person:alain desrosières

  • Que penser des tentatives de physiciens, informaticiens et ingénieurs qui, armés d’outils #mathématiques, veulent créer une nouvelle #science de la #société en utilisant une avalanche de données sociales (#big_data…)

    https://sms.hypotheses.org/11193

    #big_data, #monde_social, #mathématique, #sciences, #SHS, #donnée, traitement, #formalisation, #modélisation, #recherche, #quantification

  • La politique d’Emmanuel Macron est une politique sans valeurs

    http://www.liberation.fr/debats/2018/05/09/la-politique-d-emmanuel-macron-est-une-politique-sans-valeurs_1648855

    Avec son culte du chiffre et de la performance, le chef de l’Etat participe à un mouvement d’expropriation de la pensée, et de confiscation de la décision des citoyens.

    Un an et c’est déjà l’overdose du bilan. A longueur d’analyses, tout y passe : les aptitudes physiques du « chef » (le nouvel homme augmenté ?), les métaphores royales, voire impériales, le positionnement transcendant sur l’échiquier politique, le nombre « colossal » de déplacements internationaux, la prétendue frénésie des réformes, etc. Mais quelle idéologie peut-on déceler, en filigrane, derrière la pratique du pouvoir ?

    Depuis le début du quinquennat, chaque action de l’exécutif est soutenue par une monstration de la modernité, évoquée de manière quasi religieuse : « Un devoir d’efficacité », « un langage de vérité ». La rhétorique du management privé, les anglicismes modernisateurs sont convoqués par le « nouveau monde » politique. Les réformes ont à peine le temps d’être mises en œuvre qu’elles sont déjà dépassées par la réforme suivante, à coup de « bottom-up », « impact », « innovation », « benchmarking » ou autre « évaluation ».

    Cette invasion des normes, des outils, des standards de gestion, cette emprise grandissante des notations n’est pas nouvelle. Des sociologues (Alain Desrosières, Eve Chiapello ou encore Albert Ogien) ont en effet montré les processus historiques et sociaux de construction de ce « gouvernement par les nombres ». Précisément, on a ainsi pu souligner que la prolifération des dispositifs de quantification et d’évaluation a permis la colonisation des services publics par la langue fonctionnelle de l’entreprise, ce que l’on nomme le New Public Management, art néolibéral de démantèlement de l’Etat.

    Cette mise en mathématique du monde social fait aujourd’hui office de politique. Sous couvert d’apolitisme, de pragmatisme et de rationalisation, une idéologie gouverne les multiples réformes mises en œuvre par le pouvoir exécutif : on fait se substituer aux discours axés sur les valeurs, des discours privilégiant les techniques. Les instruments régulent, fragmentent, contrôlent et rendent conforme l’ensemble des pratiques sociales.

    Cette politique néolibérale se pare du masque de l’objectivité technique et de la neutralité ; elle ne laisse aucune place au commun, elle ne laisse aucune place à la contestation. Il faut être efficace et performant. A l’hôpital, au sein de l’université, des Ehpad, dans les activités sociales et culturelles. Aucun pan de l’action publique ne doit y échapper. Mais, on ne pose jamais la question du sens, de ce que doit être l’Etat, la puissance publique, dans une société sous tension, ce que les usagers, les citoyens veulent comme services publics au XXIe siècle.

    Au-delà du culte du chiffre, réduction des déficits publics, course pour un point de croissance ou baisse drastique du nombre de fonctionnaires, il convient aussi de réfléchir sur les mots que nous employons pour dire le monde. Nous ne les utilisons pas impunément. Par exemple, il faudrait se rappeler que disruption, mot qui obsède tant le nouveau champ politique, dérive, dixit le dictionnaire de l’Académie française, du latin disrumpere, « briser en morceaux, faire éclater ». Que certains philosophes, comme Bernard Stiegler, y voit aussi le slogan d’une nouvelle forme de barbarie. On pourrait également faire l’analyse du terme « performance » qui provient d’un vocabulaire de « turfiste ». C’est la manière dont court un cheval qui progressivement va prendre le sens de score et drainer avec elle, la compétition, la rivalité, qui fait de l’autre un adversaire.

    Toutes ces formes actuelles de mesure, d’évaluation, de gouvernementalité participent à un mouvement d’expropriation de la pensée, une confiscation de la décision des citoyens. Le politique se met en capacité de créer un espace qu’il domine et mesure, via des indicateurs. Pas de place pour le débat, la contradiction, la production d’un sens et d’une finalité. On exécute un acte par soumission à l’automatisme des procédures, il n’y a pas de pire menace pour une démocratie.

    Faute de prendre du temps pour mettre en débat les chiffres, les valeurs, c’est un mode d’emploi simplifié qui est choisi, plutôt que la pensée complexe, ouverte à l’inconnu. Comme le disait le philosophe Jean-François Lyotard : « Dans un univers où le succès est de gagner du temps, penser n’a qu’un défaut, mais incorrigible : d’en faire perdre ».

    Nicolas Matyjasik Politiste, enseignant et éditeur, Sciences-Po Lille

  • Alain Desrosières
    Lyon, 18 avril 1940 - Paris, 15 février 2013

    Montparnasse 11è division
    (ligne 3 Nord, tombe 2)

    Quatrième anniversaire du départ d’Alain
    Occasion pour sa famille d’inaugurer l’œuvre réalisée sur sa tombe
    Occasion de réveiller ce compte un peu endormi
    Occasion d’y faire une excursion hors du domaine des sculpteurs

    Pour ce grand arpenteur des rues de Paris une reconstitution de vrais pavés parisiens
    Pour cet historien du comptage, après l’indispensable «  mise en équivalence  », cet additionneur de Kummer

    dont l’image


    Additionneur de Kummer (1847)
    La retenue s’effectue par un système de crosses.

    (sur http://mapage.noos.fr/fholvoet/machmec.html )

    a servi d’illustration à son ouvrage
    La politique des grands nombres, Histoire de la raison statistique, La Découverte, 1993

    Cet ouvrage magistral, devenu un classique depuis sa première publication en 1993, rassemble plusieurs domaines jamais connectés jusqu’ici de l’histoire des sciences et de la politique : il retrace à la fois l’histoire de l’État, des statistiques, des bureaux de l’administration et de la modélisation de l’économie, domaines dont le rapprochement ne s’est fait que très progressivement. Ainsi, la statistique, qui était au XVIIIe siècle la « science de l’État », ignorait alors les probabilités : elles n’y ont été associées qu’au XIXe siècle. Au fur et à mesure que la « politique des grands nombres » s’enrichit, elle brasse les jeux de hasard, les risques de la vaccination, les assurances sur la vie, la fixation des tarifs douaniers, la fiabilité des jurys, puis, plus récemment, les effets catastrophiques des cycles économiques et les sondages d’opinion, dont l’auteur propose une analyse fort stimulante.

    En reconstituant les hésitations, les contingences et les controverses qui définissent la « raison statistique », ce livre ne s’adresse pas seulement aux historiens des sciences, aux économistes ou aux spécialistes de science politique, mais veut ouvrir un débat avec le grand public ausculté par ces appareils statistiques.

    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_politique_des_grands_nombres-9782707165046.html

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Desrosières

  • Séminaire d’Histoire de la statistique
    organisé par le groupe Histoire de la statistique, des probabilités et de leurs usages de la SFdS et le Département des méthodes statistiques (DMS) de l’Insee
    le 28 juin 2016 — 14h30 à 17h30
    à l’Insee Paris, salle Malinvaud

    Programme :
    • La communication autour de l’incertitude des statistiques publiques.
    Ronan Le Saout (Insee)

    • Interpréter les comptes de la sécurité sociale : apports d’une analyse historique.
    Nicolas Da Silva (Laboratoire EconomiX UMR 7235)

    • Faire entrer les entreprises dans l’économie nationale. Une ethnographie du chiffrage du PIB au sein du département des comptes nationaux français.
    Quentin Dufour (IRISSO, CSI)

    • Défaillance d’entreprises, défaillance d’un chiffre. Au-delà du mythe économique, le fait et l’espace social.
    Virginie Blum (Université Lumière Lyon 2)

    L’inscription est obligatoire : http://webquest.fr/?m=17311_seminaire-d-histoire-de-la-statistique-le-mardi-28-juin-14h30-17h-
    et vous êtes prié(e) de vous munir d’une pièce d’identité pour accéder au bâtiment.

    • Interpréter les comptes de la sécurité sociale : apports d’une analyse historique
      Nicolas Da Silva (Laboratoire EconomiX UMR 7235)

      Le solde du compte des administrations de #sécurité_sociale fait l’objet d’un intense débat chaque année. Si la présentation dominante donne à voir une situation financière par nature catastrophique, un nombre croissant d’acteurs cherche à mettre en évidence les nombreuses conventions qui président au calcul et à la présentation de ce solde. Dans l’esprit des travaux menés par Alain Desrosières, l’idée est de rappeler à quel point le chiffre est le produit d’un travail social. La quantification repose sur des conventions de toutes sortes elles-mêmes étant le résultat d’arrangements institutionnels et de rapports de force. Or, parce que de nombreuses options sont possibles, les conventions choisies diffusent une certaine représentation du monde qui n’est pas neutre. À ces conventions statistiques s’ajoutent dans le cas du solde des comptes de la sécurité sociale des conventions de langage. En effet, la présentation du chiffre s’accompagne presque systématiquement d’un champ sémantique à la connotation négative. Il est alors question du « déficit » de la sécurité sociale ou, plus familièrement du « #trou_de_la_sécu » là où il conviendrait de parler de besoin (ou de capacité) de financement de la sécurité sociale. La représentation du monde est ici encore plus explicite dans la mesure où le jugement sur le chiffre figure dans sa présentation même. À la limite du langage religieux, il faut comprendre que le « trou de la sécu » serait péché dont l’absolution viendrait de la réduction des dépenses de sécurité sociale. Pourtant, d’autres mondes sont possibles.

      Par la méthode d’histoire économique, l’objectif de cette proposition de communication est d’approfondir la compréhension des conventions statistiques et langagières à l’origine de la présentation du solde du compte des administrations de sécurité sociale. L’analyse historique permet de montrer que l’ensemble des préoccupations contemporaines liées au besoin de financement de la sécurité sociale sont présentes dès les premières années de son fonctionnement. Les débats parlementaires de l’année 1949 dont nous proposons de faire une analyse sont particulièrement frappants à cet égard. Les arguments de chacun des protagonistes raisonnent d’une étrange actualité : concurrence internationale, abus des assurés, coût du travail, compétitivité, inefficacité du secteur public, etc. Bien que les données du problème soient comparables à celles d’aujourd’hui, l’issue des débats parlementaires a justifié l’augmentation des recettes de la sécurité sociale.

      Ainsi, on apprend que le « déficit » de la sécurité sociale n’est pas une question neuve, c’est l’attention et la réponse politique qui lui sont accordées qui sont neuves. D’autres mondes sont possibles.

  • Des chiffres en lutte - La vie des idées
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/129404134358

    Olivier Pilmis pour la Vie des idées revient sur la parutiion de Benchmarking. L’État sous pression #statistique, et de Statactivisme. Comment lutter avec des nombres, deux ouvrages qui pointent l’importance de la quantification dans les technologies de pouvoir et interrogent les formes de résistance aux chiffres et aux statistiques. Leurs enjeux est de “réaffirmer la nature politique des outils quantitatifs, pour les mettre au service des luttes émancipatrices”, à l’image de ce qu’évoquait Alain Desrosières, cherchant à faire passer les outils statistiques d’outil de pouvoir à outil de libération. Mais comment résister aux chiffres ? Les livres évoquent deux pistes fécondes : démontrer leurs absurdités et leur opposer des quantifications (...)

    #big_data #livre #référence

  • Des chiffres en lutte
    http://www.laviedesidees.fr/Des-chiffres-en-lutte.html

    Deux ouvrages font ressortir l’importance de la quantification dans les technologies de pouvoir contemporaines et les formes de résistance à celle-ci. Pourtant, l’activisme en faveur d’un usage émancipateur et non asservissant des chiffres est-il une réalité ou un horizon souhaitable ?

    Livres & études

    / #méthode, #statistiques

    #Livres_&_études

    • Le simple jeu du calcul algébrique est parvenu plus d’une fois à ce qu’on pourrait appeler une notion nouvelle, à cela près que ces simili-notions n’ont pas d’autre contenu que des rapports de signes ; et ce même calcul est souvent merveilleusement propre à transformer des séries de résultats expérimentaux en lois, avec une facilité déconcertante qui rappelle les transformations fantastiques que l’on voit dans les dessins animés. Les machines automatiques semblent présenter le modèle du travailleur intelligent, fidèle, docile et consciencieux.
      Quant à la monnaie, les économistes ont longtemps été persuadés qu’elle possède la vertu d’établir entre les diverses fonctions économiques des rapports harmonieux. Et les mécanismes bureaucratiques parviennent presque à remplacer des chefs. Ainsi dans tous les domaines la pensée, apanage de l’individu, est subordonnée à de vastes mécanismes qui cristallisent la vie collective, et cela au point qu’on a presque perdu le sens de ce qu’est la véritable pensée. Les efforts, les peines, les ingéniosités des êtres de chair et de sang que le temps amène par vagues successives à la vie sociale n’ont de valeur sociale et d’efficacité qu’à condition de venir à leur tour se cristalliser dans ces grands mécanismes. Le renversement du rapport entre moyens et fins, renversement qui est dans une certaine mesure la loi de toute société oppressive, devient ici total ou presque, et s’étend à presque tout. Le savant ne fait pas appel à la science afin d’arriver à voir plus clair dans sa propre pensée, mais aspire à trouver des résultats qui puissent venir s’ajouter à la science constituée. Les machines ne fonctionnent pas pour permettre aux hommes de vivre, mais on se résigne à nourrir les hommes afin qu’ils servent les machines. L’argent ne fournit pas un procédé commode pour échanger les produits, c’est l’écoulement des marchandises qui est un moyen pour faire circuler l’argent. Enfin l’organisation n’est pas un moyen pour exercer une activité collective, mais l’activité d’un groupe, quel qu’il puisse être, est un moyen pour renforcer l’organisation.

      #système_technicien
      http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/reflexions_causes_liberte_oppression/reflexions_sur_la_liberte.pdf

  • #curso #web_y_datos - #clase_1
    http://blog.adsib.gob.bo/2015/06/29/curso-web-y-datos-clase-1.html

    Presentación

    El día lunes 29 de Junio se dió inicio al curso de Web y Datos Organizado por ADSIB y GeoBolivia. El facilitador del curso Philippe Rivière nos brindo un vistazo rápido del calendario del curso y la hermeneutica de trabajo durante el transcurso del mismo.

    Organización

    Philippe Rivière propuso las metas del curso, el calendario y la organización.

    Se dispone de una Fuente del Tesoro compuesta por 10000 documentos, estos documentos se hallan en distintos tipos de idiomas, formatos, y tratan distintos tipos de temas.

    Las restricciones son que no se puede hacer ningún tipo de modificación de manera manual en ningún documento, cualquier modificación que se vaya a realizar debe ser realizada de manera automática mediante un programa, si se desea extraer algun tipo de dato como nombres de (...)

  • Quantifier pour transformer
    http://www.laviedesidees.fr/Quantifier-pour-transformer.html

    Un ouvrage posthume d’Alain Desrosières, sociologue des statistiques, atteste que la #statistique ne se réduit pas à une simple opération de mesure de la réalité : elle est un enjeu scientifique et démocratique fondamental.

    Livres & études

    / statistique, #sciences_sociales, #sociologie, #gouvernance

    #Livres_&_études

  • Leur raisonnement, très clair et limpide, peut se résumer comme suit :

    même si les moyens de collecte de données augmentent en volume et en efficacité, il y a trop de paramètres à prendre en compte pour atteindre l’objectivité. Aucune machine, aussi puissante soit-elle, ne pourra jamais capter la complexité du monde dans son ensemble
    les données brutes ne servent absolument à rien. Il convient de les trier, de les visualiser, de les mettre en perspective. Or, le tri est un choix, et comme lorsque le journaliste choisit l’angle de son papier, ce choix est éminemment subjectif

    http://blog.m0le.net/2013/10/26/les-donnees-sont-elles-si-objectives-que-ca
    #datajournalisme

  • Hommage à #Alain_Desrosières - Cairn.info
    http://www.cairn.info/revue-francaise-de-socio-economie-2013-1-page-5.htm

    Hommage à Alain Desrosières
    AuteurÈve Chiapello du même auteur
    Directrice d’études, EHESS eve.chiapello@ehess.fr

    Alain Desrosières nous a quittés le 15 février 2013, laissant derrière lui, profondément attristée, une communauté informelle de chercheurs s’intéressant à la quantification, communauté dont il a été de fait le patient artisan puisque ce sont ses qualités relationnelles hors du commun qui l’ont fait exister. La passion d’Alain Desrosières pour le chiffre, son histoire, ses usages et ses rôles sociaux, n’avait d’égal que le plaisir de la transmettre et d’éveiller – tout particulièrement chez les jeunes chercheurs – un intérêt pour l’histoire et la sociologie de la quantification. Il a ainsi passé une partie de sa vie à nous parler des uns et des autres, à nous faire nous rencontrer, à entrer en contact avec tous ceux dont il découvrait les recherches en France ou à l’étranger, à nous présenter ses dernières idées sur de potentiels « bons » objets de recherche, à réfléchir sur les problèmes que nous lui apportions, à travailler avec nous sur les sujets qui nous intéressaient, à nous renvoyer ses analyses sur les textes que nous lui présentions... Nous sommes donc en deuil, nous tous qui sommes passés à un moment ou un autre par son bureau à l’Insee et qu’il a aidés, formés, accompagnés ou plus simplement encouragés par son intérêt. Quand Luc Boltanski et moi écrivions Le Nouvel Esprit du capitalisme, et que nous cherchions à typifier les êtres du nouveau monde connexionniste au travers de l’opposition du « mailleur » et du « faiseur », Alain était notre « bon exemple » de « mailleur ». Le regarder vivre et travailler nous a aidés à construire le modèle. Le « mailleur » est celui qui fait passer l’information, qui redistribue ses liens au plus grand nombre, qui cherche à étendre le réseau et par là à augmenter les connaissances partagées pour le bien de tous. Le « faiseur », par opposition, cherche à exploiter le réseau à son profit, à séparer les espaces afin de tirer avantage des « trous structuraux » qu’il est l’un des rares à pouvoir franchir, à soigner sa position de « passage obligé » ou de « gate-keeper ».

    #statistiques #sociologie

  • Hommage à #Alain_Desrosières, statisticien, sociologue, historien et philosophe de la statistique
    http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/?p=3438

    Il était la conscience inquiète de la statistique publique française.

    Ses nombreux articles et ouvrages en ont retracé la naissance et l’essor. Ils en discutent les bases scientifiques et les fondements sociaux. Ils mettent en lumière les liens entre les normes et la production des statistiques, entre l’histoire des politiques économiques et celle des méthodes et catégories statistiques, alors que la tendance est à les « naturaliser ». « Les façons de penser la société, de la gérer et de la quantifier sont indissociables » affirmait-il. La statistique ne peut être séparée de ses usages et elle évolue avec les transformations des politiques publiques. Ainsi, Alain Desrosières s’interrogeait sur « la qualité des quantités ».

    Alain a passionnément vécu et étudié les contradictions de la statistique, outil de connaissance et outil de gouvernement. Est-elle au service de la démocratie, permettre à la société de se mieux connaître, ou de l’Etat, pour lui permettre de mieux atteindre ses objectifs ? Et, cet Etat, qui organise et finance l’appareil statistique, a lui-même deux visages, c’est l’Etat social, instrument de résistance face aux forces du marché comme c’est l’Etat au service d’une organisation sociale façonnée par le capitalisme.

    #sociologie #histoire #statistiques

  • Insee - L’Insee et la statistique publique - Rapport d’activité 2012 - Les faits marquants de l’année 2012 - Insee Ambition 2015 : bilan à mi-parcours
    http://www.insee.fr/fr/insee-statistique-publique/default.asp?page=connaitre/rae/partie1_4.htm

    À la fin de la décennie 2000, l’Insee est fortement sollicité, notamment suite aux travaux menés pour le moyen terme du Conseil national de l’information statistique. Les demandes portent principalement sur l’environnement et le développement durable, sur une meilleure connaissance des inégalités, sur la mise à disposition d’informations finement localisées, nécessaires au pilotage des politiques publiques décentralisées. Les demandes émanant de l’Union européenne sont également de plus en plus prégnantes.

    Dans le même temps, une baisse sensible des effectifs apparaît inévitable : les départs à la retraite, nombreux compte tenu de la pyramide des âges des agents, ne sont que partiellement compensés.
    L’Insee a donc dû se réorganiser pour être plus efficace, mais a bénéficié pour cela d’opportunités nouvelles permises notamment par l’exploitation croissante des fichiers administratifs et par l’apport des nouvelles technologies.

    Quatre ambitions majeures pour être au rendez-vous des problématiques futures
    Dans cette optique, l’Insee a élaboré un programme baptisé Insee Ambition 2015. Sous l’accroche générale « l’Insee au rendez-vous des problématiques de demain », il détaille quatre ambitions :
    • Accroître notre impact dans le débat public, c’est-à-dire optimiser nos stratégies de diffusion et de communication et le choix des sujets objets de communication.
    • Mettre l’excellence technique et l’innovation au cœur de nos travaux.
    • Anticiper et nous organiser pour être plus réactifs.
    • Dégager des marges de manœuvre pour mieux remplir nos missions et répondre à de nouvelles demandes.

    http://www.insee.fr/fr/insee-statistique-publique/connaitre/rae/img/logo.jpg

    En lien avec ces orientations porteuses à moyen terme et pour moderniser son image, l’Insee a modifié son identité visuelle. « Mesurer pour comprendre » est la signature de l’Insee qui accompagne désormais le sigle de l’Institut. Elle exprime à la fois la nature des missions de l’Insee, la mesure, et leur finalité, servir et éclairer le débat public. Ce choix découle d’une large consultation auprès des utilisateurs de la statistique et de l’ensemble du personnel.

    • On ne peut que noter la coïncidence de l’arrivée de cette vision (selon le jargon de la com’ états-unienne) le jour même où Alain Desrosières était mis en terre au cimetière Montparnasse.

      Pour mesurer le poids de ces quelques pelletées rajoutées par la maison sur le cercueil de son ancien administrateur, on peut utilement relire ce qu’écrivait en 2005 Alain (avec Sandrine Kott) dans l’introduction au n°58 de la revue Genèses , numéro sur le thème Quantifier.

      Pour analyser cette activité, il est utile de distinguer les verbes quantifier et mesurer, souvent utilisés comme synonymes. L’idée de mesure, inspirée des sciences de la nature, suppose que quelque chose de réel peut être « mesuré », selon une métrologie réaliste. Dans le cas des sciences sociales, l’emploi immodéré du mot mesurer induit en erreur, en laissant dans l’ombre les conventions de la quantification. Ce verbe quantifier, dans sa forme active (faire du nombre), implique qu’il existe une série de conventions préalables, de négociations, de compromis, de traductions, d’inscriptions, de codages et de calculs conduisant à la mise en nombre. La quantification se décompose en deux moments : convenir et mesurer. L’usage du verbe quantifier attire l’attention sur la dimension, socialement et cognitivement créatrice, de cette activité. Celle-ci ne fournit pas seulement un reflet du monde (point de vue méthodologique usuel), mais elle le transforme, en le reconfigurant autrement.

      Tout le numéro est accessible en ligne : http://www.cairn.info/revue-geneses-2005-1.htm

  • « Les façons de penser la société, de la gérer et de la quantifier sont indissociables »
    http://www.alternatives-economiques.fr/-les-facons-de-penser-la-societe-2c_fr_art_198_22955.html

    Entretien avec Alain Desrosières, administrateur de l’Insee
    Propos recueillis par Sandra Moatti
    Alternatives Economiques, n° 245 - mars 2006

    Vous montrez aussi que l’outil statistique évolue avec la transformation des politiques publiques.

    En effet, il y a une relation étroite entre l’histoire des politiques économiques et celle des formes de statistiques. Car les façons de penser la société, de la gérer et de la quantifier sont indissociables. Il se dégage ainsi des grands modèles d’intervention publique qui traduisent chacun une certaine idée du rapport entre l’Etat et le marché. Ils sont apparus successivement dans l’histoire, mais coexistent plus ou moins aujourd’hui.

    Le texte est court. Il offre de façon très concise un aperçu de la façon dont Alain Desrosières pensait la statistique.

  • Gilles RAVEAUD » Blog Archive » Hommages à Alain Desrosières
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2013/02/18/hommages-a-alain-desrosieres

    Sur le blog de Gilles Raveaud, hommage de Florence Jany-Catrice

    Alain sera très certainement pour beaucoup d’entre nous le père fondateur de cette sociologie de la quantification dont les économistes ont, ou auraient grand besoin dans d’humbles actes de réflexivité à l’égard de leurs pratiques. Eux qui sont si friands des chiffres, par exemple pour « dire » la richesse et le progrès.
    (…)
    Je suis intimement persuadée qu’il y a en France une “Ecole-Desrosières”. Elle est en marche et c’est une grande source d’espérance. Parce que c’est la vie.

  • Alain Desrosières, statisticien, sociologue et historien de la statistique
    http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/02/18/alain-desrosieres-statisticien-sociologue-et-historien-de-la-statistique_183

    Indifférent au statut officiel, à l’âge et même à l’appartenance disciplinaire de ceux avec lesquels il engageait des relations de travail (souvent, dans son cas, indissociables de relations d’amitié), il a joué ce rôle irremplaçable de passeur non seulement entre les générations, mais aussi entre des communautés intellectuelles trop souvent portées à s’ignorer, quand ce n’est pas à entrer dans une concurrence obligatoire. Ancré dans différentes institutions, il a toujours eu à cœur de ne pas s’y laisser réduire, de ne pas y occuper de position de pouvoir, et de ménager ces espaces de liberté indispensables à la créativité.

    Laurent Thévenot (INSEE, EHESS), Emmanuel Didier (CNRS), Luc Boltanski (’EHESS)

    #statistique #sociologie #chiffres

  • Salut Alain !

    C’est avec une immense #tristesse que j’apprends le décès d’Alain Desrosières. Historien des statistiques, Alain était surtout un homme gentil, érudit, toujours à l’écoute, et tellement agréable à écouter lui-même.

    Gilles RAVEAUD » Blog Archive »
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2013/02/15/alain-desrosieres-est-mort