person:françois bès

  • Les Impatientes
    Festival Écrans publics : le programme des diffusions - Acteurs publics
    https://www.acteurspublics.com/2018/11/29/ecrans-publics-le-programme-des-diffusions

    Mardi 26 mars sur Acteurs publics TV :

    À 19 h 30, diffusion de la série Les Impatientes, de Jean-Marc Brondolo (Septembre Productions)

    Les ImpatientesCette mini‑série carcérale de 3 épisodes brosse le portrait de 3 femmes contraintes de cohabiter dans une cellule de maison d’arrêt. Entre l’enfermement, les promenades, les avocats et le bureau du juge, elles découvrent comment survivre entre la violence, le rire et l’amour.

    À 22 h, débat : Les femmes détenues, une minorité invisible ?

    Les femmes représentent moins de 4 % de la population carcérale. Les établissements qui les accueillent sont peu nombreux et principalement répartis dans le nord de la France. Leur accès aux activités et aux soins y est plus difficile. Dans cet univers majoritairement masculin, quels droits pour les femmes détenues ?

    Un débat animé par Adeline Baldacchino, haute fonctionnaire et écrivaine, avec Jean-Marc Brondolo, réalisateur de la série Les Impatientes, Caroline Abadie, députée, coprésidente du groupe d’étude “Prisons et conditions carcérales”, et François Bès, coordinateur du pôle “Enquêtes” de l’Observatoire international des prisons.

    #femmes #détention via @reka_en_ballade

    • La prison de Fleury-Mérogis secouée par une série de suicides, Le Monde

      Onze personnes détenues se sont suicidées à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) depuis le début de l’année 2018 : dix hommes et une femme. En sept mois, ce compteur macabre a déjà dépassé le cumul des deux années précédentes. Une situation inédite qui préoccupe l’administration pénitentiaire comme le parquet d’Evry, mais à laquelle ils affirment aujourd’hui ne pas trouver d’explication.

      Dernier en date, un homme de 48 ans a été retrouvé pendu dans sa cellule mardi 7 août au matin. Il était en détention provisoire pour une affaire criminelle (viol sur son ex-compagne). Détenu au quartier des « arrivants », il avait été identifié comme fragile, et un surveillant s’assurait de son état toutes les heures dans le cadre des dispositifs de prévention du suicide. « A la ronde de 6 heures, il dormait sur sa couchette, à celle de 7 heures, c’était trop tard », apprend-on de source pénitentiaire.

      A chaque décès en détention, quelle que soit l’apparence des faits (mort naturelle, suicide, agression), une enquête judiciaire est systématiquement ouverte. « Nous n’avons, à ce stade, pas d’élément troublant ni de facteur d’explication de cette série de suicides à Fleury-Mérogis », assure-t-on au parquet du tribunal d’Evry, dans le ressort duquel est implantée la plus grande prison d’Europe avec ses quelque 4 300 détenus. La justice y voit des cas individuels, indépendants les uns des autres.

      Pour le coordonnateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP), François Bès, cela pourrait s’expliquer par « un climat de tensions permanentes et de pression » spécifique à cet établissement. Les conditions de détention y sont pourtant, a priori, moins dures que dans d’autres maisons d’arrêt franciliennes. A Fresnes (Val-de-Marne), dont la vétusté des locaux n’est plus à démontrer, où les cellules n’ont pas de douche et où le nombre de détenus atteint 193 % de la capacité (contre 143 % à #Fleury-Mérogis), on ne déplore « que » deux suicides depuis le début de l’année pour 2 550 détenus. A Villepinte, en Seine-Saint-Denis, aucun suicide malgré une densité carcérale de 182 %. Au niveau national, on observe une légère hausse, mais la tendance sur plusieurs années est orientée à la baisse : 64 suicides en détention depuis le début de l’année, contre 59 pour la période équivalente en 2017 et 71 en 2016.

      Lire aussi : Nouveau record pour les prisons françaises avec 70 710 personnes incarcérées

      Certains cas polémiques

      Le phénomène a pris à Fleury une dimension oppressante, tant pour les personnels pénitentiaires que pour les détenus et leurs familles. Au point que certains cas deviennent polémiques. Tel celui de Lucas H., 21 ans, qui se serait pendu le 21 juillet au quartier disciplinaire où il avait été conduit à la suite d’une altercation avec des surveillants au sortir d’un parloir avec sa mère. Sa famille refuse de croire à un geste désespéré du jeune homme censé sortir de prison en septembre. Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté samedi 4 août devant la maison d’arrêt à l’appel d’un collectif Justice pour Lucas et conspué aux cris de « Matons assassins ! » les surveillants qui quittaient leur service.

      Selon le parquet d’Evry, qui a eu les conclusions orales de l’autopsie pratiquée le 26 juillet, « rien de suspect ne remet en cause pour le moment la thèse du suicide » de Lucas. Mais, l’enquête ne devrait pas être bouclée avant septembre, en attendant le rapport complet du médecin légiste et le résultat de plusieurs auditions auxquelles les gendarmes comptent encore procéder.

      D’autres suicides ne sont pas contestés, mais peuvent nourrir des questions sur le sens de la détention [ça alors...] , en particulier pour les courtes peines. Comme celui de cet homme de 25 ans, condamné à trois mois de prison pour « voyage habituel sans titre de transport ». Il s’est pendu le 17 mars, quelques semaines après son incarcération. Ou ce père de famille, plus âgé, qui s’est suicidé en avril, à peine arrivé pour exécuter une peine de deux mois pour « conduite sans assurance ». Ces sanctions pénales semblent disproportionnées au regard du délit, mais les tribunaux les justifient par le caractère multirécidiviste de ces personnes.

      Taux de suicides six fois supérieur

      Autre sujet questionné, celui des détentions provisoires qui s’allongent. La jeune femme de 24 ans qui s’est donné la mort à la maison d’arrêt des femmes de Fleury le 21 avril attendait depuis trois ans que la justice fixe son sort. « Une situation plus difficile à vivre que pour les condamnés, qui, eux, savent quand ils sortiront et peuvent, même si c’est dans longtemps, se projeter dans un avenir », explique un surveillant de cette prison géante.

      Le 12 juin, c’est un Albanais de 38 ans, qui se suicidait peu de temps après que sa détention provisoire qui durait déjà depuis dix-huit mois fut renouvelée. Il était mis en examen dans l’enquête sur l’attentat de Nice (86 morts) pour « association de malfaiteur terroriste » pour avoir fourni des armes à un couple d’Albanais qui les avaient lui-même revendues à un proche du conducteur du camion meurtrier. Selon l’Agence France-Presse, la qualification « terroriste » de son dossier était sur le point d’être abandonnée alors que cet homme, dont la tendance suicidaire avait été signalée, clamait depuis le début son aversion pour les djihadistes.

      Le taux de suicides en prison est en moyenne six fois supérieur à celui de l’ensemble de la population. De fait, elle concentre des personnes qui cumulent les handicaps sociaux, scolaires, économiques, sanitaires, familiaux, etc. « Ce n’est pas la prison qui crée leurs problèmes ni leurs fragilités », se défend-on à la direction des services pénitentiaires d’Ile-de-France. La direction assure que les retours d’expérience réalisés par une équipe pluridisciplinaire après chaque décès « n’ont pas révélé de faille dans la prévention du suicide, que ce soit dans la transmission des informations sur les signes avant-coureurs ou la prise en charge des personnes fragiles ».

      Dégradation des actions préventives

      Il n’empêche, le plan antisuicide mis en place en 2009 par la direction de l’administration pénitentiaire a porté ses fruits et a ainsi fait la preuve que ce n’était pas une fatalité. Le dispositif ne se limite pas à la ronde toutes les heures. Le dialogue du surveillant avec le détenu, par exemple au retour d’un parloir annulé ou qui s’est mal passé ou d’une audience chez le juge, est essentiel. « Lorsqu’un détenu que l’on a pris en charge se suicide, on ressent la même chose que le chirurgien qui perd un patient sur sa table d’opération », témoigne un ex-directeur de Fleury-Mérogis.

      Lire aussi : La mise en place d’un bureau de vote pour les détenus à l’étude

      Mais les surveillants ont-ils encore le temps pour cette partie valorisante de leur métier ? L’OIP voit dans la surpopulation carcérale et la proportion importante de surveillants stagiaires la cause d’une dégradation de ces actions préventives.

      Un autre dispositif de prévention qui semble avoir fait ses preuves à Villepinte depuis plusieurs années et a été implanté il y a quelques mois à Fresnes devrait prochainement être mis en place à Fleury-Mérogis, dans deux bâtiments sur cinq pour commencer. Des « codétenus de soutien », volontaires, formés avec des psychologues de la Croix-Rouge partageront la cellule de personnes considérées comme à risque en matière de passage à l’acte.

      Les statistiques sur la prévention n’existent pas, mais la direction des services pénitentiaires d’Ile-de-France assure qu’il y a dix fois plus de tentatives sérieuses de suicide prises à temps par les personnels que de suicides constatés.

    • La prison, « une humiliation pour la République », Editorial, Le Monde
      https://lemonde.fr/idees/article/2018/08/08/la-prison-une-humiliation-pour-la-republique_5340462_3232.html

      L’inflation de la population carcérale provoque des conditions de détention indignes et incompatibles avec les objectifs de réinsertion assignés à l’administration pénitentiaire.

      Nouveau record pour les prisons françaises avec 70 710 personnes incarcérées
      https://lemonde.fr/societe/article/2018/07/26/nouveau-record-pour-les-prisons-francaises-avec-70-710-personnes-incarcerees

    • https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins-dete-1ere-partie/prisons-francaises-un-systeme-a-bout-de-souffle

      Confrontée à une vague de suicides à Fleury-Mérogis, l’administration pénitentiaire française pourrait bien devoir reconsidérer les faiblesses de son #système. Pour en parler, Julie Gacon reçoit #François_Bès, coordinateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP).
      #administration_pénitentiaire

  • Centre d’enfouissement de Bure : l’impossible preuve scientifique de la sûreté

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2018/02/07/centre-d-enfouissement-de-bure-l-impossible-preuve-scientifique-de-la-surete

    « Le Monde » a eu accès à la thèse d’un chercheur qui a étudié la gestion des incertitudes entourant le stockage des déchets nucléaires de la Meuse.

    C’est un document embarrassant pour les promoteurs du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) visant à enfouir, dans le sous-sol argileux du village de Bure, dans la Meuse, les déchets nucléaires français les plus dangereux. Il décrit comment l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), faute de pouvoir démontrer de façon formelle la sûreté de cette installation pendant des centaines de milliers d’années, consacre ses efforts à convaincre les instances de contrôle du nucléaire de la faisabilité d’un tel stockage. Quitte à présenter certains de ses résultats de façon orientée ou lacunaire. Au-delà de cet établissement public, placé sous la tutelle des ministères chargés de l’énergie, de la recherche et de l’environnement, c’est aussi la chaîne d’évaluation de la sûreté nucléaire en France qui est questionnée.

    Ce document, que Le Monde a pu lire, est une thèse de 470 pages, soutenue le 11 décembre 2017 dans le cadre de l’Ecole des hautes études en sciences sociales et intitulée : « Enfouir des déchets nucléaires dans un monde conflictuel, une histoire de la démonstration de sûreté de projets de stockage géologique, en France ». Son auteur, Leny Patinaux, historien des sciences, a été pendant trois ans, de novembre 2012 à octobre 2015, salarié de l’Andra, qui a financé ce travail et lui a donné accès à ses archives. Parmi les membres du jury figure un membre de la direction de la recherche et du développement de l’agence, ce qui confère à son travail une forme de reconnaissance officielle.

    « Construire un scénario »

    L’universitaire, qui revient sur la genèse du choix de l’enfouissement pour les déchets à haute activité et à vie longue et sur les recherches engagées à cette fin, explique qu’« à partir des années 2000, l’impossibilité épistémique [c’est-à-dire au regard de la connaissance scientifique actuelle] d’apporter une preuve de la sûreté d’un stockage est reconnue par l’Andra », aucun modèle scientifique ne pouvant simuler l’évolution du site sur des centaines de millénaires.

    Dès lors, poursuit-il, « la démonstration de sûreté de Cigéo ne s’apprécie pas en fonction de sa justesse, mais en fonction de sa capacité à convaincre ses évaluateurs ». En particulier la Commission nationale d’évaluation des recherches et études relatives à la gestion des matières et des déchets radioactifs, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il s’agit pour l’Andra de produire non pas une preuve de type mathématique, mais « un faisceau d’arguments », voire de « construire un scénario comme on raconte une histoire ».

    Un scénario que, sur certains points, l’Andra semble avoir écrit à sa convenance. C’est du moins ce qui apparaît dans le compte rendu que fait le thésard de plusieurs réunions techniques, dites « revue finale des modèles et des données », auxquelles participaient une vingtaine de salariés de l’agence relevant des directions de la maîtrise des risques, de la recherche et du développement, des programmes, de l’ingénierie et du projet Cigéo. L’auteur a pu assister à plusieurs de ces sessions, entre juillet et décembre 2013, mais n’a pas été autorisé à suivre la dernière.

    Le chapitre relatant ces réunions est celui qui pose le plus question. Lors de la présentation des documents, l’Andra indique qu’« il y a un travail de “toilettage” [à faire] pour mieux expliciter certaines incertitudes, leur mettre un poids relatif et ainsi éviter toutes ambiguïtés d’interprétation ». Cela, analyse l’auteur, parce que « les responsables de la revue anticipent la possibilité d’une controverse publique », au potentiel « effet dévastateur ».

    Lors de l’examen des circulations gazeuses dans la couche argileuse endommagée par les excavations – susceptibles d’entraîner une fracturation de la roche –, un dirigeant déclare : « On a été un peu light dans les docs, volontairement. Si l’IRSN est tatillon là-dessus (…), on est limite. » Commentaire de l’auteur : « Ici, la discrétion est envisagée comme solution pour gérer l’incertitude (…) Omettre la présentation des calculs effectués doit permettre d’éviter de montrer que les salarié.e.s de l’Agence n’ont pas une connaissance très fine de l’évolution de la pression dans les ouvrages de stockage. »

    S’agissant de l’impact radiologique du stockage, un directeur adjoint redoute qu’avec les hypothèses retenues, en se plaçant dans le pire des cas (« worst case »), la limite réglementaire soit dépassée. Ce à quoi un autre responsable rétorque : « Ça se négocie ce worst case. » Autrement dit, décrypte l’auteur, « il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure que l’impact radiologique du stockage dépasse la norme autorisée : les hypothèses retenues dans la pire des évolutions possibles envisagées pour le stockage relèvent d’un choix et, de ce fait, elles peuvent être négociées ».

    A cela s’ajoute une connaissance très imparfaite des « colis » de déchets dévolus à Cigéo, qu’il s’agisse des radionucléides qu’ils contiennent ou de leur conditionnement. Ce qui oblige les chercheurs de l’Andra à affecter un « degré de confiance » aux données communiquées par les producteurs – EDF, Orano (ex-Areva) et le Commissariat à l’énergie atomique – et à déterminer des « facteurs de marge ». Il s’avère, écrit l’auteur, que « pour plus de la moitié des déchets destinés au stockage, les salarié.e.s de l’Agence estiment que les connaissances dont ils disposent sont mauvaises ou nulles ».

    Thèse à charge ? Elle est loin d’être univoque. « Les questions et les doutes présentés ne doivent pas faire oublier que l’Andra a capitalisé un nombre important de connaissances, souligne l’auteur. Il ne s’agirait pas non plus de penser que toutes les connaissances sur le stockage font l’objet d’incertitudes aussi fortes. » Le rédacteur relève du reste que, face à certaines inconnues, les ingénieurs de l’Andra ont fait le choix de « scénarios enveloppe », c’est-à-dire prenant en compte les hypothèses les plus défavorables pour la sûreté.

    « Bricolage »

    « Finalement, écrit-il, l’ensemble de ces éléments apporte des garanties que l’Andra a fait tout ce qu’elle a pu pour concevoir un stockage sûr et évaluer la sûreté de l’ouvrage. » Toutefois, ajoute-t-il, « lorsque l’Agence doit produire une analyse de sûreté globale, l’arrangement des savoirs produits en un ensemble cohérent montre néanmoins un certain bricolage ».

    Sollicité par Le Monde, Leny Patinaux n’a pas souhaité ajouter de commentaires à son travail. De son côté, l’Andra ne conteste pas les éléments rapportés dans cette étude qui, note-t-elle, « s’inscrit dans le cadre d’un travail d’histoire des sciences sur la gestion des incertitudes, qui est au cœur des problématiques et de la vie quotidienne de l’Andra, compte tenu du temps long des stockages ». Selon l’agence, « cette thèse rend compte de la démarche robuste mise en œuvre par l’Andra dans son travail de démonstration de sûreté ». Sur « de telles échelles de temps, développe-t-elle, on ne peut pas se limiter à des démonstrations purement scientifiques ». Il y faut une approche « intégrant un faisceau de connaissances scientifiques mais aussi d’incertitudes ».

    L’agence revient, point par point, sur les passages susceptibles de remettre en question la validité de son travail. « Il est nécessaire que les choix soient pris dans le cadre de débats en interne et en externe avec les évaluateurs et les autorités de contrôle (IRSN, ASN). C’est ce qu’il faut entendre par “convaincre les évaluateurs” », y explique-t-on. Quant au « toilettage » des documents préconisé, avant leur diffusion, elle est ainsi justifiée : « L’objectif des débats menés en interne est de “challenger” la robustesse des argumentaires pour bâtir une évaluation de sûreté solide, et de hiérarchiser les incertitudes au regard de leur impact (…). Cela demande un travail rigoureux d’écriture et de hiérarchisation. C’est sans doute ce qu’il y a derrière le mot “toilettage”. »

    « Certains arguments peuvent être jugés comme insuffisants (ou light), cela ne veut pas dire que l’incertitude n’a pas été traitée, mais qu’elle pourra faire l’objet de demande d’approfondissement par les évaluateurs, poursuit l’Andra. Là encore, rien n’est caché. » Enfin, au sujet des hypothèses sélectionnées dans le « pire des cas », elle affirme que tous les scénarios et hypothèses sont mis « sur la table », ceux retenus comme ceux exclus. Et de préciser : « Ce ne sont pas des scénarios probables qui permettent de dimensionner l’installation, mais des scénarios très improbables qui ont pour but de tester la robustesse, la résilience de la sûreté du stockage en allant aux limites du physiquement possible (…) Ces scénarios donnent lieu à un débat interne comme externe avec l’IRSN et l’ASN. »

    Dossier consolidé

    Reste à savoir, justement, si le contrôle exercé par l’IRSN et l’ASN a pu être pris en défaut par « l’arrangement des savoirs » – pour reprendre une formule de la thèse – construit par l’Andra. En clair, ces deux organismes vont-ils devoir instruire de nouveau le dossier de Cigéo, sachant que c’est sur l’expertise scientifique et technique du premier que s’appuie le gendarme du nucléaire pour rendre ses avis et donner ses autorisations ?

    « En première analyse, non », répond François Besnus, directeur de l’environnement à l’IRSN, qui souhaite néanmoins « prendre le temps d’étudier très attentivement » cette thèse. « Dans le processus interne de débat, il est normal que des avis contradictoires s’expriment, juge-t-il. Nous-mêmes procédons de la même façon sur l’analyse de risques, en mettant le curseur très haut et très bas, puis en retenant les hypothèses les plus raisonnables. »

    Il ajoute de surcroît : « L’IRSN ne se fonde pas seulement sur les dossiers de l’Andra. Les données et les résultats qu’elle met sur la table sont la plupart du temps cohérents avec nos connaissances propres et nos modélisations. Un grand nombre de ces données sont d’ailleurs issues de la recherche publique. » Ce qui écarte donc, a priori, la possibilité de biais délibérés, dans les résultats soumis.

    Au demeurant, la thèse fait état de réunions tenues en 2013. L’Andra a pu, depuis, consolider son « dossier d’options de sûreté », sur lequel l’ASN a rendu, le 15 janvier, son avis définitif. Son président, Pierre-Franck Chevet, a qualifié le dossier de « très bon », tout en demandant à l’Andra de « revoir sa copie » par rapport au risque d’incendie de 40 000 colis de déchets enrobés dans du bitume, et de « l’améliorer » vis-à-vis de la tenue du stockage souterrain, face aux séismes notamment.

    Les opposants au centre d’enfouissement de Bure verront sans doute, dans ce document, la preuve de la « fabrique du mensonge » que constitue, à leurs yeux, le projet Cigéo. Il dévoile, plus simplement, comment la gestion des déchets radioactifs est aussi celle – à haut risque – des incertitudes.

  • Prison : des téléphones fixes vont être installés dans chaque cellule - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/01/02/prison-des-telephones-fixes-vont-etre-installes-dans-chaque-cellule_16199

    Pour endiguer le trafic de #portables et favoriser le maintien des liens familiaux, le ministère de la Justice a lancé un appel d’offres pour équiper progressivement les cellules. Les détenus pourront ainsi appeler quatre numéros autorisés par un juge ou l’administration.

    En août, peu de temps après sa nomination, la ministre de la Justice Nicole Belloubet s’était illustrée par une déclaration plutôt audacieuse. Tranchant avec le discours de ses prédécesseurs, elle avait estimé, au sujet des téléphones en prison, que l’idée n’avait « rien d’absurde. […] Il faut donner aux détenus des moyens de communication. Par des portables contrôlés ou des lignes fixes ». Un flot de fantasmes carcéraux et réactions politiques hostiles n’avaient pas tardé, dont celle de Georges Fenech, ancien député et secrétaire national du parti Les Républicains, s’enflammant sur Twitter : « Stupéfaction ! La ministre de la Justice favorable au portable en prison ! La garantie du lien avec Daech. »

    Cinq mois plus tard, la ministre confirme son intention et tranche : ce ne seront pas des portables bridés mais des lignes fixes qui feront leur apparition dans les cellules. Contactée par Libération, la chancellerie résume : « L’idée est de maintenir le lien avec la famille et d’apaiser les tensions en détention. » Chaque détenu pourra appeler des correspondants parmi une liste de quatre numéros préalablement validés par les magistrats ou l’administration pénitentiaire. Selon les révélations du Monde, ce mardi, le ministère a lancé un appel d’offres en novembre – qui s’inscrit dans le cadre d’un renouvellement de concession du marché des « point-phones » – afin d’équiper les 45 000 cellules (en dehors des quartiers disciplinaires). Le contrat devrait être signé au printemps.

    « Point-phones » ou portables clandestins

    C’est une petite révolution dans le monde carcéral. « Nous saluons cette initiative qui va renforcer les liens et les possibilités de communication vers l’extérieur », déclare François Bès, coordinateur du pôle enquête à l’Observatoire international des prisons (OIP). Le sujet est en effet sensible, comme tous ceux qui ont trait à la délicate articulation entre libertés fondamentales et exigences de sécurité. Pour preuve, le téléphone a fait une entrée tardive entre les murs. Il a fallu attendre la loi pénitentiaire de 2009 pour que les condamnés, mais aussi les prévenus, puissent y avoir accès. « Les personnes détenues ont le droit de téléphoner aux membres de leur famille. Elles peuvent être autorisées à téléphoner à d’autres personnes pour préparer leur réinsertion. Dans tous les cas, les prévenus doivent obtenir l’autorisation de l’autorité judiciaire », précise l’article 39. Aujourd’hui, les détenus disposent non pas de cabines mais de « point-phones », répartis dans les coursives et les promenades et dont l’utilisation est strictement contrôlée. Chacun doit respecter une liste de contacts autorisés et des créneaux définis (généralement de 9 à 11 heures, puis de 14 à 16 heures). Cet encadrement génère plusieurs difficultés : le manque de confidentialité des échanges, le coût élevé de communication, la difficulté à joindre un conjoint qui travaille ou des enfants à l’école.

    Par conséquent, les « point-phones » sont volontiers délaissés au profit des portables clandestins qui fourmillent en détention : on estime que chaque détenu en possède un. Selon l’administration pénitentiaire, au premier semestre 2017, 19 339 téléphones et accessoires (puces, chargeurs, etc.) ont été découverts. Ils franchissent souvent les murailles par la voie des airs ou se faufilent discrètement via les parloirs. Certains surveillants ont également été épinglés pour corruption. C’est donc non seulement pour favoriser le maintien des liens familiaux, essentiels pour la réinsertion des détenus, mais aussi pour lutter contre ces trafics que la chancellerie a opté pour l’installation de postes fixes. A l’origine du projet, il y a une expérimentation, depuis 2016, dans les 290 cellules de la prison de Montmédy (Meuse). Si l’on ne peut pas parler d’éradication des portables, les effets sont tout de même encourageants : les saisies ont baissé de 30% sur le premier trimestre 2017. « Ça ne règle pas le problème des trafics mais ça les apaise », explique-t-on en interne.

    « Des factures de 150 à 200 euros par mois »

    Reste à savoir quels seront les tarifs en vigueur concernant les nouvelles installations. « L’appel d’offres parle de facturation à la minute, remarque François Bès. Or aujourd’hui, on est autour de 70 centimes dans la plupart des établissements. Certains détenus, à Réau en Seine-et-Marne, nous ont raconté qu’ils avaient des factures de 150 à 200 euros par mois ! Certes, à Montmédy, les tarifs ont été négociés à 20% à la baisse mais ça reste cher ». D’après la chancellerie, la société choisie prendra financièrement en charge l’ensemble de l’opération et sera rémunérée par le prix des communications payées par les détenus. « La concession sur dix ans devrait leur permettre d’avoir des tarifs plus abordables qu’à Montmédy », explique-t-on. Pour autant, cela ne marque pas la fin de la chasse aux portables illégaux. En parallèle, des brouilleurs « rebootés en permanence pour s’adapter aux nouvelles technologies » seront installés dans tous les établissements pénitentiaires.
    Julie Brafman

    Je les trouve totalement à côté de la plaque ! Pourquoi passer par un tel système avec des appels aussi chers et qui plus est placés sur écoute alors qu’on peut avoir un portable clandestin qui sera beaucoup plus pratique et moins cher ? Sûrement parce que ça nécessite encore une fois de passer par une entreprise privée qui va pouvoir s’en mettre plein les poches !
    #prison #administration_pénitentiaire #téléphone

  • L’OIP veut étendre à l’Outre-mer les mesures prises pour les Baumettes : Nuutania concerné

    PARIS, 22 déc 2012 (AFP) - L’Observatoire international des prisons (OIP) a demandé samedi, dans un communiqué, que les mesures de rénovation prises pour la prison des Baumettes à Marseille s’appliquent « également immédiatement dans les prisons d’Outre-mer ».

    « Des travaux doivent être engagés là où sont constatées des dégradations susceptibles de mettre en danger les détenus, à savoir la vétusté des installations électriques ou la difficulté d’accès à l’eau courante et aux sanitaires », a détaillé François Bès, coordinateur Ile-de-France/Outre-mer de l’OIP.

    Sont cités les établissements pénitentiaires de Faa’a-Nuutania en Polynésie, Camp Est en Nouvelle-Calédonie, Majicavo à Mayotte, Saint-Pierre de la Réunion, Basse-Terre et Baie-Mahault en Guadeloupe, Ducos en Martinique, Remire-Montjoly en Guyane.

    « L’Outre-mer concentre malheureusement un ensemble d’établissements vétustes, surpeuplés et dégradés qui existent certes aussi dans l’Hexagone mais qui ont tendance à être oubliés », a expliqué François Bès.

    Face à l’insalubrité de la prison des Baumettes à Marseille, le Conseil d’Etat a ordonné samedi la mise en oeuvre d’une « opération d’envergure » de dératisation et de désinsectisation de l’établissement pénitentiaire où le traitement réservé aux détenus est jugé illégal.

    Le 14 décembre, le tribunal administratif de Marseille, saisi par l’OIP, avait déjà sommé l’administration pénitentiaire d’agir aux Baumettes, demandant que chaque cellule soit dotée d’un éclairage, que les détritus soient enlevés et que les repas ne soient plus entreposés à même le sol ni près des bennes à ordures.

    « Comme pour la prison des Baumettes, des travaux ont parfois été annoncés ou sont en cours. Mais la gravité de la situation appelle à des mesures immédiates », a estimé l’OIP.

    #prison #conditions_détention #OIP #Outre_mer

  • Copié/collé des message de François Bes,
    il se passe qque chose à la Maison d’Arrêt des Femmes de Fleury-Mérogis suite au décès d’une détenue :

    1/5 #prison #FleuryMérogis Décès à la MAF le 2/11/12. Profond malaise, de nombreuses détenues s’interrogent sur le fait que
    2/5 le médecin de garde, prévenu, n’est pas allé la voir alors que les symptômes pouvaient laisser supposer un problème grave.
    3/5 Après les refus de réintégrer vendredi et samedi (renfort des ERIS), la grève des repas vendredi soir, maintenant c’est la grève
    4/5 des auxis d’aile qui ne servent plus les repas (servis par les surveillantes), les auxis cuisine ne se sont pas mises en grève
    5/5 par égard envers les indigentes qui n’ont que « la gamelle ». Ce matin dimanche 3 transferts en urgence ont eu lieu (soit-disant meneuses

  • France Culture - Les Matins d’Été du 12.08.2011 - Un été en prison
    http://www.oip.org/index.php/documents-sonores/111/942

    Les invités de 7h30 à 8h30 :

    Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature, Stéphane Jacquot, Secrétaire national en charge des Politiques pénitentiaires et des Prisons à l’UMP et François Bès, membre de l’Observatoire International des Prisons (OIP).

    # prison