• « Ecoutez Jeanne Humbert »
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#humbert

    En ce mois de mars, rendons hommage à une des pionnières du combat des femmes pour une libre sexualité, la liberté de la contraception et de l’avortement, Jeanne Humbert (1890-1986), militante libertaire, pacifiste, naturiste et néo-malthusienne. Initié à la fin du XXe siècle par le pédagogue libertaire Paul Robin (1837-1912), le néo-malthusianisme visait à ce que le peuple puisse en contrôlant les naissances améliorer son sort et offrir moins de chair à canon (pour la guerre), de chair à travail (pour l’usine) et de chair à plaisir (pour la prostitution). Eugène (1870-1944) et Jeanne Humbert vont populariser cette forme de lutte (...)

    #pacifisme #néomalthusianisme #libertaire #anarchisme #féminisme #Humbert #PaulRobin

    • On peut saluer l’engagement de Jeanne Humbert sans toutefois adhérer au néomalthusiannisme – car, heureusement, on peut être pour la liberté de contraception et l’avortement sans être malthusien ou néo-malthusien.

      Et rappeler que, pour le courant communiste révolutionnaire, le néo-malthusianisme correspond au degré zéro de la réflexion politique...

      Chaque période de crise a toujours produit son lot de malthusiens expliquant qu’il faut limiter le nombre des naissances – plutôt que de se demander pourquoi le système économique n’est pas capable de donner à chacun « une place au banquet de la nature ». Si bien que les idées de Malthus – déjà violemment critiquées par #Marx et #Engels en leur temps comme une « infâme, une abjecte doctrine, un blasphème hideux contre la nature et l’humanité » – connaissent depuis toujours, régulièrement, des continuateurs non seulement chez les écologistes mais aussi dans de nombreux courants anarchistes.

      Ceux-là, à tous ceux qui, aujourd’hui, sont inquiets des conséquences du réchauffement climatique, des menaces de la pollution de l’air et des eaux, des destructions souvent irrémédiables des milieux naturels avec leur flore et leur faune, de la dégradation de la qualité des aliments, les courants petits-bourgeois leur répondent en n’envisageant que 2 types de solutions : la limitation de la #croissance_économique, qui serait en elle-même un mal, et la limitation de la croissance démographique.

      Or, ni la #technique, ni les #ressources ne sont en cause. C’est l’usage qu’en fait la société de classe, une société basée sur le profit et qui donc ne se préoccupe du cadre de vie, ou de la qualité de la vie, que lorsque cela devient rentable.

      Le problème, c’est cette société dont la capacité de production s’adapte, en régime capitaliste, non pas à l’humanité existante et à ses besoins, mais à sa capacité d’achat – et qui, ce faisant, n’engendre que #pénuries et barbarie.

      Bref : la #surpopulation est le pendant naturel à la #surproduction capitaliste.

      Le problème est donc : non pas la limitation objective des #ressources, ni un trop-plein d’êtres humains, mais le #capitalisme lui-même, incapable d’en tenir compte.

      Le problème n’est pas la surpopulation, mais l’économie capitalisme dont le #mode_de_production engendre inéluctablement la surpopulation.

      Ce qu’il faut, non pas limiter (cette chimère de tout réformiste) mais abattre, c’est l’activité industrielle sur la base de la recherche du profit. Ce qu’il faut abattre, c’est ce système économique qui n’envisage l’implantation des entreprises, l’évacuation des déchets, la pollution de l’air et des cours d’eau, qu’en fonction des seuls critères du moindre coût, et ce au mépris de leurs conséquences dramatiques sur le climat et le milieu naturel.

      Autant dire que le choix qui se pose à l’humanité de façon quantitative n’est pas croissance ou pas, mais : croissance contrôlée, entièrement et consciemment déterminée par les producteurs eux-mêmes en fonction de tous les aspects de l’intérêt humain, ou bien croissance anarchique, entrecoupée d’ailleurs d’arrêts catastrophiques, de destructions brutales ou de périodes de stagnation et de malthusianisme dans certains domaines ?

      C’est pourquoi les communistes révolutionnaires répondent aux courants petit-bourgeois qui veulent limiter les naissances dans un système barbare qu’ils ne posent pas la question de la bonne façon.

      Aujourd’hui, plus que jamais, ce qui compte, c’est de mettre fin aux barrières sociales qui empêchent les progrès techniques de profiter à l’humanité. C’est de rendre possible une société qui puisse diriger et contrôler sa propre croissance, pour la mettre au service de l’humanité.

      C’est la révolution prolétarienne que les écologistes, et tous les courants dans leur sillage, refusent de fait lorsqu’ils promeuvent le #néomalthusiasnisme en guise de solution – cette #théorie_réactionnaire à l’usage du capitalisme sénile.

      #communisme_révolutionnaire #écologie #réaction #anarchisme #néo-malthusiannisme

    • Cher camarade,
      Il faudrait tout d’abord éviter de confondre le malthusianisme (du pasteur Malthus) et le néo-malthusianisme, l’un d’essence essentiellement réformiste et bourgeoise tandis que l’autre est prolétarien et cherche à améliorer le sort immédiat du peuple (et pas lorsque la révolution aura passé). D’autant qu’ils se situaient dans le mouvement ouvrier et ses luttes. Il faut aussi replacer cela dans le cadre de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, de la misère ouvrière… A cette époque, on ne peut oublier que les néo-malthusiens ont été à la pointe du combat pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle… Même si notre but semble être le même – une société débarrassée du capitalisme et auto-organisée –, je ne pense pas qu’il faille négliger les autres combats (contre le racisme, pour le féminisme, contre le [néo]colonialisme, etc.) sans perdre de vue l’objectif final. Vous me faites songer à un vieux bolchevik qui ne voit que le combat économique et la lutte des classes. Comme le pensent les « petits-bourgeois » individualistes et anarchistes, il ne pourra y avoir de révolution sans évolution personnelle : « révolutions-nous ! ». Cela permettra peut-être d’éviter le sort de trop de révolutions qui ont abouti à la barbarie. Ne pas se soucier de la technique et des ressources me paraît dangereux pour toute évolution future. Bien sûr, il ne faut pas se laisser prendre au piège de l’écologie politique ou du capitalisme vert. Permettez-moi d’ajouter que votre morgue et vos certitudes me font sourire, remettez-les en question, doutez, interrogez-vous et mettez un peu de côté votre « catéchisme révolutionnaire »…
      Bien à vous,
      P.B.

      #néo-malthusianisme #anarchisme #communisme_révolutionnaire #luttes

    • 3 points dans cette réponse :
      – le "néo-malthusianisme" ne se résume pas à améliorer "le sort immédiat du peuple" en limitant les naissances en étant "à la pointe du combat pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle", vous le savez probablement très bien. Il cautionne aussi l’idée que les ressources étant limitées, il faudrait limiter la taille des populations. Comme si c’était le problème...
      – "Vous me faites songer à un vieux bolchevik qui ne voit que le combat économique et la lutte des classes". La lutte de classe, certainement : comment mettre fin à la moindre "oppression spécifique" sans débarrasser la société des rapports sociaux de production basés sur l’exploitation ? Comment mettre fin à la moindre discrimnation sans supprimer les rapports sociaux sur lesquels ils se reproduisent et s’épanouissent ? Quant à ne voir que "le combat économique", c’est résumer de manière bien caricaturale le combat qui mènera le prolétariat à s’emparer des moyens de production pour eux-mêmes...
      – "Il ne pourra y avoir de révolution sans évolution personnelle : « révolutions-nous ! »". C’est ce que disent depuis toujours tous les curés. "Changeons nous-mêmes pour changer le monde", cette vieille rengaine pré-marxiste qui repose sur le vieil idéalisme dominant. L’optique matérialisme dit précisément le contraire : renversons les rapports sociaux – ce que le prolétariat par sa position est en situation de faire – pour changer les hommes.

      Quant à voir de la morgue dans une simple réponse de militant, je ne peux que m’en étonner.

  • Marx et les coopérative de production : une question de valeur, par Hervé Defalvard (Revue internationale de l’économie sociale, numéro 330, octobre 2013, p. 43–56)

    https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2013-n330-recma0901/1019456ar

    https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2013-n330-recma0901/1019456ar.pdf

    Résumé

    Les positions de #Marx sur les #coopératives_de_production sont bien renseignées. Selon l’économiste, bien qu’elles dépassent la division en deux classes de l’organisation capitaliste, elles ne supplantent pas le capitalisme en tant que forme politique. Sur la base des études disponibles, le présent article rappelle dans une première partie les positions de Marx sur les plans doctrinal et pragmatique. La deuxième partie aborde la #théorie_de_la_valeur, afin de traiter la question du projet politique des #coopératives : béquille du capitalisme ou dépassement de ce dernier. Si Marx traite cette question en évoquant une réunion d’hommes libres avec un plan concerté, la théorie de l’équilibre général avec des firmes autogérées est ici mobilisée. C’est en effet au niveau de l’ensemble de l’économie, de l’#économie comme société, que les rouages de la valeur font la différence, en tombant soit du côté « du marché du travail », soit de celui d’une valeur qui répond à des normes éthiques. En conclusion, quelques enseignements de Marx aident à éclairer la question actuelle de l’#économie_sociale_et_solidaire comme projet politique.

    #mouvement_coopératif #marxisme #communisme_révolutionnaire

    • Très intéressant bien qu’il ne soit pas nécessairement utile d’avoir recours à des formules savantes pour élaborer l’hypothèse que « l’autogestion » en système capitaliste ne se résume en fait à pas grand chose d’autre qu’à de l’auto l’exploitation. :-)

      Pour ma part, 13 années d’expérience concrète et intensive en SCOP me l’auront devinitivement confirmé.

  • 175 Jahre Manifest der Kommunistischen Partei
    https://seenthis.net/messages/991553

    Als Karl Marx und Friedrich Engels auf dem zweiten Kongress des Bundes der Kommunisten vom 29. November bis 8. Dezember 1847 den Auftrag erhielten, den seit 1872 als Kommunistisches Manifest bekannten Text zu verfassen, wollten sie die sozialistischen Gruppierungen in Europa um ein neues Konzept der Gesellschaft und des sozialen Kampfes herum vereinen. Sie brauchten einen kurzen, verständlichen Text, der mit den noch verschwommenen und rein utopischen Ideen von Conte, Saint-Simon und anderen Vorläufern des wissenschaftlichen Sozialismus Schluss machen sollte.

    Hier auf Seenthis habe ich eine Kurzfassung ohne Argumente zu Auseinandersetzungen und philosophischen Traktaten der Zeit um 1848 zusammengestellt.
    https://seenthis.net/messages/991553
    Der vollständige Test ist hier zu finden:
    http://mlwerke.de/me/me04/me04_459.htm

    Als das Manifest der Kommunistischen Partei im Februar 1848 veröffentlicht wurde, übertraf es bei weitem die Qualität eines kurzlebigen Flugblattes, das von weniger klugen Köpfen verfasst worden war. In den 175 Jahren ihres Bestehens hat ihr Werk nichts von seiner Aktualität verloren, denn ihre Beschreibung des Kapitalismus, der Klassenbeziehungen und die von Karl Marx und Friedrich Engels verfochtenen Lösungen werden immer auf der Tagesordnung stehen, solange der Kapitalismus die Welt beherrscht.

    #communisme #histoire #théorie #1848

  • Spontanéité, Médiation, Rupture by Endnotes
    https://endnotes.org.uk/translations/endnotes-spontaneite-mediation-rupture

    « Nous ne savons pas s’il faut voir dans les destins [opposés] de Luxemburg […] et de Lénine un lien avec le fait que Lénine et son groupe aient armé les #ouvriers, quand les Spartakistes ont persisté à penser l’organisation comme une #coordination […] et le #refus_du_travail comme unique arme adéquate pour les ouvriers. L’essence du léninisme évolue, du rapport entre #spontanéité et #parti au rapport entre parti et #insurrection. » Sergio Bologna.

    Est-ce que les luttes actuelles évoluent vers la #révolution ? Nous tentons de nous positionner par rapport à cette question de la seule façon possible : non seulement grâce à notre vécu actuel, mais aussi en relisant les théories révolutionnaires du passé. Se référer à de telles théories peut toutefois se révéler hasardeux : elles sont apparues en réaction à un ensemble de questions énoncées au cours d’une période spécifique — une époque qui n’est pas la nôtre. Il est vrai que les théories révolutionnaires du XXe siècle se sont développées au cours d’une séquence de luttes que nous appelons le mouvement ouvrier. Elles ne portent pas uniquement les traces du mouvement ouvrier dans son ensemble. Ces théories ont été formulées en réaction aux limites auxquelles ce mouvement a été confronté à son apogée, à savoir la période révolutionnaire de 1905-1921.

    Les limites du mouvement ouvrier étaient entièrement prises dans la question de la diffusion de la conscience de classe au sein d’une population qui n’avait alors été que partiellement prolétarisée. Confrontés à une importante paysannerie dans les campagnes et à un ensemble hétérogène de classes ouvrières dans les villes, les stratèges du mouvement ouvrier espéraient un moment futur, lorsque la prolétarisation complète, dépendante du développement des forces productives, éliminerait les divisions entre prolétaires. L’unité objective de la classe trouverait alors son corolaire subjectif. Il se trouve que ce rêve n’est pas devenu réalité. Le développement des forces productives qui s’en est suivi a renforcé certaines des divisions entre prolétaires, tout en en créant d’autres. Dans le même temps, ce développement a détruit le fondement de l’unité des ouvriers. Ils ont découvert qu’ils n’étaient plus la force vive de l’époque moderne : à la place, ils avaient été transformés en appendices — en accessoires d’un ensemble proliférant de machines et d’infrastructures qui échappait à leur contrôle2.

    Il peut être utile de se rapporter brièvement au zénith révolutionnaire du siècle précédent, avant la destitution du mouvement ouvrier, pour comprendre le contexte dans lequel les théories révolutionnaires du passé avaient pris naissance. Partant, on commencera à articuler une théorie révolutionnaire de notre époque. Mais il nous faut prendre garde lorsqu’on entreprend aujourd’hui une telle tâche : l’émergence des révolutions est, de par sa nature même, imprévisible ; notre #théorie doit d’une façon ou d’une autre intégrer cette imprédictibilité en son sein. Les révolutionnaires de l’ère précédente refusaient le plus souvent de s’ouvrir à l’inconnu — alors même que les révolutions dont ils faisaient l’expérience ne se déroulaient jamais comme ils l’avaient imaginé.

  • Théorie Communiste N° 27 est chez l’imprimeur - « Vie quotidienne et luttes des classes »
    http://dndf.org/?p=20683

    La question que nous posent ces luttes, sans présumer de la suite, se formule ainsi : comment s’effectue, à partir d’eux-mêmes, la transformation des rapports objectifs de la situation dans les rapports de production en rapports de classes et donc en lutte des classes ? Le travail productif est le point de départ impérieux et incontournable de la définition des classes, mais il est seulement un point de départ. C’est dans tout un processus que se constituent les classes telles qu’engendrées par les rapports de production, mais qui ne peuvent en être un calque du fait de toutes les instances au travers desquelles la production est nécessairement reproduction, qui n’est pas une répétition.

    Le capital ne se reproduit comme rapport social qu’en passant par le moment où il devient objectivité économique : toutes les conditions du renouvellement du rapport se trouvent, à la fin de chaque cycle, réunies comme capital en soi face au travail, les instances politiques, juridiques, idéologiques, morales, les normes sexuelles et de genre, toutes les institutions sociales et éducatives, et, toujours présentes en chacune, l’Etat, la force coercitive et répressive de la police ou de l’armée au besoin, deviennent des moments nécessaires de la reproduction du rapport « purement économique ». Dans cette reproduction, les fonctions économiques qui ne sont que la matière première des classes sont retravaillées, hachées, recomposées pour constituer ce produit que sont les classes, dont cette étrange chose qu’est le prolétariat, ce perpétuel nom donné au pari politique de la production théorique.

    #communisme #communisation #théorie

  • Parution le 13 janvier prochain : Marx, par-delà le marxisme. Repenser une théorie critique du capitalisme au XXIe siècle de Moishe Postone (Editions Crise & Critique)
    http://www.palim-psao.fr/2022/12/parution-le-13-janvier-prochain-marx-par-dela-le-marxisme.repenser-une-th

    Figure majeure de la Théorie critique et spécialiste de renommée mondiale de l’antisémitisme moderne, l’historien Moishe Postone a élaboré une réinterprétation de la pensée de Marx d’une grande importance pour une critique sociale à la hauteur de l’époque. Largement saluée, son œuvre maîtresse, Temps, travail et domination sociale, s’est opposée à l’opinion répandue que Marx n’avait plus rien à dire dans une époque d’effondrement du communisme à l’Est et de consolidation du capitalisme néolibéral en Occident. Il a aussi posé les jalons d’une reconstruction de l’œuvre marxienne adaptée à la saisie du monde contemporain qui diffère des critiques marxistes traditionnelles.

    Sa thèse centrale est que la critique du capitalisme par Marx ne consiste pas à glorifier le travail et le développement des forces productives, ni à promouvoir une sorte de société sans exploitation dans laquelle les travailleurs pourraient obtenir la pleine valeur de ce qu’ils produisent. Il s’agit plutôt d’abolir le travail tel que nous le connaissons, et avec lui une société dans laquelle le travail, et la valeur qui lui est liée, régissent nos vies.

    Postone considérait néanmoins sa relecture comme une enquête préliminaire et a passé les vingt-cinq années suivantes à explorer, dans divers essais et entretiens enfin réunis en français, comment Marx fournit, selon ses propres termes, « une puissante théorie sociale critique du monde contemporain ». Il montre combien les Grundrisse contribuent à éclairer la critique de la modernité élaborée dans Le Capital, se confronte au rapport de Marx à Hegel ou encore aux analyses de Georg Lukács sur la corrélation entre les dimensions subjective et objective de la vie sociale et Marcel Mauss sur la distinction entre don et marchandise. Des réflexions qui nous exhortent à élaborer une pensée de la réflexivité théorique et de la spécificité historique pour mieux comprendre et transformer le monde dans lequel nous vivons.

    #Moishe_Postone #critique_de_la_valeur #wertkritik #Marx #marxisme #Histoire #théorie_critique #capitalisme #travail #critique_du_travail

  • Marx et la critique de la technique : réflexions à partir des Grundrisse et du Capital
    https://www.erudit.org/fr/revues/cs/2020-n2-cs05860/1075552ar
    https://www.erudit.org/fr/revues/cs/2020-n2-cs05860/1075552ar.pdf

    Ce texte comporte trois parties. Dans un premier temps, la manière dont Marx aborde la question de la technique à partir de son ontologie de l’autoproduction de l’être générique sera présentée. Par la suite, la critique marxienne du machinisme sera évaluée à l’aune de son ontologie de l’autoproduction. L’analyse du machinisme proposée par Marx dans le chapitre XIII du Capital permettra de faire un retour critique sur le désormais célèbre passage des Grundrisse intitulé « Fragment sur les machines » qui est mobilisé par de nombreux théoriciens contemporains du post-capitalisme tels que les cognitivistes ou les accélérationnistes14 . Contre leur vision productiviste, il s’agira de proposer une lecture qui permettrait de dépasser les apories auxquelles mènent les analyses unilatérales du développement technologique sous le capitalisme, que celles-ci soient progressistes ou romantiques.

    #Marx #technique #critique_techno #philosophie #Aristote #Hegel #théorie_critique

  • Évènement : Écoféminisme et résistance à Lyon - Floraisons
    https://floraisons.blog/ecofeminisme-et-resistance

    Conférence annulée et qui a failli ne pas se faire, donc vraiment censurée, suite à un mouvement coordonné pour faire pression sur le lieu d’accueil.

    Ma foi pourtant du contenu extrêmement intéressant utile et dense, théorique, mais bien vulgarisée, mais sans concession et sans paillettes.

    https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2022-10-21/3002b7ff-211d-f333-764f-cef96970be40.mp3

    👉 Cette conférence s’adresse aux femmes en cheminement, aux curieuses, aux écofeministes en herbe, à toutes celles qui en ont marre de faire leur lessive maison et qui sont à la recherche d’outils théoriques et stratégiques.

    🌾 De la naissance de l’agriculture jusqu’à la civilisation industrielle, l’analyse radicale des différentes représentations de la femme et de la nature et la dégradation de leurs conditions matérielles, permet de poser le principe fondateur du mouvement : la destruction de la nature et l’exploitation des femmes sont intrinsèquement liées.

    Porté par le travail d’autrices et activistes telles que Maria Mies, Vandana Shiva, Françoise d’Eaubonne, Lierre Keith, Carolyn Merchant, Ynestra King et tant d’autres, l’écoféminisme reste aujourd’hui dévoyé de son sens initial et vidé de sa substance.

    Le détail de l’opération d’annulation est dans le texte sous le podcast, dont une mise au point :

    Nous proposons une analyse radicale des systèmes de domination, c’est-à-dire que nous cherchons à remonter à leurs origines pour mieux en comprendre les mécanismes. Cette approche est en opposition directe avec une idéologie qui a noyé tous les débats intellectuels : la théorie queer. Selon la grille d’analyse queer, le sexe serait une construction sociale oppressive « assignée » à la naissance, tandis que le genre serait un mode d’expression libérateur des individus. Les politiques identitaires viennent remplacer les schémas d’oppression. Il n’est plus possible de désigner matériellement une classe d’opprimées ni les conditions de l’oppression.

    – Nos détracteurs nous disent transphobes parce que nous disons que le sexe existe, qu’il n’est pas une pure construction sociale (bien que le social influence le biologique, et vice versa), qu’il est immuable et qu’une femme est un être humain adulte de sexe féminin. Ils nous disent également transphobes parce que nous nous opposons à la médicalisation systématique des enfants « non conformes au genre ».

    – Ils nous disent validistes parce que nous soulignons que le capitalisme industriel détruit la planète en asservissant les êtres humains, et parce que nous disons qu’il nous faut donc en sortir.

    – Ils nous disent putophobes parce que nous luttons contre le proxénétisme, parce que nous estimons que la prostitution est un produit de la phallocratie, qui devrait être aboli avec elle, et que les personnes en situation de prostitution devraient être aidées à en sortir.

    – Ils nous disent eugénistes parce qu’ils ne savent pas ce qu’est l’eugénisme (s’ils savaient, peut-être réaliseraient-ils que ce sont eux qui sont eugénistes, étant donné leur soutien irréfléchi de la PMA, de la GPA et du technologisme en général). Ils nous disent eugénistes tandis qu’ils soutiennent activement la stérilisation des enfants non conformes aux stéréotypes sexistes (les bloqueurs de puberté empêchent le processus de puberté, c’est à dire, le développement et la maturation du cerveau, des organes génitaux et du système reproducteur, de manière irréversible).

    – Ils nous disent essentialistes parce qu’ils ne savent pas non plus ce qu’est l’essentialisme, eux qui considèrent qu’un homme faisant état d’un « sentiment » (ou « ressenti ») de féminité, d’une sorte d’essence prétendument féminine, est une femme.

    – Ils emploient des méthodes indignes pour défendre des idées qui le sont tout autant, en affirmant fièrement qu’il ne doit surtout pas y avoir de débat. Au moyen de sophismes grossiers et en recourant à une manipulation émotionnelle, ils prétendent que le débat menacerait l’existence de divers individus, cependant que leurs idées et leur lobbying institutionnel produisent des changements législatifs et sociétaux dont les effets concrets menacent un grand nombre de vies, notamment de femmes et d’enfants.

    Tous ces procédés malhonnêtes visent à décrédibiliser et faire taire les femmes qui luttent pour leurs droits et les hommes qui les soutiennent. Nous appelons donc au soutien de notre rencontre écoféministe.

    ping @mad_meg, un podcast long à écouter en travaillant :p
    #femmes #féminisme #écologie #écoféminisme #théorie #censure #genre #sexisme #queer #essentialisme #matérialisme

    • Je suis un vieux libertaire révolutionnaire et je découvre depuis quelques mois à quel point les positions au sein des mouvements radicaux peuvent être clivants. Cela me rappelle un peu le ton et l’ambiance des années 60 – 70 à l’époque du délire marxiste-léniniste (ML) pro-chinois, même si chaque période est caractéristique de son propre contexte historique.
      Je constate qu’il y a toujours autant de volontaires pour défendre la bonne cause, confondant la radicalité avec le sectarisme et le fanatisme. Toujours des personnes pour justifier la censure, alors qu’il est nécessaire et vital que la contradiction et le débat s’inscrivent dans la construction même de l’alternative au capitalisme.
      Des clivages violents il y en a au sein des mouvements féministes / LGBT+ mais on en trouve ailleurs, par exemple chez les antifas.
      Le seul intérêt de tout ceci est qu’il permettra à des gens comme moi, n’étant pas familier des ces milieux, de comprendre quelles sont les positions défendues. Pour les dépasser ?
      En complément, ce lien (parmi d’autres) qui m’a permis d’avoir un point de vue contradictoire et de comprendre au moins quelques argumentaires du problème :
      https://www.youtube.com/watch?v=BBZ6A0ukR70

      J’ai suivi et écouté ce sujet jeudi à partir d’un message de PMO :
      https://seenthis.net/messages/981713
      Lesquels PMO, du point de vue de la critique anti-industrielle, je me sens très proche, bien qu’ils aient défendu des positions sur le fond et sur la forme que je ne rejoins pas, notamment :
      https://seenthis.net/messages/965494
      https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1680

    • Psychatriser le débat n’est pas non plus une bonne méthode, et ça relève aussi d’une forme de censure ("t’es débile donc on débat pas"), donc aussi pourri que les actions sus-citées. C’est souvent une manière de militer pour le status quo et ne pas remettre beaucoup de choses en question (il y a un chapitre sur ce point dans le très bon « Q comme Qomplot » de Wu Ming)

    • @O.A de façon générale, la question de la santé mentale, quand on y est confronté personnellement – et je pense qu’on y a tous été confronté, d’une façon ou d’une autre, par les temps présents - est difficile et plutôt lourde à traiter. Elle bouscule violemment nos repères et remet aussi en cause notre propre normalité.

      Dans son rapport avec le « militantisme », il est vrai que c’est un sujet qui revient assez souvent sous différents aspects : soit comme facteur aggravant de personnes socialement fragilisées, soit, comme tu l’indiques, en tant que ressort psychologique du militantisme, mais dans ce cas, on n’en reste qu’au niveau de l’interprétation, donc, avec une valeur politique, de mon point de vue, assez faible, car peu objectivable. Par contre, il est vrai que le fonctionnement d’un collectif composé en partie de personnes, psychologiquement fragiles, peut s’avérer particulièrement difficile, voire insupportable.

      Je suis d’accord avec @RastaPopoulos sur le fait que l’appréciation quant à l’état de santé mentale de telle ou telle personne, en rapport avec son positionnement politique, conduit sur un terrain glissant.

    • @O.A Merci à toi aussi

      « le niveau de nos implications sont liés à notre structure psychologique » 
      Sans aucun doute mais si on est bien obligé de prendre en compte cette réalité (alors que parfois on aimerait s’en passer) la question reste entière de savoir comment la traiter, sur le plan politique.

      Je n’ai pas de réponse à cette question.

      La seule chose que je constate c’est que la plupart des conflits politiques d’hier d’aujourd’hui et probablement de demain, buttent à un moment donné sur cette problématique (cela ne veut pas dire qu’ils se résument à cela). Mais je le répète : comment cela peut être traité politiquement ? Mystère.

      « ce que tu fais qui est condamnable mais ce que tu es »
      Oui, j’ai vécu des situations politiques ou de rapport de pouvoir où, sans que cela soit dit forcément en ces termes, on retrouvait exactement ce sens comminatoire du propos ou du rapport de force. Généralement quand on en ai rendu à ce niveau d’argumentaire – la remise en cause de la personne pour ce qu’elle est - alors il n’y a plus d’autres solution que la rupture irréversible (ou la soumission).

      Au moment de la première internationale, le conflit idéologique et politique s’est rapidement gangrené autour d’une animosité personnelle entre le « juif » et le « gros russe ». Le clivage était irréversible. D’un camp à l’autre on a échafaudé des hypothèses et des représentations qui se sont avérées en partie erronées. Même si les divergences politiques étaient réelles et profondes, il ne faut pas sous-estimer le contexte personnel et psychologiques dans la tournure de ce conflit. Cafiero, qui avait rompu depuis longtemps avec Engels et Marx pour rejoindre, comme disait ce dernier, le camp des « alliancistes » ou des « bakounistes », a rédigé un ouvrage de vulgarisation marxiste, alors qu’il était emprisonné après l’insurrection foireuse du Matese. Cafiero est ensuite devenu fou mais il n’y a aucun doute que la rédaction de ce petit livre avait du sens pour lui, sans pour autant qu’il renie ses convictions anarchistes. On est complètement dans le psy, là encore, mais dans une dimension plus positive.

      Pour revenir à notre sujet, effectivement il y a probablement une dimension psy dans le clivage féministes/LGBTQ+, quand on voit le niveau de violence des échanges, y compris, de violence physique. C’est probablement le même genre de ressort qui anime les groupes rivaux des antifas quand ils se battent entre eux ou quand on assiste médusé à une baston entre gilets jaunes et CGT (même si on comprend tout à fait comment ça peut s’allumer), etc.

      Dans ce genre de situations, l’explication rationnelle et le discours est alors sans effet.

      On a beau se dire qu’il y a quelque chose qui ne tournent pas vraiment dans le bon sens dans les têtes à ces moment-là (et là je n’évoque pas les problématiques de fonctionnement de groupes), mais une fois qu’on a dit ça on est bien obligé de se dire qu’il faut serrer les fesses pour éviter que ça s’aggrave en espérant que la niaque s’oriente, pour converger, finalement, contre les instances dominantes de pouvoir.

      Cordialement

  • Et pourtant elles parlent
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1768

    Samedi 19 novembre 2022, Floraisons et Deep Green Resistance France organisaient une réunion publique « Ecoféminisme et résistance » à Lyon (voir présentation ci-après). L’événement, initialement programmé à la Maison de l’écologie, « tiers-lieu écologiste radical », a dû être déplacé en un lieu discret réservé aux inscrits, suite à son annulation par la Maison de l’écologie. Laquelle a cédé aux injures, menaces et intimidations déferlant, via les réseaux sociaux, d’activistes gauchistes, néo-sexistes, queer et LGBT les jours précédant la rencontre ; ainsi qu’aux pressions de ses partenaires politiques d’EELV. Une soixantaine de personnes ont pu discuter durant près de trois heures, et les échanges ont été enregistrés. Pour savoir ce que les annulateurs ne voulaient pas qu’il soit dit librement, vous pouvez écouter (...)

    https://floraisons.blog
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=545
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=559
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=547
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=885 #Faits_divers
    https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2022-10-21/3002b7ff-211d-f333-764f-cef96970be40.mp3

  • L’inflazione, ultimo tentativo di salvataggio dello status quo ?
    R. F. e B. A.
    http://illatocattivo.blogspot.com/2022/10/linflazione-ultimo-tentativo-di.html

    «Un anno fa (aprile 2021), concludevamo il terzo episodio della nostra serie sulla crisi da Covid con delle proiezioni sui possibili scenari dell’ulteriore sviluppo di quella crisi. Uno di questi scenari era il «ritorno dell’inflazione». [...] Oggi il ritorno dell’inflazione non è più in dubbio, anche se la discussione è aperta sulla sua durata. In questo episodio, si tratterà non solo di analizzarne le cause profonde, ma anche di coglierne le implicazioni, soprattutto dal punto di vista della massiccia devalorizzazione (e della concomitante crisi sociale) che abbiamo prospettato. L’inflazione attuale può condurre a uno scongelamento/aggravamento della crisi, contrariando la traiettoria di uscita dalla recessione? Può essere portatrice di una forte ripresa delle lotte sul posto di lavoro, unico possibile innesco della grande ristrutturazione di cui il capitale sembra oggi così bisognoso? Queste sono le domande a cui cercheremo di rispondere sulla base degli elementi strutturali che, al di là dei fattori più immediati e superficiali, sono all’origine dell’inflazione attuale: la brutale caduta del saggio di profitto e la crisi della perequazione distorta del medesimo.»

    #comunizzazione #comunismo #teoria #communisation #communisme #théorie

  • Théorie communiste : nouvelles traductions en espagnol
    http://dndf.org/?p=20331

    Traduction de 3 textes du nº 15 (A propos du texte “Sur la decadence” de Aufheben, Sur la critique de l’objectivisme, Quelques problèmes théoriques à partir de l’objectivisme et de la théorie de la décadence), du nº 25 (Note méthodologique), la présentation de TC dans le site web (Qui sommes nous ?) et deux textes hors de revue, (Crise et théories des crises et À propos de la dialectique systématique)…dndf

    #communisation #communisme #théorie

  • Le vote par approbation : un scrutin plus démocratique ?
    https://lvsl.fr/le-vote-par-approbation-un-scrutin-plus-democratique

    Le vote par approbation modifie très peu nos habitudes de vote, et à bien des égards, nous le pratiquons déjà : questionnaire à choix multiples, choix de dates, et Doodle en tous genres. Simple, instinctif même, mais pas seulement. Ce petit changement dans la manière de voter permet de résoudre les deux principaux problèmes de notre mode de scrutin actuel, à savoir le Spoiler effect et le vote utile qui empêche le vote de conviction.

    #théorie_du_vote #vote_plurinominal

  • Laurie Laufer : « La psychanalyse a du mal à inventer un autre langage, à penser au-delà de Freud et Lacan »

    Alors que les études de genre, les savoirs et les théories LGBTQI + ont inventé d’autres perspectives en matière de sexualité, la discipline s’est quelque peu refermée sur elle-même et doit intégrer les changements sociétaux, explique la psychanalyste dans un entretien au « Monde ».

    Dans son ouvrage Vers une psychanalyse émancipée. Renouer avec la subversion (La Découverte, 240 pages, 18,50 euros), la psychanalyste Laurie Laufer dresse une critique sévère de sa discipline. Repliée sur elle-même, cette dernière serait dépassée, voire à contre-courant de notre société, certains psychanalystes n’hésitant pas à afficher leurs opinions contre le mariage pour tous ou contre la PMA pour les couples de femmes. Alors, la psychanalyse a-t-elle encore des choses à dire, et si oui, lesquelles ? Laurie Laufer, également professeure des universités à Paris-Cité et directrice de l’UFR Institut humanités, sciences et sociétés, invite à une relecture des principes fondateurs de sa discipline en replaçant le sujet – qu’il soit hétérosexuel, bi, homo, trans ou intersexe – au cœur de son travail analytique, sans négliger le contexte social et politique dans lequel s’inscrit sa démarche.

    Des grands concepts psychanalytiques sont aujourd’hui rejetés par les mouvements LGBTQI +, quels sont-ils ?
    `
    Il me semble que ce qui est plutôt rejeté, ce ne sont pas tant les concepts qu’a développés Freud, mais la façon dont certains psychanalystes les utilisent. Si des praticiens considèrent que la différence des sexes – l’un des principes fondateurs de la psychanalyse – revient à dire que l’anatomie fait le destin, cela produit une position normée et normative. Je pense que ce qui est rejeté, à juste titre, c’est la hiérarchisation, ce sont les discriminations et les oppressions que produit l’idée de la différenciation binaire. L’hétéronormativité – et la binarité qui va avec – participe d’un discours dominant, issu de ceux qui ont le privilège de ne pas être inquiétés par cette différenciation.

    De même, la notion de « femme phallique », ou de femme « puissante », est toujours considérée de manière péjorative ou dénigrante par la doxa. Mais pourquoi serait-il pathologique pour une femme de souhaiter obtenir ce que les hommes ont comme privilèges ? On associe souvent les termes « femme », « passive », « soumise » et « masochiste ». Mais à force de répéter cette association, on l’intègre. C’est notamment ce que souligne la philosophe américaine Judith Butler : nous jouons et rejouons dans le champ social les normes de genre que nous avons intériorisées ; si je veux me faire reconnaître comme femme, alors je dois jouer la passivité, la soumission, etc. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment la psychanalyse peut créer les conditions pour défaire cette chaîne de mots socialement intégrée.

    Vous rappelez que, pour Freud, l’homosexualité est une « variation de la fonction sexuelle ». D’aucuns soutiennent que la psychanalyse prédispose à l’homophobie…

    C’est en partie vrai. Plusieurs textes écrits par des psychanalystes traitaient l’homosexualité comme s’il fallait la guérir, sous-entendant que c’était une maladie. Mais ce n’est pas ce que dit Freud. Selon lui, l’homosexualité est « un choix d’objet », comme l’hétérosexualité. Il y a une sorte de détermination inconsciente qui fait que le sujet choisit son objet. C’est une forme de contingence, en somme.

    Rappelons-nous qu’à partir des années 1920 il y a un conflit majeur entre [le psychiatre et psychanalyste gallois - 1879-1958 ] Ernest Jones et Sigmund Freud. Jones s’oppose à Freud en assurant qu’une personne homosexuelle ne peut pas devenir psychanalyste. Cette pensée a irrigué la formation des analystes. Mais personne ne s’étonne qu’un hétérosexuel puisse analyser un autre hétérosexuel.

    Est-ce à dire que ce sont les disciples de Freud qui ont pathologisé l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ?

    Il est compliqué de l’affirmer, car vous pouvez lire Freud et trouver dans ses textes de l’homophobie. Il en est de même avec Lacan et la transphobie. Mais lorsque Lacan commente l’œuvre de Freud, il invite à toujours replacer ses concepts dans leur contexte historique. Il n’a d’ailleurs cessé de dire qu’il fallait réinventer la psychanalyse en permanence.

    En tant que psychanalyste, j’ai appris de ces concepts-là. Mais ce qui importe, c’est la façon dont je peux m’y référer, en lien avec les situations cliniques que je rencontre. A savoir, des configurations familiales et sexuelles différentes de l’époque de Freud ou Lacan.

    Du reste, il n’y a pas de raisons pour que la psychanalyse actuelle échappe à la droitisation de la sphère publique et politique. L’analyste n’est pas tout-puissant, en surplomb par rapport à son époque. Il y a donc des psychanalystes qui ont des positions politiques conservatrices.

    La psychanalyse a-t-elle finalement oublié d’être subversive, comme elle l’a été au moment de sa fondation ?

    Dire, comme l’a fait Freud, que l’homosexualité est une variation sexuelle, que la vie psychique est amorale, que l’enfant est un pervers polymorphe – au moment où on le considère comme candide et innocent –, tout cela est extrêmement subversif pour l’époque.

    On peut rappeler qu’en 1886 le psychiatre allemand Krafft-Ebing (1840-1902) écrit Psychopathia sexualis, ouvrage dans lequel il répertorie toutes les « déviances sexuelles », c’est-à-dire, selon lui, les actes sexuels qui ne visent pas la reproduction de l’espèce. Freud rompt avec cette idée. La question, aujourd’hui, pour moi, est de comprendre comment la psychanalyse s’est moralisée et normalisée. Et c’est en cela que Michel Foucault [1926-1984] m’intéresse. En 1975, dans une interview, il demande : « Qu’est-ce que c’est que cette pudeur sacralisante qui consiste à dire que la psychanalyse n’a rien à voir avec la normalisation ? »

    Certains psychanalystes sont restés enfermés dans la binarité sexuelle et de genre, et il y a une sorte d’affolement dès qu’on parle du corps. Car le corps est révolutionnaire, puissant, il n’est pas simplement anatomique. Il est également politique. C’est le support des formes de libération. Et c’est cette question que soulèvent la pensée, les savoirs et les théories LGBTQI +. Que peut un corps ? Beaucoup de choses, je crois. Ce sont les corps, les sexualités qui peuvent mettre le désordre dans un ordre social rigidifié.

    Les psychanalystes ne sont-ils pas suffisamment curieux ?

    C’est souvent compliqué de penser le « désordre » pour un psychanalyste, habitué à la différence des sexes et à la norme sexuelle. La pathologisation peut servir à calmer l’angoisse d’un praticien qui ne sait pas entendre une personne LGBTQI +. Il est des analystes qui préfèrent dire que ce sont des pervers ou des psychotiques, car ils n’arrivent pas à penser les personnes LGBTQI + en dehors des catégories qu’ils ont eux-mêmes figées. Ils n’ont pas vu l’aspect politique des mouvements LGBTQI + et sont restés sourds aux avancées scientifiques qui, tout au long du XXe siècle, ont remis en cause la binarité. Ils pensent une psychanalyse « hors histoire ».

    Lors de la Manif pour tous, l’expression de catastrophe anthropologique, utilisée par plusieurs psychanalystes, a été reprise en chœur par les anti-mariage pour tous et par les transphobes, se revendiquant de « la » psychanalyse, ainsi instrumentalisée. Qu’est-ce qui nous fait croire qu’il faut un père et une mère pour élever un enfant ? La question de l’œdipe est bien plus complexe que cela. L’anthropologie et la sociologie nous permettent de comprendre qu’il y a une multiplicité de formes de familles possibles.

    C’est donc cela que vous tentez de faire dans votre ouvrage, repenser votre discipline en l’inscrivant dans son temps ?

    L’idée de mon livre, ce n’est pas de dire « voilà ce que la psychanalyse peut dire des LGBTQI + », mais « voilà ce que les personnes LGBTQI + peuvent faire entendre à la psychanalyse ». Il s’agit d’analyser la façon dont la psychanalyse peut se laisser instruire par un autre discours, qui ne soit pas un discours autoréférencé. Parfois, j’ai l’impression que les psychanalystes parlent de la psychanalyse aux psychanalystes. Il faut sortir de sa bulle : le monde existe autour de nous !

    Il y a des psychanalystes qui considèrent les identités LGBTQI + comme de la « perversion sociale ». Moi, cela ne m’intéresse pas. Je ne suis pas une experte en diagnostic, et je ne suis pas dans une approche pathologisante. Quand un patient vient en séance, ma question n’est pas de savoir qui il/elle aime. Je ne suis pas là pour faire de la morale.
    Les mouvements LGBTQI + parlent de sexualité, de désir, de genre – tout ce qui intéresse la psychanalyse. Ils et elles ont écrit, pensé, produit des savoirs. A l’exception majeure de l’Ecole lacanienne de psychanalyse (ELP), qui a introduit un dialogue entre les théoriciens queers et la psychanalyse, comment se fait-il que la discipline ne soit pas allée regarder du côté de ce nouveau corpus théorique ?

    De quoi la psychanalyse souffre-t-elle aujourd’hui ?

    Je trouve que la psychanalyse n’a pas suffisamment travaillé à une épistémologie critique, à une réflexivité sur l’émergence de ses propres concepts. Comme l’a écrit le philosophe et théologien Michel de Certeau [1925-1986] dans Histoire et psychanalyse entre science et fiction (Gallimard, 1987) : « Là où la psychanalyse “oublie” sa propre historicité (…), elle devient ou un mécanisme de pulsions, ou un dogmatisme du discours, ou une gnose de symboles. » Je crois aussi qu’il ne faut pas négliger le poids des écoles psychanalytiques. II y a une sorte d’autoréférence permanente dans les formations. La psychanalyse a également du mal à inventer un autre langage, à penser au-delà de Freud et Lacan.

    Quel risque la psychanalyse court-elle en ne se réinventant pas ?

    Le risque – si c’est un risque – est d’amplifier cette idée que la psychanalyse est une pratique normative, réactionnaire. Je n’ai pas envie de sauver « la » psychanalyse, je pense simplement qu’il y a une autre façon de la pratiquer. Il y a aujourd’hui des psychanalystes qui intègrent les éléments de la théorie critique et les éléments politiques de notre société : les choses changent. Plusieurs psychanalystes se sont récemment déclarés homosexuels : c’est un geste éminemment politique. Aujourd’hui, il y a d’ailleurs une demande de « psy safe », à savoir des psys concernés ou alliés. Mais tout le monde devrait être concerné par la violence, la discrimination ou l’oppression. Depuis quand accepte-t-on que quelqu’un se fasse détruire ? C’est quand même curieux, non ?

    La psychanalyse a donc un réel intérêt pour les personnes LGBTQI + ?

    Il n’y a pas d’analyse « pour » les LGBTQI + : cela sous-entendrait qu’il y a un « eux », et un « nous » universel. En revanche, il peut y avoir des contextes de discrimination et d’oppression qui produisent des effets réels. Mais si une personne souffre ou a envie de parler à quelqu’un, de s’inventer, de retrouver des capacités d’agir et d’aimer, un élan érotique, alors la psychanalyse peut être une expérience intéressante. Judith Butler parle de l’agency– la puissance, la capacité d’agir – ainsi : « Qu’est-ce que je fais avec ce que l’on fait de moi ? » Pour le dire autrement, que fait-on avec les assignations dans lesquelles on est enfermé ? Pour l’expérience analytique, j’ajouterais : comment fais-je avec ce que je ne sais pas de moi-même ?

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/14/laurie-laufer-la-psychanalyse-a-du-mal-a-inventer-un-autre-langage-a-penser-

    #théorie #historicité #hétéronormativité #psychanalyse #droitisation #pathologisation #normes #femmes #homosexualité #homophobie #corps #sexualité

  • Théorie Communiste - À propos de la révolte dite des « #GiletsJaunes »
    http://dndf.org/?p=20248

    De ce point de vue, un mouvement comme celui des Gilets jaunes permet de préciser quelques points au sujet de la restructuration-contre révolution. Pour le moment une « restructuration » demeure encore très hypothétique. Mais si nous commençons à y réfléchir à partir des caractéristiques particulières de la crise actuelle du mode de production, le « populisme » n’est en aucune façon le contenu de la contre-révolution / restructuration pouvant advenir. Le « populisme » ne porte pas de « réponses économiques » et il ne pourra être le socle sur lequel se bâtit une restructuration. Il faudra des luttes d’une tout autre ampleur mondialement et qu’elles soient battues (ce qui n’est pas évident) pour que se définisse une restructuration. Pour l’instant, nous pouvons seulement avancer que des mouvements comme celui des Gilets jaunes (et bien d’autres actuellement) portent sur la spécificité de la crise : la rupture de la relation entre valorisation du capital et reproduction de la force de travail (ce qui n’est qu’une façon de désigner la mondialisation). Ce qui ne veut pas dire que ces mouvements présentent une « solution ». L’important, ce qui est la force et la limite de ces luttes, c’est que la spécificité de la crise est « seulement » désignée au niveau même et dans les termes mêmes où elle se présente et apparaît : comme distribution et redistribution (ce qui n’est pas sans relation avec la composition sociologique du mouvement). Ni Macron, ni les Gilets jaunes, ni même leur conflit, ne représentent alors une restructuration à venir. Pour l’instant, ce conflit est concrètement, pragmatiquement, l’existence manifeste et en actes de la contradiction à résoudre : réarticuler mondialement l’accumulation du capital et la reproduction de la force de travail globale. C’est déjà très important, mais c’est tout. Il faut ajouter cependant que la façon dont, dans le cas des Gilets jaunes, la contradiction à résoudre est posée par ceux qu’elle désigne comme ses porteurs s’accompagne de trois grandes absences : les « pauvres de centre-ville » (majoritaires parmi les personnes en dessous du seuil de pauvreté) ; les prolétaires des cités de banlieues ; les ouvriers des entreprises de plus de cent ou deux cent salariés (il y en avait dans le mouvement mais c’était marginal). Comme si nous avions avec les ronds-points une forme de socialisation revendicative de ceux et celles pour qui cette socialisation est impossible dans le cadre du travail même. Constater la chose n’implique aucune hiérarchie entre ces deux formes de socialisation revendicative et même on peut dire que celle des ronds-points brise l’idiotisme de métiers. En partant de la distribution en général, en dehors de catégorisations professionnelles, c’était toute la vie quotidienne qui était en jeu et ça c’était fort.

    #communisme #communisation #théorie

  • Pénurie de moutarde : tout est expliqué dans le « Protocole des Sages de Dijon » ...

    Des « stocks cachés » de moutarde ? Derrière la théorie virale, une vidéo trompeuse
    https://www.bfmtv.com/tech/actualites/reseaux-sociaux/sur-les-reseaux-sociaux-une-theorie-virale-evoque-un-complot-pour-cacher-la-m

    Les pénuries se multiplient en cette année 2022, et, bien qu’elles affectent de nombreux secteurs, elles donnent aussi naissance à des théories en ligne, certaines farfelues, voire improbables. La dernière en date concerne la moutarde, qui se retrouve au cœur des rumeurs à travers une vidéo vue des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, à commencer par Twitter et Facebook.

    #rumeurs #désinformation #fakenews #théories_du_complot

  • Théorie communiste - ”Sur le fétichisme” et “Sur la politique” (TC nº 10), “Sur la restructuration et "Le nouveau cycle de luttes” (TC nº 16), et ”Too much monkey business” (TC nº 22) en espagnol
    http://dndf.org/?p=20215

    Il n’existe pas de restructuration du mode de production capitaliste sans défaite ouvrière. Cette défaite c’est celle de l’identité ouvrière, des partis communistes, du socialisme réel, du syndicalisme, de l’autogestion, de l’auto-organisation. C’est tout un cycle de luttes, dans sa diversité et ses contradictions, qui a été défait dans les années 70 et au début des années 80. La restructuration est essentiellement contre-révolution. Son résultat essentiel, depuis le début des années 80, est la disparition de toute identité ouvrière produite, reproduite et confirmée à l’intérieur du mode de production capitaliste.

    #communisme #communisation #théorie

  • Il lato cattivo - In cammino
    http://illatocattivo.blogspot.com/2022/07/in-cammino.html

    Chiariamo fin da subito che quella de Il Lato Cattivo, cominciata una decina d’anni fa, è una storia che riguarda pochi individui: una cerchia ristretta che nei momenti migliori si è potuta contare sulle dita di una mano, e una platea di interlocutori assidui che al massimo riempirebbe l’altra mano. Dal punto di vista aggregativo, per non dire «organizzativo», è dunque una storia di solitudini e di insuccessi, di tentativi non necessariamente infruttuosi, ma sempre estemporanei, di allargare la cerchia oltre gli iniziatori, i quali restano ad oggi i soli superstiti. Ma prima di questo, è la storia di un incontro fra dissidenti di correnti solidificatesi nella sconfitta e nel riflusso delle lotte di classe degli anni 1960/1970 (Autonomia organizzata, anarchismo insurrezionalista etc.), convinti che la crisi del 2008 cambiasse le carte in tavola ed imponesse un distanziamento, tanto teorico quanto pratico, dall’eredità in putrefazione di quel ciclo di lotte, senza con ciò ripiegare su nostalgie o revival di un passato ancor più remoto. Negli ambiti «movimentisti» da cui provenivamo, come in quelli «partitisti» a noi più attigui (marxisti anti-stalinisti), ravvisavamo un attivismo gesticolatorio e una sclerosi teorica – egualmente sterili – con cui in ogni caso bisognava farla finita. Ma come fare?

    #comunismo #comunizzazione #teoria #communisme #communisation #théorie

  • Christophe Cassou : « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser » – Libération

    https://www.liberation.fr/environnement/meteo-france-selon-christophe-cassou-nous-allons-probablement-approcher-l

    Rebelote. Seulement un mois après la dernière vague de chaleur, la France tout entière va subir dès mardi 12 juillet des températures extrêmes, atteignant ou dépassant par endroits les 40 °C, avec un pic attendu ce week-end de 15 °C supérieurs aux normales de saison. Une conséquence établie du réchauffement climatique qui accentue la précocité, la fréquence, l’intensité et la durée de ces phénomènes qui devraient doubler d’ici à 2050. « Sans politique climatique, il y a trois chances sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vagues de chaleur augmente de cinq à vingt-cinq jours en fin de siècle selon les régions par rapport à la période 1976-2005 », souligne Météo France. De quoi susciter l’inquiétude

    #climat #canicule #paywall (Si quelqu’un·e a le texte d’origine) #christophe_cassou et #ecoanxiete

    Et donc aujourd’hui twittait https://twitter.com/cassouman40/status/1546755199540383744

    « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser ».
    Merci @libe pour cette interview hier...
    Aujourd’hui, alors que les prévisions s’affinent, j’enlèverais le "peut-être" et je rajouterais "très" devant probablement 🥵

    Dans la continuité de https://seenthis.net/messages/966346

    Tout va bien se passer… Tout.

    • Ici dans l’Hérault, c’est déjà en train de battre les records de juillet 2003.

      Météo dans l’Hérault : Des records de chaleur ont été battus dans des villages du département
      https://www.20minutes.fr/planete/3324395-20220712-meteo-herault-records-chaleur-battus-villages-departement

      Selon Météo France, dimanche, il a fait jusqu’à 38,2 degrés à Soumont, près de Lodève, dans le nord du département. C’est un record, pour cette période. Le dernier datait du 26 juillet 2018. Le thermomètre avait grimpé jusqu’à 38 degrés.

      Autre record de chaleur, à Marsillargues, dimanche. Il a fait jusqu’à 37 degrés, dans ce village. C’est 0,1 degré de plus que le 23 juillet 2003, année marquée par la canicule.

    • #Christophe_Cassou : « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser »

      La nouvelle #vague_de_chaleur qui s’installe sur l’Hexagone à partir de mardi 12 juillet pourrait être d’une intensité historique et durer plusieurs jours, analyse le climatologue et auteur principal du sixième rapport du Giec, qui insiste sur l’urgence d’agir rapidement afin de stabiliser le niveau de réchauffement.

      Rebelote. Seulement un mois après la dernière vague de chaleur, la France tout entière va subir dès mardi 12 juillet des températures extrêmes, atteignant ou dépassant par endroits les 40 °C, avec un pic attendu ce week-end de 15 °C supérieurs aux normales de saison. Une conséquence établie du réchauffement climatique qui accentue la précocité, la fréquence, l’intensité et la durée de ces phénomènes qui devraient doubler d’ici à 2050. « Sans politique climatique, il y a trois chances sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vagues de chaleur augmente de cinq à vingt-cinq jours en fin de siècle selon les régions par rapport à la période 1976-2005 », souligne Météo France. De quoi susciter l’inquiétude, notamment dans les départements les plus arides tels que le Gard, en proie à de violents incendies. Cet épisode de chaleur, lié à une masse d’air qui va chauffer sur place et être potentiellement amplifiée par une seconde provenant du Maroc et d’Espagne, devrait évoluer vers une situation caniculaire. Ce scénario apparaît comme un avant-goût du climat futur, détaille Christophe Cassou, climatologue et auteur principal du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

      Un pic de chaleur en juillet, est-ce si inquiétant ?

      On est dans la saison des vagues de chaleur et des canicules : les pics de températures ont généralement lieu au mois de juillet et août. Ce qui est inquiétant, c’est l’intensité, la récurrence et le changement de saisonnalité de ces pics. Si on regarde le nombre de vagues de chaleur observées en France entre 1947 et 1999, soit en cinquante-trois ans, on en a comptabilisées 17. Celle-ci sera la 25e depuis 2000, en seulement vingt-trois ans… Aujourd’hui, on enregistre donc en France environ trois à quatre fois plus de canicules, ce qui est assez représentatif de ce qui se passe à l’échelle mondiale, où elles sont aussi trois fois plus nombreuses. Il y a toujours eu des événements extrêmes. Le changement climatique ne crée pas de vagues de chaleur, il les amplifie. Voilà pourquoi on bat des records d’année en année. Les canicules se développent sur un environnement plus chaud de base et des conditions atmosphériques favorables pour générer de la chaleur plus efficaces. Actuellement, la température globale de la planète est de 1,1 °C de plus que durant la période préindustrielle (1850-1900), ce qui suffit à avoir des événements extrêmes inédits et très forts, le dernier en date étant le dôme de chaleur au Canada en 2021.

      En quoi cette vague de chaleur est différente de celle de juin ?

      Elle est différente dans sa dynamique. Elle est plus complexe. La canicule de juin était associée à une petite dépression au large de la péninsule ibérique que l’on appelle aussi goutte froide ; les vents tournaient autour de cette dépression entraînant de l’air chaud et sec vers l’Espagne puis la France. C’est ce que j’appelais une plume de chaleur en lien avec la dépression qui agit comme un engrenage. Cette fois, une plume de chaleur va se développer dans un environnement initialement beaucoup plus chaud qu’en juin. Un dôme de chaleur est en train de se constituer et son effet va être considérablement accentué au fil des jours sous l’effet de la petite goutte froide et de sa plume. Mais on ne sait pas encore quelle sera l’ampleur de la combinaison de l’ensemble de ces processus. L’incertitude est forte, notamment pour la fin de semaine. Tout va dépendre de la position et de l’intensité de cette goutte froide qui sera le faiseur de rois.

      Cet épisode pourrait-il être historique ?

      Il peut être historique par son intensité. A ce jour, selon des critères de sévérité, l’année 2003 correspond à la vague de chaleur la plus sévère. C’est un événement de type cygne noir : extrême, rare, inédit, avec des conséquences très importantes. La canicule de 2003 semblait intouchable tant sa sévérité fut forte ! Dans les prochains jours, nous allons probablement l’approcher, voire peut-être la dépasser. Même s’il est encore trop tôt pour le dire, la vague de chaleur actuelle pourrait être plus intense et plus longue encore. Elle pourrait durer très longtemps, en particulier dans le Sud de la France. On parle déjà de dix jours au-dessus de 35-40 °C, ce qui risque d’être très compliqué pour les écosystèmes, mais aussi très impactant pour nous, sociétés humaines, avec des tensions très fortes sur les rendements agricoles, sur l’énergie… Par ailleurs, cela augmentera considérablement les risques sanitaires. Deux jours à 45 °C, on peut tenir, mais dix jours dans de telles conditions, ça peut poser problème. On a tiré les leçons de 2003 en mettant en place des systèmes d’alerte précoces et des plans d’anticipation. Il est clair que l’on aurait moins de morts qu’en 2003. Cependant, le nombre de morts ne dépend pas seulement de la sévérité de la canicule mais aussi de la capacité du système hospitalier à absorber le flux de patients. Est-ce possible sachant son état de délabrement avancé et la gestion du pic de Covid en cours ?

      Pouvez-vous nous en dire plus sur la théorie des cygnes noirs ?

      Elle a été introduite par un statisticien pour quantifier certains événements imprévisibles ayant une très faible probabilité d’arriver. Les événements inédits et extrêmes que j’appelle ovnis climatiques frappent partout sur la planète. Quand ils se produisent, ils ont des conséquences en cascade considérables et exceptionnelles. Un exemple : le dôme de chaleur du Canada a donné lieu à des mégas incendies. Aujourd’hui, il est impossible de calculer la probabilité exacte de ces extrêmes inédits. On sait qu’ils peuvent arriver, que leur probabilité augmente avec le réchauffement actuel et avec chaque dixième de degré additionnel, mais on n’arrive pas à estimer précisément un chiffre précis. Tout cela fait partie de ce qu’on nomme l’incertitude profonde. Personne n’est à l’abri de ces phénomènes de cygnes noirs.

      Que dit précisément le Giec au sujet de ces épisodes de chaleur extrêmes ?

      Le Giec attribue les changements des statistiques des extrêmes aux activités humaines et donc aux émissions de gaz à effet de serre. Le lien est clair, il n’y a plus à se poser la question. Le scénario qu’on vit actuellement est un avant-goût du climat futur. La probabilité des températures extrêmes augmente de manière non linéaire : les températures extrêmement chaudes se réchauffent plus vite que les températures moyennes. Je l’avoue, je suis dans une forme de colère, car ce qu’on vit était anticipable. L’ensemble correspond à ce que les faits scientifiques disaient depuis longtemps. Comment être encore aujourd’hui dans ce déni de gravité ? Comment tenir encore aujourd’hui des discours « rassuristes » ? Ça n’a pas de sens !

      Que préconisez-vous ? La sobriété comme maître-mot ?

      Nous faisons face à deux injonctions complémentaires : s’adapter au changement climatique et atténuer le changement climatique en diminuant les émissions de gaz à effet de serre de manière considérable et rapide. Il faut également stopper la déforestation et l’artificialisation des sols, les arbres et la terre étant des stocks de carbone. C’est le seul moyen d’arriver à la neutralité carbone qui est une contrainte géophysique, et non pas politique, pour stabiliser le niveau de réchauffement. Avant 2040, on va dépasser le seuil de 1,5 °C ; il y a encore une possibilité de ne pas atteindre le seuil de 2 °C supplémentaires mais elle est faible. Il faut avoir en tête que chaque dixième de degré compte pour le vivant. Aujourd’hui, certains discours actent l’échec de la lutte contre le changement climatique, affirment qu’il faut se préparer à des réchauffements de 3 °C. Pour moi, ce discours est irresponsable car il ne prend pas en compte les limites de l’adaptation : au-delà d’un certain seuil, il n’y a plus d’adaptation possible, comme le quantifie le Giec. Là, on approche très dangereusement de certaines limites dures, à la fois pour les écosystèmes et pour nous, humains dans certaines zones. Il faut agir maintenant. La sobriété est un levier indispensable. Cela ne passe pas par des petits gestes qui font porter la réduction des gaz à effet de serre à l’échelle de l’individu mais par la transformation de nos infrastructures collectives et le changement de nos modes de vie, en diminuant par exemple notre consommation en énergie et en eau. La dimension collective de la sobriété est essentielle.

      Vous pensez à une mesure en particulier ?

      Il y a des mesures de sobriété intéressantes, rapides, justes et équitables. Par exemple, le passage de 130 à 110 km/h sur l’autoroute. Cela permet de réduire de 16 à 20% les émissions de gaz à effet de serre en France pour le parc automobile ! C’est une mesure de sobriété parfaite. Les leviers pour lutter contre le changement climatique sont souvent qualifiés de punitifs ; c’est un argument fallacieux pour favoriser l’inaction. Qu’y a-t-il de punitif dans cette mesure ? Tout le monde peut continuer à se déplacer.

      https://www.liberation.fr/environnement/meteo-france-selon-christophe-cassou-nous-allons-probablement-approcher-l

      #canicule #France #températures #chaleur #dôme_de_chaleur #intensité #récurrence #saisonnalité #pics #événements_extrêmes #plume_de_chaleur #santé #système_hospitalier #hôpitaux #cygnes_noirs #théorie_des_cygnes_noirs #ovnis_climatiques #incertitude_profonde #colère #déni #déforestation #artificialisation_des_sols #neutralité_carbone #adaptation #sobriété

    • Donc a priori au moins 45°C en espagne…

      – 46,3°C, nouveau record au portugal aujourd’hui

      Ontem, a temperatura atingiu 46,3ºC na localidade portuguesa de Lousã, maior marca de toda a série histórica da estação. Em Santarem, a máxima da quarta-feira foi de 46,2ºC, apenas 0,1ºC abaixo de recorde absoluto de máxima.

      Tout va bien. C’est l’été qu’ils disent…

      Sinon, je peux vous dire que 36°C ça commence à être bien chaud… Vivement lundi !

    • Run 0z GFS de ce vendredi 15 juillet : prêts pour un bon coup de chalumeau pour la journée de lundi ?


      Et (amha), ça ne se calmera pas tant que la « goutte froide » continuera d’errer entre les îles britanniques, le golfe de Gascogne, et les Açores. En fait tant qu’elle ne sera pas reprise dans la circulation atmosphérique générale.

      https://forums.infoclimat.fr/f/topic/57527-du-18-juillet-au-24-juillet-2022-pr%C3%A9visions-semaine-29/?page=3#comment-3566582

    • La task force est dans la place. Gégé & Babeth vont expulser la « goutte froide »
      https://twitter.com/Elisabeth_Borne/status/1547664066067329024

      Depuis le centre opérationnel de crise, avec Gégé, nous faisons le point avec les services de l’Etat sur les moyens engagés pour lutter contre les feux. Plein soutien aux sapeurs-pompiers qui mènent une lutte acharnée contre les flammes et protègent nos concitoyens !

    • Ah oui, et aussi, j’ai fait un petit tour en bord de Charente hier pour me rafraichir… il faisait correct sous les arbres au bord d’eau… mais 36°C dès que tu en sortais… et… des maïsiculteurs arrosaient du maïs, à 15h30, sous 36°C, en période de sécheresse… mais comment est-ce encore possible bordel !? J’attends avec impatience les dépités de la filière ostréicole en aval qui vont crier au manque d’eau douce, par ailleurs déjà trop chaude…

    • Un peu plus doux par chez moi aujourd’hui, mais de nombreux records absolus de chaleurs (>40°C) ont été battus en France, notamment Nîmes, Béziers…
      Il reste toujours le plus dur (lundi - mardi) à passer…

      Un joli 47°C au Portugal…

    • Bon, alors mon petit record extérieur chez moi fut 40.7°C donc ce fameux lundi il y a quelques jours.

      La question qui va peut être se poser est : est-ce qu’on va le battre dans les prochains jours d’août ?

      https://twitter.com/cassouman40/status/1551838212229849088

      Christophe Cassou dit :

      Lassitude-effroi : il va falloir encore écrire des🧵pr expliquer la nvelle poussée de chaleur qui se profile pr début Aout.
      Bof...prenez les🧵précédents ! Dyn. en #DomeDeChaleur/déferlement d’onde & lien robuste #canicule #changementclimatique déjà expliqués. Tout quasi déjà dit😢

      En réponse à Gaétan Heymes :

      Prévision ECMWF pour la première semaine d’août : renforcement des conditions anticycloniques en altitude, induisant le retour d’une forte chaleur généralisée et une persistance de la sécheresse.

  • La naissance du racisme

    Pour LSD, Stéphane Bonnefoi questionne les #origines du racisme et la notion de #race, depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle, au gré de quatre épisodes historiques.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-naissance-du-racisme

    –—

    Les 4 épisodes :

    Épisode 1/4 : L’héritage grec en question

    #Aristote et l’esclave « par nature », #Hippocrate et sa #théorie_climatique… Les penseurs grecs ont souvent été convoqués pour justifier l’esclavage et l’infériorité de certains peuples, à l’époque moderne mais aussi plus tôt, au cours de la #traite_arabo-musulmane

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/l-heritage-grec-en-question-5278625

    Épisode 2/4 : L’#exclusion par la pureté de #sang

    Après avoir converti juifs et musulmans, les rois catholiques de la péninsule ibérique vont imposer aux « conversos » de nouveaux statuts, discriminatoires : La #pureté_de_sang (Limpieza de sangre).

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/l-exclusion-par-la-purete-de-sang-8270617

    Épisode 3/4 : Dans l’ombre des Lumières, la construction de la race

    En pleine expansion de la #traite transatlantique au XVIIIe siècle, la #racialisation de l’esclavage se met en place dans les colonies européennes aux Amériques. Une frontière se forme entre le « nègre » et le blanc...

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/dans-l-ombre-des-lumieres-la-construction-de-la-race-3173051

    Épisode 4/4 : La république des #zoos_humains

    Au XIXe et jusqu’au milieu du XXe siècle, les zoos humains vont mettre en scène l’infériorité des peuples colonisés, tant en Europe qu’au Japon ou aux Etats-Unis. Et permettre ainsi une large diffusion de ce que nous nommons, depuis le début du XXe siècle, le racisme.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/la-republique-des-zoos-humains-2354253

    #podcast #racisme #esclavage #Antiquité #histoire #Lumières #colonisation #colonialisme #domination #taxonomie #préjugés #système_de_domination #égalité #esclavage_colonial #couleur_de_peau #statut_social #esclavage_moderne #héritage #mythe

    ping @_kg_ @cede

  • Critique du sujet et critique de l’économie politique : Remarques de méthode, par Sandrine Aumercier
    http://www.palim-psao.fr/2022/06/critique-du-sujet-et-critique-de-l-economie-politique-remarques-de-method

    Comment se fait-il donc que la psychanalyse puise depuis ses débuts dans un spectre aussi large de références théoriques (art, littérature, psychiatrie, mathématiques, linguistique, logique, anthropologie, etc.) mais ne se plonge justement pas dans l’étude sérieuse de ce qui constitue la dynamique matérielle de la civilisation dans laquelle elle est apparue ? Comment se peut-il que ni Freud ni Lacan ni leurs successeurs ne se soient impliqués dans la critique de l’économie politique alors que le mode de production capitaliste détermine tendanciellement la totalité de l’existence planétaire, et qu’il provoque un faisceau de crises de plus en plus patentes, ainsi qu’un mécontentement social croissant (et ce, jusque dans les séances d’analyse) ? N’y a-t-il rien de plus à en dire que de ressasser 80 ans après le Malaise dans la civilisation ou telle formule — finalement anecdotique — de Lacan sur le discours du capitaliste ? Peut-on continuer à ignorer cette problématique grosse comme l’éléphant dans la pièce ?

    […]

    Sous la domination impersonnelle du capital, on ne peut plus comprendre la structure moderne du pouvoir à partir de l’aspiration personnelle au pouvoir des dirigeants, tout comme on ne prend jamais les motivations extérieures d’un analysant au pied de la lettre. Le capitalisme dans sa structure ne s’explique pas non plus par la quête du profit ou l’exploitation de certains par d’autres, ni par l’appropriation de survaleur ; ce qu’il faut expliquer, c’est pourquoi la création de valeur et l’accumulation d’argent est une obligation absolue de ce mode de production — et ce qui se passe quand ça ne marche plus. De même, la critique du capitalisme financier est aussi peu pertinente pour la compréhension du capitalisme que d’aborder un symptôme clinique à partir de la dénonciation de ses excès, sans remonter à la structure. La critique de l’hédonisme n’a pas non plus d’intérêt théorique si elle n’est rapportée à la constitution de l’homo economicus, qui est toujours d’abord un travailleur avant d’être un consommateur. Enfin, on ne peut pas expliquer le néolibéralisme à partir de l’idéologie managériale ; le « discours néolibéral » ne tient pas seul sur ses pattes.

    […]

    Il n’est d’aucun intérêt de psychologiser les rapports de production à partir des places occupées par les « masques de caractère » au sein de la totalité fonctionnelle. Ce n’est pas parce que nous sommes environnés d’idéologies légitimatrices que celles-ci expliquent le fonctionnement du capitalisme ; elles expliquent tout au plus comment chacun se raconte et justifie sa place dans une situation objective, mais elles n’expliquent pas cette situation. De même que Freud a renoncé à expliquer la névrose à partir de sa première théorie du trauma, de même le capitalisme ne s’explique pas à partir de l’exploitation de certains par d’autres à l’intérieur du rapport capitaliste. De même que le conflit psychique inconscient ne peut être confondu avec les conflits actuels (par exemple la dernière dispute conjugale), de même le capitalisme ne peut pas être interprété à partir des antagonismes visibles (par exemple la dernière vague de grèves), qui ne sont que la forme empirique d’un rapport formel qui enveloppe tous les sujets de la marchandise et qui, lui, doit être explicité.

    #théorie #théorie_critique #psychanalyse #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #sujet #critique_du_sujet

  • Comment les Illuminati sont devenus synonymes de complotisme
    https://theconversation.com/comment-les-illuminati-sont-devenus-synonymes-de-complotisme-184684

    Quand j’étais adolescent, il y a bientôt quarante ans, aucun des jeunes de ma génération n’avait entendu parler des Illuminati. Aujourd’hui, dès la fin de l’école primaire et au collège, la plupart des élèves connaissent et tracent de prétendus symboles Illuminati qu’ils identifient sur le billet d’un dollar.

    Les symboles réputés Illuminati un triangle ou une pyramide sont omniprésents, notamment sur Internet et les réseaux sociaux où ils sont très souvent convoqués pour affirmer que les sociétés secrètes contrôlent le monde et ses dirigeants.

    Mais ils sont également présents aussi bien dans la littérature (le premier roman « gothique » américain en 1800 s’intitule Julia and the Illuminated baron) jusqu’au roman Anges et Démons de Dan Brown, au cinéma de Benjamin Gates jusqu’à un improbable film d’animation : Donald Trump vs the Illuminati. L’univers des jeux vidéo n’est pas en reste de Tomb Raider à Assassin’s Creed Unity, tout comme le hip-hop ou le rap.

    #théories_du_complot #illuminati #antisémitisme

  • Quatre nouvelles traductions en espagnol de Théorie Communiste
    http://dndf.org/?p=20082

    Voici quatre nouvelles traductions de « Théorie Communiste ». La 1ere appartient au livre de Benammin Noys (traduit à l’anglais pour Endnotes). Les autres sont « A fair amount of killing », « Réponse à Aufheben » et « Une séquence particulière ». Il y a déjà des traductions très mauvaises des deux premiers textes.

    #communisme #communisation #théorie

  • Faire chanter les lendemains - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Gueguen-Jeanpierre-La-perspective-du-possible.html

    La perspective du livre n’est jamais purement théorique. Le lecteur est prévenu dès l’introduction : « Comment faire de ce savoir neuf et fragile une arme de la pensée critique, la clé éventuelle d’un nouvel agir transformateur et libérateur ? » (p. 11). La phrase est remarquable : la perspective émancipatrice, qui s’exprime dans le lexique traditionnel de la gauche radicale, n’en est pas moins reconfigurée par la double référence à la fragilité du savoir produit et au caractère incertain des potentialités de la clé forgée par les serruriers critiques. On pourrait traduire ce point de vue en disant que les lendemains possibles pourraient peut-être chanter. À ce titre le passionnant réarmement théorique que l’ouvrage propose s’inscrit dans ce qu’on pourrait appeler le réalisme inévitable que les sciences sociales promeuvent en mettant au jour simultanément les déterminations qui nous font agir et la contingence qui frappe d’incertitude toutes nos actions, notamment parce qu’elles sont toujours susceptibles de dévier de leur trajectoire déterminée ou parce qu’elles ont nécessairement des conséquences non prévues (unintended consequences selon la définition de Robert K. Merton). On est proche ici de ce que Pierre Bourdieu appelait judicieusement une Realpolitik de la raison.

    Une enquête historique sur le concept de possible

    L’ouvrage est construit à partir d’une succession de neuf chapitres, ouverte par un prélude, entrecoupé par un interlude et conclu par un épilogue. Les cinq chapitres qui précèdent l’interlude relèvent de l’histoire des idées : Aristote, Marx, Weber, Mannheim, Lukacs et Ernst Bloch sont relus avec rigueur et originalité. L’assise de la théorie critique est présente et permet de confronter la puissance de diverses conceptualisations fortement liées entre elles. L’intérêt manifesté pour les grands textes n’est pas l’effet d’un habitus scolastique pas plus que la manifestation du rêve d’un retour à la grande théorie. Les concepts sont en effet traités dans la mesure où ils informent l’enquête sur les possibles. Si des auteurs plus récents sont fréquemment invités à la table du possible, comme Bourdieu, Boltanski, Habermas, Karsenti et Latour, la présence de l’école de Francfort est frappante, comme une sorte de matrice indépassable de la pensée critique. Les quatre chapitres situés après l’interlude, qu’on peut considérer comme une seconde partie, sont centrés autour d’une enquête sur les conditions de possibilité d’une praxéologie des possibles orientée par l’analyse d’utopies concrètes ou d’utopies réelles.

    #pensée_critique #livre