• La République à l’école : le forcing de Vallaud-Belkacem
    https://www.mediapart.fr/journal/france/090116/la-republique-lecole-le-forcing-de-vallaud-belkacem

    Un an après les #attentats de janvier 2015, la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem multiplie les initiatives pour promouvoir les #valeurs_républicaines à l’école alors que les enseignants sont désormais désignés comme cibles par l’Etat islamique. Cet activisme ministériel, parfois en décalage avec les autres préoccupations des enseignants, laisse perplexes plusieurs responsables syndicalistes.

    #France #éducation

  • Vallaud-Belkacem assure le service après-vente sur les #valeurs_républicaines
    https://www.mediapart.fr/journal/france/090116/vallaud-belkacem-assure-le-service-apres-vente-sur-les-valeurs-republicain

    Un an après les #attentats de janvier 2015, la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem multiplie les initiatives pour promouvoir les valeurs républicaines à l’école alors que les enseignants sont désormais désignés comme cibles par l’Etat islamique. Cet activisme ministériel, parfois en décalage avec les autres préoccupations des enseignants, laisse perplexes plusieurs responsables syndicalistes.

    #France #éducation

  • Racines chrétiennes contre valeurs chrétiennes : halte aux nouveaux pharisiens | La-Croix.com - France
    http://www.la-croix.com/Actualite/France/Racines-chretiennes-contre-valeurs-chretiennes-halte-aux-nouveaux-pharisie

    Le discours des uns et des autres sur ce thème a un point commun fondamental : au sens strict, il est folklorique. Leur défense arc-boutée de ces racines a en effet pour propos la protection du #folklore chrétien : les jours fériés d’origine catholique, le décorum des santons de Noël, les paysages marqués par les clochers, et ainsi de suite. En revanche, si l’on s’intéresse au fond des choses, c’est-à-dire aux #valeurs, les mêmes sont muets ou très peu diserts. Et lorsqu’ils les évoquent, c’est soit pour soutenir qu’elles sont importantes mais sans les définir, soit pour retomber immédiatement, en fait, dans la défense du folklore.

  • L’école et le Front national : deux univers largement incompatibles (La lettre de l’éducation n°866)

    […] quelle que soit la « droitisation » de l’ensemble du corps électoral français, le monde de l’éducation reste un obstacle de taille dans l’entreprise d’accession du parti de Marine Le Pen aux responsabilités publiques. Non qu’il soit en mesure à lui seul de contrecarrer un phénomène politique de premier plan, mais le fait est que le contact entre ces deux univers relève encore de l’incongruité.
    Les valeurs de l’école sont profondément humanistes, même lorsque les représentants de celle-ci sont déçus par la gauche. Ces valeurs ne font pas bon ménage avec la dénonciation récurrente du « droit-de-l’hommisme » par les lepénistes. Et le contact entre les deux camps, s’il doit se produire autrement que dans l’imaginaire, ne peut que produire des frictions.

    M’est avis qu’après trente ans de caporalisme managerial, toute la chaîne de commandement en fin prête à appliquer - que dis-je ? - à devancer n’importe quelle décision-à-la-con. D’où qu’elle vienne. Pourvu que ça soit d’en haut.

    #éducation #bisounours #FN #valeurs_de_l'école

  • Des #valeurs_communes pour rester en vie | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/des-valeurs-communes-pour-rester-en-vie-590913

    Les lois de la jungle ne sont plus ce qu’elles étaient par In Koli Jean Bofane, écrivain

    Chacun de nous, ces jours-ci, éprouve un malaise tenace face aux événements qui ont secoué l’actualité récente. À Paris, à Bamako, à Beyrouth. On se sent impuissant et on a du mal à comprendre. Il semble que la violence se répande de plus en plus vite et elle n’a de limites que dans l’imagination de celui qui l’exerce. En fouillant nos décombres dans quelques siècles, les archéologues seront surpris de constater que le XXIe siècle a débuté avec des décapitations, de l’esclavage de masse, des humains qui se font sauter à l’explosif, des enfants qui prennent plaisir à tirer dans le tas et mourir ensuite. Ça a l’air d’être n’importe quoi, pourtant cela a bien dû commencer quelque part. Blâmer le terrorisme ? Sans doute, mais je viens d’apprendre à l’instant que de jeunes Américains viennent, une fois de plus, de tirer à l’automatique sur le tournage d’un clip, blessant pas moins de seize personnes. Que revendiquaient-ils ? On ne sait pas. Les agissements de ces jeunes violents me font penser à un documentaire animalier vu, une nuit d’insomnie, sur une chaîne publique. Le reportage au début montrait une bande de rhinocéros tués dans une réserve naturelle en Afrique du Sud. Les pauvres bêtes avaient été abattues de façon atroce, leurs côtes avaient été défoncées et leurs carcasses gisaient comme si elles avaient subi un bombardement de drone. Vu que les cornes n’avaient pas été emportées, les gardiens furent bien obligés de reconnaître que ce ne pouvait pas être l’œuvre de braconniers. L’enquête pour identifier les coupables pris un peu de temps mais pas beaucoup. Les coupables n’étaient pas loin, ils vivaient dans la réserve, côtoyaient les rhinocéros, auraient peut-être dû les craindre mais il n’en avait pas été ainsi parce qu’il s’agissait de jeunes éléphants nés dans des zoos un peu partout dans le monde : d’Europe, d’Amérique, d’Asie. Ces jeunes pachydermes n’avaient pas été élevés comme il fallait, séparés de leurs parents dès le jeune âge. Ils avaient été livrés à eux-mêmes, sans éducation, sans avoir intégré la moindre limite, en manque total de sens en somme, même pour des bêtes. Leurs géniteurs et les membres de leur harde n’avaient pas eu le temps de leur apprendre les lois de la jungle. Elles sont strictes, là-bas. La vie doit être respectée sinon, gare à l’extinction des espèces. On ne leur avait jamais enseigné que, lorsqu’on rencontre un rhinocéros, il faut juste le saluer poliment et passer son chemin. Ils ne savaient pas que la vie est précieuse, à préserver à tout prix. Pour les pacifier, la direction de la réserve eut l’idée de capturer un vieux mâle en République démocratique du Congo afin de leur inculquer un minimum de savoir-vivre. C’est ce qu’il fit, le vieux, et très bien même, profitant de son droit d’aînesse. Les jeunes se calmèrent instantanément ; fini le meurtre en série.

    Nous devrions entrer dans ce schéma, aujourd’hui. Depuis 2001 et les attentats du World Trade Center, les discours de violence n’ont pas cessé un seul instant. La violence a été ajoutée à la violence et des avions de combat ont sillonné les cieux, du Moyen-Orient à l’Afrique, survolant des nations, pulvérisant des humains à proximité de champs pétroliers, de mines de coltan, de carrés d’uranium. Les discours de la plupart des dirigeants n’ont été que des paroles de menace et de mépris. Après quatorze ans de feu, des enfants nés ces années-ci n’ont forcément intégré que la loi du plus fort parce que privés d’un minimum de sens. Les mots dérégularisation et libéralisation sont devenus les maîtres mots. Or, une société sans règles est vouée à l’échec et, du coup, notre jungle est devenue complètement inhospitalière. Comment en sont-ils arrivés là ? se demande-t-on dans les chaumières. C’est les imams, affirme-t-on en chœur. Formé dans la publicité, je peux assurer que les principes de manipulation des masses fonctionnent partout, pas uniquement dans le chef des peuples musulmans. On m’a appris qu’il y a quatre leviers essentiels pour pouvoir influencer les gens. Il y a la nation, la religion, le sexe, la menace sur le portefeuille. À partir de là, on manipule qui on veut, à condition bien entendu d’être privé de l’esprit critique. Ou que l’on soit confronté sans cesse au racisme, à l’exclusion et d’autres choses aussi insupportables. Nous avons forcément une responsabilité dans tout cela ; aucun des kamikazes de Paris ne venait de Syrie ou de Libye mais de France, de Belgique. Dans les rangs de Daech, on trouve des ressortissants de l’Eure-et-Loir, venant des États-Unis, de Grande-Bretagne. Ils font partie de notre histoire. Il est grand temps que nous repensions ce XXIe siècle si nous voulons un projet de société basé sur des valeurs qui pourraient ne fût-ce que nous garder en vie, attablés à une terrasse avec des amis.

    Cette déclaration est la plus belle, mais il y en a deux autres déclarations :
    Montre-moi les autres mondes par Gwenaëlle Aubry, écrivaine.
    Lettre ouverte d’écrivains autrichiens par trente signataires dont Elfriede Jelinek, prix Nobel 
de littérature

    #attentats #terrorisme #vivre_ensemble

  • « Nous répondrons au même niveau que cette attaque avec une très grande détermination, avec la volonté de #détruire et nous gagnerons cette guerre.
    Nous devons #anéantir les ennemis de la République, expulser tous ces imams radicalisés, comme nous le faisons, déchoir de la nationalité ceux qui bafouent ce qu’est l’âme française et nous le faisons également... Il n’y aura pas un moment de répit pour tous ceux qui s’attaquent aux #valeurs_de_la_République. » Manuel Valls on TV, 14/11.

    #déchéance_de_nationalité (comme en 1940) #expulsions

    • Depuis la loi Guigou de 1998, la déchéance de nationalité ne peut s’appliquer qu’à des binationaux, afin d’éviter de faire des « apatrides » et de respecter ainsi l’article 15 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui précise que « tout individu a droit à une nationalité » et « nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité ». L’article 25-1 du Code civil précise ainsi que seules les personnes françaises depuis moins de dix ans peuvent être privées de la nationalité. Le délai est étendu à quinze ans pour un « crime ou délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ».

    • Ne nous volez pas nos morts, éditorial de Nuit et jour
      http://www.nuitetjour.xyz/#12112015original-1-1

      Manuel Valls n’a qu’un numéro dans son répertoire : martial, menton en avant, la voix tonnante, le Karcher qui démange, la guerre, la guerre, la guerre. Force virile et autorité. Dé-ter-mi-na-tion. Et beaucoup aiment ça, et en ont besoin, en ces temps où nos tripes crient vengeance, sus à l’ennemi, ils vont le payer, et toutes haines en nous bien méritée par la secte des assassins, car certes, nous ne les pleurerons pas, quand il leur arrivera le malheur qu’au fond d’eux-mêmes ils cherchent.

      N’importe qui ayant subi la douleur de la perte d’un proche dans des conditions aussi injustes et ignobles comprend très bien ce processus psychologique par lequel nous passons tous (oui, tous, sans exception) en ce moment. Souvenons-nous aussi tout de même qu’il a fait du jour au lendemain de George W. Bush, ce semi-crétin, un héros dans son pays pour avoir déclaré la guerre totale aux ennemis de l’Amérique, - bravo, un leader (Manuel Valls adore d’ailleurs le son du mot leader) qui a des couilles ! a dit le peuple reconnaissant, c’est ce qu’il nous faut ! on va les écrabouiller ! -, et causé un désastre au Moyen-orient dont nous sommes des millions depuis dix ans, du monde entier, à subir les conséquences, tandis que les Américains se tiraient sur la pointe des pieds, laissant au passage leurs Humvees et chars d’assaut dans les mains de l’état islamique, qui n’a eu qu’à les ramasser après la calamiteuse prestation de la nouvelle armée irakienne. Et, en conséquence, méfions-nous de nos premières réactions à chaud.

      #vautours

  • Quelques réflexions sur la guerre en cours
    http://larotative.info/quelques-reflexions-sur-la-guerre-779.html

    Ce texte a été écrit à la suite des attentats de janvier 2015. Les
    réflexions qu’il contient étant toujours pertinentes à la suite des
    attentats du 13 novembre, on a décidé de le remettre en avant.

    Il faut absolument tordre le coup à toute ces séries d’assertions indignées qui veulent que l’attaque de Charlie Hebdo se situe sur le terme/terrain/le plan des valeurs et de la forme de vie que nous propose le mode de gouvernement actuel. Dire que cette attaque, cet acte de guerre, se situe sur le terrain de la lutte contre « nos » valeurs comme la liberté d’expression, de la modernité contre la barbarie, du courage contre la couardise, de la peur et son absence, c’est se placer encore et toujours dans cette dualité qui permet d’évacuer l’état des rapports de force et éviter par là même de poser sur la table la question des agissements/actes de guerre de l’État français.

    (...)

    Le mode de gouvernementabilité actuel se fonde sur la production d’un discours à l’inverse des pratiques, de la création, catégorisation, comme pour mieux déployer son contrôle. Et devient capable de créer l’unanimité sur des valeurs qu’il manie et agence à sa guise. Et le pire dans tout cela : nous permet de développer notre indignation selon les termes qu’ils nous produisent et selon les dispositions spatiotemporelles dont ils décident.

    Le pouvoir, l’élément de contrôle, ne peut ainsi nous laisser voir réellement ce qui se passe, et surtout le porter comme discours : que cet acte est un acte de guerre conséquence d’une politique guerrière mise en place par l’État français. Une guerre ouvrant ses fronts au Mali, en Syrie, en Libye, en Afghanistan, en Centrafrique, mais aussi à Joué-lès-Tours, au barrage du Testet, à Notre-Dame-des-Landes, dans les différents quartiers populaires de France et d’ailleurs. Que ce qui se joue ici c’est la survie d’un système de domination imposant à l’ensemble de la société un état perpétuel d’affrontement, de guerres entre les races, montant les uns contre les autres, organisant le chaos comme pour mieux nous désorganiser et permettre à l’État (la république, la démocratie, etc.) de paraître toujours comme le sauveur, le garant de la paix, l’entité qu’il va falloir soutenir quand ses logiques guerrières trouvent du répondant en face. Voila ce que dit Foucault de la paix : « C’est la guerre qui est le moteur des institutions et de l’ordre ; la paix, dans le moindre de ses rouages fait sourdement la guerre. »

    #valeurs #guerre #terrorisme #pouvoir

  • Où sont les féministes mainstream ? (Océane Rosemarie)
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/05/ou-sont-les-feministes-mainstream_1411495?xtor=rss-450

    J’étais à cette marche en tant qu’alliée certes, mais aussi parce que je suis concernée : je refuse de vivre dans une société injuste, où le racisme d’Etat s’exprime quotidiennement au travers de ces abus policiers, de l’arbitraire judiciaire et carcéral. Beaucoup de gens « de gauche » m’ont reproché d’avoir signé l’appel et d’y avoir participé. Ce serait une initiative « communautariste », « identitaire », ou encore « dangereuse ». Ah bon ?

    Ce n’est pas ce que j’ai vu samedi. Ce que j’ai vu ce sont des femmes et des hommes affirmant leur dignité et dénonçant les discriminations structurelles qui les touchent. Une mère m’a expliqué s’être engagée auprès de la BAN (Brigade antinégrophobie) quand elle a eu son fils. Parce qu’elle a peur pour lui. Qu’elle se sente, elle, dans une certaine insécurité passait encore, m’a-t-elle dit, mais imaginer que son fils puisse subir ça, qu’il puisse se faire courser par des flics pour rien, que sa vie soit en danger pour rien, ça non elle ne pouvait pas le supporter. Qu’on m’explique ce qu’il y a de « communautariste » dans cette démarche.

    • Ce qu’il y a de communautariste c’est que les mêmes qui organisent cette marche (je ne parle pas des individus qui y vont sur le seul texte d’appel mais pas en creusant l’info sur les appelants) n’iront pas à une marche qui parlerait d’autres ségrégations, comme l’antisémitisme (pour ne citer que ça).
      Pour ne citer que ça, déjà quand Ilan Halimi a été torturé avant d’être tué uniquement parce qu’il était juif(https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_gang_des_barbares), la, petite, manif qui a suivi n’avait que des juifs dans ses rangs.
      Il n’y avait ni les grands médiatiques qui défendraient le vivre ensemble, ni les personnes qui disent aujourd’hui défendre le non-racisme.
      Ce n’est qu’un exemple, tout comme la femme citée n’est qu’un exemple.
      Tout le monde peut être contre le racisme, contre la pollution, pour la paix, mais il faut regarder qui appelle et leur histoire.
      Ça s’appelle de la politique citoyenne.

    • Peut-être parce que dans cette petite manif, il y avait (pas que mais entre autre, et non des moindres) des participants qui promeuvent (et contribuent) directement à des oppressions structurelles, et qui le revendiquent (notamment en ce qui concerne Israël). Je ne pense pas que les orgas qui étaient à la marche pour la dignité aient envie de marcher aux côtés de ça.

      Tandis qu’à la marche pour la dignité, que je sache, il n’y avait pas d’organisations officiellement oppressantes. Et c’est d’ailleurs sûrement pour ça que LÀ, il avait aussi des juifs, mais pas n’importe lesquels (UJFP + les Juifs et Juives Révolutionnaires, entre autre).

    • Le passage central : "A tous les gens de gauche, voici ce que je voudrais dire : je suis blanche, lesbienne, bourgeoise, féministe, militante des droits LGBT, j’ai été à la marche de la Dignité et je déplore l’absence de toutes les féministes dites « intersectionnelles » et de toutes celles et ceux qui partagent mes combats. A ces gens, je voudrais poser une simple question : Quand il s’est agi d’aller marcher le 11 janvier avec une pancarte « Je suis Charlie », vous êtes passés outre la présence de certains dictateurs ou de personnalités de la droite française… par ce que la « liberté d’expression » et le deuil national étaient plus importants que ça et qu’il fallait à tout prix être rassemblés autour de valeurs communes, malgré les divergences sur de multiples sujets. Alors sincèrement, pourquoi, quand il s’agit de soutenir ici aussi des familles de victimes, de combattre un racisme systémique, d’exiger que notre système judiciaire, carcéral et policier soit le même pour tous, pourquoi tout d’un coup la présence de « signataires louches » pour cet l’appel vous gêne-t-elle ? Comment justifiez-vous ces différences de traitement ?"

    • @perline j’avais pas le temps.

      Donc. Il n’y a pas grand chose de commun entre un tragique fait-divers antisémite et la manifestationen réaction à ce meurtre et une manifestation préparée depuis des mois, en réaction à une violence systémique d’État.

      Dans le cas d’I.Halimi, l’État fait le travail pour lequel on le délègue, enquête, et écarte de la société les petites frappes antisémites de merde. Il y a une forme de justice qui s’opère.

      Quand tu regardes en détail les histoires des personnes victimes de violences policières, on ne peut pas dire que la justice s’exprime dans toute sa splendeur. Je dis donc tu t’égares en comparant des manifestations qui ne portent absolument pas sur les même termes, même si les deux relèvent de la lutte contre le racisme. Après le meurtre du jeune homme, il y a eu des manifestations dans toute la France. Sur le mode de l’indignation, qui par ailleurs ne nous avance pas vraiment en terme de lutte contre l’antisémitisme et de formulation politique de cette lutte et de la convergence anti-raciste sur tous les fronts du moment et ils sont nombreux.

      Je ne vois pas ce qui te permet de dire ici, que les appelant à la marche de la dignité n’appeleraient pas à une marche de type de celles qui ont suivi le meurtre d’I.Halimi. Nombre des associations en tête de cortège n’existaient pas à l’époque car elles émanent d’un renouveau militant en provenance des quartiers populaires. Certaines associations ne manifesteraient pas au côté du CRIF, d’autres oui, c’est un procès d’intention que tu fais là.

      Un amalgame à l’emporte-pièce bien dans la tendance actuelle à toujours vouloir diviser sur la question de l’antisémitisme les mouvements antiracistes et amalgamer mouvements issus des « banlieues » et autres quartiers populaires et antisémitisme, à cause d’un soutien ouvert ou diffus à la cause palestinienne. C’est en ça que tu t’égares, selon moi.

  • Clinique du travail et clinique de l’activité, Yves Clot
    http://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2006-1-page-165.htm

    Dans cet article , je voudrais tenter de dresser l’inventaire, sous la contrainte d’une forme abrégée, des repères qui servent de référence à une #clinique de l’#activité à l’intérieur de la clinique du #travail.

    Les équivoques du travail

    Le premier concerne le travail lui-même comme activité humaine aux prises avec le réel. Sans doute le mot travail envahit-il aujourd’hui le champ social. Mais c’est le contraire pour l’activité. Mieux, le #déni_du_réel de l’activité devient un principe du fonctionnement social. Le réel du travail compris comme ce qui est difficile à réaliser, à faire ou à dire, mais aussi comme épreuve où l’on peut donner sa pleine mesure, ou encore comme plaisir du possible – sur le plan technique comme sur le plan social – fait l’objet d’un refoulement social. La fonctionnalité des choses dans le monde du travail s’accorde de plus en plus mal avec l’authenticité des #relations – on le sait et on le répète – mais aussi de moins en moins bien avec la vérité du rapport réel au monde. La course à la performance est devenue une école du relativisme dans le champ des #valeurs, et les actes professionnels sont toujours plus saturés d’intentions stratégiques (Veltz, 2000). La tyrannie rentabiliste pousse au cynisme, au double langage. La résignation est une tentation qui débouche parfois sur l’usage de la séduction comme ressort de réussite, mais le plus souvent sur le ressentiment comme source de haine.

  • Dénonciation de la campagne d’affichage Adidas (Enjeux E Médias)
    http://www.enjeuxemedias.org/Denonciation-de-la-campagne-d

    Face à cette situation chargée de risques, l’école et tous les lieux éducatifs ont la nécessité de se mobiliser. L’école demande aux enseignants de restaurer les valeurs de la civilité, de la solidarité, de l’égalité, du respect des différences, de l’amour de la démocratie, en inscrivant à cette rentrée, dans les programmes un enseignement moral et civique. Peut-elle se battre seule, quand d’autres acteurs sociaux éminents appellent publiquement au « désordre », à la réussite cynique et à l’imposition de règles individuelles ?

    Une entreprise d’équipements de sport comme Adidas peut-elle impunément placarder sur les murs de la plus grande gare d’Europe les slogans vus ces derniers jours : « sème le désordre », « gagne tout », « impose tes règles » ?

    #éducation #valeurs #morale_laïque #publicité #école

    NB : (i) Enjeux E Médias est un collectif fondé notamment par des associations se réclamant de l’Éducation Populaire (ii) anecdotique mais tellement révélateur de la partie de Tartuffes à fronts renversés qui se joue autour de la réintroduction de la morale (laïque) à l’école en cette rentrée scolaire.

  • Un projet immobilier israélien sur le site d’un cimetière musulman suscite l’indignation | Middle East Eye
    http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/un-projet-immobilier-isra-lien-sur-le-site-d-un-cimeti-re-musulman-su
    http://www.middleeasteye.net/sites/default/files/Mamilla+Cemetery%20by%20Yoninah%20Wikimedia%20Commons.jpg

    La mairie de Jérusalem avait déclenché une énorme controverse il y a sept ans en autorisant l’érection du « musée de la #Tolérance » sur une autre partie du cimetière, obligeant à exhumer en urgence les restes de pas moins de 1 500 défunts.

    Zaki Aghbaria, porte-parole de la branche nord du Mouvement islamique en Israël, a déclaré que le nouveau projet représentait dans les faits une extension du projet du musée de la Tolérance, et qu’il mènerait à une nouvelle « #profanation » du site.

    #valeurs #Israel #Israël #Palestine

  • La station d’écoute de l’Ambassade américaine dans le collimateur de Fabius
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/08/08/01016-20150808ARTFIG00078-la-station-d-ecoute-de-l-ambassade-americaine-dan

    Ces pratiques sont pourtant courantes. Par exemple, l’Hexagone a longtemps caché sous le toit de son ambassade dans le minuscule royaume de Bahreïn un centre d’écoutes, aujourd’hui fermé. Et ce n’est pas tout. D’autres ambassades de France au Moyen-Orient présentent une architecture supérieure légèrement biscornue, rappelait récemment Le Figaro.

    #valeurs_communes

  • Édouard Louis : « Mon livre a été écrit pour rendre justice aux dominés »
    http://www.revue-ballast.fr/edouard-louis-mon-livre-rend-justice-aux-domines

    Et si l’on voulait parler des #valeurs que je garde du prolétariat, l’une d’elle, et sûrement la plus importante pour moi, est un certain rapport à la politique. Il y a, dans les milieux dominés, une sorte de rage dans le rapport à la #politique. Quand j’étais petit, on répétait tout le temps, c’était une sorte de topique : « Au moins, sous Mitterrand on avait un beefsteak dans l’assiette ! » On disait tout le temps ça, moi compris. J’avais deux ou trois ans quand Mitterrand est mort et pourtant je le disais. Et même si le mitterrandisme n’a pas été un âge d’or pour les classes populaires et qu’on pourrait faire l’histoire des réformes qui leur ont été défavorables, ce qu’on peut dégager de cet énoncé, c’est qu’il existe, dans les classes populaires, un rapport presque vital à la politique. Que j’ai gardé. C’est ce qui m’a marqué quand je suis arrivé à Paris : la politique, c’est vrai, a finalement peu d’emprise sur la bourgeoisie.

    Vous pouvez vous plaindre d’un gouvernement de droite ou de gauche quand vous êtes bourgeois, mais la plupart du temps, sauf en situations très particulières, ça ne change pas profondément votre vie, ça ne vous empêche pas de manger. Je peux le dire de moi aujourd’hui. Quand j’étais petit, la politique changeait tout : comment se nourrir, comment se chauffer. C’est une des choses qui m’a le plus marqué. On parlait des APL, du RMI, tous ces acronymes étaient des événements mythiques qui bouleversaient le quotidien. À l’inverse, la #bourgeoisie, puisque son capital économique et culturel la protège en grande partie des variations politiques, défend la plupart du temps (dans ses institutions, comme l’ENS, l’ENA, Sciences po, ainsi que dans ses universités) une vision de la politique comme communication et échange : c’est la vision habermassienne, qui revient à une sorte de dévitalisation de la politique. Je l’ai vu en arrivant à Paris. Quand vous êtes privilégié, la politique est un plus, que vous le vouliez ou non, c’est une question de conditions matérielles d’existence. C’est une activité qui s’ajoute au reste. C’est un exercice de style.

    #grandes_écoles #éducation #inégalités

    • - Sartre engageait la notion de responsabilité. Houellebecq, au contraire, invoque son irresponsabilité. Il estime qu’un roman n’a jamais changé l’Histoire donc qu’il n’a pas les mêmes obligations qu’un essai, qu’un texte de « pensée pure ».

      – Je crois que ce n’est pas vrai. La littérature, et les œuvres en général, ont un grand pouvoir de transformation sur le monde social. La vie d’une personne noire, même dans ses aspects les plus quotidiens, ne serait pas la même sans James Baldwin, Toni Morrison ou Édouard Glissant. Il faut considérer la société comme un espace où des discours, les possibilités et les façons de penser le monde coexistent et s’affrontent, sous des modalités différentes : la politique, la littérature, l’art, les mouvements de grève, la conversation. Je ne place pas de hiérarchie là-dedans, la littérature joue le même rôle qu’un mouvement social. Elle est donc très importante. La politique, ce n’est pas gagner une élection, c’est faire exister une parole. La littérature en est une forme possible. Mais s’il s’agit de ne pas penser, d’être irresponsable, d’écrire, simplement, sans penser à ce que l’on écrit, on se fait le porte-parole du sens commun, on se fait le sténographe de la violence du monde. C’est aussi l’un des pièges en littérature. Beaucoup d’écrivains disent : « Je m’éloigne de la théorie, de la pensée, je ne veux pas penser, je veux dire le vécu, je veux dire l’émotion, je ne veux pas comprendre, etc. » Mais si on refuse de s’interroger, on devient le relais des pulsions, et donc des pulsions les plus mauvaises qui agitent la société.

  • Friedrich Nietzsche et la cruauté de la relation créanciers débiteurs dans la généalogie de la morale
    http://www.lesauterhin.eu/friedrich-nietzsche-et-la-cruaute-de-la-relation-creanciers-debiteurs-da

    L’accord européen sur la Grèce est un tel défi au bon sens qu’il fait vaciller la raison. Vite un bouc émissaire ! Tiens un casque à pointe qui passe ! Il tombe bien celui-là… Brouillage de l’esprit. Source : Le SauteRhin

    • C’est vrai que l’explication religieuse a ses limites, mais... y a pas un livre qui s’appelle « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » ? Et si Nietzsche prend les Juifs comme point de départ du renversement des valeurs ("les derniers seront les premiers"), la fameuse victoire des esclaves sur les seigneurs, j’ai toujours eu l’impression que cette vision « chronologique » (généalogique en fait) avait des limites. Que les Juifs, comme premiers monothéistes, soient responsables « généalogiquement » de la prise de pouvoir de cette saloperie de morale monothéiste, franchement, je sais pas trop (et à vrai dire, on s’en fout de qui a commencé)... L’impression que le père Nietzche visait plutôt à détruire son propre protestantisme de fils de pasteur en s’attaquant à ça... Sans oublier le contexte anti-sémite du moment...

      Et puis, franchement, à part le délire religieux, je ne vois comment on peut encore croire à un tel programme :

      Efficient governments that can pay their bills are an essential precondition for economic growth. Only then can thy (sic) provide a good regulatory framework for businesses and ensure that their citizens enjoy essentials like a good education.

      http://seenthis.net/messages/392338

      #religion #monothéisme #protestantisme #morale #valeurs

    • Hum ! Vous récusez l’explication par l’éthique du protestantisme, mais vous convoquez Nietzsche – dont l’analyse est certes éclairante – et les mânes des anciens germains pour expliquer la politique du capitalisme allemand aujourd’hui. Faut-il rappeler qu’en Grèce antique, comme à Rome, une dette non remboursée conduisait à l’esclavage ? La démocratie athénienne a été fondée sur l’annulation de cette règle et les succès politiques de César ne s’explique pas seulement par ses talents militaires, mais aussi parce que l’annulation des dettes figurait à son programme. Plus prés de nous, la compagnie des Indes anglaises, puis les banques françaises et hollandaises ont utilisé l’arme de la dette pour constituer leur empire colonial. Ex : la Tunisie, l’Egypte, Bali… Ce qui est plus difficile à admettre, mais qui n’aurait certainement pas étonné Nietzsche, c’est que l’impérialisme allemand soit en train de se construire aujourd’hui un empire colonial au sein de l’Europe, réalisant par la dette ce qu’il n’a pas réussi par les armes. Chocking, isn’t ?

      http://www.lesauterhin.eu/friedrich-nietzsche-et-la-cruaute-de-la-relation-creanciers-debiteurs-dans-la-genealogie-de-la-morale/#comment-660

    • En y repensant, pour moi, l’étymologie, c’est comme l’astrologie et en fait, c’est un article d’astrologue ce truc.

      La focalisation exclusive sur la dette ne fait que renforcer son pouvoir sur les esprits.

      hahaha... Nan mais oh ? Comme si on avait choisit d’apprendre ce que sont des swaps à la vanille ? Comme si on était jouasse de se taper Nietzsche et Lazarato pour comprendre cette merde de rapport de dette ? On focalise pas mon gars, simplement tes « oikos » et tes « nomos » bidons, qui voudraient nous rappeler à une saine économie bien familiale, ça nous fait une belle jambe...

      la focalisation sur l’Allemagne seule responsable de …à peu près tout, ne fait que renforcer son pouvoir sans même qu’elle ait à chercher l’hégémonie,

      mouahaha, c’est vrai ça tiens, en fait, c’est tout de notre faute #intériorisation...

      Moi je soupçonne ce saute-rhin de #protestantisme_radical, voilà c’est dit.

      #'nimportequoicetrucenfait

  • Entre la #Slovénie et la #Croatie, une nouvelle « #Enclava » contestée

    C’est une épidémie : après #Liberland en mars, un nouvel « Etat » a été proclamé en avril sur un arpent inculte de 100 mètres carrés, coincé entre Slovénie et Croatie. Alors que le tracé des frontières entre les deux Etats demeure polémique, Ljubljana a réaffirmé sa souveraineté sur le territoire concerné.


    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/entre-la-slovenie-et-la-croatie-une-nouvelle-enclava-contestee.ht
    #micro-Etat #micro-nation #Balkans #micro-nations #micro-Etats
    cc @reka

  • Actualité philosophique : Michel Terestchenko - Idées - France Culture - 22.05.2015 - Par Adèle Van Reeth
    http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-actualite-philosophiq

    Actualité philosophique : Michel Terestchenko
    Invité(s) :
    Michel Terestchenko, philosophe, maître de conférences à l’université de Reims

    http://rf.proxycast.org/1030515942200713216/10467-22.05.2015-ITEMA_20757889-0.mp3
    L’ère des ténèbres de Michel Terestchenko, Lormont, Le Bord de l’eau, coll. « La bibliothèque du MAUSS », 2015

    http://lectures.revues.org/17945

    La « guerre sainte » et sans frontières que mènent les djihadistes contre « le monde des ténèbres » se déploie selon la logique manichéenne d’une lutte à mort où chaque camp prétend incarner le Bien et voit dans l’autre la figure du Mal. Comment en sortir ?

    Du premier côté, on ne saurait comprendre l’extrême violence dont les mouvances de l’islamisme radical font preuve sans la rapporter aux doctrines dont elles s’inspirent et aux multiples causes sociales, politiques et économiques qui expliquent leur émergence dans le monde arabo-musulman contemporain. Mais, symétriquement, tout se passe comme si les démocraties avaient été prises au piège d’idéologies meurtrières qu’elles ont davantage contribué à nourrir qu’à combattre efficacement dans le respect de leurs propres principes. De l’usage de la torture à l’utilisation croissante de drones armés, la « guerre contre la terreur » a trop souvent été menée dans le mépris du droit, alimentant ainsi une spirale sans fin de haine et de ressentiment, tout en servant de prétexte à une remise en cause de nos libertés fondamentales.

    Dans cet essai, stimulant et très documenté, Michel Terestchenko nous introduit au cœur de ces dynamiques de violence exponentielle, qui se développent jusque dans notre pays, et nous donne les moyens d’exercer notre responsabilité de citoyen afin qu’elles fassent enfin l’objet d’un débat public.

    #droit #droit_international #valeurs_démocratiques

  • Feu la gauche et l’infini planétaire / revue Exemple
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/04/03/feu-la-gauche-et-linfini-planetaire-revue-exemple

    (...) Parce que la gauche est incapable de se référer à un point – au moins un point – révolutionnaire. Ce point #révolutionnaire a conditionné le discours et les pratiques de ce qu’on pourrait nommer la gauche officielle. Par gauche officielle, entendons celle qui, croyant aux vertus de la représentation, et cherchant l’accès au pouvoir par des moyens formellement démocratiques, considérait que l’élan révolutionnaire devait être freiné pour être réalisé. Ce frein a porté le nom de réforme. Là où la #pensée révolutionnaire visait la vitesse infinie d’un changement absolu de la réalité sociale, la pensée réformiste de la gauche officielle consistait à modifier le régime de vitesse du changement et son ampleur. Ne devait être sujet à la transformation sociale non la société tout entière, mais seulement tel ou tel de ses aspects (le domaine de la santé, celui du droit du travail, etc.).

    Or une fois le point révolutionnaire abandonné, le #contrôle #politique de la vitesse organisé par la #gauche officielle change d’objet. Au lieu de ralentir la révolution, l’enjeu devient : ralentir les effets destructeurs du capitalisme. Non pas le capitalisme lui-même (les privatisations, la financiarisation de la vie, l’extraction destructrice des ressources énergétiques, etc.), qui devient l’incarnation du changement à vitesse infinie que la gauche relaie sans frottements et souvent initie, mais ses soi-disant dommages collatéraux (la pollution, la désaffection psychique et sociale, etc.). Les réformes ne consistent plus à différer la révolution, mais la catastrophe. Ces réformes se transforment dès lors en normes temporaires, par exemple diminuer la vitesse sur les routes en cas de « pics » de pollution – en ne voyant pas que la baisse tendancielle de la vitesse a pour horizon une immobilisation des voitures qui ne modifierait en rien les causes structurelles de l’asphyxie écologique.

    Cette situation a longtemps été délicate pour la gauche officieuse qui avait su garder un goût pour la justice. Elle ne croyait certes pas à quelque révolution, mais elle refusait de s’en tenir au seul traitement normatif des dégâts du capitalisme ; elle votait à reculons pour la gauche officielle, et finissait parfois par s’abstenir – à reculons. Mais à la faveur de la dissolution du point révolutionnaire, un autre aspect de la réalité sociale a pris lentement corps, jusqu’à devenir prédominant, et nourrir l’hégémonie discursive des droites extrêmes : les questions identitaires. Ces questions ont pris un tournant dramatique après les massacres de janvier. Lors des journées qui ont suivi ces massacres ont eu lieu de grands rassemblements de deuil qui n’étaient pas forcément politiques ; et certains ont eu raison d’en indiquer le caractère anthropologique et affectif. Mais l’on n’est pas maître de la destinée politique d’un moment anthropologique : la nature empirique de ces rassemblements massifs – près de 4 millions de personne le 11 janvier – s’est cristallisée en socle transcendantal, donnant l’assise à des transformations de la psychè collective française dont on ne peut pas encore mesurer tous les aspects. A cette sanglante occasion, la gauche officieuse semble s’être débarrassée du fantôme de la réforme qui était encore hantée par le fantôme de la révolution. Désormais, le combat est devenu clair : sauver l’identité française. Sa république, sa laïcité, ses traditions ; son impertinence sans limite, son nationalisme goguenard, sa franche cécité citoyenne aux gens de couleur.

    Désormais, l’ennemi n’est plus le #capitalisme, mais l’islam – un #islam toujours sur le point de s’ajouter un -isme. Contre celui-ci, il faut la république indivisible, identique à elle-même, ancrée dans son passé – une #identité nationale, courageusement patriotique, purement de souche, que le monde entier nous jalouse. Nous, républicains français, nationaux égaux entre nous, sauront sauver les hommes et les femmes de couleur de leurs traditions oppressives. Tradition contre tradition. Identité contre identité.(...)

    Revue #Exemple
    http://www.editions-nous.com/exemple/index.html

    • Rancière : « Les idéaux républicains sont devenus des armes de discrimination et de mépris »
      http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20150403.OBS6427/jacques-ranciere-les-ideaux-republicains-sont-devenus-des-armes-

      la liberté d’expression est un principe qui régit les rapports entre les individus et l’Etat en interdisant à ce dernier d’empêcher l’expression des opinions qui lui sont contraires.

      Or, ce qui a été bafoué le 7 janvier à « Charlie », c’est un tout autre principe : le principe qu’on ne tire pas sur quelqu’un parce qu’on n’aime pas ce qu’il dit, le principe qui règle la manière dont individus et groupes vivent ensemble et apprennent à se respecter mutuellement.

      Mais on ne s’est pas intéressé à cette dimension et on a choisi de se polariser sur le principe de la liberté d’expression. Ce faisant, on a ajouté un nouveau chapitre à la campagne qui, depuis des années, utilise les grandes #valeurs_universelles pour mieux disqualifier une partie de la #population, en opposant les « bons Français », partisans de la République, de la laïcité ou de la liberté d’expression, aux immigrés, forcément communautaristes, islamistes, intolérants, sexistes et arriérés. (...)

      On nous dit que le Front national s’est « dédiabolisé ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il a mis de côté les gens trop ouvertement racistes ? Oui. Mais surtout que la différence même entre les idées du FN et les idées considérées comme respectables et appartenant à l’héritage républicain s’est évaporée.

      #Jacques_Rancière #disqualification #universalisme_confisqué_et_manipulé #intellectuels #gauche #FN

    • Euh, bon, pourquoi pas, rien n’oblige à une lecture bienveillante. Il me semble quand même que dire comme le fait Exemple que l’on passe de l’empirie au transcendantal, du phénomène anthropologique à l’institution d’une forme de pensée normative, à une loi du groupe, de la société, ce n’est pas tout à fait rien, et pas tout à fait inutile pour comprendre les surenchères administratives, policières judiciaires et sociels sur « l’apologie de terrorisme », par exemple.
      Il n’est pas tout à fait périmé non plus de prendre la gauche telle quelle se donne, axée sur des questions #identitaires.

  • « Thomas Piketty, la France et la méritocratie », par Jean-Pierre Dupuy (Le Monde, 10/03/2015)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/10/thomas-piketty-la-france-et-la-meritocratie_4590638_3232.html

    Le succès quasi planétaire du livre de Thomas Piketty, Le #Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), a quelque chose de troublant. C’est comme si la simple publication de données statistiques sur les #inégalités de richesse et de revenu avait une portée morale et politique immédiate, comme si les faits pouvaient à eux seuls constituer des valeurs, ce qui, en bonne philosophie, est un passage indu.

    Des siècles de réflexions et de débats nous ont en effet appris que le sens attribué aux inégalités dépendait fortement du contexte social et moral dans lequel elles se situent. Opposant les sociétés démocratiques aux temps aristocratiques, Tocqueville écrivait ainsi dans De la démocratie en Amérique : « Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C’est pour cela que le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande. »

    Au sujet de la #France, Piketty affirme trois choses : la méritocratie est une des valeurs phares de la République ; c’est pourquoi les inégalités sont le plus souvent justifiées par le mérite ; cette justification est un masque qui cache une réalité plus sordide.

    Sur les deux derniers points, on croirait lire du Pierre Bourdieu (La Reproduction, 1970), mais pas sur le premier point. Car, jamais Bourdieu n’aurait considéré le mérite comme une #valeur devant être récompensée !

    Nous avons tous appris de Bourdieu à suspecter le vernis hypocrite des légitimités qui masque les rapports de force. La priorité de la sociologie critique est de dénoncer la « transmutation de l’héritage social en grâce individuelle ou en mérite personnel ». Le système d’enseignement se dit capable de sélectionner « les meilleurs » (ceux que la nature a dotés largement en capacités et talents, et qui font l’effort de les développer) et d’assurer leur succès dans la vie, alors qu’il ne fait en réalité que reproduire le classement social de départ, tout en le consacrant au moyen de la fiction du mérite individuel.

    En vérité, la cible de la sociologie critique n’est pas tant la méritocratie que la #hiérarchie. Le voile qu’il s’agit de lever est moins celui de la bourgeoisie que celui de la société d’ordres et de castes.

    Et là on retrouve l’idée de #race (au sens de l’abbé Siéyès, confère le prochain numéro de @vacarme, mais aussi au sens de Nietzsche).

    Le bourgeois, c’est le « parvenu » - parvenu à se hisser au faîte de l’échelle sociale au prix d’efforts dont il va jusqu’à se flatter. Le grossier personnage. La méritocratie du travail et de la peine est surtout coupable de naïveté aux yeux de la sociologie critique : elle trahit la vérité honteuse de l’ordre social, faite de conflit et d’arbitraire.

    Non, c’est au noble, à celui qui possède sans jamais s’être donné la peine d’acquérir, qu’il s’agit d’abord de rabaisser le caquet. D’ailleurs, qui méprise qui ? Est-ce le bourgeois qui méprise l’aristocrate ? Dans la pièce inénarrable d’Octave Mirbeau, Les affaires sont les affaires (1903), le noble de Porcelet répond au bourgeois Lechat qui lui propose une alliance : « Vous pouvez tout nous acheter, nos biens, nos titres, nos filles, mais pas la manière de s’en servir ! »

    Entre les #valeurs de l’acquis et du faire et les valeurs de la naissance, de l’essence et de la nature, la hiérarchie propre aux sociétés aristocratiques a toujours placé les secondes au sommet. Mais c’est aussi le cas, par mimétisme, des sociétés bourgeoises qui ne sont pas en reste pour mépriser la « marque roturière de l’effort ». L’élève que l’on admire n’est pas celui qui réussit en se tuant à la tâche. C’est celui à qui tout est donné et qui caracole en tête les doigts dans le nez.

    Là l’auteur exagère. Philosophe et professeur à l’université Stanford, en #Californie, il devrait peut-être songer à prendre un peu l’air pour voir. Puisqu’on parle de valeurs, il y a là un un glissement de la France aux Etats-Unis (#idéologie_californienne ?).

    Le livre de Piketty montre bien que le #capitalisme redevient un monde d’héritiers. Mais il correspond en cela à l’#idéologie profonde des Français. Ceux-ci ne sont-ils pas bien davantage opposés aux droits de succession qu’à l’impôt sur le revenu ? Contrairement à ce que Piketty pense, les faits et les valeurs sont donc bien en phase. Même si cela ne veut évidemment pas dire que ces valeurs échappent à la critique.

    via @opironet

  • La #technologie devrait être utilisée pour créer de la mobilité sociale... pas pour espionner les citoyens - The Guardian
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/113501569145

    L’indispensable Cory Doctorow (@doctorow) dans sa dernière tribune pour le Guardian se demande pourquoi nous sommes espionnés. “Parce qu’ils peuvent” répond-t-il simpement. L’espionnage n’est pas cher et il est tous les jours moins cher. L’espionnage est un aspect de ce que l’économiste de l’Institut de Santa Fe Samuel Bowles appelle le travail de garde : le travail qui est fait pour stabiliser les relations de propriété, en particulier les biens appartenant aux plus riches. “Le montant qu’un Etat doit dépenser sur le travail de garde est fonction de la quantité de légitimité que l’Etat détient dans la prise en compte de sa population. Un Etat dont la population considère le système comme juste doit faire moins de coercition pour atteindre la stabilité.” Les Etats qui connaissent la stabilité sociale la gagne (...)

    #politique #liberté #gauche #valeurs

  • L’appel de 16 députés : Il faut « désoixantuitardiser » la France ! | Valeurs actuelles toujours aussi frais
    http://www.valeursactuelles.com/appel-de-16-deputes-il-faut-d%C3%A9soixantuitardiser-la-France-508

    Le 7 janvier 2015, les enfants de Mai 68 ont enfin ouvert les yeux. Antiraciste, droit-de-l’hommiste, naturellement méfiante à l’égard de l’ordre et des frontières, cette génération a longtemps nié les problèmes liés à l’immigration, à l’insécurité et à la dislocation du modèle familial conservateur qu’elle a contribué à dynamiter. Elle qui proclamait “Il est interdit d’interdire” a consacré sa domination en se claquemurant dans une pensée unique. Les Zemmour, Finkielkraut ou Houellebecq en savent quelque chose. Nous n’interdisons plus : nous bâillonnons. Nos inquisiteurs modernes appliquent le droit cathodique, et le tweet bashing a opportunément remplacé les cailloux pour les lapidations publiques.

    Symboliquement, ses représentants les plus talentueux — héritiers des lanceurs de pavés voltairiens et libertaires — ont été assassinés avec leurs adversaires historiques — les “flics” — dans une même frappe aveugle. Et c’est ainsi que la France est descendue dans la rue autant pour clamer “Il est interdit d’interdire” que pour ressusciter des choses oubliées : la Marseillaise, le goût d’être ensemble, et même pour applaudir la police. Quel paradoxe !

    En testant au paroxysme l’esprit de Mai 68, celui-ci s’est placé devant ses propres contradictions et a entamé inexorablement son déclin. Il subsiste encore quelques digues, par exemple celle de “réfuter les amalgames” par peur de verser dans “l’islamophobie” ou le “racisme”. Nier l’altérité ne suffit pas à oublier la complexité : effectivement, tous les musulmans ne sont pas des terroristes en puissance mais il faut bien constater que tous ces assassins se proclamaient musulmans. Les musulmans de France ne se sentent pas solidaires des terroristes, mais comment se sentiraient-ils à 100 % Charlie, à partir du moment où certains dessins les insultent ? Au coeur de cette différence d’appréciation, il y a bel et bien un choc culturel sur la notion de sacré, entre un Occident qui dans sa jeunesse a proclamé “Dieu est mort” et pour qui le blasphème moderne est le crime contre l’humanité, et l’islam où l’homme se soumet à son créateur.

    Députés cosignataires : Julien Aubert (Vaucluse) ; Sylvain Berrios (Val-de-Marne) ; Édouard Courtial (Oise) ; Jean-Pierre Decool (Nord) ; Nicolas Dhuicq (Aube) ; Sauveur Gandolfi-Scheit (Haute-Corse) ; Annie Genevard (Doubs) ; Claude Goasguen (Paris) ; Philippe Gosselin (Manche) ; Arlette Grosskost (Haut-Rhin) ; Sébastien Huyghe (Nord) ; Geneviève Levy (Var) ; Jean-François Mancel (Oise) ; Philippe Meunier (Rhône) ; Charles de La Verpillière (Ain) ; Philippe Vitel (Var).

    #valeurs_actuelles #mai_68 #conservation #je_sèche

  • Let Your Values Be Your Guide - Cognition : The blog of web design & development firm Happy Cog
    http://cognition.happycog.com/article/let-your-values-be-your-guide

    Keep the lines of communication open. No matter how big you are, or plan to be, if you stop talking with your team, you can’t provide the type of guidance they (or you) need to be successful. If you are unsure of how to manage communication across a growing team (or you are assigning management responsibilities to others), it may be time to seek the help of a professional. Management/Executive coaches are plentiful and more than willing to provide workshops or individual consulting to provide people with the training they need to be awesome.

    Your values say a lot about who you are, what you do, and how you do it. More importantly, they reassure your team that what’s important will always be preserved, for their benefit and yours.

    #culture-d'entreprise #valeurs
    (je tente le tag Culture d’entreprise, je ne sais pas trop comment Seenthis gère les apostrophes)

  • Les aventures de la liberté d’expression / Alain Brossat « Le silence qui parle
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/01/31/les-aventures-de-la-liberte-dexpression-alain-brossat

    Voici ce dont ne se sont pas avisé ceux qui, d’instinct, après les attentats du 7 janvier 2015, ont adopté le slogan « Je suis Charlie » : la liberté d’expression, la liberté de parole, la liberté de la presse dont se réclame ce journal est, sous couvert d’une pratique débridée de « la satire », rigoureusement homogène à celle que promeuvent les activistes du Front national lorsqu’ils s’en vont organiser un « apéro gros rouge et saucisson » à Barbès ou dans tout autre espace urbain densément peuplé de « travailleurs immigrés ». Il s’agit de la liberté de provoquer, outrager, humilier avec le consentement actif de l’Etat – c’est-à-dire sous protection policière – une fraction de la population à laquelle il est ainsi question de faire savoir (au cas où elle l’aurait oublié, ce qui est improbable…) qu’elle n’est pas d’ici mais bien d’ailleurs ; qu’à ce titre sa présence parmi ou au côté de ceux qui sont ici vraiment chez eux n’est que conditionnelle, litigieuse et, au fond, constamment revocable (1). Bien regrettable est alors la distraction de ceux/celles qui, animé(e)s des plus vertueuses dispositions et intentions du monde, ne s’avisent pas que leur ralliement à une prétendue normativité démocratique et républicaine, laquelle s’opposerait à d’autres coutumes et sensibilités d’inspiration religieuse et venues d’ailleurs, a pour effet de reproduire la même fracture exactement dans le corps du peuple que celle sur laquelle prospèrent les discours ouvertement xénophobes – la fracture entre ceux qui sont ici chez eux, de plein droit, dans la mesure où ils s’identifient aux institutions et à l’histoire de l’Etat, et les autres qui ne le sont pas pleinement ou pas vraiment, dans la mesure où ils n’admettent pas que l’on insulte leurs croyances, leur foi et leurs coutumes. Le « c’est ainsi qu’on fait ici, telles sont nos coutumes et nos lois » qu’opposent les intégristes d’un républicanisme et expéditif et d’un démocratisme biaisé à tous ceux qu’offense leur zèle provocateur se poursuit logiquement en « et si vous n’êtes pas contents de ces règlements et de l’usage libéral que nous en faisons, allez voir ailleurs ! » ; il converge ici très ostensiblement avec le discours identitaire et autochtoniste qui spécule sans relâche sur la fracture entre vrais Français et supefétatoires ou indésirables. On s’en tait déjà avisé en plus d’une occasion lors du « débat sur le foulard » de triste mémoire – quand des enseignants d’extrême gauche étaient aux avant-postes de la traque aux adolescentes « voilées » dans les collèges et lycées.

    Ces « libertés » sont donc distinctement entendues comme destinées à mettre en scène et rendre visible (donc accentuer, de ce fait même) l’opposition entre ceux qui sont bien fondés à se moquer, à ridiculiser et outrager du fait même qu’ils occupent la place de l’autochtone (une place toute imaginaire, est-il besoin de le préciser) et ces autres dont la vocation est d’encaisser ces sarcasmes et ces moqueries, du fait de leur origine déficitaire, de leurs mœurs et leurs croyances – du fait même qu’ils sont, fondamentalement, des en-trop, des intrus, des parasites, des outsiders quintessentiels ; ceci, quels que soient leurs efforts pour se fondre dans le paysage ou s’assurer des positions dans ce pays auquel ils demeurent fondamentalement étrangers (comme leurs mœurs et leurs croyances l’attestent, une fois encore). Ce sont des « libertés » qui entendent s’exercer dans le but de reproduire la division entre « ceux d’ici » et les autres – l’opération de base du racisme moderne, comme l’ont montré, entre autres, Michel Foucault et Etienne Balibar.

    #xénophobie #liberté_d'expression #charlie_hebdo #valeurs_républicaines

    • Si le projet républicain est mort, c’est aussi de la gauche dont il faut faire le deuil. Il n’y aura pas d’intégration par l’école de la république, pas de plein emploi, pas de libéralisme sagement domestiqué, pas de police respectueuse. (...)
      Ce qui fait tressaillir d’angoisse ce monde c’est sa propre fin dont les signes sont omniprésents. Sa mythologie hollywoodienne la met en scène à toutes les sauces. Que « l’économie de marché et la démocratie » ne constituent ni la fin de l’histoire, ni le devenir inéluctable de toutes les formes de vie humaines représente un choc à n’en pas douter. Ce qui se joue sous nos yeux n’est rien d’autre que la fin de l’hégémonie de l’occident sur le plan spirituel et culturel aussi. Chez ses propres enfants d’abord. Pour horrible que ce soit, le fait que trois d’entre eux retournent leur rage et leurs armes de la manière la plus violente contre ce qu’ils perçoivent comme les symboles de leur humiliation, emportés par une ligne de fuite fasciste, n’est peut être pas ce qu’il y a de plus notable dans l’époque. Beaucoup plus nombreux en effet sont ceux qui désertent littéralement ce qu’on leur propose ici. Qu’il y ait d’autres idées de la vie et du bonheur, que des mondes adviennent et qu’il y ait du sens à les défendre, que toute vie commune ne doive pas se dire dans la langue de la république et de l’économie, voilà qui constitue un mystère insondable pour un pouvoir qui constate que la greffe ne prend décidemment pas sur la totalité du corps social. Trainer deux jeunes de quinze ans, partis naïvement faire la guerre contre Bachar El-Assad, dans les bureaux de la DCRI à leur retour en dit long par exemple sur ce désarroi. Comme le fait de programmer une opération militaire pour déloger une bande de zadistes armés de cabanes dans les arbres et de bottes en caoutchouc.

      La république est morte. L’époque est nihiliste. C’est de là dont il faut partir. Il faut aller au bout d’un certain désespoir pour en finir avec cette attente triste, perpétuellement déçue. Beaucoup déjà ne désirent plus l’intégration pour avoir bien senti que c’est là où les mailles du pouvoir n’enchâssent pas complètement l’existence que surgit du sens.

      Feu la république.
      http://ledesertdureel.over-blog.com/2015/01/feu-la-republique.html

  • L’école des soignants : Pourquoi des listes de soignant.e.s dressées par les patient.e.s ?
    http://ecoledessoignants.blogspot.fr/2015/01/pourquoi-des-listes-de-soignantes.html

    Qui dit #hiérarchie sociale, dit hiérarchie de #valeurs

    Ici encore, pas besoin de démonstration : les #classes sociales du sommet de la pyramide n’ont pas les mêmes critères de valeur (financiers, culturels, comportementaux) que les classes les moins favorisées. Les #médecins faisant eux-même l’objet d’une sélection liée au milieu d’origine, il n’est pas surprenant que la « culture », autrement dit les valeurs d’une majorité de médecins reflètent le mode de pensée des milieux les plus favorisés.

    Parmi les « valeurs » du monde médical français figurent :

    – l’idée qu’un patient est moins apte à décider pour lui-même que le médecin à qui il fait appel ; ce préjugé découle de l’illusion que devenir médecin confère des qualités ou une clairvoyance particulières ; pour beaucoup de médecins issus de milieux favorisés, il n’est en réalité que le prolongement d’un #préjugé de classe, selon lequel un riche éduqué est toujours plus apte à faire pour les autres des choix appropriés qu’un pauvre sans éducation ne peut faire des choix pour lui-même (je caricature à peine).

    Ce premier préjugé se double d’un autre préjugé, non moins sérieux :
    – l’idée que toute critique émise par un patient à l’égard des soins ou des soignants est nulle et non avenue – au prétexte qu’un patient (malade ou non) ne serait pas en mesure d’avoir une opinion objective. Cette disqualification de la parole et de l’opinion (tenues pour « douteuses », « suspectes » ou au moins « sujettes à caution ») est un pur critère de classe. En effet, aux yeux du médecin qui n’a pas conscience de ses préjugés, un patient risque toujours d’apparaître comme un « pauvre ».

    Ces deux préjugés s’aggravent d’un troisième, fortement ébranlé depuis dix ans mais encore fermement ancré, à savoir que les patients n’ont pas à s’informer ni à communiquer entre eux, et que leurs initiatives de communication sont toujours des obstacles à la bonne pratique de la #médecine. Il était encore de bon ton, en 2000 ou 2001, de dire qu’on lisait « tout et n’importe quoi » sur le web en matière de santé. C’est difficilement défendable aujourd’hui, quand on voit l’effort d’#information aussi bien professionnel qu’institutionnel qui s’est déployé dans tous les pays industrialisés disposant de l’internet. Aujourd’hui, on ne peut pas simultanément s’offusquer que certaines femmes, « à l’heure de l’Internet » ne connaissent rien à la contraception ET reprocher à d’autres femmes de préférer un DIU à une pilule. Ce type de reproche n’est pas seulement idiot et illogique, il est contre-productif. Il est éminemment souhaitable que les patient.e.s s’informent, et leur donner des sources d’information fiable fait intégralement partie des obligations des professionnels de santé !

    – l’idée que la loyauté d’un médecin va d’abord à ses confrères ; ensuite au(x) patients ; le simple fait que les médecins aient autant de mal à critiquer leurs confrères, à dénoncer leurs actes illégaux ou malfaisants, ou à entendre la moindre critique de leur profession est, à lui seul, très significatif de ce conflit d’intérêts, énoncé clairement dans des documents officiels propres à l’Angleterre, aux Pays-Bas, au Canada, à la Suède... mais que je n’ai jamais vu énoncé en France.

    – une fâcheuse tendance à favoriser l’argument d’#autorité face à l’argument scientifique ; j’en ai souligné, au fil des vingt années écoulées, quelques exemples frappants en matière de #santé des #femmes, du refus de DIU aux femmes sans enfant à la prise de pilule en continu, en passant par la prescription sous influence pharmaceutique de Diane, Jasmine et autres « pilules contre l’acné », au mépris des risques encourus par les utilisatrices ; toutes ces attitudes n’ont rien de scientifique, elles sont seulement idéologiques et autoritaires - et, par conséquent, anti-professionnelles.

    – la #misogynie et le #sexisme ; ils sont attestés par un très grand nombre de femmes, et un nombre non négligeable d’hommes ; ils sont visibles sur les fresques des salles de garde et audibles dans les chansons paillardes ; ils sont lisibles dans l’énoncé de nombreux cours, dans les attitudes des enseignant.e.s, dans le comportement des hommes (et parfois de certaines femmes ) médecins avec les patientes, les infirmières, les sages-femmes, les aide-soignantes ; ils sont patents dans l’attitude de nombreux gynécologues ; #homophobie, #transphobie et peur de toute personne ou comportement « non conforme » font partie intégrante du sexisme médical – et les personnes concernées en font douloureusement les frais.

    – le #racisme ; il est, malheureusement, inhérent à la structure pyramidale de la société française, et n’épargne pas la profession médicale ; associé à la misogynie et aux critères de classe, il permet de comprendre qu’une femme blanche, riche, qui accouche dans une clinique privée, a beaucoup moins de souci à se faire qu’une femme pauvre, non blanche, ne parlant pas le français, qui accouche dans une maternité publique – et ce n’est pas insulter les personnels de maternités publiques que de dire ça, mais leur rappeler que personne n’est maître de ses propres préjugés… et encore moins des préjugés de ses supérieur.e.s hiérarchiques.

    (Je m’arrête là, mais la liste n’est pas exhaustive.)

    • Moi aussi je bénis internet qui m’a évité une lourde opération chirurgicale dont j’ai heureusement appris l’inutilité grâce aux témoignages d’autres femmes.

    • Voici le résultat d’un petite recherche pour #iatrocratie

      Du danger, de la dangerosité et de l’usage médical de termes affectivement chargés http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1980_num_4_4_1057

      La corporation médicale en vient peu à peu à définir les normes d’existence de tout un chacun. Avoir des enfants, manger, faire l’amour et exercer un certain nombre d’autres fonctions de l’organisme font désormais l’objet d’une prescription, souvent cristal lisée par une mise en garde. On a parfois l’impression que les seules protections que nous ayons contre la « iatrocratie » * soient les soupçons réciproques et la discorde qui régnent au sein de la profession médicale.

      Toute la merde médicale aux ordures parce que personne n’en veut plus
      http://www.spkpfh.de/Toute_la_merde_medicale_aux_ordures.htm

      La confiance en les médecins est foutue et c’est par conséquence et comme résultat de la confrontation. Confrontation contre les médecins et rester ensemble en solidarité, c’est ce qui importe. Le monopole de pouvoir des médecins dépend de la confiance du patient dans le médecin. C’est le talon d’Achille de la classe de médecins : la confiance des gens. D’être acceptée de l’ensemble de la société en tout cas et de tous, c’est le nerf vital de la iatrocratie.

      Les maladies iatrogènes
      http://www.votre-sante.net/publications/maladiatro.html

      Propos inédits de Knock, rapportés par Jules Romain, un quart de siècle après la pièce
      “Pour moi, l’équilibre vital implique au moins une maladie. La santé parfaite est une dangereuse utopie, une dictature étouffante et absurde. L’équilibre du vivant comporte deux pôles, un pôle santé et un pôle adverse, qui regroupe les antiforces des individus. Les patients sont des gens qu’il ne faut à aucun prix guérir. Le rôle du médecin est au contraire de choisir le trouble, la maladie qui leur convient le mieux, et qui, si possible, les accompagnera fidèlement jusqu’à la mort.” […]
      […] “Naturellement, un tel contrôle des patients par la médecine implique une prise de pouvoir, une médicalisation générale de toute la société, une iatrocratie. Si nous laissons les choses aller, les éléments les plus agités de l’humanité ne tarderont pas à se précipiter, et nous avec eux, vers de nouvelles catastrophes mondiales. Seul le médecin peut les mater.”

  • A propos de Charlie
    http://dndf.org/?p=13979

    Ce sont ces dangers, ces insécurités qui, de la République à la Nation, se sont fugacement cristallisés dans le mythe de la citoyenneté comme protection. Celle qu’apporte un vrai Etat-nation et une citoyenneté nationale non seulement identitaire mais identitaire parce que protectrice, celle qui a foutu le camp depuis les années 1970. Mais la citoyenneté nationale n’est pas innocente ni dans sa naissance ni dans ses implications. Elle se construit face à « l’Autre » qui la menace et elle implique la suppression de la menace. Aujourd’hui l’islamisme, demain ou en même temps la lutte de classe ou les luttes de femmes. Quatre millions de personnes se rassemblent et ce qui est frappant c’est le vide du discours : il n’y a rien à dire, rien à faire d’autre que de dire « je suis républicain », rien d’autre qu’à comprendre « ce qu’est une nation », rien d’autre qu’à promener une immense représentation de la République menacée par d’anonymes corbeaux noirs que tout le monde identifie sans peine.

    #France

    • Ce ne sont pas quatre millions d’ « idiots utiles » qui sont descendus dans la rue, en France, le dimanche 11 janvier. Ils ne réclamaient pas une « opération militaire intérieure » mobilisant 10 000 soldats déployés sur le « territoire national » (déclaration du gouvernement le lundi 12). Dès l’après-midi et la soirée du mercredi 7 (le jour de la tuerie à la rédaction de Charlie) c’est spontanément que se sont organisés les premiers rassemblements et les premières #manifestations citoyennes sur les « #valeurs_de_la_République » et la « liberté d’expression », contre « la barbarie », et qu’est apparu le slogan « Je suis #Charlie ». Il n’était pas besoin de « l’exhortation de l’Etat » et de la mise en branle qui a suivi de l’écrasante machine de propagande. L’Etat a pris le train en marche, non sans quelques maladresses au départ comme celle de l’organisation des manifestations sous l’égide d’un cartel des organisations politiques. Le 11 janvier, le personnel politique était plutôt discret face à un cadeau en partie empoisonné pour la nature actuelle de l’Etat que l’on ne peut plus qualifier simplement de national.

      (...) Ramener l’énorme mobilisation du dimanche 11 janvier à une affaire de manipulation, de propagande, d’embrigadement est un peu facile et à la limite réconfortant. En aurait-il été ainsi, encore faudrait-il expliquer que ça ait marché. Ce n’est pas si simple et peut-être plus grave. Cette soudaine mobilisation du dimanche 11 janvier 2015 était éminemment actuelle.

      L’événement n’est pas survenu comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Dans tout les pays européens, que cela soit sous des thématiques de gauche (Front de Gauche, Podemos, Syriza …) ou de droite (inutile de donner la liste), la #citoyenneté_nationale est devenue l’idéologie répondant à la crise ramenée à l’ « injustice de la distribution des richesses ». Cette « citoyenneté nationale » sous-tend tout un discours mettant en cause la légitimité de l’Etat devenu un appareil dénationalisé responsable de l’injustice. Quand les manifestants applaudissent au passage des cars de #CRS, c’est à l’ordre rêvé de l’Etat protecteur « d’avant la mondialisation libérale » qu’ils rendent hommage et qu’ils croient retrouver . Cela, momentanément, quelles que soient la diversité des insécurités, des dangers, réels ou fantasmés, qui menacent leur vie.

      (...) A la suite des attaques du mercredi 7 et du vendredi 9, les actes anti arabo-musulmans se sont multipliés, mais considérons plutôt l’autre face de la même pièce, l’attitude ouverte et humaniste (ce qui nous évitera les facilités de la condamnation humaniste du racisme et de « l’islamophobie »).

      L’injonction humaniste à accepter « l’Autre » présuppose l’existence de « l’Autre », sa construction comme tel et donc la hiérarchie vis-à-vis de « l’Un » qui a le pouvoir de dire qui est « l’Autre ». Entre « Nous » et « les Autres », il y a une organisation de la société qui s’impose aux individus et préexiste à chacun d’eux. Ceux qui sont invités à « accepter l’Autre » constituent la société normale, légitime. A l’origine des Uns et des Autres, il y a le pouvoir simple et brut. L’Un est celui qui a le pouvoir de distinguer.

      La distinction est la mise en pratique réelle, empirique, quotidienne de l’#universalisme du citoyen. Si l’on abandonne la baudruche d’un « vrai universalisme », l’Occident peut légitimement s’accaparer le monopole de valeurs universelles, si besoin est avec des F16 et des Rafales. L’universalisme est une production idéologique lié au mode de production capitaliste, à l’#abstraction du travail, de la valeur et du citoyen. Ce mode de production est le seul universel et à pratiques idéologiques universelles, à condition que les individus correspondent aux critères de l’universalité, c’est-à-dire qu’ils ne soient pas des femmes ou entretenant des liens communautaires, ethniques, raciaux, familiaux, religieux en concurrence avec l’Etat-nation. Un État, c’est un État-nation car c’est un État capitaliste, il ne connait pas de communautés intermédiaires, d’identités multiples reconnues en son sein, et démarque comme corps étrangers, communautés particulières, donc nuisibles, tout ce qui nuit ou interfère dans son critère d’homogénéité universelle. Toute médiation entre le pouvoir et l’individu a cessé d’exister. Il faut insister sur ce moyen terme qu’est l’État-nation dans sa structure politique, moyen terme sans lequel on ne ferait que renvoyer grossièrement l’explication de l’homogénéisation au développement de la valeur et du capital, à partir desquels on peut expliquer tout et n’importe quoi dans une totalité indifférenciée. Si seul l’État est censé représenter l’individu abstrait de ses déterminations qu’est le citoyen, individu « émancipé », la seule garantie de son « émancipation » est son appartenance-intégration à la collectivité nationale représentée par l’État.

      La #religion, quant à elle est une forme primaire, instable et inaccomplie, d’universalisme de l’Etat, d’idéologie sous laquelle s’effectue la pratique politique. Primaire et instable car au moment où la religion se constitue en idéologie dominante en coagulant les idéologies sous lesquelles s’exercent les pratiques des rapports sociaux et de production, elle révèle et revendique que l’universalité abstraite de l’Etat n’est pas dans l’Etat lui-même, qu’il n’est pas lui-même « la religion réalisée » (Marx, La Question juive).

      « L’Etat politique parfait est, d’après son essence, la vie générique de l’homme par opposition à sa vie matérielle. Toutes les suppositions de cette vie égoïste continuent à subsister dans la société civile en dehors de la sphère politique, mais comme propriétés de la société bourgeoise. Là où l’Etat politique est arrivé à son véritable épanouissement, l’homme mène, non seulement dans la pensée, dans la conscience, mais dans la réalité, dans la vie, une existence double, céleste et terrestre, l’existence dans la communauté politique, où il est considéré comme un être général, et l’existence dans la société civile, où il travaille comme simple particulier, voit dans les autres hommes de simples moyens et devient le jouet de puissances étrangères. L’Etat politique est, vis-à-vis de la #société_civile, aussi spiritualiste que le ciel l’est vis-à-vis de la terre. (…) L’Etat démocratique, le véritable Etat, n’a pas besoin de la religion pour son achèvement politique. Il peut, au contraire, faire abstraction de la religion, parce qu’en lui le fond humain de la religion est réalisé de façon profane. » (ibid).

  • La Cour de justice européenne sanctionne le « tourisme social », Europe
    http://www.lesechos.fr/monde/europe/0203929104390-tourisme-social-la-cour-de-justice-europeenne-pose-ses-condit

    DOCUMENT Les Etats membres ne sont pas tenus d’octroyer des aides à des étrangers ne cherchant pas de travail. L’arrêt intervient sur fond de débat intense au Royaume-Uni et en Allemagne.

    L’Allemagne a soufflé de soulagement, ce mardi, après un #arrêt de la #Cour_de_justice_de_l’Union_européenne contre le « tourisme social », qui est également au cœur de la polémique au Royaume-Uni. La Cour a statué que les Etats membres de l’Union n’étaient pas tenus d’octroyer des #prestations_sociales à des citoyens d’autres Etats membres ne se rendant sur leur territoire que dans le but de bénéficier de l’aide sociale.

    Elle avait été saisie par une mère roumaine, Elisabeta Dano, qui vit avec sa fille chez sa sœur à Leipzig depuis 2010 et s’est vue refuser les aides sociales (Hartz 4) par l’Agence pour l’emploi. Selon la Cour, cette dernière a agi conformément à la directive européenne sur la libre circulation, car la jeune femme n’avait pas de relation particulière avec l’Allemagne et s’y était rendue que pour toucher les aides sociales.

    « L’une des conditions (...) pour un permis de #séjour est que les personnes économiquement inactives aient des #ressources propres suffisantes », a-t-elle jugé.
    Le sujet est sensible en Allemagne , qui connaît sa plus grosse vague d’immigration depuis les années 1990. Si une majorité des immigrés sont qualifiés et viennent chercher du travail, de plus en plus de ressortissants de Bulgarie ou de Roumanie touchent les aides sociales, financées par les communes.

    Dans le débat européen depuis deux ans
    Cet arrêt devrait être lu et commenté bien au delà de l’Allemagne, notamment en France. La question du tourisme social s’est en effet invitée dans le débat européen depuis près de deux ans. Première concernée, la Grande-Bretagne puisqu’il s’agit d’un des principaux angles d’attaque d’un David Cameron clamant renégocier les conditions d’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union Européenne. Mais au delà, l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Autriche ont eux aussi dans un passé récent émis des critiques contre les #migrants_européens profitant de leurs systèmes sociaux. De son côté, la Belgique a déjà procédé à des expulsions de certains immigrés de l’Union, qui étaient #demandeurs_d’emplois et donc considérés comme une « charge déraisonnable » pour le pays, soit un motif très comparable à celui invoqué par la Cour de Justice européenne.

    Face à ces critiques de plus en plus sonores, Bruxelles cherche depuis des mois à calmer le jeu, arguant qu’aucune donnée fiable ne vient prouver des abus en matière de tourisme social. « Ce tourisme social est un mythe ! Personne ne peut penser qu’il est aisé de s’installer dans un autre pays et d’y profiter sans délai des prestations sociales » , assurait au début de l’année Laszlo Andor, le Commissaire en charge des Affaires sociales dans l’équipe Barroso. L’arrêt de la justice européenne vient en tout cas prouver que les Etats membres disposent de flexibilités pour traiter ce genre de problème, si jamais ils existent.

    Toutefois, il faut s’efforcer de ne pas faire dire à cette décision de la justice européenne ce qu’elle ne dit pas : si elle exclut des aides sociales pour des migrants européens ne cherchant pas de travail, elle ne tranche en rien par exemple pour ceux en recherche d’emplois ou qui en ont eu un. Elle n’autorise pas non plus des quotas à l’entrée de travailleurs européens, interdits par les Traités et qui sont pourtant une des demandes du Royaume-Uni.

    A Londres, précisément, où le débat sur les prestations sociales versées aux étrangers fait rage, le gouvernement s’est immédiatement félicité de la décision. « Ce qu’elle souligne, c’est que la liberté de circuler n’est pas un droit inconditionnel , a estimé un porte-parole du Premier ministre David Cameron. Nous allons voir ce que nous et d’autres Etats pourrons faire ensemble pour faire suite à ce jugement. »

    Les Conservateurs au pouvoir veulent limiter l’accès des Européens aux allocations familiales, aux aides au logement ou à l’assurance-chômage . Sur ces questions, ils sont attaqués sur leur droite par le parti populiste et europhobe Ukip . Même l’opposition travailliste s’est réjouie de l’arrêt de la Cour. « C’est maintenant au gouvernement d’agir », a déclaré le Labour.

    #préférence_nationale_européenne #xénophobie #drois_sociaux

    • Le mot tourisme est assez offensant quand on considère la situation des personnes concernées. Ce vocabulaire fait partie des outils de propagande des xénophobes qui font pression pour que ce genre de loi européenne soit adoptée.

    • « Le tourisme social est un phénomène marginal en Europe »
      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/11/12/20002-20141112ARTFIG00311-le-tourisme-social-est-un-phenomene-marginal.php

      INTERVIEW - Selon Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’#OCDE, les migrants européens représentent moins de 1% des bénéficiaires des prestations sociales en Europe.

      Quelle est l’ampleur du « tourisme social » en Europe ?

      Ce n’est qu’un phénomène marginal. Les migrants européens représentent une part très faible des bénéficiaires des prestations sociales en Europe : moins de 1% en Belgique ou au Portugal, et entre 1% à 5% en France, en Allemagne ou en Suède. Mais parmi eux, la plupart n’ont pas émigré dans un autre pays d’Europe pour toucher des allocations plus généreuses que dans leur pays d’origine. Il peut par exemple s’agir de retraités britanniques, qui ont choisi d’habiter en France, et se retrouvent finalement bénéficiaires d’une allocation parce que leur situation a changé... Selon la Commission européenne, qui a réalisé une étude sur le sujet, les immigrants européens consomment globalement moins de prestations sociales que les citoyens du pays. Elle conclut dans cette étude que le « tourisme social » est globalement « statistiquement non significatif ».

      Il s’agit donc d’un faux problème ?
      Il n’est pas non plus possible de dire cela. D’abord parce que les migrants qui cherchent à profiter de la générosité de certains pays d’Europe ne sont pas répartis également sur le territoire européen. Si le phénomène est globalement marginal en Europe, il peut en revanche être pesant localement. Certaines villes allemandes, qui font face à un afflux important de Roumains et de Bulgares, sont par exemple particulièrement touchées. 25 millions d’euros leur ont été récemment attribués pour y faire face. Deuxième argument pour prendre le phénomène en considération : il est en augmentation. Même si les abus sont encore marginaux, l’arrêt de la Cour de justice européenne vise justement à éviter que le phénomène ne prenne de l’ampleur.

      La Cour de justice européenne a rappelé que les migrants européens doivent soit subvenir à leurs propres besoins, soit chercher activement un travail. Les migrants inactifs sont-ils nombreux ?
      Non. Globalement, les migrants européens ont plus souvent un emploi que les citoyens de leur pays d’accueil. Ceux qui sont inactifs représentent à peine 0,7% à 1% de la population européenne. Mais la situation diffère selon les pays et la nationalité des migrants. Le taux d’emploi des Roumains et des Bulgares installés au Royaume-Uni est par exemple plus élevé que celui des Britanniques. On observe la même chose en Italie. Mais ce n’est pas le cas en France, en Allemagne et en Espagne. En France, le taux d’emploi des migrants de ces deux pays y est de 13 points inférieur à celui des Français et leur taux de chômage atteint 19%, contre 10% pour l’ensemble de la population. Mais en France, les nationaux ont globalement légèrement plus de chance d’occuper un emploi que les immigrés venus d’autres pays d’Europe, tous confondus.

      L’immigration représente-t-elle globalement un coût pour l’économie ?
      En Europe, l’impact fiscal global de l’immigration est globalement positif : tous pays confondus, les immigrés contribuent davantage qu’ils ne reçoivent. Les cotisations sociales et les impôts dont ils s’acquittent sont supérieurs aux prestations sociales perçues. Ce constat est d’autant plus vrai pour les migrants européens, qui ont un taux d’emploi supérieur aux immigrés des pays hors UE.

    • « Tourisme social » : un vocabulaire scandaleux et un fantasme d’eurosceptiques pour Karima Delli.

      « L’emploi du terme de "tourisme social" est scandaleux, il présuppose qu’aujourd’hui, il existerait une foule d’Européens qui se rendent dans des pays voisins afin de bénéficier de leurs avantages sociaux. Or dispose-t-on de quelconques éléments probants qui prouveraient que les migrants européens plombent nos économies ! Je serais curieuse de les connaître ? C’est bien simple, cette preuve n’existe pas, car les migrants européens ne représentent qu’à peine 5% des bénéficiaires de prestations sociales fournies par les Etats-membres de l’Union européenne. Voilà les faits !

      http://www.karimadelli.com/index.php?rub=au-parlement&pg=commission-emploi-affaires-sociales&spg=&