• Crise des migrants à Lampedusa : l’extrême droite fait pression sur Emmanuel Macron
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/09/16/crise-des-migrants-a-lampedusa-l-extreme-droite-met-la-pression-sur-emmanuel

    Crise des migrants à Lampedusa : l’extrême droite fait pression sur Emmanuel Macron
    L’arrivée de milliers de personnes sur l’île italienne a offert au Rassemblement national et à Reconquête ! l’occasion de dénoncer une nouvelle fois la « submersion » qui menacerait la France. Le chef de l’Etat, de son côté, rappelle le « devoir de solidarité européenne ».
    Par Nathalie Segaunes
    Alors que l’afflux de migrants diminuait, vendredi 15 septembre, à Lampedusa, les réactions politiques se multipliaient en France. La situation inédite créée par l’arrivée d’environ 11 000 personnes en provenance d’Afrique du Nord, depuis le 11 septembre, sur cette île du sud de l’Italie d’à peine 7 000 habitants, a mis en lumière l’absence de cadre politique, alors que les flux migratoires vers l’Europe s’intensifient. Les départs depuis la Tunisie ont augmenté de 260 % en 2023, comparés à la période allant de janvier à août 2022, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
    La situation à Lampedusa montre que « les approches strictement nationalistes ont leurs limites », a jugé, vendredi, Emmanuel Macron. Une allusion aux promesses de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui prétendait bloquer les nouvelles traversées de migrants. La réponse à la crise migratoire ne peut être qu’européenne, juge Paris.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’île de Lampedusa, où plus de 6 000 migrants sont arrivés cette semaine, au cœur de la gestion des flux migratoires vers l’Europe
    Malgré les crispations passées avec Rome, le président français ne veut pas « laisser seule l’Italie avec ce qu’elle vit aujourd’hui ». En marge d’un déplacement en Côte-d’Or, il a défendu un « devoir de solidarité européenne » avec l’Italie, alors que l’Allemagne vient de suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance de ce pays en raison d’une « forte pression migratoire » et du refus de Rome d’appliquer des accords européens.Ce nouvel épisode de la crise migratoire a offert à l’extrême droite et à la droite françaises l’occasion de dénoncer, une fois de plus, la « submersion » qui menacerait la France, et « l’impuissance » d’Emmanuel Macron et de l’Union européenne (UE) en matière de gestion des flux migratoires.
    « Qui refusera encore de parler de submersion quand il arrive en quelques heures l’équivalent de la population d’une île ? », a déclaré Marine Le Pen (Rassemblement national, RN) sur X (ex-Twitter), jeudi 14 septembre ; elle sera en Lombardie, dimanche, à l’invitation de Matteo Salvini, chef de la Ligue. Elle a été imitée, vendredi, par le président du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, qui appelle le président de la République à « mettre un terme à cette submersion migratoire ».
    Les têtes de liste aux élections européennes, qui se dérouleront en juin 2024, se sont également emparées du sujet. Pour Jordan Bardella, qui conduira la liste du RN, une seule réponse possible à cette crise : « Emmanuel Macron doit prendre solennellement cet engagement : la France n’accueillera pas un seul migrant » en provenance de Lampedusa. « Pour lui qui a dit vouloir “réduire significativement” l’immigration, c’est le moment de vérité. Fermeté ou impuissance ? », a-t-il ajouté sur X.
    Sa concurrente Marion Maréchal, qui conduira la liste Reconquête ! aux européennes, s’est rendue, quant à elle, à Lampedusa dès jeudi soir, pour y dénoncer un « chaos » et « une « submersion », sur fond d’images de réfugiés assis par terre, en masse, sur le port italien. La nièce de Marine Le Pen a assuré être venue pour « apporter un soutien au peuple italien », estimant que le gouvernement de Giorgia Meloni est « abandonné par l’UE [et par] la France et se retrouve seul à gérer cette situation, alors même que les frontières italiennes ne sont pas seulement les frontières de l’Italie » mais « les frontières de l’Europe entière ».
    « C’est vraiment l’instrumentalisation la plus abjecte qui soit, dénonce auprès du Monde le député macroniste des Français établis hors de France Pieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des affaires européennes à l’Assemblée nationale. Si l’Italie est dans cette situation, c’est précisément parce que les pays européens dirigés par les amis de Marion Maréchal ne veulent pas de la solidarité européenne. » Allusion notamment à la Hongrie de Viktor Orban, qui refuse d’accueillir des réfugiés. « Mme Maréchal va faire son business électoraliste dégueulasse sur place devant des gens qui ont failli crever, c’est ça l’humanité et la politique ? », a déploré à son tour le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, vendredi, sur Franceinfo.
    Mais l’extrême droite n’est pas la seule à renvoyer le gouvernement et le chef de l’Etat à des actes. C’est « lors de débats comme celui-ci qu’on doit montrer qu’on est activement européen », a ainsi affirmé Raphaël Glucksmann, candidat aux européennes et probable tête de liste du Parti socialiste. Selon lui, la France ne défend pas aujourd’hui au Conseil européen une « solution européenne » avec des « mécanismes de solidarité » entre Etats plus efficaces que ceux actuellement en vigueur et qu’il appelle de ses vœux.Cette crise intervient alors que l’immigration est l’un des thèmes qui dominent la rentrée politique. Le gouvernement défendra à partir de novembre au Sénat un projet de loi qui cherche à concilier fermeté contre l’immigration illégale et intégration, avec la régularisation de travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
    Pour le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, « ce qui se passe à Lampedusa devrait inciter le gouvernement français à la plus grande prudence » sur ce sujet. « Régulariser les clandestins qui travaillent, ce serait créer un appel d’air irresponsable et dangereux, a-t-il écrit sur X, vendredi. Toute personne entrée illégalement sur notre territoire devrait être, au contraire, expulsée systématiquement. » Eric Ciotti a, de son côté, réitéré sa demande d’un référendum sur l’immigration « d’ici à la fin de l’année », car, selon lui, « c’est la seule façon de faire bouger les choses en matière migratoire ».En dépit des injonctions des oppositions, la ministre des affaires étrangères française, Catherine Colonna, a répété, vendredi, que la France « prenait sa part » dans la répartition des migrants. Elle a également jugé « impératif » que les longues négociations européennes relatives au pacte sur la migration et l’asile se terminent « avant la fin de l’année ».

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  • Les eurodéputés critiques du partenariat UE-Tunisie sur la migration
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/15/les-eurodeputes-critiques-du-partenariat-ue-tunisie-sur-la-migration_6189509

    Les eurodéputés critiques du partenariat UE-Tunisie sur la migration
    La Tunisie a refusé d’accueillir une délégation d’élus du Parlement européen ; en juillet, ils avaient souligné les atteintes aux droits humains dans le pays.
    Par Philippe Jacqué(Bruxelles, bureau européen) et Virginie Malingre(Bruxelles, bureau européen)
    Le fait est inédit et abasourdit les eurodéputés. Mercredi 13 septembre, les autorités tunisiennes ont interdit l’accès de leur pays à une délégation officielle de la commission des affaires étrangères du Parlement européen. « Je suis encore stupéfait », confie Emmanuel Maurel, l’eurodéputé de The Left (La Gauche), qui devait s’envoler pour Tunis jeudi avec quatre autres collègues issus de tous les grands groupes politiques du Parlement. « Pour la première fois, notre institution est interdite de séjour en Tunisie. Cela n’a rien d’anodin », renchérit l’écologiste Mounir Satouri, qui devait également participer à cette mission d’étude de deux jours.
    Dans un communiqué, la commission des affaires étrangères de l’institution a « condamné la décision des autorités tunisiennes » et « exigé une explication détaillée ». Dans la lettre envoyée à la délégation de l’Union européenne (UE) à Tunis, le ministère des affaires étrangères tunisien évoque simplement de « multiples réserves » à l’égard de la mission parlementaire. En juillet, une conférence de presse menée par les cinq députés de cette délégation avait pointé la détérioration des droits humains en Tunisie et demandé que l’on « remette la démocratie et les droits de l’homme au cœur de tout accord avec la Tunisie ».
    Dans la capitale tunisienne, la délégation de l’UE a « regretté » cette décision, mais, à Bruxelles, on estime néanmoins qu’il faut « maintenir le dialogue avec les autorités de Tunis ». Une position qui irrite le Parlement européen, totalement marginalisé depuis le début de l’année par la Commission sur la négociation d’un accord stratégique avec la Tunisie. Ce dernier a été signé avec les autorités tunisiennes le 16 juillet en présence de Kaïs Saïed, le président tunisien, d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, de Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, qui s’est démenée pendant des mois pour l’obtenir, et du premier ministre néerlandais, Mark Rutte. Cet accord prévoit plus d’un milliard d’euros d’aides diverses à Tunis en échange notamment d’un meilleur contrôle des migrants qui s’embarquent vers l’Europe, et notamment vers l’Italie.
    « L’annonce par la Tunisie de l’interdiction d’entrée sur son territoire des eurodéputés est intervenue quelques heures à peine après qu’Ursula von der Leyen a vanté ce partenariat avec la Tunisie et sa volonté de le répliquer avec d’autres pays de la région », constate Philippe Dam, de l’organisation Human Rights Watch. Or, ajoute-t-il, « [les principes démocratiques] stipulent que le Parlement est censé vérifier le travail de la Commission… » Bruxelles étant l’un des principaux bailleurs de la Tunisie dans la crise économique et sociale que traverse le pays, « les représentants des citoyens européens doivent pouvoir rendre compte de la situation sur place », souligne Emmanuel Maurel.
    Au Parlement, le partenariat migratoire est vertement critiqué de toutes parts. « Cette question de migration est trop au premier plan et j’aimerais qu’elle soit accompagnée d’autres mesures qui s’attaquent aux causes profondes », explique à Politico Michael Gahler, eurodéputé allemand du Parti populaire européen, droite, qui devait mener la mission en Tunisie.
    « Avec cet accord, on se met dans la main d’un Etat tiers, on ouvre la voie au chantage. On a eu l’expérience avec un accord de ce type avec la Turquie. Le modèle tunisien ne doit pas en être un », assure, quant à elle, Valérie Hayer, eurodéputée Renew. Pour éviter l’entrée de millions de réfugiés syriens, Bruxelles avait signé en 2016 un accord financé à hauteur de 6 milliards d’euros avec Ankara pour que la Turquie conserve et réadmette de nombreux réfugiés. Ce modèle d’externalisation de la gestion des réfugiés ne convient pas non plus à Raphaël Glucksmann, du groupe S&D : « Il nous rend dépendant d’un système autocratique. On dépense des milliards pour créer notre dépendance. »
    François-Xavier Bellamy, élu LR du PPE, pourfend, lui aussi, ce type d’accord, tout comme la libérale Sophie in ’t Veld : « On ne choisit pas toujours ses voisins. Tant que les normes européennes en matière d’Etat de droit, de droits humains et de démocratie sont respectées, on peut conclure des accords avec eux. Celui avec la Tunisie ne répond à aucune de ces conditions. » Selon elle, cet accord « n’a pas conduit à une diminution des arrivées. Et il provoque des drames ». Entre janvier et août, quelque 114 300 entrées irrégulières en Europe ont été comptabilisées par l’agence européenne Frontex, sur la voie dite « de Méditerranée centrale », en provenance de Tunisie et de Libye. Leur nombre a doublé en un an.
    Dans ce concert de critiques, le chef du groupe PPE, Manfred Weber, reste, lui, un fervent défenseur du « deal » migratoire. « Il n’y a pas de meilleure proposition sur la table. Où est l’alternative ? Personne n’est naïf, mais menons les pourparlers avec nos partenaires, en prenant en considération leurs problèmes. » Quand il s’est rendu en Tunisie, fin août, M. Weber avait été reçu pendant une heure et demie par le président Kaïs Saïed. Ses collègues n’ont pas eu la même chance.

    #Covid-19#migrant#migration#france#UE#politiquemigratoire#tunisie#droitshumains#frontiere#migrationirreguliere#pacte#frontex#postcovid

  • En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/en-france-la-crise-au-sahel-provoque-un-cafouillage-diplomatico-culturel_618

    En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    Un courrier demandant la suspension de tout projet de coopération avec les artistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso a provoqué, jeudi, l’indignation des milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.
    Par Joëlle Gayot, Sandrine Blanchard et Philippe Ricard
    Publié hier à 05h00, modifié hier à 11h55
    La polémique et la confusion qu’elle a suscitée jeudi 14 septembre sont à la hauteur des incertitudes générées par la suspension, par la France, de toute forme de coopération avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso, y compris dans le domaine de la culture, pourtant très loin des enjeux sécuritaires qui déchirent la région. La crise diplomatique qui sévit entre la France et les trois pays du Sahel, en raison d’une « épidémie » de coups d’Etat militaires dénoncée par le président de la République, Emmanuel Macron, vient de déborder sur le territoire artistique. Au point de déclencher, en quelques heures, l’indignation dans les milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.(...)
    Tout commence jeudi matin, à l’initiative du tout-puissant Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). Ce dernier dénonce un courrier « au ton comminatoire » envoyé la veille par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). « Sur instruction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères », assène le document révélé par l’organisation syndicale, les établissements culturels subventionnés ont appris qu’ils devaient « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso ».
    Ce message, expédié aux structures – les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et les scènes nationales – qui dépendent des DRAC, est passé par le secrétariat du ministère de la culture. Les mesures préconisées sont radicales, à en croire le courrier mis en cause par le Syndeac : « Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée », est-il précisé en quelques lignes tranchantes.
    Cette rafale de consignes venue d’en haut provoque la stupeur dans les milieux culturels. « Nous n’avons jamais connu d’injonction de la sorte, explique Bruno Lobé, vice-président du Syndeac et directeur du Manège, scène nationale de Reims (Marne). La philosophie de la France vis-à-vis d’artistes vivant dans des pays avec lesquels elle est en conflit a toujours été de continuer à les inviter, sans jamais rompre le dialogue. Ces créateurs sont déjà empêchés de travailler par leurs propres gouvernants. Si nous en rajoutons une couche, ce sera, pour leur viabilité, mais aussi pour l’image de la France, une véritable catastrophe. »
    La mise en œuvre de l’approche préconisée par les autorités françaises constituerait un précédent. Et une incohérence que souligne Bruno Lobé : « Au début de la guerre en Ukraine, le discours tenu était le suivant : “Continuez à soutenir les artistes russes. Ils ne sont pas Vladimir Poutine.” Quelle est la différence entre un artiste burkinabé, malien, nigérien et un artiste russe ? » (...)
    Si les instructions de la missive devaient être suivies, non seulement des artistes feraient les frais de la dissension des politiques, mais les théâtres et les festivals seraient contraints de bouleverser leurs programmations de saison. Cependant, la polémique oblige très vite les deux ministères à clarifier leurs intentions.
    Si la coopération culturelle publique est bien à l’arrêt, tout comme l’aide au développement et l’appui budgétaire, seuls les artistes n’ayant pas encore reçu de visas sont concernés. Dans les trois pays, justifie encore le Quai d’Orsay, « nous avons suspendu la délivrance de visas, nos postes n’étant plus en mesure de traiter ces demandes du fait de la situation sécuritaire dégradée ».
    L’épisode pourrait néanmoins laisser des traces. « C’est sans doute un fonctionnaire zélé du ministère de la culture qui a rédigé le courrier sur la base de consignes un peu générales des affaires étrangères, qu’il a dû surinterpréter », observe une source sous couvert d’anonymat. Un nouveau message devait être envoyé vendredi par le ministère de la culture afin de clarifier la situation, a indiqué Mme Abdul Malak sur RTL. D’ici là, les professionnels du spectacle vivant risquent de rester sur leurs gardes. « Le fait que ce soient des zones d’influence ou d’anciennes colonies françaises doit jouer dans l’énervement du gouvernement », observe Bruno Lobé. « La sanction est politique, mais celle qui va véritablement souffrir de ses conséquences, c’est la population. Pourquoi viser la culture ? Ce n’est pas très malin », conclut Hassane Kassi Kouyaté.

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  • Egypte : les réfugiés soudanais, une manne inespérée pour le tourisme à Assouan
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/15/egypte-les-refugies-soudanais-une-manne-inesperee-pour-le-tourisme-a-assouan

    Egypte : les réfugiés soudanais, une manne inespérée pour le tourisme à Assouan
    Des milliers de Soudanais ont trouvé refuge à Assouan, contribuant à revitaliser la saison touristique dans cette ville du sud de l’Egypte où ils tentent d’oublier les horreurs de la guerre. Hicham Ali, 54 ans, est arrivé à Assouan après un périple de mille kilomètres entre Khartoum, capitale soudanaise en proie aux combats, et la frontière égyptienne, au nord. Après avoir trouvé un appartement pour loger sa famille, cet ancien fonctionnaire souhaite désormais que ses enfants profitent de leur nouvelle ville. « Je suis venu avec ma famille pour passer ici une belle journée ensemble », dit-il depuis la terrasse d’une auberge qui, pendant la haute saison touristique, en hiver, attire un grand nombre de visiteurs étrangers. Il espère que cette journée permettra à ses proches d’« oublier la guerre, les bombes, les raids aériens et les tirs », confie-t-il, la voix couverte par les éclats de rire de ses enfants.
    Depuis le début de la guerre, le 15 avril, opposant deux généraux en lutte pour le pouvoir, plus de 310 000 personnes ont, comme Hicham Ali, trouvé refuge en Egypte. De l’autre côté de la frontière, de nombreuses personnes attendent, arrêtées en route par la décision soudaine de l’Egypte, en juillet, de réimposer des visas à tous les Soudanais fuyant la guerre. Auparavant, les femmes, les enfants et les hommes de plus de 50 ans traversaient sans aucune formalité.
    Zeinab Ibrahim, 30 ans, a réussi à traverser il y a trois mois. Avant cela, elle a passé deux mois avec sa famille à se terrer dans leur appartement de Khartoum par crainte des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et des combats de rue. « J’étais enceinte et il n’y avait plus aucun hôpital pour accoucher », affirme-t-elle à l’AFP, alors que des millions de personnes n’ont plus accès aux soins, la guerre ayant gravement endommagé le système de santé soudanais, déjà fragile.
    Une fois en Egypte, de nombreux réfugiés ont rejoint Le Caire, tandis que d’autres sont restés à Assouan, première grande ville égyptienne en venant du Soudan, à 300 km de la frontière. Les deux pays partagent la même langue et une grande partie de leur histoire depuis l’époque des pharaons. Avant la guerre, plus de 4 millions de Soudanais vivaient déjà en Egypte, selon l’ONU. La plupart des nouveaux arrivés aspirent à s’y installer durablement, loin de leur pays, qu’ils n’imaginent pas se relever avant des décennies. A Assouan, chaque hiver, les habitants voient débarquer des vagues de touristes égyptiens et étrangers venus découvrir les sites pharaoniques extrêmement bien préservés des environs, se prélasser au bord du Nil et profiter des températures clémentes. Mais ils ne s’attendaient pas à recevoir un tel afflux de réfugiés, ni aux opportunités que ces derniers ont apportées.
    Début septembre, alors que la chaleur écrasante de l’été avait fait fuir les visiteurs égyptiens, les capitaines de bateaux ont dû reprendre du service. Ils ont de nouveau levé l’ancre pour écumer le Nil sinueux, les enceintes diffusant de la musique à plein volume, entre les îles nubiennes qui parsèment son cours. Sur une rive sablonneuse où les guides recommandent aux voyageurs de se baigner entre deux gorgées de café nubien, les familles se rafraîchissent volontiers. « Depuis la guerre et l’arrivée de nos frères soudanais, nous avons repris nos activités et nous avons plus de travail », se réjouit Mahmoud Al-Aswany, 19 ans, perché sur le pont de la felouque sur laquelle il navigue depuis cinq ans. Une aubaine dans ce pays qui traverse sa pire crise économique, avec une inflation à son plus haut niveau historique.
    Mais tous les Soudanais ne sont pas accueillis de la même manière. Au Caire, ils se plaignent de discriminations, de racisme et de propriétaires véreux qui gonflent les loyers. A Assouan, où les communautés nubiennes vivent depuis des millénaires à cheval sur la frontière, les Soudanais ont trouvé à leur arrivée des bénévoles qui les attendaient avec des repas chauds. « Assouan est une belle ville et ses habitants sont gentils », répète Hicham Ali.Mais au-delà des petites initiatives privées, les réfugiés dans le besoin sont souvent livrés à leur sort. Les autorités égyptiennes n’autorisent pas les agences onusiennes et les ONG internationales à établir des camps pour accueillir les migrants, Le Caire faisant valoir qu’en échange, les nouveaux arrivants ne sont pas privés du droit de travailler ou de circuler librement.

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  • Au Mexique, 11 policiers reconnus coupables du meurtre de 17 migrants à la frontière avec les Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/au-mexique-11-policiers-reconnus-coupables-du-meurtre-de-17-migrants-a-la-fr

    Au Mexique, 11 policiers reconnus coupables du meurtre de 17 migrants à la frontière avec les Etats-Unis
    Douze policiers, faisant partie d’une unité d’élite, ont été accusés de meurtre. Mais l’un d’entre eux a accepté de coopérer avec le bureau du procureur de l’Etat mexicain de Tamaulipas et a été reconnu coupable d’abus de pouvoir.
    Le Monde avec AFP
    A l’issue de trois mois de procès, le juge Patricio Lugo Jaramillo a déclaré coupable 11 policiers du meurtre de 17 migrants originaires d’Amérique centrale, « tués par balles et brûlés par la suite » à la frontière avec les Etats-Unis en 2021, a annoncé le bureau du procureur de l’Etat mexicain de Tamaulipas. Les peines doivent être prononcées dans les prochains jours et pourraient aller jusqu’à cinquante ans de réclusion. Un douzième fonctionnaire de police est reconnu coupable d’abus de pouvoir.
    Les faits remontent au 23 janvier 2021 quand les autorités découvrent une camionnette incendiée contenant les restes calcinés de 19 personnes. La quasi-totalité d’entre elles sont des migrants venus du Guatemala pour tenter d’entrer illégalement aux Etats-Unis via le Mexique. Leurs corps ont été retrouvés à Camargo, une commune de l’Etat de Tamaulipas, dans le nord-est du pays, le long de la frontière avec les Etats-Unis.
    Parmi les 19 victimes, les restes de deux Mexicains ont été identifiés comme étant ceux des passeurs ayant conduit les migrants jusqu’à la frontière avec les Etats-Unis, selon les autorités. Ce meurtre fait partie des plus sanglants jamais recensés au Mexique, où les exilés tentant de rejoindre les Etats-Unis s’exposent à de nombreux dangers. En août 2010, un groupe de 72 migrants avait été assassiné par des narcotrafiquants présumés, dans le même Etat de Tamaulipas.
    Sur les douze policiers accusés de meurtre, un a accepté de coopérer avec le bureau du procureur et a été reconnu coupable d’abus de pouvoir. Ils faisaient tous partie d’une unité d’élite de la police et avaient d’abord affirmé avoir trouvé les corps des migrants assassinés.
    C’est le fonctionnaire coopérant avec les autorités mexicaines qui a révélé que c’étaient eux qui avaient tiré sur les migrants avant d’incendier leurs corps retrouvés à Camargo. L’Etat de Taumalipas, situé sur la côte du golfe du Mexique, est le plus court chemin pour arriver aux Etats-Unis en venant du sud. Mais la région est dangereuse en raison de la présence de bandes, qui enlèvent, rançonnent et assassinent des migrants. Le Mexique est par ailleurs secoué par des violences qui ont fait plus de 420 000 morts depuis décembre 2006, date à laquelle le gouvernement fédéral a lancé une opération militaire controversée de lutte contre la drogue. La vague de violences a submergé le système judiciaire et les meurtres restent en majorité impunis.

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  • Projets artistiques avec le Sahel : « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels », assure la ministre de la culture
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/15/projets-culturels-avec-le-sahel-il-n-est-pas-question-d-arreter-d-echanger-a

    Projets artistiques avec le Sahel : « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels », assure la ministre de la culture
    Seuls les « nouveaux projets de coopération qui démarreraient maintenant et demanderaient des visas, ou d’envoyer des Français » au Burkina Faso, au Mali, au Niger, sont concernés par la demande de suspension, affirme Rima Abdul Malak.
    Confrontée à l’indignation du secteur culturel depuis la diffusion d’un message demandant la suspension de tout projet de coopération avec les ressortissants du Mali, du Niger et du Burkina Faso, la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, s’est employée, vendredi 15 septembre, à déminer le sujet.« Ce n’est pas un boycott, pas de représailles », a-t-elle affirmé sur RTL. « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels, des musées, des festivals et des théâtres » du Niger, du Mali et du Burkina. « Tous les artistes qui ont déjà des visas et qui ont des tournées prévues ou des spectacles prévus, ceux-là vont pouvoir venir comme prévu. Tous ceux qui sont d’origine burkinabée, nigérienne ou malienne, mais qui vivent en France évidemment, ne sont pas du tout du tout concernés », a précisé la ministre. Sont concernés les « nouveaux projets de coopération qui démarreraient et nécessiteraient des visas, ou d’envoyer des Français là-bas », compte tenu du « contexte sécuritaire extrêmement dégradé ». Un « message » sera renvoyé vendredi pour repréciser les mesures.
    Le gouvernement est mis en cause depuis la diffusion, mercredi, d’un message émanant des directions régionales de la culture (DRAC), qui représentent le ministère et sont chargées de conduire la politique culturelle de l’Etat dans les régions et les départements, appelant à « suspendre sans délai, et sans aucune exception » tous les « projets de coopération qui sont menés (…) avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays ». « Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée », poursuivait le message.
    Ce message a provoqué la colère des acteurs culturels : « Cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire », a cinglé le Syndeac dans un communiqué. « Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine », a-t-il ajouté.
    Jeudi, confronté à la polémique, le ministère de la culture avait assuré n’avoir demandé « aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit ». « Cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays », a-t-il ajouté.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mali#niger#burkinafaso#culture#visas#politiquemigratoire#postcovid#artiste

  • L’île de Lampedusa, épicentre de la crise de la gestion des flux migratoires par les Etats européens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/l-ile-de-lampedusa-epicentre-de-la-crise-de-la-gestion-des-flux-migratoires-

    L’île de Lampedusa, épicentre de la crise de la gestion des flux migratoires par les Etats européens
    Située à moins de 150 kilomètres des côtes africaines, la petite île italienne a accueilli, le 13 septembre, jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et arrivées de la Tunisie à bord d’embarcations de fortune.
    Par Allan Kaval(Rome, correspondant, avec Thomas Wieder, correspondant à Berlin) Avec des milliers de personnes épuisées et échouées sur ses côtes, des structures d’accueil au bord de l’effondrement, de brèves scènes de chaos réfractées sur les réseaux sociaux et des tentatives de récupération politique, la situation de Lampedusa a cristallisé une nouvelle fois la crise de la gestion par les Etats européens des flux migratoires en Méditerranée. Terre italienne située à moins de 150 kilomètres des côtes africaines, la petite île de 7 000 habitants a accueilli, mercredi 13 septembre, jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et arrivées de la Tunisie voisine à bord d’embarcations de fortune.
    Jeudi soir après une journée sans débarquement significatif, la Croix-Rouge italienne, qui a la charge du centre d’accueil de l’île, conçu pour 600 places d’hébergements, absorbait encore le choc de la veille en pourvoyant aux besoins de 2 000 à 3 000 personnes tandis qu’une flotte de navires militaires et privés poursuivait les évacuations vers les ports italiens. « Une pareille situation n’a jamais été vue sur l’île », affirme au Monde Rosario Valastro, le président de la Croix-Rouge italienne. Il décrit un système d’accueil soumis du fait de conditions météorologiques favorables à une pression extrême, absolument insuffisant pour y faire face.
    Déjà durement mis à l’épreuve par l’augmentation des arrivées sur l’île cette année, son fonctionnement prévoit que les migrants soient transférés dans un centre d’accueil, le « hotspot », avant de quitter l’île pour d’autres structures. Or les personnes arrivées massivement mercredi, n’ont pas pu avoir accès à l’assistance normalement assurée par la Croix-Rouge et par des volontaires présents dans l’île. « Il était impossible de canaliser la situation et de répondre aux besoins, cela a créé des retards, des moments d’hostilité, des fortes tensions », raconte M. Valastro.
    Affaiblis, affamés et assoiffés, des migrants à peine débarqués comptant parmi eux des mineurs isolés se sont ainsi retrouvés livrés à eux-mêmes sur une petite île touristique redevenue en 2023 la principale voie d’accès au continent européen depuis que la route migratoire tunisienne est devenue la plus empruntée en Méditerranée.Tandis que la municipalité de l’île déclarait l’état d’urgence, les scènes de chaos à proximité d’un centre d’accueil débordé, les images d’une ligne de policiers repoussant une foule tentant de franchir un cordon de sécurité, rapidement diffusées sur les réseaux sociaux ont davantage marqué les esprits dans les premières heures que les témoignages de solidarité pourtant nombreux des habitants et des touristes encore très présents en cette fin de saison.
    La crise survenue mercredi révèle en réalité une impasse structurelle. La transformation des routes migratoires, déterminées par les choix politiques européens en matière de gestion des flux, fait de Lampedusa une étape obligée pour la plupart des candidats à l’exil du continent africain. Or cette île, dont la superficie excède à peine les 20 km2, se trouve dans un état de tension quasi permanent qui ne peut être atténué en aval des arrivées. « Il est impossible d’agrandir le “hotspot”. On ne peut pas en construire un nouveau. On ne peut pas augmenter les capacités, explique M. Valastro, l’île est tout simplement trop petite. »
    Au-delà de Lampedusa, les centres d’accueil du continent arrivent eux aussi à saturation, près de 123 700 migrants étant arrivés en territoire italien au 13 septembre selon les autorités, provoquant la colère des élus locaux.
    La situation de l’île remet par ailleurs en cause la ligne défendue par Giorgia Meloni. Selon la vision défendue par la présidente du Conseil, les flux migratoires devraient être réduits en limitant drastiquement l’action des organisations non gouvernementales de sauvetage en mer et, en amont du territoire italien, par l’octroi par l’Union européenne (UE) d’avantages aux Etats de transit en échange d’un meilleur contrôle des départs. Mercredi pourtant, des milliers de personnes migrantes abordaient Lampedusa en provenance de Tunisie au moment même où, prononçant son discours sur l’état de l’UE, la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, se félicitait d’un accord politique conclu en juillet avec le président autoritaire tunisien, Kaïs Saïed.
    Le texte, également signé par Giorgia Meloni, conditionne en des termes imprécis une aide économique européenne à une coopération plus étroite sur les migrations. Le même jour, les membres d’une délégation parlementaire européenne se voyaient interdits d’entrée sur le territoire tunisien après que des critiques sur l’accord en question ont été formulées.
    Un migrant dort devant le centre d’accueil, le « hotspot », de l’île italienne de Lampedusa, le 14 septembre 2023.Jeudi, l’implication de Bruxelles auprès de l’Italie après les événements survenus à Lampedusa s’est traduite par l’évocation de « contacts étroits » avec Rome et de futures aides opérationnelles et financières. Après un entretien avec la commissaire européenne aux affaires internes, Ylva Johansson, le ministre italien de l’intérieur, Matteo Piantedosi, a aussi fait état d’un accord sur « une nouvelle stratégie opérationnelle européenne contre les trafiquants d’êtres humains ».
    Ces déclarations intervenaient toutefois après que l’Allemagne et la France ont annoncé des mesures visant à limiter l’entrée sur leurs territoires de migrants irréguliers transitant par l’Italie, symptôme des difficultés qu’ont les Etats membres à s’entendre sur le dossier.Malgré l’accord qui avait été trouvé en juin sur la réforme des politiques migratoires, l’Allemagne a ainsi annoncé qu’elle suspendait le mécanisme volontaire de solidarité européen dont le but est d’aider les pays d’arrivée des migrants en relocalisant une partie d’entre eux dans des pays tiers. Pour justifier sa décision, Berlin accuse Rome de ne pas reprendre les demandeurs d’asile qui se trouvent en Allemagne mais dont le dossier devrait être traité en Italie, pays de leur première entrée en Europe, en vertu du règlement de Dublin. Sur 12 452 personnes concernées depuis le début de l’année, l’Italie n’en aurait repris que dix, selon le ministère allemand de l’intérieur.
    Depuis plusieurs mois, de nombreux élus locaux accusent le gouvernement fédéral de les laisser démunis face aux arrivées de migrants de plus en plus nombreux, et le sujet est d’autant plus inflammable que la ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser, est actuellement en campagne comme tête de liste du Parti social-démocrate (SPD) pour les élections régionales en Hesse qui auront lieu le 8 octobre.
    La décision concernant les migrants en provenance d’Italie doit aussi se lire à cette aune, comme un signal de fermeté adressé par le gouvernement d’Olaf Scholz, au sein de son pays, à une droite et à une extrême droite qui ne manquent pas une occasion de l’accuser de laxisme en matière de politique migratoire.« La crainte d’une nouvelle montée de la droite populiste pousse le ministère allemand de l’intérieur à fermer de plus en plus les frontières. Or, céder à la pression de la droite ne fait que renforcer l’extrême droite », a déclaré le porte-parole de l’association allemande de défense des migrants Pro Asyl, Karl Kopp, contacté par Le Monde.
    Côté français, mardi, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé depuis Menton (Alpes-Maritimes) – et en réponse à l’augmentation des arrivées de migrants en situation irrégulière en provenance d’Italie – le renforcement du dispositif de contrôle à la frontière. Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête ! pour les européennes de juin 2024, proche de la famille politique de Giorgia Meloni, était attendue jeudi soir à Lampedusa.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#france#allemagne#UE#routemigratoire#lampedusa#hotspot#controlemigratoire#politiquemigratoire#crise#postcovid

  • En Ethiopie, l’exode des médecins du Tigré, épuisés par deux ans de guerre civile
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/14/en-ethiopie-l-exode-des-medecins-du-tigre-epuises-par-deux-ans-de-guerre-civ

    En Ethiopie, l’exode des médecins du Tigré, épuisés par deux ans de guerre civile
    Après avoir travaillé sans relâche et sans salaire pendant le conflit, de nombreux soignants abandonnent les hôpitaux de la région pour exercer dans des cliniques à l’étranger ou rejoindre des ONG.
    Par Noé Hochet-Bodin(Addis-Abeba, envoyé spécial)
    A l’entrée de l’hôpital Ayder de Makalé, le plus grand du Tigré, les listes accrochées sur un tableau en liège ne sont pas des annonces d’embauche. Les hôpitaux de cette région du nord de l’Ethiopie auraient pourtant bien besoin de renfort en ces temps de reconstruction d’après-guerre. Hélas, il s’agit au contraire des noms de la centaine de médecins qui ont démissionné, abandonné l’hôpital et, le plus souvent, quitté la province.
    Après deux années de guerre civile (2020-2022) marquées par le blocus de la région, les pénuries de médicaments, l’occupation et la destruction de l’ensemble des structures de santé, le Tigré en paix fait face à une nouvelle menace : l’exode de ses soignants. La faculté de médecine de l’hôpital Ayder indique que 67 des 190 chirurgiens spécialisés de la région ont profité de la réouverture des frontières, après les accords de paix de novembre 2022, pour fuir un Tigré en ruines. Soit plus d’un tiers. En tout, 221 médecins ont quitté leur poste.« Le personnel de l’hôpital Ayder a travaillé sans relâche pendant deux ans sans être payé. Il a fait preuve d’un dévouement et d’une compassion incroyables, mais il est maintenant à bout. Tous sont épuisés, démoralisés et commencent à quitter l’hôpital », constate le directeur de l’établissement, Kibrom Gebreselassie, en guise d’appel à l’aide.
    Après le temps des dévastations, le Tigré se relève à peine. Pendant la guerre, l’hôpital Ayder fonctionnait « à 15 % de ses capacités », selon Kibrom Gebreselassie. Plus généralement, 70 % des structures de santé ont été « pillées » à travers la région, d’après Médecins sans frontières (MSF). Si, depuis les accords de paix, une partie du budget, dont les salaires, est de nouveau versée par le gouvernement fédéral, les médecins n’ont pas cessé de fuir.« C’est une tendance que nous avons du mal à contrôler », reconnaît Amanuel Haile, directeur du bureau régional de santé, qui date à janvier le début de l’exode, suite à la reprise des liaisons aériennes à Makalé, la capitale du Tigré : « Certains de nos meilleurs spécialistes partent pour travailler dans des cliniques privées en Europe et aux Etats-Unis ou dans des ONG, notamment au Somaliland, au Rwanda et au Soudan du Sud. »
    Les médecins choisissent l’exil avant tout pour des considérations financières, afin de régler leurs dettes après dix-huit mois sans revenus ni compensations. Kahsay Hailu (à sa demande, son identité a été changée) fut chirurgien pendant plus de douze ans à Ayder. Formé à Makalé, il doit tout à cet hôpital. Il a pourtant fait le choix de fuir au Canada, en mars, accompagné de sa femme et de ses trois enfants. « J’ai une famille à charge, je ne peux pas rester sans salaire ou presque dans un établissement qui ne fonctionne plus », justifie-t-il. En Ethiopie, un chirurgien du secteur public gagne en moyenne 230 euros par mois, mais jusqu’à 20 fois plus s’il travaille pour des agences onusiennes ou des ONG.
    Certes, il y a la culpabilité de laisser une province au bord du précipice, confrontée à une recrudescence de cas de violences sexuelles, de cancers et de VIH. Mais ces médecins déserteurs font aussi face à un constat d’impuissance. « J’ai le sentiment de m’être sacrifié deux ans pour soigner les miens alors que nous n’avions rien, pas de salaire, pas d’électricité, même pas de gants en plastique, ni de nourriture pour les patients », précise Kahsay Hailu.« Je ne les juge absolument pas », rassure Amanuel Haile, qui prétend que tout sera fait pour accueillir de nouveau les médecins en exil qui souhaitent retrouver leur poste. En attendant, la qualité des soins en pâtit. L’unique spécialiste de chirurgie abdominale étant parti, il faut se rendre à Addis-Abeba pour recevoir ce type de soins. De même pour la chirurgie vasculaire. « On fait du bricolage, ironise le chirurgien Fasika Amdeselassie. On est sous l’eau, ma liste d’attente a triplé depuis le départ de mes collègues. »
    Ce cadre de l’hôpital Ayder sait que les troubles de stress post-traumatique constituent une autre raison du départ des médecins tigréens. Pour les traiter, il a mis en place une petite structure, baptisée « Haqi », qui propose un soutien psychologique à l’attention des professionnels de santé qui se trouvaient en première ligne pendant la guerre. « Les dégâts psychologiques sont colossaux, la pression intense, et nous n’avons quasiment personne pour en parler, car le Tigré ne compte que trois psychiatres pour 6 millions d’habitants », dit-il.Si les acteurs humanitaires ont fait leur retour au Tigré pour soutenir un système de santé chancelant, il y a peu de chances que les médecins exilés reviennent rapidement. « Le budget alloué par le ministère de la santé a diminué d’un tiers par rapport au niveau d’avant-guerre », confie, désabusé, un médecin qui souhaite garder l’anonymat. De plus, la lente démobilisation des forces armées du Tigré et l’état d’urgence dans la région voisine de l’Amhara font craindre la résurgence des affrontements. « Les perspectives politiques sont trop sombres pour espérer le retour de nos collègues, assure Fasika Amdeselassie. Si la paix n’est pas entérinée prochainement, nous n’avons aucune chance de voir nos médecins rentrer. »
    Noé Hochet-Bodin(Addis-Abeba, envoyé spécial)

    #COvid-19#migrant#migration#tigre#ethiopie#conflit#crise#humanitaire#medecin#migrationqualifiee#santementale#exil#postcovid

  • La Wallonie veut régulariser les sans-papiers pour les métiers en tension
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/09/05/la-wallonie-veut-regulariser-les-sans-papiers-pour-les-metiers-en-tension_61

    La Wallonie veut régulariser les sans-papiers pour les métiers en tension
    Des membres du gouvernement wallon, soutenus par les patrons et les syndicats de la région, demandent au gouvernement belge d’agir pour faire face aux pénuries de main-d’œuvre et anticiper la baisse du nombre d’actifs.
    Par Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, Correspondant)
    Même si elle connaît toujours un taux de chômage élevé (9,6 % en juin 2023, hormis la communauté germanophone), qui concerne notamment les jeunes de moins de 25 ans (25 % étaient sans emploi en 2022, selon l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique), la Wallonie rencontre, elle aussi, des problèmes de main-d’œuvre dans une série de métiers : 158 sont « en tension », 92 « en pénurie ». Afin de tenter de remédier à une situation qui entrave son redressement, des membres du gouvernement wallon espèrent convaincre l’Etat fédéral belge et la Flandre qu’il faut régulariser les sans-papiers et les demandeurs d’asile capables d’entrer dans les filières économiques concernées, très diverses : la construction, la logistique, la restauration, la boucherie, la soudure, le développement informatique, la comptabilité, etc.
    Elio Di Rupo, le ministre-président de la région, et Christie Morreale, la ministre de l’emploi, tous deux socialistes, ont adressé en juillet une lettre au premier ministre belge Alexander De Croo. Son contenu a fuité à la fin du mois d’août parce qu’il n’avait visiblement pas rencontré l’écho souhaité par ses auteurs. Même si le dirigeant libéral flamand s’est déclaré « sans tabou » et si les patrons et les syndicats wallons appuient fermement la demande des ministres.
    La Wallonie, compétente pour l’octroi des permis de travail, a, en revanche, besoin de l’aval du gouvernement central pour les titres de séjour. Seuls les chercheurs et les étudiants peuvent obtenir un permis unique. Impossible donc de délivrer une autorisation, y compris aux étrangers non européens qui disposent d’une formation et de compétences pour exercer un métier en pénurie. Or, il y a urgence, selon les dirigeants wallons : dans les quinze prochaines années, la région comptera 50 000 actifs de moins, avance l’Union des classes moyennes, association de défense des travailleurs indépendants.
    Il reste cependant à convaincre la Flandre : si les patrons y réclament également un plan d’urgence, les partis de droite, majoritaires, sont soumis à la pression de l’extrême droite, hostile à toute mesure assimilable à une éventuelle ouverture des frontières. La conférence interministérielle, qui réunit les pouvoirs régionaux et le fédéral, a déjà évoqué une possible régularisation mais sans pouvoir conclure un accord. Alors que 200 000 postes au total ne trouvent pas preneurs actuellement dans le pays et que la situation est jugée réellement critique en Flandre, où le recrutement massif de travailleurs frontaliers, français surtout, ne suffit plus à pallier le manque. Le débat se double d’une polémique récurrente sur le fait que la Wallonie n’accomplirait pas les efforts nécessaires pour remettre au travail ses 223 000 demandeurs d’emploi (dont 156 000 bénéficient d’une indemnité) et pour les orienter vers la Flandre voisine, qui lui a proposé 117 000 places de travail en 2022 et où 45 000 Wallons sont déjà employés.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Belgique : une grève générale pour exiger une hausse des salaires s’apprête à paralyser le pays
    Il n’est pas question, pour le pouvoir régional wallon, de donner l’impression que la régularisation des réfugiés et sans-papiers masque en fait son incapacité à remettre au travail ses chômeurs. Il veut bel et bien, soutient-il, favoriser la « migration économique » (vers la Flandre) et il octroie des primes à ceux qui se forment à un métier en tension. Avec peu de résultats : selon le quotidien économique belge L’Echo, un chômeur wallon sur 30 seulement entre dans une telle filière. Et les formations échouent pour les publics cibles : chômeurs de longue durée, peu qualifiés, ou âgés. (...) Jean-Pierre Stroobants

    #Covid-19#migrant#migration#belgique#politiquemigratoire#wallonie#flandre#regularisation#economie#travailleurmigrant#migrationeconomique#postcovid

  • Comment l’Europe sous-traite à l’Afrique le contrôle des migrations (2/4) : « Nous avons besoin d’aide, pas d’outils sécuritaires »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/07/comment-l-europe-sous-traite-a-l-afrique-le-controle-des-migrations-2-4-nous

    Comment l’Europe sous-traite à l’Afrique le contrôle des migrations (2/4) : « Nous avons besoin d’aide, pas d’outils sécuritaires »
    Au Sénégal, la création et l’équipement de postes-frontières constituent des éléments clés du partenariat avec l’Union européenne. Une stratégie pas toujours efficace, tandis que les services destinés aux migrants manquent cruellement de financements.
    Par Andrei Popoviciu

    #Covid-19#migrant#migration#UE#senegal#externalisation#frontiere#controlemigration#identite#droit#politiquemigratoire#afrique#postcovid

  • Comment l’Europe sous-traite à l’Afrique le contrôle des migrations (1/4) : « Frontex menace la dignité humaine et l’identité africaine »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/06/comment-l-europe-sous-traite-a-l-afrique-le-controle-des-migrations-1-4-fron

    Comment l’Europe sous-traite à l’Afrique le contrôle des migrations (1/4) : « Frontex menace la dignité humaine et l’identité africaine »
    Pour freiner l’immigration, l’Union européenne étend ses pouvoirs aux pays d’origine des migrants à travers des partenariats avec des pays africains, parfois au mépris des droits humains. Exemple au Sénégal, où le journaliste Andrei Popoviciu a enquêté.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#senegal#frontiere#gouvernance#droit#afrique#controlemigration#identite#politiquemigratoire#externalisation#postcovid

  • Migration : « Il faut modifier le principe selon lequel les personnes mettant le pied en Europe ont le droit d’y faire traiter leur demande d’asile »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/30/migration-il-faut-modifier-le-principe-selon-lequel-les-personnes-mettant-le

    Migration : « Il faut modifier le principe selon lequel les personnes mettant le pied en Europe ont le droit d’y faire traiter leur demande d’asile »
    Tribune
    Kaare Dybvad Bek Ministre danois de l’immigration et de l’intégration
    Peter Nedergaard Professeur à l’université de Copenhague
    Les réfugiés et les migrants en provenance du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’autres régions du monde participent chaque année à une course souvent tragique pour rejoindre l’Europe. Après la pandémie de Covid-19, l’afflux vers notre continent s’est violemment intensifié : l’année dernière, près d’un million de demandes d’asile ont été déposées dans l’Union européenne (UE), le rythme s’accélérant encore cette année.
    Un tel phénomène est extrêmement inquiétant à plusieurs niveaux. D’une part parce que des milliers de personnes se noient en Méditerranée dans leur périple, mais aussi parce qu’une grande partie de la population européenne a de plus en plus le sentiment que l’immigration est hors de contrôle. La plupart des pays de l’UE possèdent aujourd’hui des décennies d’expérience en matière d’immigration. Si de nombreux entrants non occidentaux se comportent de manière exemplaire, nombre de nos concitoyens rencontrent des frictions et des conflits culturels dans leur vie quotidienne. Les statistiques mettant en évidence un taux de criminalité élevé et un faible niveau d’emploi parmi les immigrés sont bien connues, et de nombreuses personnes ont le sentiment que leurs préoccupations concernant la radicalisation et la formation de ghettos ne sont pas prises au sérieux, à en juger par les flux de migrants se poursuivant sans relâche vers l’Europe. Cet état de fait est en partie dû à notre système d’asile, qui est à l’origine de certaines dynamiques catastrophiques. En effet, bien que les pays européens acceptent un nombre record de demandeurs d’asile, nous abandonnons les réfugiés les plus vulnérables du monde – femmes, enfants, personnes handicapées ou en mauvaise condition physique. Ces laissés-pour-compte n’ont souvent ni l’argent ni la force nécessaire pour entreprendre le voyage dangereux vers l’Europe, et se retrouvent dans des camps de réfugiés sous-financés.
    Au contraire, nous dépensons d’énormes ressources pour traiter des cas, notamment de jeunes hommes, dont beaucoup n’ont aucun motif légal d’asile, mais qui essaient d’aller en Europe pour des raisons financières, afin d’obtenir de meilleures conditions de vie. Chaque année, les pays de l’UE examinent des milliers de demandes d’asile. L’année dernière, plus de la moitié ont fait l’objet d’un refus en première instance. Il est navrant de penser aux sommes que nous dépensons pour les interprètes, les avocats, l’hébergement et le rapatriement de personnes qui n’auraient jamais dû être ici – alors même que l’Organisation des Nations unies et la Croix-Rouge internationale manquent désespérément de moyens pour faire face à la misère dans certaines zones du monde.
    Rappelons expressément que le droit d’asile est réservé aux personnes victimes de persécutions. Les individus souhaitant vivre en Europe pour d’autres raisons doivent déposer leur dossier par les canaux réglementés, tels que les permis de travail ou les séjours d’études. Si nous ne modifions pas la politique actuelle en matière d’asile et de réfugiés, les accidents mortels se poursuivront, tandis que nous courons le risque de voir les citoyens ordinaires perdre confiance dans les dirigeants et les institutions. A long terme, cela pourrait conduire les électeurs à se tourner vers l’extrême droite européenne, qui ne tentera de résoudre le problème qu’avec des murs plus hauts et des barbelés, sans aucun égard pour l’aspect humanitaire. Le Danemark a l’ambition de faire des propositions concrètes sur ce à quoi pourrait ressembler l’avenir de la politique européenne d’asile et d’immigration. En premier lieu, nous devons effectivement anéantir le modèle commercial cynique des trafiquants d’êtres humains qui spéculent sur la misère des gens. En juin, nous avons vécu l’un des pires naufrages de migrants en Méditerranée : un bateau de pêche surpeuplé avec environ 750 personnes à son bord a chaviré au large des côtes grecques. Une semaine plus tard, un canot pneumatique a coulé en mer lors de sa route vers les îles Canaries, tandis que près de 100 personnes ont disparu dans un accident au large des côtes italiennes en février.
    Les ONG et certains médias accusent souvent les opérations de sauvetage européennes d’être bien trop inefficaces et pressent les dirigeants de l’UE à faire plus pour aider les personnes embarquées dans les canots pneumatiques dangereux. Mais trop peu d’acteurs de ce débat mettent en avant le fait que les accidents continueront jusqu’à ce que nous arrêtions les cerveaux sans scrupule qui font fortune en entraînant les gens dans un voyage souvent mortel. Le gouvernement danois a lancé un projet de réforme du système d’asile qui combattra la traite des êtres humains et veillera à ce que nous fournissions une protection à celles et ceux qui se trouvent éligibles au droit d’asile, tout en maîtrisant l’afflux, afin de ne pas recevoir plus de personnes que nous ne sommes capables d’intégrer. Pour ce faire, il convient de modifier le principe actuel selon lequel les personnes mettant le pied sur le sol européen ont le droit d’y faire traiter leur demande d’asile.
    Si le Danemark et les pays européens doivent continuer à offrir une protection à ceux qui en ont besoin, il est nécessaire que l’UE fasse preuve de diligence raisonnable en trouvant des solutions innovantes pour améliorer le contrôle de l’afflux, dans le respect de nos obligations internationales. Le Danemark a ainsi proposé que les demandeurs d’asile spontanés soient transférés vers un pays partenaire sûr en dehors de l’UE, où les demandes doivent être instruites et une protection potentiellement offerte. Cependant, nous sommes également ouverts à d’autres solutions, telles que des partenariats migratoires avec d’autres pays, sur le modèle du pacte migratoire établi entre l’UE et la Turquie en mars 2016. Les réfugiés devraient venir en Europe sur la base de principes humanitaires et non parce qu’ils ont réussi à entrer clandestinement sur son sol. Nous devons supprimer le droit du plus fort dans la politique d’accueil des réfugiés.
    Le souhait du Danemark est que nous réaffections nos ressources, de sorte que beaucoup plus de moyens soient alloués au soutien des organisations humanitaires qui accomplissent une tâche énorme à proximité des conflits. Il s’agit à la fois de fournir la nourriture, les médicaments, les couvertures et d’autres besoins urgents aux déplacés. Mais il s’agit également de scolariser les enfants, de proposer un emploi aux parents et de soutenir les communautés locales, qui font face à un énorme travail d’intégration.
    Le Danemark a été le premier pays à avoir ratifié la convention de Genève sur les réfugiés, et nous serons le dernier pays à l’abandonner. Cependant, il convient d’adopter une posture différente de sorte que les citoyens puissent continuer à reconnaître leurs propres sociétés.
    Kaare Dybvad Bek est le ministre danois de l’immigration et de l’intégration ; Peter Nedergaard est professeur de sciences politiques, docteur du troisième cycle à l’université de Copenhague

    #Covid-19#migrant#migration#danemark#UE#asile#politiquemigratoire#refugie#pactemigratoire#accueil#postcovid

  • En Italie, le gouvernement Meloni dans l’impasse sur la gestion des flux migratoires
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/29/en-italie-le-gouvernement-meloni-dans-l-impasse-sur-la-gestion-des-flux-migr

    En Italie, le gouvernement Meloni dans l’impasse sur la gestion des flux migratoires
    Le rythme des arrivées sur l’île de Lampedusa, depuis la Tunisie, ne cesse d’augmenter en dépit de la politique de voisinage menée par Rome.
    Par Allan Kaval(Rome, correspondant)
    Le gouvernement de Giorgia Meloni avait fait de la réduction des arrivées irrégulières de migrants en Italie l’une de ses priorités. Lundi 28 août, leur nombre, sur les huit premiers mois de l’année, s’élevait à près de 113 500, soit plus du double de celui enregistré à la même période en 2022. Face à une rapide augmentation des départs depuis la Tunisie, les mesures d’urgence prises par l’exécutif depuis le début de son mandat, fin octobre, n’ont pas suffi. De nouveau, l’île de Lampedusa concentre les arrivées. Du 25 au 27 août, plus de 4 000 personnes y ont ainsi accosté après une traversée commencée depuis les rivages tunisiens. Du côté du gouvernement, entre promesses de mesures plus restrictives, attaques ou appels à l’aide en direction de Bruxelles et efforts diplomatiques encore improductifs en Méditerranée, les données de la gestion de la question migratoire restent les mêmes.
    « La situation des derniers jours est la plus critique depuis le 1er juin », indique au Monde Rosario Valastro, le président de la Croix-Rouge italienne qui gère le « hot spot » de Lampedusa, un centre à partir duquel les migrants sont transférés vers le continent lorsque les conditions météorologiques le permettent. Lundi, en fin de journée, 3 000 personnes y étaient hébergées, dans une structure initialement conçue pour en accueillir 600. « Ce qui nous préoccupe avec ce rythme d’arrivées c’est de pouvoir continuer à garantir une assistance à des personnes qui viennent dans des conditions très critiques, dont beaucoup de mineurs », déplore M. Valastro. En trois mois, plus de 48 000 personnes sont passées par le centre pour être ensuite dirigées vers un système d’accueil national dont des élus locaux et acteurs associatifs dénoncent la saturation.
    La grande majorité a transité par la région de Sfax, dans l’est de la Tunisie, devenue le point de passage principal pour des migrants majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Cette situation persiste en dépit de la politique de voisinage menée par Rome en Tunisie et présentée comme le modèle de son approche diplomatique en Méditerranée. Depuis son entrée en fonction, Mme Meloni prône la conclusion d’accords avec les pays de départ et de transit censés garantir des investissements et des financements en échange d’un contrôle accru des flux migratoires en amont des frontières italiennes. La présidente du conseil a obtenu de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qu’elle souscrive à cette approche en se rendant à Tunis, le 16 juillet, afin de signer avec elle et le président autoritaire tunisien, Kaïs Saïed, un accord de cette nature dont les traductions pratiques doivent encore prendre forme.
    Mardi, Mme Meloni est attendue à Athènes, Rome ayant l’ambition, entre autres dossiers, de rallier la Grèce à sa vision de la politique migratoire régionale. Le vice-président du conseil italien, Antonio Tajani, également ministre des affaires étrangères et secrétaire national de Forza Italia (centre droit), a appelé à une « action européenne » en réponse aux flux migratoires en provenance d’Afrique. L’autre vice-président du conseil et ministre des infrastructures, Matteo Salvini, s’est appuyé sur la situation à Lampedusa, mais aussi à Trieste, ville italienne située sur la route des Balkans, pour blâmer Bruxelles. Son parti, la Ligue (extrême droite), a construit ses succès sur un discours violemment hostile aux migrants et multiplie, en vue des élections européennes de juin 2024, les prises de position dissonantes au sein de la majorité. « Après tant de bavardages et de bavardages, l’Europe doit se réveiller, se bouger et nous aider », a-t-il déclaré, en jugeant nécessaire un nouveau « décret sécurité » porteur de mesures plus dures contre les migrants.
    La politique préconisée de l’exécutif emmené par Mme Meloni s’inscrit pour l’instant dans le sillage de décrets déjà pris depuis le début de la législature pour restreindre les activités des ONG de sauvetage et le régime de protection internationale en vigueur. En avril, le gouvernement italien avait par ailleurs instauré un état d’urgence sur le dossier migratoire, une mesure censée simplifier et accélérer le travail des administrations, mais servant aussi d’affichage politique alors que l’augmentation des arrivées en provenance de Tunisie se faisait déjà sentir. Pour le maire de Lampedusa, Filippo Mannino, cité dimanche par l’agence Adnkronos, « la déclaration [de l’état] d’urgence n’a produit aucun effet » sur son île et se limite à « des annonces ».Avec l’augmentation des arrivées, la gestion de l’accueil a également conduit les maires de centre gauche à demander davantage d’implication de l’Etat. Elle provoque aussi des critiques virulentes d’élus de la Ligue mécontents de devoir accueillir des migrants dans leurs villes. Ils réclament une répression plus dure à Matteo Salvini et au ministre de l’intérieur, Matteo Piantedosi, sommés de leur donner des gages au seuil d’une nouvelle période électorale. Des nouvelles mesures ont toutefois été annoncées après les arrivées massives depuis le 25 août. Elles sont censées aboutir à une rationalisation de la gestion de la politique migratoire, centralisée au niveau de la présidence du conseil.
    Face au gouvernement, le monde catholique italien dont les structures sont impliquées dans la délégation de l’accueil, prône un changement d’approche plus franc. « La question migratoire doit cesser d’être traitée comme une urgence et devenir une politique planifiée et ordinaire pour dissiper une atmosphère qui génère des politiques menaçant les droits des personnes », explique le prêtre Marco Pagniello, directeur de Caritas Italie qui appelle à plus de solidarité européenne envers l’Italie, pays de transit vers lequel la France renvoie les migrants interceptés à sa frontière. « Nous devons construire avec tous les acteurs associatifs impliqués et le gouvernement une structure permanente de gestion des flux qui s’inscrive dans la durée, car on ne peut pas arrêter le mouvement », juge-t-il. Pour le gouvernement Meloni, cela reviendrait à renoncer à endiguer un phénomène qu’il s’est engagé à faire disparaître.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#politiquemigratoire#droit#frontiere#transit#caritas#accueil#fluxmigratoire#tunisie#afriquesubsaharienne#postcovid

  • Tunisie : des migrants consignés dans un lycée pendant les vacances scolaires
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/24/tunisie-des-migrants-consignes-dans-un-lycee-pendant-les-vacances-scolaires_

    Tunisie : des migrants consignés dans un lycée pendant les vacances scolaires
    Les autorités tunisiennes ont fait de l’établissement de l’oasis de Tamerza un centre de rétention provisoire pour des dizaines de personnes expulsées de Sfax ou interceptées aux frontières libyenne ou algérienne.
    Par Monia Ben Hamadi(Tamerza (Tunisie), envoyée spéciale)
    Tamerza, oasis de montagne située à quelques kilomètres de la frontière algérienne, dans le sud-ouest de la Tunisie, est surtout connue pour ses paysages à couper le souffle, le long de canyons et de sources. A la lisière du village, une montagne rocheuse surplombe le lycée. Au début du mois d’août, alors qu’élèves et professeurs sont toujours en vacances scolaires, plusieurs agents de la garde nationale surveillent l’entrée de l’établissement. Des hommes et des femmes portant pour certains des gilets de l’organisation humanitaire du Croissant-Rouge font des va-et-vient.« Personne ne peut entrer, à part les bénévoles », avertit Salwa (le prénom a été modifié), une volontaire de la région. Profitant de la livraison de nourriture et de produits de première nécessité envoyés par des associations tunisiennes, Le Monde a pu accéder au bâtiment pendant plusieurs minutes, avant d’éveiller les soupçons des agents de sécurité présents à l’intérieur.
    Dans la cour du lycée, des tables et des chaises en plastique sont disposées de manière disparate. Abdoulaye (le prénom a été modifié), un jeune Ivoirien au physique athlétique portant une barbe de quelques jours, est installé là avec trois hommes et deux femmes. Au coucher du soleil, le groupe tente de chasser l’ennui en jouant aux cartes. « On n’a pas le droit de sortir d’ici, on ne sait pas ce qu’ils veulent faire de nous », explique le jeune homme à voix basse, sous le regard méfiant des gardes.
    Quarante-six hommes, femmes et enfants sont toujours retenus dans ce lycée à l’approche de la rentrée scolaire. La plupart ont été expulsés de Sfax puis récupérés à la frontière libyenne ou algérienne, selon Wafa, une surveillante de l’établissement qui s’est portée volontaire, avec le soutien du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, de la Ligue tunisienne des droits de l’homme et de bénévoles indépendants pour assurer une aide vitale aux migrants en détresse. Ces bénévoles s’activent particulièrement dans les villes frontalières, dans le bassin minier de Gafsa, l’oasis de Nefta ou celle de Tamerza, qui ont connu des arrivées massives de migrants expulsés à la frontière ou arrivés directement d’Algérie. Ils se coordonnent aussi avec d’autres associations à Tunis, ou encore avec l’Organisation internationale pour les migrations, qui gère des centres d’hébergement et les procédures de retour « volontaire ». Ces aides sont fournies parallèlement au soutien apporté par le Croissant-Rouge, qui collabore principalement avec les autorités.
    Installé depuis des années à Sfax, Abdoulaye a vécu les tensions survenues dans la deuxième ville du pays après la mort d’un jeune Tunisien tué par des migrants – selon les premiers éléments de l’enquête – dans la nuit du 3 au 4 juillet. Dans la foulée, le jeune Ivoirien et plusieurs centaines d’autres migrants subsahariens ont été expulsés à la frontière avec la Libye, à l’est, près du poste-frontière de Ras Jedir. Sous la pression des ONG et des médias, les autorités tunisiennes, qui nient toujours ces expulsions, ont autorisé le Croissant-Rouge, dès le 9 juillet – après que le chef de l’Etat tunisien, Kaïs Saïed, a reçu le président de l’organisation – à se rendre dans la zone tampon entre les deux pays, dont l’accès est contrôlé par les militaires.Dans les jours qui ont suivi, ces centaines de migrants bloqués entre la mer et le désert sous une chaleur caniculaire ont été répartis dans plusieurs centres d’hébergement situés dans le sud du pays. Abdoulaye et près d’une cinquantaine d’autres personnes se sont alors retrouvés enfermés dans l’enceinte du lycée de Tamerza, le 13 juillet, dormant dans l’internat des élèves. « Ils sont bien traités, y compris par les agents de sécurité, explique Wafa, mais le problème est qu’ils n’ont pas le droit de sortir. » Selon la jeune surveillante, les autorités tunisiennes tenteraient de collecter les informations nécessaires pour établir l’identité et le parcours de chaque personne retenue sur place depuis plus d’un mois. Trois personnes qui ont exprimé leur volonté de retourner dans leur pays auraient été transférées dans un autre centre, et quarante-six autres sont toujours dans l’attente. Contactés par Wafa et ses collègues, les anciens bailleurs ou employeurs de certains de ces migrants se seraient dits prêts à les accueillir de nouveau. « Il y a même des étudiants dont nous essayons de régulariser la situation », affirme la jeune femme. Mais le temps presse et le lycée de Tamerza ne pourra plus être utilisé comme lieu de rétention ou de tri dès le début du mois de septembre, avec la rentrée scolaire. Bientôt, les lits devront être libérés pour laisser place aux élèves. Le destin des hôtes temporaires de l’internat demeure incertain.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#migrationirreguliere#retention#ONG#OIM#droit#regularisation#libye#algerie#frontiere#retour#postcovid

  • En Tunisie, des migrants revenus de l’enfer
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/23/en-tunisie-des-migrants-revenus-de-l-enfer_6186320_3212.html

    En Tunisie, des migrants revenus de l’enfer
    Chassés du pays et repoussés plusieurs fois par des soldats algériens en plein désert, Alpha Oumar et Ibrahima n’aspirent qu’à une seule chose : rentrer chez eux, en Guinée.
    Par Monia Ben Hamadi(Nefta, Tunisie, envoyée spéciale)
    Assis sur un tronc d’arbre à l’entrée de l’oasis de Nefta, Alpha Oumar et Ibrahima s’estiment chanceux. Les deux jeunes hommes originaires de Guinée ont survécu à l’enfer à la frontière tuniso-algérienne. Chassés par les autorités des deux pays, ils ont enduré des semaines de violences et d’humiliations avant de trouver un abri de fortune à l’ombre de palmiers, grâce à une poignée de bénévoles. Comme eux, des centaines de migrants guinéens, gambiens, soudanais, somaliens, éthiopiens ou ivoiriens – dont des femmes enceintes et des enfants en bas âge – sont parvenus à rejoindre les nombreuses oasis qui entourent la petite ville de Nefta, située dans le sud-ouest de la Tunisie, à 40 kilomètres du poste-frontière de Hazoua.
    Si les autorités ferment les yeux, tant que les migrants se font discrets, ces derniers ne peuvent pas se déplacer librement en ville et ne sont pas acceptés dans les transports en commun sans laissez-passer. « On n’arrive plus à gérer, ils sont de plus en plus nombreux et c’est dangereux, surtout pour les femmes et les enfants », s’alarme Assewer, l’une des volontaires présentes sur place.
    Ibrahima n’était pas encore majeur quand il a quitté son pays natal au début de l’année. En voiture et à pied, il est passé par la Côte d’Ivoire, le Mali et l’Algérie avant d’atteindre, en mai, la frontière tuniso-algérienne. De là, il s’est rendu directement à Sfax, le port tunisien devenu l’épicentre de la migration en Méditerranée. Des centaines de personnes tentent chaque jour la traversée vers l’île italienne de Lampedusa, principale porte d’entrée pour l’Union européenne. Ibrahima veut en être.
    A Sfax, le jeune homme n’a aucune difficulté à trouver un logement en colocation dans le centre-ville. Il y fait la connaissance de son compatriote, Alpha Oumar, 23 ans, arrivé de son côté huit mois plus tôt. Lui a déjà tenté de traverser en décembre 2022, mais, à une dizaine de kilomètres de Lampedusa, le moteur de son embarcation a lâché. Resté à la dérive pendant quatre jours, le bateau a finalement été secouru par des pêcheurs tunisiens. Ramené à terre, il assiste, impuissant, à la montée du sentiment antimigrant en Tunisie. En février, une campagne raciste déferle sur le pays après que le président, Kaïs Saïed, a accusé des « hordes » de « clandestins » d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », soutenant l’existence d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Pressés de quitter Sfax, Ibrahima et Alpha Oumar tentent de partir en juin, mais ils sont rattrapés en mer par la garde nationale tunisienne. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, la mort d’un jeune Tunisien, poignardé par des migrants, selon les premiers éléments de l’enquête, déclenche une véritable chasse à l’homme à l’encontre des Subsahariens, dont des centaines ont été expulsés de chez eux et violentés. La nuit suivante, des policiers débarquent chez Alpha Oumar et Ibrahima. Ils « ont défoncé la porte et nous ont demandé de sortir en nous disant qu’ils étaient là pour nous sécuriser », se souvient le plus âgé.
    Au poste de police, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants s’entassent déjà. « Des personnes se sont rendues elles-mêmes au commissariat de peur d’être attaquées par la population, d’autres sont arrivées blessées », poursuit Ibrahima. Les policiers assurent alors aux migrants qu’ils seront emmenés à l’extérieur de la ville, dans un camp, le temps que la situation se calme à Sfax. Alpha Oumar et Ibrahima montent dans un bus, sans connaître leur destination.
    « Les chauffeurs ne savaient clairement pas où ils allaient, ils suivaient le convoi de la garde nationale. Ils ont marqué plusieurs arrêts, toujours sur leur téléphone pour attendre de nouvelles instructions, cela n’avait pas été préparé », estime Alpha Oumar. Mais, très vite, les passagers commencent à comprendre, grâce au GPS de leurs téléphones, qu’ils sont emmenés vers la frontière algérienne. (...) Ces expulsions vers les frontières algérienne ou libyenne sont toujours niées par les autorités tunisiennes, qui ont accusé plusieurs fois les médias, les organisations non gouvernementales et même les autorités libyennes, qui ont documenté certains cas, de vouloir nuire à l’image de la Tunisie.
    Pourtant, dès le 5 juillet, Moez Barkallah, député de Sfax, a décrit précisément les modalités d’expulsion des Subsahariens dans une déclaration à la radio Mosaïque FM, faisant état d’un millier de personnes acheminées par bus en un seul jour. Un chiffre qui correspond aux dizaines de témoignages recueillis par Le Monde. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent également des habitants de Sfax applaudir et insulter les migrants au passage des bus qui les transportaient.
    A quelques centaines de mètres de la frontière algérienne, Alpha Oumar, Ibrahima et des dizaines d’autres sont sommés de quitter les bus et de poursuivre leur périple à pied, en plein désert. « Ils nous ont dit d’avancer, sinon ils nous frappaient », se souvient le plus jeune. De l’autre côté, d’autres migrants, encore réunis et tout aussi nombreux, sont confrontés aux militaires algériens. Pris en tenaille entre les agents de la garde nationale tunisienne d’un côté et les militaires algériens de l’autre, Ibrahima et Alpha Oumar errent dans le désert, sans réseau, assoiffés.
    Côté algérien, ils avancent vers une source de lumière, espérant trouver de l’eau, mais le groupe tombe sur un camp militaire. Après les avoir encerclés, les soldats algériens les dépouillent de leurs affaires : téléphones, sacs, passeports, argent, tout y passe. (...) Après leur avoir donné deux bidons d’eau, les soldats ordonnent aux migrants de « courir sans s’arrêter » vers la Tunisie. Les deux Guinéens affirment avoir été malmenés d’un côté et de l’autre de la frontière, plusieurs fois. « C’était marche ou crève », malgré quelques moments d’accalmie où ils ont pu recevoir de l’eau et de la nourriture de la part d’habitants des deux pays. Pendant leur périple, qui a duré une dizaine de jours, ils ont croisé « des Gambiens retrouvés presque morts de soif », un « Camerounais qui avait survécu en buvant son urine », d’autres Subsahariens blessés…
    Après des dizaines de kilomètres de marche, à se cacher des militaires et des gendarmes, et une énième expulsion vers l’Algérie, Alpha Oumar et Ibrahima sont retrouvés par Moez (le prénom a été modifié pour des raisons de sécurité) et d’autres bénévoles qui font régulièrement des rondes dans le désert et les oasis alentour pour venir secourir les migrants en détresse. Ils rejoignent l’oasis de Nefta le 17 juillet, treize jours après avoir été expulsés de Sfax. Ils y séjourneront trois semaines, avant d’être finalement transférés en août dans un centre géré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Médenine, dans le sud-est de la Tunisie. Ibrahima, revenu malade de cet enfer à cause du manque d’hygiène et d’avoir bu de l’eau non potable, et Alpha Oumar, qui a laissé sa femme et sa fille au pays pour tenter de subvenir à leurs besoins, souhaitent à présent retourner en Guinée. « On a trop souffert en Tunisie », conclut le premier, résigné.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afrique#algerie#expulsion#violence#frontiere#migrationirreguliere#OIM#retour#postcovid

  • L’Italie a immobilisé trois navires de sauvetage de migrants en quarante-huit heures
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/23/l-italie-a-immobilise-trois-navires-de-sauvetage-de-migrants-en-quarante-hui

    L’Italie a immobilisé trois navires de sauvetage de migrants en quarante-huit heures
    Deux des trois bateaux ont violé une loi récente obligeant les ONG à regagner un port choisi par les autorités italiennes entre chaque sauvetage.
    Les autorités italiennes ont ordonné l’immobilisation de deux navires de sauvetage de migrants en raison de la violation d’une nouvelle législation controversée, ce qui porte le total à trois en quarante-huit heures, ont annoncé, mercredi 23 août, les ONG concernées. L’organisation espagnole Open Arms dit s’être vue infliger une amende de 10 000 euros et le navire portant son nom a été saisi mardi, l’équipage ayant ignoré les instructions des autorités lui enjoignant de ne pas procéder à deux opérations de secours en Méditerranée. L’ONG allemande Sea-Eye annonce faire l’objet d’une amende de 3 000 euros et son navire Sea-Eye 4 a été immobilisé après avoir procédé à trois opérations de secours, qui ont, selon elle, permis de recueillir 114 personnes. Les deux navires ont violé une loi récente obligeant les navires d’ONG à regagner un port choisi par les autorités italiennes entre chaque sauvetage.Lundi, l’Aurora, de l’ONG allemande Sea-Watch, avait été saisi en vertu d’une autre disposition de cette loi, pour avoir débarqué des migrants dans un port non choisi par les autorités italiennes.
    Cette nouvelle législation a été adoptée cette année par le gouvernement de Giorgia Meloni, cheffe de file de l’extrême droite, dans le but de faire baisser le nombre d’arrivées, bien que les migrants recueillis à bord des navires d’ONG ne représentent qu’une fraction du total. Plus de 105 000 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, soit plus du double par rapport à 2022 sur la même période, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. Plus de 2 000 migrants ont en outre trouvé la mort en tentant de traverser la Méditerranée depuis janvier, selon l’ONU.
    Open Arms a précisé que son navire se dirigeait vers le port de Carrare, choisi par les autorités italiennes, quand l’équipage a pris connaissance d’un appel de détresse d’Alarm Phone, un numéro utilisé par les migrants rencontrant des difficultés lors de leur traversée. Cette alerte « concernait deux bateaux en péril au sud de [sa] position », a-t-il déclaré. L’information a été confirmée par l’avion de surveillance d’une ONG. En l’absence de réponse immédiate des autorités italiennes à cet appel de détresse, l’équipage du navire d’Open Arms explique avoir respecté le droit maritime international en procédant au sauvetage. Le navire a ensuite reçu l’ordre « d’abandonner les recherches et de continuer vers le port choisi, étant donné que les autorités avaient pris la situation en main », mais sans fixer de délai, selon Open Arms.
    Le bateau a donc poursuivi sa route et recueilli 132 personnes vendredi, lors d’une opération de deux heures « au cours de laquelle aucun navire des autorités ne s’est présenté, confirmant une fois de plus que ces gens étaient laissés à la dérive ». Le bateau s’est ensuite rendu à Carrare, où il a été saisi. Selon Sea-Eye, le Sea-Eye 4 a été saisi dans le port de Salerne (Sud) pour « avoir procédé à plus d’une opération de sauvetage », jeudi et vendredi. « Si nous ne l’avions pas fait, il y aurait eu des morts », assure Gorden Isler, un responsable de l’organisation, dans un communiqué. La législation italienne est « contraire au droit international, qui oblige un capitaine à secourir les gens en détresse en mer », relève-t-il.

    #Covid19#migrant#migration#italie#ONG#droit#politiquemigratoire#mortalitite#traversee#migrationirreguliere#routemigratoire#mediterranee#postcovid#sante

  • Îles Canaries : Deux convois de 156 migrants dont une femme et un bébé, partis du Sénégal débarquent à Ténérife et à El Hierro
    https://www.dakaractu.com/Iles-Canaries-Deux-convois-de-156-migrants-dont-une-femme-et-un-bebe-part

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    Îles Canaries : Deux convois de 156 migrants dont une femme et un bébé, partis du Sénégal débarquent à Ténérife et à El Hierro
    Les migrants sub-sahariens continuent de rallier les îles Canaries.
    Selon les dernières nouvelles, une première embarcation sortie du Sénégal, est arrivée ce matin à l’île d’El Hierro. Elle avait à son bord 88 personnes dont une femme et un bébé. La pirogue a été aperçue par un bâteau de pêche près de l’ile d’El Hierro avant d’être escortée par le navire Salvamar Adhara jusqu’au port de la Restinga. Un autre convoi de 68 personnes parti du Sénégal a été également intercepté à Ténérife. Lui aussi avait quitté le Sénégal afin de tenter la traversée pour l’Europe...

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#canaries#atlantique#routemigratoire#traversee#migrationirreguliere#postcovid

  • Migrants tués en Arabie saoudite : l’Ethiopie annonce une enquête conjointe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/22/migrants-tues-en-arabie-saoudite-l-ethiopie-annonce-une-enquete-conjointe_61

    Migrants tués en Arabie saoudite : l’Ethiopie annonce une enquête conjointe
    L’Arabie saoudite, elle, conteste les conclusions d’un rapport affirmant que ses gardes-frontières auraient tué des « centaines » de migrants éthiopiens.
    Le Monde avec AFP
    Le gouvernement éthiopien a annoncé, mardi 22 août, qu’il allait mener une enquête conjointe avec l’Arabie saoudite, après la publication, la veille, d’un rapport de Human Rights Watch (HRW) accusant des gardes-frontières saoudiens d’avoir tué des « centaines » de migrants éthiopiens entre mars 2022 et juin 2023. « Le gouvernement éthiopien enquêtera rapidement sur l’incident en collaboration avec les autorités saoudiennes », a annoncé le ministère des affaires étrangères dans un communiqué publié sur le réseau social X (anciennement Twitter). « A ce stade critique, il est fortement recommandé de faire preuve de la plus grande retenue et de ne pas faire de déclarations inutiles jusqu’à ce que l’enquête soit terminée », ajoute le ministère, assurant que « les deux pays, malgré cette malheureuse tragédie, entretiennent d’excellentes relations de longue date ». Dans son rapport, l’ONG affirme que les gardes-frontières saoudiens ont tué des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe via la frontière avec le Yémen, entre mars 2022 et juin 2023.
    Les autorités saoudiennes contestent les faits rapportés par l’ONG. Une source gouvernementale a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que ceux-ci sont « infondés et ne reposent pas sur des sources fiables ». « La France suit étroitement le respect des droits de l’homme en Arabie saoudite et au Yémen », souligne le ministère des affaires étrangères français dans une déclaration à l’AFP. « Nous abordons ces questions avec les autorités saoudiennes, y compris au plus haut niveau, et les appelons au respect du droit international et à la protection des populations civiles », a ajouté le Quai d’Orsay.Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a salué mardi « l’annonce par le gouvernement éthiopien d’une enquête conjointement avec les autorités d’Arabie saoudite » à la suite de ces accusations qui suscitent l’« inquiétude ». « Nous soulèverons cette question avec les autorités d’Arabie saoudite et aussi avec les autorités houthistes de facto au Yémen », a ajouté M. Stano, lors d’un point presse à Bruxelles. Les Etats-Unis, partenaires de longue date de la monarchie du Golfe, ont également appelé à l’ouverture d’une enquête. « Nous avons fait part de nos inquiétudes concernant ces allégations au gouvernement saoudien », a précisé un porte-parole du département d’Etat. « Nous appelons les autorités saoudiennes à conduire une enquête approfondie et transparente et à respecter leurs obligations en vertu du droit international », a-t-il ajouté.Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a par ailleurs jugé le rapport de HRW « très inquiétant ». « Je sais que notre bureau des droits humains est au courant de la situation et a eu des contacts [sur place], mais il est très difficile pour lui de confirmer la situation à la frontière », a-t-il déclaré.
    Le rapport s’appuie sur des entretiens avec trente-huit migrants éthiopiens qui ont tenté de passer en Arabie saoudite via le Yémen, sur des images satellites, des vidéos et des photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ». Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ». Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW.« Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie » de balles, témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courait pour sauver nos propres vies ». HRW appelle Riyad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations. Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans.

    #Covid-19#migrant#migration#arabiesaoudite#yemen#ethiopie#frontiere#mortalite#ONU#droit#violence#asile#routemigratoire#corneafrique#postcovid

  • Mbour : Une pirogue avec 59 personnes pour l’immigration clandestine hante le sommeil des parents depuis 15 jours...
    https://www.dakaractu.com/Mbour-Une-pirogue-avec-59-personnes-pour-l-immigration-clandestine-hante-

    Mbour : Une pirogue avec 59 personnes pour l’immigration clandestine hante le sommeil des parents depuis 15 jours...
    L’immigration clandestine est loin d’être résolue au Sénégal...Les populations du quartier Tefess à Mbour ne nous demantirons pas...Une pirogue transportant des jeunes au nombre 59 personnes y a pris le départ pour l’immigration clandestine...Selon les recoupements de Dakaractu Mbour, le problème serait qu’ aucune information depuis 15 jours n’a filtré ni auprès des services compétents ni chez les parents... « Je peux vous confirmer que l’information est belle et bien fondée... il s’agit d’une pirogue contenant 59 personnes... Depuis 15 jours, il n’y a aucune information sur cette pirogue...Je parlais à un parent dont 07 membres de sa famille ont embarqué dans cette pirogue » nous confie Moustapha Senghor coordonnateur Clpa Mbour... Du côté des familles le stress a commencé à les gagner... Affaire à suivre.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#routemigratoire#atlantique#mbour#migrationirreguliere#postcovid#traversee#postcovid

  • Chypre : 86 migrants secourus au sud-est de l’île - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/51244/chypre--86-migrants-secourus-au-sudest-de-lile

    Un bateau des garde-côtes chypriotes après un avoir secouru des migrants en mer Méditerranée, le 14 janvier 2020. Image d’illustration. Crédit : Reuters
    Migrants Mer Méditerranée Sauvetage
    Chypre : 86 migrants secourus au sud-est de l’île
    Par La rédaction Publié le : 21/08/2023
    Les garde-côtes chypriotes ont procédé au sauvetage, dimanche 20 août, de 86 exilés en détresse en mer Méditerranée, au sud-est de Chypre. Le nombre de migrants arrivant par bateau sur l’île a augmenté de 60% en 2023. Quatre-vingt-six migrants ont été secourus dimanche 20 août au large de la côte sud-est de Chypre, ont annoncé les autorités de l’île. D’après le Centre conjoint de coordination des secours (JRCC), l’opération de sauvetage a permis de ramener à terre 61 hommes, six femmes et 19 enfants, tous sains et saufs. Un patrouilleur de la police maritime et deux vedettes rapides ont participé à l’opération menée au large du cap Greco, près de la station balnéaire d’Ayia Napa, a précisé le JRCC.Les personnes secourues, qui avaient pris place dans une embarcation de 13 mètres de long, devraient être transférées dans le centre d’accueil pour migrants de Pournara, situé dans la banlieue de la capitale Nicosie. Quatre hommes de 18, 23, 27 et 30 ans ont par ailleurs été arrêtés à la suite de ce sauvetage, affirme Cyprus Mail. Si aucune information n’a été dévoilée concernant la nationalité des migrants ou le point de départ de l’embarcation, la plupart des exilés arrivant sur l’île par la mer embarquent sur des bateaux dans le port syrien de Tartous, selon les services de l’immigration.
    Le 15 août, les autorités chypriotes avaient déjà secouru 60 personnes en détresse dans la même zone. Cinquante-quatre hommes, trois femmes et trois enfants avaient été pris en charge.Le nombre de migrants arrivant par bateau a augmenté en 2023, d’après les autorités de l’île, avec une hausse de 60% enregistrée au cours des cinq premiers mois par rapport à la même période en 2022. Affirmant être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l’Union européenne, Chypre réclame depuis des années plus de fonds et de soutien politique de la part de Bruxelles pour gérer cette question. Entre avril et juin, 2 381 demandes d’asile ont été déposées. Les autorités affirment que les demandeurs d’asile représentent 5% des 915 000 habitants de la partie sud de l’île. En réponse à l’augmentation des demandes d’asile dans le pays, le gouvernement opte de plus en plus régulièrement pour les expulsions vers le pays d’origine, ou vers des États tiers.Une politique de plus en plus pointée du doigt par les ONG. Il y a dix jours, Nicosie a été critiquée pour le rapatriement de 109 migrants au Liban, après l’arrivée de trois bateaux sur les côtes chypriotes entre le 29 juillet et le 2 août. Dans une déclaration publiée le 11 août, le Centre libanais pour les droits de l’homme (CLDH) et d’autres ONG ont appelé « Chypre à se conformer à ses engagements internationaux juridiquement contraignants en s’abstenant de renvoyer de force des personnes au Liban sans évaluer leur besoin de protection et les risques auxquels elles sont confrontées au Liban et en Syrie ».
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    Le CLDH a par ailleurs fait savoir que parmi les 109 personnes renvoyées de force de Chypre, « au moins 73 ont ensuite été expulsées vers la Syrie et remises au régime syrien ».

    Une semaine plus tôt, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’est déclaré « extrêmement préoccupé » par le retour de plus de 100 ressortissants syriens de Chypre vers le Liban. Selon Nicosie, ces retours sont légaux puisque le Liban et Chypre ont signé un accord bilatéral en 2004 qui oblige Beyrouth à prévenir et à mettre fin aux franchissements irréguliers des frontières et à la migration des personnes qui quittent le pays.
    « Mourir à petits feux ou partir »

    Depuis plusieurs mois, des bateaux chargés de candidats à l’exil quittent le littoral nord libanais à destination de l’Europe, pour fuir la grave crise économique qui secoue le pays. Selon la Banque mondiale, le Liban traverse une des pires crises économiques au niveau mondial depuis 1850.

    L’an dernier, au moins 77 personnes sont mortes dans le naufrage de leur embarcation, à l’ouest de Tartous. D’après l’expert libanais en navigation Mohamed Nour, l’embarcation se dirigeait très probablement vers Chypre.

    >> À (re)lire : « Il n’arrivait plus à nourrir ses enfants » : les victimes du naufrage au large de la Syrie, poussées à l’exil par des conditions de vie désastreuses

    "Mon frère n’avait plus d’avenir dans ce pays, témoignait en septembre 2022 à InfoMigrants un jeune homme depuis le Liban. Il avait deux options : mourir à petits feux ou partir. Depuis deux ans, il cherche du travail, et avec les conditions économiques qui se détériorent, il lui est même « devenu difficile d’acheter du pain pour nourrir ses enfants ». Et d’ajouter : « [Dans ce pays] nous mourons mille fois par jour [et on survit] sans électricité, sans eau, sans éducation, sans médicaments, sans travail, sans assurance maladie... La liste est longue. Ce que nous voulons, c’est vivre une vie normale ».

  • L’OIM réclame un corridor humanitaire pour les migrants coincés au Niger - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/51227/loim-reclame-un-corridor-humanitaire-pour-les-migrants-coinces-au-nige

    Des tentes de fortune abritant des migrants sont vues à Assamaka, au Niger, le 29 mars 2023 (Image d’illustration). Crédit : Stanislas Poyet/AFP
    L’OIM réclame un corridor humanitaire pour les migrants coincés au Niger
    Par RFI Publié le : 21/08/2023
    C’est une conséquence des sanctions ouest-africaines contre le Niger. Avec la fermeture des frontières, les migrants, notamment maliens et guinéens, ne peuvent plus sortir de ce pays sahélien.Les centres d’accueil de l’Organisation internationale des migrations (OIM) sont débordés au Niger. Le pays sahélien aux six frontières est traditionnellement un pays de transit pour les migrations notamment professionnelles des citoyens d’Afrique de l’Ouest, mais ceux qui devaient repartir dans leur pays ont été bloqués par la fermeture brutale de ces frontières, au lendemain du coup d’État. Plus de 1 000 retours volontaires de migrants ouest-africains étaient en particulier prévus par l’OIM au cours des dix derniers jours, principalement vers la Guinée et le Mali. Ils n’ont pas pu se concrétiser.
    Désormais, l’organisation intergouvernementale s’inquiète à mesure que le nombre de personnes en transit qui ont besoin d’aide grandit sur le sol nigérien, alors que les ressources de l’OIM diminuent.Selon elle, plus de 1 800 personnes attendent aux portes de ses centres de transit. Ces centres sont au nombre de sept, dont trois à Niamey et quatre à Agadez, et ils hébergeaient déjà 5 000 migrants en attente de retour. C’est pourquoi l’OIM appelle à l’établissement rapide d’un corridor humanitaire pour qu’ils puissent rentrer chez eux.

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  • Migration professionnelle : 150 jeunes sénégalais présélectionnés pour travailler au Canada – le soleil
    https://lesoleil.sn/migration-professionnelle-150-jeunes-senegalais-preselectionnes-pour-travai

    Migration professionnelle : 150 jeunes sénégalais présélectionnés pour travailler au Canada
    18 août 2023
    Des jeunes sénégalais seront bientôt au Canada dans le cadre d’un partenariat entre l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes et Galileo Partners, un cabinet d’avocats spécialisé en immigration et recrutement international. L’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej) participe à une mission de recrutement avec son partenaire Galileo partners, un cabinet d’avocats spécialisé en immigration et recrutement international pour les entreprises du Québec et du Canada. Dans le cadre de cette activité, une rencontre s’est tenue, mercredi 16 août 2023, à Dakar, afin de partager avec les jeunes le maximum d’informations sur les opportunités au Canada.
    Galileo partners a entamé des entretiens d’embauche qui se tiennent du 14 au 18 août. Des rencontres qui incluent des sessions d’information sur la migration professionnelle. L’objectif de cette mission de quatre jours est de recevoir en entretien d’embauche les 150 jeunes présélectionnés à la suite de l’appel à candidature lancé le 18 juillet pour des postes d’électromécaniciens, de caristes-magasiniers, d’opérateurs de production ou encore de cuisiniers-serveurs. « Cette initiative vient à son heure dans un contexte marqué par l’émigration clandestine », a reconnu Tamsir Faye, Directeur général de l’Anpej. Ce dernier soutient que cela participe à aider les jeunes à trouver de l’emploi et leur permettre de choisir la voie de l’immigration régulière. « Nous avons eu l’occasion de travailler avec l’Anpej pour mettre sur pied un recrutement international », informe Francis Grignet, avocat en immigration et cofondateur de Galileo partners. Ce recrutement permet, selon lui, de donner l’occasion de venir rencontrer des travailleurs pour des employeurs canadiens dans des domaines où il y a une pénurie de main d’œuvre. « Cela nous permet également de donner la bonne information sur l’immigration canadienne aux jeunes sénégalais », a déclaré l’avocat en immigration. Arame NDIAYE

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  • Pirogue de Fass-Boye échouée au Cap Vert : 37 rescapés rapatriés à Dakar, 7 corps inhumés sur place – le soleil
    https://lesoleil.sn/pirogue-de-fass-boye-echouee-au-cap-vert-37-rescapes-rapatries-a-dakar-7-co

    Pirogue de Fass-Boye échouée au Cap Vert : 37 rescapés rapatriés à Dakar, 7 corps inhumés sur place
    22 août 2023
    Trente-sept rescapés de la pirogue de migrants sénégalais récemment secourue au large du Cap-Vert, après l’échec de leur tentative de se rendre en Espagne, sont arrivés lundi soir à Dakar, à bord d’un avion de l’armée de l’air sénégalaise. Les rapatriés sont rentrés en compagnie de la ministre des Sénégalais de l’extérieur, Annette Seck, et de quelques proches qui étaient au Cap-Vert depuis dimanche pour organiser leur retour au bercail.
    Peu avant le départ des rapatriés, le délégué à la Santé de l’île de Sal, José Rui Moreira, a rassuré sur l’état de santé des migrants sénégalais, soulignant qu’ils sont « bien rétablis et, donc, capables de voyager« .
    Le processus de rapatriement s’est « très bien passé« , a souligné de son côté le représentant de la communauté sénégalaise du Cap-Vert, Médoune Ndiaye. Un migrant souffrant de problèmes rénaux, a toutefois été évacué vers l’hôpital Agostinho Neto de Praia pour hémodialyse. Il sera rapatrié plus tard dès que son état le permettra.
    A noter également que les sept corps sans vie sont inhumés sur place. Ce, après concertations avec des membres de leurs familles qui ont fait le déplacement en compagnie de la délégation officielle du ministre des Sénégalais de l’extérieur. Alertée par un navire espagnol, la police maritime du Cap-Vert avait secouru le 15 août dernier au large de l’île de Sal une pirogue à bord de laquelle se trouvaient 46 migrants dont huit avaient perdu la vie. Selon les informations recueillies auprès des autorités cap-verdiennes, la pirogue transportait à son départ du Sénégal deux Bissau-Guinéens et 99 Sénégalais, dont un enfant de 12 ans et trois adolescents âgés entre 15 et 16 ans.

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  • Des « centaines » de migrants éthiopiens tués par les garde-frontières saoudiens, selon Human Rights Watch
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/21/des-centaines-de-migrants-ethiopiens-tues-par-les-garde-frontieres-saoudiens

    Des « centaines » de migrants éthiopiens tués par les garde-frontières saoudiens, selon Human Rights Watch
    L’ONG de défense des droits humains s’appuie sur des témoignages, des images satellites, des vidéos et des photos publiées sur les réseaux sociaux.
    Le Monde avec AFP
    Les garde-frontières saoudiens ont tué depuis 2022 des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du golfe Persique passant par sa frontière avec le Yémen, a dénoncé, lundi 21 août, l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).
    Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée, à l’abri du regard du reste du monde », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW. Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé. Les ONG accusent régulièrement Riyad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour « détourner l’attention » des graves violations des droits humains et de la crise humanitaire au Yémen où l’armée saoudienne est impliquée. Le meurtre « généralisé et systématique » des migrants éthiopiens pourrait même constituer un crime contre l’humanité, estime l’ONG. Des experts de l’ONU ont fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants » dans le sud de l’Arabie saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les Houthis, des rebelles que les Saoudiens combattent depuis 2015 en soutien aux forces pro-gouvernementales. HRW s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens qui ont tenté de passer en Arabie saoudite depuis le Yémen, sur des images satellites, des vidéos et des photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ».
    Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les garde-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ». Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW. « Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie » de balles, témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courait pour sauver nos propres vies ». HRW appelle Riyad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

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