Lundi 11 février 2013, l’emblématique Sheikh Khader Adnan, 34 ans, s’est rendu au siège du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à al-Bireh, une ville limitrophe de Ramallah. Il a posément informé l’équipe qu’il allait entamer une grève de la faim dans ses locaux afin de soutenir les Palestiniens qui sont toujours en grève de la faim en prison.
« Ce n’est pas une grève de la faim de solidarité », a-t-il expliqué. « Les prisonniers sont une partie de nous-mêmes, ils sont nous-mêmes. Je soutiens les prisonniers dans leur combat d’estomacs vides. »
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En réponse au sit-in d’Adnan, le CICR a fermé ses bureaux, suspendant ainsi de fait ses services aux prisonniers et à leurs familles. Seul le local adjacent à la véranda où Adnan se tient depuis une semaine et où il n’a consommé que de l’eau, est resté ouvert.
En tant qu’organisation internationale des droits de l’homme, le CICR est responsable avant tout de la protection des civils en temps de guerre et de l’application de la Quatrième Convention de Genève.
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Mercredi, l’association de jeunesse installée à Ramallah, Palestiniens pour la Dignité, a publié une déclaration condamnant la décision de la Croix-Rouge de fermer ses installations.
« La fermeture du CICR est un acte de provocation et de chantage à bon compte envers nos citoyens qui ont des principes et envers le droit à se soutenir mutuellement, en échange du rôle du CICR, consistant à fournir des services en adéquation avec la politique d’occupation. Cette même politique ôte toute valeur au travail du CICR, malgré le fait qu’il s’agit d’une organisation internationale supposée responsable de la protection de notre peuple et des prisonniers en vertu des lois humanitaires internationales. »
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La porte-parole du CICR, Nadia Dibsi, a informé les médias que les bâtiments resteraient fermés « tant que les protestataires palestiniens resteraient à l’intérieur ». Toutefois, il ne s’agissait pas du terme auquel Adnan faisait allusion, selon Maher Barghouti, le frère d’un prisonnier.
La Croix-Rouge a négligé de porter la cause des prisonniers à un niveau international. « Mercredi matin, j’ai prié la Croix-Rouge de demander les autorisations pour rendre visite à mon frère à la prison de Rimon », a déclaré Barghouti, « mais elle a refusé de m’accorder ces autorisations et m’a dit de la rappeler une fois que les contrevenants auraient quitté ses locaux. »
La CICR a franchi un pas de plus en accusant Adnan d’avoir accroché des banderoles et des drapeaux du parti politique du Djihad islamique dans le local où il se tient.
« Ils ont fait savoir aux partis nationaux [Fatah, FPLP, FDLP et Hamas] que j’avais accroché ici des banderoles et des drapeaux du Djihad islamique » , a dit Adnan. « Ce qui m’embarrasse le plus, c’est que certaines personnalités, en fait, l’ont cru. »