subissent un confinement parfois chaotique, qui a privé de nombreuses personnes d’un accès adéquat à la nourriture et aux soins.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#pekin#sante#zerocovid#isolement#quarantaine#cascontact#resident#frontiere#deplacementforce#tourisme

  • « La mixité ? Nécessaire. Pas toujours possible »

    Faut-il séparer les élèves par niveaux ou les réunir dans des #classes hétérogènes ? Alors que Genève votera sur CO22, qui privilégie la seconde option, que dit la recherche ?

    Vaut-il mieux des #systèmes_scolaires séparant les élèves en filières ou les regroupant dans des classes hétérogènes ? Alors que Genève décidera le 15 mai s’il veut en finir ou non avec les sections et regroupements au Cycle d’orientation, que dit la recherche ?

    L’association Changeons l’école (CLÉ) a justement voulu donner des clés de compréhension pour éclairer le débat sur CO22 en invitant quatre universitaires autour d’une table ronde. Son président, Stéphane Garcia, doyen dans un collège, précise que, sur CO22, CLÉ, fondée il y a six mois par des gens travaillant ou ayant travaillé au DIP, ne prend pas position, bien qu’on trouve dans son comité le député vert’libéral et référendaire Jean-Michel Bugnion.

    Sociologue à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Barbara Fouquet-Chauprade affirme que, globalement, les #filières sont « les systèmes les moins efficaces et les plus inégalitaires ». Membre du Groupe genevois d’analyse des politiques éducatives, elle complète : « Plus l’orientation est retardée, mieux c’est pour limiter les inégalités. » Son collègue, Georges Felouzis, insiste sur le fait que la sélection précoce « laisse peu de place à la notion de seconde chance. La séparation a le défaut de pétrifier les statuts scolaires à la fin de l’école primaire. »

    Le pédagogue Olivier Maulini, qui dirige le Laboratoire innovation, formation, éducation (Life), rattaché à la même faculté, complète : « Des effectifs réduits pour mieux prendre en compte les difficultés d’une partie des élèves sont une mauvaise bonne idée, car on isole de plus en plus ces élèves, on individualise de plus en plus leur prise en charge en les privant des ressources du groupe qui peut stimuler les apprentissages. Résultat, on ne fait alors qu’empiler les dispositifs pour toujours plus individualiser, voire médicaliser l’encadrement des élèves en difficulté. » Dans une classe mixte, quand l’enseignant·e s’adresse plus particulièrement à un groupe d’élèves, les autres doivent apprendre à se taire, et donc le respect d’autrui, ajoute-t-il. « En réalité, les enseignants enseignent toujours pour toute la classe. »

    Lui aussi, au vu des comparaisons internationales, affirme que la recherche a prouvé la supériorité des systèmes hétérogènes, par exemple en Scandinavie ou en Asie. Dans une synthèse qu’il nous a fait parvenir, il note que « l’enseignement par niveaux est contesté dans (presque) toutes les sociétés : l’Allemagne tente de réduire le nombre de ses filières depuis que les comparaisons internationales l’ont mal classée ; la Pologne a unifié les siennes et nettement progressé ; la Corée du Sud a voulu à l’inverse avancer l’heure de la sélection, mais les experts l’en ont dissuadée. » Au micro, il explique : « Les effets de la concentration des difficultés sont l’étiquetage et la stigmatisation de ces élèves, un autodénigrement et un effet d’attente du corps enseignant, qui va adapter à la baisse ses exigences. »
    « Et l’excellence ? »

    Et plus les paliers d’orientation sont nombreux, plus les discriminations se durcissent : les parents des classes populaires ont tendance à auto-éliminer leurs enfants des filières les meilleures, explique le spécialiste. « Les enseignants ne font pas cette erreur pour leurs propres enfants et vont plutôt demander des dérogations. »

    Dans sa synthèse, M. Maulini précise encore que les classements et déclassements précoces peuvent susciter des sentiments de révolte, d’injustice, de résignation, et que ces choix ardus reposent essentiellement sur les jeunes les moins bien formé·es, qui vivent une double peine.

    Raison pour laquelle un système hétérogène profite en particulier aux élèves défavorisé·es. Ces gains sont largement supérieurs aux effets négatifs marginaux vécus par leurs camarades les mieux noté·es. Et l’excellence ? demande un enseignant dans le public. « Il est important pour tout pays de former une élite scolaire, mais là où on observe des politiques de mixité, on constate aussi que l’école est performante en termes d’excellence », répond M. Felouzis.

    Puis il prend l’exemple de la France, où le collège unique cache une ségrégation de fait en fonction des emplacements géographiques des établissements. « Les inégalités scolaires y sont très fortes, tandis que l’élite est formée dans les grandes écoles. Abandonner les filières n’aboutit pas à avoir un enseignement moyen, mais à ce que l’obtention des diplômes et la formation des élites ne dépendent pas de l’origine sociale ou migratoire. »

    Olivier Maulini affirme encore que « le passage mécanique des filières à des classes hétérogènes apporte une amélioration. Mais la plus-value augmente si l’on y ajoute une pédagogie différenciée efficace, privilégiant des remédiations intensives, ponctuelles et ciblées. » Tout le contraire d’un redoublement ou, justement, d’une séparation dans une classe à niveau. Les effets-leviers de ces remédiations, poursuit l’universitaire, ont un impact sur le climat de la classe, de l’établissement, du corps enseignant, une « boucle vertueuse » favorisant la cohésion sociale.

    Or, tout dépend de ce que l’on privilégie : la cohésion ou la compétition sociale ? Et c’est là que ça peut coincer, à entendre Olivier Maulini : « Au vu de leurs effets de ségrégation avérés, il est nécessaire de se passer des filières. Mais le nécessaire n’est pas toujours possible, on est bien placés à Genève pour le savoir. » Car « dans les régions où les diplômes décident le plus des destins sociaux, tout le monde attache beaucoup d’importance à la réussite scolaire ».

    Historien de l’éducation, Christian Alain Muller voit dans les Trente Glorieuses le début de la course aux diplômes, faisant qu’aujourd’hui, ne pas en avoir laisse comme seul débouché la livraison de pizzas. « Il fallait former de nombreuses personnes pour des emplois ‘moyens’ dans les services, nécessitant des diplômes. Aujourd’hui, l’école est très importante pour les gens des classes moyennes afin que les générations suivantes puissent conserver leur statut social. C’est pourquoi l’enjeu sur l’école est si fort et pas neutre du tout. »
    Une paix scolaire

    A Genève, ces rapports de force se sont traduits par ce qu’on appelle la « guerre scolaire » au début des années 2000, et, si l’on traduit correctement la pensée de ces universitaires, de la victoire de la compétition sociale : retour des notes à l’école primaire, puis retour des sections avec l’actuel « nouveau Cycle d’orientation ». Celui-ci, qui offre des passerelles pour passer d’un niveau à l’autre, se voulait une réponse politique consensuelle entre deux projets aux antipodes : l’hétérogénéité versus un Cycle multipliant des filières étanches. Genève s’est ainsi acheté la paix scolaire pour près de dix ans. Mais à quel prix ?

    Alors que ce système se voulait plus sélectif, il n’a rien changé pour la grande masse des élèves, selon Mme Fouquet-Chauprade, qui a étudié cette réforme de près. En revanche, celles et ceux à la marge ont été figés dans la voie de garage de la section la plus faible et génératrice de mal-être, alors qu’avec le précédent système, ces jeunes auraient pu prétendre à un destin scolaire plus gratifiant.

    Reste qu’elle aussi prévient : d’une réforme sur le papier comme CO22 à sa mise en pratique, il y a un fossé. Or « quand les acteurs du terrain ne sont pas impliqués dans une réforme éducative, ils ne s’y reconnaissent pas ». En ce sens, juge l’universitaire, en comparaison du système actuel qui a été « imposé par le politique », CO22 se veut « relativement innovant » au vu d’une « réelle volonté de négocier, du partenariat avec les syndicats, les partis ou encore l’apport des chercheurs ». Mais impossible de parler de co-construction puisque, de fait, « le corps enseignant du Cycle est divisé ». Si CO22 passe, une partie du corps enseignant réfractaire pourrait appliquer des stratégies d’évitement, comme on en observe à Neuchâtel, qui a abandonné les filières en 2017.

    Olivier Maulini, lui, observe parfois dans les classes hétérogènes des « effets non désirés » : suradaptation de l’enseignement aux aptitudes supposées, sous-stimulation d’individus ou de groupes marginalisés, hiérarchies implicites d’évaluation, exclusions de l’intérieur, dirigisme, paix sociale plus ou moins négociée…

    Au passage, le chercheur n’est pas étonné que, si le syndicat du Cycle s’abstient à propos de CO22, celui du primaire soutient cette réforme puisque, par un effet de cascade, « c’est au primaire que l’orientation se joue ».
    Des élèves coulent

    Conclusion du spécialiste : pour arbitrer entre hétérogénéité ou filières, il faut tenir compte d’au moins trois facteurs clés : un corps enseignant plus ou moins apte à mettre en œuvre une pédagogie inclusive ; le degré de cohésion social versus l’angoisse endémique d’être bien ou mal sélectionné ; une tradition politique de progrès patiemment négociés ou une autre, faite d’effets d’annonce sur fond de préférences idéalisées.

    Quant à Christian Alain Muller, il attire l’attention sur une bombe sociale qui transcende ce débat : « 10 à 15% d’élèves coulent, qui ne se conforment pas à la forme scolaire, développent une phobie scolaire ou entrent dans un processus de médicalisation, certains ne supportent pas l’énorme pression des évaluations et développent une angoisse. Les parcours se prolongent, on multiplie les dispositifs. » Et la conclusion qui fait mal : en réalité, « on ne sait pas quoi faire avec ces élèves ».

    Alors que la guerre scolaire a repris, le 15 mai, le peuple dira si, après le retrait de l’initiative pour l’hétérogénéité il y a treize ans, suivi de l’échec du retour des sections en termes d’égalité des chances, le canton est mûr pour à nouveau réformer son Cycle.

    https://lecourrier.ch/2022/05/03/la-mixite-necessaire-pas-toujours-possible

    #école #mixité #éducation #classes_sociales #inégalités #politiques_éducatives #sélection #seconde_chance #statuts_scolaires #séparation #isolement #apprentissage #individualisation #médicalisation #enseignement_par_niveaux #stigmatisation #excellence #discriminations #double_peine #remédiations #pédagogie_différenciée #cohésion_sociale #compétition #diplômes #réussite_scolaire #pédagogie_inclusive #Suisse #Genève

  • Coronavirus: eastern Chinese city ramps up zero-Covid strategy with tests every 48 hours | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/news/china/science/article/3175954/coronavirus-eastern-chinese-city-ramps-zero-covid-strategy-tests

    Coronavirus: eastern Chinese city ramps up zero-Covid strategy with tests every 48 hours. Hangzhou in Zhejiang province has set up around 6,500 testing stations for residents and visitors. Different strategies to handle outbreaks in Shenzhen and Shanghai cited as shaping vigilant approach and routine testing policy
    China’s city of Hangzhou has adopted a frequent Covid-19 testing routine since Thursday to beat the highly transmissible Omicron variant, in line with the country’s “early detection” goal under its dynamic zero-Covid policy.
    The provincial capital of eastern Zhejiang province and home to 12 million people has set up around 6,500 testing stations for residents and visitors to get PCR tested every 48 hours, according to local authorities.
    From Saturday, residents must show their test results to enter their residential areas, offices, public transport, public venues and schools, it added. Those who enter the city should be tested in the 48 hours before arriving.Shanghai fences in residential buildings to combat Covid-19
    Ying Xumin, deputy director of the Hangzhou health commission, said the frequent testing routine was key to detecting infections as early as possible and minimising the risk of spread in public venues.“Hangzhou faces a severe risk of imported cases [from other parts of the country]. The Labour Day [five-day] holiday is around the corner and there will be more movement of people and gatherings.“We launched the routine testing service to secure the hard-won results of Covid-19 control and maintain the normal operations of businesses and life in the city,” he said, adding that 7.4 million people were tested on Thursday.On Friday, the city reported seven new asymptomatic infections. One was an arrival from outside the city identified at the railway station and the rest were detected within local areas already under isolation.Li Bin, vice-minister of the National Health Commission, said on Friday the country aimed to act fast to beat the rapid transmission of Omicron.“The Omicron variant is highly infectious, transmits quickly and often unnoticed, and causes a high proportion of asymptomatic infections,” Li said. “[We] use both rapid antigen and PCR tests to identify infections as early as possible.”He said all local governments should stick to the dynamic zero-Covid policy and control local outbreaks to avoid infections spilling over to other parts of the country.“If certain places do not resolutely adhere to the policy … it might become the ‘transmitter’ and ‘magnifier’ of outbreaks, causing heavy loss of life and property and seriously affecting economic and social development,” he said.“We encourage local governments to improve precision in Covid-19 control to achieve the greatest results with the least cost.”Beijing’s policy is to contain local outbreaks with strict preventive measures, despite much of the rest of the world embracing a live-with-the-virus mentality.There have been calls from foreign businesses to resume international exchanges and ease pressure on the industrial and services sectors, both hit hard by the tough control measures.China’s insistence on zero-Covid has been controversial as people question the high cost of the social and economic disruption.China’s harsh Covid restrictions leave thousands of migrant workers in limbo. Huang Yanzhong, a senior fellow for global health at the New York-based Council on Foreign Relations, said Hangzhou’s frequent testing routine used PCR tests, instead of at-home rapid antigen tests, so authorities could be sure they knew the test results under a centralised system and could follow up with isolation orders.
    “The country is adjusting its zero-Covid policy, drawing on the experience of Shanghai’s outbreak. The megacity did not act fast enough to nip the crisis in the bud, causing huge social and economic costs.
    “Other places are now learning from Shenzhen which launched mass testing once a few cases were identified to stop the spread as early as possible.
    “That also means all places have to be vigilant and on high alert all the time to prepare for the return of the virus and make testing part of their routine, even if there is no local outbreak,” Huang said, adding that the practice might continue over the next six months, and become more widely adopted nationwide. In March, China approved Covid-19 rapid antigen tests for public use and it adopts a dual testing strategy – both PCR and RAT – for “early detection”. PCR test samples are tested for viral genetic material in a laboratory and results usually take between one day and a few days.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#chine#shangai#shenzen#zerocovid#travailleurmigrant#isolement#depistage#economie#globalisation#confinement

  • Mainland Chinese care worker at Covid-19 holding centre found dead in Hong Kong hotel | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/news/hong-kong/law-and-crime/article/3175860/mainland-chinese-care-worker-covid-19-holding-centre

    Coronavirus Hong Kong
    Mainland Chinese care worker at Covid-19 holding centre found dead in Hong Kong hotel. A woman who came to Hong Kong from mainland China to look after elderly coronavirus patients as a temporary care worker at a holding centre was found dead in her hotel room on Thursday.
    According to police, emergency personnel were called to B P International hotel in Tsim Sha Tsui at about 1.30pm after the woman was found unconscious.A force spokesman said she was certified dead at the scene by paramedics.The Social Welfare Department confirmed on the same day that the woman was one of about 760 care workers temporarily hired from the mainland to look after infected elderly residents in the city’s holding centres. It said she arrived in Hong Kong in March.
    A spokesman for the department said it was saddened to learn of the death and had contacted the woman’s family to help arrange her affairs. He added there were no further details as the case was being investigated by police.
    Actor’s death in quarantine sparks call for review, Hong Kong logs 413
    The Post has learned that the woman was Zhang Xiu, aged 50, who came to Hong Kong from Guangxi province.A source said Zhang had told her colleagues on Thursday morning that she was feeling unwell.He said Zhang’s colleagues had visited her hotel after she failed to report for duty. Staff helped them access the room after they received no answer from her and found the 50-year-old unconscious in the bathroom, the source added.
    She had stayed in the hotel since March 7 and worked at the Choi Wing Road Sports Centre in Kwun Tong, which had been turned into a holding centre for elderly coronavirus patients, according to another source.
    The residential care industry has been considered one of the hardest-hit sectors by the city’s fifth wave of infections, with hundreds of facilities having previously reported outbreaks among staff and residents.
    Welfare sector urges John Lee to better support care homes for elderly
    26 Apr 2022On March 1, the Social Welfare Department announced it planned to hire 1,000 staff from the mainland to fulfil roles for three months at holding centres, community isolation facilities and quarantine camps to care for elderly residents, people with disabilities and other potential or confirmed cases.Secretary for Labour and Welfare Law Chi-kwong revealed at the time that some care homes had seen almost all their staff and residents infected, adding that the industry was facing a manpower shortage as more employees either caught Covid-19 or had to be quarantined.
    The workers can earn as much as HK$31,000 (US$3,970) a month if they are willing to take care of residents in isolation. Staff are expected to provide basic nursing care such as feeding elderly patients who are confined to their beds.Both Chief Executive Carrie Lam Cheng Yuet-ngor and operators of care homes had previously said the recruitment process had faced challenges as candidates were concerned about Hong Kong’s Covid-19 outbreak. The lockdowns across the border also presented complications.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#hongkong#sante#zerocovid#travailleurmigrant#vaccination#isolement#frontiere#confinement

  • Covid-19 en Chine : à Shanghaï, les autorités durcissent encore leur politique d’enfermement maximal
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/27/covid-19-a-shanghai-les-autorites-durcissent-encore-leur-politique-d-enferme

    Covid-19 en Chine : à Shanghaï, les autorités durcissent encore leur politique d’enfermement maximal
    Par Simon Leplâtre (Shanghaï, correspondance)

    RécitAprès un mois de confinement drastique, les autorités de la mégalopole chinoise sont prêtes à tout pour faire baisser le nombre de nouveaux cas. L’application aléatoire de mesures extrêmes épuise les habitants, dont la seule sortie quotidienne autorisée est pour faire un test PCR. Mme Ren, 34 ans, ne s’attendait pas à recevoir la visite de la police le 22 avril : « Ils sont arrivés à minuit pour nous dire que, parce qu’il y avait beaucoup de cas dans notre résidence, nous serions tous envoyés à l’isolement, témoigne la jeune femme. Dimanche, nous avons tous dû enfiler des combinaisons intégrales et nous avons été mis dans un bus avec une quarantaine de voisins, vers 16 heures. On est arrivés à destination sept heures plus tard, sans la moindre pause. Pour faire nos besoins, on nous avait distribué des couches. Dans le bus, il y avait une femme enceinte de sept mois, une personne âgée de plus de 80 ans et un enfant de 5 ans », raconte-t-elle.Enfin arrivés à destination, ils apprennent qu’ils se trouvent à Bengbu, dans la province chinoise Anhui, à 500 kilomètres au nord-ouest de Shanghaï. Ils posent leurs valises dans un ancien hôtel transformé en centre de quarantaine deux ans plus tôt, au début de la pandémie de Covid-19. (...)
    Après un mois de confinement drastique, les autorités de Shanghaï sont prêtes à tout pour faire baisser le nombre de nouveaux cas de Covid-19. L’objectif est simple : que 100 % des cas contacts se trouvent à l’isolement, de sorte que le virus ne circule plus au sein de la communauté. Pour ce faire, les responsables n’hésitent pas à envoyer des quartiers entiers en quarantaine, parfois dans des provinces voisines. Shanghaï dispose de plus de 300 000 places d’isolement collectif. Mercredi, 12 309 nouveaux cas ont été recensés, après un pic à plus de 27 000 cas mi-avril. Mais la route pour revenir à un niveau acceptable est encore longue, car les autorités centrales le martèlent ces dernières semaines : la Chine n’est pas prête à vivre avec le virus, et seule la politique zéro Covid est correcte. Ces dernières semaines, des villes sont mises sous cloche pour quelques cas seulement.
    A Shanghaï, les autorités emploient le slogan d’« embarquer tous ceux qui doivent être embarqués » (« yingshou jinshou »), utilisé également dans le cadre de campagnes contre le terrorisme au Xinjiang. Plusieurs séries de mesures ont été annoncées depuis dix jours : renforcement des contrôles routiers, désinfection des résidences et installation de détecteurs sur les portes des personnes positives, en attendant de les envoyer en centres d’isolement. Samedi 23 avril, la pression est encore montée d’un cran, avec l’apparition de barrières métalliques autour de certaines résidences et bâtiments ayant enregistré des cas depuis moins de sept jours. Une directive du nouveau district de Pudong, dans l’est de la ville, précisait samedi que les barrières doivent utiliser un grillage assez large pour permettre d’effectuer les tests en passant les écouvillons au travers, pour éviter d’avoir à ouvrir les grilles, et que des agents de sécurité devraient monter la garder 24 h sur 24 autour de ces bâtiments.
    Dans la ville, la frustration grandit : « Je refuse de descendre faire les tests depuis qu’ils ont mis ces grillages en bas de chez moi », témoigne une habitante du district de Pudong. De plus en plus d’habitants tentent ainsi de désobéir, à la fois par crainte que les tests soient des vecteurs de transmission du virus, et par colère contre les restrictions sans fin dont ils sont victimes. Au point que les autorités diffusent des menaces par SMS : « Rappel amical : les personnes qui ne se soumettent pas aux tests verront leur code de santé changer au jaune », ont été avertis mardi les habitants du district de Huangpu. Les codes QR de santé sont verts quand tout va bien, jaunes pour les cas suspects, et rouges pour les cas confirmés. Perdre son code vert peut avoir des conséquences lourdes, notamment en cas de demande d’accès à des hôpitaux.Gabrielle Gaillard est une jeune Française installée dans le centre de Shanghaï depuis deux ans. Mardi, vers minuit, elle a reçu un message de son comité de résidents lui demandant son numéro de passeport, en prévision du déplacement de tous les habitants de sa ruelle dans un hôtel pour une période de cinq jours. « Après le départ des habitants négatifs, la ruelle sera entièrement désinfectée », indique le message. Gabrielle hésite, sa résidence de 80 habitants compte déjà une dizaine de cas : « Ce n’est pas une solution de transférer tout le monde, on risque de s’infecter entre nous ! Ce matin à 8 heures, ils ont commencé à emmener les voisins. Quand j’ai demandé plus d’information sur l’hôtel où ce serait situé, on m’a dit que ce ne serait sans doute même pas à Shanghaï
    Outre les mesures extrêmes, c’est le caractère aléatoire de leur application qui épuise les habitants, maintenus dans une incertitude permanente. Début avril, Gabrielle Gaillard a tout fait pour envoyer son chien chez un ami à Pékin, parce qu’une habitante de sa ruelle placée en centre d’isolement avait dû abandonner ses deux chats chez elle. Vingt jours plus tard, elle n’est toujours pas revenue à son domicile : « Les voisins ont cherché à porter assistance aux deux animaux, mais il y a un scellé sur sa porte, nous avons interdiction formelle de rentrer, et ses fenêtres ne sont pas accessibles. On ne sait pas dans quel état sont les chats », déplore-t-elle. Dans d’autres communautés, les comités de quartier sont plus compréhensifs et laissent les voisins intervenir. De même, certains patients positifs peuvent rester à l’isolement chez eux, alors que la plupart sont envoyés dans des centres d’isolement aux conditions spartiates.
    Cette courte sortie donne un aperçu du climat qui règne dans la ville. Si la plupart des habitants sont résignés, certains craquent : enfermé derrière une grille érigée deux jours plus tôt, un quadragénaire trapu, armé d’un tuyau en plastique, frappe tout ce qui passe à sa portée en hurlant : « Je n’ai plus un sou pour vivre ! Et tout ce que vous faites pour nous, c’est de nous envoyer faire des tests. » Sur le chemin du retour, on croise un homme, la cinquantaine, réfugié avec quelques couvertures sous le porche d’un restaurant pour s’abriter de la pluie. Il fait partie des milliers de gardiens placés en faction à l’entrée de chaque ensemble résidentiel de la ville. Mais son dortoir a connu plusieurs cas, alors lui et ses camarades dorment dehors en ce moment : « Mei banfa, dit-il en soupirant (On n’y peut rien). »

    #Covid-19#migrant#migration#chine#shangai#zerocovid#expatrie#isolement#quarantaine#test#dortoir#politique#confinement

  • Coronavirus: Shanghai’s Covid-19 cases resume setting daily records after a one-day pause, extending horizon of citywide lockdown | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/business/china-business/article/3174088/coronavirus-shanghais-covid-19-cases-resume-setting-daily

    Shanghai’s Covid-19 cases resume setting daily records after a one-day pause, extending horizon of citywide lockdown.
    Shanghai reported 26,330 confirmed Covid-19 infections on Wednesday, setting a daily record for the 11th time in 12 days, underscoring how the disease has defied more than a week of lockdowns and quarantines to be deeply entrenched in the population of 25 million people.Symptomatic cases surged again after ebbing for two days, rising to 1,189 cases from 914 a day earlier, according to data released by the local health commission. The vast majority of infections remained asymptomatic, and no fatality has yet been linked directly to Covid-19 since March 1.
    The data released on Wednesday, which topped the previous record set on Monday at 26,087, have exacerbated concerns about extending the horizons of Shanghai’s lockdown, in place across all 16 districts in one of China’s largest population centres. Local authorities confined virtually every resident – except emergency and health workers – in China’s commercial hub either to their homes or workplaces since April 5.“New cases have not peaked yet, and it will still be some time before a dynamic zero-Covid goal can be achieved,” said Meng Tianying, a senior executive at Shanghai-based consultancy Domo Medical. “The central government and local authorities will have to re-examine the strategy used to contain the outbreak, after more than a week of citywide lockdown and mass testing exercises.”
    Wednesday’s reported caseload raised Shanghai’s tally since March 1 to 253,000, among which 9,500 showed symptoms. The city has conducted seven rounds of mass testing since April 3.China’s nationwide cases rose to 27,920, according to Wednesday’s data, including the tally in Shanghai and 31 in southern China’s Guangdong province. Jilin in northeastern China is the second epicentre of the current Covid-19 wave, with 1,085 cases.
    Shanghai authorities ordered a citywide lockdown on April 5, reversing an earlier plan for a two-phase quarantine for both sides of the Huangpu River – Pudong and Puxi – which was supposed to end that day. The lockdown confined all residents to their homes. Banks, factories, the local stock exchange, the airports and seaports that have kept operating to keep the very heart of China’s economy beating are functioning in “closed loops”, where workers are required to sleep on-site to ensure zero contact with outsiders. Since most workplaces are unable to accommodate every employee, factories and transport hubs have had to operate at reduced capacity. The effects are spilling over to the surrounding provinces of Jiangsu, Zhejiang and Anhui, crippling one of the world’s most vital supply chains. Nio, with a factory in the Anhui provincial capital of Hefei, said last week it has halted its assembly of electric cars, as its supply of components had been disrupted in Jiangsu, Shanghai and Jilin province in northeastern China.To quarantine infected patients, authorities have built makeshift hospitals, converting two convention centres in Pudong into quarantine facilities with 20,000 beds to augment the city’s health infrastructure.
    An office tower in Puxi owned by Shanghai’s largest developer Shanghai Greenland Group was turned into a temporary hospital with 3,650 beds on Wednesday. Gymnasiums, parks and stadiums have also been converted into so-called fangcang quarantine centres to accommodate carriers with mild symptoms. Vice-Premier Sun Chunlan has been in Shanghai since April 2 to oversee the anti-pandemic work, pushing the city to implement mass tests to spot new infections and quarantine them swiftly. On Monday, the State Council distributed a circular to local authorities, ordering them to keep airports, ports and highways open as they stepped up antivirus prevention measures to guard against the Omicron variant reaching their borders. The cabinet said the supply of food and daily essentials to virus-hit regions must be ensured and the transport links also needed to be maintained to support business activities.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#shanghai#confinement#sante#zerocovid#quarantaine#isolement

  • Shanghai residents fume as authorities fumble lockdown - Asia Times
    https://asiatimes.com/2022/04/shanghai-residents-fume-as-authorities-fumble-lockdown

    Shanghai residents fume as authorities fumble lockdown
    Viral videos show quarantined residents fighting for scarce supplies while criticism mounts over children separated from parents
    Shanghai’s massive Covid-19 lockdown is stirring social unrest, prompting the government to vow to improve food supplies and essential services as criticism mounts over the harsh and in spots bumbling implementation of its “zero Covid” policy. A viral video of the chaotic situation in a Nanhui district quarantine center showed people fighting for food, water and necessities amid a lack of support staff in the facility. Other videos have shown residents being kicked and beaten by healthcare workers as they are taken away from their homes to be put into quarantine. PCR tests of the city’s 26 million residents found 30,431 people were infected with Covid-19 as of Tuesday, with 98% of them asymptomatic. The local government said most of the new infections were found in quarantine centers or isolated areas. Pudong, a financial district and hub for expats on the eastern side of Shanghai, has been locked down since March 28 after thousands of Covid cases, mostly asymptomatic, were recorded per day.
    The lockdown was set to end last Friday but was extended by the government as the number of infections in the city kept rising.
    The western side of Shanghai also extended its lockdown period from Tuesday. The municipal government has not yet set a timetable for a return to post-lockdown normalcy. It said it hoped to find all those infected by using a citywide testing scheme, isolating them and thus cutting off all virus transmission chains as soon as possible.On Sunday, the financial hub reported 311 new cases and 16,766 asymptomatic infections, compared with 268 new cases and 13,086 asymptomatic infections on Saturday.
    On Monday, the Shanghai government insisted that parents would only be allowed to stay with their infected children if they also tested positive. The government was heavily criticized by the public for failing to consider the needs of infected children.
    Liu Min, the deputy director and inspector of the Shanghai Municipal Commission of Commerce, held a media briefing on Wednesday and dismissed a rumor that parcel and food deliveries would soon be suspended in Shanghai.Liu said 11,000 food couriers in the city were still delivering food for online platforms and they were required to undergo a PCR and rapid ATK test on a daily basis. (...) Prior to this, some netizens complained that food and necessities were piled up at the front gates of many locked down areas, but there was no staff delivering them and people were not allowed to leave their homes.A similar situation was seen in a new quarantine center in Nanhui district. People who were sent to the center could not receive any food and necessities, so they marched to the supply area and grabbed whatever they could get.In a widely-circulated video, some people were seen taking a pile of bedsheets, while others grabbed lunch boxes. A woman complained in a video that she could only get a box of bottled water.
    (...) While many Shanghai residents are clearly losing their patience with the extended lockdown, the China Youth Daily, an official newspaper of the Communist Youth League of China, on Wednesday published a propaganda article titled “Shanghai under epidemic: challenges and warmth coexist.”
    The article admitted that logistics within lockdown areas have had some problems, but many of these challenges had already been overcome as many volunteers offered help, it added. Meanwhile, a netizen said the way the Shanghai government had categorized 98% of Covid patients as asymptotic was misleading. He said infected people might not have pneumonia, but their condition could still be serious. He said many people had the wrong impression that the Omicron variant was only like a flu. He said based on Hong Kong’s death rate, Omicron could kill tens of thousands of people in Shanghai within weeks if not arrested.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#shangai#zerocovid#sante#expatrie#hub#confinement#isolement#restrictionsanitaire

  • Shanghai lockdown: some parents allowed to stay with Covid-positive children after backlash | China | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2022/apr/07/shanghai-lockdown-some-parents-allowed-to-stay-with-covid-positive-chil
    https://i.guim.co.uk/img/media/afcacc667f64f6e84fb3a4e5381b268dd005f536/0_171_3851_2310/master/3851.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Shanghai lockdown: some parents allowed to stay with Covid-positive children after backlash
    Sanitation workers wearing PPE conduct disinfection work in Shanghai.
    Shanghai is allowing some parents to stay with their Covid-infected children during lockdown after a public backlash. Photograph: VCG/Getty Images
    Associated Press
    Shanghai is allowing at least some parents to stay with children infected with Covid-19, making an exception to a policy of isolating anyone who tests positive after a public outcry.The announcement came as China’s largest city remained in lockdown and conducted more mass testing on Wednesday following another jump in new cases.A top city health official said at a news conference that parents could apply to stay with children with “special needs” and accompany them if they fully comprehend the health risks and sign an agreement.
    The parents must wear masks, dine at a different time than their children, avoid sharing items with them and strictly follow all regulations, said Wu Qianyu of the Shanghai Municipal Health Commission. She did not define what qualified as “special needs.”Her announcement followed Chinese state media reports a day earlier that an isolation site set up at the Shanghai New International Expo Center was accepting children with parents. The city has opened sprawling isolation centres for tens of thousands of people to isolate the growing number of positive cases.Reports that parents were being separated from their infected children had sparked a wave of protest online last weekend, fuelled by photos showing several children in cots at a quarantine site with no parents in sight.Footage of a pet corgi being beaten to death on the streets of Shanghai over fears it may have the virus has also sparked outrage and frustration with China’s zero-Covid policy.
    “There is no humanity, and while the whole world is living a normal and orderly life, there are still ‘volunteers’ who have lost their humanity. Happening in China in 2022. Very sad,” one person wrote on Weibo.Last November, the death of another corgi – killed in its apartment while its owner was serving mandatory hotel quarantine in Jiangxi province – sparked a similar outcry.Shanghai reported 17,077 new cases detected over the previous day, all but 311 of them in people who showed no symptoms. Under China’s zero-Covid approach, the city requires all those who test positive to be held in designated locations for observation, along with their close contacts.The latest cases bring Shanghai’s total to about 90,000 in an outbreak that began last month. No deaths have been ascribed to the outbreak driven by the Omicron BA.2 variant, which is much more infectious but also less lethal than the previous Delta strain. Two deaths have been reported in another ongoing outbreak in Jilin province in China’s northeast.
    An official from the EU Chamber of Commerce in China joined a growing chorus of criticism of the Shanghai lockdown, which has disrupted daily life and commerce in a major financial and business centre.
    “Another really big fear is ending up in one of those mass central quarantine sites,” Schoen-Behanzin said in an online event for member companies and journalists.Others complained earlier about shortages of medical workers, volunteers and beds in the isolation wards. More than 38,000 health workers from 15 provinces have been sent to Shanghai to help with mass testing and other needs.Beijing is also tightening measures after 11 cases were detected in the Chinese capital in recent days. Authorities closed down a shopping and office centre in the busy Wangjing district and are requiring those arriving in the city to report to their place of work or residence within 12 hours and undergo a Covid-19 test within 72 hours. They must undergo another test within 48 hours of returning to their place of work.Despite growing public frustration and concerns about the economic effects, China says it is sticking to its hard-line “zero-tolerance” approach mandating lockdowns, mass testing and the compulsory isolation of all suspected cases and close contacts. While China’s vaccination rate hovers about 90%, its domestically produced inactivated virus vaccines are seen as weaker than the mRNA vaccines such as those produced by Pfizer/BioNTech and Moderna that are used abroad, as well as in the Chinese territories of Hong Kong and Macau. Vaccination rates among elderly people are also much lower than the population at large, with only around half of those over 80 fully vaccinated.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#shangai#sante#confinement#isolement#zerocovid#vaccination#restrictionsanitaire#hongkong#macau

  • Shanghai lockdown: some parents allowed to stay with Covid-positive children after backlash | China | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2022/apr/07/shanghai-lockdown-some-parents-allowed-to-stay-with-covid-positive-chil
    https://i.guim.co.uk/img/media/afcacc667f64f6e84fb3a4e5381b268dd005f536/0_171_3851_2310/master/3851.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Shanghai lockdown: some parents allowed to stay with Covid-positive children after backlash
    Sanitation workers wearing PPE conduct disinfection work in Shanghai.
    Shanghai is allowing some parents to stay with their Covid-infected children during lockdown after a public backlash. Photograph: VCG/Getty Images
    Associated Press
    Shanghai is allowing at least some parents to stay with children infected with Covid-19, making an exception to a policy of isolating anyone who tests positive after a public outcry.The announcement came as China’s largest city remained in lockdown and conducted more mass testing on Wednesday following another jump in new cases.A top city health official said at a news conference that parents could apply to stay with children with “special needs” and accompany them if they fully comprehend the health risks and sign an agreement.
    The parents must wear masks, dine at a different time than their children, avoid sharing items with them and strictly follow all regulations, said Wu Qianyu of the Shanghai Municipal Health Commission. She did not define what qualified as “special needs.”Her announcement followed Chinese state media reports a day earlier that an isolation site set up at the Shanghai New International Expo Center was accepting children with parents. The city has opened sprawling isolation centres for tens of thousands of people to isolate the growing number of positive cases.Reports that parents were being separated from their infected children had sparked a wave of protest online last weekend, fuelled by photos showing several children in cots at a quarantine site with no parents in sight.Footage of a pet corgi being beaten to death on the streets of Shanghai over fears it may have the virus has also sparked outrage and frustration with China’s zero-Covid policy.
    “There is no humanity, and while the whole world is living a normal and orderly life, there are still ‘volunteers’ who have lost their humanity. Happening in China in 2022. Very sad,” one person wrote on Weibo.Last November, the death of another corgi – killed in its apartment while its owner was serving mandatory hotel quarantine in Jiangxi province – sparked a similar outcry.Shanghai reported 17,077 new cases detected over the previous day, all but 311 of them in people who showed no symptoms. Under China’s zero-Covid approach, the city requires all those who test positive to be held in designated locations for observation, along with their close contacts.The latest cases bring Shanghai’s total to about 90,000 in an outbreak that began last month. No deaths have been ascribed to the outbreak driven by the Omicron BA.2 variant, which is much more infectious but also less lethal than the previous Delta strain. Two deaths have been reported in another ongoing outbreak in Jilin province in China’s northeast.
    An official from the EU Chamber of Commerce in China joined a growing chorus of criticism of the Shanghai lockdown, which has disrupted daily life and commerce in a major financial and business centre.
    “Another really big fear is ending up in one of those mass central quarantine sites,” Schoen-Behanzin said in an online event for member companies and journalists.Others complained earlier about shortages of medical workers, volunteers and beds in the isolation wards. More than 38,000 health workers from 15 provinces have been sent to Shanghai to help with mass testing and other needs.Beijing is also tightening measures after 11 cases were detected in the Chinese capital in recent days. Authorities closed down a shopping and office centre in the busy Wangjing district and are requiring those arriving in the city to report to their place of work or residence within 12 hours and undergo a Covid-19 test within 72 hours. They must undergo another test within 48 hours of returning to their place of work.Despite growing public frustration and concerns about the economic effects, China says it is sticking to its hard-line “zero-tolerance” approach mandating lockdowns, mass testing and the compulsory isolation of all suspected cases and close contacts. While China’s vaccination rate hovers about 90%, its domestically produced inactivated virus vaccines are seen as weaker than the mRNA vaccines such as those produced by Pfizer/BioNTech and Moderna that are used abroad, as well as in the Chinese territories of Hong Kong and Macau. Vaccination rates among elderly people are also much lower than the population at large, with only around half of those over 80 fully vaccinated.

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